: interest of the premorbid personality
Résumé. Le but de notre étude était de tester un indice clinique permettant d'apporter des renseignements nouveaux sur la question du rôle respectif des facteurs génétiques et environnementaux dans la schizophrénie. Les troubles de personnalité schizoïdes et schizotypiques étant génétiquement liés à la schizophrénie, nous avons voulu vérifier s'ils se retrouvaient en période prémorbide dans des formes de schizophrénies plus génétiques et moins environnementales. Nous avons relevé une association positive non significative entre troubles de personnalité prémorbides schizoïdes ou schizotypiques (TPP) et histoire familiale de troubles du spectre schizophrénique, et une association négative significative entre TPP et facteurs environnementaux : complications obstétricales (CO) et naissance en début d'année. L'absence de TPP pourrait donc permettre d'identifier un sous-groupe de patients chez qui les facteurs environnementaux joueraient un rôle important. Par ailleurs, les relations entre facteurs génétiques et TPP paraissent complexes, mais la notion de TPP semble pouvoir apporter des renseignements sur la nature des facteurs génétiques impliqués dans la schizophrénie.
- Summary. According to the neurodevelopmental hypothesis, antenatal aggressions (hypoxia and seasonal viral infections) could increase the risk of schizophrenia in adulthood as shown by an excess of obstetric complications and births in winter - spring in schizophrenic patients. As schizoid and schizotypal personality disorders are genetically linked to schizophrenia, we wanted to verify whether such disorders in the premorbid period in schizophrenic patients could be markers of a more genetic and less environmental sub-type of schizophrenia. Therefore, the aim of this study was to assess schizoid and schizotypal premorbid personality disorders (PPD) in 60 schizophrenic patients, and to assess the weight of familial and environmental factors according to the diagnosis of PPD. 41,7% of patients (25/60) had a schizoid or schizotypal PPD. Compared with patients without PPD, patients with PPD had more often schizophrenia spectrum disorders in first degree relatives (33,3% vs 14,7%, NS), less often obstetric complications (20,8% vs 50,0%, p < 0,05) and were less often born in the first half-year (44,0% vs 68,6%, p = 0,05). So, we showed a non significant positive association between schizoid - schizotypal PPD and family history of schizophrenia spectrum disorders, and a significant negative association between PPD and environmental factors : obstetric complications (OC) and birth in winter-spring. So, the absence of PPD could enable us to identify a sub-group of patients in whom environmental factors play a major role. Moreover, the relations between genetic factors and PPD seem to be complicated. Neverthless, the notion of PPD could give information about the kind of genetic factors implicated in schizophrenia.
Mots clés : Complications obstétricales, Génétique, Saison de naissance. ‹ Keywords : Genetics, Obstetric complications, Schizoid and schizotypal personality disorders, Schizophrenia, Season of birth.
L'Encéphale, XXIV, IV, Juillet-Août 1998, pp 309-314
Résumé. La perception que les schizophrènes ont subjectivement de l'effet de la médication neuroleptique qu'ils reçoivent exerce une influence considérable sur leur compliance à long terme et sur la qualité de leur vie. Les objectifs de cette étude sont, d'une part, de valider la version française d'une échelle d'auto-évaluation de l'effet subjectif des neuroleptiques, le Drug Attitude Inventory (DAI-30) [13] et d'autre part, d'explorer si des facteurs pharmacologiques, relationnels et psychopathologiques ont une influence sur cet effet subjectif des neuroleptiques. Sujets et méthode : Nous avons évalué 79 sujets, avec un taux de réponse de 61% (n = 48) pour l'auto-évaluation. Résultats : l'analyse factorielle du DAI-30 extrait 2 facteurs principaux, d'un contenu similaire à la version originale : (I) effet subjectif global, (II) effet subjectif spécifique. L'analyse de correspondance de l'ensemble des variables dégage 2 axes sans liens directs avec l'effet subjectif des neuroleptiques : (I) amélioration - aggravation des troubles et (II) ambition thérapeutique - type de symptomatologie. Conclusion : La version française du DAI-30 a une structure et des propriétés psychométriques similaires à la version originale. Les facteurs pharmacologiques ne sont pas les seuls facteurs impliqués dans l'effet subjectif des neuroleptiques, mais restent encore à identifier. Les limitations de notre étude sont un faible taux et degré de non-compliance dans l'échantillon et une indication non homogène aux traitements médicamenteux. Les liens entre ambition thérapeutique, symptomatologie positive ou négative et les résultats du traitement devraient être étudiés.
