Encéphale juillet-août 1997

Stress, anxiété et potentiels liés aux événements - Stress, anxiety and events related potentials

M. BOUDARÈNE, M. TIMSIT-BERTHIER
Résumé. Le but de ce travail est d’aborder l’étude des rapports entre le stress et l’anxiété conjointement par des méthodes psychologiques et neurophysiologiques (potentiels évoqués : Variation Contingente Négative et complexe positif tardif, P300) chez des groupes de sujets ayant subi de nombreux événements de vie traumatisants (échelle de Amiel-Lebigre). Dans un premier temps, la comparaison porte sur 2 groupes de sujets (anxieux consultants et sujets témoins) et montre des différences nettes concernant à la fois les données psychologiques : anxiété état et trait (échelle de Spielberger), les données comportementales (temps de réaction et discrimination) et les données neurophysiologiques (VCN et P300). Dans un deuxième temps, la comparaison porte sur 3 groupes de sujets : un groupe de sujets consultants, présentant le diagnostic d’anxiété généralisée (DSM IV) et 2 groupes de sujets témoins (anxieux et non anxieux). Les résultats obtenus montrent non seulement une différence entre les 3 groupes de sujets mais aussi des données nettement contrastées entre les 2 groupes de sujets anxieux (consultants et témoins), avec en situation intermédiaire les sujets témoins non anxieux. Ainsi, la réponse au stress paraît s’exprimer différemment sur le plan comportemental et neurophysiologique, selon la nature du terrain sur lequel elle survient, et selon le type de menace que constitue la situation de stress. Ces résultats sont discutés à la lumière de l’apport de la psychologie cognitivo-comportementale et de la psychophysiologie cognitive.

- Summary. Our aim was to study the relationships between stress and anxiety with both psychological and neurophysiological (Events Related Potentials : CNV and P300) methods. The study was divided into 2 parts. In the first part, the research was carried out among 32 out-patients suffering from anxiety disorders (generalized anxiety disorders) according to DSM IV. All of them were drug free and displayed scores higher than 45 on the Spielberger Anxiety State and Trait Scale. They were compared to 40 controls paired in age and sex. The 2 groups displayed a score higher than 200 on the Amiel-Lebigre Life Events scale. In the second part, the control subjects were divided into 2 sub-groups. The first one displayed scores higher than 45 (anxious controls) on the Spielberger Anxiety-State Scale while the second one displayed scores lower than 45 (non anxious controls). Two ERPs were recorded, the P300 by using the classical « Oddball » experimental paradigm in auditive modality and the Contingent Negative Variation (CNV) by using a reaction time task with warning stimulus. The results showed not only clear differences between the subjects who suffered from anxiety and the controls but also showed opposite results between anxious out-patients (anxiety disorders) and anxious controls. The non anxious controls were intermediate. While the outpatients showed a decreased P300, the group of anxious control showed an increase of this potential. The first one displayed a CNV/M1 (contingent negativity variation/early part) increase and a longest reaction time, while the second one exhibit an early CNV decrease and normally reaction time. It appears that the stress response expressed itself differently according to the psychological state and the stress situation. The behavioral and neurophysiological data will be discussed in the framework of cognitive, behavioral and psychophysiological theories.

Keywords : Anxiety; Endogenous potentials; Life events; Stress.

L’Encéphale XXIII IV Juillet-Août 1997 237 250

Utilisation du méthylphénidate chez l’adulte dans le trouble : déficit de l’attention avec hyperactivité - The use of methylphenidate in adults

J. GAUILLARD, C. CASTELNAU, M.N. VACHERON-TRYSTRAM, S. CHEREF, F. CAROLI
Résumé. Les troubles hyperkinétiques avec déficit de l’attention ont été récemment décrits chez l’adulte. L’individualisation clinique de ce syndrome a progressé, mais la critériologie reste incomplètement validée. La forme résiduelle du trouble apparu chez l’enfant ne pose pas de problème diagnostique lorsqu’on retrouve les antécédents, mais les formes de novo renvoient aux difficultés du diagnostic rétrospectif et aux diverses évolutions de la forme infantile, associée ou non à d’autres pathologies psychiatriques. L’étiologie reste inconnue, l’hypothèse d’un dysfonctionnement héréditaire de neurotransmetteurs est la plus étudiée. Ces malades peuvent bénéficier d’un traitement par psychostimulant. Quatre études contrôlées avec le méthylphénidate montrent, pour 3 d’entre elles, une efficacité significativement supérieure au placebo. Bien qu’il existe des difficultés méthodologiques non résolues (comorbidité, homogénéité de la population), les résultats sont encourageants.

