Résumé : Ainsi que Freud l'avait appris de Schnitzler, les écrivains ont souvent intuitivement "la connaissance de tel ou tel point caché (...) acquis par un pénible travail d'investigation" par les psychanalystes. Un bref extrait des Carnets de la drôle de guerrre de J.P. Sartre confirme une nouvelle fois ce constat. Ce texte illustre et récapitule de manière saisissante et évocatrice les trois dimensions de la sexualité humaine : 1) L'auto-érotisme sous toutes ses facettes dans le discours manifeste du texte, véritable vignette clinique : le lien avec la sexualité infantile par l'investissement majeur de la sphère orale et l'exercice de pulsions partielles, la fonction de déplacement du bas vers le haut du corps, la dimension narcissique, support de l'unité et de l'identité, prélude à la relation objectale, et l'annulation provisoirement efficace du manque. 2) L'homosexualité, surtout dans le discours latent : sont analysés l'excitation libidinale sollicitée dans une communauté d'hommes, les sentiments de tendresse, voire d'amour de Sartre pour le copain de chambrée : l'analyse des mécanismes de défense (renversement des affects, mise à distance dans l'espace, intellectualisation) mis en oeuvre face à l'excitation et à la violence du visuel permet de passer à la troisième dimension de la sexualté. 3) L'hétérosexualité se manifeste dans la relation épistolaire avec la destinataire, S. de Beauvoir : les processus secondaires mis en oeuvre dans l'écriture permettent à l'auteur de reprendre la maîtrise de son excitation : il introduit un tiers séparateur qui transforme l'excitation en un jeu banal de séduction : le texte montre aussi un usage subtil de la bisexualité psychique par un jeu constant entre une position passive et une position active. Ce texte de Sartre et la qualité de son écriture rendent perceptible le passage nécessaire de l'auto-érotisme à l'hétérosexualité par l'homosexualité inconsciente. In fine ,le lecteur de cet article est renvoyé à sa propre position libidinale.LECOCQ P.Abstract - As Freud learned from Schitzler, writers often have intuitively "knowledge about this or that hidden point... acquired by painful investigation" by psychanalysts. A small extract from the Carnets de la drôle de guerre by J.P. Sartre again confirms this point. This text illustrattes and recapitulates in an evocotive and statling manner the three dimensions of human sexualité : 1) Auto-erotism in all its facets in the manifest discourse of the text - an authentic clinical illustration : the link with infantile sexuality through the major investment of the oral sphere and the use of partial drives, the displacement function from the lower to upper part of the body, the narcissistic dimension that maintains unity and identity prelude to object relations and the cancelling of luck which is efficient in the short term. 2) Homosexuality, especially in the latent discourse : the libidinal excitement as sollicited in a male community, the felling of tenderness or love that Sartre had for his room-mate; the analysis of defence mechanisms (reversal of affects, distancing in space, intellectualisation) that are put into place because of the excitement and violence of the visual allows a transition to the third dimension of sexuality. 3) Heterosexuality appears in an zxchange of letters with S. de Beauvoir : the secondary processes brought into play in the writing allow the author to retake control of his excitement; it allows a third party separator which transforms excitement into a banal game of seduction; the text also shows a subtle use of psychic bisexuality through a constant interplay between a passive and active position. Sartre's text and the quality of his writing show us the necessary passage from auto-erotism to heterosexuality via unconscious homosexuality. Finally the reader may refer to his or her own libidinal position.
Auto-érotisme, Homosexualité inconsciente, Hétérosexualité; Littérature, J.P. Sartre. Auto-erotism, Unconscious homosexuality, Heterosexuality, Literature, J.P. Sartre.
