(Dr Laurence Lemaître)
A)
Troubles
psychiatriques comorbides chez les délinquants sexuels :
Depuis l'émergence de modèles multivariés
insistant sur la multiplicité des causes impliquées dans les
agressions sexuelles, plusieurs études réalisées
auprès de populations d'agresseurs sexuels [67, 68] ont rapporté
un taux très important de troubles psychiatriques comorbides, en
particulier l'existence de troubles de l'humeur, d'abus de substances
(majoritairement l'alcoolisme), de troubles anxieux, de troubles de
l'impulsivité, et, de troubles de la personnalité narcissique ou
antisociale. Alors que les résultats négatifs des programmes de
soins sont souvent attribués à un manque de motivation, un
défaut d'attention, une résistance, voir un déni de la
part des agresseurs sexuels, la fréquence importante de troubles
psychiatriques comorbides pourrait bien contribuer aux difficultés
rencontrées par certains délinquants sexuels au moment de
s'engager dans un processus thérapeutique.
1 - Les troubles de la personnalité
antisociale chez les délinquants sexuels : Parmi plusieurs études réalisées
auprès de communautés estudiantines hétérosexuelles
[63, 62, 69] le comportement antisocial évalué par le Psychopathy
Checklist-Revised (PCL-R, 1992) de Hare, apparaît comme un haut facteur
de risque du comportement agressif sexuel vis à vis des femmes.
Ce comportement antisocial semble relever
plus d'une tendance antisociale générale que d'une tendance
spécifique au domaine sexuel et l'on ne trouve pas de différence
significative entre les populations de délinquants sexuels et non
sexuels.
Notons que le niveau de psychopathie est
également considéré par plusieurs auteurs comme un facteur
prédictif de récidive des agressions sexuelles.
Dans une étude comparant trois
groupes distincts de délinquants sexuels : violeurs
hétérosexuels, pédophiles extra-familiaux et incestueux,
Firestone [8] compare les liens entre psychopathie et déviance sexuelle
(évaluée par des mesures phallométriques en réponse
à différents stimuli audiovisuels). Il trouve une
corrélation significative entre déviance sexuelle et indice de
psychopathie exclusivement dans le groupe des agresseurs sexuels
pédophiles extra-familiaux. Alors que l'indice de déviance
sexuelle est le principal facteur prédictif de récidive dans ce
groupe, la combinaison avec un haut niveau de psychopathie augmente encore plus
le risque de récidive. Le groupe des violeurs
hétérosexuels est celui qui comporte les plus fortes tendances
psychopathiques alors que l'indice de déviance sexuelle n'apparaît
pas important. Le score de psychopathie des violeurs
hétérosexuels reste cependant inférieur à celui rapporté
dans d'autres études chez les "violeurs en série" ou
"violeurs sadiques" qui peuvent aller jusqu'à tuer leurs
victimes après l 'agression sexuelle.
Certaines études [70, 71] ont
tenté d'établir empiriquement l'association clinique et
théorique évoquée fréquemment entre sadisme et
psychopathie. Dans ces études les traits de personnalité sadiques
(mesurés par l'échelle Personality Disorders Examination, le Millon Clinical Multiaxial Inventory-II et le DSM-IV) et
antisociales sont corrélés positivement et de manière
significative. Cependant, le niveau de sadisme n'apparaît pas plus
important chez les délinquants sexuels comparativement aux
délinquants non sexuels. Le sadisme défini comme le plaisir
éprouvé à infliger la douleur ou dans la domination
d'autrui pourrait correspondre à une sous dimension de la
personnalité antisociale.
Les auteurs supposent l'existence de deux
profils de personnalité antisociale : un premier type sadique avec une
tendance plus marquée pour la cruauté et le besoin de domination
et un second type moins violent avec une tendance à agir uniquement pour
son propre compte. Chez le premier type une motivation sexuelle du registre
sadique expliquerait l'agression sexuelle alors que le second type serait
mû par des motivations de nature plus opportuniste.
2 - Les troubles psychotiques chez les
délinquants sexuels : la
faible proportion de patients psychotiques impliqués dans des agressions
sexuelles a peut-être contribué au nombre limitée
d'études en rapport avec ce sujet. Plusieurs chercheurs ont
récemment tenté d'identifier les motivations qui sont à la
base de l'agression sexuelle parmi cette population psychiatrique
particulière.
Chesterman et al. [72] ont
réalisé une étude sur un échantillon comportant 20
malades mentaux, agresseurs sexuels, incluant 12 hommes schizophrènes
diagnostiqués comme psychotiques au moment de leurs agressions. 7 de ces
12 hommes admettent avoir expérimenté des symptômes
psychotiques comme des hallucinations ou des illusions perceptives au moment de
l'agression mais expriment le sentiment que de tels symptômes
n'étaient pas directement liés à l'agression et
fournissent plutôt des explications alternatives à leurs
comportement comme un sentiment de frustration sexuelle, la colère, une
excitation sexuelle. Par ailleurs l'ensemble des patients présentait un
haut niveau d'obsession sexuelle, de dysfonctionnement sexuel, de distorsions
cognitives et de fausses connaissances concernant le sexe aux différents
questionnaires.
Les auteurs suggèrent un
chevauchement dans les motivations à la base des agressions sexuelles
chez les délinquants sexuels malades mentaux et non malades
mentaux.
Dans une étude [73]
réalisée auprès de 15 schizophrènes, agresseurs
sexuels, les auteurs constatent que bien que 12 d'entre eux étaient
diagnostiqués comme psychotiques au moment de l'agression, leurs
contacts avec les services de psychiatrie étaient extrêmement
erratiques et seulement 4 recevait un traitement médicamenteux.
