La prise en compte récente en France des
répercussions médico-psychologiques graves de la
délinquance sexuelle est le fait de société de cette
dernière décennie (Senon, 1996). Les victimes parlent et sont
invitées à dévoiler la violence subie. Les proches comme
les intervenants éducatifs et médico-sociaux sont incités
à dénoncer les faits qu’ils avaient l’habitude de
taire, trop longtemps enfermés dans le carcan du secret, notamment
professionnel ; plus encore, quand ils n’ont pas fait cette
démarche, ils sont mis en cause par la justice pour non-assistance
à personne en péril ou complicité. Des consultations de
victimologie se mettent en place, incitant à la prise en charge
précoce de ceux qui ont été agressés et une
nouvelle clinique est en train de naître en redécouvrant les
travaux de l’école française du XIXème siècle
des Janet ou Tardieu (Darves Bornoz, 1994). L’opinion publique comme les
professionnels de santé découvrent avec surprise que les
pères incestueux, les auteurs de viol ou d’actes de pédophilie
extra-familiaux sont d’autres nous-même, connaissances ou proches
révélant alors un autre visage de l’agresseur, loin de
l’image du père incestueux de la ruralité profonde ou du
monstre pédophile meurtrier que pourrait laisser craindre le
développement du mythe du serial-killers à
l’américaine.
Magistrats
et personnels pénitentiaires se retrouvent avec des sessions
d’assises presque exclusivement consacrées au jugement
d’agresseurs sexuels, et les pénitentiaires voient
s’accumuler dans les prisons une nouvelle catégorie de
détenus qu’il faut mettre à distance du reste de la
population pénale et qu’il est indispensable de protéger
d’un passage à l’acte suicidaire et d’inciter aux
soins dans la prison comme à sa sortie, rendant encore plus
indispensable le travail en partenariat avec les équipes psychiatriques,
pourtant déjà sur-sollicitées. Existe t’il une
réelle augmentation des crimes sexuels, ou faut-il voir là un
effet de la sur-médiatisation, ou une simple réduction du chiffre
noir des criminologues ? L’augmentation du pourcentage des auteurs
de crimes sexuels en détention ne doit-il pas aussi être
rapportée à l’allongement des peines lié à
une sur-pénalisation dans une société porteuse d’une
culpabilité sociale, liée à une aussi longue
période d’aveuglement ?
Psychiatres,
psychologues et équipes psychiatriques sont immanquablement
bousculés par la remise en cause de leurs repères cliniques comme
éthiques et déontologiques. La clinique de la perversion est trop
longtemps restée en sommeil pour les analystes centrés sur les
descriptions de fétichistes ou de sado-masochistes et oubliant violeurs,
pères incestueux et pédophiles, de longue date
délégués aux criminologues et considérés
comme inaccessibles aux prises en charge psychothérapiques puisqu’en
règle non demandeurs… Les professionnels se retrouvent face
à l’obligation d’écrire une nouvelle clinique et
surtout de faire évoluer la relation médecin-patient en
dépassant la règle sacro-sainte de la
« neutralité bienveillante », en invitant à
un travail thérapeutique sur l’acte.
Face
à ces bouleversements, toutes les approches théoriques permettant
d’expliquer et de comprendre l’agression sexuelle sont en mutation
avec l’obligation de confrontations et
d’interdisciplinarité, le passage à l’acte
étant toujours au carrefour de l’organisation sociale et familiale,
du déterminisme individuel et de la représentation de la loi.
On comprend ainsi que les théories actuelles
concernant les causes impliquées dans les agressions sexuelles puissent
être multiples et diverses, toutes revenant à un modèle
bio-psycho-social. Nous n’aborderons ici que certaines d’entre
elles :
·
Théories
psycho-sociologiques
·
Théories
criminologiques
·
Théories
psychiatriques et psychanalytiques
·
Théories
comportementales
·
Théories
biologiques
L’évolution de la criminalité
notamment sexuelle est régulièrement mise en rapport avec une
évolution de la société comme de la famille. Les travaux
de la sociologie contemporaine sont loin d’être univoques pour
tenter d’apporter un éclairage indispensable sur les agressions
sexuelles. Très régulièrement, spécialistes comme
médias avancent la démission des pères, la dislocation de
la famille, la sur-assistance de l’état, comme étant les
facteurs principaux de la majoration de la délinquance interpersonnelle
comme des violences intrafamiliales (Vizard E & al, Ferrier C., Gosset
D…). Ces éléments demandent à être
discutés et critiqués avec prudence tellement peuvent en
être importantes les conséquences socio-politiques.
Contrairement aux idées reçues, depuis
l’étude de « La famille conjugale » par
Durkheim dans son cours de 1892, nombre de sociologues soulignent que
l’organisation de la famille a paradoxalement connu bien peu
d’évolution depuis un siècle. C’est par exemple le
constat de J. Commaille et F. de Singly dans leur travail sur « La
question familiale en Europe » (L’Harmattan 1996). Ils
identifient, à l’image des constations de Durkheim il y a un
siècle, un double mouvement apparemment contradictoire :
·
un développement
de la famille comme « espace privé » marqué
par une plus grande préservation des relations interpersonnelles et le
respect de la vie privée assimilée au « cocon familial » ;
·
une augmentation de
l’intervention de l’état et de la dépendance à
celui-ci avec sur-assistance des parents comme des enfants et interventionnisme
sous prétexte de protection des enfants.
La famille reste une « famille
relationnelle », chacun de ses membres cherchant à
préserver la qualité des relations d’intimité et
induisant une séparation de l’espace public et du champ
privé, assimilé au « cocon » et
caractérisé par la force des relations affectives dans la
dynamique des rapports intrafamiliaux avec souvent crainte de
l’extérieur et des relations sociales extrafamiliales. Cette force
particulière des relations affectives décrite par nombre de
sociologues de la famille contemporaine peut-elle être associée
à une confusion des rôles et une perte des distances entre les
membres de la famille comme cela est souvent avancé comme
hypothèse dans les familles à transaction incestueuse ?
