CHAPITRE 3 : DEVENIR ET RISQUES DE RECHUTE (questions 15 et 16)

 

(Dr Michaël Bonnière)

 

 

Question 15 – QUELS SONT LES RISQUES DE RECHUTE EN FONCTION DE L’AGRESSION SEXUELLE ? DES CARATERISTIQUES DE L’AGRESSEUR ET DES FACTEURS DE RISQUE OU DE PROTECTION (EN PARTICULIER LE TRAITEMENT) ?

 

 

1°)TAUX DE RECIDIVE

 

    Le problème posé par l’appréciation du taux de récidive des délinquants sexuels est multiple.

    Premièrement il faut rappeler que seules les récidives découvertes sont inclues dans les statistiques et que bien entendu un certain nombre échappe à la justice.

    Deuxièmement , la définition de la récidive doit être précise : récidives de crimes sexuels, récidives de délits sexuels, récidives criminelles, récidives violentes non sexuelles, récidives à 1 an, 5 ans ou 20 ans et enfin récidives en fonction de tel ou tel facteur de risque.

Nous avons donc sélectionné les articles qui tout en apportant leurs informations sur les taux de récidives des délinquants sexuels illustrent les difficultés citées.

Troisièmement , quand on parle de récidive «criminelle », ce n’est bien sûr pas à partir des dossiers médicaux mais à partir de sources judiciaires. D’ou l’idée de C. Friendship [1] de proposer une étude qui compare les deux principales sources d’informations sur les récidives criminelles en Angleterre. Dans son article (Reconviction : a critique and comparison of two main data sources in England and Wales), l’auteur arrive à la conclusion que sur 134 dossiers les informations fournies par The Offenders Index et par The National Identification System n’étaient pas corrélées de manière systématique ; l’auteur préconisant une consultation des deux types de documentation pour un résultat se rapprochant plus de la réalité.

 

 

    Une vaste revue de la littérature (Sexual recidivism in sex offenders) a été réalisée par D. Greenberg [2] rassemblant les principales études et méta-analyses sur le sujet de la récidive des délinquants sexuels.

 

  Dans une  étude centrée sur les violeurs (Assessment of risk for criminal recidivism among rapists : a comparaison of four different measures ), G.Sjöstedt [8] retrouve des taux respectifs de récidives de 20% , 25% et 39% pour des crimes sexuels, des actes de violence et des actes criminels en général , ce à 92 mois.

 

    Des chiffres de 16% pour les récidives sexuelles à 12 années sont obtenus par P. Firestone [9] à partir d’une population de  85 sujets violeurs, de 26% pour les actes de violence et de 53% pour les récidives criminelles.

 

    P .Firestone [10] (prediction of recidivism in extrafamilial child molesters based on court assessments) avançe des chiffres de récidive à 15,1% pour les crimes sexuels, 20,3% pour des agressions violentes et 41,6% pour les crimes généraux à partir d’une population de 192 pédophiles extra-familiaux sur 12 années de suivi.

 

    Le même auteur avançe dans une étude similaire centrée sur les pédophiles intra-familiaux (prediction of recidivism in incest offenders) [11] des taux de 6,4% de récidive pour les crimes sexuels , 12,4% pour les actes de violence non sexuels et de 26,7% pour les récidives criminelles en général.

 

    Une étude s’est concentrée sur les récidives des jeunes agresseurs sexuels (risk for criminal recidivism among young sex offenders) [12]. Dans cette  étude, les chiffres de 65% de récidive criminelle et de 20% de récidive sexuelle, bien qu’en accord avec les résultats précédents, restent à discuter pour  deux raisons : petit échantillon (n = 46) et la tranche d’âge voisine des précédentes (sujets entre 15 et 18 ans, le code pénal suédois fixant l’âge de responsabilité à 15 ans) .

 

    Si une certaine homogénéïté se dégage de ces chiffres, elle reste parfois contestée  essentiellement pour des problèmes de méthodologie. Ainsi D. Doren [13] dans une revue de la littérature (Recidivism base rates, prediction of sex offender recidivism, and the « sexual predator» commitment laws) reprenait comme les chiffres les plus exacts ceux donnés par Prentky : 52%de récidive sexuelle pour les pédophiles extra-familaux à 25 ans et de 39% pour les violeurs. A noter que cet article avait été contredit par notamment R.Wollert [14] (an analysis of the argument that clinicians under-predict sexual violence in civil commitments cases), là encore pour des raisons méthodologiques.