L'évolution psychiatrique, vol 63, n° 4, Octobre 1997, pp 665-673
Résumé : Une forme particulière de dépressivité se manifeste par la survenue d'effondrements psychiques, brefs, intenses et répétés, accompagnés d'un recours privilégié aux agirs qui mettent en danger parfois le sujet, et toujours le cadre psychothérapeutique ou psychiatrique dans lequel des réponses thérapeutiques sont construites. L'histoire d'une patiente, Madame P., vient l'illustrer. Cette clinique du "vide" est marquée essentiellement par des phénomènes de rupture et de discontinuité dans l'économie psychique et dans les investissements transférentiels. Elle apparaît chez des sujets dont la première enfance a été marquée par une certaine forme de violence. Elle indique une hétérogénéité du fonctionnement psychique, comme si certaines expériences précoces n'avaient pu s'inscrire que dans un espace psychique marginal-l'image des limbes vient le désigner- non assimilable ni à l'inconscient, ni au préconscient de la première topique freudienne. L'effondrement dépressif témoigne d'une défaillance des mécanismes psychiques - habituellement muets- qui contiennent et structurent l'espace psychique interne. Sa dynamique transférentielle concerne de façon déterminante le "cadre" thérapeutique, beaucoup plus que les processus d'élaboration qui peuvent y trouver lieu. Le paradigme du traumatique- conçu comme échec de la représentation et des processus de liaison- semble pouvoir organiser une compréhension métapsychologique de ce trouble et permettre une relance thérapeutique. Sa construction passe par l'examen de la complexité de la problématique freudienne du traumatisme, contemporaine de l'invention de la psychanalyse. La figure d'un "corps étranger interne" non soumis au refoulement y est discutée. L'abord winnicottien du fonctionnement psychique précoce précise la notion d'un processus originaire dans lequel une défaillance de l'objet primaire se trouve redoublée dans ses effets par l'impossibilité de sa représentation. La symbolisation de ce "traumatisme négatif" ne peut alors advenir qu'à la faveur et aux risques d'un transfert dirigé sur le cadre thérapeutique.NAVELET C.Abstract - A particuliar form of depression maniffests itself in the form of brief, intense and repeated psychic breakdowns accompanied by a favoured recourse to "acts" which may endanger the subject's very life and always threatens the therapeutic or psychiatric setting in which the therapeutic answers are constructed. The story of a patient, Mrs. P., illustrates this point. This clinic of "emptiness" is marked essentially by phenomena of breaking and discontinuity in terms of psychic economy and transference related investments. It appears in subjects whose early years were marked by a certain form of violence. It indicates a heterogeneious psychic funcionning - as if certain very early experiences could only be symbolised in a marginal psychic space- the idea of being in limbo defines it here- psychic space that cannot be assimilated to the unconscious or the preconscious in the first freudian topic. The depressive breakdown bears witness to a failure of those usually silent psychic mechanisms which contain and structure internal psychic space. The dynamics of the transference mechanisms will thus be related to the setting rather than the elaboration which may take place. The traumatic paradigm -conceived as failure of representation and the process of liaison- seems able to organise a petapsychological understanding of this disorder and thus relaunch a therapeutic approach. Its construction implies an examination of the complexity of the freudian notion of trauma which accompanied the invention of psychanalys. The figure of an "inner foreign body" alien to repression is considered. Winnicott"s approach to early psychic functionning explicits the notion of an archaic (or original) process in which a failure of the primary object is redoubled in its effects by the impossibility of its representation. The symbolisation of this "negative trauma" can only come into being thanks to and at the risk of transference within a therapeutic setting.
