le Livre Blanc

de la Fédération Française de Psychiatrie


17. Quelles mesures de prévention vous paraîtraient les plus appropriées pour prendre en compte les modifications des demandes en psychiatrie ?



Mettre en place des programmes de sensibilisation à la relation et aux conséquences de son absence(relation mécanique de prescription)chez tous les médecins.

Martine Burdet Dubuc

Une réflexion psychopathologique honnête et un retour à la clinique : la médecine n'est en aucun cas une science mais un art .

Paul Cleirec

Eradication de la pauvreté.
Meilleure considération objective des 6 premières années de la vie, capitales pour l'avenir du citoyen, et meilleure considération des professionnels ayant en charge la petite enfance :
- 1) multiplication des crèches et des halte-garderies de qualité,
- 2) maternelles moins surchargées avec un personnel plus nombreux mieux rémunéré,
- 3) congés parentaux plus longs (1 an ne me paraît pas insoutenable, même pour un seul enfant) avec aide financière,
- 4) formations plus importantes d'éducateurs de jeunes enfants, mieux rémunérés, bien formés
- 5) meilleure prise en compte de l'avis psychiatrique lors des retraits d'enfants (parfois retraits sans ménagement de la famille d'accueil pour "le bien" de l'enfant).
- 6) applications plus fréquentes du retrait de l'autorité parentale lorsque le cas le justifie, ou délégation d'autorité parentale avec possibilité d'adoption simple, dont la législation reste à élaborer. Sachant qu'il est capital qu'un jeune enfant soit affectivement lié et effectivement protégé par un adulte directement responsable de lui. Lorsqu'il existe un abandon de fait, par les 2 parents, ce qui est encore très fréquent, le législateur, dans l'espoir fallacieux de protéger les droits des parents biologiques, a prévu de le confier au service "d'aide sociale à l'enfance". En pratique, il s'agit soit, d'une institution soit, dans un cas plus favorable, d'une assistante maternelle. Or, ni l'une ni l'autre ne peuvent remplacer la mère, la première, parce que c'est une institution, (cf. Winnicott, Bowlby, Ainsworth,...) la seconde, parce qu'elle a un lien professionnel financier avec l'enfant et qu'elle n'est pas directement responsable de l'enfant mais employée de l'ASE. L'amour ne se décrète pas ni ne se monnaye, et de trop nombreux enfants évoluent mal dans ces situations : "si elle m'aimait c'était pour l'argent" m'a déclaré l'un deux. Dans ces cas, lorsque l'abandon est avéré (délaissement et abandon des premiers art 227 NCP) et lorsque l'enfant est jeune (3 ans et moins), il ne s'agit plus d'assister la mère, il s'agit de la remplacer, au mieux, sans détruire les liens de parenté préexistants... Ayons au moins le courage de le reconnaître. Il s'agit, en pratique, de situations trop fréquentes. Et c'est l'enfant qui trinque, comme toujours. Il nous faudra aider nos politiques à innover en matière de législation, pour répondre mieux aux besoins des enfants, compte-tenu des progrès des connaissances. Bien évidemment l'ASE et les Assistantes Maternelles conservent tout leur rôle primordial lorsqu'il s'agit réellement et dans le court terme, d'assister la mère (lorsqu'elle est hospitalisée ou lorsqu'elle est au travail).
- 7) Informations préventives sur la parentalité (sur la fonction du parent pour le bébé et l'enfant) dès le collège
- 8) respect effectif des rythmes de l'enfant (pas de journée excessive, pas de semaine de 4 jours, ...), uniformisation des rythmes de l'enfant selon les structures (Education nationale, IME, IMPro, ...)
- 9) création d'un vrai service unifié de l'enfant, et modifications congruentes géographiquement des différents services territoriaux de l'état et des conseils généraux ... N.D.R. : c'est de la politique !

Patrice Duquenne

Trouver un filtre qui permette d'orienter les patients vers le psychiatre seulement dans un deuxième temps, les paramédicaux (infirmières, psychologues) formés par les psychiatres ont ici un rôle important à jouer

A. Fournier

Je suis pas sûr de comprendre la question

Christian Richard-Foy

La prévention passe par la politique. Quand un pays diminue le taux de chômage, donne aux personnes les moyens de se soigner, de consulter, diminue les misères humaines préserve l'esprit humain de ce qui peut l'amener à décompenser, on aura prévenu la maladie mentale

Ghizlane Benjelloun

Prendre en compte les modifications des demandes en psychiatrie peut s'envisager sous plusieurs acceptions. Si, comme je le pense, la psychiatrie et la psychopathologie actuelles ne possèdent réellement aucun des moyens susceptibles de s'occuper avec compétence de pareilles modifications, l'on peut estimer qu'elles ne sauraient le faire avec compétence et que le travail en incombe à d'autres disciplines, comme la psychologie, la microsociologie, voire la criminologie, et peut être d'autres encore. Mais l'on peut également ne rester ni aussi passéiste, ni aussi réactionnaire, et, tout en demeurant soucieux d'une certaine lucidité, s'employer à étendre le champ de pertinence de la psychiatrie. Dans une telle perspective, il faudra - faute de quoi il ne pourra s'agir que de fabriquer de la poudre pour la jeter aux yeux - commencer par travailler, sans autre souci que de produire du savoir et du savoir-faire, pour élaborer un ensemble de connaissances théoriques et pratiques propre à étendre ainsi le domaine légitime de l'action d'une psychiatrie alors plus complète; mais dans pareille entreprise le risque demeurera que le bailleur de fonds, en l'espèce, le politique, n'exige promptement des résultats à trop court terme et trop hâtivement acquis.

Georges Lanteri Laura

???

Charles Alezrah

Que la psychiatrie ne veuille pas s'occuper de tout. Qu'elle contribue à créer des débats , faire circuler les idées , faire que les pensées de chacun aient de la valeur

Brigitte Helen

Former les généralistes et les interlocuteurs parasanitaires des usagers à entendre la souffrance sans en être apeurés, pour que celui qui l'éprouve puisse se la représenter

Marie-Françoise Livoir Petersen

La prévention primaire est quasiment inexistante malgré les incantations successives. L'erreur est de considérer qu'elle peut être faite uniquement par des professionnels. Elle est liée, en réalité, au travail qui pourrait être effectué dans le cadre de la santé publique (cf. plus haut). L'augmentation des demandes actuelles multiformes ne trouve une écoute que dans la médecine, ce qui entraîne un « embouteillage » des consultations publiques et privées entraînant souvent une médicalisation abusive. Se développent des lieux de paroles divers et non contrôlés pouvant déboucher sur des déviations graves. Il s'agirait d'être inventifs dans la création d'intermédiaires non spécialisés où une sériation des demandes pourrait être faite et une orientation adaptée.

Bernard Jolivet et Frédéric Raffaitin


Dernière mise à jour : mercredi 12 juin 2002 9:30:29

Dr Jean-Michel Thurin