I. A quelle tranche dâge sappliquent les recommandations ?
II. Repères épidémiologiques
*II.1. Les suicides *
II.2. Les tentatives de suicide
*II.3. Lévolution après TS
*III. Facteurs favorisant les tentatives de suicide chez ladolescent
*III.1. Spécificités du geste suicidaire à ladolescence
*III.2. Comment expliquer la fréquence des tentatives de suicide à ladolescence ?
*III.2.1. Le contexte de ladolescence
*III.2.2. Les facteurs favorisant lacte suicidaire
*IV. La prise en charge hospitalière des adolescents suicidants
*IV.1. Pourquoi recourir à lhôpital ?
*IV.2. Les objectifs de la prise en charge
*IV.3. Les modalités de la prise en charge hospitalière
*IV.3.1. Où sont actuellement hospitalisés les adolescents ?
*IV.3.2. Les intervenants
*IV.3.3. Cas particulier de lhospitalisation sans consentement
*IV.4. Les différents temps et domaines de la prise en charge
*IV.4.1. Ladmission aux urgences hospitalières
*IV.4.2. Lexamen somatique
*IV.5. Lévaluation psychologique
*IV.5.1. Où la débuter ?
*IV.5.2. Qui doit la réaliser ?
*IV.5.3. Que chercher chez le suicidant ?
*IV.5.4. Évaluation de la famille et de lentourage
*IV.5.5. Évaluation sociale
*V. La prise en charge après les urgences hospitalières
*V.1. La poursuite de lhospitalisation
*V.1.1. Quand faut-il hospitaliser ?
*V.1.2. Quel est le bénéfice de lhospitalisation ?
*V.1.3. Quelles sont les modalités de lhospitalisation ?
*V.2. Le suivi ambulatoire intensif
*V.3. Les liaisons à établir
*V.3.1. La famille et lentourage
*V.3.2. Les intervenants du domaine médical
*V.3.3. Les autres intervenants
*VI. Le suivi ultérieur
*VI.1. La préparation de la sortie de lhôpital et des liaisons à l'extérieur
*VI.1.1. Le choix des intervenants
*VI.1.2. Lorganisation des rendez-vous de consultation
*VI.1.3. La possibilité dune nouvelle prise en charge immédiate
*VI.1.4. La sensibilisation des équipes hospitalières
*VI.2. Modalités pratiques
*VI.2.1. Nombre et rythme des consultations
*VI.2.2. Le rappel des rendez-vous.
*VI.2.3. Les interventions psychosociales.
*VI.2.4. Les interventions psychothérapiques.
*VI.2.5. Les traitements médicamenteux.
*VII. Conclusion
*Annexe 1 : Parametres reperes par lechelle dintentionalite suicidaire de Beck (49)
*Références
*
I. A QUELLES TRANCHES D'AGE S'APPLIQUENT LES RECOMMANDATIONS ?
Il nest pas aisé de délimiter ladolescence dans le temps. Dun point de vue strictement somatique, cest une période débutant à la puberté, dâge variable selon les individus, plus précoce chez les filles, et se terminant à la fin de la croissance. La fin de ladolescence est souvent arbitrairement fixée à lâge de la majorité civile, ce qui varie avec les lois nationales et leur évolution. Sur le plan psychologique, ladolescence est considérée comme une période psychologiquement dynamique dont les limites ne peuvent pas être uniquement déterminées par des critères morphologiques ou des aspects légaux. Les études épidémiologiques concernant le suicide, en particulier françaises, considèrent souvent la tranche dâge 15-24 ans. Cependant, les conduites suicidaires existent avant lâge de 15 ans. La limite supérieure tardive peut se justifier par lobservation très fréquente de comportements, de modes de relation, de traits psychologiques propres à ladolescence, qui perdurent bien après lâge de la majorité civile.
La réglementation de lhospitalisation en France introduit une séparation entre les services de pédiatrie, prenant en charge les jeunes de moins de 15 ans et 3 mois (mais accueillant souvent dans la pratique des sujets un peu plus âgés) et les services dadultes prenant en charge les jeunes à partir de cet âge. Les services de psychiatrie dadultes fixent en général leur limite inférieure dintervention à 16 ans, avec une application assez stricte. Les services de psychiatrie infanto-juvénile accueillent parfois des adolescents de plus de 16 ans, mais les places sont limitées en nombre et sont rarement disponibles pour des admissions en urgence. Ces règles et les disponibilités en lits dhospitalisation sont susceptibles dinfluer sur les modalités organisationnelles de la prise en charge hospitalière des adolescents suicidants en France, et créent une distinction entre les classes dâge non justifiée au plan médical et psychologique.
Tenant compte de ces différents éléments, le groupe de travail a retenu que les recommandations sappliquaient aux adolescents et aux jeunes suicidants de 11 à 20 ans, mais pouvaient être étendues jusque vers 25 ans.
Les conduites suicidaires sont un grave problème de santé publique en France. La France fait partie des pays occidentaux à forte mortalité par suicide, avec 11 300 décès en 1996 (soit 19 pour 100 000 habitants) toutes tranches dâge confondues (1). Le suicide devance ainsi les accidents de la circulation pour le nombre de décès annuels.
Même si le nombre des suicides chez les 15-24 ans est très inférieur à celui des suicides dans les classes dâge plus élevées (en 1993, il représente 7,9 % de lensemble des suicides, 9 % des suicides chez les hommes et 6 % des suicides chez les femmes), les adolescents et les jeunes adultes dans cette tranche dâge sont particulièrement touchés (tableau 1). Le suicide représente chez eux la deuxième cause de mortalité après les accidents (respectivement 16 % et 48,6 % des décès en 1993, alors que le suicide nétait responsable que de 2 % des décès de lensemble de la population tous âges confondus).
Tableau 1. Taux de suicide pour 100 000 habitants en France (1).
Tous âges confondus |
15-24 ans |
25-44 ans |
45-74 ans |
75 ans et plus |
|
Sexe Masculin 1950-51 1973-75 1982-84 1988-90 1991-93 1994-96 |
26,6 25,0 32,6 30,2 30,0 29,2 |
6,5 11,5 16,1 14,5 15,4 14,5 |
19,4 21,8 34,6 34,6 36,7 37,1 |
49,7 42,0 48,1 42,2 40,8 39,7 |
94,5 83,5 116,7 109,4 100,2 91,1 |
Sexe Féminin 1950-51 1973-75 1982-84 1988-90 1991-93 1994-96 |
7,1 8,7 11,5 10,8 10,4 9,8 |
2,7 4,7 4,9 4,4 4,4 4,3 |
5,2 7,8 11,9 10,8 11,2 10,7 |
13,9 15,3 19,3 18,7 17,2 16,3 |
17,9 19,9 28,9 25,6 25,2 20,9 |
En 1993 en France, 13 000 enfants et jeunes de moins de 25 ans sont morts (2) (soit une mortalité de 66,3/100 000, très inférieure à celle de lensemble de la population, qui est supérieure à 900/100 000). Huit de ces décès sur 10 concernent deux tranches dâge : les moins de 1 an (35,4 %) et surtout les adolescents et adultes jeunes de 15-24 ans (46,4 %, sex ratio = 2,3). Dans la classe dâge 15-24 ans, les morts violentes de nature accidentelle au sens large représentent 70,5 % des causes de décès, 74,5 % des décès chez les garçons et 59,1 % chez les filles (tableau 2). Parmi les morts violentes, les accidents (essentiellement de la circulation) viennent en tête et représentent près de la moitié des décès, principalement chez les garçons (78,2 % des décès par accidents) comparativement aux filles (21,8 % des décès par accidents). Le suicide est la deuxième cause de mortalité (16 % des décès), touchant là encore majoritairement les garçons (78 % des décès par suicide).