C’est à rapprocher de la description faite par A. Crivillé
quand il parle de « pratiques confusionnantes » dans des
familles tellement soudées qu’aucun de ses membres ne se donne le
droit d’exister sans les autres (Crivillé A, 1994).
Cette force particulière des relations
intrafamiliales peut sûrement être reliée à la
« revendication d’amour » de chacun de ses
membres : besoin de vérifier l’amour parental au moment de la
conception comme dans l’éducation infantile et dans
l’adolescence. Le développement des psychopathologies de carence
est souvent relié à l’incapacité à assumer
les manques réels ou imaginaires ou l’émergence d’un
vécu d’incomplétude. Dans le domaine des crimes sexuels, la
mise en évidence de ces carences est en règle le travail de
l’avocat d’assises pour défendre son client agresseur
sexuel. Depuis une décennie, il faut cependant noter que de facteur
d’atténuation de responsabilité, les carences affectives
sont devenues des facteurs de sur-pénalisation dans la mesure où
elles sont assimilées à un risque accru de récidive.
Comme le rappelait Durkheim,
« l’état est devenu un facteur de la vie
domestique » en exerçant, le plus souvent sous
prétexte de l’intérêt des enfants, un contrôle
sur le fonctionnement familial et sur l’exercice des rôles et des
fonctions, et notamment sur celle du père. La famille est de moins en
moins patriarcale, le père n’est plus le chef de famille
incontestable. Depuis la fin de la dernière guerre mondiale, les
systèmes de représentation de la paternité ont
été marqués par une indéniable perte de pouvoir et
d’autorité mais aussi par l’émergence des images de
« pères carents », pères
« manquant absolument » à leur paternité
sur le plan des conduites et des comportements sociaux, mais surtout,
pères ne remplissant pas leurs fonctions psychologiques dans
l’élaboration de la structure oedipienne de ses enfants. J. Lacan,
réfléchissant en 1938 « au noyau du plan grand nombre
des névroses » soulignait ainsi : « notre
expérience nous porte à en désigner la
détermination principale dans la personnalité du père,
toujours carente en quelque façon »(Lacan). La
méfiance de l’état envers les pères a eu comme
conséquence une succession de lois assurant le contrôle de
l'exercice de la paternité : 1841 : loi sur le travail des
enfants limitant la puissance paternelle, 1889 : loi sur la
déchéance paternelle au profit de l’Assistance Publique,
1898, loi sur les mauvais traitements infligés aux enfants, 1935 :
suppression de la correction paternelle, 1938 : abolition de la puissance
maritale, 1970 : substitution de l’autorité parentale
à la puissance paternelle, 1972 : attribution de
l’autorité parentale à la mère en l’absence de
mariage… Pour F. Hurstel et G. Delaisi de Parseval, il faut voir dans
cette évolution législative de notre démocratie une
réduction de la « puissance du père à sa plus
simple expression, celle d’une puissance partagée, limitée
par l’intérêt de l’enfant d’une part et par le
droit des femmes de l’autre ». (Hurstel et Delaisi de
Parseval, 1990) Ces deux facteurs sont à relier à
l’augmentation des plaintes déposées par les victimes. F.
de Singly nuance ce modèle du père carent en soulignant
qu’il sous-estime beaucoup trop la manière dont les pères
remplissent leur fonction et dont les enfants le ressentent. (De Singly, 1993,
1996)
F. Hurstel (Hurstel 1987) constate
cependant que le stéréotype du père carent, chômeur,
alcoolique et maltraitant a gardé des traits parfaitement stables depuis
un siècle. Cette image est cependant très ambivalente : pour
elle, une des caractéristiques actuelles du père carent
n’est-elle pas de « ne pouvoir exister sans son pendant, son
compère : le bon père » ?, laissant penser
que bon et mauvais père « sont faits du même bois,
celui de l’idéal, recto et verso d’une même
famille » ? Dans cette représentation, souvent
retrouvée aux assises pour les agresseurs sexuels, la mère prend
alors le visage de la mère surmenée et dépassée. Le
fils du père carent est à la fois « le bon enfant,
celui dont tous les parents rêvent » et « le
délinquant, pervers et sadique », enfant à double
visage, identifié à l’agresseur et
« déplaçant l’agressivité qu’il
porte en lui sur des objets innocents » (Hurstel, Delaisi de
Parseval, 1990) De cette façon, l’histoire sociale ne peut que se
répéter : pères exploités socialement, fils
victimes de la carence paternelle, se retournant contre la
société par leur délinquance. L’indistinction entre
l’homme et la fonction de père, bien soulignée par Lacan,
ne peut que générer une confusion entre la personnalité et
la fonction du père : père carent, castré, coupable
de faiblesse, fils soumis et révolté, cherchant dans ses passages
à l’acte à vérifier l’absence de castration et
à s’établir en tant qu’homme face à ses pairs
(Hird, 2000). F. Hurstel critique cette mise en cause habituelle des
pères dans les discours moralisateurs ou psychologisants, qui, en
insistant sur les carences des pères, génèrent une
dévalorisation extrême, voir une exclusion de leur position de
père. Dans ces hypothèses, requalifier les pères par des
prises en charges adaptées serait une des façons de
prévenir la délinquance sexuelle.
La même réflexion
critique doit être faite pour ce qui concerne les méfaits de la
dissociation familiale. F de Singly souligne que les recherches actuelles sont
encore centrées sur la dénonciation des familles dissociées,
reprenant les anciennes hypothèses d’Heuyer qui datent de 1942. Il
rappelle que la fréquence d’enfants de parents dissociés
dans les consultations médico-psychologiques n’implique pas que la
dissociation soit génératrice de pathologie. Il incite à
éviter la stigmatisation sociale et à se méfier des effets
« d’étiquetage », de labelling pouvant
sur-déterminer les comportements pathologiques dans la famille.
