Dérînition-Historique : La notion de névrose actuelle a une double valeur, nosographique et pathogénique. Freud a proposé en 1898 de désigner par ce terme la névrose d'angoisse* qu'il venait d'individualiser en la séparant de la neurasthénie* de Beard (1895), ce qu'il conservait de cette dernière et, plus tard (1914), l'hypochondrie* pour opposer ces trois états aux névroses de transfert*. Ces deux grands types de névroses reconnaissent bien "comme source commune la vie sexuelle de l'individu" mais alors que pour les premières ce sont les « désordres de la vie sexuelle actuelle » qui sont en cause, dans les secondes ce sont les « événements de la vie passée ». C'est donc d'abord au sens temporel que doit être entendu le mot actuel. En outre, la névrose d'angoisse* partage avec la neurasthénie* ce « caractère fondamental que la source d'excitation, la cause déclenchante du trouble, se trouve dans le domaine somatique, et non pas, comme dans l'hystérie et la névrose obsessionnelle, dans le domaine psychique ». Les symptômes résultent de l'absence de décharge et de plaisir psychique. Dans la neurasthénie*, le mécanisme est analogue, si ce n'est qu'ici c'est l'inadéquation du moyen de provoquer cette décharge, par exemple par la masturbation, qui les produit. Actuel répond donc aussi au sens, moins marqué en français qu'en allemand, de réel, en train de s'accomplir, la symptomatologie névrotique étant l'expression directe du désordre sexuel et non, comme celle des psychonévroses, l'expression symbolique de conflits inconscients. Par conséquent, les névroses actuelles ne relèvent pas, d'après Freud lui-même, de la psychanalyse en tant que méthode thérapeutique : aucune interprétation ne peut être faite de ces symptômes dénués de signification. L'idée d'une dérivation somatique directe de l'excitation sexuelle correspondant à une des hypothèses avancées pour expliquer les troubles psychosomatiques*, le rapprochement a été fait entre les névroses actuelles et ce que les psychosomaticiens décrivent comme névroses de comportement, c'est-à-dire l'issue non mentalisée de conflits névrotiques. L'abandon de cette référence théorique dénoue le lien qui issait ces trois états qui vont, dans certaines classifications, être ra t chés à des catégories très diverses.

INSERM : Les névroses au sens large, puisque seules les névroses de caractère* en sont exclues, figurent dans une catégorie 10 Névroses et états névrotiques où les névroses actuelles ne sont pas séparées des névroses de transfert* mais intercalées entre elles : .0 Névrose d'angoisse .1 Névrose hystérique ; .2 Névrose phobique ; .3 Névrose obsessionnelle .4 Neurasthénie ; .5 Etat névrotique hypochondriaque.

CIM 9 : Névroses actuelles et névroses de transfert sont classées dans
le même ordre à Troubles névrotiques 300 : .0 Etat anxieux, .1 Hystérie, .2 Etats phobiques, .3 Troubles obsessionnels et compulsifs ; .5 Neurasthénie ; 300.7 Hypochondrie

D.S.M. III : Faisant disparaître le concept même de névrose, la plupart des états névrotiques figurent dans une catégorie nouvelle curieusement dénommée Troubles anxieux qui comprend aussi bien des états où l'angoisse est présente que d'autres où elle ne fait pas partie de la symptomatologie. Les névroses actuelles sont soit explicitement exclues pour la neurasthénie qui n'apparait plus, en tout cas sous ce nom, soit redécoupées par les Troubles anxieux stricto sensu ou névrose d'angoisse*. Mais l'étude du redécoupage de celle-ci montre qu'il aboutit à revenir sous de nouvelles dénominations à la conception primitive de la neurasthénie*. Quant à l'hypochondrie* (névrose hypochondriaque) 300.70 elle est rattachée à une autre nouveauté nosologique : les troubles somatoformes*.

Bibliographie : FREUD S. - L'hérédité et l'étiologie des névroses (1896), Rev. Neur. IV, 6. In : Névrose, psychose et perversion. P.U.F., Paris, 1973.

Dernière mise à jour : dimanche 4 novembre 2001 16:06:51 Dr Jean-Michel Thurin