Le dispositif sanitaire, limplication et larticulation des différents intervenants nétant pas spécifique du sevrage mais de la pathologie ou conduite ou trouble considéré, lexpertise prend en considération lensemble des modalités thérapeutiques. Un certain nombre de termes prêtant à confusion sont mis entre guillemets. Et, sagissant des conditions dexercice de professionnels et non pas dindication thérapeutique, nous entendrons par dépendance la seule pharmacodépendance (telle que définie par lOrganisation Mondiale de la Santé). La question de limplication et de larticulation des intervenants est développée plus précisément dans le domaine sanitaire et nous ne ferons que mentionner larticulation du dispositif sanitaire avec la cité, le dispositif social ou lensemble répressif ainsi que lextrême difficulté dexercer dans le respect de la loi de 1970.
Ce travail soulève un certain nombre de questions dont la plupart relèvent de deux ordres, les représentations des professionnels et leurs possibilités dintervention.
Lhistoire récente de la "toxicomanie ", en tant que "fléau social", soulève de nombreuses interrogations. En France, de 1920 à 1970, les pratiques médicales sont imprégnées dopprobre et le prescripteur ou dispensateur dopiacés est tout autant condamnable, sinon plus, que le "toxicomane "lui même. Léradication de la cause par la prohibition et par le sevrage simpose progressivement. Suite aux mouvements de Mai 1968, la loi du 31 Décembre 1970, sinscrit dans le droit fil de la situation légale antérieure, accentue la répression du trafic et de lusage et va modifier notre idée du problème puisque les personnes concernées sont considérées à la fois comme des malades et des délinquants. Aujourdhui, cette conduite de consommation de substances illicites garde sa dimension transgressive, elle est toujours moralement condamnable (1). La politique sanitaire française concernant la "toxicomanie "a tenté de 1970 à 1992 dallier une répression "efficace" du trafic et de lusage et lassistance médicale par le sevrage dans une perspective dabstinence. "Cette politique se heurte tardivement au réel : le trafic augmente, la population concernée croît et se diversifie, les pathologies médicales et les complications sociales liées à lusage deviennent un véritable problème"(2).
Les années 90 sont, pour tous les intervenants, placées sous "leffet SIDA ". Ainsi tout en restant dans le cadre de la loi de 1970, les intervenants en "toxicomanie "se trouvent en présence de deux conceptions de leur cadre dexercice. La première conception se situe dans un cadre juridico-moral (où se retrouvent policiers, juges, élus...) et dans un cadre médico-psychologique (médecins, thérapeutes...), elle vise à labstinence en attribuant une place majeure au sevrage en vue dune réhabilitation ou dun traitement au long cours en vue dune réinsertion. La seconde conception se situe dans une perspective de réduction des dommages et préconise la mise à disposition doutils spécifiques de limitation des risques de transmission des maladies infectieuses et le développement des traitements de substitution dans un double objectif de limitation des risques et de prise en charge des complications médico-psycho-sociales. Ainsi, sous "leffet SIDA ", la coexistence de ces deux conceptions a largement contribué à rénover la politique française en matière de "drogue ", à promouvoir lintervention de nouveaux acteurs, de nouvelles dynamiques et soulève aujourdhui la question de limplication et de larticulation des intervenants.
Le sevrage est "laction qui vise à priver quelquun de quelque chose ". Cette définition encyclopédique ne précisant ni la durée de laction, ni la présence ou non dune tierce personne, ni la manière employée, ni la nature de la chose, nous pourrions entendre par sevrage : "Toute action, à court, moyen ou à long terme, menée par différents intervenants du dispositif sanitaire, qui vise à priver une personne pharmacodépendante, à sa demande, de son plein grès et avec son concours, par quelque moyen thérapeutique que ce soit, de sa conduite et/ou des seuls effets de la substance psychotrope, la conduite et/ou les effets de la substance étant à lorigine de la demande de soins."
