Interne des HP de la Seine (élève de P. Guiraud, A. Marie, Capgras et H. Claude). Chef de clinique des maladies mentales et de l'encéphale à laFaculté de Paris de 1931 à 1933.
Médecin chef de l'Hopital psychiatrique de Bonneval dans l'Eure et Loir,de 1933 à 1970, siège de colloques historiques, devenu depuis "HopitalHenri Ey" .
Il a dirigé la Société de l'Evolution psychiatrique, le Syndicat des psychiatres des hopitaux , l'Association mondiale de psychiatrie, la Bibliothèque Neuro-psychiatrique de langue française des Editions Desclée de Brouwer, mais aussi l'Amicale des catalans de Paris et le Club taurin de la capitale.
Engagé volontaire en 1944. Croix de guerre. Docteur Honoris causa des Universités de Montréal, Zurich, Homburg, Lima, Barcelone.
Quelques uns de ses thèmes et combats privilégiés :
Mais il lui a fallu d'abord lutter pour la séparation de la psychiatrie et de la neurologie : simple crise de croissance a posteriori, mais combat syndical redoutable sur le moment .
L'oeuvre écrite d'Henri Ey :
Il a manifesté précocement des dispositions à la théorisation. Sa théorie, c'est l'Organo-dynamisme. Elle soutient, entre autre, que le corps est toujours impliqué dans la maladie mentale, mais qu'on ne saurait faire dépendre directement et mécaniquement les symptomes des lésions organiques (notion d'"écart organo-clinique"). Qu'il faut accorder un rôle considérable à la dynamique des forces psychiques dans la "structure" : celles qui lui préexistent et celles qui, prenant appui sur ladésorganisation morbide, se coulent dans ce qu'il en restera de laréorganisation de l'être à un niveau inférieur.
Théorie toujours réfutable selon les principes Poppériens (et selon Ey lui-même), synthèse ambitieuse mais discutable, cadre de travail bien utile et selon certains de plus en plus indispensable dans le désarroi épistémique actuel, le morcellement des théories et des pratiques en médecine psychiatrique.
Son oeuvre scientifique et philosophique est immense. Il est devenu un grand classique, l'auteur du "trésor clinique" des Etudes psychiatriques (publiées chez Desclée de Brouwer entre 1948 et 1954) et du monumental Traité des hallucinations (Masson, 1973), peut-être bien "l'ouvrage psychiatrique du siècle".
Il fut le "maître visionnaire de la psychiatrie du XXèmesiècle"(C.J. Blanc). Moment de l'histoire des idées, mais déja patrimoine :ce patrimoine que veut conserver l'Association pour la Fondation H.EY.
Doit-on relire EY ? s'engager sur ses traces ? Y a-t-il à nouveauune actualité de l'oeuvre et de la pensée de H. Ey ?
Pour tous ces problèmes d'exercice, de coexistence, de cohérence, d'efficacité... Ey nous a fourni, moins une théorie ou pire un système, que des instruments de réflexion, des clés, une signalisation et des garde-fous. Il a pointé des directions, balisé des parcours. Il n'a obligé personne à le suivre, laissant à tous la plus entière liberté d'utiliser les instruments qu'il avait fourbis, les voies qu'il avait défrichées. Ennemi de tous les dogmatismes, il n'avait par ailleurs aucune propension pour le terrorisme du langage.
Le point de ralliement, c'est l'éthique : une manière d'appréhender le sujet malade dans son histoire (globalité, unité. Faire de la psychiatrie, être psychiatre... c'est se placer de ce point de vue "qui permet de saisir l'unité de cette diversité") et un devoir de se mettre à son service "en mettant en oeuvre le maximum de procédés thérapeutiques rationnels".