 

 

 

2° FACTEURS LIES AUX RISQUES DE RECIDIVE

 

    Parler de récidive de manière isolée ne suffit pas à caractériser pleinement les notions de dangerosité des agresseurs sexuels. On a donc cherché à mettre en évidence les éléments associés à ces récidives qui seraient donc des facteurs de risque qu’un patient soit potentiellement plus dangereux qu’un autre.

 

    L’étude la plus exhaustive que l’on puisse citer sur ce sujet est la méta-analyse de R. Hanson et M. Bussière [15] (Predicting relapse : a meta-analysis of sexual offender recidivism studies). Ce travail rassemble 61 études soit une population de 28 972 délinquants sexuels. La récidive au sens large est étudiée et ce sur une période de 5 années. Plusieurs facteurs prédictifs de récidive de crimes sexuels sont identifiés :

·       le célibat et le jeune âge des agresseurs sont dans tous les cas, bien que de manière faiblement significative, reliés au risque de récidive

·       les antécédents criminels, le caractère inconnu de la victime pour l’agresseur, la première agression à un âge jeune, des victimes de sexe masculin, des antécédents d’autres agressions sexuelles et une grande variété de crimes sexuels sont identifiés comme des facteurs de risque

·       une mauvaise relation à la mère  apparaît dans trois études comme un  facteur de risque à la différence  des antécédents d’abus sexuels qui ne sont pas retenus dans ces études

·       un trouble de la personnalité ,surtout le caractère asocial

·       le meilleur facteur prédictif est la pléthysmographie

    Ces résultats sont à rapprocher de ceux retrouvés dans l’étude rétrospective de R. Hanson et A. Harris [16] (Les prédicteurs dynamiques de la récidive sexuelle) dans laquelle 208 délinquants sexuels mâles récidivistes sont appariés à 201 délinquants sexuels non récidivistes.

 

Plusieurs différences significatives distinguent les récidivistes des non-récidivistes pour les variables statiques :

Pour les variables dynamiques, on remarque que les récidivistes étaient plus souvent sans emploi, qu’ils présentaient plus souvent une ou plusieurs dépendance à un toxique et qu’un certain nombre (plus que chez les non récidivistes) prenaient des anti-androgènes (ce dernier résultat concerne un petit échantillon).

 

 

a) Age comme facteur de risque

 

    Une étude importante a été réalisée par R. Hanson [17] (L’âge et la récidive sexuelle. Une comparaison des violeurs et des agresseurs d’enfants) sous la forme d’une méta-analyse qui rassemble 4673 sujets en 10 études. Elle s’intéresse à la relation entre l’âge et la récidive. Les auteurs voulaient vérifier que l’idée selon laquelle le comportement criminel diminuait avec l’âge, était applicable aux délinquants sexuels. Les taux de récidives étaient respectivement de 8,4%, 17,1% et 19,5% pour les pédophiles intra-familiaux, les violeurs et les pédophiles extra-familiaux. Ils diminuent progressivement avec l’âge à plusieurs nuances près : diminution régulière de ce taux pour les violeurs, diminution beaucoup plus faible pour les pédophiles extra-familiaux jusqu’à 50 ans et risque bien inférieur pour les pédophiles intra-familiaux. Pour les pédophiles extra-familiaux, la tranche d’âge à risque serait celle de 25 à 35 ans.

 

 

b) Relation à la victime comme facteur de risque

 

    C’est une étude rassemblant 400 délinquants sexuels  qui peut le mieux illustrer cette notion (Recidivism of child molesters : a study of victim relationship with the perpetrator). Après 7 années de suivi, les auteurs (D. Greenberg et J. Bradford) [18] arrivent à un classement des groupes en fonction de leur récidive et de leur relation à leur victime. Le groupe à plus haut risque est celui des agresseurs qui avaient leur victime parmi leur connaissance mais sans lien familial (récidive à 16,2%).Les groupes de meilleur pronostic sont les pères biologiques de leur victime (4,8%) et les beaux pères de leur victime (5,1%). Deux groupes se situent de manière intermédiaire : les agresseurs étrangers à leur victime (9,7%) et les agresseurs dont les victimes étaient des membres éloignés de leur famille (10,8%).