Cette précision à la définition encyclopédique vise effectivement à adapter la définition à notre champ dexercice, cest à dire la Santé et par conséquent elle rend aléatoire "linjonction thérapeutique ". Ceci est dautant plus facile que, pour nombre de professionnels de la santé, les personnes orientées vers le dispositif de soins spécialisé suite à une injonction ne sont pas en situation de travailler leurs difficultés sauf à évoquer leur rapport à la loi dans son aspect le plus coercitif. Pourtant, cela nest pas possible en raison des intentions du Législateur qui considère le "toxicomane "comme un malade et un délinquant et développe "linjonction thérapeutique "malgré les réserves des juristes et des médecins. Par ailleurs, cette définition montre que le sevrage engloberait lensemble des modalités thérapeutiques actuellement proposées aux personnes dépendantes des opiacés cest-à-dire le sevrage de la dépendance physique, le sevrage de la conduite, la consolidation, la prévention des rechutes et ... les traitements de substitution. Ainsi, cette définition nierait le clivage entre sevrage et substitution.
La substitution est "laction qui vise à remplacer quelque chose par une autre ". Cette définition encyclopédique ne précisant ni la durée de laction, ni la présence ou non dune tierce personne, ni la manière employée, ni la nature de la chose, nous pourrions entendre par substitution: "Toute action, à court, moyen ou à long terme, menée par différents intervenants du dispositif sanitaire, qui vise à priver une personne pharmacodépendante, à sa demande, de son plein grès et avec son concours, de sa conduite et/ou des seuls effets de la substance psychotrope initiale, par remplacement de cette dernière par une autre, la conduite et/ou les effets de la substance étant à lorigine de la demande de soins. "
Ce nouvel éclairage à la définition des substitutions, propre au traitement des pharmacodépendances, montre bien que ces traitements sinsèrent dans les sevrages tels que nous les avons définis préalablement. Ceci est dautant plus facile que, dun commun accord des professionnels de la santé, les traitements de substitution, concourent progressivement au sevrage de la conduite dauto-administration puis permettent une stabilisation en vue dune consolidation et une prévention des rechutes sous traitement. Pourtant cela nest pas possible en raison des intentions des intervenants français spécialisés en toxicomanie qui restent méfiants quant à une médicalisation excessive des soins et rendent aléatoires les hypothèses biologiques et leurs corollaires cest-à-dire les traitements de substitution de maintien. Enfin, si employer le verbe substituer ne précise ni la durée de laction ni la nature du produit de remplacement, nous pourrions réunir sous ce terme, la substitution à visée de sevrage par une substance opiacée agoniste (durée inférieure à 1 mois), la substitution à visée de maintien par une substance opiacée agoniste (sans idée préconçue de la durée du traitement), la substitution à visée intermédiaire par une substance opiacée agoniste (substitution dattente à basse posologie et de durée inférieure à trois mois) et la substitution par une substance opiacée antagoniste à des fins de consolidation et de prévention des rechutes après sevrage de la dépendance physique... Ainsi, cette approche subjective et conditionnelle confirmerait la négation du clivage entre sevrage et substitution tout en rappelant par ailleurs la pluralité des substitutions.
En réalité, comme nous venons den faire la démonstration, lapproche étymologique des différentes modalités thérapeutiques, renvoie au clivage ou à la négation du clivage entre sevrage et substitution. Cest dire si sevrage et substitution nont de sens que celui que chaque intervenant veut bien accorder à lune ou à lautre de ces deux modalités thérapeutiques.
A partir de la réalité des personnes, sous réserve dy avoir accès, les images développées par chaque intervenant sont diverses et fonction de sa personnalité, de son éducation, de sa formation et des approches contemporaines.
Parmi les approches contemporaines, la première relève de la morale et préconise une politique prohibitionniste de réduction de loffre et de la demande de produit. Elle vise à diminuer lincidence et la prévalence de lusage. Une deuxième approche développe les aspects éducatifs et renvoie cette conduite à un problème de perte de contrôle. Elle préconise entre autre, le développement des communautés thérapeutiques. La troisième élargit les possibilités et considère le phénomène comme relevant de la santé mentale et de la communauté. Dautres approches anthropologiques, ethnologiques ou sociologiques sont développées et complexifient la représentation globale du phénomène.
