FORMATION MEDICALE CONTINUE

Le point de vue de la

FÉDÉRATION DES SOCIÉTÉS NATIONALES DE SPÉCIALITÉ MÉDICALE

 

La formation médicale continue est inhérente à l’exercice médical et forme un tout incluant des aspect théoriques et pratiques.

La FMC obligatoire n’est que la formalisation de cette démarche. Elle devrait s’appliquer avec le même esprit aux praticiens hospitaliers et aux médecins libéraux.

Intégrée dans un contexte de maîtrise des budgets de santé, sa vocation elle ne devrait pas se limiter à une simple approche médico-économique ou médico-administrative mais viser un objectif prioritaire : améliorer les connaissances professionnelles dans le but d’améliorer les pratiques médicales.

L’organisation de la FMC des spécialistes devrait répondre à deux grands principes :

· liberté pour chaque praticien d’établir son propre protocole de formation sur 5 ans ;

· ouverture à des formations diversifiées, tant dans les méthodes que dans les thèmes, stimulant le décloisonnement des spécialistes, l’introduction de la dimension multidisciplinaire et la prise en charge globale des patients.

La Fédération des Sociétés Nationales de Spécialité Médicale (F.S.N.S.M.), regroupant à parité les représentants libéraux et hospitaliers de 50 spécialités médicales, chirurgicales ou biologiques, comptant au total 50 000 spécialistes, a souhaité émettre des recommandations sur la FMC des spécialistes.

Les recommandations qui suivent sont déduites de l’analyse d’un questionnaire adressé à chaque discipline adhérente à la Fédération et d’un séminaire de travail qui s’est tenu à Paris le 18 mars 1997.

 

 

Le praticien

Objectifs de formation :

Les objectifs de formation continue devraient intégrer trois dimensions : des connaissances scientifiques et pratiques, des objectifs de santé publique et d’économie de la santé et des connaissances dont le contenu est étroitement lié au secteur d’exercice du praticien. On pourrait ainsi distinguer la FMC institutionnelle de la FMC professionnelle.

FMC institutionnelle : 5 à 20 % du volume horaire de formation pourraient être réservés à la FMC institutionnelle. Cette FMC institutionnelle pourrait inclure des formations orientées par exemple sur l’assurance qualité, l’évaluation, la gestion, l’organisation des soins, l’économie de la santé, les nouvelles technologies (informatique, multimédia, …). ou sur des sujets plus spécifiques au secteur conventionnel ou hospitalier. Les actions de formation liées à des activités des formateurs peuvent être également incluses dans ce cadre

.

FMC professionnelle : 80 à 95 % du volume horaire de formation pourraient être réservés à la formation professionnelle visant à augmenter la qualité des connaissances médicales et à les réactualiser en fonction du développement des techniques et de l’évolution des pratiques médicales, distinguant en particulier les méthodes éprouvées des innovations à évaluer.

· Certes, le protocole de formation individuelle de chaque praticien ne peut se dissocier des objectifs de santé publique et des orientations du projet médical d’établissement pour les hospitaliers, mais ses choix doivent pouvoir s’appuyer sur une charte de FMC que devrait définir chaque spécialité et non sur une réduction des contenus : ceci devrait permettre de respecter le principe d’égalité des praticiens dans l’accès à la FMC, principe auquel la Fédération est particulièrement attachée.

 

 

Méthodes :

· Tous les moyens existants sont susceptibles de contribuer à la FMC du praticien mais ils doivent répondre à des critères de qualité explicites

· L’association optimale d’une formation individuelle (lecture - multimédia - publications - recherche) et d’une formation collective (cours - ateliers - stages, etc. …) devraient être recherchée pour que le praticien puisse en fonction de ses goûts personnels, adapter sa formation aux contraintes de ses conditions d’exercice, pour finalement le meilleur bénéfice de chaque méthode.

Le tableau suivant résume les propositions de la Fédération quant à l’importance respective des méthodes qui pourrait être utilisées par les praticiens.

Les pourcentages spécifiés représentent une pondération souhaitable sur une période de 5 ans, la pondération relative au cours de chaque année pouvant être sensiblement différente

 

Lecture

20 %

Ouvrages, revues scientifiques ou pédagogiques

Multimédia

20 %

Internet, CD-ROM etc.

Presse professionnelle

10 %

Charte professionnelle (comité pédagogique, indépendance des rubriques, accréditation temporaire, abonnement payant, projet pédagogique…)

Tests de lecture

+ 10 %

Questionnaire personnalisé d’évaluation des connaissances sous forme papier ou électronique

Cours, conférences, ateliers, séminaires.

