RAPPORT DU RESEAU I.N.S.E.R.M 49-20-06
B - AXES DE RECHERCHE
5 - LANGAGE ET COMMUNICATION
L'objectif de ce sous-groupe est d'étudier, de façon longitudinale
et comparative, les troubles du langage retrouvés chez des enfants
présentant un autisme ou une psychose précoce. Dans ce cadre,
il s'agissait :
-
* d'abord, d'en rechercher la spécificité éventuelle
par rapport à d'autres troubles du langage, à partir d'études
transnosographiques partant de l'examen des troubles langagiers proprement
dits ;
-
* d'étudier les articulations entre ces troubles et l'évolution
dans les autres domaines du développement et notamment ceux qui
relèvent de la communication et de la cognition ;
-
* de mettre en place des instruments permettant une étude plus
précise du langage de la communication et de leurs troubles chez les
enfants présentant un autisme ou une psychose précoce ;
-
* d'articuler ces données avec celles recueillies, en ce qui concerne
l'émergence du langage chez les enfants autistes et psychotiques en
situation thérapeutique ;
-
* d'évaluer les effets de l'interaction entre ces troubles et les
dispositifs thérapeutiques proposés.
-
Au travers de ces approches très diverses, ce sous-groupe s'est
attaché :
-
a) à dépasser les classifications globalisantes et
stéréotypées au profit de repérages plus directement
centrés sur les troubles du langage ;
-
b) à privilégier la perspective évolutive qui permet
de prendre en compte l'hétérogénéité
nosographique de l'autisme ;
-
c) à ne pas négliger la dimension intersubjective présente
dans ces troubles (intentionnalité de communications, souffrance à
la non perception des messages, etc...).
EQUIPES DU PROFESSEUR P. FERRARI (PARIS)
EN COLLABORATION AVEC LE PROFESSEUR B. GOLSE, (PARIS), LE DOCTEUR Y. DU PASQUIER
(PARIS), LE PROFESSEUR CL. BURSZTEJN (STRASBOURG), LE PROFESSEUR G. SCHMIT
(REIMS), LE DOCTEUR M. BOTBOL (SENLIS), LE DOCTEUR B. LAUTH
(PARIS)
Nous exposerons, dans un premier temps, un vaste projet multicentrique
d'étude des troubles sévères et précoces du langage
(qu'ils soient de nature autistique ou non). Faute de financement, ce projet
n'a, pour l'instant, pu être mené à son terme. Dans un
second temps, nous ferons état d'une étude préliminaire
menée plus spécialement par le Docteur B. LAUTH et le Docteur
D. TRUSCELLI, sur une petite population d'enfants dysphasiques.
"ETUDE PROSPECTIVE DES TROUBLES SEVERES ET PRECOCES DU DEVELOPPEMENT DU LANGAGE
: EVALUATION (PROJET MULTICENTRIQUE)"
-
Il s'agit d'un projet multicentrique (3 équipes parisiennes et 3
équipes provinciales) visant à une approche transnosographique
des troubles sévères du développement du langage dans
la triple perspective :
-
* de déterminer les caractéristiques cognitives, psycho-
pathologiques et psycholinguistiques de ces troubles ;
-
* de préciser l'existence d'éventuels profils évolutifs
spécifiques ;
-
* de rechercher s'il existe des critères prédictifs de ces
évolutions.
I - OBJECTIFS SPECIFIQUES
-
Les troubles sévères du langage chez l'enfant, quelle que soit
leur étiopathogénie spécifique, donnent lieu à
un handicap sur le plan de la communication et de l 'adaptation familiale,
sociale et scolaire. Ce projet vise à préciser les différents
paramètres déterminant le profil évolutif de ces divers
troubles et notamment :
-
* le quotient de développement et le quotient intellectuel ;
-
* le fonctionnement cognitif,
-
* les profils psychopathologiques ;
-
* les données psycholinguistiques ;
-
* les facteurs pathologiques ;
-
* les diverses modalités de prise en charge ;
-
* certaines variables épidémiologiques (âge, sexe, milieu
socio- culturel, etc...).
-
L'identification de ces marqueurs prédictifs de l'évolution
devant permettre, au terme de l'étude, de préciser les enfants
pour lesquels une prise en charge intensive et précoce (soit avant
l'âge de 4 ans) s'avère indiquée et indispensable.
II - METHODOLOGIE
-
1) Population étudiée
Cette étude portera sur 60 enfants (soit environ 10 enfants par
équipe participante).
a) Examen de pré-inclusion
-
* un examen clinique neuro-pédiatrique et génétique
sera effectué pour chaque enfant dont l'inclusion dans le protocole
de recherche est envisagée et ce bilan sera éventuellement
complété par divers examens complémentaires (imagerie
cérébrale, E.E.G. de veille voire de sommeil, caryotype standard
ou spécifique...) selon les indications du neuropédiatre. Pour
les enfants recrutés par les 3 équipes parisiennes, cet examen
pédiatrique sera effectué par l'équipe du Prof A MUNNICH
(Hôpital des Enfants-Malades) ;
-
* une mesure du quotient de développement ou du quotient intellectuel
par la passation d'épreuves non verbales en sachant les limites de
cette évaluation chez les enfants autistes qui, cas par cas,
réclameront une concertation entre les différentes équipes
;
-
* certaines épreuves standardisées d'analyse du langage : -
un test de production, soit le test de Phonologie- Dénomination de
Chevrie-Muller, - un test de compréhension et de désignation
d'images, soit le test de Lege-Dague (Adaptation Française du test
de Peabody) ou le test de KhomsiI.
b) Critères d'inclusion
-
Enfants : * dans leur 4ème ou 5ème année de vie ; *
ayant déjà bénéficié d'au moins 3 mois
de scolarisation en maternelle ; * présentant un trouble
sévère du développement du langage défini comme
un retard d'au moins deux ans aux épreuves
standardiséesévoquées ci-dessus.
c) Critères d'exclusion
-
* les enfants présentant des troubles directement attribuables à
des anomalies neurologiques, à des anomalies anatomiques de l'appareil
phonatoire ou à des altérations sensorielles. Exemple : aphasies
acquises, syndrome de Landau-Kleffner, surdités ...
