Je suis particulièrement heureux d'être convié à rédiger l'éditorial du numéro deux de «Pour la Recherche». Je mesure bien la signification de l'invitation qui m'en a été faite par les responsables de la Fédération Française de Psychiatrie après la sympathique référence à l'INSERM et à son Directeur dans l'éditorial du Dr Horassius qui ouvrait le premier numéro du Bulletin.
Qu'il me soit permis, à cette occasion, de rendre hommage à tous ceux qui, au sein de l'ensemble des Sociétés de psychiatrie, ont eu la volonté d'aller au delà des spécificités de chacune d'entre elles pour faire alliance autour de la recherche, projet certes fédérateur par nature, mais au prix d'un dépassement courageux des controverses épistémologiques et idéologiques majeures entre les grands courants de pensée qui structurent la psychiatrie. Qu'il me soit aussi permis de remercier ici le professeur Jacques Glowinski, qui a été, pour l'INSERM, l'artisan inlassable de cette opération réussie.
Il reste, maintenant, à concrétiser cette volonté collective par la multiplication effective des travaux de recherche. S'agissant de l'INSERM, nous sommes prêts, on le sait, à apporter notre pierre à l'édifice en cours de construction. Nos procédures, exigeantes mais transparentes, de soutien au développement de la recherche sont à la disposition du milieu psychiatrique. Elles sont fortement diversifiées, de façon à s'adapter le mieux possible à la variété des situations auxquelles nous avons à faire face. Elles sont maintenant bien connues, mais je voudrais attirer plus particulièrement l'attention sur deux ou trois d'entre elles.
Les Contrats de Recherche INSERM (CRI) sont de création récente. Ils ont été lancés cette année et l'expérience sera très vraisemblablement reconduite au cours des années à venir. Ils sont difficiles d'accès parce que peu nombreux (une dizaine par an en principe) mais ils sont particulièrement bien adaptés aux situations où l'on souhaite un soutien récurrent lourd de l'INSERM (en l'occurrence 0,5 MF par an pendant cinq ans) alors même qu'on ne dispose pas du concours de chercheurs statutaires, en tout cas en nombre suffisant pour effectuer une demande de création d'unité de recherche. Il s'agit donc là d'un mode d'intervention de l'Institut qui paraît particulièrement intéressant dans le champ psychiatrique, pour autant bien sûr que les projets présentés aient une ampleur qui justifie un financement de cet ordre de grandeur.
La formation des hommes retient depuis longtemps l'attention prioritaire de l'INSERM. Malgré les difficultés conjoncturelles, nous avons pu maintenir notre «stock» de postes d'accueil pour internes et anciens internes et nous souhaitons vivement que les psychiatres utilisent pleinement leurs possibilités d'accès à ce mode spécifique de soutien de la recherche, à la fois immédiatement productif de résultats et intrinsèquement porteur d'avenir.
Je voudrais encore attirer l'attention sur une autre innovation récente de l'INSERM, qui n'est pas à proprement parler de la recherche, mais qui prend directement appui sur elle et peut, par ricochet, en engendrer : ce que nous appelons «l'expertise collective». En deux mots, il s'agit de réunir des groupes d'experts susceptibles de faire, en quelques séances de travail bien structurées, le point critique des connaissances acquises sur quelque question que ce soit entrant dans notre champ de compétences et de porter les résultats de ces analyses à la connaissance des «décideurs» susceptibles d'intervenir dans le domaine concerné. Nous avons déjà plusieurs expériences réussies en la matière et serions heureux de les voir étendues au champ psychiatrique. Cela ne peut évidemment se faire que si des questions pertinentes nous sont posées et si nous trouvons dans les milieux psychiatriques des experts acceptant de jouer le jeu avec nous à cette fin.
Je me permets donc de suggérer qu'une réflexion s'engage à ce sujet, et cela d'abord sur l'identification des problèmes qui pourraient aujourd'hui conduire, en quelque sorte à titre expérimental, à l'organisation d'une ou deux expertises de cette nature. Il ne fait pas de soute qu'une telle procédure serait ensuite susceptible d'engendrer un certain nombre de recherches nouvelles, aux bornes des connaissances recensées comme acquises.
Enfin les nouvelles Commissions et Intercommissions de l'INSERM, qui entreront en fonctions en 1995, devraient permettre à un certain nombre de psychiatres, élus ou nommés, de participer directement aux procédures d'évaluation et de sélection des projets déposés à l'un ou à l'autre des titres évoqué ci-dessus.
La création de la Fédération a pour objet essentiel de favoriser l'essor de recherches de haut niveau dans le milieu psychiatrique. Je lui souhaite une grande efficacité et une brillante réussite.
L'INSERM attend, comme on le voit, de pied ferme les propositions de ses adhérents...
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