Les conditions requises afin de parvenir à la construction dune alliance thérapeutique en matière de traitement médical de la toxicomanie sont, en première analyse, les conditions généralement requises en toute matière médicale :
Lalliance thérapeutique entre un soigné et un soignant ne peut avoir dexistence que dans la mesure exacte où il nexiste entre eux ni mépris ni complicité, ni indifférence ni complaisance, ni haine ni amour, mais seulement un authentique respect mutuel.
Le respect du soigné à légard du soignant ne peut être dissocié de la nécessaire confiance que manifeste le soigné à légard du soignant, chacun convient du bien-fondé de cette banalité.
Le respect du soignant à légard du soigné est plus difficile à formuler.
Respecter le soigné, cela suppose que lon respecte la personne soignée et que lon respecte la réalité de sa pathologie.
Le respect de la personne toxicomane soignée nest pas toujours évident.
Habituellement, le « toxico » est tutoyé demblée par tout « intervenant », qui imite ici ce que fait le policier ordinaire ou ce qui est encore trop souvent fait dans certaines institutions pour personnes âgées démunies..
Or la langue française est ainsi faite que lon peut, selon laccord des deux personnes concernées, user du VOUS ou du TU. Ici, le soignant use du TU bien souvent sans laccord du soigné et lusage du TU est encore trés souvent à sens unique. Lorsque le TU est utilisé également par le soigné et par le soignant, il ny a plus de manifestation de subordination ; le seul risque résiduel est de faire croire à une fausse complicité ou à une vraie complaisance.
Le respect du soigné, cela suppose aussi que lon reconnaisse et que lon admette la pathologie dont il souffre. En toute matière médicale, il ne suffit pas de reconnaître le soigné pour ce quil est, encore faut-il reconnaître ce quil a.
En dautres termes, on ne peut ici, pas plus quailleurs en Médecine, faire léconomie de létablissement du diagnostic.
Or, il est habituel que le soignant du toxico se croît autorisé à décider que le soigné toxico na plus besoin de la molécule dont il est devenu dépendant.
Cest ici que lon aborde à labsurde : on a affaire à une personne dont on a diagnostiqué la dépendance opiacée et, par principe ou par conviction intégriste, on va priver cette personne de toute molécule de la famille des opiacés. En dautres termes, on va "LA SEVRER".
Le constat clinique révèle que 98% des sevrages sont suivis de rechutes dans lhéroïnomanie, et que 98% des morts par Over-Dose surviennent au sortir dun sevrage hospitalier ou carcéral.
Tenter de parvenir à un "CONSENSUS RÉFLÉCHI" sur la question des "MODALITÉS DE SEVRAGE CHEZ LES TOXICOMANES DÉPENDANT(S) DES OPIACÉS" cela peut sembler être une gageure.
En effet, pourquoi vouloir ainsi priver un patient du médicament dont il a besoin à un point tel quil en est devenu "DÉPENDANT" ?