Encéphale mai-juin 1997

Psychose Hallucinatoire Chronique et schizophrénie d’apparition tardive : une même entité? - Late-paraphrenia (psychose hallucinatoire chronique) and late-onset schizophrenia : same entity ?

C. DUBERTRET, P. GORWOOD, J. ADES
Résumé. La Psychose Hallucinatoire Chronique a été adoptée en France, malgré l’absence de critères diagnostiques internationaux, comme une entité clinique clairement définie. Cette attitude clinique distingue donc schizophrénie, délire chronique non hallucinatoire et Psychose Hallucinatoire Chronique, distinction non reconnue par l’ensemble des systèmes critériologiques actuels (DSM IV, ICD 10). Il est dès lors intéressant d’analyser les similarités entre la Psychose Hallucinatoire Chronique et la schizophrénie d’apparition tardive, ainsi que les différences de ces deux entités avec la schizophrénie d’apparition précoce. Similarités et différences sont réévaluées au niveau des aspects cliniques (symptômes productifs plus importants que les symptômes déficitaires, comorbidité avec des troubles thymiques, bonne sensibilité aux neuroleptiques), épidémiologiques (sur-représentation féminine, isolement social prémorbide fréquent) et des facteurs étiopathogéniques potentiellement impliqués (effet protecteur des oestrogènes, déficits sensoriels, concentration familiale de la schizophrénie). Sans nécessairement introduire une catégorie nouvelle, le critère d’âge de début pourrait permettre de mieux différencier, au sein du groupe des schizophrénies, d’éventuels sous-groupes plus homogènes. Il faut souligner enfin que l’absence d’étude clinique et épidémiologique, du fait de la non-reconnaissance au niveau international de la Psychose Hallucinatoire Chronique, comparant les schizophrénies à début tardif et les Psychoses Hallucinatoires Chroniques, rend difficile toute conclusion formelle sur l’identité ou la singularité éventuelle de ces deux entités cliniques.

- Summary. The distinction between schizophrenia and chronic delusion syndromes (such as paraphrenia, late-paraphrenia and « Psychose Hallucinatoire Chronique ») is currently used in France, although there is no international criteria (ICD 10 or DSM IV) for chronic delusion syndromes. It is thus worth analysing the literature in order to compare the differences between late-onset schizophrenia and « Psychose Hallucinatoire Chronique », and the similarities between young-onset schizophrenia and chronic delusion syndromes. Clinical investigations clearly differentiate « Psychose Hallucinatoire Chronique » and late-onset-schizophrenia from young-onset schizophrenia because they have more delusion and hallucinatory symptoms, less negative symptoms, better evolution, and better sensitivity to antipsychotic drugs. Epidemiological data show that « Psychose Hallucinatoire Chronique » and late-onset schizophrenia have both a different sex-ratio (around 7 women for 1 man) than young-onset schizophrenia (nearly 1 woman for 1 man), and that in « Psychose Hallucinatoire Chronique » and in late-onset schizophrenia, social withdrawal is frequently observed before onset of the disorder. Lastly, putative risk factors may be shared by « Psychose Hallucinatoire Chronique » and late-onset schizophrenia, and may isolate them from young-onset schizophrenia, for example regarding the oestradiol hypothesis (oestradiol enhance dopamine efficacy and delay the onset of delusion disorders), the impact of sensory handicaps (which may be clinically and experimentally associated with hallucinations), or the role of genetic and familial factors (with a familial concentration intermediate between the familial concentration of schizophrenia of a schizophrenic proband, and the familial concentration of schizophrenia of control probands). In accordance with this review of the literature, the authors conclude that the absence of specific criteria for late-onset schizophrenia and/or « Psychose Hallucinatoire Chronique » in international diagnostic manual risk to counter the facility to detect specific risk factors involved in the pathogenesis of schizophrenia.

Keywords : Late-onset schizophrenia; Paraphrenia; Psychose Hallucinatoire Chronique; Schizophrenia.