La banalisation des familles
éclatées ou recomposées est aussi souvent mise en avant
dans la recrudescence de la criminalité sexuelle, en particulier de
l’inceste (Hurstel, Delaisi de Parseval, 1990). La confusion des
rôles, la force des relations intrafamiliales, le rapprochement des
générations, comme la revendication de maturité des
adolescents(es) sont souvent analysés : « Le vide des
termes allié à la réalité de relations affectives
intenses… permet au fantasme de l’inceste d’être
présent sans que les limites lui soient assignées par la loi ou
de par les paroles qui pourraient être dites à
l’enfant ». Pour Lemaire (Lemaire, 1987) c’est un
véritable « travail psychologique de
reconnaissance » qui est à faire pour que le compagnon de la
mère puisse « faire un père » sans que la
famille ne développe des transactions incestueuses : il faut
« que le compagnon le désire personnellement, que la
mère le désigne comme père possible, que l’enfant
l’accepte, que le père légal accepte la prise en charge de
certaines fonctions par l’ami de la mère et que des tiers sociaux
fonctionnent entre le nouveau couple et l’enfant ». Nombre
d’auteurs soulignent que dans ces situations, les psychopathologies
personnelles névrotiques ou carentielles des nouveaux parents jouent un
rôle majeur dans ces recherches de recompositions familiales, rendant
souvent indispensables de nouvelles techniques d’assistance familiale et
une prévention psycho-socio-éducative (Fréjaville,1987,
Rey et al, 2001).
La criminologie contemporaine aborde toujours la
causalité du crime avec les modèles du XIXème
siècle. Que l’on reprenne Gabriel Tarde, Quételet ou
Beccaria, le précurseur, les explications plausibles de toute
criminalité, en particulier sexuelle, ont toujours été
envisagées comme pouvant être de quatre ordres :
« mauvaise nature, mauvaise moralité, mauvaises
fréquentations ou mauvaise administration ». Les
criminologues classiques mettaient en évidence pour tout crime trois
niveaux d’interdiction pouvant limiter l’envie de commettre l’infraction :
la conscience (assimilée à la vertu, à l’âme,
puis au sur-moi), les proches (famille ou amis) et les institutions de
répression (gendarme, juge) C’est ainsi que les travaux
criminologiques classiques ont toujours avancé comme causes de
l’infraction, le défaut d’éducation, la
désorganisation du milieu, l’inefficacité de la police, le
laxisme de la justice, l’insuffisance de répression de la loi ou
l’excitation sociale… Les causes du crime ont ainsi toujours
été recherchées dans trois domaines : celui de la
personnalité du délinquant, celui de sa famille ou de son milieu
d’éducation et enfin celui de la société et de la
culture (Ogien, 1995). En toile de fond le spectre de la maladie mentale a
toujours été agité : devant un crime aussi horrible,
celui qui l’a commis ne peut être qu’un malade mental. Toutes
ces hypothèses sont régulièrement avancées dans les
médias face aux crimes sexuels : carence des familles, inaction de
la police, défaut de répression de la justice, peines
insuffisamment sûres, pathologie psychiatrique de l’auteur…
Quatre regards parmi d’autres de la
criminologie méritent d’être repris pour leurs liens avec
les causes des agressions sexuelles :
·
le problème de
la maladie mentale ;
·
le rapport entre
infractions sexuelles et maltraitances ;
·
les travaux sur la
nécessité d’une différenciation entre inceste, viol
et pédophilie pour ce qui concerne les risques de récidive et le
choix des stratégies thérapeutiques ;
·
la question de
l’augmentation dans notre pays de la répression des infractions
sexuelles et notamment de l’inceste.
Perturbés, mais pas malades donc pas
irresponsables : tous les cliniciens s’accordent pour avancer que
les agresseurs sexuels ne présentent en règle pas de pathologie
psychiatrique au sens clinique du terme, en dehors bien entendu des passages
à l’acte, mode d’entrée ou dans le cours
évolutif de psychoses dissociatives ou dysthymiques et des
comorbidités, notamment alcoolisme et toxicomanies. C’est en ce
sens que l’irresponsabilité de la plus grande part des agresseurs
sexuels n’est pas retenue, quels que soient les droits pénaux dans
les pays industrialisés et la définition par ceux-ci de
l’irresponsabilité pénale. Par exemple, en commun law, l’irresponsabilité a comme base le
célèbre mais historique arrêt M’Naghten
« pour établir un moyen de défense fondé sur
l’aliénation mentale, il faut que soit clairement prouvé
qu’au moment de la commission de l’acte l’accusé
était affecté par une telle absence de discernement causé
par une maladie mentale qu’il ne connaissait ni la nature ni la
qualité de l’acte qu’il effectuait ou qu’il ne savait
pas que ce qu’il faisait était mal ». (Cour du Blanc de
la Reine en consultation de la Chambre des Lords, 1843). Aux USA, la loi de
1986,votée par le Congrès, reprend quasiment la formule des juges
anglais de 1843. Dans les droits romano-germaniques,
l’irresponsabilité pour maladie mentale trouve des
définitions proches : « incapacité
d’apprécier le caractère illicite ou d’agir selon le
discernement en raison d’un trouble psychopathologique » (art
20 CP allemand), ou « maladie mentale ou faiblesse d’esprit
qui excluent la faculté de comprendre et de vouloir (art 88 CP italien)
(Pradel, 1996).
Les criminologues contemporains s’accordent
pour penser qu’il faut dénoncer l’amalgame actuel :
délit-maladie mentale et que l’on ne saurait partir du
délit pour déterminer une maladie ou un type de
personnalité et ainsi justifier un traitement de ce même
délit, contrairement à ce que revendique l’opinion publique
de toutes nos sociétés. Comme le rappelait avec clarté
J.M. Elchardus à la 20ème conférence de
recherches criminologiques du Conseil de l’Europe, « les
catégories établies à partir de types de délits
connus ne peuvent, sauf à entraîner des confusions redoutables,
être considérées comme valides pour fonder un diagnostic ou
proposer une thérapeutique ». Devant l’horreur des
crimes, la tentation de nos sociétés est grande de castrer par
hormonothérapie ou d’imposer des psychothérapies au criminel
sans même se poser la question de la maladie qui pourrait justifier le
traitement.