Sous "leffet SIDA ", la politique de réduction des risques (harm-reduction) permet la rencontre de lapproche anthropologique et médicale. Elle vise à diminuer, autant que faire se peut, les effets les plus négatifs liés à lusage et elle modifie lapproche médicale. Le traitement est repensé. "Dune part, la demande de soin ne doit plus fonctionner comme un filtre masquant les besoins. Les intervenants doivent accepter que toutes les personnes ne soient pas en mesure de formuler leur problématique en terme dévolution psychologique cest-à-dire dans les termes que le soignant entendrait traiter. Et si labstinence est préférable, il est illusoire despérer que toutes les personnes dépendantes des opiacés renoncent à leur produit. Pour autant lobjectif dabstinence ne doit pas être abandonné, au contraire loffre de sevrage devrait être élargie tout en acceptant que seule une minorité de personnes en tirera bénéfice "(3). Dautre part, si le traitement de substitution est un élément du sevrage de la conduite dans une approche morale et médicale (Cf. expériences américaines menées entre 1960 et 1970), dans une approche de réduction des risques, ce traitement opte pour un changement progressif du mode de vie de la personne et ne vise plus à labstinence immédiate. De facto, les modalités thérapeutiques sont sensibles aux différentes approches (morales, médicales, psychologiques, anthropologiques...) et la place de chaque modalité est relativisée par la synthèse des approches, synthèse propre à chaque intervenant.
Sur le terrain, force est de constater lexistence dune extrême variabilité intra- et inter-intervenant de la synthèse des approches contemporaines en raison de lopposition théorique entre approche anthropologique et approche morale, chaque intervenant accordant plus de poids à lune ou à lautre des deux approches. Placée entre morale et anthropologie, lapproche médico-psychologique est impliquée tant par la première que par la seconde. En pratique, en dehors de toute action militante cest-à-dire publique ou politique, le choix exclusif de lintervenant ( "Le choix de Sophie ") nest pas possible, sauf à déléguer ce choix à lensemble des citoyens (Cf. votation à Genève) et sy soumettre, à moins de souligner la complémentarité des approches et considérer que le choix de lun des intervenants participe au choix de lautre. Dans ce contexte, très relatif, chaque intervenant tend à positionner une modalité thérapeutique en regard de la clinique et de lhistoire des personnes mais aussi des propositions thérapeutiques formulées par dautres équipes de proximité, cest-à-dire en tant quoutils complémentaires. Mais en dehors de cette complémentarité, il nest pas possible dadopter une position consensuelle stable dans le temps sauf à suspendre ses choix et se retirer du champ dintervention.
La politique sanitaire et sociale française reprend cette organisation des préventions, la prévention primaire relevant de la Direction de lAction Sociale, du Secrétariat dEtat à la Jeunesse et aux Sports... et les préventions secondaire et tertiaire de la Direction Générale de la Santé (D.G.S.). Sappuyant sur les concepts des stratégies collectives de prévention, elle privilégie les objectifs de Santé Publique cest-à-dire la limitation des dommages liés à lusage de "drogue "tout en rappelant que ces objectifs ne doivent pas nous faire oublier léthique médicale française qui impose de respecter la singularité de chaque histoire, de chaque demande de soins ainsi que le principe dune prise en charge individuelle pour tout patient. Ce dernier point, justifiant la complémentarité des outils et laugmentation des moyens en vue dune diversification des propositions sanitaires par le dispositif et par toute équipe dintervenant.
Selon le modèle de lO.M.S., il est possible denvisager et de proposer de manière subjective cest-à-dire en fonction de nos représentations, la place de chaque type de traitement au niveau des préventions secondaire et tertiaire.
* substitution de maintien à haut et bas niveau dexigence * substitution dattente - intermédiaire entre sevrage et maintien (posologie basse et fixe sur une période inférieure à 3 mois) * prévention des rechutes
| oui oui/non ? oui oui après sevrage
| oui/non ? oui oui oui après substitution
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La politique sanitaire nationale est traditionnellement diffusée au niveau départemental ou régional par la Cellule Toxicomanie de la Direction Départementale à lAction Sanitaire et Sociale. Cependant on assiste depuis le début des années 90 à une multiplication des centres locaux dobservation ou dinitiatives rattachés à la commune, à la circonscription, au canton ou au département dont les axes de travail sont globaux ou parcellaires traduisant ainsi labsence dharmonisation au sein du territoire national et permettant lémergence dexpériences locales (4). Plus récemment encore, dautres centres de décision (exemple : lAgence Régionale dHospitalisation) ont été créés et peuvent influer sur les moyens alloués à certains intervenants. Dès lors toutes les conditions sont réunies pour morceler la réponse nationale au problème et de facto pour rendre plus difficile encore la nécessaire coordination des intervenants au sein des réseaux de soins. Ainsi, en miroir de la diversité des représentations on observe un morcellement des pratiques sur le terrain, ayant pour effet de problématiser le parcours du toxicomane à lintérieur et entre réseaux, les moments charnières apparaissant symptomatiques.