- Summary. Subjective response to neuroleptics is essential to long term observance of treatment and quality of life of patients. Numerous factors (pharmacological, relational and psychopathological) are responsible of this subjective response. Objectives of this study are : (a) to examine psychometric features of the french version of the Drug Attitude Inventory (DAI-30) [13] and (b) to explore pharmacological, relational and psychopathological factors related to this subjective response. Subjects and methods : 78 subjects were rated (self rated response rate 61% (n = 48)) for (a) subjective response to neuroleptics, (b) compliance, (c) therapeutic alliance, (d) symptoms (e) severity of disorder. Results : Factor analysis yielded 2 main clinically relevant factors, similar to the original version : (I) global subjective response and (II) specific subjective response. Internal consistency is high. Correspondance analysis showed two important dimensions in the treatment of schizophrenic patients : (I) Recovery - aggravation, (II) Therapeutic ambition - positive or negative symptoms. Conclusion : French version of DAI-30 seems to have a similar structure and psychometric features as the original version. It shows concordance with the degree of compliance. Pharmacological factors are not the only factors implicated in subjective response, but are still to be identified. Limitations of our study are : (a) nonhomogenous indication for treatment, (b) small rate and degree of non compliance in our sample. Relationships between therapeutic ambition, type of symptoms and treatment outcome should be further studied.
Mots clés : Compliance, Echelles d'évaluation, Effet subjectif, Neuroleptiques, Schizophrénie. ‹ Keywords : Compliance, Neuroleptics, Rating scales, Schizophrenia, Subjective response.
L'Encéphale, XXIV, IV, Juillet-Août 1998, pp 315-323
Résumé. La pratique de secteur conduit les professionnels à être confrontés à des situations d'urgence au domicile de patients. Ces interventions nécessitent que les intervenants disposent d'une sécurité maximale afin de travailler sereinement. La pratique d'urgence à domicile par l'équipe rapide d'intervention crise (ERIC) permet de disposer d'une expérience de plus de 6000 visites médicales ou infirmières à domicile en situation de crise. Cette étude présente les 70 événements survenus durant quatre ans liés à des situations de violence. Les difficultés rencontrées ont mené à la mise en place de procédures visant à limiter les risques lors des interventions. La fréquence de passages à l'acte est faible, mais les situations considérées comme dangereuses sont fréquentes. Nous proposons quelques repères afin de se préparer à intervenir dans des situations d'urgence.
- Summary. Sectorisation of cares leads professionals to a confrontation with violent home patients. These interventions need a maximal security for professionals. Emergency Mobile Crisis Team (ERIC) has more than 6000 crisis home interventions' experience. The aim of this study was to assess violent situations during a 42 months experience. We present 70 situations of danger for professionals, and their consequences. Difficulties lead to procedural safety measures, which are presented. Prevention of violence during intervention needs an acute preparation, a clear evaluation of context, and passive or active securisation measures. Occurrence of acting-out is low, but situations considered as dangerous are frequent. We propose some pragmatic issues to increase security in crisis home interventions.
Mots clés : Dangerosité, Intervention à domicile, Soutien familial, Urgences psychiatriques, Violence. ‹ Keywords : Crisis, Dangerousness, Emergency psychiatry, Familial therapy, Home treatment, Violence.