En comparaison avec le groupe
témoin constitués de 55 patients schizophrènes sans antécédents
d'agression sexuelle, le groupe d'agresseurs sexuels rapportait un
intérêt sexuel deux fois plus important associé à
des difficultés plus grandes à établir des relations
inter-personnelles. Smith [74] a réalisé une étude
systématique des différents types de motivations à la base
des agressions sexuelles en appliquant le questionnaire MTC : R3 (The
Massachussetts Treatment Centre Rapist Typology Version 3) à un groupe
de 80 schizophrènes agresseurs sexuels. Seulement 18 schizophrènes
présentaient une recrudescence psychotique aiguë
caractérisée par des hallucinations ou illusions perceptives et
directement liée à l'agression sexuelle (car contenant des
éléments sexuels clairement congruents à leurs agressions)
au moment de leurs passage à l'acte.
Dans l'ensemble du groupe, les
différentes motivations à la base de l'agression sexuelle selon
la typologie du questionnaire MTC:R3 étaient respectivement :
-
sexuelles,
non sadiques (54%) : ce type de motivation est associé plus
fréquemment à un sentiment de frustration sexuelle, d'isolement
social, une faible estime de soi et une incapacité à
établir des relations intimes avec les femmes.
-
-
opportunistes (29%) : l'agression sexuelle n'est pas planifiée,
impulsive, liée à des facteurs situationnels et la force
utilisée ne dépasse pas l'utilisation de force nécessaire
pour obtenir une gratification sexuelles immédiate.
-
-
vindicatives (11%) : la femme apparaît la cible centrale et exclusive de
la colère de l'agresseur qui présente un parcours psychopathique
moins important que dans le dernier type.
-
-
agressivité (6%) qui apparaît en continuité avec des
troubles du comportement psychopatiques. importants où l'homme comme la
femme sont la cible de la colère. Les motivations sexuelles, non
sadiques sont sur-représentées (67%) dans le groupe de
schizophrènes ayant présenté une symptomatologie
productive au moment de l'agression.
-
L'auteur suppose des interactions complexes entre les
symptômes psychotiques et le profil comportemental au moment de l'agression
sexuelle dont il faudrait tenir compte pour obtenir une classification des
différents types de motivations à la base de l'agression
sexuelle. En plus de l'évaluation d'une symptomatologie productive
associée à l' agression sexuelle, Smith propose d'utiliser plus
systématiquement des instruments tels que le questionnaire MTC : R3 chez
les agresseurs sexuels psychotiques.
3 - Abus de substances chez les
agresseurs sexuels Dans une
enquête rétrospective auprès d'un large échantillon
de 1273 agresseurs sexuels incarcérés, Peugh et al. [75]
rapportent que 1/3 des agresseurs sexuels étaient consommateurs
réguliers de drogues ou d'alcool autour de la période de
l'agression, 1/5 étaient sous l' influence d'une drogue ou de l'alcool
au moment de l'agression.
Les agresseurs sexuels pédophiles
étaient globalement moins
consommateurs de substances et consommaient préférentiellement de
l'alcool (en particulier les agresseurs incestueux). Les consommateurs à
la fois de drogue et d'alcool étaient plus souvent célibataires,
avec des antécédents d'abus sexuels dans l'enfance, un parcours
de criminalité qui les rapprochaient de la population des
délinquants non sexuels ; la victime de l'agression sexuelle
était le plus souvent
inconnue et adulte.
L'étude suggère donc que
l'abus de substance, et en particulier l'usage de drogue est un des facteur
différenciant les agresseurs sexuels pédophiles et les violeurs
dont la cible est un adulte. les auteurs discutent la nécessité
d'inclure une évaluation des problèmes d' abus de substances dans
les programmes de traitement destinés aux agresseurs sexuels.
Marx et al. [76] ont
réalisé un essai contrôlé randomisé
auprès d'un échantillon de 141 étudiants afin d'examiner
l'impact des effets pharmacologiques et psychologiques de l'alcool sur la
capacité des hommes au comportement sexuel agressif ou non agressif
à discriminer lorsqu'une femme souhaite que son partenaire interrompe
des avances sexuelles. Les différents groupes d'étudiants étaient
répartis en différents groupes : comportement sexuel agressif
versus comportement sexuel non agressif, effet attendu de l' alcool versus
effet non attendu de l'alcool, administration d'alcool versus placebo. Les
étudiants étaient ensuite exposés à une cassette
audiovisuelle simulant une rencontre entre un homme et une femme.
Les participants ayant consommé de
l'alcool ou pensant avoir reçu de l'alcool avaient un délai de
temps significativement plus long pour déterminer lorsque l'homme devait
interrompre ses avances sexuelles.
De plus, les participants au comportement
sexuel non agressif avaient un temps de réponse similaire à leurs
homologues au comportement sexuel agressif sous l'effet attendu de l'alcool.
Ces hommes n'ayant pas "le profil sexuel agressif"
interprétaient alors moins bien le message de leur partenaire
féminine.
Cette étude suggère que si
l'excitation sexuelle occasionnée par la consommation d'alcool est un
facteur important, d'autres facteurs plus psychologiques pourraient agir par le
biais de l'alcool pour entraîner la désinhibition d'un
comportement sexuel agressif.
B - Les influences sociales dans les
agressions sexuelles : Dans une revue critique de la littérature Seto
[77] examine les différentes associations établies entre la
pornographie et les agressions sexuelles. Il précise que la
première difficulté consiste à définir la
pornographie dont la nature est subjective et relative à des valeurs
communautaires d'esthétique, de morale et d'acceptabilité dont
découle parfois la distinction entre érotisme et pornographie.