On pourrait penser que cette organisation serait une réponse spécifiquement française où le système sanitaire est une juxtaposition de sous-systèmes enfermés sur eux mêmes et sans cadre définissant larticulation et limplication de chacun. Cependant il apparaît que lorganisation en réseau et non pas en filière est une réponse adaptée à la demande de soins des sujets dépendants des opiacés. Parce que du seul point de vue clinique, dune part "le toxicomane privé de son produit continuera à quêter dans le monde extérieur un colmatage temporaire de la douloureuse béance de son existence de sujet", dautre part "pris dans les retz de cette avidité, le thérapeute peut tenter de mettre à profit cette place que lui assignerait le patient "(5). Et, la mise en oeuvre dune institution unique, seule maîtresse du jeu sur un site géographique, pour lensemble des dimensions de la prise en charge des personnes dépendantes aux opiacés et demandeuses de soins, revêtirait un caractère aliénant privant le sujet de toute possibilité de prise de distance (6). Quen serait-il, dès lors, de la qualité du lien thérapeutique et de son incidence sur les personnes ?
La connaissance des Réseaux de Soins Villes Hôpitaux montre bien les intérêts et limites de cette pratique en Toxicomanie :
Intérêts :
Limites :
En parallèle, lhistoire récente du dispositif de soins spécialisé en toxicomanie, révèle une naissance à la fin des années 60 sous influence des expériences communautaires, des "free clinics" américaines et de la mouvance anti-psychiatrique. Lextension des actions du dispositif à la prévention et à laccueil en ambulatoire se concrétisa par sa reconnaissance en 1970. De 1970 à 1975, de nombreuses actions expérimentales furent créées et peu restent encore présentes de nos jours. Il convient de souligner à cette époque, limportance du rôle des travailleurs sociaux et plus particulièrement des éducateurs de rue. La rencontre de spécialistes favorisa progressivement lémergence de débats théoriques virulents notamment autour de la question du comportementalisme comme réponse thérapeutique et la persistance actuelle de ses débats façonne loriginalité de ce regroupement. Longtemps considéré comme expérimental, le dispositif spécialisé est officialisé en Juillet 1992 par un décret de la Direction Générale de la Santé. Ce dispositif comprend des structures daccueil-orientation (n=58) et des structures de soins. Ces dernières comprennent les lieux de consolidation et prévention des rechutes dits de "rupture ", les structures de soins avec hébergement collectif en milieu urbain (n=54), les structures de soins en ambulatoire (n=184 en 1996 / 60 en 1994), les appartements thérapeutiques (n=64) et les réseaux de famille daccueil (n=29). Il existe également 16 centres spécialisés en milieu pénitentiaire, 8 Quartiers Intermédiaires Sortants, et 17 centres dhébergement de transition ou durgence (8). Lémergence des épidémies virales dans la population toxicomane et les recommandations de lO.M.S. en matière de réduction des dommages ont permis depuis peu, dans le domaine de la prévention tertiaire, la création de structures daccueil, dhébergement, de soins infirmiers de première urgence... lieux refuges ouverts et chaleureux permettant de discuter, de se reposer, de se doucher, de laver son linge, de se restaurer.... Cette initiative présente le risque évident de voir les structures chroniciser le symptôme toxicomaniaque et fixer les jeunes usagers dans des conduites aggravées par lexclusion sociale subie, sil nexiste pas darticulation avec le dispositif sanitaire et social et plus particulièrement une proposition dorientation et/ou un lien médical (9). (Contrairement à dautres pays européens, la France na pas développé de communautés thérapeutiques "démédicalisées et dépsychiatrisées "sinspirant des modèles américains dits "Daytop, Synanon ou Phoenix "et lassociation Le Patriarche a probablement occupé ce créneau)
Ce dispositif continue à se renforcer et à se diversifier. Si de manière spécifique au seul domaine sanitaire, on observe une nette augmentation de la fréquentation des institutions spécialisées entre 1994 et 1995 (+22%) essentiellement liée au développement des traitements de substitution (quelques dizaines de patients en 1993, 23 000 en Septembre 1996) (8), on discerne également une nette reprise dactivité du tissu associatif et dautres institutions laïques ou religieuses.