L'Encéphale, XXIV, IV, Juillet-Août 1998, pp 324-329
Résumé. La notion de stabilisation dans la schizophrénie est abordée, en France, par une enquête auprès de 875 psychiatres. L'enquête, réalisée les 9, 10 et 11 décembre 1997, étudiait les variables cliniques, thérapeutiques, socio-démographiques, et les moyens de prise en charge permettant au psychiatre de considérer son patient schizophrène comme stabilisé. Les informations étaient recueillies par les psychiatres au travers d'un questionnaire pour les trois premiers patients suivis en CST (ville ou hôpital) (2464 questionnaires recueillis). Résultats : Soixante cinq % des patients vus en consultation lors de cette enquête ont été considérés par leur psychiatre comme stabilisés (n = 1597). La forme clinique prédominante reste le type paranoïde. Le début insidieux de la maladie serait plus en faveur d'une non stabilité. La stabilité de la maladie semble appréciée de manière ponctuelle, puisque plus de la moitié des patients considérés comme stabilisés ont présenté une rechute dans les deux dernières années, et qu'en moyenne, ils ont été réhospitalisés 2,4 fois durant cette période. En termes de prise en charge médicamenteuse, ils reçoivent en moyenne 1,4 neuroleptiques, sans différence avec les patients considérés comme non stabilisés qui reçoivent 1,5 neuroleptique. Les co-prescriptions d'anticholinergiques, de benzodiazépines et d'antidépresseurs sont également fréquentes pour les patients considérés comme stabilisés (respectivement dans 49,9 %, 39,8 % et 24,8 % des cas) et sont comparables à celles prescrites pour les patients considérés comme non stabilisés (respectivement dans 47,6 %, 45,8 % et 26,4 % des cas). Le suivi en consultation reste supérieur à une consultation par mois pour les patients considérés comme stabilisés (en moyenne 8,9 consultations dans les six derniers mois). Deux critères essentiels sont retenus par les psychiatres pour considérer un patient schizophrène comme stabilisé : l'observance du traitement et l'absence de symptomatologie positive. Néanmoins, chez les patients considérés comme stabilisés persiste une symptomatologie positive dans 43 % des cas. Une symptomatologie négative est également fréquemment rapportée chez les patients considérés comme stabilisés (65 %), de même qu'une symptomatologie dépressive associée (36 %) et que l'anxiété (64 %). Conclusion : Même si la notion de stabilisation reste difficile à définir, le patient schizophrène est considéré comme " stabilisé " sur la base d'une bonne observance au traitement et d'une diminution de la symptomatologie positive. Des améliorations chez le patient dit " stabilisé " sont donc toujours possibles, du fait de la présence de la symptomatologie au premier plan.
- Summary. The notion of stabilization in schizophrenia has been investigated, in France, through a survey of 875 psychiatrists. This survey, which has been conducted on the 9th, 10th and 11th of december 1997, looked into the clinical, therapeutic and socio-demographic variables, and the means of patient management, which are used by psychiatrists to ascertain that their patients are stabilized. The data was collected by each psychiatrist by way of a questionnaire administered to his or her next three patients, either at the hospital or in private practice (2464 questionnaires were completed). Results 65 % of the patients seen during this survey were considered stabilized by their psychiatrist (n = 1597). The most common clinical presentation was of the paranoïd type. An insiduous onset of disease seems to be correlated with an absence of stabilization. Stabilization appears to be estimated at a given time rather than over a time period, since over half the patients who were considered stabilized had suffered at least one relapse over the last 2 years, and had been rehospitalized an average of 2.4 times over that period. In terms of drug therapy, they received 1.4 neuroleptic drugs, which does not differ markedly from the 1.5 neuroleptics administered to patients who were considered non stabilized. Co-prescriptions of anticholinergic medications, benzodiazepines and antidepressants were very common in these patients considered stabilized (49,9 %, 39,8 % and 24,8 % respectively), which is similar to that observed in their non-stabilized counterparts (47,6 %, 45 %, 8 % and 26,4 %, respectively). Patient follow-up remained above an average of 1 patient visit per month (an average of 8,9 visits over the last 6 months), despite the fact that patients were considered stabilized. Two primary criteria were used by psychiatrists to determine that a patient was stabilized : treatment compliance and the absence of positive symptoms. However, 43 % of the patients which were considered stabilized still presented with positive symptoms. Negative symptoms were also very prevalent in these patients (65 %), as well as concomitant depressive signs (36 %) and anxiety (64 %). Conclusion : Eventhough the concept of stabilization remains difficult to define, it appears that schizophrenic patients are considered by their psychiatrist as stabilized on the grounds of good treatment compliance and decreased positive symptoms. Therefore, even in these so-called stabilized patients, enhancements are still possible, as symptoms remain present.