Tableau 2. Mortalité des 15-24 ans. Données françaises de lINSERM en 1993
Sexe Masculin |
Sexe Féminin |
Total |
|
Population |
4 162 000 |
4 020 000 |
8 182 000 |
Décès toutes causes |
4 465 (107,3 pour 100 000) |
1 562 (38,9 pour 100 000) |
6 027 (73,6 pour 100 000) |
Morts violentes Accidents Suicides Homicides Autres |
3 328 (74,5 %)* 2 292 (51,3 %) 756 (16,8 %) 58 (1,3 %) 222 (4,9 %) |
924 (59,1 %) 641 (41 %) 210 ( 13,4 %) 21 (1,3 %) 52 (3,3 %) |
4 252 (70,5 %) 2 933 (48,6 %) 966 (16 %) 79 (1.3 %) 274 (4,5 %) |
Décès par maladie |
993 (22,2 %) |
534 (34,2 %) |
1 527 (25,3 %) |
Autres causes |
144 |
104 |
248 |
* % par rapport au total des décès
La mortalité des 15-24 ans a nettement diminué depuis le début des années 80. Cette diminution sexplique essentiellement par la baisse de la mortalité par accidents, surtout pour les sujets de sexe masculin. Le nombre de décès par suicide durant la même période reste une réalité préoccupante (tableau 1), soulignée dans le rapport de la Conférence Nationale de Santé de 1997 (3). Sur la période 1991-1993, on a observé une hausse du nombre des suicides dans la tranche dâge15-24 ans, exclusivement parmi les garçons (mortalité par suicide : 15,4 pour 100 000 chez les sujets de sexe masculin, contre 4,4 pour 100 000 chez les sujets de sexe féminin), et principalement dans la tranche dâge 20-24 ans. Sur la période 1994-1996, le nombre des suicides apparaît en diminution (966 suicides recensés en 1993 sur 6 027 décès entre 15 et 24 ans ; 803 en 1995 sur 5324 décès). Le nombre de suicides est plus faible chez les adolescents de 15-19 ans que chez les jeunes de 20-24 ans (environ 3 fois plus de suicides pour 100 000 dans cette dernière tranche dâge).
Les suicides sont beaucoup plus rares entre 10 et 14 ans. En 1995, sur 672 décès, 28 (4,2 %) étaient des suicides. La majorité (22 sur 28) a été observée chez des garçons, soit un taux
de 1,1 pour 100 000 contre 0,3 pour les filles (4).
Toutes ces données sont établies à partir des certificats de décès, déclarant le suicide comme cause principale du décès. Mais on considère quil y a, en France, une sous-estimation denviron 20 % du nombre des suicides (5). Pour lannée 1993, le rapport des causes médicales de décès établit que 262 garçons et 71 filles âgés de moins de 25 ans sont décédés par " traumatisme et empoisonnements causés dune manière indéterminée quant à lintention ", et 519 garçons et 176 filles sont décédés par " accidents non précisés " ou de " causes inconnues ou non déclarées ". Ce sont ces résultats qui laissent à penser quil existe une sous-estimation des suicides chez les 15-24 ans.
Les suicides sont réalisés le plus souvent par des moyens violents (4, 6), principalement par armes à feu et par pendaison, en particulier chez les garçons (Tableau 3).
Tableau 3.
Mode de suicide chez les 15-24 ans en France en 1995 (4)
Sexe Masculin (622 suicides) |
Sexe Féminin (181 suicides) |
Total (803 suicides) |
|
Pendaison |
38,7 % |
27,1 % |
36,1 % |
Usage darmes à feu |
35,0 % |
14,9 % |
30,5 % |
Intoxication |
7,2 % |
26 % |
11,5 % |
Saut dun lieu élevé |
7,6 % |
18,8 % |
10,1 % |
Noyade |
2,3 % |
2,2 % |
2,2 % |
Usage dinstrument tranchant |
0,8 % |
0,6 % |
0,7 % |
Autres modes |
8,4 % |
10,0 % |
8,8 % |
Toutes les caractéristiques épidémiologiques ci-dessus ne sont pas propres à la France, mais sont retrouvées dans dautres pays occidentaux (7-11).
Une comorbidité psychiatrique, à type de dépression majeure, psychose, troubles de la personnalité (état limite ou psychopathie), est retrouvée chez 60 à 90 % des suicidés, alors que la prévalence nest estimée quentre 10 et 30 % chez les suicidants (5-6, 12-13). Les deux tiers des suicidés nont bénéficié daucune prise en charge psychologique avant leur suicide (14).
II.2 Les tentatives de suicide
Les tentatives de suicide (TS) dans la tranche dâge 15-24 ans sont estimées être environ
30 à 60 fois plus fréquentes que les suicides (5-6, 9). Des chiffres de 120 000 à 140 000 TS, dont 40 000 chez des jeunes de moins de 25 ans, sont habituellement retenus (5). On enregistre 22 TS pour un suicide chez les garçons et 160 TS pour un suicide chez les
filles (6).
En 1993, une étude française (2) sur 12 391 adolescents scolarisés, âgés de 11 à 19 ans, a mis en évidence que 6,5 % dentre eux (8 % de filles et 5 % de garçons) avaient fait une TS. Parmi eux, un quart avait fait plusieurs TS. Seulement 20 % de ces suicidants avaient été hospitalisés. Dans une étude effectuée aux Pays-Bas, Kienhorst, chez 9 393 adolescents scolarisés, âgés de 14 à 20 ans, a retrouvé un antécédent de TS chez 2,2 % dentre eux (15). En Suisse, une étude similaire réalisée en 1992-93 chez 9 268 adolescents de 15 à 20 ans a montré que 26 % avaient des idées suicidaires, 15 % avaient préparé une TS et 3 % avaient effectué une TS ; 39 % seulement des suicidants avaient parlé de leur TS à leur
entourage (16).
A linverse des suicides, les TS sont majoritairement observées chez les filles (en moyenne 75 % de filles et 25 % de garçons) (4, 5).
Pour les TS, les moyens les plus employés sont les médicaments (80 à 90 % des cas), notamment les dérivés du paracetamol et les psychotropes, et les phlébotomies (environ 10 %) (6, 12-13, 17). Une prise dalcool associée est observée dans environ 25 %
des cas (5, 13).
Les adolescents suicidants consultent plus souvent les professionnels de santé que les non-suicidants, en priorité un médecin généraliste ou une infirmière scolaire (2).
Le rapport idées de suicide/TS se situe autour de 4 en France (2). Entre 11 et 19 ans, ce rapport augmente chez les garçons, alors quil diminue chez les filles (tableau 4). La chronicité des idées suicidaires est un facteur de risque de passage à lacte : 8 % des garçons et 13 % des filles pensent souvent au suicide, et 41 % de ce groupe ont déjà fait une TS, alors que 1 % seulement de ceux qui nont jamais eu didées suicidaires a réalisé une TS (2, 18).
Tableau 4.