L’Encéphale XXIII III Mai-Juin 1997 157 167

Capacité à éprouver du plaisir et du déplaisir et alcoolisme de types I et II selon Cloninger et von Knorring - Hedonic and displeasure capacities in Cloninger and von Knorring’s type I, type II alcoholism

P. NOWACZKOWSKI, G. LOAS, C. GAYANT, J. DELAHOUSSE
Résumé. L’objet de la présente étude est de tester l’hypothèse selon laquelle les alcooliques de type II selon Cloninger et von Knorring éprouveraient plus de plaisir et moins de déplaisir comparativement aux alcooliques de type I. Cinquante-cinq alcooliques hospitalisés répondaient au diagnostic d’alcoolisme selon les RDC et d’abus ou de dépendance à l’alcool selon le DSM III-R.Les sujets étaient classés en type I ou en type II selon l’âge de début de l’alcoolisme (type II < à 25 ans, type I >= à 25 ans). Les caractéristiques socio-démographiques, les proportions d’« abuseurs » et de « dépendants », les scores aux échelles de plaisir physique (FCPCS-PP), de déplaisir physique (HDCS-PD), de dépression (inventaire de Beck, BDI) étaient comparés entre les 2 groupes.Les résultats ont montré l’absence de différence significative concernant le sex-ratio, le niveau éducatif, les proportions d’« abuseurs » et de « dépendants » et le score aux échelles. L’hypothèse de départ se trouve infirmée et les causes possibles de ces résultats négatifs sont discutées.

- Summary. The aim of the present study is to test the hypothesis that Cloninger and von Knorring’s type II alcoholics are more hedonic and experience less displeasure than type I alcoholics.55 inpatients filled out the DSM III-R criteria for abuse or alcoholic dependence.The alcoholics were dichotomized into type I or type II using the onset of their alcoholism (type II < 25 years, type I >= 25 years).In the few days of their hospitalization, the subjects filled out the Fawcett Clark Pleasure Capacity Scale-Physical Pleasure (FCPCS-PP), the Hardy Displeasure Capacity Scale-Physical Displeasure (HDCS-PD) and the abridged form of the Beck Depression Inventory (BDI). The sociodemographic characteristics, the proportions of « abusers » and « dependents » and the scales scores were compared between the two groups. The sex-ratio and the educative level were not different between the two groups; the values of the c2 were respectively 1.36 (df = 1), p = 0.24 and 1.03 (df = 2), p = 0.59. The ratio « abusers »/« dependents » was not different (c2 = 1.115, p = 0.291). The mean age of the type I alcoholics was higher (m = 46.7, sd = 11.2) than that of the type II (m = 38.9, sd = 7.9) (U = 218.5, p = 0.013). Using covariance analyses (ANCOVA) to control the age, the results have shown that the FCPCS-PP and HDCS-PD scores of the type II alcoholics were not different than these of the type I alcoholics [respectively F (1.52) = 1.5, p = 0.23 and F (1.52) = 0.14, p = 0.7].In conclusion, we failed to confirm the hypothesis that type II alcoholics would experience more pleasure and less displeasure than type I alcoholics. These negative results were discussed and the potential factors that could explain them are detailed.

Keywords : Alcoholism; Anhedonia; Depression; Displeasure capacity; Hedonic capacity.

L’Encéphale XXIII III Mai-Juin 1997 168 174

Etude comparative chez le sujet normal et le sujet obsessif compulsif des pensées intrusives et de la mémoire - A comparative study of intrusive thoughts and memory in normal subjects and obsessive compulsive patients