La diversification du dispositif spécialisé est la conséquence de la richesse des débats qui depuis la fin des années 60 anime lensemble des intervenants spécialisés. Les propositions faites par les uns et les autres, souvent divergentes, sont parfois entendues par les autorités publiques, subventionnées et mises en application. Certaines expériences se développent, évoluent et sont toujours présentes, dautres ont disparu. Lintérêt majeur du dispositif spécialisé a résidé dans le fait que les intervenants se sont engagés sur la base de leurs expériences et de leurs connaissances dans une action en profondeur et dans la durée.
Aux Urgences, en dehors de lintoxication justifiant systématiquement une prise en charge immédiate et des gestes de réanimation, en labsence de tout problème médical urgent et après avoir éliminé une pathologie psychiatrique sous-jacente qui pourrait nécessiter une prise en charge rapide, lhospitalisation ne simpose que rarement. Avant que le patient ne quitte les "Urgences ", les informations sur la prévention des risques infectieux (infections générales, cutanées, pulmonaires, endocardites, ostéomyélites, arthrites, hépatites et SIDA) doivent lui être précisées et les adresses des C.I.D.A.G. transmises. Les renseignements pratiques et les documents nécessaires à sa prise en charge seront fournis à sa demande et comporteront des informations sur les associations et les dispositifs de soins spécialisés de proximité. Dans ce contexte, il ny a pas de prescription systématique et de choix thérapeutique à moyen et long terme. Cependant il peut sagir parfois dengager un traitement à court terme limité à quelques jours, permettant de soulager la douleur par un antalgique non morphinique, de tranquilliser, ou de sédater.
Les nombreuses études épidémiologiques menées aux Etats Unis dAmérique montrent que les personnes dépendantes des opiacés ont une comorbidité psychiatrique supérieure à celle des sujets non dépendants. Ainsi la dépendance aux opiacés est un facteur de risque de présenter des troubles psychiatriques, et inversement le fait de présenter un trouble psychiatrique augmente le risque de dépendance ou dabus aux opiacés (16). Selon la gravité du trouble et son incidence sur la vie du patient, des traitements psychiatriques en ambulatoire peuvent être proposés en dehors de toute spécialisation dans la plupart des cas. Cependant les structures du secteur de psychiatrie (intra- ou extra-hospitalières) ont leur intérêt dans les cas complexes, quand la prise en charge doit sinscrire dans un cadre adapté et dans la durée, et pour les troubles psychotiques schizophréniques de diagnostic et de traitement difficiles. En effet, le secteur dispose doutils spécifiques (visites à domicile par exemple) dont ne disposent pas actuellement le dispositif spécialisé en toxicomanie et les hôpitaux généraux. Pour information, les services de Psychiatrie Générale réalisent 50% des sevrages de la dépendance physique en milieu hospitalier public (14) et ces services vont être confrontés aux problèmes des poly-intoxications (alcool, cocaïne, benzodiazépines...)
Dune manière générale, la psychiatrie, que ce soit en matière de précarité, de SIDA et/ou de Toxicomanie, est insuffisamment développée alors même que la présence psychiatrique au sein du dispositif spécialisé dont les centres de soins spécialisés en "toxicomanie "nest pas une constante (14). Faut-il en arriver à créer une nouvelle interface daccueil et de prise en charge, "extension à la limite "du dispositif sectoriel, comme le proposent certains (17), alors que ces missions sinscrivent naturellement dans les objectifs de la psychiatrie publique de secteur ? Ne serait il pas préférable, de susciter des coopérations (dispositifs intersectoriels, départements de soins aux toxicomanes) et de favoriser larticulation avec les différents acteurs de santé des autres dispositifs quil sagisse de précarité, de SIDA et/ou de toxicomanie ? Enfin, dans quelles mesures, en excluant le problème de la couverture sociale, faudrait-il circonscrire loffre de prise en charge en Psychiatrie au seul service public et comment associer les psychiatres en libéral ?
