La chronobiologie est une discipline scientifique qui s'attache à la dimension temporelle des sciences de la vie, à l'étude des rythmes biologiques et de leurs anomalies. Son développement, depuis les années 1950, à la suite des travaux de Halberg aux Etats-Unis, de Aschoff en Allemagne et de Reinberg en France, trouve de nombreuses applications en éthologie animale, en physiologie, en médecine et, depuis une vingtaine d'années, en psychiatrie notamment en ce qui concerne les troubles de l'humeur.
Les fonctions physiologiques des êtres vivants varient de façon prévisible selon certaines périodes qui correspondent à une véritable "organisation temporelle interne". La synchronisation interne entre les différents rythmes biologiques permet une meilleure régulation du milieu intérieur ; leurs synchronisations externes avec l'environnement jouent un rôle important dans les phénomènes d'adaptation.
Une des fonctions majeures de l'organisation temporelle interne est de permettre la coordination des événements physiologiques de l'organisme et d'anticiper les modifications périodiques de l'environnement, tels que l'aube ou le crépuscule. C'est ainsi que chez l'homme, le pic, l'acrophase, de l'ACTH a lieu vers le milieu de la nuit précédant le pic de la température corporelle et du cortisol au voisinage de l'éveil, qui précèdent eux-mêmes le maximum de la vigilance et des performances ; c'est l'inverse chez les animaux à activité nocturne Depuis les travaux de Cannon sur la physiologie des émotions, et de Selye sur la réaction générale d'adaptation au stress, différents auteurs -tel Christian Poirel au Canada- ont démontré l'existence d'une périodicité circadienne de la réactivité émotionnelle, qui peut être corrélée aux variations temporelles des niveaux de vigilance et de l'activation centrale, et joue un rôle dans la modulation des réponses neuro-végétatives et comportementales. Il existerait ainsi chez les rongeurs des moments de moindre résistance qui peuvent se traduire par une plus grande susceptibilité aux ulcères gastriques et/ou à des crises convulsives... en réponse à des agressions stressantes.
Parallèlement aux différents niveaux de vigilance, les systèmes sympathiques et médulo-surrénaliens, les systèmes neuro-endocriniens dont, en particulier, l'axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien, et les neuro-transmetteurs cérébraux, présentent des variations temporelles qui interviennent dans la genèse et l'expression des émotions, ainsi que dans le domaine de la psycho-biologie du stress.
Chez l'homme, la réponse comportementale psycho-émotionnelle et neuro-biologique destinée à faire face à un agent stressant est très variable selon le type de stress, selon l'individu, sa personnalité, ses expériences antérieures et son apprentissage, ses capacités à contrôler la situation... Les pathologies secondaires au stress aigu et chronique sont diverses, anxiété réactionnelle et troubles de l'adaptation, état de stress post-traumatique, troubles névrotiques, maladies psychosomatiques, troubles dépressifs, qui peuvent être pris comme exemples de l'intérêt d'une approche chronobiologique.
En tenant compte des variations temporelles de la symptomatologie dépressive, de l'évolution périodique de certaines formes de la maladie, des modifications des rythmes de la température corporelle, de l'architecture du sommeil et des sécrétions neuro-endocriniennes qui y sont associées, la chronobiologie apporte une dimension temporelle à notre compréhension des mécanismes de régulation de l'humeur et tente d'y intégrer le rôle des facteurs environnementaux.
Dernière mise à jour : mercredi 27 octobre 1999 15:24:20 Dr Jean-Michel Thurin
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