LES MESURES BIOLOGIQUES DU STRESS

Pierre Mormède

Laboratoire de Neurogénétique et Stress, INSERM U471 - INRA - Université Victor Segalen - Bordeaux 2.

accès diapos

Le terme de stress recouvre un grand nombre de processus mis en jeu dans les situations qui exigent de l'individu une réponse d'adaptation. On y met généralement les opérations psychiques de nature émotionnelle, les expressions faciales correspondant à ces émotions, les réponses comportementales d'ajustement et les mécanismes biologiques. Parmi ces derniers, l'axe corticotrope et le système sympathique ont été les plus étudiés. Leur mise en jeu vise initialement à la mobilisation des ressources énergétiques de l'organisme, nécessaire à l'exécution des réponses comportementales d'adaptation. Cependant ces actions métaboliques ou certaines actions 'secondaires' de ces systèmes endocriniens (sur le système cardio-vasculaire, le système nerveux central ou le système immunitaire par exemple) peuvent se révéler délétères, en particulier dans les situations de stimulation répétée ou durable.

La mise en évidence des réponses aiguës de stress ne pose en général pas trop de problèmes. Le dosage des hormones dans divers fluides physiologiques, le sang, l'urine, la salive permet d'objectiver la libération des hormones impliquées (ACTH, corticostéroïdes, catécholamines). On pourra aussi mettre en évidence leurs effets physiologiques (hyperglycémie, augmentation des acides gras libres plasmatiques, variations de la fréquence cardiaque et de la pression artérielle, variations de la numération et de la formule leucocytaires, etc.).

Dans les situations de stress durable, ces réponses s'atténuent et il est bien difficile de faire la part des variations éventuellement induites par la situation stressante, de la variabilité spontanée (pulsatilité de la sécrétion, cyclicité circadienne, influence du statut métabolique) et des importantes différences individuelles. Les variations des concentrations circulantes font place à des différences plus structurelles qui peuvent se mettre en évidence au niveau tissulaire (activité des enzymes de synthèse des catécholamines, poids des surrénales) ou par des tests dynamiques de stimulation (ACTH ou CRF), ou d'inhibition (dexaméthasone). Ces approches restent difficiles dans l'espèce humaine et l'interprétation des résultats est hasardeuse si on ne dispose pas d'études longitudinales chez le même individu.

Des études systématiques mettant en oeuvre des mesures moins variables dans le temps, comme les concentrations urinaires de glucocorticoïdes et catécholamines, combinées avec des approches psychologiques, devraient nous permettre de faire la part des variations physiologiques individuelles, de l'influence des facteurs d'environnement et de celle des états émotionnels.


Dernière mise à jour : mercredi 27 octobre 1999 15:24:20

Dr Jean-Michel Thurin


Accueil
Stress Immunité