L’Information Psychiatrique, Volume 73, Novembre 1997, Pages 877 à 976.

PSYCHOPATHOLOGIE ET BLESSURE CÉRÉBRALE.

Cerveau et psychisme. - Brain and psychism.

G. LANTÉRI-LAURA

L’auteur aborde le problème des rapports entre le cerveau et l’activité psychique par un biais historique, en partant de la fin du XVIIIè siècle. Il envisage la question des localisations cérébrales depuis la phrénologie, puis la question de l’aphasie jusqu'à son âge d’or (J. Déjerine). Il étudie ensuite l’époque du triomphe de la position globaliste (K. Goldstein) puis le renouveau apporté par la neuropsychologie (H. Hécaen). Il reprend enfin l’ensemble du problème à la fin du XXème siècle et donne quelques indications bibliographiques.

-The author tackles the question of the relationships between the brain and psychic activity from a historical stance, beginning with the late XVIIIth century. He looks into the question of cerebral localizations since phrenology, then into the question of aphasia as far as its golden age (J. Déjerine). He goes on to study the era which saw the triumph of the globalist position (K. Goldstein) followed by the revival brought about by neuropsychology (H. Hécaen). Finally he examines the problem as a whole at the end of the XXth century and gives some bibliographical indications.

Cerveau, Langage, Aphasie, Globalisme, Neuropsychologie, P. Broca, C. Wernicke, J. Déjerine, K. Goldstein, H. Hécaen, Brain, Language, Aphasia, Globalism, Neuropsychology, P. Broca, C. Wernicke, J. Déjerine, K. Goldstein, H. Hécaen.

L’Information Psychiatrique 73 9 novembre 1997 890-897

Approche neuropsychologique des patients cérébrolésés. - Neuropsychological approach to brain-damaged patients.

P. NORTH.

Dès après la Première Guerre mondiale, la neuropsychologie a développé des axes de recherche très diversifiés en relation directe avec la neurologie, la psychiatrie et la psychologie avec comme point commun l’étude des comportements en rapport avec les structures cérébrales. L’un de ces axes de recherche devait déboucher sur ce qu’on peut appeler une neuropsychologie réhabilitative. La démarche de celle-ci est analytique et opératoire, elle établit, à l’aide de tests informatisés, des rapports entre dysfonctionnements cognitifs et lésions, elle met aussi en place avec le sujet des stratégies restitutives ou compensatoires en vue de réduire les handicaps, de redonner du sens et d’élaborer un nouveau projet de vie.

- Since the first World war, neuropsychology has developed very diversified lines of research related directly to neurology, psychiatry and psychology, with, as a linking factor, the study of behaviour in relation to cerebral structures. One of these lines of research was to lead on to what can be called rehabilitive neuropsychology. The latter’s procedure is analytical and operative ; it establishes relationships between cognitive dysfunctions and brain damages by the aid of computerized tests, and sets up, with the subject, restitutive or compensatory strategies aimed at reducing handicap, restoring meaning and developing a new life project.

Neuropsychologie réhabilitative, Réhabilitation des personnes cérébrolésées, Troubles cognitifs, Rehabilitative neuropsychology, Rehabilitation of brain-damaged persons, Cognitive disorders.

L’Information Psychiatrique 73 9 novembre 1997 899-903

Le psychiatre-psychanalyste confronté aux patients cérébrolésés. - Psychiatrists and psychoanalysts confronted with brain-damaged patients.

H. OPPENHEIM-GLUCKMAN.

Chez les patients cérébrolésés, il y a convergence du biologique, du cognitif, du psychique, du social et de la violence intrinsèque créée par la maladie. La prise en charge de ces patients concerne le psychiatre et la psychanalyste. Elle nécessite plusieurs niveaux d’approche et la confrontation entre plusieurs modèles théoriques.

- In the case of brain-damaged patients, there is a convergence of biological, cognitive, psychic, and social aspects together with the intrinsic violence created by the illness. The treatment of these patients concerns both psychiatrist ans psychoanalyst. It requires several different approaches and the confrontation of several theoretical models.

Trouble neuro-comportemental, Psychopathologie des patients cérébrolésés, Traitement des séquelles des traumatismes crâniens graves, Neurobehavioural disorder, Psychopathology of brain-damaged patients, Treatment of after-effects of grave cranial traumatisms.

L’Information Psychiatrique 73 9 novembre 1997 905-910

L’aventure traumatique. - The trauma experience.

J-J. DUMOND, P. FAYOL.

Le service de psycho-rééducation créé à Limoges en 1978 prend en charge les traumatisés crâniens graves de l’éveil du coma à la réadaptation. Suivant les temps classiques de l’éveil, des rééducations, de la réinsertion, nous alimentons la discussion à partir de la clinique. Dans ce qui se montre, dans la spécificité psycho-organique des difficultés relationnelles et comportementales, dans les stratégies de soins et la question du désir du thérapeute, nous suggérons que le retour au sujet peut donner sens à cette expérience inénarrable.