 

 

c) Caractéristiques des crimes comme facteur de risque

 

    J. Warren [19] propose une étude originale (Crime scene analysis and the escalation of violence in serial rape) qui analyse les circonstances de certains viols pour y repérer des facteurs de risque de récidive et d’escalade dans la violence. Sur les 108 violeurs en série étudiés, 79% de ceux qui « progressent » dans la violence appartiennent à la race blanche et d’une manière générale ces « increasers » ont plusieurs caractéristiques : histoire criminelle moins chargée, plus grande violence avec leurs victimes dès les premières agressions, agression plus longues et utilisation fréquente d’instruments de pénétration.

 

 

 

 

 

 

d) Traitement comme facteur présentant un impact sur le risque de récidive

 

En introduction, deux articles peuvent être cités :

 

  1. La revue de la littérature de W. Marshall et W. Pithiers [20] (A reconsideration of treatment outcome with sex offenders) qui se veut une relecture optimiste d’un autre document, étude de Furby, Weinrott, and Blackhshaw’s review.

Là où Furby ne voyait aucun impact des traitements sur les récidives , les nouveaux auteurs répondent que toutes les études parues avant 1978 ne peuvent présenter de traitements « récents » plus adaptés à la problématique des délinquants sexuels, que la plupart des études citées par Furby ne présentaient qu’un traitement , remplacé aujourd’hui par une prise en charge pluriaxiale. Les mêmes critiques sont formulées envers The Reports by the Penetanguishene group qui parlait d’inefficacité des traitements , les auteurs reformulent les précédentes conclusions en parlant d’études « non informatives » sur l’efficacité des traitements.

  1. La deuxième étude est nettement plus rassurante ;il s’agit d’une méta-analyse de G.Nagayama [4] (Sexual offender recidivism revisited : a meta-analysis of recent treatment studies). A partir de 12 études rassemblant 1 313 sujets, plusieurs résultats se dégagent : 19% de récidives de crimes sexuels pour les sujets traités contre 27% pour les non traités, l’efficacité thérapeutique semblait plus importante pour les études associées à un suivi de plus de 5 ans, une des deux études donnant les meilleurs résultats regroupait des adolescents et l’association des thérapies cognitivo-comportementales aux traitements hormonaux aurait de meilleur résultat que les thérapies comportementalistes seules.

   

     La plupart des études récentes publiées mesurant l’impact d’un traitement sur la dangerosité des délinquants sexuels mettent en avant une efficacité du traitement mais ont toute en commun des faibles échantillons .

 

Deux études se sont concentrées sur les pédophiles :

 

 

    L’efficacité d’un programme de soins similaire avait été testée sur une population de violeurs par S. Clelland [23] (Follow-up of rapists treated in a forensic psychiatric hospital). Les taux de récidives de crimes sexuels étaient de 17% pour les sujets traités et de 29% pour les sujets témoins et encore plus spectaculaire pour les crimes violents non sexuels :17% contre 40% et pour les autres récidives criminelles : 36% contre 58% ; mais il s’agissait là encore d’un petit échantillon (36 sujets traités et 38 ayant abandonné le programme avant son terme).

 

    Pour les jeunes agresseurs sexuels, on retiendra l’étude de J.Worling [24] (Adolescent sexual offender recidivism : success of specialised treatment and implications of risk prediction) qui compare un groupe de 90 adolescents agresseurs sexuels sans prise en charge à 58 adolescents bénéficiant d’un programme de soins par the Sexual Abuse , Family Education and Treatment. Les taux de récidive de crimes sexuels étaient 5,17%  pour les sujets traités contre 17,8% pour les non-traités.

 

    Une étude (A ten year longitudinal study of adolescent rapists upon return to the community) de M.Hagan [25] était difficilement exploitable car dépourvue de groupe de comparaison.

 

Deux études viennent mettre des limites aux programmes de soins étudiés :

    -The fallacy of reducing rape and violent recidivism by treating anger de W. Loza [26] qui montre sur 271 agresseurs incarcérés qu’il existe un certain flou quant à la répartition des programmes de soins et notamment ceux axés sur la colère (programmes « réservés » aux sujets violents ou violeurs). De plus il n’existerait pas de différence entre les sujets sur leur degré de colère ( colère qui se retrouvait de la même manière chez des sujets «  non violents non violeurs ».