- Summary. Attention deficit, hyperactivity disorder was recently described in adults. The clinical individualization of this syndrome progressed but the categorial approach remains to be entirely completed. The residual form of the childhood disorder does not generate diagnostic problem when childhood previous history is known. ADHD without childhood history refer us to retrospective difficulties of diagnosis and various evolutions of the infantile form linked or not, with other psychiatric pathologies. Etiology remains unknown, hypothesis of an hereditary disfunction of neurotransmitters is the more studied. These patients can benefit from a psychostimulant treatment. Four controlled studies with methylphenidate demonstrated to be significantly superior to placebo. Even if there are methodological difficulties not resolved (comorbidity, homogeneous population) results are encouraging.

Keywords : Adults; Attention deficit hyperactivity disorder (ADHD); Comorbidity; Methylphenidate.

L’Encéphale XXIII IV Juillet-Août 1997 251 256

Etude de l’effet d’un programme de soins coordonnés sur l’évolution d’une cohorte de patients psychiatriques ambulatoires - Effect of a case management program on the outcome of a cohort of ambulatory psychiatric patients

Ph.HUGUELET, S. VOGEL, O. LUSTI, J. FAVROD, Ch. GONZALEZ
Résumé. Ce travail décrit l’évolution durant une année de 53 patients suivis en ambulatoire selon le modèle de la coordination de soins. Ces patients, caractérisés par une évolution chronique depuis en moyenne plus de 10 ans, ont présenté, après une année, une amélioration significative de différents paramètres symptomatiques (symptômes psychotiques positifs et négatifs). Leur adaptation psychosociale s’est également améliorée, notamment par rapport à leur degré de dépendance, leur activité, ainsi que le nombre de leurs contacts sociaux. Ces résultats soulignent l’utilité de la coordination de soins, celle-ci permettant d’utiliser de manière optimale les ressources thérapeutiques disponibles. De plus, la mise en place d’un tel programme permet un traitement plus spécifique de cette catégorie de patients.

- Summary. This study describes a one year follow-up study of 53 ambulatory patients treated with case management oriented care. These patients, characterized by a chronic evolution for an average of 10 years, presented after a one year period a significant improvement of different symptomatic parameters (positive and negative psychotic symptoms). Psychosocial adaptation was also improved for their dependency, their activity and the amount of their social contacts. These results underline the usefulness of case management, which permits an optimal use of available therapeutic facilities. Moreover, the setting of such a program allows a more specifical treatment of this category of patients.

Keywords : Case management; Outcome; Psychosocial adaptation; Symptomatology.

L’Encéphale XXIII IV Juillet-Août 1997 257 261

Le sommeil durant la dépression du post-partum - Sleep during postnatal depression

I.O.GODFROID, Ph. P. HUBAIN, M. DRAMAIX, P. LINKOWSKI
Résumé. L’étude des tracés électroencéphalographiques du sommeil est de plus en plus utilisée en recherche psychiatrique. Cette méthode n’a pourtant jamais été appliquée à la dépression du post-partum (DPP). Nous avons comparé les enregistrements du sommeil de 24 patientes en dépression majeure, réparties en 3 groupes égaux : 1) DPP (groupe A); 2) dépression avec antécédent de DPP (groupe B); 3) dépression sans antécédent de DPP (groupe C). L’appariement a été réalisé en fonction de l’âge et du score à l’échelle de Hamilton 24 items. Si les résultats sont proches dans les 3 populations, nous avons pu mettre en évidence quelques caractéristiques qui semblent spécifiques à la DPP : la durée du sommeil stade IV est significativement moins réduite que dans nos autres groupes de patientes dépressives; il existe également une certaine tendance à un raccourcissement du stade I et à une meilleure qualité de sommeil (éveils moins fréquents et moins longs). Il n’y a pas de différence entre les groupes B et C. Ces résultats sont discutés en abordant le problème de la spécificité du concept diagnostique de la DPP.

