D'une part l'affinement des méthodes d'analyse a permis de corréler de nouveaux paramètres chimiques, physiques, biologiques avec des traits comportementaux et des événements psychiques.
D'autre part, des domaines qui relèvent d'une approche certes objective mais sans référence à la biologie, se sont associés à elle. Les congrès de psychiatrie biologique accueillent souvent des publications de recherches épidémiologiques ou psychométriques ou cognitivo-comportementales. Ce flou des limites du champ de recherche peut être regretté au nom de la rigueur scientifique. Il a l'avantage de faire rencontrer les chercheurs et de les orienter vers des travaux convergents. L'approche cognitive, par exemple, est à tout moment confrontée à l'approche neurobiologique : lorsqu'elle distingue des processus cognitifs, elle pose la question de leurs corrélations avec des champs fonctionnels cérébraux organisés.
Ainsi conçue dans un sens large, la psychiatrie biologique est l'objet d'une profusion de réflexions et de travaux non seulement de la part d'équipes de recherches spécialisées mais aussi de cliniciens. Les sociétés scientifiques psychiatriques sont nombreuses et actives.
La psychiatrie biologique a cependant souvent négligé des éléments importants qui participent à l'animation et à la vie de la personne : ses rencontres, ses échanges, ses désirs, ses espoirs et ses déceptions. L'environnement social, avec ses stress, son adversité et ses incitations, l'environnement somatique, avec sa fatigue, ses cycles et son bien-être ont une influence qui n'échappe pas au clinicien.
Peut-on espérer que cette biologie intégratrice de facteurs hétérogènes en interaction, dynamique et fonctionnelle soit davantage considérée et conceptualisée en psychiatrie ? C'est le défi qui nous est aujourd'hui proposé. Nos voisins européens ont déjà adapté leurs structures de recherche à ce programme et posé l'interdisciplinarité comme modalité organisatrice fondamentale à l'instar de ce qui se met en place dans les réseaux.
Ce numéro aborde essentiellement la question des modèles qui contribuent à la recherche en psychiatrie biologique. Dans le prochain numéro, nous présenterons plus spécifiquement des exemples de recherche en cours et leurs résultats.