    - The stiching ambulante preventie projecten method : a comparative study recidivism in first offenders in a dutch outpatient setting de F. Ruddijs [27] qui à partir de deux fois 56 sujets agresseurs sexuels pour la première fois condamnés montre que le taux de récidive de crimes sexuels est plus important pour les sujets qui avaient été intégrés dans un programme de soins obligatoires.

 

    Enfin, dans une revue de la littérature (The untreatable family), D. Jones [28] passait en revue les critères qui faisaient qu’une cellule familiale confrontée à l’inceste serait une famille réfractaire aux soins : une histoire familiale marquée par les abus sexuels, le peu d’investissement de l’enfant avec l’incapacité à différencier les besoins de l’enfant de ses propres besoin, la gravité des actes, des actes ayant mis en danger la vie de l’enfant, des troubles graves de la personnalité, le manque d’aveux et le refus d’une aide extérieure.

 

 

 

 

 

 

Question 16 -  EXISTE-T-IL DES OUTILS PERMETTANT D’EVALUER LES RISQUES DE RECHUTE ET QUELS SONT-ILS ?

 

 

    Il existe un certains nombre d’instruments utilisés pour apprécier les risques de récidive des criminels et un plus petit nombre pour évaluer les risques de récidives des criminels sexuels.

On distingue les méthodes cliniques qui correspondent à des entretiens structurés ou semi-structurés de la pléthysmographie qui aurait en plus des capacités discriminatives pour distinguer les différents types de délinquants sexuels.

 

1°) ECHELLES CLINIQUES

 

    Nous avons rassemblé plusieurs études comparatives pour présentant des instruments  qui reflèteront les modèles américains et canadiens , l’exemple européen étant décrit à partir du travail de D. Giovannangeli [29] ( étude comparative dans 15 pays d’Europe : les méthodes et les techniques d’évaluation de la dangerosité et du risque de récidive des personnes présumées ou avérées délinquants sexuels)

 

a) Description des méthodes d’évaluation du risque de récidive sexuelle

 

Sexual Violence Risk (SVR-20)

 

    Publié pour la première fois en 1997 par Boer, Hart, Kropp et Webster cet outil rassemble des items portants sur des facteurs d’adaptation sociale, des facteurs concernant les antécédents du sujet en matière d’infraction sexuelle et des facteurs relatifs à la projection dans l’avenir de l’individu. Il ne s’agit pas à proprement parler d’une échelle mais elle reste applicable aux notions de violences sexuelles, G. Sjöstedt l’ayant relié significativement au risque de récidive d’acte de violence sur une population de 51 violeurs [8] ( Assessment of risk for criminal recidivism among rapists : a comparaison of four different measures).

 

Rapid Risk Assessment for Sexual Offense Recidivism (RRASOR)

 

    Conçue par R. Hanson en 1997, cette échelle aurait un degré d’exactitude de prévision modéré essentiellement par l’absence de prise en compte des préférences sexuelles déviantes .Dans la même étude citée précédemment, G.Sjöstedt [8] trouvait que sur plusieurs instruments : PCL-R, SVR-20 ,VRAG et RRASOR seul ce dernier outil offrait une corrélation (non significative) avec le risque de récidive sexuelle .

 

Stuctured Anchored Clinical Judgement-Minimum (SAJC-Min)

 

    Instrument créé par Grubin en 1998 et testé sur 500 délinquants sexuels incarcérés dans des prisons anglaises.

 

 

 

 

 

Static-99

 

   A été mis au point par R.Hanson à partir des deux instruments précédents (RRASOR et SAJC-Min) et est constitué comme son nom l’indique de variables statiques. Cet outil serait plus efficace qu’un jugement clinique non structuré et que le SORAG mais resterait moins efficace que le VRAG tout en étant plus simple d’utilisation.

 

 

Sex Offender Risk Appraisal (SORAG)

 

    SORAG est un outil créé par Quinsey, Lalumière et Harris en 1995 à partir  de recherches rétrospectives menées sur des délinquants sexuels. L’efficacité de cet instrument reste limitée car construit selon les auteurs à partir de relations linéaires entre des variables sans tenir compte d’éventuelles interactions multiples.

 

Irish Sex Offender Risk Tool ( ISORT)

 

    Outil mis au point sur des délinquants sexuels irlandais resterait en fait peu utilisé.