Pourcentage dadolescents rapportant des conduites suicidaires en France (2)
Garçons |
Filles |
||||||||
< 13 ans |
14-15 ans |
16-17 ans |
³ 18 ans |
< 13 ans |
14-15 ans |
16-17 ans |
³ 18 ans |
||
Ont des idées suicidaires |
16 |
17 |
22 |
25 (p<0,001) |
16 |
29 |
33 |
36 (p<0,001) |
|
Ont fait une TS |
6 |
5 |
4 |
5 (ns) |
4 |
8 |
9 |
12 (p<0,001) |
|
Rapport Idées suicidaires/TS |
2,7 |
3,4 |
5,5 |
5,0 |
4,0 |
3,6 |
3,7 |
3,0 |
II.3 Lévolution après TS
Les TS doivent focaliser sur elles une grande partie du travail de prévention du suicide (prévention tertiaire). En effet, le taux de récidives après TS varie entre 10 et 40 % (2, 12, 13, 15, 17, 19-22). Les récidives surviennent dans 50 à 66 % des cas dans lannée qui suit la TS, dautant plus fréquemment lorsque le suicidant est plus jeune (5), avec un risque maximal dans les six premiers mois (5, 23-24) et souvent avec une escalade dans les moyens employés.
Le risque de décès par mort violente est également très élevé. Un suivi de cohorte dadolescents suicidants sur cinq ans a montré que le taux annuel de décès par mort violente ou suicide était multiplié par 20 par rapport à une population de non suicidants du même âge (23, 24). Dans une cohorte française de 265 suicidants (19), âgés de 12 à 22 ans, le devenir de 127 a pu être évalué après en moyenne 11,5 ans. Parmi eux, 15 étaient décédés, dont 5 de suicide et 9 dautres causes de mort violente. La répétition des gestes suicidaires est souvent associée à une mauvaise adaptation psychosociale ultérieure (19, 20, 25).
Après une TS, la fréquence des récidives et des décès par suicide ou par dautres formes de mort violente doivent amener à considérer quun acte suicidaire chez un adolescent nest jamais une conduite anodine, à banaliser et à mettre sur le compte dune " crise dadolescence ".
III. FACTEURS FAVORISANT LES TENTATIVES DE SUICIDE CHEZ L'ADOLESCENT
III. 1 Spécificités du geste suicidaire à ladolescence
Ladolescence est une période charnière faite de nombreux processus de maturation et de mutation, tant physiques que psychiques, qui saccompagnent nécessairement de remaniements dans les relations sociales et familiales du sujet et dans ses investissements. Cet âge de transition peut être particulièrement propice chez certains à léclosion de difficultés psychologiques, voire de pathologies mentales. On observe fréquemment une imprévisibilité ou une impulsivité des conduites, une tendance préférentielle à lagir et à utiliser le corps comme moyen dexpression des difficultés, au travers des comportements à risque, des plaintes somatiques ou par une attaque du corps lui-même.
Le comportement suicidaire nest pas forcément rattaché à une pathologie sous-jacente. Il soumet ladolescent à un risque vital, dautant plus intolérable quil ne traduit pas souvent un désir affirmé de mort. Il résulte le plus souvent dune souffrance psychologique, quil faut reconnaître et prendre en charge pour en prévenir la récidive et les répercussions affectives, familiales, scolaires ou professionnelles, qui peuvent être graves.
III.2 Comment expliquer la fréquence des tentatives de suicide à ladolescence ?
III.2.1 Le contexte de ladolescence
Des traits généraux, personnels ou socio-familiaux sont observés chez de nombreux adolescents en difficulté (6, 12, 26, 27). Il peut sagir, selon les cas :
III.2.2 Les facteurs favorisant lacte suicidaire
Des études réalisées sur des séries dadolescents suicidés (par la technique dite des " autopsies psychologiques ") ou suicidants hospitalisés mettent en évidence des caractéristiques sociales, biographiques, comportementales ou pathologiques, et des facteurs de risque. Cependant, aucun des facteurs identifiés ne peut être suffisant à lui seul pour expliquer une TS (6). On relève entre autres :
IV. LA PRISE EN CHARGE HOSPITALIERE DES ADOLESCENTS SUICIDANTS
IV.1 Pourquoi recourir à lhôpital ?
Les données résultant du suivi de populations dadolescents suicidants, en particulier le risque clairement établi de récidive, conduisent à considérer quune TS ne doit jamais être banalisée, si minime soit-elle dans ses conséquences somatiques apparentes.
Il ny a pas de parallélisme entre la gravité psychologique dun geste suicidaire et les moyens utilisés (6). Ainsi, de nombreuses intoxications médicamenteuses ou phlébotomies aux conséquences somatiques bénignes sont sous-tendues par une vraie détermination suicidaire qui peut perdurer et favoriser lusage de moyens plus dangereux pouvant aboutir au suicide (23). A linverse, des TS provoquées par une situation de crise mineure peuvent avoir été réalisées avec des médicaments exposant à un risque vital immédiat ou différé sans rapport avec un désir avéré de mort.
Dans tous les cas de TS, il est nécessaire que soit effectuée sans délai une triple évaluation somatique, psychologique et sociale. Cette triple évaluation demande des compétences, du temps et des moyens adéquats, qui rendent nécessaire une admission dans un premier temps au service des urgences dun hôpital.
Pommereau rapporte que, parmi les suicidants hospitalisés dans une unité médico-psychologique pour adolescents à Bordeaux, 75 % de ceux qui avaient récidivé dans les trois mois navaient pas fait lobjet dune hospitalisation lors de leur précédente TS (5).
Ce recours à lhôpital ne devrait pas être différé dans le temps, au risque de décalage entre le moment de la crise et la réponse qui y est apportée, daggravation de létat somatique en cas de sous-estimation des risques encourus, et de récidive à court terme. Le risque de récidive suicidaire est le principal motif dhospitalisation invoqué par les médecins généralistes appelés en urgence au domicile dun suicidant tout âge confondu (35).
En labsence détude, il nest pas possible de définir pourquoi une majorité de TS nest pas adressée aux urgences hospitalières (ce qui représente 80 % des adolescents suicidants en France dans lenquête réalisée par M. Choquet (2) en 1994). Le refus du patient serait une cause relativement peu fréquente, comptant pour 15 % des cas dans une enquête française récente réalisée chez des suicidants de tout âge (35). Il nexiste pas détude sur le devenir immédiat et à long terme des suicidants non adressés à lhôpital comparé à celui des suicidants adressés à lhôpital. En particulier, il nest pas possible de savoir si les premiers représentent un sous-groupe à plus faible risque, qui pourrait justifier une évaluation et une prise en charge différentes des autres suicidants.
Des alternatives aux urgences hospitalières (centres de crise ambulatoires spécialisés, par exemple) sont possibles (36), mais on ne dispose pas, sur le thème de la prise en charge des suicidants, détude comparant le recours à lhôpital et la prise en charge demblée dans un centre de crise ambulatoire. Lintérêt du centre de crise a été mis en évidence en cas de dépression (37).
Il existe un accord professionnel pour recommander dadresser systématiquement les suicidants aux urgences hospitalières pour mettre en route de la triple évaluation somatique, psychologique et sociale, et le début des soins (sauf cas particulier, et en pratique rare, où il existe un réseau dintervenants extrahospitaliers préexistant, bien identifié, structuré, immédiatement mobilisable, habitué à prendre en charge des adolescents et capable dassurer la prise en charge et lévaluation).