- Summary. BACKGROUND. Numerous studies have been published on postnatal depression (PND) over the last 10 years. A controversy has arisen regarding the specificity of the diagnostic concept. It is based on 2 points : the hormonal environment and the course and recurrence of PND. EEG Sleep studies are also numerous, but this paper presents the first study on EEG sleep profile during PND. METHODS. 24 women suffering from major depression according to RDC were placed in 3 groups : 1) Group A (n = 8) : PND; 2) Group B (n = 8) : depression with a past history of PND; 3) Group C (n = 8) : depression without a past history of PND. Women were agematched and according to the Hamilton 24 item severity score. Group A patients were delivered within less that 6 months, groups B and C within a minimum of 3 years. None were pregnant or alcoholic, and none were physically ill. RESULTS. There was no difference between groups B and C. Group A was characterised by a significantly longer stage IV sleep. There was also a strong tendency to a shorter stage I sleep and a better quality of sleep (total sleep time and number of awakenings) during PND. DISCUSSION. Our study shows that, even if similar to major depression, specific polysomnographic alteration can be found during post-partum depression. This finding is relevant to the hypothesis of PND’s diagnostic specificity. The perfect similarity between groups B and C strengthens this evidence. Nevertheless, the significance of SWS alterations are difficult to explain and additional studies are required. CONCLUSION. The EEG Sleep profile during PND differs from major depression of the same severity. This appears to favour the specificity of the diagnostic concept.

Keywords : Diagnostic specificity ; EEG ; Postnatal depression ; Sleep.

L’Encéphale XXIII IV Juillet-Août 1997 262 266

Symptômes négatifs, dépression, anxiété et alexithymie chez des schizophrènes DSMIII-R - Negative symptoms, depression, anxiety and alexithymia in schizophrenic patients

I. NKAM, S. LANGLOIS-THERY, S. DOLLFUS, M. PETIT
Résumé. L’alexithymie est une entité transnosographique. En effet, elle a été décrite au cours d’addictions, d’affections psychosomatiques, neurologiques, dépressives, anxieuses, lors de troubles des conduites alimentaires et, même, dans la population générale. Les schizophrènes en phase de stabilité clinique et thérapeutique se caractérisent par la présence d’un émoussement affectif et d’une pauvreté du discours et/ou de son contenu : on peut donc s’attendre à une anomalie des scores d’alexithymie. Ce travail avait 2 objectifs : d’une part, établir des liens entre l’alexithymie et les symptômes de la schizophrénie et, d’autre part, évaluer l’intensité de ces symptômes chez des schizophrènes négatifs comparativement à des schizophrènes positifs et indifférenciés classés selon la typologie de la PANSS. Les résultats de cette étude ont montré des liens entre, d’une part, l’alexithymie évaluée par le BIQ et, d’autre part, l’émoussement affectif, la pauvreté du discours, le ralentissement dépressif et l’anxiété. Ces symptômes étaient plus intenses chez les schizophrènes négatifs.