-
* les enfants dont le quotient intellectuel est inférieur à
50 aux tests non verbaux ;
-
* les enfants atteints de mutisme.
d) Composition des groupes d'enfants au niveau de chaque centre
-
Il s'agit d'un recrutement "tout venant" mais on veillera cependant, par
une concertation inter-équipes, à maintenir un certain niveau
d'hétérogénéité nosographique (soit un
minimum de 10 enfants dans chacun des grands groupes cliniques : autistes,
dysphasiques...).
2) Protocoles d'évaluation
Ils seront effectués une fois par an pendant 4 ans.
a) Evaluation psycho-linguistique
-
Les conditions de passation de cette évaluation seront
standardisées, dans une pièce calme de préférence,
en l'absence des parents et éventuellement en présence d'un
soignant connaissant bien l'enfant (présence alors signalée
au niveau du recueil des données). Le bilan linguistique reposera
sur l'utilisation de plusieurs outils d'évaluation standardisés
permettant non seulement une évaluation objective des troubles du
langage (dans leurs différents aspects) mais aussi l'évaluation
de leur degré de gravité (utilisation de batteries
standardisées et étalonnées). Les instruments utilisés
permettront ainsi d'explorer les versants réceptif et expressif du
langage à ses différents niveaux : gnosopraxique, phonologique,
lexical et syntaxique.
La batterie de tests de C. Chevrie-Muller, A.M. Simon et P. Decante Cet
instrument étalonné permet d'évaluer la gravité
de l'atteinte en référence aux performances attendues dans
la classe d'âge à laquelle appartient l'enfant.
-
* Passation du test La batterie est divisée en 5 parties :
-
- Articulation : 1 subtest
-
- Phonologie : 3 subtests
-
- Expression : 3 subtests
-
- Compréhension : 7 subtests
-
- Rétention : 3 subtests
-
* Résultats Cet instrument permet d'établir un profil fiable
des performances et donc de classer l'enfant examiné en fonction des
déficits spécifiques mis en évidence ainsi que des aptitudes
préservées.
Cette batterie de tests sera complétée par la mesure de la
longueur moyenne des productions verbales à partir d'enregistrements
audiophoniques (corpus de 20 minutes).
b) Evaluation intellectuelle et cognitive
-
Cette évaluation se fera selon 3 axes préférentiels
:
-
* l'étude du traitement de l'information de type séquentiel
et analytique particulièrement impliqué dans la production
et la compréhension du langage (test de Kaufman-ABC) ;
-
* l'étude de la mémoire à court terme, elle aussi en
jeu dans le développement du langage (S.E.GATHERCOLE & A.D. BADDELEY,
1990 ; A.D.BADDELEY, 1992 ; A. GRAS-VICENDON & coll., 1994) ;
-
* l'étude de la logique des classes, dans la mesure où
l'activité de classification chez l'enfant constitue une des
opérations fondamentales de l'activité intellectuelle permettant
de mettre de l'ordre dans le monde qui l'entoure. Rappelons que la logique
des classes se définit dans la psychologie classique par l'ensemble
des attributs communs aux objets rangés dans la classe, les autres
attributs étant négligés comme non pertinents, et que
les classes naturelles décrites par les psychologues cognitivistes
(BIDEAUD & HOUDE, 1989) se définissent sur les bases suivantes
: - "co-occurences" perceptives, - communauté d'usage, - rapprochements
spatiaux habituels, - séquences événementielles
familières.
Les instruments utilisés
-
* Les instruments utilisés pour mesurer les capacités cognitives
doivent être spécifiquement adaptés à ces enfants,
âgés de 4 à 6 ans, dont les capacités
langagières sont très perturbées. Il s'agit de mesurer,
à l'aide de tests appropriés, les opérations fondamentales
de l'activité intel- lectuelle qui permettent d'ordonner les
événements aléatoires et le monde environnant chez ces
enfants qui sont privés de l'aide du langage ;
-
* Méthodes de mesure :
- Etude des activités de classification, inclusion, sériation
:
-
* Epreuves étalonnées en âge mental : l'épreuve
"Analyse catégorielle" et l'épreuve "Classification"
empruntées à la batterie EDEI de PERRON-BORELLI ;
-
* Epreuves plus cliniques : l'épreuve "Classification" de la batterie
UDN 80 de C. MELJAC ; l'épreuve "d'inclusion des classes" et
l'épreuve de "sériation" de la même batterie ;
- Etudes du traitement de l'information à travers les deux processus
mentaux, séquentiels et simultanés :
-
* épreuves non verbales du Kaufman-ABC.
