Ce sous-groupe a eu pour principal objectif de mettre en place un réseau d'échanges sur la pédagogie de l'enfant autiste à partir des expériences des pédagogues et cliniciens des différentes équipes engagées dans le Réseau. Parallèlement, se sont poursuivies des études plus spécifiquement centrées sur l'évaluation des expériences d'intégration scolaire à partir de travaux :
En collaboration avec le Docteur G. LUCAS (Centre Alfred-Binet - Paris), il a été mis sur pied des rencontres régulières entre des enseignants des différentes régions s'occupant d'enfants autistes. Des cliniciens : Prof FERRARI, Drs BOTBOL, DURAND, LENOBLE ont été associés à ces travaux.
Il s'agissait de définir différentes modalités d'apprentissage de ces enfants ainsi que la manière de s'adapter aux particularités de leur pensée.
Différentes méthodes ont été proposées et étudiées. Elles portent toutes la marque personnelle et créative de leurs auteurs et leur standardisation est encore prématurée, encore que des grandes lignes commencent à se dégager qui pourront faire l'objet d'études plus systématisées.
Les travaux ont aussi porté sur les avantages respectifs du travail en hôpital de jour et en intégration scolaire et sur les difficultés de cette intégration.
Déterminer les conduites pédagogiques les mieux adaptées aux enfants psychotiques scolarisés à l'école maternelle.
Etude prospective sur deux cas pendant une année scolaire, à partir de la mise en place contrôlée de situations d'apprentissage différenciées.
Classe d'accueil de Maternelle.
Choix de deux enfants présentant une pathologie distincte : dépression grave (premier cas), psychose (deuxième cas).
Série d'observations régulières (notamment vidéoscopiques) des séquences pédagogiques avec l'enfant. Les séquences seront étudiées du point de vue pédagogique d'une part, psychopathologique d'autre part.
Elaboration d'une grille de lecture des enregistrements avec définition des différents paramètres intervnant sur la qualité des apprentissages.
Détermination des stratégies pédagogiques plus spécifiquement adaptées à la psychopathologie de l'enfant dans le but de favoriser l'accès aux processus de symbolisation.
Complémentarité des points de vue pédagogique et psychopathologique sur l'enfant en situation d'apprentissage.
GEISSMANN (P.) et STOURM (C.) "Une classe d'accueil en maternelle". Communication au Congrès National de la Société Française de Psychiatrie de l'Enfant et de l'Adolescent, Limoge, 31 mai 1991,, paru dans Neuropsychiatrie de l'Enfance et de l'Adolescence.
GEISSMANN (P.) et CHABANNE (J.L.) "Le plus et le moins. Identification et Imitation", in Imitation et Identification chez l'enfant autiste , Païdos Recherche, Bayard Presses, pp 155-173.
Projet de recherche sur l'intérêt des stéréotypies pour les enfants autistes, dans les situations d'apprentissage, en partant de l'hypothèse qu'elles constituent pour ces enfants, une référence connue leur permettant d'affronter la nouveauté du savoir à acquérir.
L'autoréférence de la stéréotypie vient ici remplacer la référence socialisée que l'on retrouve chez les enfants normaux.
Les auteurs veulent tester l'hypothèse que, dans la mesure où elles sont socialement acceptables et que l'adulte ne s'y arrête pas, les stéréotypies de l'enfant autiste pourraient être, en situation pédagogique, une aide à l'acquisition des apprentissages, à condition que la consigne initiale soit maintenue et que l'adulte présent accompagne l'enfant face à la difficulté.
Le but de l'enquête a été d'inventorier, chez les parents d'enfants psychotiques scolarisés en hôpital de jour, leurs représentations de l'école.
L'enquête porte sur une centaine d'enfants psychotiques (3 hôpitaux de jour de la banlieue bordelaise et une classe expérimentale d'accueil = dans une école maternelle). Ces enfants sont classés selon les critères scolarisés/non scolarisés et selon leur âge : de 3 à 6 ans, de 6 à 12 ans, de 12 à 15 ans, 15 ans et plus. Actuellement, 23 familles ont été rencontrées, avec un groupe principal de 11 dossiers pour les enfants scolarisés et âgés de 6 à 12 ans.
L'enquête, ses objectifs et ses méthodes ont été
préalablement présentés aux parents. Ont été
rencontrés les parents qui se sont portés volontaires pour
y participer. Le lieu et le moment de la rencontre ont été
laissés au choix des parents. Actuellement, la plupart des parents
volontaires ont choisi leur domicile comme lieu de rencontre. Le cadre du
domicile confère à l'entretien son caractère certain
de convivialité et de facilité pour l'expression des opinions.
L'entretien avec les parents est le plus généralement
enregistré sur magnétophone (avec l'agrément des parents)
ou bien consigné sous forme de notes écrites quand les parents
n'acceptent pas l'enregistrement magnétophonique.
Au cours des 23 entretiens, une seule famille a refusé l'enregistrement
magnétophonique.
Les entretiens ont été conduits selon la technique des entretiens
"non directifs" (A. BLANCHET). Il ne s'agissait pas de soumettre les parents
à un questionnaire précis et identique pour tous, mais de leur
permettre d'exprimer, en toute liberté, leurs opinions, leurs avis,
leurs regrets ou leurs souhaits au sujet de la scolarisation de leur enfant
dans l'hôpital de jour.
Le cours de l'entretien est donc variable d'une famille à une autre
mais, dans l'ensemble, nous avons constaté qu'un certain nombre de
thèmes principaux sont régulièrement abordés.