Mots clés : Prise en charge, Schizophrénie, Stabilisation. ‹ Keywords : Follow-up, Schizophrenia, Stabilization.
L'Encéphale, XXIV, IV, Juillet-Août 1998, pp 331-336
Résumé. Vanderlinden et ses collègues (1993) proposent une première échelle clinique européenne d'évaluation des troubles dissociatifs que nous avons soumise à une population suisse francophone constituée d'un échantillon pathologique (n = 154) et de sujets contrôles (n = 65). Nos résultats indiquent que la DIS-Q distingue bien les patients (axes I et II du DSM IV) des sujets contrôles. La comparaison statistique montre des différences significatives entre trois sous-groupes pathologiques (axe I seul, n = 60 ; axe II seul, n = 24 ; axes I et II ensemble, n = 70) et le groupe contrôle (n = 65), le score total au questionnaire étant le plus élevé pour la population présentant des troubles à la fois sur l'axe I et II. Les sujets ayant obtenu les scores les plus élevés représentent près de 12% de l'échantillon psychiatrique étudié. Nos résultats ne semblent pas être influencés par un facteur culturel.
- Summary. Vanderlinden and his collegues (1993) proposed a first european clinical scale to assess dissociative symptoms, the DIS-Q. The DIS-Q was studied in a psychiatric (n = 154) and a control (n = 65) Swiss French speaking sample. Our results reflected that The Dissociation Questionnaire (DIS-Q) has a good criterion-related validity since it discriminates between patients (Axes I and II of the DSM IV classification) and controls. Statistical comparisons indicated significant differences between three subgroups (axis I only, n = 60 ; axis II only, n = 24 ; axes I et II together, n = 70), and controls (n = 65). The total DIS-Q score was the highest for the patients with axes I and II together. About 12% of the psychiatric sample studied obtained DIS-Q score „ 2.5, suggesting the presence of pathological dissociative symptoms. Our results seem not to be influenced by cultural factors.
Mots clés : DSM IV, Méthodologie, Questionnaire, Troubles dissociatifs. ‹ Keywords : Dissociative disorder, DSM IV, Methodology, Questionnaire.
L'Encéphale, XXIV, IV, Juillet-Août 1998, pp 337-346
Résumé. Buts de l'étude : les relations entre les troubles alcooliques et les comportements suicidaires sont connus depuis longtemps. Lors de l'étude suivante, nous avons étudié la prévalence sur la vie entière des tentatives de suicide chez des patients souffrant d'alcoolisme et l'influence de la comorbidité avec les troubles dépressifs, anxieux et la personnalité antisociale ainsi que les caractéristiques socio-démographiques et anamnestiques de ces patients. Méthodes : les patients inclus souffrants étaient tous ambulatoires et répondaient aux critères diagnostiques de dépendance alcoolique tels qu'ils sont définis dans le DSM III-R et leur score au questionnaire DETA était supérieur à 2. Par ailleurs, nous avons utilisé un questionnaire spécifique et standardisé pour cette étude permettant le recueil des critères diagnostiques du DSM III-R ainsi que les caractéristiques socio-démographiques et spécifiques du trouble alcoolique (âge de début du trouble, consommation quotidienne moyenne d'alcool). Résultats : nous avons inclus 507 patients dans cette étude (343 hommes et 164 femmes). L'âge moyen était de 42,3 ± 9,6 ans sans différence entre les sexes. Cent vingt-neuf patients (25,4 %) avaient fait une tentative de suicide au cours de leur vie. L'âge de début des troubles alcooliques était plus précoce chez ces patients (p ¾ 0,01), tant chez les hommes que chez les femmes. Les antécédents familiaux de premier degré d'alcoolisme étaient plus fréquents chez les patients ayant effectué des tentatives de suicide. Sur le plan de la comorbidité psychiatrique, les épisodes dépressifs majeurs étaient plus fréquemment retrouvés chez les patients ayant fait une tentative de suicide (74,8 vs 41,5 %; p ¾ 0,001) ; il en était de même pour la dépendance à d'autres substances psycho-actives (61,2 vs 34,3 %; p ¾ 0,001). De plus, la prévalence de la phobie sociale et du trouble panique était plus importante chez les patients de sexe masculin.
