Voici donc la quatrième édition du Répertoire des Travaux francophones d'Epidémiologie psychiatrique réalisé avec la même méthodologie et les mêmes objectifs que l'édition précédente.
Établi par le Groupe Français d'Epidémiologie Psychiatrique (GFEP) et soutenu financièrement par la Direction Générale de la Santé, ce répertoire, qui n'a pas une prétention d'exhaustivité, tente de rassembler les travaux d'épidémiologie psychiatrique réalisés en France et dans divers pays francophones (Algérie, Belgique, Canada, Suisse, Tunisie), entre 1990 et 1994.
Ce répertoire présente près de 285 travaux, soit sensiblement le même nombre que l'édition précédente, abordant des thèmes et des méthodologies variés. Le nombre constant de travaux répertoriés dans les deux dernières éditions traduit plus probablement une difficulté à recueillir l'information auprès des équipes de recherche qu'une stagnation du nombre de travaux épidémiologiques réalisés.
Comme lors des précédentes éditions, nous avons contacté par lettre circulaire contenant une fiche de renseignements semi-standardisée les membres du GFEP, les présidents de CME de tous les hôpitaux disposant de lits de psychiatrie, l'ensemble des organismes de recherche et de santé publique susceptibles de réaliser des enquêtes dans ce domaine, mais aussi des auteurs de travaux épidémiologiques repérés directement dans la littérature.
Une inscription dans la durée de ce répertoire (une mise à jour est prévue tous les 5 ans) devrait permettre d'améliorer le rendement de la recherche d'information et ainsi d'augmenter le nombre de travaux présentés.
Des thèmes nouveaux apparaissent dans cette édition comme l'épidémiologie génétique, la qualité de vie, ce qui témoigne de la représentativité du répertoire quant aux courants actuels de recherche en épidémiologie psychiatrique.
Par ailleurs, des thèmes déjà présents dans la précédente édition se sont développés comme la pédopsychiatrie, les troubles psychotiques, la pathologie du vieillissement, la pathologie mentale et les affections somatiques ou encore la mortalité (hors suicide). Le chapitre méthodologie comporte moins de travaux, notamment en ce qui concerne la classification, la nosographie et la standardisation des données médicales. Il nous plaît à penser qu'il s'agit d'un indice d'une meilleure maîtrise et d'une plus grande acceptabilité de ces instruments, désormais utilisés de façon plus systématique dans les études.
Au niveau méthodologique, nous avons une nouvelle fois pris l'option d'une inclusion très large et donc d'une présentation de travaux très différents tant par leur envergure que par leurs objectifs. Nous n'avons pas souhaité sélectionner tels ou tels travaux en fonction de leur rigueur méthodologique ou de leur démarche strictement épidémiologique mais plutôt fournir une photographie du paysage épidémiologique en psychiatrie, en France et dans les pays francophones. Il nous a paru préférable de laisser le soin au lecteur lui-même d'exercer son libre choix en fonction de ses propres centres d'intérêt.
Cohabitent donc des travaux très divers, ce qui permet de faire côtoyer la rigueur scientifique avec la créativité et l'originalité des hypothèses.
Si les travaux les plus nombreux sont représentés par des enquêtes transversales et descriptives, les études longitudinales, les enquêtes en population générale ou sur de grands échantillons type clientèle de médecine générale tendent à se développer, notamment par rapport aux travaux présentés dans les précédents répertoires. De même les travaux à visée étiologique, en terme de causalité génétique, psychosociale ou environnementale, sont plus nombreux. Là aussi, nous voulons y voir le signe du développement et de la maturation de la démarche épidémiologique psychiatrique en France et dans les pays francophones.
Outil d'information, d'échange, et donc de communication, ce répertoire devrait, nous l'espérons, fédérer des énergies et rapprocher des moyens pour développer des enquêtes épidémiologiques multicentriques, prospectives et à visée étiologique.
C'est non seulement le progrès de ce champ de recherches qui apparaît en jeu mais aussi son existence même, tout au moins en ce qui concerne son expression en langue française.
Docteur Jean-François IAHNS