 

Sex Offender Need Assessment Rating (SONAR)

 

    Outil présenté par R.Hanson [30] prenant en compte des facteurs stables et des facteurs aigus .Sur une étude de 137 violeurs, 122 pédophiles extra-familiaux agresseurs de garçons, 150 pédophiles extra-familiaux agresseurs de petites filles et 208 récidivistes, le SONAR a montré une uniformité satisfaisante et tous ces éléments ont montré une distinction entre les deux groupes : récidivistes et non récidivistes.

 

Evaluation Rapide du Risque Sexuelle (ERRRS)

 

    Mis au point par K. Hanson [31] à partir de critères retenus sur la méta-analyse de 1996 par Hanson et Bussière, cet outil pourrait être un moyen de filtrage ne devant pas être utilisé seul mais plutôt en complément d’autres méthodes comme la pléthysmographie.

 

 

b) Description des méthodes d’évaluation de la psychopathie

 

 

Psychopathy Checklist-Revised (PCL-R)

 

Reste le principal instrument dans cette catégorie , déjà de nombreuses fois testé sur des délinquants “classiques” comme par exemple par R. Hare [32] dans Psychopathy and the perpective validity of the PCL-R: an international perspective, cette échelle est effectivement capable de prédire les risques de récidive d’actes de violence.

Plusieurs études prouvent que cette notion reste applicable aux délinquants sexuels : Prediction of recidivism in extrafamilial child molesters based on court assessments, Prediction of recidivism in incest offenders, 2 études de P. Firestone [10, 11] et Assessment of risk for criminal recidivism among rapists : a comparaison of four different measures, par G.Sjösted [8] montrent une corrélation certaine entre les récidives d’actes de violence non sexuelle des délinquants sexuels et leur résultats aux questionnaires.

 

La version française de la PCL-R comprend 20 items :

 

  1. Loquacité et charme superficiel
  2. Surestimation de soi
  3. Besoin de stimulation et tendance à s’ennuyer
  4. Tendance au mensonge pathologique
  5. Duperie et manipulation
  6. Absence de remords et de culpabilité
  7. Affect superficiel
  8. Insensibilité et manque d’empathie
  9. Tendance au parasitisme
  10. Faible maîtrise de soi
  11. Promiscuité sexuelle
  12. Apparition précoce de problèmes de comportement
  13. Incapacité de planifier à long terme et de façon réaliste
  14. Impulsivité
  15. Irresponsabilité
  16. Incapacité d’assumer la responsabilité de ses faits et gestes
  17. Nombreuses cohabitations de courte durée
  18. Délinquance juvénile
  19. Violation des conditions de mise en liberté conditionnelle
  20. Diversités des types de délits commis par le sujet

 

 

 

 

 

c) Description des méthodes d’évaluation de la violence

 

 

Violence Risk Appraisal Guide ( VRAG)

 

 

    Le VRAG a été élaboré par Harris, Rice et Quinsey en 1993 pour évaluer le risque de récidive violente à partir de 12 items, facteurs historiques et statiques. Cette échelle a plusieurs fois été testée sur des délinquants « classiques », donnant des résultats satisfaisants à la nuance près que le VRAG ne permet en rien de prédire le moment de la récidive.

Pour les délinquants sexuels nous avons retrouvé dans l’étude de G. Sjöstedt [8] et N.Langström une corrélation entre des scores de VRAG élevés et des récidives criminelles violentes (échantillon de 51 violeurs).

 

    A noter qu’il existe depuis 1994 un nouvel instrument dérivé du VRAG.Le Violence Prediction Scheme (VPS) a été élaboré par Webster, Harris, Rice, Cornier et Quinsey en associant au VRAG des facteurs dynamiques.

 

 

d°) Description des méthodes d’évaluation de l’hostilité et de l’agressivité

 

 

Buss-Durkee Hostility Inventory ( BDHI)

 

    Le BDHI est un test qui a comme fonction d’investiguer non seulement la présence d’agressivité chez l’individu mais aussi la manière dont elle se manifeste. Cet outil élaboré par Buss et Durkee en 1957 permet une approche de huit domaines de l’hostilité en général.

Le BDHI a montré dans quatre études de P. Firestone [9, 10, 11, 33] sur les violeurs, les pédophiles extra-familiaux, les pédophiles intra-familiaux et les exhibitionnistes une relation entre leurs scores de BDHI élevés et leur récidives d’actes criminels violents.