- Summary. Objectives : the relationship between alcoholism and suicidal behaviour has long been recognized. The present study examined the lifetime prevalence of suicide attempts in alcoholic patients and the impact of comorbidity, namely with depressive anxiety disorders and antisocial personnalit disorder in alcoholic patients who attempted suicide. Methods : in a cross-sectional design including outpatients referring for alcohol dependance according to DSM III-R criteria, we used a specific standardized and structured interview allowing DSM III-R diagnoses. Results : we include 507 patients (343 males et 164 females). The mean age at the intake of the study was 43.2 (SD : 9.6) years without difference between males and females. 129 patients (25.4 %) had attempted suicide during their lifetime. The proportion of female was found higher than males among suicide attempters (41.9 vs 29.3 %; p ¾ 0.001). Age of onset of alcoholism was found younger in suicide attempters than non (p ¾ 0.01), either in males and females. Moreover, we found that alcoholic suicide attempters more often reported family histories of alcoholism than did nonattempters. As regard lifetime comorbidity, major depression and drugs misuse were found more frequent in alcoholics who attempted suicide (p ¾ 0.001). Moreover, we found a higher prevalence for Panic Disorder and Social Phobia in male suicide attempters.
Mots clés : Anxieux, Comportements suicidaires, Dépendance alcoolique. ‹ Keywords : Alcohol dependance, Anxiety disorders, Comorbidity, Major depressive episode, Suicide attempts.
L'Encéphale, XXIV, IV, Juillet-Août 1998, pp 347-354
Résumé. Un dysfonctionnement du système sérotoninergique central serait en partie à l'origine de comportements impulsifs agressifs et équivalents tant chez l'animal et le patient présentant une pathologie psychiatrique ou un trouble de la personnalité que chez le sujet contrôle. Des études chez l'animal et chez l'homme sont en faveur d'une influence génétique sur le fonctionnement du système sérotoninergique central ainsi que sur les comportements liés à la régulation des impulsions. Les individus présentant des comportements impulsifs dépendant de la sérotonine pourraient avoir des polymorphismes spécifiques de gènes influençant la synthèse ou le métabolisme de la sérotonine. En fonction du génotype et de l'influence de l'environnement, ces comportements dépendant de la sérotonine pourraient s'exprimer de diverses manières, depuis des variations mineures de la personnalité jusqu'à des perturbations psychiatriques majeures. Les mécanismes de contrôle des impulsions pourraient également constituer une dimension psychobiologique fondamentale de la personnalité.
- Summary. The idea that heredity could influence behaviour, including personality is very old. Until the early 1980s, the evidence for genetic influences on personality derived almost exclusively from twin studies. More recently, studies comparing twins raised together with those raised in different environment confirmed that about 40% of the observed personality variance can be attributable to genetic factors. Since complex behaviours, such as those underlying personality functioning, are likely to be influenced by many genes, a continuum of genetic risk underlying behavioural dimensions that extend from normal to abnormal behaviour has been hypothesized. Behaviours related to aggressive impulses regulation could delineate a biologically anchored model of dispositions to both normal and pathological functioning : these behaviours are identified in animal species where they are genetically transmitted, and a growing body of evidence suggests that disturbances in the regulation of aggressive impulses could belong to a behavioural dimension (disturbances of impulse control) linked to serotonin. Theorists involved in modelling personality according to psychobiologic basis agree with the idea of an inhibitory function of serotonin on impulsive behaviour and recognise that the way individuals control their impulses could underlie a basic psychobiological personality dimension. According to genotypes and to environmental factors, these serotonin mediated behaviours may be diversely expressed varying from minor personality peculiarities (characterised by impulsivity, hostility, irritability, psychopathic deviance, excessive violence or by more clear-cut personality dysfunctioning such as antisocial, borderline, narcissistic and histrionic personality traits or disorders) to major psychiatric disturbances (suicidal behaviour, overt aggressive behaviour, intermittent explosive disorder, pathological gambling, pyromania, bulimia and some type of substance or alcohol abuse). Finally, recent molecular genetic studies have demonstrated that genes encoding some key proteins involved in serotonin transmission could present some polymorphism in relation with impulsive-aggressive behaviours.