Effondrement dépressif, Traumatique, Cadre thérapeutique, Hétérogénéité psychique, Modèle psychanalytique, Depressive breakdown, Traumatic, Therapeutic setting, Psychic heterogeneity, Psychoanalytic model
L'évolution psychiatrique, vol 63, n° 4, Octobre 1997, pp 675-688
Résumé : De l'enfant supposé à l'extinction de la lignée : Oedipe entre Sophocle et Freud-From the supposed child to the extinction of a family branch. Oedipus between sophocles and FreudOUEDRAOGO A., KERE M., SAMUEL-LAJEUNESSE B.Une lecture analytique des tragédies de Sophocle, prenant en compte leur construction et l'ordonnancement des événements, actions et révélations, impose de dépasser la lecture qui en est faite par la psychanalyse depuis Freud. En effet, cette lecture qui en ignore les thèmes organisateurs, affadit considérablement leur portée. Ainsi, lorsque Freud fait de l'auto-aveuglement d'Oedipe un équivalent symbolique de la castration, il annule ce qui est véritablement en cause, c'est-à-dire l'absolu de la jouissance auto-érotique. De ce fait, c'est toute la charge absolument tragique d'un destin accompli avec une détermination impitoyable- qui s'exprimera plus tard dans la condamnation à mort de ses fils qu'Oedipe prononcera dans un délibéré qui l'exonère absolument de ses propres erreurs ou fautes- qui est gommée. De cette erreur d'interprétation est née la légende psychanalytique du héros qui, au soir de son existence, assume sa destinée dans la sérénité. On comprend donc que de nombreux critiques, chez les hellénistes notamment, aient pu reprocher à Freud son usage du mythe, ou que des psychanalystes aient pu en méconnaître la portée métapsychologique. Au contraire, le repérage des thèmes organisateurs de ces tragédies permet de saisir la cohérence logique et le génie clinique du poète. En effet, ce "retour à Sophocle" instruit à la fois par les textes psychanalytiques (Freud, Lacan) et critiques (Bollack, Rudnytsky, Steiner), étaye la profonde pertinence de la référence théorico-clinique de la psychanalyse à Oedipe. A ce titre, par exemple, la thématique de l'adoption telle qu'elle est traitée par Sophocle se révèle d'une confondante richesse pour la psychopathologie, puisqu'on y relève les questions de l'origine et de la filiation, de la vérité et de la folie, du parricide et de l'infanticide. De tous ces points de vue, les tragédies oedipiennes de Sophocle apparaissent comme le texte fondateur d'une théorisation de l'appareil psychique, et le travail d'interprétation comme l'aboutissement de ce projet bouleversant pour l'humanité : adopter l'inconscient.
Abstract - An analytic reading of Sophocles' tragedies, taking into account their construction and the order of events, actions and revelations, demands that we go beyond this reading thanks to post-freudian psychoanalysis. In fact this reading which fails to consider the organising themes greatly weakens their impact. So when Freud turns Oedipus' self-blinding into a symbolic equivalent of castration, he cancels what is actually in question i.e. the absolute quality of erotic "jouissance". Hence it is the whole and absolutely tragic weight of a destiny accomplished with an implacable determination- which will be accompolished later in the death sentence of his sons that Oedipus will enounce in a judgement which exonerates him completely from his own errors and mistakes- which is delated. The psychoanalytic legend of the hero who in the autumn of his life serenely accepts his destiny was born of this mistaken interpretation. Hence it is understandable that many critics, particularly among hellenists, may have reproached Freud with the use of the mythe, or that psychanalysts may have misjudged its metapsychological impact. On the contrary pointing the organising themes of these tragedies allows one to perceive the poet's logical coherence and his clinical genius. In fact this "return to Sophocles" buttressed both by the analytic texts (Freud and Lacan) and the critical ones (Bollack, Rudytsky, Steiner), underlines the pertinence of the theoretico-clinical reference of psychoanalysis to Oedipus. In this respect, for instance, the theme of adoption such as it is dealt with by Sophocles reveals great riches for psychopathology, since the questions of origine and filiation, of truth and madness, of parricide and infanticide are raised. From all angles Sophocles' oedipian tragedies appear as founding texts of a theorisation of the psychic apparatus and the work of interpretation as the outcome of this project whic overwhelms mankind : the adoption of the unconscious
Oedipe, Interprétation, Autoérotisme, Métapsychologie, Psychopathologie, Oedipus, Interpretation, Auto-eroticism, Metapsychology, Psychopathology
L'évolution psychiatrique, vol 63, n° 4, Octobre 1997, pp 689-701