IV. 2 Les objectifs de la prise en charge
Il existe un accord professionnel pour considérer que la prise en charge hospitalière doit permettre :
A ces différents temps, il est nécessaire détablir des contacts souples et modulables avec ladolescent et sa famille. Le patient doit pouvoir trouver des lieux de soins assurant la confidentialité, lui permettant daborder ses problèmes de façon concrète en tête-à-tête avec des intervenants disponibles et formés dans ce domaine.
IV.3 Les modalités de la prise en charge hospitalière
IV.3.1 Où sont actuellement hospitalisés les adolescents ?
Les possibilités de prise en charge et de soins sont le plus souvent tributaires de contraintes organisationnelles : diversité des structures hospitalières susceptibles de prendre en charge les patients (CHU, CHG, CHS, établissements de soins) et des services durgence (pédiatriques et pour adultes ; générales ou psychiatriques), éloignement ou parfois inadaptation des structures (38). Tout cela est de nature à induire une hétérogénéité dans la prise en charge des adolescents suicidants en France.
Les modalités dhospitalisation des adolescents en France ont récemment fait lobjet de deux rapports, mettant en évidence la nécessité mais aussi la rareté de lieux adaptés, voire spécifiques à cette tranche dâge (38, 39). Il nexiste à ce jour en France que très peu dunités hospitalières spécifiques pour adolescents, et encore moins pour adolescents suicidants. Seulement 10 % des services de pédiatrie disposent de lits spécifiques pour adolescents. Ailleurs, ce sont des services de psychiatrie infanto-juvénile, durgences psychiatriques et de crise, qui gèrent ces problèmes et ont proposé des aménagements pour laccueil des adolescents. Dans certains sites, la spécificité de la prise en charge est apportée par une équipe multidisciplinaire mobile qui assure la continuité des soins à défaut de structure dédiée. La répartition sur le territoire de ces derniers dispositifs est connue de façon imparfaite.
Plusieurs auteurs (31, 40-42) pensent que ladmission des adolescents suicidants dans des services de psychiatrie non spécialisés dans la prise en charge de ces conduites devrait être réservée uniquement à ceux présentant des décompensations psychiatriques patentes, dépressives ou psychotiques, ce qui représente une faible proportion de lensemble des sujets (environ 10 %). Cet avis doit être nuancé par le fait que certaines structures psychiatriques ont créé des unités plus particulièrement adaptées à la prise en charge des adolescents, et fonctionnent parfois sur un mode intersectoriel.
Il ny a pas à ce jour détude disponible comparant le devenir des adolescents suicidants en fonction du type de lunité dans laquelle ils ont été pris en charge.
Il y a un accord professionnel pour considérer que la prise en charge des adolescents suicidants doit reposer autant que possible sur des principes fondamentaux de cadre thérapeutique, de travail en équipe, de recherche de continuité des soins et dadaptation individuelle de la prise en charge. Elle devrait être au mieux assurée par une équipe pluridisciplinaire (médecins somaticiens, psychiatres, psychologues, infirmières, assistantes sociales, etc.) particulièrement sensibilisée, formée et motivée pour les soins aux jeunes suicidants.
De nombreux programmes de formation des soignants hospitaliers incluent désormais des modules axés sur les urgences psychiatriques et le suicide. Limpact de programmes d'entraînement du personnel à un meilleur accueil des adolescents suicidants, conjointement à une action de sensibilisation de lentourage, peut améliorer ladhésion ultérieure des patients au suivi proposé (43).
Un climat dempathie, de proximité relationnelle, de confidentialité est à favoriser et doit être ressenti par ladolescent. Les infirmières, en raison de leur proximité permanente des patients, jouent souvent un rôle important dans lalliance thérapeutique avec le suicidant.
Léquipe hospitalière doit être clairement identifiée dans les établissements et être connue des praticiens de ville pour cette compétence. Les équipes concernées, soumises à un travail qui peut être éprouvant et qui doit faire lobjet dévaluations, doivent pouvoir bénéficier dun soutien qui peut sorganiser autour de réunions institutionnelles, daide extérieure éventuelle à la gestion des crises internes, de réunions de synthèse.
IV.3.3 Cas particulier de lhospitalisation sans consentement
En cas de nécessité dhospitalisation sans consentement pour un mineur, ce sont les parents ou le tuteur légal qui ont autorité, sauf dans les cas où le Procureur de la République a prononcé une ordonnance de placement provisoire (OPP). Dans les cas où le médecin est confronté à une situation particulièrement à risque, et en particulier lorsque les parents ou le tuteur de ladolescent sopposent aux soins proposés, il peut contacter le Procureur de la République pour linformer de ses craintes et solliciter son concours. Celui-ci peut alors prononcer une OPP. Après lâge de la majorité civile, ce sont les règles de lhospitalisation à la demande dun tiers ou doffice qui sappliquent dans les cas où le sujet nest pas en mesure de consentir aux soins, avec une prise en charge obligatoire par un service de psychiatrie.
IV.4 Les différents temps et domaines de la prise en charge
Plusieurs étapes dans les soins peuvent être individualisées, certaines dentre elles pouvant se chevaucher dans le temps.
IV.4.1 Ladmission aux urgences hospitalières
Ladmission aux urgences hospitalières doit être perçue comme le point de départ dune réponse globale à la souffrance de ladolescent. Elle se fera aux urgences pédiatriques ou générales selon lâge du patient. Lobjectif de cette admission est dabord dévaluer la gravité somatique immédiate et différée du geste suicidaire et de la traiter (40, 44, 45). Mais le travail réalisé aux urgences ne peut pas se limiter à cet aspect de réparation immédiate. Lexpérience montre quil est important que le cadre de lhospitalisation et les soins ultérieurs qui vont être réalisés soient présentés au patient dès la phase précoce de la prise en charge, dès que son état somatique et sa vigilance le permettent.
Il permet dévaluer les conséquences du geste suicidaire et a par ailleurs une valeur symbolique. Il donne sa dimension au geste suicidaire et démontre son caractère non anodin. Il permet dapprocher indirectement les difficultés psychologiques, car cest par leur corps que les suicidants ont exprimé leur mal-être, et il ne peut donc pas se résumer à un examen clinique succinct et standardisé. Il est souhaitable que le premier examen soit effectué par un médecin formé à la prise en charge de cette situation. Cet examen doit porter sur les conséquences physiques immédiates et prévisibles en rapport avec le moyen de suicide reconnu ou suspecté, mais aussi sur létat général du sujet et les comorbidités existantes. Il est souvent utile que lexamen somatique soit renouvelé et complété ultérieurement, pour mesurer dautres paramètres de santé (encadré 1).
Encadré 1. -
Indicateurs de santé à repérer par lexamen somatique et les entretiens- Impact du moyen suicidaire sur léquilibre ou lintégrité physique
- Etat général, nutritionnel, staturo-pondéral, développement pubertaire et image perçue du corps
- Hygiène de vie : sommeil, alimentation, prise de médicaments, investissement physique (sport)
- Prise de toxiques : alcool, drogues, abus de tabac
- Développement pubertaire et vie sexuelle, contraception, prévention des maladies sexuellement transmissibles
- Tout élément de préoccupation pour le patient
Il ne faut pas hésiter à mettre à profit cette évaluation pour proposer le cas échéant un test de grossesse ou un dépistage de maladies sexuellement transmissibles. Ainsi, les données de la littérature (40, 42, 45) et le groupe de travail insistent sur lintérêt dune approche somatique qui dépasse la seule enquête toxicologique ou la suture dune phlébotomie. Il est démontré que les adolescents suicidants ont un nombre plus élevé de pathologies somatiques chroniques comparativement aux non suicidants du même âge. Elles peuvent passer inaperçues si elles ne sont pas recherchées systématiquement (28, 30).