- Etudes du lien entre le conceptuel et le langage : le langage des vecteurs
logiques et topologiques, et les premières approches de l'utilisation
opérationnelle du nombre ; mesure de la compréhension du langage
sans production de langage :
-
* test des concepts de base de BOEHM (test pré-scolaire pour enfants
de 3 à 6 ans),
-
* épreuve des "cartes de jetons" de l'U.D.N. 80 (épreuve de
constat),
-
* premiers items de subtest des "Poupées", U.D.N. 80 (épreuve
d'utilisation opérationnelle ;
- Investigation sur le plan moteur : implications de la motricité
et du corps dans les activités d'imitation et de mémoire
-
* test d'imitation de gestes )
-
* test de formes évanescences ) BERGES
-
* éléments du test de schéma corporel de C. MELJAC (dessin
et puzzle),
-
* test de latéralité manuelle.
c) Evaluation psychopathologique
-
* Entretien psychiatrique semi-structuré avec les parents (données
anamnestiques, modes de communication intra-familiale, psychopathologie
éventuelle des parents...) ;
-
* situation d'observation standardisée avec l'enfant permettant d'analyser
ses modalités de fonctionnement relationnel et psychique. Cette situation
sera élaborée et codifiée pendant la première
phase de l'étude. Une attention particulière sera accordée
:
-
- aux différents niveaux de communication verbale et pré- verbale,
-
- au type de contact établi par l'enfant sur un plan quantitatif et
qualitatif (notation et d'une éventuelle tonalité autistique
ou psychologique de ce contact),
-
- à l'intention communicative de l'enfant,
-
- au vécu "contre-transférentiel" de l'examinateur. L'ensemble
de ces données permettra de situer l'enfant dans l'un des groupes
diagnostiques de la CIM-10 (10ème édition de la Clas- sification
Internationale des Maladies Mentales) et de la C.F.T.M.E.A. (Classification
Française des Troubles Mentaux de l'Enfant et de l'Adolescent), de
double codage paraissant nécessaire en raison des discussions encore
persistantes quant à la nosographie des troubles psychiques
infanto-juvéniles ;
* La passation enfin du PL-ADOS (Pre-Linguistic Autism Diagnostic Observation
Schedule) mis au point par P. DI LAVORE & C. LORD (Chicago) et M. RUTTER
(Londres) en 1993. Cette échelle évalue 3 domaines distincts
en fonction des critères du DSM-IV :
-
- les interactions sociales,
-
- la communication verbale et infra-verbale,
-
- les comportements anormaux (stéréotypies et autres). Sa passation
est relativement courte (< 45 minutes) et la formation des examinateurs
à l'utilisation de cette échelle pourra être envisagée
au sein de chacune des 6 équipes concernées dans le cadre des
crédits de financement de ce projet. La passation aboutit à
une cotation quantitative qui renseigne sur la sévérité
des troubles de la communication. Ce test peut être utilisé
chez les enfants à partir de 12 mois jusqu'à 5 ou 6 ans (voire
plus en cas d'absence de langage verbal).
-
3) Données manquantes
-
Comme dans toute étude prospective et longitudinale, une attention
particulière sera accordée à la continuité du
recueil des données et à la restriction au minimum des
données manquantes. Compte-tenu du temps de déroulement de
l'étude et du déplacement possible des familles, on veillera
par exemple à disposer des coordonnées téléphoniques
privées et professionnelles des parents. Le traitement statistique
des éventuelles données manquantes sera abordé
spécifiquement avec l'aide d'un collaborateur épidémiologiste
(I. GASQUET, psychiatre vacataire I.N.S.E.R.M., Unité 169 de Recherches
en Epidémiologie)).
4) Faisabilité et déroulement de l'étude
-
La première année de ce programme a été
essentiellement consacrée au recrutement et à l'inclusion des
enfants ainsi qu'à la formation des équipes à l'utilisation
de certains des instruments d'évaluation (Kaufman-ABC, UDN 80 et PL-ADOS
par exemple). Etant donné l'aspect très complet des
évaluations annuelles envisagées, il est possible que
l'évaluation psycho-linguistique constitue le pivot central du projet
(évaluation complète chaque année) et que dans le registre
cognitif et psychopathologique, certains items seulement soient
réévalués chaque année, ceci afin de ne pas alourdir
inconsidérablement la charge, pour les enfants et leurs familles surtout,
de ces bilans qui s'étaleront nécessairement sur plusieurs
journées. Etude préliminaire sur des enfants dysphasiques (Dr
B. LAUTH, Paris).
- EQUIPE DU DOCTEUR B. LAUTH, DU PROFESSEUR P. FERRARI ET DU DOCTEUR D. TRUSCELLI
(Paris)
"ETUDE COMPARATIVE DE DEUX POPULATIONS D'ENFANTS PRESENTANT DES TROUBLES
SEVERES DU DEVELOPPEMENT DU LANGAGE"
I - OBJECTIFS DE LA RECHERCHE
-
-
Il s'agissait d'évaluer les compétences linguistiques, les
capacités communicatives extra-langagières, certains aspects
des processus cognitifs ainsi que la structure de personnalité de
deux groupes d'enfants : * le premier groupe a compris des enfants atteints
de dysphasies développementales sans troubles associés ; *
le second groupe a compris des enfants atteints d'une pathologie langagière
sévère associée à des troubles neurologiques
centraux considérés comme d'intensité modérée,
insuffisants pour expliquer directement le trouble du langage.
L'étude s'est efforcée :
-
* d'apprécier d'abord les compétences et les déficits
dans chacun des domaines étudiés et pour chaque groupe d'enfants
;
-
* de mettre en correspondance les différentes variables
étudiées, à la fois pour chaque enfant mais aussi pour
chaque groupe d'enfants ;
-
* de tenter d'élucider la nature et la signification des liens qui
seraient observés.
Il s'agissait donc, même si les champs d'investigation diffèrent,
d'étudier des processus chez des enfants appartenant à des
populations définies.
II - POPULATION ETUDIEE
-
-
30 enfants au total, âgés de 6 ans 5 à 13 ans.
1) Premier groupe : 20 enfants atteints de dysphasie de
développement à forme expressive ou réceptive, les
critères étaient ceux de l'O.M.S. (ICD 10) : F 80.1 ou F 80.2.
Furent exclus de ce groupe les enfants présentant :
-
* des troubles auditifs périphériques,
-
* des troubles épileptiques,
-
* des déficits neurologiques centraux,
-
* des troubles sévères de la relation (autisme et troubles
envahissants du développement),
-
* une déficience mentale (Q.I. non verbal < 70).