- Summary. Coined by Sifneos in 1972, alexithymia refers to a relative narrowing in emotional functioning, an inability to find appropriate words to describe their emotions, and a poverty of fantasy life. Although initially described in the context of psychosomatic illness, alexithymic characteristics may be observed in patients with a wide range of medical and psychiatric disorders : Parkinson disease, depression, anxiety, substance abuse and eating disorders. Flattening of affect and poverty of speech, major negative symptoms, referred to chronic schizophrenia : there is a lack of outward display of emotions. Accordingly, some disturbances of alexithymia’s scores would be expected in schizophrenic patients. The aims of this study were : first to establish some correlations between alexithymia and some symptoms of schizophrenia, and second to estimate the intensity of alexithymia in negative versus positive and undifferentiated schizophrenic patients. Twenty-nine patients, meeting DSM III-R criteria for schizophrenia have been studied. All of them treated by neuroleptics, were in a stable clinical status for at least one month. The patients were assessed by one trained psychiatrist (IN) using six rating scales : Beth Israel Questionnaire (BIQ) for alexithymia, Positive and Negative Syndrome Scale (PANSS), Depressive Retardation Rating Scale (DRRS), Montgomery and Åsberg Depression Rating Scale (MADRS), revised Physical Anhedonia Scale (PAS), and finally, Extrapyramidal Symptom Rating Scale (ESRS). In the total sample, the mean score of BIQ was 4.79 ± 1.68 (mean ± SD). Significant correlations were found between alexithymia and blunted affect (r = 0.376; p < 0.05), poverty of speech (r = 0.471; p < 0.01), anxiety (r = 0.370; p < 0.05), total score of DRRS (r = 0.370; p < 0.05), and motor subscore of DRRS (r = 0.429; p < 0.05). The patients with negative symptoms of schizophrenia had significantly higher total scores in alexithymia (p < 0.05), blunted affect (p < 0.0001), poverty of speech (p < 0.0001), anxiety (p < 0.05), total score of DRRS (p = 0.01) and his motor subscore (p < 0.0001) as compared to positive and undifferentiated subtypes. In our study, alexithymia seems to be correlated with negative and depressive symptoms in negative forms of schizophrenia, regardless of medication status.

Keywords : Alexithymia; Depressive retardation; Negative symptoms; Schizophrenia

L’Encéphale XXIII IV Juillet-Août 1997 267 272

Syndrome de Rett et autisme. Evaluation comparative précoce des signes d’autisme à l’aide de films familiaux - Autism and Rett syndrome : a comparison study during infancy using family home movies

F. CARMAGNAT-DUBOIS, H. DESOMBRE, A. PERROT, S. ROUX, P. LE NOIR, D. SAUVAGE, B. GARREAU
Résumé. Le syndrome de Rett évolue en 4 stades : les premiers signes de la maladie apparaissent après une période de 6 à 7 mois où le développement est considéré comme normal. Cet intervalle libre semble être un critère essentiel au diagnostic; cependant certains parents ont signalé quelques prodromes. Puis au stade II de la maladie (avant 3 ans), des manifestations communes avec l’autisme dominent le tableau clinique et ce diagnostic était souvent posé. Notre hypothèse de travail a été que l’analyse pédopsychiatrique de documents filmés des fillettes syndrome de Rett, réalisés par leurs parents avant l’âge de 2 ans, est susceptible de mettre en évidence les signes cliniques précoces. L’étude réalisée consiste à examiner des films familiaux d’enfants ultérieurement diagnostiquées syndrome de Rett (n = 9) comparés à ceux d’enfants autistiques (n = 9) et normaux (n = 9) à l’aide de 2 instruments d’évaluation de la séméiologie (ECA-N, EFC); les cotateurs ne sont pas informés du diagnostic. Les observations se situent donc avant les troubles et/ou au moment de leur apparition. L’étude confirme l’intervalle libre entre la naissance et les premiers signes de la maladie, elle précise le mode de début et fait apparaître la perturbation de certaines fonctions comme l’intention et l’imitation, plus marquée chez les enfants syndrome de Rett entre 12 et 18 mois. Elle permet aussi à cet âge de différencier les Rett des autistes par l’atteinte différente de la fonction « cognition » et les attitudes posturales inhabituelles plus marquées chez ces fillettes. Mais elle ne distingue pas significativement les Rett des autistes entre 6 et 12 mois; il n’est donc pas surprenant qu’à ce stade le diagnostic d’autisme ou de syndrome de Rett ait pu être source de confusion.