IV.5 Lévaluation psychologique
Elle doit être la plus précoce possible, en général dans les 24 heures qui suivent ladmission, sous réserve dun état de vigilance compatible avec lentretien. La pratique montre aussi que certains suicidants, notamment après intoxication médicamenteuse, peuvent présenter à leur réveil une brève période deuphorie ou de sérénité apparente qui peut fausser les résultats de lévaluation initiale et qui rend nécessaire sa répétition.
Des enquêtes (22, 44, 46, 47) ont montré quenviron 20 % des jeunes suicidants quittaient lhôpital à partir des urgences sans avoir rencontré un psychiatre ou un psychologue et sans aucun projet de suivi. Cette situation doit être absolument évitée.
Lévaluation psychologique requiert lintervention dun psychiatre. Une étude réalisée à Oxford (13) a montré un taux de récidive dans lannée suivant la TS significativement plus élevé chez les adolescents suicidants qui n'avaient pas été évalués par une équipe de psychiatrie lors de leur passage aux urgences comparativement à ceux qui lavaient été
(13,6 % contre 8,3 %, p<0,05). Brent a observé dans une population dadolescents suicidés que les deux tiers dentre eux navaient bénéficié daucune prise en charge psychologique lors de leurs précédentes TS (14).
Le psychiatre doit expliquer au suicidant lobjet des soins qui vont suivre et leurs conditions de réalisation. Il parait utile, dans la mesure du possible, que ce premier intervenant ait une fonction de " référent " ou en désigne un. On qualifie généralement de " référent " un membre de léquipe qui, pour un patient donné, est un interlocuteur privilégié, facilement accessible, recueillant le maximum dinformations le concernant et sassurant de la bonne diffusion de ces dernières, jouant ainsi un rôle de coordination des soins. A cet effet, certains services durgence ont dans leur effectif une infirmière ayant une bonne expérience en psychiatrie qui peut faciliter la prise en charge psychologique, améliorer les liaisons, et éventuellement avoir un rôle de " référent ".
IV.5.3 Que chercher chez le suicidant ?
Lentretien initial quil mène vise à une prise de contact avec le suicidant, un recueil des premières plaintes psychiques, la recherche du contexte et des facteurs en présence dans la crise actuelle. Il est généralement impossible de recueillir tous les éléments lors de lentretien initial, parce que les suicidants vus aux urgences verbalisent souvent peu ou minimisent limportance de leurs problèmes ; ils peuvent être sous leffet de médicaments sédatifs ou sont réticents à répondre à des questions quils peuvent juger trop intrusives. En fonction de létat du suicidant, il faut recueillir progressivement au minimum un certain nombre de données concernant le geste et le risque suicidaire, les fondements de la crise actuelle, létat psychologique du patient, les relations avec lentourage (Encadré 2). Cela nécessite fréquemment plusieurs entretiens, aux urgences et ultérieurement.
Encadré 2. -
Éléments à rechercher chez ladolescent suicidant
Conditions de réalisation de la TS |
- modalités de la TS : moyen employé et connaissance supposée de sa dangerosité, désir dêtre découvert ou non, annonce préalable à lentourage. - but du geste suicidaire : désir de mort, dalerte, de fuite, de pression sur lentourage, etc. - facteurs précipitants : facteurs de stress durables et aigus, conflits interpersonnels - degré de préméditation ou dimpulsivité - idées suicidaires passées et actuelles |
Santé mentale |
- prise de drogues, abus dalcool, abus de tabac - états dépressifs, troubles des conduites, troubles psychotiques - antécédents personnels et familiaux de prise en charge psychiatrique, adhésion aux suivis proposés, prise de médicaments psychotropes - antécédents de TS : modalités et facteurs déclenchants, prises en charge antérieures - TS dans la famille, lentourage, annonce de TS dans les médias |
Mode de vie et insertion sociale |
- situation familiale et scolaire - étayage possible dans lentourage en cas de crise - prises de risque : activités ou sports dangereux, relations sexuelles non protégées, comportements violents - projets scolaires, professionnels, relationnels - degré et désir dautonomie et de liberté |
Éléments biographiques |
- Ruptures affectives - Antécédents de fugues - Antécédents de violences physiques ou sexuelles subies - Grossesse, IVG |
Tout particulièrement, il faut rechercher les facteurs de risque de récidive à court terme retrouvés par les études épidémiologiques, en particulier :
Encadré 3. -
Signes évocateurs de dépression chez ladolescent- état de morosité, questionnements fréquents sur le sens de lexistence ;
- humeur particulièrement variable, déstabilisée par des événements mineurs ;
- ennui global avec attitude de désintérêt pour la plupart des activités et des contacts sociaux, attitude passive ;
- perte despoir, découragement ;
- faible capacité à éprouver du plaisir avec les autres ;
- mécontentement ou dépit en réponse aux aides proposées ;
- sentiment dêtre rejeté et mal-aimé ;
- perte de lestime de soi, sentiment dinutilité.
Des échelles dévaluation du risque sont utilisées en recherche épidémiologique, mais leur apport à la pratique clinique est sujet à controverse en raison de nombreux défauts relevés : absence fréquente de validation française, non-adaptation de certaines échelles à ladolescent, hétérogénéité des paramètres mesurés (48). Cependant, on pourra saider pour linterrogatoire de léchelle dintentionnalité suicidaire de Beck (49) reproduite dans lannexe 1.
IV.5.4 Évaluation de la famille et de lentourage
Il est nécessaire de rencontrer la famille et/ou lentourage proche, afin de recueillir dans un climat de neutralité leur vision de la situation de crise, leurs plaintes et leurs difficultés. Si possible, et dans le respect des désirs de chacun, ladolescent et sa famille seront vus ensemble dans un deuxième temps afin que leurs interactions et leurs souhaits communs soient réévalués sans ambiguïté. Cette évaluation donne souvent loccasion de préparer le travail de liaison qui devra sétablir dans les jours suivants, mais aussi dapporter un début de soutien à des familles généralement en état de stress psychologique.
De nombreux éléments sur la situation sociale, familiale, scolaire ou professionnelle du sujet sont déjà recueillis lors de lévaluation psychologique. Des difficultés dinsertion ou de relation dans lentourage, le milieu social, scolaire ou professionnel sont fréquemment observées au cours des conduites suicidaires. Il est nécessaire de senquérir si un suivi social est déjà en cours. Le plus souvent, les intervenants impliqués (assistante sociale, éducateur) doivent être prévenus et leurs impressions recueillies. Ils peuvent fournir des indications utiles et objectives sur lenvironnement immédiat de ladolescent, sur déventuelles mesures judiciaires passées, telles quune assistance éducative, un placement en foyer. La situation scolaire ou professionnelle du patient doit être connue, ainsi que son niveau dadaptation et dimplication sociale.
Limportant travail de liaison quil faut souvent réaliser peut prendre du temps, en particulier pour identifier et contacter les différents intervenants. Les informations recueillies devront être regroupées, analysées et synthétisées pour prendre des mesures adaptées. Lassistant(e) social(e) en charge du patient joue un rôle majeur de coordination dans la réunion de tous ces éléments et dans la construction du projet de sortie.