Cependant, même si la définition reste soumise à un
jugement subjectif, l'auteur estime que la distinction entre la pornographie
non violente et la pornographie violente et dégradante dépeignant
des interactions sexuelles sans affection ou considération pour les
acteurs en temps qu'individus, reste possible.
Il revoit ensuite les différentes
perspective théoriques établissant un lien entre pornographie et
agression sexuelle : théories du conditionnement, théories
féministes, théories de l'apprentissage sociale ...
En conclusion, il déclare que les
individus déjà prédisposés à l'agression
sexuelle ont probablement le plus de probabilité de subir les effets
supposés de l'exposition à la pornographie violente comme
l'augmentation du degré d'acceptabilité de la violence sexuelle.
Alors que les hommes non prédisposés à l'agression
sexuelle ont peu de probabilité de subir les effets de ce type de
pornographie. Et si un effet était tout de même possible, il
serait probablement transitoire car ce type d'homme ne s'expose pas normalement
de lui même à ce type de pornographie. En dernière analyse,
l'auteur présente une perspective darwinienne sur les possibles liens
entre exposition à la pornographie et agression sexuelle.
2
– C / REFERENCES THEORIQUES
ET MODELES (question 14)
(Dr
Emmanuelle Boë et Dr Laurence Lemaître)
Nous
évoquons les différentes grilles de lecture du délit
sexuel : théories cognitivo-comportementales axées sur les
compétences sociales, théories biologiques
(génétiques et neurologiques) et enfin théories
psychodynamiques.
Un
paragraphe à part est réservé aux agresseurs sexuels
pédophiles qui constituent un sous-groupe d’agresseurs sexuels
particulièrement étudié.
I
- LES THEORIES COGNITIVO-COMPORTEMENTALES (Dr Emmanuelle Boë)
Les
compétences sociales sont considérées selon
différents angles d’approche : déficit global,
capacité d’empathie, mécanismes cognitifs.
Déficit en compétences sociales
L’activité
sexuelle humaine fait partie des interactions sociales : le mode de
relation aux autres joue une grande part dans la compréhension actuelle
des causes d’agression sexuelle. Les déviances comme l’exhibitionnisme
et le voyeurisme, en excluant l’interaction directe avec l’autre,
peuvent être considérées des substituts de relation
sociale. Ces sujets ont en effet moins de compétences sociales
générales que des témoins [78].
Selon
le modèle de Hudson et Ward [79] le déficit en compétences
interpersonnelles joue un rôle central dans la genèse du
comportement d’agression sexuelle. Ce déficit a 2 facettes :
la faible capacité d’empathie à l’égard de ses
victimes, entretenue par des distorsions cognitives et perceptives, et
l’impulsivité. L’impulsivité peut se majorer dans des
conditions de stress et initier ainsi une carrière d’agresseur
sexuel. Elle entraîne une focalisation de l’attention sur le court
terme et les aspects concrets.
Mac
Fall (1982), cité par Geer [80], fait l’hypothèse
d’une déficience dans la capacité à traiter les
signaux interpersonnels chez les agresseurs sexuels. Afin de tester cette
hypothèse, il propose de distinguer 3 niveaux de compétence
sociale :
1.
L’aptitude
à décoder qui consiste à percevoir et à
interpréter l’information à traiter.
2.
L’aptitude
à décider qui transforme la situation préalablement
décodée en un programme comportemental spécifique. La
motivation entre en jeu à ce stade.
3.
L’aptitude
à exécuter qui confronte la réponse en cours à ses
effets, en procédant aux ajustements nécessaires.
Le
premier niveau est le plus souvent testé. Auto questionnaires et jeux de
rôles permettent de l’évaluer.
En
population générale masculine, l’acuité dans la
détection des signaux émis par l’autre est diminuée
si les stimuli sont érotiques ([80]. Les hommes, toujours en population
générale, qui se décrivent comme agressifs sexuellement
sont relativement incompétents dans le décodage des émotions
féminines. Leur confusion entre l’assurance et l’hostilité,
l’amabilité et le séduction, évoque un modèle
de méfiance [79].
Lorsqu’une
population carcérale est étudiée, les violeurs sont
retrouvés comme moins habiles que des délinquants non sexuels
dans l’interprétation des signaux féminins. Ce
défaut d’interprétation, associé à une
impulsivité avec tendance à agir sans anticiper les
conséquences, favorise le passage à l’agression sexuelle
([78].
Le
deuxième niveau est étudié en confrontant des sujets
à une scène hétérosexuelle enregistrée et en
leur demandant quelle attitude devrait adopter l’acteur masculin. Les
violeurs estiment que l’attitude la plus affirmée, voire
agressive, est la plus adéquate. À l’opposé, les
abuseurs d’enfants choisissent l’attitude la moins affirmée.
Le choix d’un partenaire sexuel juvénile pourrait en
découler : l’enfant est plus attirant parce que moins
menaçant et plus soumis que l’adulte [79].
L’anxiété
sociale interfère avec les niveaux 2 et 3. Elle peut
s’évaluer de 3 façons : soit par auto questionnaire
(mais le biais du souhait de conformisme social est important), soit par des
indicateurs physiologiques (mesures d’activation physiologique
liée au stress), soit par des indicateurs comportementaux
(qualité de la voix et niveau d’affect déployé dans
un jeu de rôle hétérosexuel).
L’anxiété
sociale est plus élevée chez les abuseurs d’enfants que
chez les violeurs d’adultes ou des délinquants non sexuels [78].