Résumé : La folie à deux est une entité rare, mais cliniquement bien connue depuis la première description par Lasègue et Falret en 1877. Les troubles schizophréniques en constituent les manifestations cliniques les plus fréquemment rencontrées, tant chez le délirant primaire que ches le délirant secondaire. Parmi les facteurs pathogéniqes, les facteurs d'ordre socio-culturel semblent jouer un rôle déterminant dans l'élaboration du contenu délirant chez le partenaire passif. Nous rapportons un cas singulier de folie à deux au sein d'un couple africain au Burkina Faso. Le délirant primaire était la femme qui avait induit le délire chez son mari. Les époux vivaient ensemble depuis vingt ans et partageaient les mêmes références culturelles. Sur le plan clinique, la femme souffrait de schizophrénie paranoïde en poussée processuelle et dont le début remonterait à neuf ans. Le trouble délirant a été d'apparition brutale chez le mari âgé de quarante-cinq ans, militaire de profession et qui n'avait pas d'antécédent psychiatrique. La thématique persécutive, procédant de mécanismes hallucinatoires, dominait le tableau cliniqe. L'attitude thérapeutique a consisté à hospitaliser ensemble le couple dans le même service. Tous les deux ont été traités par des neuroleptiques : halopéridol et chlorpromazine pour la femme et chlorpromazine pour le mari. L'évolution à court terme a été rapidement favorable chez les deux malades, en particulier chez le délirant secondaire Parmi les points d'intérêt que ce cas suscite, nous avons d'abord souligné que le déire chez l'époux a été le résultat d'une très forte interaction entre son épouse et lui. Ce délire a eu pour base les postulats culturels sur la sorcellerie-anthropophagie, support qui apparaît compréhensible dans la société mossi à laquelle appartiennent les deux époux. Nous avons ensuite formulé des hypothèses en ce qui concerne la fonction du délire chez le délirant secondaire en référence toujours à son milieu culturel. Il s'agissait en l'occurrence pour lui, à travers ce délire dont la vraisemblance est notoire, de partager les mêmes craintes pour l'avenir et de témoigner sa compassion à l'égard de son épouse. Si les conditions spéciales d'éclosion du délire étaient réunies chez le partenaire soumis, nous avons noté cette particularité dans notre cas clinique, le délirant primaire est l'épouse qui a imposé le délire à son mari. Ce qui est une situation rare. Somme toute, ce cas clinique nous a permis de mettre en relief l'importance des facteurs d'ordre culturel générateurs du délire chez le partenaire soumis. La logique de soin d'une telle pathologie doit tenir compte de ces facteurs.MERVANT J.Abstract -"Folie à deux" is a rare entity but has been clinically well known since its first description by Lasègue and Falret in 1877. The schizophrenic disorders constitute the most frequently met manifestations both in the primary and the secondary deluded person. Among the pathogenic factors, the socio-cultural factors seem to play a determining role in the elaboration of the content of of the delusions for the passive element. We report a singular case of "folie à deux" among an African couple in Burkina Faso. The primary deluded person was the wife who had induced delusions in her husband. The couple had been living together for twenty years and shared their cultural references. Clinically the wife suffered from paranoid schizophrenia of the process type whose beginning dated back nine years. The delusion appeared suddenly in the husband aged 45, a military man who had no psychiatric record. Themes of persecution, stemming from hallucinatory mechanisms, dominated the clinical picture. The therapeutic approach was to hospitalise both members of the couple in the same ward. Both were treated with neuroleptics : Halopéridol and Chlorpromazine for the wife and Chlorpromazine for the husband. The short term evolution was quickly favourable for both patients, in particular for the secondary deluded person. Among the questions raised by this case we have first underlined that the husband's delusion was the result of a very strong interaction within the couple. This delusion was based on the cultural postulates pertaining to anthropophagic magic, a basis whick seems understandable within the Mossi society to which both persons belonged. We have then formulated some hypotheses concerning the function of delusion for the secondary deluded person in reference to his original cultural milieu. In this case the problem was for him to share the same fears for the future as his wife and to show some compassion for her throuhg these delusions whose very similitude is noticeable. If the particular conditions of the apparition of these delusions were combined in the secondary partner, we have remarked this peculiarity in our clinical case : the primary deluded person was the wife who imposed her delusions on her husband. This situation is rare. On the whole this clinical case has allowed us to underline the iimportance of cultural factors generating delusions in the passive partner. The therapeutic logic in such a pathology must take these factors into account.