- Summary. Rett’s syndrome progresses in 4 stages : the first signs of the disorder appear after a period of 6 to 7 months, during which development is considered to be normal. This asymptomatic period is apparently an essential criterion of the diagnosis, but some parents have reported some prodromes. In stage II of the disease (before 3 years), signs common with autism dominate the clinical picture and the diagnosis of the latter was often formulated. Our working hypothesis is that the pedopsychiatric analysis of home movies of young girls with Rett’s syndrome, taken by the parents before the age of 2, may be able to show early clinical signs. The present study involved examining home movies of children subsquently diagnosed as having Rett’s syndrome ( n = 9) in comparaison to those of autistic (n = 9) and normal (n = 9) children, using semiological evaluation tools (IBSE, BFE). The persons scoring were not advised of the diagnosis. The observations were thus situated before the disorders and/or at the time of their appearance. The study confirms the asymptomatic interval between birth and the first signs of the disease, it defines the mode of onset and shows the disturbance of certain functions such as intent and imitation, more pronounced in Rett’s syndrome children between 12 and 18 months. At this age, it also enables Rett’s and autistic children to be differentiated on the basis of the different involvement of the « cognition » function and unusual posture, more pronounced in these girls. It does not, however, differentiate Rett’s from autism between 6 and 12 months and it is thus not surprising that at this stage the diagnosis of Rett’s syndrome or autism may be a source of confusion.

Keywords : Autism; Home movies; Rett syndrome.

L’Encéphale XXIII IV Juillet-Août 1997 273 279

Validation d’un modèle animal de l’anhédonie, symptôme majeur de la dépression - Validation of an animal model of anhedonia, a core symptom of depression

J.L.MOREAU
Résumé. L’anhédonie, définie comme une perte de motivation et de sensibilité aux événements plaisants, constitue un des deux symptômes majeurs de la dépression. Le stress chronique est reconnu comme un facteur déterminant dans l’étiologie de la dépression. Des rats de laboratoire soumis à un régime de stress chronique et imprévisible présentent des déficits comportementaux reflétant une perte de sensibilité au plaisir, tels qu’une diminution de comportement d’autostimulation. Cette anhédonie en réponse au stress se développe progressivement et peut être prévenue ou abolie par administration chronique de traitements antidépresseurs tels que tricycliques, atypiques, IMAO ou électrochocs. De plus, les animaux stressés présentent des anomalies du sommeil paradoxal similaires à celles observées chez les patients déprimés et reconnues comme marqueurs biologiques de la dépression. Ces données supportent l’anhédonie induite par stress chronique chez le rat comme un modèle animal original des troubles dépressifs. Ce modèle présente des analogies symptomatologiques, étiologiques et biologiques avec la dépression ainsi qu’une bonne validité prédictive. Il offre donc une simulation réaliste de certains aspects de la dépression chez l’homme. Il pourrait se révéler utile à une meilleure compréhension des mécanismes pathophysiologiques sous-tendant certains états dépressifs.

- Summary. One of the two core symptoms of human depression is anhedonia, the loss of interest or pleasure in daily activities. Daily stressful life events are recognized as predisposing factors in the etiology of depression. Rats submitted to a regimen of chronic, mild, unpredictable stress exhibit behavioral deficits consistent with a loss of responsiveness to reward, such as decreased sucrose consumption, decreased ability to associate rewards with a distinctive environment, and decreased sensitivity to rewarding electrical brain stimulation. Normal behavior can be restored by chronic treatment with tricyclics, atypical antidepressants, monoamine oxydase inhibitors and electroshocks, but not by other psychotropic agents such as antipsychotics. In addition, chronically stressed animals exhibit REM sleep abnormalities resembling those observed in depressed patients and recognized as biological markers of depression. These data provide evidence supporting chronic stress-induced anhedonia in rats as an original animal model of human depression combining convergent elements of biological, etiological, symptomatological and therapeutic validity. This realistic simulation of depression may prove useful for a better understanding of pathophysiological mechanisms involved in depressive disorders.

Keywords : Anhedonia; Chronic mild stress; Depression; Model; Rat.