Plutôt
que d’étudier les niveaux d’aptitude sociale, Marshall [81,
82] propose de séparer les compétences sociales en domaines
interpersonnels et de se pencher sur celui des relations intimes. Sa
thèse est la suivante. Les agresseurs sexuels ont échoué
dans le développement de la confiance en soi nécessaire et des
capacités appropriées à la mise en place de relations
intimes avec des pairs. L’intimité relationnelle émerge
d’une série d’interactions dans le temps et implique un
échange d’affection, une complicité, l’acceptation
d’une dépendance affective mutuelle. Cet échec conduit
à une expérience de solitude émotionnelle. La solitude
émotionnelle correspond à un sentiment permanent de vide
relationnel. C’est une anxiété de séparation sans
séparation d’avec un objet. Il en résulte un vécu de
frustration qui peut favoriser le comportement antisocial, en particulier sexuel
(violeurs), ou entraîner une confusion entre intimité
relationnelle et activité sexuelle (pédophiles).
Pour
cet auteur, le mécanisme explicatif de ce manque d’intimité
réside dans le mode d’attachement de l’adolescent ou
l’adulte abuseur. La modalité d’attachement mise en place
est sous-tendue par un ensemble de représentations mentales constituant
un modèle interne opérant. Celui-ci contient des croyances sur
les états mentaux de soi et des autres, des attentes sur les rôles
de chacun, des stratégies. Ce modèle intervient dans les
relations interpersonnelles. Un lien d’attachement insécure
s’accompagne d’un manque de confiance en soi et dans les autres,
d’une insécurité émotionnelle et d’un
défaut d’empathie. Les composants nécessaires à
l’établissement d’une intimité relationnelle sont par
conséquent défaillants.
Un
attachement insécure résulte le plus souvent des
expériences précoces infantiles. Une séparation
prolongée avec la figure d’attachement ou un abus sexuel (ou
physique) peut également modifier le modèle interne
opérant et aboutir à un attachement insécure.
Il
existe plusieurs types d’attachement insécure chez
l’adulte : préoccupé, craintif et méfiant. Les
abuseurs d’enfants seraient plutôt préoccupés ou
craintifs. Ces 2 types impliquent une vision négative de soi. Les
agresseurs sexuels violents seraient plutôt méfiants. Ce type
sous-tend une vision négative des autres [79].
En
miroir, l’insécurité émotionnelle de l’enfant
et son éventuelle privation affective joue un rôle dans sa
sélection en tant que victime, Finkelhor (1984), cité par Fisher
et al. [78].
La
capacité d’empathie et les mécanismes cognitifs participent
à l’élaboration des compétences sociales. Nous les
étudions plus spécifiquement.
Déficit en empathie
Un
fonctionnement social correct est lié aux possibilités
d’empathie qui consistent à comprendre le point de vue des autres
et à s’intéresser à ce qu’ils ont à
dire.
L’empathie
associe :
1.
La capacité
cognitive à comprendre le point de vue d’un autre ;
2.
La capacité
affective à ressentir l’émotion d’un autre ;
3.
La capacité
comportementale à agir avec compassion.
Le
manque d’empathie est considéré comme une
caractéristique des personnalités psychopathiques.
Réciproquement, l’empathie est un inhibiteur des comportements
agressifs des enfants et des adultes.
L’empathie
peut s’évaluer par des auto questionnaires : « Empathy
Scale » de Hogem, (1969),
« Emotional Empathy Scale » de Mehrabian et Epstein (1972) ou « Interpersonal
Reactivity Index » de
Davis (1983) [51].
Ces
instruments sont basés sur une vision de l’empathie comme un trait
stable et global chez un même individu. Les études mesurant ainsi
l’empathie retrouvent inconstamment une diminution d’empathie chez
les agresseurs sexuels comparés aux autres délinquants (Geer,
2000) [78].
La
recherche d’un déficit spécifique à un stade
donné du processus d’empathie a donc été
proposée. Le premier stade est celui de la reconnaissance et de
l’interprétation de l’émotion de l’autre. Le
deuxième stade est la mise en perspective, l’intégration du
point de vue de l’autre. Le troisième stade est la réponse
comportementale.
Interprétation des émotions
Chez
les violeurs, des commentaires de films montrant des relations
hétérosexuelles montrent que la peur est
interprétée comme de la surprise, la colère confondue avec
le dégoût et l’assurance avec l’hostilité. Un
comportement amical est ressenti comme séducteur [83].
Mise en perspective
Cette
aptitude est décrite comme déficiente chez les violeurs, mais
elle ne l’est ni chez les abuseurs d’enfants, ni chez les
agresseurs sadiques [83].
La
capacité à se mettre à la place d’un autre varie
selon la circonstance. Trois situations sont testées, impliquant,
soit la victime d’un accident, soit la victime d’un abus
sexuel, soit sa propre victime. Les agresseurs sexuels ne diffèrent des
témoins que dans la dernière situation [83]. Le déficit en
empathie est donc sélectif à l’égard de ses propres
victimes. Cette sélectivité reflète les distorsions
cognitives de l’abuseur.
Réponse comportementale à
l’affect perçu
Une
bonne perception de la détresse de sa victime n’exclut pas un
échec dans la réponse appropriée. Les agresseurs sexuels
peuvent être semblables aux témoins dans les 2 stades
précédents mais opter pour une poursuite du comportement [80].
Là encore, des distorsions cognitives interviennent.
La
population des agresseurs sexuels est hétérogène dans le
domaine de la capacité d’empathie. Une mauvaise
interprétation des signaux émotionnels ne concerne que les
agresseurs violents dont la psychopathologie se rapproche de la psychopathie.