Les agressions sexuelles intrafamiliales doivent
être reliées au problème de la maltraitance des enfants qui
reste le drame de nos sociétés : dans notre pays,
près de 20.000 enfants sont maltraités ; parmi ceux-ci les
violences sexuelles représentent près de 5000 victimes,
auxquelles s’ajoutent 7000 victimes de violences physiques, 5 000 de
négligences lourdes, et plus de 1000 de cruauté mentale
(Observatoire Décentralisé de l’Action Sociale, 1999, Rey
2001). Dans les pays industrialisés, les violences sexuelles
représentent sensiblement une affaire de maltraitance sur 10. Les
signalements pour maltraitance croissent de plus de 15% par an, mais
l’écart est encore très grand entre les abus sexuels
repérés et le nombre d’enfants suivis dans le cadre des
divers dispositifs de protection de l’enfance : en France, 125.000
en 1995, 150.000 en 1997. Tous
les pays, industrialisés ou non, connaissent cette
évolution : augmentation des signalements pour maltraitance de 45%
aux USA depuis 1987, de 12% en France et de 16% en Belgique depuis 1994
(Desrousseaux M, Ward J. 1997 ; Rey, 2001). Contrairement à nombre
d’idées reçues, il s’agit pour ces crimes et
délits sexuels les plus fréquents, d’un abus sexuel
intrafamilial, le plus souvent commis dans des familles stables où les
enfants sont légitimes et vivent avec les deux parents. L’enquête
du Service National d’Accueil Téléphonique pour
l’Enfance Maltraitée (SNATEM) retrouve le père comme auteur
de l’agression sexuelle dans 40,49% des cas, puis le beau-père
(18,45%), la mère (9,36%), le père et la mère (0,30%), les
grands parents (3,3%), frères et sœurs (2,47%). La maltraitance est
commise dans la cellule familiale dans 91% des cas. Dans son enquête, L.
Deltaglia retrouve une famille proche de celle décrite par les travaux
sociologiques repris ci-dessus avec notamment des relations fusionnelles et un
couple au fonctionnement archaïque (Deltaglia, 1990). Elle constate que
l’enfant victime en parle à sa mère dans 41% des cas. A.
Crivillé retrouve dans les familles maltraitantes avec violence
sexuelles sur l’enfant « une famille faite d’un ensemble
d’individus soudés entre eux, sans droits à
l’individuation » (Crivillé A, 1994 ; Desrousseaux
M, Ward J 1997).
Les études de criminologie anglo-saxonnes ont
mis en place dès les années 1985-90 des programmes des prise en
charge des délinquants sexuels (Borzecki, 1987, Furby, 1989). Leurs
objectifs étaient d’emblée précisés :
proposer une prise en charge pendant toute la durée de la peine, relayer
celle-ci à la sortie de prison, proposer des thérapies pouvant
compenser les carences associées aux infractions sexuelles. Dès
la fin des années 1990, les questions posées étaient de
déterminer à quels délinquants sexuels donner
priorité et comment mettre en place des instruments
d’évaluation des prises en charge proposées. Dans une des
études publiées par la Direction de la recherche et des
statistiques du Service Correctionnel du Canada, A. Gordon et F. Porporino
(Gordon, 1991) posent le problème de la sélection des
délinquants susceptibles de bénéficier des programmes de
prise en charge. Pour eux il est utile de séparer des délinquants
sexuels ayant des profils criminels différents. Pour les programmes de
prise en charge, ils opposent les pédophiles (définis comme ayant
commis des infractions contre les enfants à l’extérieur de
la cellule familiale qui ont pour eux des caractéristiques
psycho-criminologiques sensiblement homogènes), les violeurs,
(définis comme des hommes ayant commis des infractions sexuelles exclusivement
à l’égard d’adultes) et les délinquants
incestueux qui ont commis des infractions sexuelles exclusivement à
l’égard d’enfants de leur famille immédiate. Pour eux
cette séparation est aussi corrélée aux risques de
récidive plus importants chez les pédophiles que chez les
violeurs et encore plus que les pères incestueux. Cette équipe
pose le paradoxe de la prise en charge des pères incestueux :
« les délinquants incestueux nous plongent dans une sorte de
dilemme. De façon générale, ce sont eux qui
présentent le moins de risque de récidive et l’on pourrait
par conséquent considérer qu’ils ont moins besoin
d’un traitement… Cependant tant la collectivité que le
système judiciaire semblent s’attendre de plus en plus à ce
que ces hommes reçoivent un traitement au cours de leur
incarcération… » (Gordon A., Porporino FG,
1991).
Les travaux de criminologie ne manquent pas de
s’interroger devant l’allongement des peines prononcées dans
notre pays pour les crimes sexuels en particulier intrafamiliaux. La France est
le pays où l’on retrouve parmi les plus forts pourcentages en
Europe de détenus condamnés pour crimes et délits sexuels
et notamment en ce qui concerne les incestes. Cette constatation est
directement liée à la durée des peines prononcées
dans notre pays (Pierre Tournier, 1999).
Denis Salas (Salas, 1997) prend en
compte cette réalité en pénologie française et
s’interroge : « On comprend pourquoi le temps de la peine
s’étend à l’infini. Au lieu de l’atténuer,
les peines ne cessent de croître… Par le danger qu’il
représente, le délinquant sexuel en subira les rigueurs aussi
longtemps qu’il n’aura pas été jugé
psychologiquement apte à guérir de sa perversion. Il y a pour lui
une attente qui porte sur le soin sans cesser d’être
attachée à la peine… La peine infinie semble le seul
compromis possible à cet engendrement où criminalité
virtuelle et souffrance inconsolable s’engendrent
mutuellement ».