L’Encéphale XXIII IV Juillet-Août 1997 280 289

Comparaison de 6 différentes modalités de sevrage du lorazépam. Une étude contrôlée, hydroxyzine versus placebo - Withdrawal of long term administered lorazepam using 6 different plans.A placebo controlled study

P. LEMOINE, J. TOUCHON, M. BILLARDON
Résumé. Sujets et méthode : étude multicentrique, ambulatoire, en médecine générale et en double aveugle (technique du double placebo). L’étude était approuvée par un comité d’éthique (CCPPRB) et tous les patients ont donné leur consentement par écrit. Six schémas de sevrage chez 154 patients anxieux ayant consommé du lorazépam (2 mg/j) pendant au moins 3 mois. Les patients ont été randomisés et traités pendant 4 semaines (hydroxyzine 50 mg, 25 mg ou placebo, 3 fois par jour) puis suivis sans traitement (60 jours). Les 6 groupes étaient : hydroxyzine 50 mg, sevrage abrupt ou progressif; hydroxyzine 25 mg, sevrage abrupt ou progressif; placebo, sevrage abrupt ou progressif. A J0, J7, J14, J28, J35 et J88, étaient évalués : I’anxiété (échelle de Hamilton et auto-évaluation de Zung), le syndrome de sevrage (questionnaire de Tyrer), le sommeil (questionnaire de Spiegel) et l’évaluation clinique globale (CGI). L’avis de l’investigateur a été recueilli à J35 et à J88. L’attitude du patient envers les tranquillisants a été étudiée à J88, soit 60 jours après l’arrêt du traitement (envie d’en reprendre, reprise occasionnelle, demande de represcription). Analyse statistique : analyse de variance pour les variables quantitatives et test du c2 pour les variables qualitatives ou ordinales. Résultats : qu’il soit abrupt ou progressif, avec ou sans l’aide de l’hydroxyzine, à demi ou à pleine dose, le sevrage du lorazépam longuement prescrit (64 mois en moyenne) s’avère réalisable. L’opinion des médecins (72% satisfaits à J35; 78% à J88) et l’attitude des patients (à J88, 54% des patients avaient envie de reprendre un tranquillisant; 31% en avaient repris occasionnellement et 22% en avaient redemandé formellement) sont satisfaisantes. Malgré un niveau d’anxiété élevé à l’inclusion (HARS = 21) et après 1 mois de sevrage sous hydroxyzine ou sous placebo, puis 2 mois sans traitement, 75% des patients ont été sevrés et leur anxiété a été diminuée (à J88 : HARS = 12). Le sevrage progressif semble préférable au sevrage abrupt car le nombre de sorties de l’étude pour effets indésirables et reprise de lorazépam entre J28 et J88 y est inférieur et le schéma est évalué plus favorablement par les patients. Cependant, si les scores d’anxiété diminuent dans les 2 groupes (abrupt ou progressif), le sommeil n’est amélioré que dans le sevrage abrupt (p < 0,0001) et le nombre de signes de sevrage ne diminue, entre J7 et J28, que dans le sevrage abrupt. Si l’on évalue l’utilité de l’hydroxyzine, le nombre de sorties de l’étude entre J0 et J28 est de 2 sujets dans le groupe hydroxyzine 25 mg, alors qu’il concerne 6 sujets dans le groupe 50 mg et 5 sujets dans le groupe placebo. Les scores d’anxiété (HARS et Zung) sont significativement améliorés dans le groupe hydroxyzine 50 mg (p < 0,007) et dans le groupe hydroxyzine 25 mg (p < 0,012) mais pas dans le groupe placebo; le nombre de signes de sevrage n’est significativement amélioré, entre J0 et J28, que dans le groupe hydroxyzine 50 mg mais pas dans le groupe placebo; le nombre d’effets indésirables est significativement amélioré dans les 2 groupes hydroxyzine (25 et 50 mg) mais pas dans le groupe placebo. Il n’existe pas de différence significative entre les 3 groupes. Enfin, la somnolence diurne est supérieure dans le groupe hydroxyzine, 50 mg. Discussion : ces résultats montrent une amélioration significative de l’anxiété et une réduction du nombre d’effets indésirables dans les 2 groupes traités par hydroxyzine ainsi qu’une réduction du nombre de signes de sevrage dans le groupe hydroxyzine 50 mg. Si le sevrage du lorazépam utilisé chroniquement est envisagé, l’utilisation d’hydroxyzine peut être proposée à 25 mg, 3 fois par jour, chez les sujets anxieux et à 50 mg, 3 fois par jour, chez les sujets ayant des signes de sevrage.