Les abuseurs d’enfants témoignent d’un niveau
d’empathie comparable aux témoins, excepté à
l’égard de leur propre victime (mais ce résultat renvoie
plutôt aux distorsions cognitives qu’à la capacité
d’empathie). Le modèle de Finkelhor (1984) sur le
pré-conditionnement des pédophiles (cité par Fisher et
Howells [98]) intègre même une forme d’empathie à
l’égard de l’enfant victime, comme participant à la
motivation de l’abuseur. Cette motivation n’inclut pas seulement
une excitation sexuelle. Une congruence émotionnelle,
c’est-à-dire qu’au-delà de l’attrait sexuel,
une satisfaction dans les relations émotionnelles et affectives avec
l’enfant, est importante et résulte d’un blocage dans le
développement des relations sociales avec ses pairs (en particulier dans
les relations intimes).
L’acuité
dans la perception des émotions de sa victime est également un
facteur favorisant l’agression sadique dont la motivation est
d’humilier et de dégrader sa victime.
Par
conséquent, il paraît judicieux de centrer les programmes de
traitement qui visent à développer l’empathie sur le
sous-groupe des abuseurs violents non sadiques.
Nous
avons évoqué le lien entre empathie et distorsion cognitive. Nous
abordons à présent la question des mécanismes cognitifs.
Mécanismes cognitifs
Distorsion cognitive
Ce
mécanisme consiste en une mauvaise interprétation des faits ayant
trait à l’abus. L’offense est avouée, mais
l’intention des 2 parties est distordue. L’objectif est de
minimiser sa part de responsabilité.
Webster
et al. [84] proposent une étude originale pour évaluer les
distorsions cognitives des agresseurs d’enfants. Les 31 sujets de
l’étude sont départagés en abuseurs intra-familiaux
et abuseurs extra-familiaux. La méthode consiste à leur faire
écrire une lettre d’excuse adressée à leur victime
et à analyser cette lettre selon une grille de lecture
prédéfinie. Il en résulte que les abuseurs tentent
d’éviter de se confronter à l’empathie qu’ils
pourraient éprouver à l’égard de leurs victimes en
utilisant des distorsions cognitives. Tout en reconnaissant leur
responsabilité, ils tentent d’induire un doute quant à
celle de la victime. Cette distorsion consiste à faire basculer la
responsabilité vers l’abusé. Se présenter
soi-même comme victime est une autre distorsion fréquente. La
justification par une causalité sociale se retrouve également
souvent. Lorsque les groupes intra-familiaux et extra-familiaux sont
comparés, il apparaît que les premiers ont tendance à
minimiser leur acte, tandis que les seconds blâment volontiers leur
victime.
Les
croyances font partie du contenu cognitif susceptible, comme les
opérations cognitives, d’être distordu. Les violeurs ont des
croyances peu distinctes de celles des autres délinquants. En revanche,
les abuseurs d’enfants ont des croyances qui tendent à
légitimer l’implication des enfants dans l’activité
sexuelle, comme la vision d’un enfant en termes sexualisés.
Les
pédophiles sont particulièrement concernés par les
distorsions cognitives : nous leur consacrons un paragraphe en fin de
chapitre.
Déni cognitif
Il
consiste en un évitement de la reconnaissance de ses propres
émotions, fantasmes, besoins physiques. Ce mécanisme est
impliqué dans les expériences traumatiques, en particulier les
abus sexuels. La victime utilise le déni pour faire face et prendre de
la distance avec l’événement traumatique, en particulier
lorsqu’elle n’arrive pas à lui donner du sens.
Une
telle expérience, par son caractère imprévisible et le
sentiment d’impuissance qu’elle entraîne peut s’accompagner
de la conviction d’avoir peu de contrôle sur sa vie.
L’abusé, futur abuseur, tente de retrouver un contrôle dans
des fantasmes sexuels où il est actif dans la relation. Dénier
les sentiments négatifs associés, comme la honte, la
culpabilité, l’anxiété, permet alors d’initier
ou de maintenir l’activité d’abus [85].
L’initiation
de l’activité d’abus peut également impliquer un
style de décision implicite. Ce type de décision est intuitif,
avec une absence de conscience de la signification des actes et de leurs buts.
Son traitement est automatique, par opposition au traitement
contrôlé et analytique d’une décision explicite.
Planification implicite
Le
modèle suivant est proposé par Ward et Hudson [86]. Il s’applique aux phases
précoces du processus cognitif menant à l’offense sexuelle.
Deux types de planification implicite sont considérés : la
simulation mentale et le script cognitif.
La simulation mentale
L’individu
fantasme en s’imaginant une situation précisément et
concrètement. La représentation mentale de la situation est
ensuite coupée de ses intentions qui sont oubliées. La
stratégie mise au point lors du fantasme sexuel est alors
automatisée. Plus tard, un signal de l’environnement qui fait
écho à la situation imaginée déclenche la
réponse comportementale automatique. L’action est initiée
immédiatement et sans intention consciente.
Le script cognitif
Les
scripts cognitifs sont des modèles internes qui fonctionnent comme guide
pour des actions routinières dirigées vers un but. Un script se
déclenche sans effort ni contrôle conscient du comportement. Sa
représentation siège dans la mémoire à long terme.
Les scripts sexuels comprennent 3 niveaux : détecter un état
interne et sa signification, un contexte interpersonnel et un contexte culturel.
Ils sont utilisés pour créer l’accès à la
victime et utiliser une stratégie d’approche. Le signal qui
déclenche le script peut être interne (humeur négative) ou
externe (information reliée à l’abus).
Les
décisions implicites des agresseurs sexuels les placent dans des
situations à haut risque d’abuser. Lutter contre ces
décisions automatisées est difficile et nécessite un
effort conscient. Ce contrôle conscient est levé en cas de
surcharge cognitive : situation de stress, humeur négative.
Le
relais d’une décision explicite, consciente de ses intentions, est
toutefois nécessaire pour réaliser l’agression sexuelle.