Un autre point de débat est celui du
consentement aux soins de l’agresseur. Si l’ensemble des
professionnels de santé considère comme indispensable le
consentement aux soins, pour nombre de criminologues et de magistrats, le
problème du consentement dans les soins s’efface derrière l’intérêt
public : « si le consentement aux soins est un principe
d’une indiscutable importance, il doit pouvoir éventuellement
céder devant un intérêt général
supérieur incontestable » (Salvage, 1998, Pradel et Senon,
1998)
Les bases théoriques des hypothèses
biologiques des agressions sexuelles sont toujours à discuter avec
prudence du fait de biais souvent dénoncés dans la
littérature :
·
la neurobiologie de la
violence n’est pas superposable à celle des agressions sexuelles,
domaine qui reste un sujet d’étude difficile notamment du fait de
problèmes éthiques et méthodologiques. Nombre de travaux
extrapolant la neurobiologie de la violence à celles des agressions
sexuelles doivent être repris de façon critique ;
·
les études
biologiques publiées ont souvent été
réalisées chez l’animal et leurs résultats sont loin
d’être transposables à l’homme ;
·
il est important de
traiter les hypothèses neurobiologiques avec la plus grande prudence et
de ne pas les brandir pour légitimer l’utilisation sans cadre
éthique et déontologique validé de traitements
médicamenteux ou hormonaux toujours expérimentaux, ceci à
un moment où notre société cherche à se rassurer en
sur-idéalisant une possible action du médicament sur la
prévention de la récidive des agresseurs sexuels.
Sur le plan endocrinien et de la neurotransmission,
plusieurs substrats sont habituellement retenus comme jouant un rôle dans
l’agression sexuelle : androgènes, sérotonine, amines
biogènes… Les aspects génétiques sont aussi
discutés.
Les agresseurs sexuels ont toujours été
considérés comme hypervirils. Comme le rappelle G. F. Pinard, ce
mythe doit toujours être discuté (Pinard, 1993). Il s’appuie
sur le fait qu’en période pubertaire, au moment de
l’éveil de la sexualité, il existe une augmentation de la
production d’androgènes et en particulier de la principale hormone
mâle qu’est la testostérone. La testostérone est
produite par les cellules de Leydig des testicules. La protéine de
liaison des androgènes est produite par les cellules de Sertoli,
membrane basale des tubes séminifères. La synthèse de la
testostérone est réalisée à partir du
cholestérol sanguin par deux voies : la voie de la déhydro-épiandrostérone
et surtout celle de la progestérone. La libération sanguine est
immédiate donnant des concentration plasmatiques entre 5 et 7 ng/ml
(Hazard et Perlemuter, 1990, Pinard, 1993). La forme libre de
testostérone est la seule active sur le plan biologique, elle
représente 1% de la testostérone circulante. Les androgènes
ont de multiples effets biologiques : ils induisent la
différenciation sexuelle et les caractères sexuels secondaires
mâles, ils facilitent la spermatogenèse et sont anabolisants
protéiques. L’action sur l’organisation
cérébrale est un facteur essentiel dans la maturation du cortex,
de l’hypothalamus et des aires préoptiques. La régulation
de la fonction testiculaire est complexe et fait toujours l’objet de
recherches impliquant deux axes : l’axe hypothalamo-hypophyso-cellule
de Leydig pour la testostérone et l’axe
hypothalamo-hypophyso-cellule de Sertoli pour la spermatogenèse. La
testostérone connaît un rythme circadien avec pic plasmatique
matinal, comportant aussi des variations saisonnières. Ces variations,
comme la complexité des régulations, rendent souvent difficiles l’interprétation des
dosages.
Comme
le soulignent B. Cordier et F. Thibault (Cordier, Thibault, 1997), il est
difficile de préciser le rôle de la testostérone dans la
régulation de l’activité sexuelle. Dans leur
synthèse (Thibault, 1997), ils retiennent les éléments
suivants :
·
Un pic de
testostérone est constaté lors des phases de sommeil REM, mais
non lors des érections provoquées par des stimulus visuels ;
·
Les androgènes
facilitent la production de liquide séminal ;
·
L’influence de la
testostérone sur la libido est discutée ; on constate
habituellement une absence de corrélation des taux circulants avec
l’activité fantasmatique ou avec les érections. Une
réduction de la sécrétion de testostérone
entraîne une diminution de la libido.
En dehors même des agressions sexuelles,
l’influence de la testostérone sur les comportements agressifs est
toujours discutée (Kravitz, 1996, Pinard, 1997) :
·
Augmentation de la
testostérone chez des individus normaux présentant une
réponse à la menace ;
·
Augmentation de la
testostérone chez des condamnés ayant des comportements agressifs
durables.
Pour ce qui concerne les agresseurs sexuels, les taux
plasmatiques de testostérone ont fait l’objet de résultats
contradictoires : le plus souvent, il n’est pas retrouvé de
corrélation avec les niveaux élevés de violence sexuelle.
On peut avancer que les taux circulants de testostérone sont
corrélés avec la violence du comportement délinquant
qu’il soit ou non à caractéristiques sexuelles. Par contre,
il semble que la réduction de la sécrétion de
testostérone entraîne une diminution de la libido. Des travaux
récents étudient par contre les corrélations entre
personnalité et testostérone : affirmation de soi, dominance
ou recherche de sensations, impulsivité et prises de risque sont souvent
associées à une augmentation des taux. (Kravitz, 1996, Pinard,
1997)
La sérotonine est de longue date
impliquée dans les comportements agressifs en inhibant
l’agressivité (Olivier, 1995). Une augmentation de
l’activité sérotoninergique est en fait retrouvée
dans l’impulsivité, la violence, les troubles limites de la
personnalité, les personnalité antisociales, l’abus
d’alcool ou de drogues ou encore les TOC… Ce ne sont là que
des facteurs associés aux agressions sexuelles et il est bien entendu
impossible en l’état actuel des recherches de faire une
corrélation entre agressions sexuelles et activité
sérotoninergique.