- Summary. Patients and methods : 154 outpatients with generalized anxiety (DSM III-R criteria), followed by general practitioners, gave an informed written consent to participate in this multicenter, randomized, placebo controlled study previously approved by a legal ethic committee (CCPPRB). The patients had to be long term consumers (at least 3 months) of 2 mg daily of lorazepam and were withdrawn using transiently an antihistaminic anxiolytic (hydroxyzine or placebo TAD) according to 6 different procedures defining 6 parallel groups : hydroxyzine 50 mg, abrupt or progressive withdrawal; hydroxyzine 25 mg, abrupt or progressive withdrawal; placebo, abrupt or progressive withdrawal. Following this 4 week-period of withdrawal, the patients were without any treatment for a post-study follow up 2 month-period. Clinical evaluations for anxiety (HARS, Zung), sleep (Spiegel), BZD withdrawal syndrome (Tyrer), adverse reactions and clinical global impression (CGI) were performed at D0, D7, D14, D28, D35 and D88. Investigators opinion and patients attitude towards BZD were collected at D88. Statistical analysis : analysis of variance for quantitative variables and c square test for qualitative or ordinal variables. Résults : whatever abrupt or progressive, with or without hydroxyzine support, using half or full dosage, lorazepam withdrawal proved to be feasible even after a long term BZD treatment (mean = 64 months ± 60). GPs opinion (72% satisfied : D35; 78% satisfied : D88) is satisfying but patients attitude (at D88 : 54% patients desired to be regiven a tranquilizer, 31% patients occasionally had a BZD and 22% formally demanded a prescription of BZD) is more questionable. Despite a high initial level of anxiety under lorazepam (HARS = 21 ± 10 at D0), after a one-month period of withdrawal (under placebo or hydroxyzine) followed by a 2 month-period without any treatment, 75% patients were totally free of any drug and their level of anxiety was significantly decreased (D88 : HARS = 12 ± 9). Progressive withdrawal appeared preferable if compared to abrupt since the number of drop outs between D28 and D88 was less important and the procedure judged more favourably by the patients. Levels of anxiety significantly decreased in both the groups (progressive and abrupt) but sleep parameters and number of withdrawal symptoms between D7 and D28 were improved only in abrupt withdrawal group (p < 0.0001). Considering hydroxyzine, 2 patients dropped out between D0 and D28 in the group hydroxyzine 25 mg, 6 patients in the group 50 mg and 5 patients in the group placebo. Levels of anxiety (HARS et Zung) were significantly improved in hydroxyzine 50 mg group (p < 0.007) and in hydroxyzine 25 mg group (p < 0.012) but not in placebo group. Withdrawal symptoms (Tyrer) between D0 and D28 were improved only in hydroxyzine 50 mg group and the number of side effects was significantly improved in both the hydroxyzine (25 et 50 mg) groups but not in placebo group. However, no significant difference was found between the 3 groups. Daytime sleepiness is more frequent in hydroxyzine 50 mg group. Discussion : these results proved a significant improvement of anxiety, a decrease of side effects in both the groups treated with hydroxyzine and a reduction of withdrawal symptomatology in hydroxyzine 50 mg group. When a patient is engaged to be withdrawn from of a lorazepam long term treatment, it can therefore be proposed as a support a transient prescription of hydroxyzine 25 mg TAD to markedly anxious patients and of hydroxyzine 50 mg TAD to patients presenting a withdrawal symptomatology.

Keywords : Benzodiazepines; Hydroxyzine; Lorazepam; Withdrawal.