Les modèles intégratifs
Modèle de Ward, Keenan, Hudson [87]
L’habileté
à inférer des états mentaux (théorie de
l’esprit) est un mécanisme central, dont la défaillance
pourrait expliquer en partie les déficits dans les
domaines suivants : empathie, affectif, cognitif.
La
théorie de l’esprit se réfère à la
capacité à attribuer des états mentaux aux autres et
à soi-même pour tenter de comprendre et d’expliquer les
comportements. Un état mental est une construction théorique.
Nous avons une théorie selon laquelle il existe des états mentaux
et nous les imputons à soi et aux autres.
Selon
ce modèle :
Le
défaut d’empathie correspond à une incapacité
à attribuer des sentiments.
Les
distorsions cognitives résultent d’une incapacité à
attribuer des croyances.
Le
manque d’intimité se rapporte à l’incapacité
à attribuer des besoins et des désirs.
Modèle de Nezu, Nezu et Dudek [85]
Des
variables statiques, invariantes, interagissent avec des variables dynamiques,
susceptibles de changer, pour aboutir à une vulnérabilité
d ‘abuseur.
Les
variables statiques font référence à l’histoire ou
à la constitution du sujet :
·
Le déficit
intellectuel. Un fonctionnement intellectuel pauvre s’accompagne
d’une relative incompétence socio-sexuelle. Un pattern
déviant est alors favorisé.
·
L’antécédent
d’abus sexuel. Une méta-analyse de 18 études retrouve un
tel antécédent chez 28 % des agresseurs sexuels. Ce taux est plus
élevé parmi les abuseurs d’enfants. Un déni peut se
mettre en place à cette occasion et s’intégrer parmi les
mécanismes cognitifs auxquels le sujet a volontiers recours, permettant
d’initier l’activité d’abus.
Les
variables dynamiques concernent des opérations cognitives :
·
Faible capacité
à résoudre des problèmes sociaux.
·
Distorsion et
déni cognitif.
Les
variables statiques facilitent l’instauration des variables dynamiques.
Ces dernières constituent le noyau de la vulnérabilité. Un
facteur déclenchant, stress interne ou externe, peut alors favoriser
l’agression sexuelle.
II
- LES THEORIES BIOLOGIQUES (Dr Laurence Lemaitre))
Il
s'agit pour ces théories de cerner les facteurs biologiques qui peuvent
prédisposer un individu à commettre un délit sexuel. Les
principaux aspects biologiques qui ont été explorés sont
les aspects génétiques, endocriniens et neurologiques.
Précisons
que jusqu'à présent, aucun paramètre biologique
spécifique n'a pu être identifier comme étant commun
à tous les agresseurs ni ne permet de prédire qu'un individu le
deviendra. Ces recherches n'ont pas permis d' expliquer le comportement
d'agression sexuel par une cause biologique unique.
Dans
un article examinant les problèmes rencontrés par les chercheurs
lorsqu 'ils étudient les facteurs biologiques participant à
l'étiologie de l'agression sexuelle Berlin [88] insiste sur la
nécessité pour la recherche biologique de se focaliser sur des
sous-populations de violeurs homogènes aux motivations similaires. Car
si selon l'aspect légal le violeur est défini par son seul
comportement, en réalité les violeurs réalisent une
population très hétérogène entre la
personnalité antisociale, les retardés mentaux, le groupe appartenant
aux déviances sexuelles aberrantes (paraphiles) ...
Par
exemple, dans le cas des violeurs psychopathes non paraphiles, la recherche de
facteurs biologiques corrélés à l'agression sexuelle
entraînera plus une focalisation de l'attention sur des facteurs
biologiques reflétant une tendance agressive générale
comme un trouble de l'impulsivité plutôt que liés
spécifiquement à l'agression sexuelle.
L'auteur
suggère donc dans un premier temps, d'étudier plus
précisément les différences dans le domaine sexuel qui
permettraient de mieux distinguer les agresseurs sexuels, en particulier le type de partenaire
considéré comme attirant sexuellement ( âge, sexe, ...
) le type de comportement
considéré comme excitant sexuellement l'intensité du désir sexuel et les
difficultés éventuelles rencontrées pour résister
à ce désir sexuel
l'attitude concernant la nécessité d'essayer de
résister ou non à un désir sexuel.
a
- les recherches en génétiques : portent essentiellement sur les
anomalies chromosomiques prédisposant un individu à agresser et,
plus particulièrement à agresser sexuellement. Deux syndromes
génétiques ont été plus particulièrement
étudiés : le syndrome XYY [89] et le syndrome XXY (ou syndrome de
Klinefelter). Les chercheurs n'ont pu établir de liens formels entre ces
anomalies chromosomiques et la délinquance sexuelle.
b
- Les recherches qui portent sur les hormones : Plusieurs chercheurs se sont
intéressés aux hormones mâles dans l'agression sexuelle.
Alors que les anti-androgènes sont utilisés dans le traitement de
la délinquance sexuelle, le rôle de la testostérone demeure
imprécis et n'a pas été démontré de
façon certaine.
c
- Les recherches neurologiques : postulent que le comportement sexuel normal
nécessite des composantes anatomiquement et fonctionnellement intactes.
Plusieurs études ont cherché
à évaluer les anomalies neurologiques potentielles auprès
de population d'agresseurs sexuels.
Pallone
et Voelbel [90] explorent les dysfonctionnements du système limbique
fréquemment impliqué dans le comportement sexuel agressif
auprès d'une population de 54 délinquants sexuels
pédophiles incarcérés en utilisant un questionnaire
développé par des chercheurs de l'université de Harward et
Dartmouth : le LSCL-33 (Limbic System Check List - 33), et supposé mieux
détecter des niveaux subcliniques d'altérations neurologiques que
les batteries d'examens complémentaires habituellement utilisés.