Nous tenons à remercier de leur aide, suggestions et réflexions, Mesdames Jeanine Silvestre (Psychologue à Paul GUIRAUD) et Nicole Roques (Pharmacien à LEAU VIVE - SOISY/SEINE) et Monsieur Yves Edel (Médecin Psychiatre à Paul GUIRAUD - VILLEJUIF). Pour le temps quils ont bien voulu nous consacrer en répondant à nos questions, nous sommes redevables des différents conseils apportés par Mesdames Albertini et Stanbul (Médecins Psychiatres dans le département des BOUCHES DU RHNE) et par Messieurs Debourg (Médecin Psychiatre à VILLEJUIF) et Touati (Médecin Généraliste à MARSEILLE).
2 - Maury H., Henrion R. Conclusion des actes de la conférence: la drogue ça se soigne ou le médecin généraliste face au toxicomane. Comptes rendus du congrès de la Mutualité Française du 18 Novembre 1995 à Paris.
3 - Coppel A. Stratégies collectives et prévention de linfection par le VIH chez les toxicomanes. Sida, toxicomanie: une lecture documentaire. 1994 ; 95-105.
4 - Lucas B. Politique française en matière de drogue: la singularité du cas lyonnais. Psychotropes. 1996 ; 2 , 2: 75-95.
5 - Descarpentries F. Le toxicomane, la méthadone et le thérapeute. Perspectives Psy. 1997 ; 36, 2: 108 - 113.
6 - Berthelier R., Panigada F. Toxicomanie et secteur. Linformation psychiatrique. 1997 ; 2 : 141 - 144.
7 - Touzeau D., Edel Y. Place de la substitution dans le traitement des toxicomanies aux opiacés. Les cahiers E.M.C. Psychiatrie. 1997 ; 203 , suppl. :13-16.
8 - Anonyme. Drogues et toxicomanies, indicateurs et tendances. Rapport O.F.D.T. 1996.
9 - Edel Y. Psychiatrie et dispositifs de soins aux toxicomanes. Perspectives Psy. 1997 ; 36, 2: 94 - 101.
10 - Pereira E., Beauverie P., Bouchez J., Silvestre J., Jacquot C., Fournier G. Les officinaux et les toxicomanes. Les Nouvelles Pharmaceutiques - Bulletin de lOrdre. 1997 ; 357 : 520-525.
11 - Bloch J., Nory-Gouillou F., Monaque C., Charpak Y. Place des généralistes dans la prise en charge des toxicomanes. O.F.D.T. - EVAL, 1996.
12 - Mucchielli A. Le médecin généraliste, premier partenaire du système de soins. in "Les traitements de substitution pour les usagers de drogue ", D. Touzeau & C. Jacquot, Collection Pharmascopie, Editions ARNETTE, PARIS, 1997, pp.181-185.
13 - Lascar P., Descarpentries F. Toxicomanie, Psychiatrie et SIDA: entretien avec François POMMIER. Perspectives Psy. 1997 ; 36, 2: 88 - 93.
14 - Anonyme. Circulaire DGS/DH n°15 du 7 Mars 1994.
15 - Levy A., Edel Y. Le toxicomanes aux urgences. in "Les traitements de substitution pour les usagers de drogue ", D. Touzeau & C. Jacquot, Collection Pharmascopie, Editions ARNETTE, PARIS, 1997, pp.171-178.
16 - Laqueille X., Guillaume M;-E. Prise en charge psychiatrique des patients en traitement de substitution. in "Les traitements de substitution pour les usagers de drogue ", D. Touzeau & C. Jacquot, Collection Pharmascopie, Editions ARNETTE, PARIS, 1997, pp.211-215.
17 - Vignat J.-P. Toxicomanie et secteur. Soins Psychiatrie. 1995 ; 177: 38-40.
18 - Rosset A; Laccompagnement social: de destin en destinations. in "Les traitements de substitution pour les usagers de drogue ", D. Touzeau & C. Jacquot, Collection Pharmascopie, Editions ARNETTE, PARIS, 1997, pp.193-202.
19 - Jeammet P. Psychanalyse et substituion: un faux antagonisme. in "Les traitements de substitution pour les usagers de drogue ", D. Touzeau & C. Jacquot, Collection Pharmascopie, Editions ARNETTE, PARIS, 1997, pp. 261-267.