Mots clés : Agressivité, Génétique, Hérédité, Impulsivité, Sérotonine. ‹ Keywords : Aggression, Genetics, Heredity, Impulsivity, Personality, Serotonin.
L'Encéphale, XXIV, IV, Juillet-Août 1998, pp 355-364
Résumé. L'utilisation des neuroleptiques classiques dans la schizophrénie n'est pas sans limite du fait de leur mauvaise tolérance ou de leur manque d'efficacité chez certains patients. L'apparition d'une nouvelle classe d'antipsychotiques dits " atypiques ", dont le Léponex® (clozapine) est le chef de file, a constitué un espoir dans le traitement des schizophrénies résistantes. Grâce à la mise en place d'une pharmacovigilance active, il est aujourd'hui largement utilisé. Cependant, le non-remboursement par la Sécurité sociale et le prix élevé du Léponex® ont nécessité la réalisation d'une étude coût-efficacité. Nous avons donc effectué une enquête médico-économique portant sur l'utilisation de ce neuroleptique atypique au Centre Hospitalier Charles Perrens (Bordeaux) chez 72 patients. Le recueil des informations s'est fait au moyen de trois questionnaires (médical, patient, économique et social), adressés aux psychiatres de l'hôpital. Les résultats obtenus confirment l'efficacité de la clozapine (mesurée par la CGI dont l'amélioration est significative), ainsi que sa bonne tolérance. Après traitement, ils montrent une modification significative du mode de prise en charge (37,5 % versus 82 % de patients restent en hospitalisation à temps complet, 16,7 % versus 9,7 % sont hospitalisés à temps partiel et 45,8 % versus 8,3 % sont suivis en ambulatoire : p < 0,0004) et également une réduction significative du nombre et de la durée des hospitalisations. L'estimation de la qualité de vie, effectuée sur 44 de ces patients, est également à l'avantage du Léponex®, leur état étant très amélioré. D'un point de vue économique, le coût total estimé après deux ans passe de 31 108 F à 22 950 F/mois/patient, soit une économie de 8 158 F/mois/patient. Malgré la cherté de cette thérapeutique et les risques hématologiques, le Léponex® offre à ces patients des bénéfices cliniques entraînant à moyen et long terme des bénéfices économiques. En conséquence, ce neuroleptique atypique devrait pouvoir recevoir un financement exceptionnel (enveloppe budgétaire particulière ou remboursement par la Sécurité Sociale).