33 % des pédophiles de l'échantillon aboutissent à un
diagnostique d'altération probable du système limbique associé
à certains troubles psychiatriques comorbides, en particulier personnalité antisociale,
troubles psychotiques et manie évalués à l'échelle
MMPI. Les auteurs suggèrent que les troubles neuropathologiques et
psychopathologiques interagissent ensembles et se potentialisent chacun en
favorisant l'agression sexuelle.
Parallèlement
au développement des méthodes de neuro-imagerie comme le
PET-scanner, certains chercheurs tentent de caractériser plus
précisément les régions cérébrales
incriminées dans le comportement d'excitation sexuelle chez l'individu
"normal". Réalisant une étude auprès de 9 hommes
sains à qui sont présenté des stimuli visuels de nature
sexuelle, une équipe de chercheurs de la CERMEP et de l'INSERM [91] ont
localisé plusieurs zones cérébrales dont l'activation
était associée à la présentation des stimuli
visuels : la région du claustrum montrait la plus forte activation. Une
activation était également présente dans la région
paralimbique, le striatum et l'hypothalamus postérieur alors qu'une
baisse du débit sanguin cérébral était
observé dans plusieurs régions temporales. En se basant sur ces
résultats, les auteurs proposent un modèle des différents
processus cérébraux intervenant comme médiateurs dans les
différents composants cognitifs, émotionnels, motivationnels et
autonomes impliqués dans le comportement d'excitation sexuelle
mâle. Les auteurs suggèrent que ces résultats
relevés auprès de sujets sains pourraient permettre de mieux
identifier les modifications fonctionnelles caractérisant les altérations
pathologiques du désir sexuel chez l'homme.
III
- LES THEORIES PSYCHODYNAMIQUES ET PSYCHANALYTIQUES (Dr Laurence
Lemaître)
Nicolleau
(maîtrise de psychopathologie et de psychologie clinique sur les
agresseurs sexuels en milieu carcéral) [92] décrit des sujets
dont les failles se situent surtout à un niveau narcissique du
développement. Les insuffisances de la relation au premier objet,
l'incapacité à intégrer la position dépressive, les
incomplétudes identitaires poussent ces sujets à l' utilisation
des moyens de défense de type psychotiques, à des compensations
mégalomaniaques, à l'utilisation de clivage, ou à
l'expression directe de l' agressivité. En s'interrogeant sur les
moteurs, les motivations ou les angoisses inhérents à ces mécanismes,
Nicolleau propose la perversion comme modèle explicatif du passage
à l'acte dans l'agression sexuelle. Si tous les comportements violents
sexuels rencontrés en milieu judiciaire ne relèvent pas tous de
la perversion, il est pourtant nécessaire d'opérer des comparaisons
avec la perversion afin de dégager leur spécificité
psychodynamique. Ainsi certains de ces actes sont commis par des
névrosés et s'accompagnent de culpabilité, d'autres sont
le fait de psychotiques, ou encore peuvent survenir chez des psychopathes n'acceptant
pas la frustration. Dans ces cas, on ne parle pas de structure de la
personnalité mais d'aménagement pervers défensifs. Les
relations précoces infantiles à la mère archaïques
seraient source d'angoisse face à la relation et à la
représentation féminine. La défaillance des
mécanismes de défense entraînerait alors le passage
à l'acte chez des sujets dont la résistance aux pulsions
agressives et libidinales et à la frustration est marquée par la
faiblesse d'un moi fragile.
Le
contexte de fixation à ce stade de relation précoce, contigu
à la phase de séparation-individuation avec la mère serait
caractérisé par certains facteurs d'ordre familial : tentatives
de séduction réelles ou imaginaires de la part de la mère,
relations intimes marquées par l'incohérence affective, absence
de relation avec le père et dévalorisation de celui-ci dans le
discours maternel, présence de conflits familiaux graves, alcoolisme et
violence familiale ... Plusieurs auteurs d'inspiration psychanalytique [93, 94]
ont étudié plus précisément la place des figures parentales
dans le développement des perversions sexuelles.
Dans
son article "vers une théorie des perversions sexuelles"
Tardif [94] situe également les perversions criminelles dans le registre
des problématiques préoedipiennes. Les auteurs de perversions
criminelles présenteraient d'importantes failles de la structure
identitaire qu'elle tente de retracer à travers différents axes
ontogénétiques tels que : l' intrication des pulsions sexuelles
et agressives, le fait d'être au prise avec des angoisses fondamentales,
la non résolution de deuil infantiles et les avatars de la relation
d'objet. L'articulation de ces éléments conceptuels permettrait
de dégager les conflits de base qui sous tendent les symptômes
pervers criminels.