V. LA PRISE EN CHARGE APRES LES URGENCES HOSPITALIERES
Lorsque tout risque somatique vital ou fonctionnel a été définitivement écarté, lévaluation psychologique, familiale et sociale doit être poursuivie. Deux modalités de soins sont envisageables:
V.1 La poursuite de lhospitalisation
V.1.1 Quand faut-il hospitaliser ?
Lhospitalisation doit être la règle, tout particulièrement en cas de :
Ces quelques critères, qui font lobjet dun accord professionnel, sont reconnus comme déterminants dans les décisions dhospitalisation (33), mais ne résument pas toutes les raisons qui peuvent conduire à la poursuivre.
V.1.2. Quel est le bénéfice de lhospitalisation ?
Lintérêt de lhospitalisation après le passage aux urgences a été mis en évidence par quelques études prospectives ou rétrospectives, observant un plus faible taux de récidives et une meilleure adaptation sociale chez des sujets qui ont été hospitalisés, notamment chez ceux qui avaient des troubles psychiatriques (13, 34, 46). Mais, il na pas été retrouvé dans dautres études (50, 51).
Dans une étude, le suivi dadolescents suicidants hospitalisés ou non après les urgences a montré que le taux de récidive suicidaire était identique dans les deux groupes, alors que les sujets hospitalisés avaient beaucoup plus de facteurs de risque de récidive (22). Par contre, Waterhouse (50) na pas retrouvé de bénéfice sur le taux de récidive chez des suicidants maintenus en hospitalisation. Mais, dans son étude, lhospitalisation se limitait à un simple hébergement, sans autres formes de soins spécifiques. Hawton et Fagg à Oxford (13) ont rapporté les résultats du suivi prospectif dune cohorte de 2 282 adolescents âgés de 10 à
19 ans adressés à lhôpital pour TS. Dans cette étude, le taux de récidive dans la première année après TS était significativement plus élevé chez les patients qui navaient pas été hospitalisés après la phase dadmission aux urgences (13,5 % en labsence dhospitalisation contre 8,1 % dans le cas contraire, p<0,01).
Concernant les modalités dhospitalisation, on dispose dune étude française de Pommereau (34). Il a comparé le devenir des suicidants hospitalisés entre le 15 novembre 1992 et
le 1er janvier 1996 dans une unité médico-psychologique spécialisée pour adolescents (groupe 1), à celui dadolescents suicidants admis aux urgences du CHU de Bordeaux entre le 1er janvier 1989 et le 31 décembre 1990, sans passage en unité médico-psychologique spécialisée (groupe 2). Il a noté moins de perdus de vue (5,4 % dans le groupe 1 contre 17,7 % dans le groupe 2), moins de récidives de TS (20 % contre 29 %) et moins de suicides
(0,8 % contre 1,3 %).
La rareté des études comparatives, les différences dans les types de soins prodigués, la méthodologie imparfaite peuvent probablement expliquer les résultats contradictoires et labsence de réponse uniforme à la question de lhospitalisation après le passage aux urgences hospitalières.
V.1.3 Quelles sont les modalités de lhospitalisation ?
Il est souhaitable que ce séjour hospitalier se déroule dans un espace de soins répondant aux critères cités précédemment, notamment en terme de compétence spécifique. Quil sagisse dune unité de psychiatrie, de psychiatrie infanto-juvénile, de médecine ou de pédiatrie, il est préférable quelle soit située à proximité des urgences, par exemple dans un même établissement, ce qui a pour avantage de faciliter les échanges des informations et laccessibilité aux soins. Il apparaît que trop souvent les suicidants qui requièrent une prise en charge subissent plusieurs transferts dans des unités de soins trop distantes entre elles, ce qui est source de ruptures multiples dans les soins. Lorsque la période dobservation aux urgences est terminée, le passage du patient dans cette unité de soins doit être rapide.
Les locaux dans lesquels ladolescent va alors être pris en charge, de lavis du groupe de travail et des rapports publiés sur cet aspect (38), doivent être adaptés à cette tranche dâge et au travail de crise qui est nécessaire. Ils doivent être à la fois lieu de soins et lieu de vie, permettant au jeune de trouver la sécurité et le support psychique dont il a besoin, mais aussi une intimité, un espace psychique personnel, un lieu daccueil et déchanges. Beaucoup de services hospitaliers ne répondent pas à ces critères et sont organisées presque exclusivement autour des soins, doù la nécessité dun effort important dadaptation.
Le cadre thérapeutique doit nécessairement fixer des repères et des limites aux sujets qui y sont admis, formalisés dans un règlement de fonctionnement présenté dès ladmission. Cest un élément important pour la stabilité et la crédibilité du cadre de soins (accord professionnel).
Un temps minimal réservé à cette période doit être prévu et un accord professionnel existe pour une durée moyenne dau moins trois jours (5, 52, 53). En fait, il ny a pas de règle standardisée pour la durée totale optimale de séjour. Celle-ci dépend de lamélioration des divers paramètres psychologiques et de la résolution des problèmes avec lenvironnement socio-familial, même si lexpérience montre quune durée moyenne dune semaine est souvent nécessaire. Le modèle de lintervention de crise, qui requiert des durées de séjour similaires, sapplique bien à ce contexte (54) . La durée prévisible de lhospitalisation doit être annoncée dès le service des urgences au jeune et à sa famille. Elle doit être nuancée et réajustée en fonction de lévolution de la crise et des possibilités de suivi extérieur. Au total, la durée de la prise en charge ne saurait être sous lunique dépendance de contraintes administratives ou de règles dogmatiques.
Une hospitalisation qui viserait seulement à mettre temporairement ladolescent à lécart de ses difficultés extérieures, sans autre forme de soins ne peut suffire et ne parait pas être supérieure en efficacité à un suivi ambulatoire. Rappelons ici létude de Waterhouse (50), qui a mesuré comparativement sur 77 adolescents suicidants limpact dun simple hébergement hospitalier sur le taux de récidive suicidaire : il na pas observé de différence par rapport aux adolescents qui avaient quitté lhôpital immédiatement après le passage au service des urgences. Il est donc essentiel que soient développés simultanément, et dès le début du séjour hospitalier, des soins somatiques et psychiques. Lexamen somatique dont les paramètres ont été précisés plus haut sera poursuivi, le cas échéant étayé par des examens complémentaires, en complémentarité étroite avec les autres volets de la prise en charge.
Ladolescent et sa famille doivent être vus en entretien de façon régulière, afin de compléter lévaluation de la situation, de favoriser les interactions, et surtout de préparer les modalités de sortie et de suivi post-hospitalier. Ce suivi requiert létablissement de liaisons souvent multiples avec les autres professionnels impliqués. Ces différents aspects du soin forment un tout et sont interactifs.
V.2 Le suivi ambulatoire intensif
En labsence dindication dhospitalisation, le relais sous forme dune prise en charge ambulatoire intensive par un réseau dintervenants pluridisciplinaires peut se faire dans certains cas. Cette modalité est à réserver aux cas où il existe effectivement un réseau structuré, performant, clairement identifié et mobilisable pour ce type de prises en charge, en labsence de critères de dangerosité immédiate ou denvironnement extérieur défavorable, et avec laccord de ladolescent. Ce réseau fait le plus souvent intervenir les centres médico-psychologiques sectoriels ou intersectoriels, de psychiatrie dadultes ou dadolescents, mais aussi des centres de crise ou des praticiens libéraux généralistes ou psychiatres, voire certains hôpitaux de jour spécialisés. La désignation dun " référent " doit être la règle, comme en cas dhospitalisation.