M. BOUVARD, J. COTTRAUX
Résumé. Quatre études ont montré que plus de 80% des sujets normaux présentent des pensées obsédantes dont le contenu est similaire à celui des sujets obsessifs compulsifs. Les pensées intrusives « normales » et « anormales » se différencient au niveau de la durée, de la fréquence et le fait de les rejeter. Treize sujets obsessifs compulsifs non dépressifs et de type vérificateur (critères du DSM III-R) ont été comparés à 13 sujets contrôles appariés pour l’âge, le sexe et le niveau d’études. Tout d’abord notre étude a porté sur le contenu des pensées obsédantes « normales » et « anormales ». Nous n’avons pas trouvé de différence significative dans les deux groupes suggérant qu’un sous - groupe de patients obsessifs compulsifs de type vérificateur ne modifie pas le résultat de l’ensemble. Les processus mnésiques ont également été comparés. Plusieurs études ont montré que les sujets obsessifs compulsifs présentent un déficit en mémoire visuelle et une absence de déficit en mémoire verbale. Trois études de sujets vérificateurs non cliniques ont mis en évidence un déficit mnésique par rapport à des sujets non vérificateurs. Nous avons utilisé l’échelle clinique de mémoire de Wechsler. Les sujets obsessifs compulsifs se différencient des sujets contrôles dans le rappel d’une histoire verbale et en reproduction visuelle immédiate.

- Summary. Four surveys have shown that more than 80% of normal subjects have obsessive thoughts with content similar to those found in obsessive compulsive patients. « Abnormal » and « normal » intrusive thoughts do not differ in content but in duration, frequency and rejectability. Thirteen DSM III-R non-depressed obsessive compulsive patients with checking rituals were compared with 13 sex-, age-, and education matched control subjects. Our study compared the content of abnormal and normal obsessions. No between-group difference was found suggesting that a sub-group of obsessive compulsive patients with checking rituals did not change the general result. The memory processes were also compared. Several investigators have shown an impairment in visual spatial memory tasks but none in verbal tasks with obsessive compulsive patients. In three studies non clinical checkers were found to show some deficits in memory compared to non checkers. In our study we used the Wechsler memory scale. Clinical checkers appear to have difficulties recalling details of meaningfully linked verbal sequence and immediate visual reproduction.

Keywords : Clinical checkers; Intrusive thought; Memory; Obsessive compulsive disorder.

L’Encéphale XXIII III Mai-Juin 1997 175 179

Troubles du sommeil en milieu carcéral - Sleep troubles in jail

D. BOURGEOIS
Résumé. Les troubles du sommeil en milieu carcéral constituent une part importante de la demande faite au psychiatre exerçant dans ce type d’établissement. Après une synthèse clinique, l’auteur évoque le contexte spécifique des modalités de distribution des médicaments et propose à la réflexion éthique l’utilisation pratique du concept d’hypnotique à effet volontairement retardé.

- Summary. Prisoners often ask the psychiatrist soporific. After a clinical review, the author exposes the particular difficulty concerning psychotropic distribution patterns in this unusual institution. He puts in an ethical consideration about the concept of « hypnotic deliberately retarded effect ».

Keywords : Jail; Retarded effect; Sleep; Soporifical deliberately.

L’Encéphale XXIII III Mai-Juin 1997 180 183

Elaboration et validation d’un questionnaire de stress perçu proposé comme indicateur de suivi en médecine du travail - Development and validation of a perceived stress questionnaire recommended as a follow-up indicator in occupational medicine

S.M. CONSOLI, P. TAINE, F. SZABASON, C. LACOUR, PCV METRA
Résumé. L’acceptabilité, l’homogénéité (alpha de Cronbach = 0,82) et la reproductibilité dans le temps (corrélation test-retest : r = 0,88) d’un nouveau Questionnaire de Stress Perçu, composé de 9 items, ont été testées sur une population de 91 sujets en activité professionnelle, à l’occasion d’une visite en médecine du travail. L’analyse factorielle en composantes principales extrait 2 facteurs, inchangés par une rotation Varimax, représentant respectivement 42% et 13% de la variance totale et interprétables comme une composante générique de stress perçu (débordement, perte de contrôle) et une composante comportementale bipolaire, opposant les recours à une compensation alimentaire ou à une compensation tabagique face au stress. Une deuxième étude pratiquée dans des conditions comparables sur 761 sujets a permis d’observer un score global de stress plus élevé chez les femmes (n = 165, essentiellement des employées) que chez les hommes (n = 596) (p < 0,0001) et, au sein de la population masculine, un score plus élevé chez les ingénieurs que chez les ouvriers (qualifiés ou spécialisés) ou les techniciens (p < 0,0001). L’intérêt d’une telle mesure de stress pour un suivi clinique, ainsi que dans le cadre d’une évaluation globale du risque cardiovasculaire, est souligné.