2) Deuxième groupe : 10 enfants dysphasiques avec troubles
neurologiques associés mais considérés comme mineurs,
incapables d'expliquer à eux seuls le trouble du langage. Les
critères d'inclusion quant aux troubles du langage étaient
ceux de l'ICD-10 : furent inclus dans ce groupe les enfants répondant
à ces critères mais présentant de surcroît :
-
* une comitialité présente ou passée, mais stabilisée
(4 cas)
-
* une apraxie visuelle (1 cas),
-
* une neuropathie congénitale (1 cas),
-
* une hémiplégie congénitale avec syndrome pseudobulbaire
(1 cas),
-
* une surdité centrale partielle (2 cas),
-
* des manifestations minimes d'insuffisance motrice cérébrale
(2 cas).
La moyenne d'âge des enfants du premier groupe était de 9 ans
8, celle des enfants du second groupe de 10 ans. Les enfants furent choisis
dans la population d'enfants hospitalisés ou consultants.
III - METHODOLOGIE
-
Dans le domaine psycholinguistique, les compétences et les déficits
furent analysés et comparés, à la fois pour chaque enfant
mais aussi pour chaque groupe d'enfants ; la nature et la répartition
des troubles furent étudiées au niveau phonétique,
phonologique, syntaxique, sémantique et pragmatique, tant dans le
versant expression que le versant compréhension. L'existence et
l'intensité de troubles praxiques bucco-phonatoires fut aussi notée.
Chaque niveau de trouble fut relevé selon la cotation suivante : 0
= absent, + = présent, ++ = important.
Instruments d'évaluation utilisés :
-
* Batteries d'Evaluation Linguistique de Chevrié-Muller,
-
* Test de Khomsi,
-
* TVAP-C.
Dans le domaine cognitif, outre la détermination du Q.I. non verbal
(WISC), deux instruments ont été utilisés :
-
* l'épreuve de "Classification d'objets" empruntée aux EDEI
(Echelles Différentielles d'Efficience Intellectuelle" de Perron-Borelli
et Perron,
-
* l'épreuve "Analyse catégorielle" empruntée à
la même batterie. Ces deux épreuves peuvent être
considérée comme évaluant une fonction centrale dans
le développement de l'intelligence non verbale. Elles permettent une
évaluation globale en terme de "niveau d'âge" des capacités
opératoires de l'enfant.
Dans le domaine psychopathologique, la personnalité de l'enfant et
les troubles psychopathologiques éventuels ont été
étudiés dans deux
cadres :
-
* plusieurs entretiens psychiatriques semi-structurés avec l'enfant
visant à dégager la symptomatologie présentée,
les modalités relationnelles, les modalités de fonctionnement
psychique ;
-
* plusieurs entretiens systématisés avec les parents visant
à préciser de façon rigoureuse l'histoire clinique et
familiale de l'enfant et à repérer chronologiquement l'apparition
et l'organisation des troubles. Le recueil du matériel clinique
symptomatique a été effectué de façon
systématique et standardisée grâce à l'instrument
suivant : "Interview pour le diagnostic de l'autisme" (version recherche)
de Rutter et Lord (Edition révisée, 3ème édition,
septembre 1991). Pour compléter le recueil du matériel clinique
concernant à la fois l'examen actuel et le développement
passé de l'enfant, ont été appréciés
l'ensemble des facteurs pouvant éventuellement avoir joué un
rôle d'un point de vue étiologique dans la constitution des
troubles : facteurs organiques ou facteurs d'environnement, les uns ou les
autres pouvant avoir été présents antérieurement
à la constatation d'un trouble du développement du langage
ou bien apparus postérieurement . Les éventuels troubles des
interactions parents-enfant ont été également
appréciés, de même que le moment où ceux-ci ont
pu apparaître au cours du développement de l'enfant.
On trouvera, page suivante, un exemplaire du dossier établi pour chaque
enfant.
IV - RESULTATS
-
Les résultats de la recherche, de même que la mise au point
de ses objectifs et de sa méthodologie ont fait l'objet de plusieurs
séances de travail au cours de réunions du Réseau (notamment
celles du sous-groupe "Langage") et de communications lors de plusieurs
journées scientifiques ou colloques internationaux.
1) Caractérisation des troubles du langage observés
Concernant l'ensemble de la population d'étude, nos résultats
ont confirmé l'existence d'anomalies du comportement linguistique
déjà relevées par d'autres auteurs :
-
* troubles de l'évocation lexicale,
-
* troubles de l'encodage syntaxique,
-
* troubles de la compréhension verbale,
-
* hypospontanéité,
-
* troubles de l'informativité,
-
* dissociation automatico-volontaire.
Concernant la comparaison entre nos deux groupes d'enfants, les résultats
ont indiqué les éléments suivants : davantage de troubles
de la compréhension et de troubles sévères de la
compréhension chez les enfants ne présentant pas de troubles
neurologiques ; davantage de troubles sémantiques et pragmatiques
et de troubles importants dans ce domaine, dans la même population
; pas de différence en apparence du point de vue des troubles
phonologiques ; notons cependant la fréquence et l'importance des
troubles praxiques bucco-phonatoires au sein des deux populations, ce qui
nous amène à penser que d'autres regroupements pourraient
être effectués, ainsi que divers appariements.