- The psycho-rehabilitation ward created in Limoges en 1978 takes care of cases of grave cranial traumatism, from the moment of reawakening from the coma through the process of readaptation. We follow the classic time spans for this reawakening, rehabilitation and reintegration, filling out the discussion with clinical examples. What comes to light in the psycho-organic specificity of relational and behavioural difficulties, in the care strategies and the question of the desire of the therapist, lead us to suggest that a return to the subject can give a meaning to this incredible experience.

Traumatisme crânien grave, Eveil de coma, Rééducation, Réinsertion, Désir du thérapeute, Brain injury, Reawakening from coma, Rehabilitation, Reintegration, Desire of the therapist.

L’Information Psychiatrique 73 9 novembre 1997 911-914

Les ambiguïtés de la nosographie psychiatrique dans les troubles psychiques des traumatisés crâniens sévères. - The ambiguities of psychiatric nosography in psychic disorders stemming from grave cranial traumatism.

P. FAYOL, J-J. DUMOND.

L’étude de la place des traumatismes crâniens dans les classifications psychiatriques actuelles (DSM IV, CIM 10) révèle, au-delà de la pertinence des descriptions cliniques, l’absence d’un abord global des troubles présentés. Il s’ensuit une perte de la spécificité de ces troubles. Pour s’extraire de cette visée classificatrice réductrice, le psychiatre devra faire l’effort de s’appuyer sur les dimensions somatique, neuropsychologique et psychopathologique afin de saisir au mieux les enjeux des troubles psychiques des traumatisés crâniens sévères.

-A study of the place of cranial traumatisms in current psychiatric classifications (DSM IV, CIM 10) reveals, aside from pertinent clinical descriptions, the absence of a global approach to the disorders exhibited and the refore a loss of the specificity of theses disorders. In order to disengage himself from this simplistic system of classification, the psychiatrist should make the effort to base himself on somatic, neuropsychological and psychopathological dimensions in order to gain a fuller picture of the implications of psychic disorders experienced by patients having undergone severe cranial traumatisms.

Troubles psychiques, Traumatismes crâniens sévères, Nosographie, Mental disorders, Brain injury, Nosography.

L’Information Psychiatrique 73 9 novembre 1997 915-918

Syndromes frontaux. Limites et perspectives. -Frontal syndromes. Limits and perspectives.

D. LE GALL, M. FORGEAU.

Cet article aborde la question du syndrome frontal du point de vue cognitif et comportemental. La multiplicité des désordres liés aux lésions frontales (dorso-latérales ou médio-basales) est à l’origine de nombreuses procédures d’évaluation dont l’interprétation n’est pas toujours univoque. L’apport des modèles théoriques du fonctionnement frontal ne permet pas non plus de rendre compte de l’ensemble des observations cliniques. Ces données renforcent l’hypothèse d’un nécessaire fractionnement des fonctions frontales.

- This article tackles the question of the frontal syndrome from the cognitive and behavioural point of view. The multiplicity of disorders linked with frontal injuries (dorso-lateral or medio-basal) is at the origin of numerous evaluative procedures whose interpretation is not always unequivocal. The contribution made by theoretical models of frontal functionong does not allow us to account for all clinical observations either. These date reinforce the hypothesis of a necessary fractionation of frontal functions.

Fonctions exécutives, Mémoire, Troubles du comportement, Modèles cognitifs, Syndrome frontal, Executive functions, Memory, Behavioural disorders, Cognitive models, Frontal syndrome.

L’Information Psychiatrique 73 9 novembre 1997 919-923

La clinique psychanalytique peut-elle être interrogée chez un patient présentant un syndrome frontal ? - Can psychoanalysis be a help for patients exhibiting a frontal syndrome ?

J. BERGÈS.

La technique psychanalytique, dans la mesure où elle est régie par une technique d’écoute et non d’interrogation, de plus axée autour des réalités des formations de l’inconscient, peut-elle constituer un abord du syndrome frontal ? Un exemple clinique tente d’apporter une réponse à cette question.

- Can psychoanalytical technique constitute an approach to the frontal syndrome, in the sense that it is governed by listening rather than questioning techniques, and, furthermore, is based around the realities of the formations of the unconscious ? We attempt to answer this question by means of a clinical example.

Syndrome frontal, Clinique psychanalytique, Evaluation et écoute, Frontal syndrome, Psychoanalysis, Evaluation and listening.

L’Information Psychiatrique 73 9 novembre 1997 924-926

Subjectivité et lésions cérébrales. - Subjectivity and brain damage.