La durée des entretiens est de 20 à 25 minutes et excède
rarement une demi-heure. Il a souvent été constaté,
lors de ces entretiens, une extrême coopération de la part de
ces parents, rarement de l'agressivité et toujours beaucoup
d'émotion à l'évocation de l'histoire de leur enfant.
La méthode choisie est intitulée "Analyse de relations par opposition" (A.R.O.). Elle a été conçue par H. RAYMOND en 1968 et consiste à repérer d'abord dans le discours des parents les principaux thèmes (ceux qui reviennent le plus souvent). En l'occurence, les trois principaux thèmes retenus ont été : les institutions, les acteurs et les orientations. Ultérieurement, à l'intérieur de chaque thème, des couples d'opposition ont été constitués de la manière suivante :
Le travail d'analyse des documents recueillis a consisté, dans un premier temps, à présenter sous la forme d'un texte écrit, l'intégralité de l'entretien. L'équipe s'est efforcée de rendre cette présentation aussi fidèle que possible en transcrivant le maximum de détails ayant signification (intonations, onomatopées, etc).
Dans un deuxième temps, l'équipe a repéré, dans ce contenu écrit, les éléments qui relèvent de l'une des catégories thématiques recensées plus haut, qu'elle a "découpés" et "collés", c'est-à-dire qu'à l'aide d'un traitement de texte, les phrases ont été classées comme si elles étaient des objets.
Dans un troisième temps, l'équipe a affiné son classement, catégorie par catégorie, en séparant ce qui est de l'ordre des réalités perçues et ce qui est de l'ordre des représentations et opinions formulées à propos de ces réalités perçues. La formulation des opinions n'est pas nécessairement immédiatement consécutive à l'énoncé de la réalité perçue ; on peut la trouver beaucoup plus loin dans la suite de l'entretien.
Dans un quatrième et dernier temps, l'équipe a écrit ce qu'elle a retenu d'important dans cette partie du discours parental (l'énoncé restreint) et a exprimé également ce qui lui a paru implicite dans ce discours. Les contenus de l'énoncé restreint et de l'implicite sont tout à fait subjectifs et font l'objet d'une relecture par une autre personne.
L'extrait d'entretien suivant permet d'illustrer davantage les différentes étapes du travail d'analyse :
Réalité perçue | Représentation/Opinion | Enoncé restreint |
---|---|---|
Le reste du temps, elle est prise en charge par des soins, euh, des soins différents, enfin des soins extérieurs, donc elle va en halte garderie tout à fait normale. | Dans le cas de M., je pense que maintenant ce qui lui manque le plus, justement, c'est l'éducatif. | Il lui manque surtout de l'éducatif. Implicite : des soins "différents", plus éducatifs, minimisent l'état de maladie |
La forme : l'ensemble de toutes ces étapes de "traitement" du document initial nécessite beaucoup de temps ; il faut en moyenne consacrer entre 5 et 6 heures de travail par entretien.
Cette durée de "traitement" par entretien nous paraît incompressible et justifie la relative lenteur de l'enquête (23 dossiers traités en 9 mois).
Le fond : les entretiens se caractérisent par une dimension de gravité (parfois douloureuse) incontestable. Nous avons également le sentiment que ces entretiens sont souvent très souhaités, ou du moins attendus. Plusieurs parents font le constat de leur grande solitude sociale.
Les représentations de l'école qui sont évoquées le sont toujours dans le cadre d'une histoire qui commence par être celle de l'enfant avant de s'inscrire dans celle de la famille toute entière.
Il a été noté l'importance toute particulière que jouent les paroles dans cette histoire (paroles de médecins, paroles d'enseignants) ; les paroles entendues ont marqué un diagnostic, une orientation, une désillusion, une rupture, un destin familial ; elles prennent valeur d'événements et de repères dans l'histoire de la famille telle qu'elle est vécue et racontée.
Une représentation générale assez négative des "autres enfants" présents dans l'hôpital de jour (crainte d'une forme de "contagion" sinon de la maladie mentale, du moins des comportements) ; représentation qui va souvent avec une certaine négation de la pathologie de leur enfant et de la réalité médicale de l'environnement hospitalier.
Les projets pédagogiques paraissent significativement marqués par l'origine sociale des parents (traditionnels et attachés à la notion d'effort, contraignants dans les milieux moins favorisés, plus "ouverts" dans les autres) ; l'activisme pédagogique est vigoureusement souhaité et il est souvent opposé à ce qui est perçu comme étant de l'inactivité dans les groupes soignants de l 'hôpital.
Nous avons trouvé des avis très affirmés sur la dimension de l'école en tant qu'instrument social de l'affirmation de la loi (loi sociale d'une manière générale par la transmission de la loi symbolique - usage des codes d'apprentissage de la lecture, de l'écriture et du calcul) ; cette affirmation de la loi semble souvent s'opposer dans les représentations parentales au "caprice" (manifestations effectives de la pathologie de l'enfant), et s'imposer en tant que "solution" potentielle sous la forme de projets éducatifs (confusion des projets éducatif et pédagogique).
Le projet pédagogique le plus fréquemment rencontré, et le plus urgemment demandé avec beaucoup d'assistance reste, pour l'enfant, celui de l'apprentissage du graphisme de son propre prénom.
Il semblerait, au niveau de l'implicite, que l'enfant qui saurait au moins écrire son prénom, s'inscrirait dans une communauté "humaine" et s'éloignerait de ce fait du monde de la pathologie.
Recherche actuellement en cours d'achèvement.