2) Evaluation cognitive
-
* dans notre première population, (20 enfants dysphasiques sans troubles
neurologiques), le Q.I. non verbal "moyen" relevé est de 86, contre
77 pour notre deuxième population (10 enfants avec troubles neurologiques)
;
-
* aux EDEI, le quotient de développement "moyen" obtenu dans la population
n° 1 à l'épreuve de "classification d'objets" est de 94
contre 66 dans la population n° 2 ; le quotient de développement
moyen à l'épreuve "analyse catégorielle" est de 81 pour
la population n° 1, contre 78 pour la population n° 2. La recherche
a montré clairement que les enfants dysphasiques nous interrogent
au niveau des frontières avec la déficience mentale : nos travaux
ont confirmé ceux de BERNARDI qui avait mis l'accent sur un fonctionnement
dysharmonique des opérations cognitives et ce, dès le stade
des "opérations concrètes" (PIAGET), avec persistance d'une
pensée non décontextualisée : ces enfants éprouvent
une difficulté particulière à opérer des
découpages dans leur environnement, pour isoler certains objets du
contexte où ils les ont rencontrés, et opérer d'autres
regroupements. Leur pensée fonctionnerait par contiguïté
et non par continuité, elle demeure infiltrée par leur
affectivité et leur problématique personnelle.
3) Evaluation dans le domaine psychiatrique et psychopathologique
Si les aspects sémiologiques apparaissent extrèmement divers
et peu spécifiques, cette étude montre néanmoins
l'importance et le profil des troubles psychopathologiques présentés
par ces enfants et, pour certains d'entre eux, la part des choses est difficile
à faire avec un trouble envahissant du développement. Tous
ces enfants présentent en effet des anomalies dans leur
développement avant l'âge de 3 ou 4 ans et certains d'entre
eux présentent des anomalies graves. L'examen psychopathologique montre
aussi que l'on ne peut assigner à ces troubles qu'une valeur purement
réactionnelle. Les symptômes de l'enfant méritent
d'être saisis en reliant le handicap, l'organisation psychique interne
et la configuration socio-familiale. L'analyse des facteurs organiques et
des facteurs d'environnement éventuellement étiologiques montre
que, dans bien des cas, ces facteurs s'associent et ne permettent pas de
poser une hypothèse claire et unidirectionnelle quant au
déterminisme du trouble du langage. Des troubles des interactions
parents-enfant sont souvent notés, fréquemment sous la forme
d'un lien symbiotique mère-enfant excluant toute possibilité
d'utilisation du langage pour communiquer et empêchant celui-ci de
jouer son rôle de médiateur privilégié et de support
du développement cognitif. Dans certains cas, ces interactions consistent
en une véritable anticipation par la mère des productions verbales
de l'enfant, cette anticipation donnant à celle-ci le sentiment de
comprendre "magiquement" son enfant. Les enfants dysphasiques nous interrogent
aussi particulièrement au niveau de l'histoire de leurs troubles qui,
d'un côté s'aggravent parfois considérablement au cours
de leur développement ou bien, à l'opposé, semblent
constituer l'aboutissement d'un trouble précoce et sévère
présent dès la première enfance. Certains enfants de
notre étude ont en effet présenté, avant l'âge
de 4 ans, des anomalies de comportement ou des symptômes
réputés associés à l'autisme, tels que :
-
* un retrait,
-
* des comportements, des intérêts et des activités au
caractère restreint, répétitif ou
stéréotypé,
-
* des anomalies qualitatives dans le domaine de la com- munication (verbale
et non verbale), avec notamment une expression très réduite
des sentiments et des affects,
-
* des anomalies qualitatives dans la réciprocité des interactions
sociales, avec par exemple l'absence d'empathie.
L'utilisation de l'A.D.I., instrument standardisé de recueil
systématique du matériel clinique, principalement centré
sur les symptômes-clef de l'autisme tels qu'ils sont spécifiés
dans l'ICD-10 et le DSM 3-R, permet ainsi de repérer certains enfants
comme ayant présenté un profil autistique de développement
avant l'âge de 4 ans , avec anomalies sévères et relativement
spécifiques dans leurs comportements et leur premier développement.
V - CONCLUSIONS ET PERSPECTIVES
-
Au total, dans certains cas, notre étude a pu formuler des
hypothèses sur la façon dont un handicap, portant sur le
développement du langage, peut retentir sur l'organisation psychique
de l'enfant et emprisonner dans un dysfonctionnement l'évolution des
interactions parents-enfant. Néanmoins, beaucoup de questions se posent
encore concernant le rôle et le poids respectifs des facteurs organiques
et des facteurs d'environnement dans la constitution de ce type de troubles.
Beaucoup d'interrogations sont aussi soulevées concernant les
frontières et les liens avec les pathologies psychotiques et autistiques
: quelles sont la nature et la signification de ceux-ci ? Un traitement
statistique des résultats reste encore à réaliser, notamment
dans la perspective d'une meilleure homogénéisation des populations
définies : des corrélations significatives seront
recherchées, de même que de nouveaux critères d'appariement.
L'équipe souhaite aussi étendre la population d'étude,
afin d'augmenter le nombre de cas et d'articuler ce travail préliminaire
à une recherche comparative pluridisciplinaire entre enfants dysphasiques
et enfants psychotiques : ce type d'étude devrait en effet apporter
un éclairage intéressant sur les différents aspects
envisagés, de même que sur la nature et la signification des
troubles du langage observés dans l'autisme et les psychoses
précoces.
- EQUIPE DU PROFESSEUR C. BURSZTEJN (Strasbourg)
"MEMOIRE A COURT TERME ET TROUBLES DE L'ACQUISITION DU LANGAGE CHEZ LENFANT"
I - HYPOTHESE
-
* Il existe une corrélation entre la mémoire à court
terme (MCT), étudiée d'après le modèle de
"mémoire de travail" d'A. BRADDELEY, et différents aspects
du développement du langage.
-
* La MCT a une valeur prédictive sur le développement
ultérieur du langage.
II - OBJECTIFS
-
* Comparaison des capacités de MCT, auditive et visuelle, d'enfants
normaux et d'enfants avec troubles de l'acquisition du langage.
-
* Recherche de corrélation entre les différents types de MCT
et le niveau de développement du langage.
- Etude 1
Population : 52 enfants normaux de 3 à 5 ans fréquentant
l'école maternelle, avec un niveau normal de développement
du langage.