 

70 %

Congrès nationaux, européens, internationaux.

Formations régionales(3)

Formations autour des pratiques cliniques(3)

Réunions périodiques intra-hospitalières ou intra-structures.

1 à 10 %

Structures accréditées par la spécialité.

Vacations hospitalières

1 à 10 %

Associer des objectifs de formations validés par la spécialité

Stage de formation

10 % par jour

4 à 6 jours par an

Formation accréditée par la spécialité concernée

Participation à des groupes structurés.

20 %

Réseau, étude de phase 3, groupe de travail.

Diplômes d’Université

Volume horaire à déterminer par les spécialités

Thèmes à déterminer par les spécialités

Recherche

20 à 40 %

Publications (comité de lecture),

Communication (comité scientifique de sélection - livre de résumé)

 

 

FMC : Les structures

Commissions de FMC

· L’organisation de la FMC devrait reposer pour chaque spécialité sur la mise en place d’une structure fédérative impliquant tous les secteurs d’exercice de la médecine : secteur libéral, secteur hospitaliser et secteur hospitalo-universitaire.

· Cette structure fédérative, véritable " Commission de FMC ", propre à chaque spécialité, pourrait :

- établir une charte de la FMC spécifique à chaque spécialité qui serait un véritable référentiel en matière d’objectifs de formation

- définir les besoins de formation en utilisant une méthodologie validée pour toutes les spécialités

- valider les structures de FMC et les actions de FMC

- pondérer leur valeur formatrice respective

Cette contribution pourrait être d’une grande utilité pour les décisions des instances nationales et régionales de la FMC.

Critères de qualité

· Chaque spécialité devrait établir à partir des critères de qualité proposés dans ce texte, la liste des structures ou des actions qu’elle considère comme aptes à distribuer une formation de qualité.

· Les structures ou formations seraient ainsi validées pour un délai déterminé (1 à 3 ans), et pourraient soumettre à l’accréditation leurs actions de formation pour un nombre global de points ou d’heures.

· Des critères de qualité constants devraient être retrouvés dans l’organisation de ces actions de formation et sont indiqués pour certains dans le tableau précédent.

 

 

Congrès, conférences, cours, séminaires :

· Existence d’un Comité pédagogique pour chaque action de FMC qui a pour rôle de sélectionner les thèmes, de vérifier la cohérence des programmes, leur qualité, leur pertinence par rapport aux objectifs.

· Attestation de présence : structurer l’organisation de l’action de formation pour permettre aux praticiens de démontrer leur présence effective.

· Evaluation : utilisation au choix d’une évaluation simplifiée des orateurs par la réponse à un questionnaire ou un QCM anonymes à la fin de chaque cours, la rédaction d’un compte rendu, etc. ...

 

Financement

· Lorsque la formation est financée par un industriel, cela devrait apparaître clairement. Dans tous les cas, l’indépendance absolue du comité d’organisation (pédagogique ou scientifique) devrait être respectée.

 

Evaluation des besoins

· La commission de FMC devrait procéder annuellement à l’évaluation des besoins en FMC pour la spécialité concernée, en tenant compte d’objectifs à la fois nationaux et régionaux et veiller à l’équilibre entre spécificité de la spécialité et multidisciplinarité.

· La création d’associations régionales regroupant l’ensemble des spécialités doit être recherchée chaque fois que cela est possible afin d’homogénéiser la méthodologie d’évaluation des actions de FMC.

 

CONCLUSION

La F.S.N.S.M. souhaite privilégier avant tout une FMC de qualité.

Ses recommandations impliquent des choix individuels quant aux méthodes de formation, pourvu qu’elles répondent à des critères stricts.

Les spécialistes devraient jouer un rôle clé dans l’évaluation de leurs besoins de formation, dans la mise en oeuvre de la FMC et dans le processus d’élaboration des mesures d’accréditation des enseignements.

Pour ce faire, leur représentativité pourrait reposer sur des structures fédératives impliquant tous les secteurs d’activité (libéral et hospitalier) : ces structures devraient ainsi devenir l’interlocuteur naturel des différentes instances chargées de l’organisation de la FMC.

La F.S.N.S.M. considère que la FMC, ainsi institutionnalisée, devrait être un vecteur privilégié du rapprochement entre universitaires et praticiens, ainsi qu’entre hospitaliers et libéraux : ce rapprochement serait le meilleur service que l’on pourrait rendre à la médecine, aux médecins mais aussi aux patients.

Paris le 2 avril 1997