Quelle que soit loption qui a été retenue à lissue de la période daccueil aux urgences, il est important de développer des liaisons entre les différents intervenants impliqués, à défaut desquelles la prise en charge et le suivi ne peuvent pas être structurés.
Le nombre des intervenants impliqués est variable selon chaque situation individuelle. La multiplicité du nombre des intervenants qui peuvent être nécessaires rend dautant plus indispensable une coordination par un " référent " faisant généralement partie de léquipe hospitalière ou ambulatoire, afin déviter une dispersion des moyens, une perte de linformation, voire des actions antagonistes.
Il nest pas souhaitable que les liaisons avec les intervenants extérieurs seffectuent à linsu des adolescents concernés, même si certaines décisions peuvent être prises sans leur assentiment, notamment les mesures de justice ou d'assistance éducative. Certains dentre eux peuvent vouloir sauvegarder leur intimité aux yeux de certains intervenants potentiels, et le sentiment quils pourraient garder davoir été trahis par léquipe soignante est généralement préjudiciable à la bonne poursuite des soins.
V.3.1 La famille et lentourage
Les liaisons à établir concernent en priorité la famille et les autres intervenants du cadre de vie de ladolescent (par exemple éducateurs du foyer, famille daccueil), quil faut rencontrer rapidement, le plus souvent sur les lieux de lhospitalisation, mais dans certains cas aussi à lextérieur. Les travailleurs sociaux et le médecin traitant peuvent jouer un rôle précieux dans ces échanges, en raison de leur connaissance de lentourage. Lorsquun soutien thérapeutique plus important est nécessaire pour certains membres de lentourage, des liaisons avec une équipe de psychiatrie dadultes ou de thérapie familiale peuvent être nécessaires.
La participation et laccord de la famille aux soins sont souhaitables, mais on doit sefforcer de sauvegarder une indépendance suffisante de ladolescent et des soignants à leur égard. Lhôpital doit, dans de nombreux cas où une pathologie familiale est suspectée, garder sa valeur de refuge et de lieu neutre.
Il est bien démontré que des actions dinformation, de guidance ou de soins psychologiques à légard de la famille ont généralement une action positive sur ladhésion au suivi ultérieur, mais aussi sur la communication intra-familiale ou le vécu par rapport à la TS (43, 55, 56). King (55) a confirmé que les adolescents vivant dans une famille où la communication et le fonctionnement sont perturbés adhèrent moins au suivi proposé. Des thérapies familiales associées à un suivi individuel structuré du patient augmentent significativement ladhésion au suivi, en particulier chez les jeunes femmes, et chez les patients ayant un comportement suicidaire plus marqué, une moindre estime de soi ou une famille jugée comme peu soudée (43).
V.3.2 Les intervenants du domaine médical
Les intervenants du domaine médical (selon les cas, pédiatre, psychiatre, psychologue, médecin généraliste, gynécologue, médecin et infirmière scolaires) sont à solliciter en fonction de chaque cas et constituent le réseau sur lequel va reposer le suivi. Il est par conséquent souhaitable quils interviennent précocement et prennent une part active à lélaboration de ce suivi. En ce qui concerne le milieu scolaire, cest généralement le médecin scolaire qui, garant du secret professionnel, peut jouer un rôle de médiation pour la reprise de la scolarisation et le soutien après la reprise des cours.
Les intervenants sociaux, judiciaires, de police sont impliqués en fonction des situations individuelles.
VI.1 La préparation de la sortie de lhôpital et des liaisons à l'extérieur
La sortie de lhôpital nest pas un événement anodin et systématiquement positif. Elle peut confronter ladolescent à des difficultés anciennes non résolues ou à de nouvelles nécessités dadaptation (par exemple, changement de domicile, placement, etc.). Il y a nécessité de préparer soigneusement la sortie et d'organiser un soutien immédiat en relais.
Il apparaît, daprès plusieurs études comparatives, que les suivis structurés, planifiés, reposant éventuellement sur des programmes psychothérapiques préparés permettent de diminuer le nombre de récidives suicidaires et d'améliorer l'adaptation sociale, en augmentant notamment ladhésion du suicidant aux soins (41, 43, 46, 57-59, 60, 61), qui. reste un problème clé. En effet, selon les études, 40 à 77 % des suicidants ne respectent pas le suivi proposé. Ce sont plus particulièrement les suicidants de sexe masculin et les récidivistes qui ont la plus mauvaise adhésion aux soins (19, 57, 62). Plusieurs mesures ont été proposées pour améliorer ladhésion des patients au suivi qui leur était proposé.
VI.1.1 Le choix des intervenants
A la sortie de lhôpital, lorientation du patient vers des intervenants quil ne connaît pas, sans établissement de liens étroits entre les deux équipes, est dans la quasi-totalité des cas vouée à léchec.
Certaines équipes proposent que le patient soit suivi après sa sortie par léquipe qui la pris en charge initialement aux urgences, avec éventuellement relais à une autre équipe sur un mode souple après une phase de transition. Möller, dans une étude portant sur 226 adultes suicidants admis à lhôpital, a montré que 72 % des patients suivis par lintervenant initial venaient aux rendez-vous, alors que ce chiffre nétait que de 40 % chez les patients qui avaient été orientés vers dautres intervenants (41). La pratique clinique suggère que cette façon de faire est également préférée par les familles des suicidants.
VI.1.2 Lorganisation des rendez-vous de consultation
Lorganisation dans le temps de rendez-vous de consultation avec des intervenants bien identifiés améliore ladhésion des patients denviron 20 % (41, 57, 61).
VI.1.3 La possibilité dune nouvelle prise en charge immédiate
Il est utile que tout suicidant se sentant dans une situation de crise quil ne parvient pas à surmonter puisse consulter un professionnel ou une équipe médico-psychologique, voire être hospitalisé sans délai sil le souhaite. La remise au patient dune information écrite comportant les coordonnées dun centre ou dune équipe qui peut laccueillir sans délai a permis de diminuer de moitié la récidive suicidaire à un an dans deux études comparatives (32, 63), même si cette conclusion na pas été validée dans une méta-analyse récente, qui ne concerne pas spécifiquement les adolescents suicidants (64). Les équipes qui préconisent cette mesure en informent généralement le médecin de famille, avec laccord du patient.
Un contrat verbal peut être établi entre léquipe soignante et le patient suicidant, lui demandant de ne pas réaliser à court terme une nouvelle TS mais de joindre immédiatement le centre de soins dont on lui a fourni les coordonnées, en lui donnant lassurance quil sera pris en charge sans condition. Lefficacité de ce contrat na pas été mesurée, mais il paraît dans certains cas de nature à renforcer la confiance du patient envers léquipe soignante et le lien quil établit avec elle.
VI.1.4 La sensibilisation des équipes hospitalières
La sensibilisation des équipes hospitalières à lapproche des suicidants et à linformation des familles, parallèlement à une prise en charge psychothérapique familiale brève, pourrait augmenter ladhésion des patients au suivi denviron 20 % (43).
Labsence de preuve définitive apportée par les études sur lefficacité des différentes préparations au suivi peut être imputable à lhétérogénéité des groupes de patients étudiés, à leur faible effectif, au taux de récidive suicidaire dans la population étudiée (65). Plusieurs modalités de suivi sont souvent associées dans les études publiées, ce qui ne permet pas de déterminer lefficacité de chacune prise isolément. Il existe un accord professionnel pour penser que laugmentation de ladhésion aux soins améliore lévolution des suicidants, en diminuant probablement le nombre de récidives, mais aussi en permettant une meilleure adaptation sociale et familiale ainsi quune meilleure qualité de vie.