- Summary. Schizophrenia disorders afflict approximately 1 % of the population during their lifetime. Conventional antipsychotic agents show therapeutic limitations because of their side-effects and inefficacy among some patients. A novel antipsychotic class, named atypical neuroleptics, among Léponex® is the leader, constitutes a hope in treatment-resistant schizophrenia. However, because the drug involves a 1 % to 2 % risk of agranulocytosis, an haematological oversee has been established. Moreover, the acquisition cost of clozapine is high in comparison with that of standard antipsychotics. The purpose of this study was to observe the management of 72 patients suffering from resistant schizophrenia, to assess the cost of this treatment in medical and social terms, and to realize cost-effectiveness study in Charles Perrens Hospital (Bordeaux). The survey based on three questionnaires (Clinical informations, Quality of Life, Epidemiological information) was sent to psychiatrists practising in this hospital. The results confirm efficacy (overall functioning measured by CGI which is significant, p < 0,0001) and tolerance of Léponex® (no side effects in 33,3 % patients, no agranulocytosis, only one neutropenia and only 4,2 % neurologic side effects). We found a significant reduction of the annual mean number of days of full time hospitalization (214 days versus 135 after two years, p < 0,0005) associated with the significant reduction of direct cost mainly related to shorter length of hospitalization ; and 45,8 % versus 8,3 % adjust to life in the community (p < 0,0004). Clozapine produced a marked improvement (p < 0,0001) in Quality of Life measured by two self-rating scales (SWN and TEAQV). The estimated total two-years cost decreased from 31 108 Francs/ month/patient to 22 950 Francs/month/patient, a saving of 8 158 Francs/month/patient (a decrease of 26,2 %). Although the acquisition cost of clozapine is high, cost effectiveness estimates in patients with treatment resistant schizophrenia suggest that the clinical benefits (improved psychopathology, social functioning and quality of life) of this drug may confer medium to long term economic benefits, primarily by reducing the need for psychiatric hospital service.
Mots clés : Clozapine, Coût économique, Qualité de vie, Schizophrénies résistantes. ‹ Keywords : Clozapine, Cost-effectiveness, Quality of life, Treatment-resistant schizophrenia.
L'Encéphale, XXIV, IV, Juillet-Août 1998, pp 365-377
Résumé. La réintroduction de la clozapine sur le marché aux Etats-Unis en 1990 sous de strictes conditions de surveillance hématologique a relancé le débat sur l'usage des molécules atypiques chez l'adulte schizophrène. L'usage des neuroleptiques conventionnels chez l'enfant et l'adolescent a toujours été sujet de controverses dues aux effets indésirables multiples et au manque d'études contrôlées. L'action de la clozapine et de la rispéridone se situe essentiellement sur les récepteurs 5HT et D2. Plusieurs publications depuis 1992, concernant l'enfant et l'adolescent, démontrent l'efficacité et la tolérance de la clozapine et de la rispéridone dans des indications variées, et spécialement dans les schizophrénies à début précoce. Des études contrôlées sont aujourd'hui indispensables pour confirmer les premiers résultats en ouvert.
- Summary. The FDA approval for clozapine in 1990 under several hematologic surveillance conditions has reactualized the debate on the use of atypical neuroleptics for adults with schizophrenia. The use of conventional neuroleptics in children and adolescents has always been a subject of controversy due to their side effects and the absence of controlled studies. The pharmacological action of clozapine and risperidone is mainly on D2 and 5HT. Since 1992 several studies concerning children and adolescents show the efficiency and the tolerance of the clozapine and risperidone in various disorders, especially in very early onset schizophrenia (VEOS). Controlled trials are necessary to confirm the data obtained in open studies.
Mots clés : Adolescent, Clozapine, Enfant, Rispéridone, Schizophrénies précoces. ‹ Keywords : Adolescents, Children, Clozapine, Risperidone, VEOS.