Ce n’est que de façon empirique que les
ISRS sont employés chez les agresseurs sexuels ayant des troubles de
l’humeur ou de la personnalité, ou présentant des traits
d’impulsivité ou obsessionnels-compulsifs. Les différents
ISRS semblent équivalents sur ces traits associés chez les
auteurs d’infraction et les effets secondaires sexuels de ces
antidépresseurs sont parfois empiriquement utilisés comme
adjuvants dans le traitement. (Greenberg, 1996)
Les sujets porteurs de syndromes XYY ou XXY ont
été décrits comme plus immatures, introvertis et
présentant une instabilité caractérielle. Une insuffisance
testiculaire est souvent retrouvée avec une testostérone
plasmatique basse. Plusieurs études avaient retrouvé une plus
grande fréquence des comportements criminels chez les Klinefelter, en
particulier des crimes et délits contre la propriété. Des
études prospectives sont à mener pour déterminer si les
cas de délinquance sexuelle sont des cas isolés ou des
phénomènes associés (Pinard, 1993).
L’importance accordée
à la clinique psychanalytique des agresseurs sexuels caractérise
l’apport français dans le domaine des crimes sexuels et pourrait
l’opposer aux travaux anglo-saxons qui font une bien plus large place aux
théories cognitivo-comportementales. Longtemps enfermée dans une
clinique de la perversion limitée au fétichisme et au
sado-masochisme, et donc à distance des pédophiles ou des auteurs
d’inceste ou de viol, relégués aux criminologues, la
psychanalyse française a beaucoup évolué dans le sillage
des J. Chasseguet-Smirgel, P. Greenacre ou J. McDougall. Leurs travaux, plus
proches du champ psychosomatique, les amenaient à dépasser le
problème du défaut d’accès au symbolique et de la
carence de mentalisation, rendant impraticables les psychothérapies.
L’apport essentiel est surtout celui des psychanalystes ayant
pratiqué en milieu pénitentiaire à l’image de Claude
Balier dont les écrits s’appuient sur une expérience de la
psychopathologie des agresseurs rencontrés en SMPR. Ses deux ouvrages
(Balier, 1988, 1996) auront été en ce sens déterminants et
permettent de jeter un autre regard sur la clinique en envisageant des
aménagements pervers défensifs plus qu’une clinique
descriptive. Il en est de même des équipes ayant une
expérience de prise en charge post-pénale ambulatoire
d’agresseurs sexuels comme R. Coutanceau ou A. Martorel. La
validité des concepts développés a été
soumise pour la première fois à validation dans un important
travail de recherche clinique réalisé par A. Civaldini et M.
Girard-Khayat (Ciavaldini, 1999). Cette recherche confirme aussi la
possibilité de contourner l’absence apparente de demande et la
possibilité de restaurer une nouvelle aptitude à (se) penser chez
les agresseurs sexuels, ouvrant la porte à des possibilités de
prise en charge thérapeutique. Ce n’est pas là le seul
intérêt des théories psychanalytiques qui sont
incontournables pour l’indispensable régulation et supervision des
soignants travaillant auprès des agresseurs sexuels. Ce domaine devant
largement être abordé par ailleurs nous ne ferons qu’esquisser
les grandes lignes des hypothèses retenues.
Freud, dans les « Trois Essais sur la
théorie de la sexualité » propose comme
« clef de voûte » l’étude des
perversions sexuelles. Ce n’était pas là pour Freud un
problème clinique ou thérapeutique mais une réflexion
théorique permettant de comprendre la mise en place d’une vie
sexuelle normale. Les perversions étaient avant tout en 1905 un matériel
indispensable dans l’édification de la théorie générale
de la sexualité. Pour Freud, la perversion est à cette
époque conçue comme résultant d’un arrêt dans
le développement de la pulsion sexuelle. La sexualité perverse
est alors entrevue comme une sexualité de caractère infantile,
Freud considérant la sexualité de l’enfant avant la
puberté comme perverse polymorphe. La conception de la névrose
« comme négatif de la perversion » était
liée à l’hypothèse de composantes
« excessives » subissant le refoulement et
détournées de leur but, alors dirigées « sur d’autres
voies jusqu’au moment où elles s’extériorisent sous
la forme de symptômes morbides ». En ce sens, la
névrose se substitue à une activité perverse
antérieure et peut être envisagée comme le fruit
d’une inhibition survenue dans le développement. Dans les Trois
Essais, « la disposition à la perversion n’est pas
quelque chose de rare et de particulier, mais une partie de la constitution
normale ». Les critiques de cette conception historique de la
perversion ont été synthétisées par J. Chazaud
(Chazaud, 1973) : il avance que si « le symptôme
névrotique n’a de rapports que substitutifs avec la
sexualité, le symptôme pervers se donne comme directement
sexuel » et que « les activités perverses sont
accomplies dans le but explicite d’atteindre la jouissance…, le
pervers se sentant en accord avec son impulsion au moment de
l’acte ».