Quel que soit le mode de fonctionnement des intervenants qui poursuivront les soins (médecins libéraux, équipes de secteurs psychiatriques ou de structures intersectorielles, médecins ou infirmières scolaires), il parait important que de bonnes liaisons préalables et continues sétablissent entre ces derniers et léquipe hospitalière.
VI.2.1 Nombre et rythme des consultations
Il nexiste pas détude et pas de consensus sur le rythme des consultations à prévoir. Il doit sadapter à chaque situation. Il est généralement souhaitable que ladolescent suicidant soit revu rapidement (entre deux et sept jours) après sa sortie de lhôpital. Le lien thérapeutique avec l'adolescent doit être maintenu aussi longtemps que nécessaire, sur un mode et un rythme souples et adaptés à chaque cas.
VI.2.2 Le rappel des rendez-vous.
Il paraît utile de rappeler les rendez-vous de consultation aux patients lorsquils ne sy rendent pas, par téléphone, par lettre, voire à loccasion de visites à domicile réalisées par léquipe de secteur lorsque cela est possible (28, 63). Une étude réalisée sur 560 suicidants de plus de 15 ans a démontré que le fait de solliciter les patients sur leur lieu de vie pour quils sinscrivent dans le suivi proposé permettait daugmenter ladhésion aux soins et de diminuer le taux de récidive suicidaire sur un an (60). Il ny a pas à ce jour détude ayant porté spécifiquement sur lefficacité de ces mesures chez des adolescents suicidants.
VI.2.3 Les interventions psychosociales.
Dans les cas où de nombreux indices de détresse persistent, il est utile de favoriser des actions sur le lieu de vie, par exemple par des visites à domicile, des réunions de synthèse avec les éducateurs de foyer, des contacts auprès de la famille (60). Dans certains endroits, diverses structures associatives daide aux suicidants peuvent être sollicitées. Les différents intervenants de l'équipe qui assure la prise en charge doivent communiquer entre eux de façon réciproque et répétée, afin d'harmoniser leurs pratiques.
VI.2.4 Les interventions psychothérapiques.
Les actions portant sur le patient et sa famille, sous forme de psychothérapie de soutien, de thérapies cognitivo-comportementales, de thérapies familiales brèves ont démontré leur utilité dans l'amélioration de ladhésion aux soins, du climat relationnel intra-familial ou de l'adaptation psychosociale des adolescents concernés (55, 57, 58, 68).
VI.2.5 Les traitements médicamenteux.
Lefficacité de ces traitements sur le risque de récidive suicidaire a été peu mesurée et aucune étude na porté spécifiquement sur les adolescents suicidants. De rares études avec des antidépresseurs ont conclu à leur inefficacité sur la récidive (69, 70). De plus, il est reconnu que linstauration dun traitement antidépresseur peut parfois réactiver des idées suicidaires dans les premiers jours du traitement, en raison dune possible désinhibition. En labsence de preuve suffisante, et par prudence, leur prescription doit être très mesurée.
Par contre, le diagnostic dun état dépressif caractérisé justifie la prescription dun traitement antidépresseur, en raison du risque important de récidive dans cette pathologie et du risque de dépression chronique et résistante (40, 71). En cas de risque suicidaire avéré ou suspecté, des précautions doivent être prises : choix de produits à faible toxicité en cas dabsorption massive, premières prescriptions pour des durées limitées, association à un anxiolytique dans les premiers jours, consultations rapprochées.
Dans sa méta-analyse des différents types de suivis des suicidants, Hawton (64) a conclu quil nexistait pas dorientation thérapeutique ayant formellement démontré son efficacité pour diminuer le taux des récidives suicidaires. Il faut souligner que le seul critère defficacité pris en compte était la récidive suicidaire, critère qui, bien que prioritaire, ne doit pas éluder les autres variables psychologiques et sociales quil faut améliorer.
La prise en charge des adolescents suicidants doit reposer sur des principes fondamentaux de travail en équipe pluridisciplinaire, de stabilité et de disponibilité de léquipe et du cadre thérapeutique, de continuité des soins, de souplesse et dadaptation individuelle de la prise en charge. Les disparités existant en France dans les moyens concernant les soins aux adolescents suicidants imposent une réflexion et lélaboration de stratégies adaptées tant au niveau national quau niveau local, non pas pour viser à une uniformité des lieux et des équipes de soins, mais pour permettre à chaque adolescent en détresse de trouver effectivement des réponses reposant sur des principes fondamentaux de qualité et de spécificité des soins.
Une bonne identification préalable des équipes et des acteurs, dans les établissements de soins comme en ville, est indispensable pour permettre une prise en charge et une évaluation systématiques des adolescents suicidants.
Des actions de formation et des moyens supplémentaires au niveau des équipes susceptibles daccueillir des adolescents suicidants ; notamment dans les services durgence, doivent être déployés pour permettre une mise en uvre satisfaisante des présentes recommandations.
Annexe 1 : Parametres reperes par lechelle dintentionalite suicidaire de Beck
Circonstances objectives de la TS |
|
1. Isolement |
Une personne était-elle présente, ou a-t-elle été jointe par téléphone par le suicidant ? |
2. Gestion du temps |
La TS a-t-elle été planifiée de manière à ce que le patient ne puisse pas être découvert ? |
3. Précautions prises pour ne pas être découvert |
Par exemple, TS dans une pièce fermée à clé |
4. Dissimulation de la TS aux personnes présentes |
Le sujet a-t-il évoqué sa tentative lorsquil a été sollicité ? |
5. Actes réalisés en prévision de la mort |
Par exemple, changements de projets, cadeaux inhabituels |
6. Préparation de la TS |
Un scénario suicidaire a-t-il été réalisé ? |
7. Intention écrite de TS |
Le patient a-t-il laissé des messages écrits au préalable ? |
8. Communication verbale de lintention suicidaire |
Le patient en a-t-il parlé ouvertement au préalable ? |
9. But de la tentative |
Y avait-il une intention de disparaître ? |
Propos rapportés par le patient |
|
10. Attentes par rapport à la létalité du geste |
Le patient pensait-il quil allait mourir ? |
11. Appréciation de la létalité de la méthode employée |
Le patient a-t-il utilisé un moyen plus dangereux que ce quil croyait être ? |
12. Gravité perçue du geste suicidaire |
Le patient pensait-il que ce geste suicidaire était suffisant pour mourir ? |
13. Attitude ambivalente par rapport à la vie |
Le patient souhaitait-il réellement mourir ? Ou seulement fuir, ne plus penser ? |
14. Perception de lirréversibilité de lacte |
Le patient était-il persuadé de mourir malgré déventuels soins médicaux ? |
15. Degré de préméditation |
Le geste a-t-il été impulsif ou a-t-il succédé à plusieurs heures de réflexion à son sujet ? |
16. Réaction à lissue de la prise en charge |
Le patient regrette-t-il dêtre en vie ? |
17. Représentation de la mort |
La mort est-elle représentée de façon positive ? |
18. Nombre de TS antérieures |
Y a-t-il eu dans le passé plusieurs TS ? Ont t-elles été rapprochées ? |
Dernière mise à jour : lundi 21 juin 1999 14:14:57