L'Encéphale, XXIV, IV, Juillet-Août 1998, pp 378-385
Résumé. Quatre cent quarante-cinq patients (293 hommes et 152 femmes), répondant aux critères de schizophrénie paranoïde ou de trouble schizophréniforme (DSM III-R), âgés en moyenne de 32,2 ans ont été inclus dans une étude multicentrique française, menée dans des conditions naturalistiques. Ils ont été traités pendant 90 jours par amisulpride à des doses allant de 600 à 1200 mg/j. Les évaluations ont eu lieu à J0, J14, J28, J60 et J90 ainsi que lors d'une visite de suivi à J180. Cent vingt-quatre patients (27,9 %) sont sortis d'essai au cours des trois mois de traitement dont 24 pour inefficacité et 27 pour événement intercurrent. L'analyse en " intention de traiter " entre J0 et J90 (posologie moyenne à J90 : 792 mg/j ± 318) montre une amélioration significative (p < 0,0001) du score total de la BPRS et de l'ensemble de ses facteurs, ainsi que des scores positifs et négatifs de la PANSS. A l'item 2 de la CGI, 74 % des patients étaient répondeurs à J90. Les améliorations obtenues à J90 se sont maintenues lors du suivi à J180. Vingt-et-un pour cent des patients ont présenté un événement intercurrent, en majorité d'ordre neurologique psychiatrique ou endocrinien, considéré comme grave dans sept cas seulement. Les symptômes extrapyramidaux évalués par l'échelle de Simpson-Angus sont restés stables au cours de l'étude. Ils ont diminué (p = 0,008) chez les patients traités antérieurement par neuroleptique. Enfin, le score moyen de l'échelle d'aptitude psychosociale a été amélioré de manière significative (p < 0,0001) durant le traitement, avec un maintien de l'amélioration au sixième mois de suivi. Cette amélioration laisse supposer une action positive sur les capacités d'insertion sociale des patients souffrant de schizophrénie et traités par l'amisulpride.
- Summary. Amisulpride is a benzamide derivative atypical antipsychotic characterized by selective blockade of dopamine D3 and D2 receptors, limbic selectivity and preferential blockade of dopamine autoreceptors at low doses. Its efficacy on predominant negative symptoms of schizophrenia at low doses, and on the positive symptoms at doses from 400 to 1200 mg/day has been demonstrated in several controlled studies. The aim of our study was to assess the use in psychiatric clinical practice under naturalistic conditions, efficacy and safety of amisulpride and patient's ability to cope with social skills during a 3-month period of treatment with a follow-up at 6 months. A total of 445 patients (293 men and 152 women), between 18 and 45 years of age, were included in the study DSM III-R criteria of schizophrenia, paranoid type (295.3), or schizophreniform disorder (295.4) were required for inclusion. The patients received amisulpride with flexible dosage between 600 and 1200 mg/d during a 3-month period (792 mg/d ± 318). Evaluation was based on the Brief Psychiatric Rating Scale (BPRS), on the Positive And Negative Symptoms Scale (PANSS), and on Clinical Global Improvement scale, completed at D0, D14, D28, D60 and D90. Safety was also assessed with a comprehensive statement of adverse events and with the Simpson-Angus scale of extra pyramidal symptoms. A scale of social adaptation (Echelle d'Adaptation PsychoSociale) was completed at D0, D90 and D180. During the 3-month period of treatment, 124 patients (27.9 %) dropped out the trial, including 24 cases of inefficacy and 27 cases of concomitant events. Intent-to-treat analysis showed a significant improvement of BPRS scores (40.2 vs 67.6; p < 0.0001), of positive PANSS scores (13.9 vs 27.7; p < 0.0001), and negative PANSS scores (17.45 vs 28.3; p < 0.0001) between D0 and D90. CGI results confirmed these figures. Follow-up assessment at D180 showed a sustained response on BPRS ans PANSS scores. Amisulpride was well tolerated in the study, with 21 % of patients reporting adverse events, in majority psychiatric or endocrine disturbances. Only seven adverse events were assessed as serious. Extra pyramidal symptoms remained low during the study, as measured with Simpson-Angus scale. The EAPS scale showed a significant improvement of social adaptation during the treatment, with a sustained response during the 3-month follow-up period. In conclusion, 600-1200 mg/d of amisulpride is an effective and well tolerated treatment of schizophrenic disorders, as demonstrated through this 3-month study carried in a large sample of 445 patients. Besides results suggest that under treatment with amisulpride in schizophrenic patients patients'ability to social adaptation can be improved, which could facilitate their rehabilitation.
Mots clés : Adaptation sociale, Amisulpride, Antipsychotique, Schizophrénie, Tolérance. ‹ Keywords : Amisulpride, Antipsychotic; Safety, Schizophrenia, Social adaptation.
L'Encéphale, XXIV, IV , Juillet-Août 1998, pp 386-392
Dernière mise à jour : mardi 22 décembre 1998 Dr Jean-Michel Thurin