Le lien de la perversion avec la
psychose est abordé à travers la notion de clivage quand le moi
peut mettre de coté une partie de la réalité et
éviter l’angoisse. Freud aborde alors les pervers comme
« cherchant à reprendre possession de l’objet
qu’ils ont peur de perdre ou croient avoir perdu ». Le
rôle du clivage présent dans nombre de passage à
l’acte sexuels a été mis à jour et a même
permis à des auteurs comme Glover ou Pasche d’envisager la
perversion comme « anti-psychose ». L’importance du
pré-génital est soulignée par nombre d’auteurs dans
le sillage de M. Malher ou M. Klein qui accordent une place centrale aux
aléas de la phase de séparation-individuation ou à la
relation à une mère scindée en objets partiels ou
vécue comme menaçante et envahissante. Le scénario pervers
est alors entrevu comme maîtrise de la menace, quand l’objet
menaçant doit être maîtrisé et contrôlé
tout en étant préservé ou alors il est neutralisation des
pulsions agressives, permettant de mettre en place une
néo-sexualité assurant maîtrise totale de l’objet et
neutralisant les pulsions agressives. Pour Kohut (Kohut, 1977), le scénario
pervers permet de rassurer sur le fait d’être vivant, de se
prémunir contre la dépression, en assouvissant un désir
d’incorporation, pour colmater les failles narcissiques. Dans cette
optique, les fonctions de la perversion sont multiples : elles établissent
les limites de soi, maîtrisent des angoisses de la scène
primitive, colmatent des failles narcissiques. Stoller (Stoller, 1978)
entrevoit de façon très utile en clinique la perversion dans ses
rapports avec la haine. Pour lui, la première identification de
l’homme est féminine, l’identification masculine se faisant
dans un second temps. L’homme abandonne la position protoféminine
au moment de la séparation-individuation. La perversion est un des
aléas de cette phase, l’enjeu étant la projection de la
haine. Dans une contre-référence à Freud, il
établit la perversion comme meurtre de la mère qui est
perçue comme une menace à l’identité sexuelle de
l’homme. Pour lui l’acte pervers place le pervers dans une position
triomphale de vainqueur : « triomphe illusoire à
répéter à l’infini »… Il explique
ainsi la compulsion de répétition. J. McDougall (McDougall, 1980)
entrevoie la perversion dans un continuum entre « le pole de la
sexualité archaïque, liée à
l’homéostasie narcissique et le pole de la sexualité
oedipienne, liée à l’homéostasie
libidinale » ; la solution perverse permet de contenir et de
contourner ces deux problématiques. Pour elle,
« l’importance et l’étendue de l’agir
pervers seront étroitement liées à la fragilité de
son économie psychique et au poids que doit porter cet acte
érotique ». Le scénario pervers est alors une
« néo-réalité sexuelle, nouvelle scène
primitive » et l’intrigue qui s’y joue se fait autour du
thème de la castration, le rôle du partenaire étant
d’incarner les images idéalisées pourvues de ce que le
sujet croit manquant en lui.
L’acte sexuel
délinquant présente bien des caractères de la
perversion ; il est marqué par la « surenchère de
protestation phallique » en réaction à des
désirs passifs (Balier, 1996). Il est aussi caractérisé
par la compulsivité de répétition d’un
scénario « plus rudimentaire, plus ancré dans le
réel et l’agir » (Balier, 1997). Claude Balier dans son
ouvrage sur l’approche psychanalytique des comportements sexuels violents
avance le concept de « perversité sexuelle »,
proche des aménagements psychotiques mais ne se confondant pas avec
ceux-ci et qu’il différencie des classiques perversions sexuelles
mais aussi de la perversité morale. Il insiste sur la proximité
avec la psychose reprenant E. Kestemberg, objet interne « en
pointillé, en quantité négligeable », ou Green
quand il évoque « une inhibition des processus de
pensée en relation avec une image maternelle envahissante ».
Il illustre admirablement les possibilités thérapeutiques de ces
hypothèses. R. Coutanceau soulignant pour sa part la diversité
des personnalité sous-jacentes, insiste sur le fait que
« l’emprise avec déni d’altérité
est l’axe central de la dynamique perverse » en rappelant
qu’il est indispensable de prendre en compte « les pensées
et affects qu’entretient le sujet sur son passage à
l’acte » (Coutanceau, 1996).
Les modèles théoriques
explicatifs des agressions sexuelles ont beaucoup évolué ces 20
dernières années, essentiellement dans les pays anglo-saxons,
s’appuyant à la fois sur une prise en charge intracarcérale
puis, en suivi longitudinal, à la sortie de détention avec comme
objectif de prévenir les récidives (Marshall, 1996, Blanchette,
1996). Ils ont longtemps été établis sur
l’hypothèse que les motifs du passage à l’acte
étaient exclusivement sexuels ; il s’agissait donc sur le
plan thérapeutique de modifier les préférences sexuelles
déviantes. Par la suite les recherches comportementales ont
démontré l’existence de causes multiples incitant à
des traitements comportant restructuration cognitive, développement des
aptitudes sociales et maîtrise de la colère. Depuis les
traitements font appel à des modèles cognitivo-comportementaux (Quinsey,
1993, Marshall, 1996). Ils ont cet avantage de faire la place à un
travail socio-éducatif de prévention.
Jean Proulx distingue trois
modèles historiques sur le plan comportemental, deux modèles
sexuels et un modèle plurifactoriel (Proulx, 1993) :
·
le
« modèle hydraulique », le plus ancien, qui
s’appuie sur un seul facteur causal, l’excitation sexuelle
déviante. Ce modèle, très caricatural, faisait
l’hypothèse qu’une fois réduite, cette excitation
sexuelle déviante laisserait poindre une excitation non
déviante ;
·
le
« modèle sexuel » avec des hypothèses
sexuelles associées : excès d’excitation sexuelle
déviante avec déficit d’une excitation sexuelle non
déviante et des habiletés sociales rendant impossible la
conquête d’une partenaire adulte consentante ;
·
le
« modèle multifactoriel », qui se veut
pragmatique, complète ce dernier en y ajoutant des dimensions non
sexuelles : déficit des habiletés sociales, des
capacités relationnelles, de la résolution de problèmes ou
des aptitudes professionnelles.
Tous ces modèles et en
particulier le multifactoriel, prennent en compte la majoration du risque de
passage à l’acte au décours de toutes les
difficultés de vie et des stress relationnels comme sociaux. Ils
permettent d’aider le sujet à identifier le moment où il
est en danger de récidiver.