Une étude de 1976 de Rada a mis en évidence des scores élevés pour ce test chez des délinquants sexuels dont l’agression était marquée par une violence importante. Un score total de 38 et plus révèle une hostilité importante chez le sujet.

 

Buss and Perry Agression Questionnaire (AQ)

   

    Ce questionnaire a été mis au point par Buss et Perry en 1992 pour améliorer les propriétés psychométriques du BDHI.

 

       

2°) LA PLETHYSMOGRAPHIE

 

     Cette méthode est apparemment très utilisée Outre-Atlantique dans les recherches menées sur les délinquants sexuels. Elle enregistre les variations de taille du pénis d’un individu soumis à un certain nombre et à un certain type de stimuli.

 

     Pourtant c ‘est une technique qui reste controversée. Dans une revue de la littérature ,Gilles Launay [34] (The phallometric assessment of sex offenders : an update) rappelle l’absence de standardisation quant à son utilisation .Il cite 48 laboratoires qui auraient chacun leur matériel et leur protocole sans qu’il n’y est de consensus sur une « érection minimale » .

    Martin Lalumière [35] avait déjà apporté des éléments de réponses quant à l’emploi de la pléthysmographie dans une autre revue de la littérature (Common questions regarding the use of phallometric testing with sexual offenders). Il préconise l’emploi d’un grand nombre de stimuli par catégorie, rappelant que  les résultats doivent toutes être interprétés afin d’obtenir des réponses significatives ; il préconise un intervalle de 30secondes post-stimulation et un enregistrement de 30 secondes et rappelle que l’érection complète n’est pas nécessaire pour la validité de l’épreuve.

    Néanmoins tous les auteurs reconnaissent deux intérêts fondamentaux à l’emploi des mesures phallométriques sur les délinquants sexuels : une capacité de prédiction des récidives et une capacité de distinction des délinquants sexuels.

 

1°)Capacité prédictive de la pléthysmographie

 

   Les mesures phallométriques semblent s’être imposées comme le principal prédicteur des récidives de crimes sexuels, permettant d’évaluer la «  déviance » sexuelle et dans certains cas de mesurer les indices pédophiles.

    R. Hanson présentait déjà dans sa méta-analyse de 28 972 sujets les mesures phallométriques comme l’outil le plus fiable même si il reconnait qu’elle reste plus fiable pour les pédophiles que pour les violeurs.

    Sur un effectif plus réduit, R. Serin [36] présente les mesures phallométriques  identifiant la déviance sexuelle, comme un outil permettant de prévoir les récidives de crimes sexuels (Psychopathy, deviant sexual arousal, and recidivism among sexual offenders).

    Ces résultats ont été confirmés par P.Firestone sur une population de 192 pédophiles extra-familiaux [10] (Prediction of recidivism in extrafamilial child molesters based on court assessments) mais mis en défaut par deux autres études du même auteur : les mesures phallométriques auraient en effet des limites  dans leur capacité prédictives sur certaines populations :

 -les pédophiles intra-familiaux [11] ( Prediction of recidivism in incest offenders)

 -les exhibitionnistes [33]

    Mais d’une manière général la pléthysmographie reste l’instrument le plus sûr précisant le degré de risque d’un délinquant sexuel.

 

 

    M.Seto [37] propose ainsi dans son étude : A brief screening scale to identify pedophilic interests among child molesters de mettre au point un test clinique directement derivé des mesures phallométriques.

Le Sceening Scale to Identify Pedophilic Interests (SSPI) rassemble les variables de l’intérêt pédophile :

Ce test a été comparé à la pléthysmographie sur 1113 pédophiles ,92 violeurs et 112 non-agresseurs. Les résultats du SSPI ont été significativement reliés aux résultats des mesures phallométriques qui gardent tout de même une certaine avance.

 

2°) Capacité discriminative de la pléthysmographie

 

    Plusieurs études de premier niveau selon les critères de l’ANAES peuvent illustrer cette qualité :

    Cette étude est à rapprocher de celle de J.Bernat [40] (Sexually agressive and nonagressive men : sexual arousal and judgments in response to acquaintance rape and consensual analogues) qui distingue des sujets non agressifs des sujets agressifs par la réponse plus importante de ces derniers au scénario mettant en scène des rapports sexuels forcés.