Dans
un article sur les "agirs sexuels pervers : emprise et déni
d'altérité" Coutanceau [95] nous invite à une
clinique du passage à l' acte chez l'agresseur sexuel, "moment
d'actualisation d'une dynamique perverse plus souvent que reflet d'une
structure perverse ". Considérant "le viol ou acte sexuel
violent faisant fi du consentement d' autrui comme une relation d'emprise
déniant l'altérité d'autrui", Coutanceau propose une
psychopathologie de l'agir sexuel en fonction de la personnalité
sous-jacente de l'agresseur sexuel résumée dans le tableau
ci-dessous.
|
Névrotique |
Immaturo-pervers |
Pervers |
Contrainte
lors de l’acte |
Reconnue |
Reconnaissance
indirecte ; négation banalisante |
déni |
Vécu
surmoïque de l’acte |
Culpabilité |
Honte |
Ni
anxiété, ni honte apparente |
Ressentiment
possible pour la victime |
Reconnu |
Banalisé,
minimisé |
nié |
Position
face à la loi |
Reconnue
comme structurante |
Acceptée
avec difficulté |
défiée |
4)
Les agresseurs sexuels pédophiles : Dans une étude rétrospective analysant 97
agressions sexuelles d'enfants recueillies auprès des rapports de
police, Canter et al. [96] identifient
trois profils comportementaux caractérisant les différents
types d'interactions relationnelles entre l'agresseur pédophile et sa
victime :
relations
très intimes entre l'agresseur et sa victime, l'enfant étant
alors considéré comme une alternative à un partenaire
sexuel d'âge approprié.
relations
dominées par l'agressivité, l'enfant est la cible de la et de la
cruauté de l'agresseur sexuel. Dans ce type d'interaction, la force est
souvent utilisée au delà de la force nécessaire pour
obtenir la soumission de l'enfant.
troisième
type d'interaction opportuniste où l'agression sexuelle n'est qu'une des
multiples formes d'activités criminelles chez l'agresseur sexuel.
L'utilisation de la force n'excède pas ce qui est nécessaire pour
obtenir la soumission de l'enfant et l'agresseur ne commet son crime qu'une
seule fois avec la même victime qui n'appartient pas au système
familial et gravite en dehors de son environnement proche et familier. Cette
étude fournit des résultats permettant de considérer
l'agression sexuelle pédophile à la fois comme une forme de
criminalité et comme une forme de pathologie mentale (disposition stable
à un modèle de déviance sexuelle ).
Dans
une étude réalisée auprès de 30 agresseurs sexuels
pédophiles incarcérés, Swaffer [97] utilise l'interview
semi-structurée de Neidigh et Krop (1992) afin d'évaluer les
différents types de distorsions cognitives rencontrées parmi
cette population d'agresseurs sexuels. Avant le programme de soins, il
repère plusieurs distorsions cognitives caractérisées par
une tendance à minimiser la gravité de leurs comportement et
à légitimer les rapports sexuels entre enfants et adultes.
Malgré l' efficacité du programme de soins qui s'accompagne d'une
réduction des distorsions cognitives, la plupart des agresseurs
pédophiles persistent cependant à ne pas accepter la pleine
responsabilité de leur crime. Par ailleurs l'auteur échoue ici
à monter un lien entre l'agression sexuelle et l'agressivité, la colère qui ne sont pas
utilisées par les pédophiles comme justifications de leurs
actes.
Dans
une revue de la littérature, Ward et al. [98] déclarent que les
distorsions cognitives des pédophiles découlent de
théories causales implicites des agresseurs sexuels pédophiles
concernant la nature de leurs victimes et leur vision du monde en
général.
A
partir de l'ensemble des différentes distorsions cognitives recueilles
dans la littérature médicale, ils "reconstruisent" cinq
modèles de théories implicites susceptibles d'intervenir chez les
agresseurs sexuels pédophiles :
Les
enfants sont considérés comme des objets sexuels.
Du
fait de leurs statuts supérieurs, certains individus ont le droit d'
assouvir leur besoin sur d'autres alors que les désirs de leurs victimes
sont ignorés ou considérés comme ayant une importance
secondaire.
Le
monde est un endroit dangereux dans lequel il est nécessaire de se
battre et d'affirmer sa domination sur les autres.
Le
monde est dominé par des facteurs extérieurs
incontrôlables. Dans un sens, les désirs sexuels sont
considérés comme extérieurs à l'agresseur qui n'est
pas responsable de son comportement.
Il
existe des degrés dans le mal, et, considérant qu'il aurait pu
commettre un acte beaucoup inacceptable et douloureux pour sa victime, l'
agresseur estime qu'il ne doit pas être jugé trop
sévèrement, d'autant plus que cette première croyance est
associée à une deuxième qui considère que l'
activité sexuelle ne peut être que bénéfique en elle
même. En conclusion, les auteurs déclarent qu'il est possible de
développer un modèle rendant compte des distorsions cognitives
des agresseurs sexuels pédophiles en se focalisant sur les
théories implicites qui sous-tendent leurs comportement
délictueux, ce qui permettrait de mieux comprendre les liens entre
cognition et comportement.
Seto
et al. [99], se sont particulièrement intéressés aux
pédophiles incestueux. Dans une perspective théorique qui
considère que le sexe avec son propre enfant biologique est paradoxal et
que l'évitement des croisement consanguins fait partie des
mécanismes régulateurs importants des relations parents-enfants,
ils font l'hypothèse que l'inceste peut survenir lorsque ces
mécanismes régulateurs sont submergés par d'autres
facteurs comme un intérêt de nature pédophile. Dans une
étude réalisée auprès d'un large échantillon
de 733 agresseurs sexuels, ils échouent cependant à
démontrer leur hypothèse : les pères biologiques
sensés avoir été impliqué dans l'éducation
de leurs victimes apparaissent comme le groupe possédant le plus faible
intérêt pédophile aux mesures phallométriques
comparativement aux groupe des pédophiles extra-familiaux, mixtes et aux
violeurs dont la victime est adulte. L'agression sexuelle chez les
pédophiles incestueux serait de nature plutôt opportuniste :
n'ayant pas accès facilement à leurs cibles sexuelles
préférentielles, ce type d'individu reporterait alors leurs
cibles plus bas dans leur gradient de leurs préférences
sexuelles. Les auteurs précisent cependant l'absence d'évaluation
des soins parentaux précoces et des premiers contacts
présumés entre le père et l'enfant, constituant une
limitation à l'étude.
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du chapitre 2
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