De nombreux travaux ont démontré
qu’une partie des délinquants sexuels éprouvent de
l’excitation face à des partenaires déplacés
(enfants, personnes âgées…) ou face à des partenaires
ayant des comportements d’opposition (absence de consentement,
résistance de la victime…) (Lalumière et Quinsey,
1994 ; Abel, 1994). Comme le rappelle J. Proulx deux hypothèses ont
fait l’objet de recherches :
·
celle selon laquelle
les pédophiles ont une préférence pour les contacts
sexuels avec des enfants pré-pubères, ceci contrairement aux
non-pédophiles (Quinsey, Marshall) ;
·
celle que les violeurs
ont une préférence sexuelle pour des actes sexuels violents avec
une femme adulte qui ne consent pas (Abel, Blanchard).
Face à ces résultats de recherche les
thérapies cognitivo-comportementales proposent un travail
thérapeutique ayant pour but de limiter les préférences
sexuelles déviantes et favorisant l’excitation face à des
stimulus appropriés (Blanchette, 1996 Marshall, 1996). Pour ce faire
plusieurs méthodes sont proposées : déconditionnement
ou thérapie par aversion, sensibilisation cachée, thérapie
par la honte ou reconditionnement masturbatoire. La sensibilisation cachée
a un intérêt pour ce qui concerne l’exploration des
hypothèses sur les causes de passage à l’acte. Elle vise
à demander au sujet de déterminer l’enchaînement des
situations et événements ayant précédé
l’agression sexuelle. Dans la thérapie, une association est
créée entre ces séquences et des images très négatives :
condamnation, incarcération…
Ces
hypothèses fondées sur les préférences sexuelles
sont remises en causes par les théories concurrentes de
l’agression sexuelle selon lesquelles les agressions sont plus souvent
motivées par le désir de puissance et non par la libido. Ceci a
incité les équipes anglo-saxonnes à explorer les autres
modèles (Blanchette, 1996).
Des déficits dans les aptitudes sociales ont
été retrouvés chez nombre d’agresseurs
sexuels : déficit dans les capacités à communiquer,
incapacité à éprouver de l’empathie, défaut
de maîtrise de la colère et des pulsions, impossibilité
à investir durablement des relations sociales.
Comme
le rappelle J. Proulx, deux hypothèses ont été
explorées chez les agresseurs sexuels : (Proulx, 1993) :
·
les pédophiles
n’ont pas des aptitudes sociales adaptées pour avoir des relations
affectives et sexuelles avec une femme adulte ;
·
les auteurs de viols
n’ont pas les aptitudes pour avoir des relations avec une partenaire qui
consent.
En dépit de données de la
littérature quelque peu discordantes, certaines études laissent
penser que les violeurs ne se distinguent pas des délinquants non
sexuels pour leurs habiletés sociales mais que les pédophiles
seraient moins compétents socialement que les auteurs de viols. Nombre
de travaux ont constaté le manque d’empathie, notamment vis
à vis de la victime, en notant que l’excitation sexuelle
déviante est en relation inverse avec l’empathie (Rice, 1994).
Pour Blanchette (1996) l’absence d’empathie, s’ajoutant aux
signes de détresse de la victime, majore l’excitation sexuelle de
l’agresseur.
Les distorsions cognitives se retrouvent chez nombre
d’agresseurs sexuels à la façon de croyances et
d’attitudes inadaptées servant à légitimer le
passage à l’acte. Ces distorsions sont souvent retrouvées
dans la pratique quotidienne quand l’auteur est persuadé que
c’est la victime et en particulier l’enfant qui a pris
l’initiative de l’acte sexuel. Souvent aussi l’auteur
minimise la gravité des attouchements ou considère que la
séduction vestimentaire de la femme est un véritable appel au
passage à l’acte. Les distorsions cognitives sont aussi
soulignées dans les agresseurs d’enfants : distorsions
cognitives dans la représentation de l’enfant et de sa soi-disant
recherche de relation, manque d’empathie et déficit dans les
relations d’intimité ? (Keenan, 2000). Nombre d’auteurs
ont souligné l’importance de l’alexithymie telle
qu’elle a été décrite par Sifneos marquée par
l’incapacité à exprimer et reconnaître ses
sensations, le recours à l’agir, la pauvreté de la vie
imaginaire et le discours événementiel.
Hypothèses des causes des agressions sexuelles |
Intérêt en prévention |
Intérêt en clinique |
Intérêt en thérapeutique |
|
Psychosociologiques |
Famille relationnelle |
Interventions précoces sur les familles
symbiotiques |
Repérage des psychopathologies familiales |
Thérapies familiales |
Père carent |
Actions socio-éducatives |
|
Prise en charge individuelles Thérapies familiales ? |
|
Dissociation familiale |
Actions socio-éducatives |
|
Thérapies familiales ? |
|
Criminologiques |
Maladie mentale et agressions sexuelles |
|
|
Prise en charge des comorbidités : alcoolisme,
toxicomanies |
Maltraitance |
Actions socio-éducatives |
|
|
|
Séparation viol/inceste/pédophilie |
|
|
Hiérarchiser les priorités de prise en
charge |
|
Sur-répression des infractions sexuelles |
Actions d’information |
|
|
|
Biologiques |
Androgènes |
|
|
Hormonothérapies sur indications précises |
Sérotonine |
? |
? |
|
|
Psychanalytiques |
|
|
Modèle dans la pratique quotidienne |
Psychothérapies aménagées Régulation et supervision des interventions |
Comportementales et cognitives |
Préférences sexuelles |
|
|
Thérapies comportementales |
Déficit des aptitudes sociales |
Actions socio-éducatives |
|
|
|
Distorsions cognitives |
Actions socio-éducatives |
|
Thérapies cognitivo-comportementales |
Tableau 1 : Théories actuelles des causes
impliquées dans les agressions sexuelles : intérêt en
prévention , en clinique et en thérapeutique
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