C. MORIN.
La question abordée ici est de savoir si et comment les lésions neurologiques peuvent spécifiquement interférer avec la structure subjective des patients. Les exemples cliniques présentés montrent que les effets subjectifs des lésions cérébrales ne se résument ni à des réactions psychologiques aux incapacités qu’elles entraînent, ni au dysfonctionnement de systèmes neuronaux contrôlant les relations du sujet avec son corps et le monde. On peut en effet les lire comme un questionnement sur l’identité du sujet et comme un ébranlement - et parfois une décomposition - de son monde, tel que celui-ci s’est construit lors de la phase du miroir.

- The question tackled here is that of knowing if and how neurological lesions can specifically interfere with the subjective structure of patients. The clinical examples presented show that the subjective effects of brain damage are not limited to psychological reactions to incapacities caused by this damage, nor to the dysfunctioning of neuronal systems controlling the relationship of the subject with his body and the world. One can in fact interpret them as a questioning of the identity of the subject and as a destabilization - and occasionally a decomposition - of his world as constructed at the time of the mirror.

Lésion cérébrale grave, Subjectivité, Identité, Grave brain damage, Subjectivity, Identity.

L’Information Psychiatrique 73 9 novembre 1997 927-929

Le patient et son entourage après la sortie des cliniques de réhabilitation. La place du psychiatre. - The patient and his immediate circle after leaving the rehabilitation clinic. The place of the psychiatrist.

P. CHRISTIE.

Les décompensations psychotiques font partie du tableau clinique qui fait suite à un traumatisme cérébral sévère. Elles en représentent une des graves complications. Pourtant, la faculté indemne du traumatisé à nouer des relations affectives solides permet et justifie une approche psychothérapique suivie ; celle-ci permet d’appréhender un monde désorganisé en voie de restructuration progressive. Le rôle du psychiatre pourrait être déterminant dans une véritable renaissance de l’être.

- Psychotic decompensations form part of the overall clinical picture following a severe cerebral traumatism. They represent one of the grave complications. Nevertheless, the patient’s undamaged faculty for building up solid affective relationships paves the way for and justifies a consistent psychotherapeutic approach which makes it possible to apprehend a disorganized world in progressive restructuration. The rôle of the psychiatrist could be decisive in a true personal reconnaissance.

Traumatisme cérébral, Décompensations psychotiques, Psychothérapie, Cerebral traumatism, Psychotic decompensations, Psychotherapy.

L ’Information Psychiatrique 73 9 novembre 1997 931-935

Syncopes inexpliquées présumées d’origine vagale. Relation avec les troubles psychiatriques. - Unexplained vasovagal syncope. Relationship to psychiatry illness.

P. BAUX, V. DUBREU, C. KOUACKAM, D. DUTOIT, M. GOUDEMAND, S. KACET.

Chez les patients ayant une syncope (S) sans cause apparente, une origine vasovagale est impliquée dans 10 à 30 % des cas. Ces S sont reproduisibles grâce au test d’inclinaison (TI). Afin d’évaluer l’impact des troubles psychiatriques sur les résultats du TI et le devenir des patients avec S inexpliquées, 178 patients ont été étudiés. Avant la réalisation du TI, les patients ont été classés selon la présence ou non de troubles psychiatriques, grâce à la réalisation d’un entretien psychiatrique structuré (CIDI). Nous avons mis en évidence l’existence de troubles anxieux chez 21 % de nos patients. Ceux-ci avaient des épisodes de S plus fréquents, mais des TI plus souvent négatifs. La variable « anxiété » a été identifiée comme le seul facteur prédictif de récidive de syncopes. Cette étude suggère que les patients souffrant de syncopes inexpliquées représentent une population hétérogène comprenant des états psychopathologiques particuliers qui méritent certainement une prise en charge spécifique.

- A vasovagal etiology is present in 10 to 30 % patients with unexplained syncope (S). The tilt test (TI) permits to reproduce this sort of syncope. Accessing the impact of psychiatry illness regarding the tilt test results and the outcome in patients with unexplained syncope, we prospectively studied 178 such patients. Patients were subjectively classified prior to TI, according to the presence or absence of features indicating a psychiatric illness, through psychiatry structured interview (CIDI). This study showed the presence of anxiety disorders in 38 patients. This patients had a history of more frequent S episodes, but a lower incidence of positive TI. Setpwise discriminant analysis identified the presence of anxety disorders as the only factor predicting S recurrences (p=0.001). This study suggests that patient with unexplained syncopes form a heterogenous population including particular psychopathology states that probably deserve specific management and therapy.

Anxiété, Syncope vasovagale, Test d’inclinaison, Anxiety disorders, Unexplained syncopes, Tilts test.

L ’Information Psychiatrique 73 9 novembre 1997 939-945