Méthode : Mesure
-
* de l'empan
-
- auditivo-verbal (chiffres et mots) - visuo-spatial (test de Corti)
-
* de la mémoire visuelle avec support verbal
-
* de la mémoire visuelle sans support verbal.
Résultats : Corrélation entre les tests pour l'âge
des enfants. La composante phonologique de la mémoire de travail se
développe progressivement en fonction des étapes du
développement. La composante visuelle est moins influencée
par les niveaux de développement.
Etude 2
Population : 60 enfants présentant des troubles de l 'acquisition
du langage, de 4 à 10 ans, présentant un Q.I. > 70.
Méthode : Evaluation du niveau de compréhension et
d'expression du langage Mesure du Q.I. Mesure
* de l'empan
-
- auditivo-verbal (chiffres et mots) - visuo-spatial (test de Corti)
* de la mémoire visuelle avec support verbal
* de la mémoire visuelle sans support verbal.
Résultats : Etude en cours.
- EQUIPE DU DOCTEUR HAAG , DES DOCTEURS M.C. CLEMENT, A. CUKIERMAN , A.
JARDIN, A. DUPRAT, A. MAUFRAS du CHATELIER et de MESDAMES C. DRUON, J. TRICAUD
ET S. URWAND (Paris)
EN PARTANT DU MOI CORPOREL, NAISSANCE DU LANGAGE CHEZ L'ENFANT AUTISTE ET
PSYCHOTIQUE
I - OBJECTIFS
-
Dans le réseau précédent, il avait été
procédé à l'étude de séquences d'observations
directes au sein des phénomènes de transfert dans les cures
analytiques des enfants autistes et psychotiques. Ces séquences
étaient focalisées sur les premières étapes de
la construction de l'image du corps, de la construction de l'espace qui lui
est corrélé et des premières manipulations d'objets.
Les résultats de cette première recherche ont été
concrétisés dans une Grille des étapes évolutives
de l'autisme infantile traité , ayant donné lieu à
publication (G. HAAG et coll, 1995f) et utilisée actuellement dans
une recherche clinico-biologique en collaboration avec S. TORDJMAN (CRE n°
93-10-09). Pour l'étude des émergences de langage,
l'hypothèse de départ issue d'une longue expérience
clinique de plusieurs membres du groupe, était que ces émergences
semblaient en corrélation avec cette évolution de la reconstruction
de l'image du corps au cours des traitements. Avaient été
notés :
-
* l'importance du sentiment de la "perte de la bouche" dans l'image du corps
en relation avec le mutisme ;
-
* l'intérêt des enfants autistes, juste avant la démutisation,
pour le bruit d'engloutissement de l'eau dans les tuyaux, appelé ("la
grosse voix du fond des tuyaux") ; les enfants sont joyeux de l'entendre,
semblent faire une assimilation avec leurs capacités vocaliques, se
mettent à vocaliser et les premiers mots apparaissent... Ils semblent
alors expérimenter une reperméation d'un conduit pour la
vocalisation, et le ressenti d'un intérieur avec un fond de retour
;
-
* des formes de vocalisation assimilées aux plis et aux articulations
de l'image du corps à des fonctions internes ;
-
* la reprise de moments de vocalisation chez des enfants démutisés
mais restant avec une voix haute et monocorde ; ces reprises de vocalisations
dans la relation thérapeutique contribuaient à remettre la
voix en place ;
-
* des clivages variés dans le langage, au niveau phonétique
(articulation vocalique et consonnantique, par exemple ; G. HAAG, 1984) et/ou
grammatical (langage restant obstinément agrammatique, par exemple)
dont le parallèle avec différents clivages dans l'image du
corps reste à préciser ; parallèle à faire
également avec les clivages primitifs dans le registre de
l'expérience sensorielle (TUSTIN, 1977-1081-1989) : dur-doux en
particulier ;
-
* certaines relations faites par les enfants entre les articulations de leur
pensée préverbale et leurs premières articulations
grammaticales.
Dans tous ces phénomènes, comme dans la recherche
précédente, il nous semblait que l'émotionnel,
l'identificatoire et le cognitif restaient intimement liés. Un nouvel
approfondissement apparaissait au sujet de l'importance de lallations, non
seulement comme phénomènes d'exercice fonctionnel, mais comme
expérience transformatrice et cognitive d'éléments
représentant les liens émotionnels et identificatoire, comme
cela est évoqué déjà par beaucoup d'analystes
et récemment, plus profondément étudié par D.
MELTZER (1986) dans sa formulation du "théâtre de la bouche".
Dans cette nouvelle recherche, l'équipe tenait, en accord avec les
recommandations générales du nouveau projet du Réseau,
à souligner l'élément évolutif dans les processus
thérapeutiques, ainsi que l'élément comparatif : appui
sur les repères de développement normal des premières
étapes du langage (observation directe de 3 mois à 3 ans),
comparaison entre autisme et autres psychoses.
II - METHODOLOGIE
-
L'équipe a utilisé la méthodologie habituelle propre
au travail clinique, c'est-à-dire :
-
* l'accumulation de matériaux similaires en nombre suffisant afin
de prouver leur réapparition dans le cadre de la psychothérapie
psychanalytique dont la rigueur peut être comparée avec sa
spécificité, à celle d'une situation expérimentale
;
-
* la sélection des matériaux à observer a conduit à
construire un tableau pouvant contenir les séquences pertinentes extraites
du continuum de l'observation au sein de l'expérience clinique.