Folie à deux, Délire, Psychopathologie, Culture, Afrique-Folie à deux, Delusion, Psychopathology, Culture, Africa
L'évolution psychiatrique, vol 63, n° 4, Octobre 1997, pp 703-710
Résumé : La pulsion de mort ne vise pas la mort, mais un état de désubjectivation qui transcende l'opposition de la vie et de la mort et fait l'économie de la division du sujet. Elle est au principe non pas de la répétition en tant que telle, mais de ce qui s'oppose au mouvement symboligène de la répétition. Elle est l'envers de toute castration. Si elle mérite d'être nommée pulsion, c'est en ce que l'essence du pulsionnel est rapport à la perte et à l'impossible retrouvaille. Les pulsions sexuelles, partielles parce qu'objectales, sont en quête d'objets à jamais perdus. La pulsion de mort, totale, totalisante, totalitaire, est nostalgie essentielle du sujet pour un état indivis qu'il n'a jamais connu. Elle est fondamentalement non violente- même si ses effets peuvent être ravageants- et remplit une fonction nécessaire et silencieuse dans l'équilibre vital. Lorsqu'on la rencontre en clinique, dans ses manifestations pathogènes, qu'en faire, qu'en dire ? L'article développe d'abord le tournant d'une cure : une séance au cours de laquelle le repérage de la pulsion de mort a permis l'historisation de ses effets sur trois générations. On y voit un fils se laisser tomber dans le vide sous les yeux de sa mère : une chute dans le réel au lieu du défaut de représentation d'une position maternelle faite de laisser faire, laisser aller, laisser tomber à laquelle n'est pas étrangère la maladie cardiaque de la grand-mère. Une deuxième partie analyse un récit clinique extrait de Terre des hommes d'Antoine de Saint-Exupéry. Elle montre à l'oeuvre les effets d'une progressive désintrication des deux grands champs pulsionnels et le moment symbolique qui permet leur remixtion. La dernière partie est consacrée à une lecture critique, éclairée par la clinique,d'Au-delà du principe de plaisir de Sigmund Freud.KOLEV N.Abstract - The death drive does not aim at death but at a state of desubjectivation which transcends the opposition of life and death and ignores the division of the subject. It is at the root not of repetition as such but of what opposes the symboligeneous movement of repetition. It is the reverse of all castration. If it is worthy its name drive it is because the essence of the drive has to do with loss and the impossible rediscovery. The sexual drives, partial sofar as they are objectal, are in quest of forever lost objects. The death drive, total, totalising, totalitarian, is due to the subject's fundamental nostalgia for an undivided state he has never known. It is fundamentally non-violent-even if its effects can be ravaging- and its fulfills a silent necessary function in the vital balance. When it is met clinically, in its pathogenic manifestations, what are we to do with it ? What can be said of it ? The article first insists on the turning point of a cure : a session in which the death drive was pinpointed, thus allowing the historisation of its effects on three generations. A son is seen letting himself slide into the void under his mother's eyes : a fall into the Real exactly where the mother's position based on letting thigns slide, letting things go- a position which the grand-mother's heart disease was not alien to- failed to be represented. A second part analyses a clinical narrative, an extract from Terre des hommes by Antoine de Saint-Exupéry. It demonstrates how the effects of the two great areas of the drive could be progressively disintricated and how the symbolic moment allowed them to be mixed again. The last part is devoted to a critical reading of Beyond the pleasure principle by S. Freud illustrated by clinical material.