- Summary. This work was originated from the concern for the availability of a short, acceptable and reliable instrument for self-assessment of perceived stress. The questionnaire was designed to be routinely applied within a visit at an Occupational Medical Center. A new questionnaire was developed with this aim, consisting of 9 subscales presented in a Lickert form, with 4 modes of answer, scored from 0 to 3. The content of the 9 items covers the multiple facets of perceived stress and its consequences : « feeling of being under pressure », « impatience », « irritability », « intrusive thoughts about work », « inability to entertain », « discouragement », « morning fatigue », « food compensation », « compensation by smoking ». Stress global score is defined as the sum of the 9 elementary scores. The first 7 items are similar in their construct to the 7 factor solutions of the principal component factor analysis performed on Levenstein Perceived Stress Questionnaire (1993). On the other hand, in comparison with Cohen Perceived Stress Scale (1983), our instrument keeps an important place for affective, physiologic and behavioral impact of stressing situations. A study on the homogeneity of the scale, its factorial structure, and its time reproducibility after 6 weeks of interval, was carried out on a first population of 91 subjects seen during an occupational medical visit in several companies of Paris district (PCV-Metra group). The coefficient of internal consistency is very high (Cronbach’s alpha = 0,82). Principal component analysis extracted two factors, which were unchanged after a Varimax rotation and respectively represented 42% and 13% of the total variance : they can be interpretate as a general perceived stress component (being overwhelmed, loss of control) and a behavioral bipolar component opposing food compensation to smoking, whilst facing stressing situations. Test-retest correlation coefficient is 0.88 (Pearson r as well as intraclass correlation coefficient), without any significant gap between the first and the second assessment. A second study was carried out on 761 working individuals seen in the same conditions during an occupational medical visit in the same companies (596 males and 65 females, aged 40.1 ± 8.8 years). Socio-demographic data analysis showed higher stress scores in females (10.2 ± 4.0), than in males (8.5 ± 3.7) (p < 0.0001). Detailed analysis showed differences related to gender in the same direction for the items « irritability », « discouragement », « morning fatigue » and « food compensation ». Highest stress scores, for both males and females, were found for the items « intrusive thoughts about work » and « morning fatigue ». Stress global score was correlated with socioprofessional status (SPS) : unskilled and skilled workers (n = 39) as well as technicians (n = 346) exhibited lower scores than clerical workers (n = 108) or engeneers (n = 162) (ANOVA, p < 0.0001). The comparison between mean scores performed separately by gender, given the different sex-ratio according to SPS (employees were mostly females) confirmed the association between stress score and SPS only in males, with blue collars and technicians looking less under stress than engeneers. Metrological properties of this Perceived Stress Questionnaire incite to perform studies focused on the associations between such a stress index measured in an occupational setting, and several other clinical or biological variables, especially those supposed to constitute classical cardiovascular risk factors.

Keywords : Perceived stress; Questionnaire; Occupational Medicine; Reliability; Validity.

L’Encéphale XXIII III Mai-Juin 1997 184 193

Cotation et validation du test du cadran de l'horloge en psychométrie chez le sujet âgé - Score and Validation of the Clock Face Test in elderly people

C. MONTANI, N. BOUATI, C. PELISSIER, P. COUTURIER, G. JASSO-MOSQUEDA, R. HUGONOT, A. FRANCO
Résumé. Objectif : Proposer une cotation originale et une validation du test du cadran de l’horloge (TCH). Méthode : Population ambulatoire de 163 sujets âgés de plus de 65 ans. Analyse factorielle et test de Student. Résultats : Le TCH présente une corrélation positive avec le Mini Mental Status Exam (MMSE) r = 0,769 et la batterie d’évaluation cognitive (BEC 96) r = 0,644; une bonne spécificité (75% par rapport au MMSE; 79% par rapport à la BEC) et une bonne sensibilité (87% par rapport au MMSE; 74% par rapport à la BEC). L’analyse factorielle fait ressortir 4 facteurs dont les 3 premiers expliquent 74% de la variance totale. Conclusion : Le TCH est un outil valide, facile d’exécution et rapide de passation. Il trouve une application dans les domaines du diagnostic clinique, du contrôle psychométrique et des essais thérapeutiques.