 

     Dans une étude de niveau 2 (The differentiation of intrafamilial and extrafamilial heterosexual child molesters), M Lalumière [41] teste l’idée selon laquelle les pères incestueux ou pédophiles intra-familiaux sont attirés sexuellement par les enfants uniquement par défaut, compensant un mauvais fonctionnement de couple. En fait, les 19 pédophiles intra-familiaux et les 20 pédophiles extra-familiaux ont des réponses similaires aux mesures phallométiques témoignant d’un réel intérêt sexuel vers les enfants.

 

    Pourtant au moins une étude pose des limites aux capacités discriminatives des mesures phallométriques :

celle de MC. Seto [42] (The discriminative validity of a phallometric test for pedophilic interests among adolescent sex offenders against children) qui ne permet pas de distinguer les sujets violeurs (n=23) des sujets témoins(n=16).De plus dans cette étude si tous les groupes d’agresseurs sexuels ont des indices pédophiles plus élevés que les groupes témoins, les adolescents agresseurs sexuels de petites filles ne se distinguent pas du groupe témoin.

On notera que cet article s’intéresse aux jeunes agresseurs sexuels.

    Une autre étude (The relationship between phallometrically measured deviant sexual arousal and clinical characteristics in juvenile sexual offenders) a montré son incapacité à raccorder des informations relatives aux déviances sexuelles de l’adulte à celles du jeune agresseur. En effet, l’auteur, J. Hunter [43] ne montre pas l’intérêt d’un indexe de déviance chez le jeune agresseur, avançant l’hypothèse que leurs choix sexuels ne soient pas définitivement déterminés.

Par ailleurs une étude comportant sans doute un trop petit échantillon de sujets avait mis en lumière une probable limite de cet examen complémentaire : le temps d’exposition du stimulus. Dans son étude (Voluntary control of penile responses as a function of stimulus duration and instructions) ML.Lumière [44] soulignait que si le temps d’exposition d’un stimulus était « long » la réponse risquait d’être importante mais le sujet aurait l’opportunité de mettre en place des mécanismes simulant une excitation pour un stimulus non satisfaisant initialement.

 

    Enfin ,la pléthysmographie pourrait contribuer à l’élaboration de nouveaux instruments. M Seto et M. Lalumière [37] proposent dans leur étude (A brief screening scale to indentify pedophilic interests among child molesters) un instrument (SSPI) rassemblant 4 variables liées à l’intérêt pédophile : au moins une victime mâle, plus d’une victime, des victimes jeunes et des victimes n’appartenant pas à la famille des agresseurs.

Ainsi 1113 pédophiles ont été comparés à 94 violeurs et 112 sujets témoins et les réponses du SSPI ont été significativement reliées aux réponses obtenues par les mesures phallométriques.

 

 

Bibliographie du chapitre 3

 

1.         Frienship C. Reconviction : a critique and comparison of two main data sources in England and Wales. Leg Criminol Psychol  2001 ; 6 : 121-129.

2.         Greenberg D. Sexual recidivism in sex offenders. Can J Psychiatry 1998 ; 43 : 459-465.

3.         Furby L, Weinrott M. Sex offender recidivism : a review. Psychol Bull 1989 ; 105 : 3-30.

4.         Nagayama Hall G. Sexual offender recidivism revisited : a meta-analysis of recent treatment studies. J Consult Clin Psychol 1995 ; 63 : 802-809.

5.         Alexander M, Mitchell J. Sex offenders treatment: does it work ? Conference Report, 1st International NOTA/ATSA 1995. Nota News 1995(16) : 42.

6.         Hanson R, Bussière MT. (1996, page consultée en Juillet 2001). Predictors of sexual offender recidivism : a meta-analysis [en ligne].  Ottawa : Ministère du Solliciteur Général du Canada, ed.  http://www.sgc.gc.ca/epub/corr/e199604/e199604.htm

7.         Proulx J, Perreault C, Ouimet M. Pathways in the offending process of extrafamilial sexual child molesters. Sex Abuse 1999 ; 11 : 117 –129.

8.         Langström N. Assessment of risk for criminal recidivism among rapists :a comparison of four different measures. Psychol Crime Law 2001 ; 8 : 1-16.

9.         Firestone P, Bradford J, Greenberg D. Recidivism in convicted rapists. J Am Acad Psychiatry Law 1998 ; 26 : 185-200.

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