Pulsion de mort, Répétition, Symbolisation, Historisation, Division du sujet-Death drive, Repetition, symobolistion, Historisation, Division of the subject
L'évolution psychiatrique, vol 63, n° 4, Octobre 1997, pp 711-720
Résumé : L'examen des voies des projections et la localisation des persécuteurs dans l'espace externe, géographique chez les paranoïaques ont amené l'auteur à formuler une hypothèse concernant un espace archaïque. L'espace archaïque est le lieu de dépôt des objets primaires. La mère orale ou plutôt pré-oedipienne en tant qu'objet interne stable introjecté, semble être toujours représentée dans la moitié droite de l'espace archaïque, que l'individu soit droitier ou non. L'espace archaïque est bi-dimensionnel. Le corps séparé mentalement par une coupe sagittale en moitié gauche et droite fait également partie intégrante de l'espace archaïque sous la forme d'un espace d'expression. Les catégories de gauche et de droite apparaissent comme des signes constants des objets primaires dans leurs relations spatiales archaïques au moi-corps. La signification symbolique bien connue de la maison (le domicile) comme le propre corps, nous a permis de suivre, chez des malades paranoïdes, les trajets qu'empruntent les projections dans le cadre de leur espace géographique. Ces itinéraires de projection sont toujours subjectifs, mais en même temps spatialement "réels", étant donné qu'ils utilisent des éléments de la "réalité matérielle" et peuvent y être figurés dans l'espace, par exemple dans la topographie de la chambre, de la maison, du quartier, de la ville, du pays et même des continents. Ce n'est qu'à partir de ce point initial d'orientation, c'est-à-dire du moment où le patient entre dans le domicile, que nous parviendrons à déterminer le cours des projections des objets internes et des pulsions instinctuelles "dirigées" contre les voisins, les persécuteurs. L'expérience clinique nous révèle que les malades paranoïdes placent régulièrement leurs persécuteurs dans la moitié gauche de l'espace archaïque (l'espace de la paranoïa vera). Le travail analytique avec des patients pervers et des patients gravement atteints présentant des épisodes paranoïdes, nous a aidé à comprendre encore la signification du côté droit de l'espace archaïque : le clivage-projection de l'image maternelle primaire à droite. Des patients qui ont des idées ou des craintes d'être empoisonnés, étranglés ou dévorés, etc. situent l'objet menaçant (l'image maternelle primaire) dans la moitié droite de l'espace archaïque. Enfin, la structure spatiale de la paranoïa est discutée.Abstract - The examination of the pathways of projections and the positioning of persecutors in external, geographical space in paranoid patients les the author to formulate a hypothesis concerning an archaic space. Archaic space is made up of primary objects. It is initially established around the oral or rather pre-oedipal mother, which as a stable, intojected, internal object, always seems to be represented in the right half of archaic space, irrespective of the individual's handedness. Archaic space is two-dimensional. The body, divided mentally by a sagittal cut into a left and rignt half, also forms an integral part of archaic space. The categories of left and ritht appear to be constant signs of primary objects in their archaic spatial relations to the body ego. Use of the well-known symbolic meaning of the house, as the patient's own body, allows us to follow the pathways taken by the projections of the paranoid patients within the geographical space. These projectory pathways are subjective, but at the same time spatially "real", since they use elements of "material reality" and can be configured in space, for instance, in the topography of the room, house, neighbourhood town, coutry or even continent. The point of orientation taken is the patient's position, when facing the actual entrance to his or her home. Only from this starting point can we succeed in plotting the course of the projection of internal objects and instinctual impulses, which are "directed at" neighbours, the persecutors. The clinical experience of paranoid patients with persecutory ideas shows that the persecutors are regularly placed in the left half of archaic space (the space of paranoia vera). Analysis of patients with perversions and early disturbances who have had paranoid experiences helped the author to understand the meaning of the right half of archaic space : the splitting-projection of the archaic maternal imago to the right. Patients with ideas or fears of being poisoned, strangled or devoured and such like, place the threatening object (the early mother-imago) in the right half of archaic space. In the end, the spatial structure of paranoia is discussed.
La gauche et la droite, Paranoïa, Trajets de la projection, Topologie des objets primaires, Clivage-projection de l'image maternelle- Left and right, Paranoia, Pathways of projection, Topology of primary objects, Splitting-projection of the maternal object.
L'évolution psychiatrique, vol 63, n° 4, Octobre 1997, pp 721-742