- Summary. Aims : To propose an original evaluation and validation of the Clock Face Test (CFT). Method : Outpatients; 163 elderly people, aged over 65 years. Factory analysis, Student’s test. Results : The test shows a positive correlation with Folstein’s MMSE (r = 0.769) and Signoret’s BEC 96 (r = 0.644), a good specificity (75% with MMSE; 79% with BEC 96) and a good sensitivity (87% with MMSE; 74% with BEC 96). Four factors are identified by factory analysis; 74% of the variancy is explained by the first three factors. Conclusion : The CFT is a valid tool, easy to conduct. Several applications are possible for diagnosis, psychometric control and therapeutic trials.

Keywords : Alzheimer’s disease; Clock face drawing; Cognitive function; Dementia; Elderly people; Test.

L’Encéphale XXIII III Mai-Juin 1997 194 199

Le questionnaire des schémas cognitifs de Young : traduction et validation préliminaire - Young Schema Questionnaire : Translation and Preliminary Validation

G.MIHAESCU, M.SECHAUD, J. COTTRAUX, A. VELARDI, X. HEINZE, S.C. FINOT, D. BAETTIG
Résumé. Young propose, en 1990, une échelle clinique d’évaluation des troubles de personnalité, que nous avons traduite et soumise à une validation empirique auprès d’un échantillon pathologique (n = 113) et de sujets contrôles (n = 54). Nos résultats indiquent que le Questionnaire des schémas (QS) de Young distingue bien les patients (axes I et II du DSM III-R) des sujets contrôles.La comparaison statistique montre des différences significatives entre 3 sous-groupes - axe I seul (n = 53), axes I et II combinés (n = 60) et contrôle (n = 54) - le QS étant le plus élevé pour le groupe présentant des troubles de la personnalité. L’analyse en composantes principales montre 2 composantes, un axe d’échec (valeur propre = 7,93), et un axe narcissique (valeur propre = 1,30), en prenant en compte l’ensemble des sujets (pathologiques et contrôle).Ces 2 composantes expliquent 62% de la variance.

- Summary. Young (1990) proposed a clinical scale to assess personality disorders.We translated and used this scale for validation purpose in pathological (n = 113) and control (n = 54) samples. Our results reflected that Young Schema Questionnaire (SQ) has a good discrimination value between patients (Axes I and II of the DSM III-R classification) and controls. Statistical comparisons indicated significant differences between three subgroups - axis I only (n = 53), axes I and II together (n = 60), and controls (n = 54).The SQ score was the highest in the patients with personality disorders, reflecting the sensitivity of the scale to Axis II pathology. Principal component analysis (unrotated factors) showed a first factor, a failure axis (eigenvalue = 7.93), and a second factor, a narcissistic one (eigenvalue = 1.30).These two principal components explained 62% of the variance.

Keywords : DSMIII-R; Methodology ; Personality disorder; Psychometry ; Questionnaire.

L’Encéphale XXIII III Mai-Juin 1997 200 208

Utilisation de lévothyroxine à haute dose dans le traitement des troubles bipolaires à cycles rapides. Revue de la littérature et premières applications thérapeutiques à propos de 6 cas - High dose levothyroxine for treatment of rapid cycling bipolar disorder.Review of the literature and application to 6 subjects