L'ambition de l'équipe était de trouver un certain nombre de
séquences pertinentes pouvant rendre compte :
-
* de l'état des expressions émotionnelles dans la relation
;
-
* des repères de l'étape identificatoire de l'image du corps
(Grille de repérage déjà étudiée dans
le travail du Réseau précédent),
-
* des repères du développement cognitif, en particulier de
l'état de l'exploration de l'espace et des objets, ainsi que la forme
de la temporalité acquise et bien sûr les différents
états des émissions vocales et des constructions de langage
ainsi que du graphisme et d'un éventuel langage écrit.
Il a été utilisé le même lexique que pour la grille
évolutive, avec quelques précisions supplémentaires
pour le langage oral, le graphisme et le langage écrit.
III - RESULTATS
-
* Composition d'un tableau pour le recueil des données ;
-
* étude de 4 cas dans leur évolution entre 92 et 95, afin de
commencer à éprouver ce tableau ;
-
* confirmation, certes sur un nombre encore restreint de cas et sur un temps
insuffisant, des hypothèses émises ;
-
* ce groupe souhaite poursuivre ce travail apportant beaucoup d'enrichissement
dans ce repérage des émergences et confirmant l'intérêt
d'une étroite collaboration entre les efforts thérapeutiques
et les efforts éducatifs.
- EQUIPE DU DOCTEUR BOTBOL (Senlis)
"MODALITES DE PRISE EN CHARGE INSTITUTIONNELLE AU C.P.R. DE SENLIS EN FONCTION
DU NIVEAU DE LANGAGE DES ENFANTS ACCUEILLIS"
-
Ce projet a pour objectif une approche transnosographique des modalités
de traitement institutionnel avec pour objectifs :
-
* de déterminer la place que prend le niveau de langage atteint par
les enfants dans la détermination de ces modalités ; * de comparer
l'influence de ce facteur à celle de la catégorie nosographique
classique ;
-
* de contribuer ainsi à une meilleure connaissance des processus
déterminant les contre-attitudes institutionnelles à l'égard
des enfants traités.
I - HYPOTHESE
-
Cette recherche se fonde sur l'hypothèse que, pour une part
prévalente, c'est indépendamment du diagnostic psychiatrique,
le "niveau de langage" acquis par les enfants traités dans l'institution
qui opère de façon implicite dans la détermination des
modalités de leur prise en charge.
II - OBJECTIFS SPECIFIQUES
-
* Comparer les spécificités de la cure institutionnelle
retrouvées en fonction du niveau de langage à celles qui sont
retrouvées en fonction du diagnostic (autiste versus non autiste)
;
-
* faire apparaître au travers de cette comparaison ce qui, dans les
modalités de prise en charge des enfants autistes est
déterminé par d'autres facteurs que le niveau de langage atteint.
III - POPULATION
-
20 enfants tirés au sort parmi tous les enfants présents au
C.P.R. pendant une semaine de référence.
IV - METHODOLOGIE
-
a) Chacun de ces 20 enfants est évalué par les instruments
suivants :
-
* M.L.U. (Maximum Lenght Utlerance)
-
* E.D.E.I. (niveau cognitif)
-
* A.D.O.S. (Questionnaire diagnostique pour l'autisme)
-
* C.F.T.M.E.A. (classification clinique)
-
* Classification Française des Handicaps
-
* DSM-IV
-
* Evaluation clinique du niveau de valeur symbolique communicative du langage
à partir d'une grille spécifique.
-
b) Les modalités de prise en charge des enfants ont été
évaluées à partir d'items sélectionnés,
cotés sur les données des différentes traces écrites
dans chacun des cahiers de réunion sur les 6 mois précédant
directement la semaine de référence. Ces items concernent :
-
* la circulation des enfants au C.P.R. (inscriptions journalières,
éducatives et scolaires, séjours, prises en charge
spécifiques, etc...) ;
-
* l'organisation de la cure, modalités d'admission, traitements
associés ou antérieurs ;
-
* qualité du travail avec la famille.
c) Comparaison groupe à groupe des résultats obtenus et
cela en fonction de deux (au moins) ordres de facteurs :
* niveau de langage
( M.L.U. seul) ( M.L.U. + évaluation du niveau symbolique et
communicationnel)
* catégorie diagnostic
( Autisme) (C.F.T.M.E.A.) ( Autres formes d'autisme) ( Dysharmonies psychotiques)
(Psychoses à expression déficitaire)
ou Autisme versus Non autisme selon les différentes classifications
d) Comparaison de ces résultats entre eux.
V - ETAT D'AVANCEMENT DES TRAVAUX
-
* Recueil des données en cours d'achèvement.
-
* Traitement à venir.
P>
- EQUIPE DU PROFESSEUR Ph. DARDENNE (Rennes I) et J.M. VIDAL (C.N.R.S.-U.RA
1031,) DU PROFESSEUR BADICHE (Rennes I) et du PROFESSEUR QUENTIL (Rennes
II)
* MISE AU POINT D'UN OUTIL DE COMPREHENSION DES EXPRESSIONS AUTISTIQUES :
L'ANALYSE TEXTUELLE DES CAS CLINIQUES"
I - OBJECTIFS ET METHODE
-
Les notes cliniques concernant les échanges prolongés sur de
longues durées, entre le clinicien (en position d'observateur participant)
et ses patients autistes (en place de sujets observés), représentent
un corpus de données d'une grande richesse. Elles ont apparemment
servi de point de départ à l'élaboration des cas princeps
par L. KANNER ; elles représentent toujours la base empirique des
essais sémiologiques quant aux sens éventuels des expressions
des sujets autistes. Pour affiner cette démarche et mieux exploiter
les données ainsi recueillies, les notes sont transcrites sur traitement
de texte et soumises à divers modes de lectures informatiques, à
l'aide d'un logiciel "Anatext". Ce dernier permet d'établir :
-
* les lexiques des mots et les répertoires de gestes notés
pour les divers interlocuteurs ;
-
* les émergences ou les premières occurrences des items
considérés ;
-
* leurs fréquences et leurs répartitions lors du suivi des
rencontres ;
-
* leurs contextes et leurs cooccurrences lors des mêmes séquences
d'expression ;
-
* leurs évolutions au cours des rencontres successives.