L’Encéphale XXIII IV Juillet-Août 1997 290 299

Thérapie cognitivo-comportementale de l’agoraphobie, étude rétrospective de 345 cas - Cognitive-behaviour therapy in agoraphobia : a retrospective study of 345 cases

M. ARTHUS, J. COTTRAUX, E. MOLLARD, J. GUERIN, M. BOUVARD
Résumé. Ce travail présente une étude épidémiologique portant sur 533 patients agoraphobes (42% d’hommes) suivis dans une unité de traitement de l’anxiété. La comorbidité avec les troubles de l’humeur est élevée (48%). L’effet thérapeutique a été étudié pour 345 patients qui ont bénéficié d’une thérapie cognitivo-comportementale (TCC) : 131 patients ont abandonné la thérapie et 214 I’ont terminée. Au post-test, 71% des patients ayant terminé la thérapie sont améliorés avec maintien de l’effet pour les patients réévalués à différents temps du suivi (de 6 mois à 18 ans selon les patients). La médication d’entrée est diminuée de façon significative. L’analyse des 345 patients montre que 57% d’entre eux sont améliorés. Le sexe féminin et des traits de personnalité psychotique semblent prédire l’abandon de la thérapie. Ceci suggère que l’évaluation de la personnalité est à prendre en compte dans l’agoraphobie et que les thérapies de personnalité peuvent être appliquées pour des patients présentant des troubles de personnalité. La relativement faible prévalence des femmes dans l’échantillon total (alors que celle-ci est élevée pour les patients ayant abandonné la thérapie) est discutée.

- Summary. Epidemiological data of 533 (42% male) agoraphobic patients referred to an anxiety disorder unit are reported. Comorbidity with mood disorders was high (48%). Therapeutic response was studied in 345 patients who received cognitive-behaviour therapy (CBT) : 131 patients dropped out and 214 completed treatment. At post-test 71% of the completers were improved with maintenance of the gains in patients reevaluated at follow-up points ranging from 6 months to 18 years. Medication intake was significantly decreased. Intent to treat analysis of the whole CBT sample showed that 57% of the 345 patients were improved. Drop-outs were predicted by female sex and psychotic personality traits. This suggests that personality assessment should be carried out in agoraphobia and therapeutic interventions on personality considered in patients with disordered personality.The relatively low prevalence of women in the whole sample and their higher prevalence in drop-outs are discussed.

Keywords : Agoraphobia ; Behaviour therapy ; Cognitive therapy ; Epidemiology ; Outpatients ; Psychometry.

L’Encéphale XXIII IV Juillet-Août 1997 300 307

Utilisation de l’électroconvulsivothérapie chez l’adolescent - Electroconvulsive therapy in adolescent psychiatric practice

D. COHEN, P.F. DUBOS, M. BASQUIN
Résumé. Malgré les progrès des chimiothérapies psychotropes, l’électroconvulsivothérapie (ECT) reste utilisée dans la prise en charge psychiatrique des adolescents. Une revue de la littérature, portant sur 96 observations publiées, montre que : 1) sa fréquence de prescription chez l’adolescent dans les pays occidentaux peut être estimée à une ECT par an par million d’habitants; 2) son indication principale est le trouble de l’humeur sévère et chimio-résistant, avec un taux de réponse supérieur à 90 % dans toutes les formes cliniques; 3) sa tolérance est le plus souvent excellente. Ses effets secondaires les plus sérieux sont les très rares crises convulsives spontanées, et les fréquents troubles mnésiques post-ECT. Bien qu’aucune étude n’ait étudié leur évolution dans cette population, les troubles cognitifs semblent disparaître en quelques semaines.

- Summary. Despite the progress of pharmocotherapy, electroconvulsive therapy (ECT) is still used in a majority of countries to treat severe intractable mental disorders of the youth, yet few studies have been conducted to assess its use for individuals under 20-year-old. Efficacy, indications, side effects, technical characteristics and outcome are uncertain. A review of the 96 cases reported in the literature shows that : 1) its average frequency in adolescent psychiatric practice is similar throughout western nations and can be estimated around one ECT every year per million people; 2) intractable mood disorders, both manic and depressive episodes, are its main indications, since ECT treated more than 90 % of the 66 cases reported; ECT can also offer an interesting alternative in some schizoaffective and schizophrenic episodes, in particular catatonic ones; 3) tolerance appears to be good, although secondary effects may occur. The most serious ones are unfrequent spontaneous seizures and more common memory loss. Although no prospective studies are available on the evolution of cognitive side effects, they seem to disappear within a few weeks.

Keywords : Adolescent; Electroconvulsive therapy; Mood disorder.

L’Encéphale XXIII IV Juillet-Août 1997 308 311