S. AFFLELOU, M. AURIACOMBE, M.CAZENAVE, J.-P. CHARTRES, J.TIGNOL
Résumé. Introduction : La définition du trouble bipolaire à cycles rapides est née en 1974, à partir des constatations de Dunner et Fieve sur la résistance particulière au lithium et la prédominance féminine d’un groupe de patients bipolaires présentant au moins 4 épisodes thymiques par an.Cette entité clinique, dont le traitement demeure difficile, présente certaines caractéristiques.Le traitement par hormones thyroïdiennes des cycles rapides s’appuie sur la présence d’un dysfonctionnement thyroïdien fréquemment associé, corrélé à un succès anecdotique de l’utilisation d’extraits thyroïdiens dans les années 1940, et plus récemment (tableau I) d’études en ouvert et en aveugle (Stancer et Persad, 1982; Bauer et Whybrow, 1990). Notre objectif : Essayer la lévothyroxine comme agent thérapeutique pour les troubles bipolaires à cycles rapides. Matériel et méthode : Six sujets (4 femmes et 2 hommes, âge moyen 45,5 ans au début de la maladie) répondant aux critères de trouble bipolaire à cycles rapides (DSM III-R) ont été consécutivement admis dans un essai ouvert de lévothyroxine (tableau II).Résultats : Après plus de deux ans de recul, les résultats montrent 67% de bons résultats (deux rémissions complètes, deux rémissions partielles et deux échecs). Conclusions : Nos données vont dans le sens des résultats de la littérature quant à l’utilisation de la lévothyroxine comme traitement spécifique du trouble bipolaire à cycles rapides.Une conduite à tenir est proposée pour l’utilisation de cette nouvelle thérapeutique (tableau III).

- Summary. Introduction : Rapid cycling among bipolar disorders was characterized in 1974 by Dunner and Fieve by at least 4 episodes per year, lithium resistance, female predominance.The idea of using thyroid hormones is based on frequent coexisting thyroid dysfunction.Thyroid hormones where first used in the forties, and more recently (table I) in open label and blind trials (Stancer et Persad, 1982; Bauer et Whybrow, 1990). Objective : Open label study of levothyroxine in rapid cycling bipolar disorder. Material and methods : Six subjects (4 females and 2 males, mean age 45.5 years at onset of bipolar disorder) meeting DMS III-R criteria for rapid cycling bipolar disorder were consecutively included in an open label study of levothyroxine. Subject characteristics are presented in table II. Results : After almost two years follow-up results appear positive in 67% of cases (2 complete remissions, 2 partial remissions and 2 failures). Conclusion : Our cases, with data reported in the literature, support the potential efficacy of levothyroxine for treatment of rapid cycling bipolar disorder patients.We suggest a protocol for the good application of this potential new treatment (table III).

Keywords : Bipolar disorder; Levothyroxine; Rapid cycling; Thyroid hormones.

L’Encéphale XXIII III Mai-Juin 1997 209 217

Fluoxétine, akathisie et suicide - Fluoxetine, akathisia and suicidal behaviour

C. LANÇON, D. BERNARD, T. BOUGEROL
Résumé. Plusieurs cas d’apparition d’idées suicidaires ou d’actes suicidaires lors d’un traitement par fluoxétine sont rapportés dans la littérature. Les relations entre akathisie et idées suicidaires lors d’un traitement par fluoxétine sont discutées en essayant de dégager d’éventuels facteurs de risque. Toutefois, les données des études rétrospectives et contrôlées en double aveugle ne semblent pas confirmer une telle association. L’existence de cas d’idées suicidaires et de syndrome parkinsonien avec d’autres inhibiteurs de la recapture de la sérotonine permet d’évoquer des mécanismes communs (interactions pharmacocinétiques et/ou pharmacologiques) dans l’apparition de ces effets latéraux. Les modalités de prescription de la fluoxétine et des antidépresseurs inhibiteurs de la recapture de la sérotonine doivent être précisées.

- Summary. Several cases of suicidal thinking or suicidal behavior during fluoxetine treatment are described in the literature.Akathisia or dysphoric extrapyramidal reactions may explain the emergence of suicidal ideation during fluoxetine treatment.Retrospective and controlled studies found no relationship between fluoxetine and the emergence of suicidal ideation. Some cases reports of akathisia or suicidal ideation with other selective serotonin reuptake inhibitors (SSRIs) suggest that same mechanisms (pharmacokinetic or pharmacodynamic interactions) are involved in extrapyramidal effects during treatment with SSRIs.The clinical use of SRIs is discussed.

Keywords : Akathisia ; Extrapyramidal effects ; Fluoxetine ; Suicidality.

L’Encéphale XXIII III Mai-Juin 1997 218 223