La fiabilité des indices qualitatifs et quantitatifs ainsi collectés
est assurément dépendante de la précision de la prise
de notes initiales. Néanmoins, cette démarche peut être
aussi bien appliquée à l'analyse de comptes-rendus établis
après chaque rencontre, qu'à celle d'enregistrements audios
ou vidéos. Elle permet de dépasser l'inventaire des déficits,
stéréotypies et écholalies des sujets, pour préciser
leurs expressions et leurs modalités d'investissements des objets,
personnes ou lieux de leur entourage. Elle permet également de mieux
repérer le mode d'implication du clinicien dans ses échanges
avec le patient.
II - RESULTATS
-
Au Colloque International I.N.S.E.R.M. Autisme , avril 1995 a été
présenté un cas clinique ainsi établi sur la base des
43 entretiens de 30 minutes, avec un sujet autiste pour lequel les échanges
verbaux ont été enregistrés au magnétophone et
les échanges gestuels ont été notés selon la
méthode "papier-crayon".
* "ETUDE SUR L'ENRICHISSEMENT DES EXPRESSIONS DE SUJETS AUTISTES LORS DE
RENCONTRES TRIADIQUES"
I - HYPOTHESES ET OBJECTIFS
-
En plus de leurs symptômes les plus marqués, recensés
dans les classifications nationales et internationales (C.F.T.M.E.A., D.S.M.-IV,
I.M.C. 10), les sujets autistes rencontrés montrent de très
grandes difficultés à négocier les relations triadiques
-celles lors desquelles ils peuvent percevoir une interaction entre un proche
et une autre personne ou un objet tiers. De leur côté, les parents
de sujets autistes ont fréquemment confirmé que leur enfant
tolérait très mal de les voir parler entre eux ou avec un proche
-de les voir lire le journal ou s'intéresser à quelque objet.
Une telle intolérance ne peut manquer de retentir sur les registres
relationnels et cognitifs des sujets autistes, dans la mesure où la
plupart des relations humaines, comme le maniement du langage et
l'élaboration d'une théorie de l'esprit, mettent en jeu quelque
personne ou objet tiers.
II - METHODOLOGIE
-
Pour tenter de pallier à ces mêmes difficultés, une nouvelle
modalité de rencontre avec les sujets autistes a été
élaborée. Elle consiste à établir une première
relation entre le patient et un clinicien, lors d'une série plus ou
moins prolongée de rencontres dyadiques, puis à alterner celles-ci
avec des rencontres à trois, mobilisant un deuxième clinicien.
L'initiative du patient, pour refuser ou accepter l'intrusion de ce tiers
est activement et fréquemment sollicitée et ses choix sont
respectés. Cette modalité de rencontres a été
amorcée avec 5 patients (2 adultes, 1 adolescent de 14 ans et 2 enfants
de 8 et 4 ans). Les effets de ces modes de rencontres ont été
évalués sur la base des comptes-rendus cliniques
détaillés, transcrits sur traitement de texte et
dépouillés par analyse textuelle informatisée.
III - RESULTATS
-
Après une période temporaire d'indifférence, d'agitation
accrue ou de refus explicites des patients, les rencontres triadiques ont
suscité un enrichissement sensible de leurs expressions. Ces premiers
résultats incitent à étendre cette modalité de
rencontres à d'autres sujets autistes.
- EQUIPE DE J. NADEL (C.N.R.S.)
"TRAVAUX SUR L'IMITATION CHEZ L'ENFANT AUTISTE"
-
Cette équipe a tout d'abord pu montrer le rôle de l'imitation
gestuelle dans le développement de la communication primaire chez
l'enfant autiste comme chez l'enfant normal. Notre paradigme de l'objet en
plusieurs exemplaires a pu être utilisé sur 7 groupes composés
d'un enfant souffrant d'autisme et un enfant non autiste du même âge
chronologique et fréquentant le même établissement. Nos
résultats ont montré une corrélation forte et positive
entre production spontanée d'imitations gestuelles et comportements
positifs de communication dirigés vers le partenaire (NADEL &
PEZE, 1993).
Plus récemment, il a été constaté que, comme
les bébés normaux, les enfants autistes sont sensibles au
changement d'expression du partenaire. Sur la base d'une prise de contact
par l'imitation, il apparaît, en utilisant le paradigme "still face"
que la communication préalable par l'imitation permet au jeune autiste
confronté à l'adulte devenu inexpressif de manifester
d'inhabituelles capacités d'émissions : 8 sur 9 enfants autistes
étudiés provoquent un contact physique positif avec l'adulte
(touchent ses mains ou son visage, caressent sa joue en souriant ou chantonnant),
accompagné pour certains même de regard oeil à oeil (NADEL,
HUDELOT et LECUYER, à paraître).
Enfin, reprenant ce dispositif en double exemplaire, l'équipe analyse
actuellement les liens entre attention conjointe dans la
référenciation liée à un objet unique, et l'imitation
synchrone, supposant la coréférenciation (NADEL, sous presse).
L'aspect verbal de limitation chez l'autiste a également été
abordé, dans une recherche destinée à montrer la
sélectivité des écholalies : 3 situations ont
été comparées au cours desquelles l'enfant autiste est
en activité libre, en présence de l'adulte familier qui lit
; puis, toujours en activité libre, l'adulte lisant, l'enfant entend
des stimuli auditifs, humain ou non humains ; enfin, l'enfant est en interaction
avec l'adulte : on montre que c'est dans cette seule situation que l'enfant
émet des écholalies, preuve de leur caractère sélectif
et fonctionnel dans la communication (DOAZAN, FERRARI & NADEL, 1993).