Le déchiffrement de l'Inconscient SOMMAIRE DU N° 2 HIVER 2000 |
Henri Ey: Le déchiffrement de l'Inconscient, p.9-23 Résumé: Le déchiffrement de l'Inconscient passe tout d'abord par la connaissance de l'inconscient et sa reconnaissance comme constitutif de la parole. Il faut poser après Platon dans le Sophiste que le non-être n'est pas moins que l'être. L'être est une multiplicité composée et l'on ne peut séparer l'être du non-être, le non-être de l'Inconscient étant impliqué dans l'être de la conscience. L'Inconscient est cet être de latence qui n'est pas le néant, ni la simple négation de l'être conscient mais essentiellement dénégation de ce qui n'est pas conforme à la loi de la réalité comme loi de la parole. Son déchiffrement, nécessairement incomplet, n'est possible que par le discours de l'autre. Comme dans la poésie, le lieu de l'entrelacement de l'Inconscient et de l'être conscient c'est le langage, car il est de l'essence du langage de cacher autant que de montrer. Partant d'Ed. Pichon, de F. de Saussure et de R. Jakobson, J. Lacan (avec son école) a montré l'importance du langage, de la grammaire, de ses tropes et de ses lois dans la texture même de l'inconscient. J. Lacan permet par son algèbre du signifiant et du signifié de découvrir non seulement le sens symbolique dissimulé par l'encodage, mais aussi d'arracher le secret du code lui-même. Au-delà du risque de formalisme, J. Lacan a su mieux que quiconque découvrir les configurations tragiques et les appels désespérés de l'inconscient. Pour H. Ey, l'inconscient ne peut être séparé de la conscience comme il l'a montré dans son ouvrage "La conscience" (1963), et la psychanalyse est une forme de poétique de cette structure langagière "dialogante" prise dans le sexe des mots, de ses genres et de ses modes. Cependant, l'analyste ne doit pas être condamné à n'être qu'un miroir silencieux en attente de transfert, mais doit s'ouvrir le plus largement à la relation interpersonnelle pour que soit rétabli le sens existentiel contenu dans le style de l'homme. TRAVAUX CONTEMPORAINS Yvonneau Michel (Montpon-Ménestérol): Note sur la causalité psychique, p.25-33 Résumé: Il y aurait trois clés principale d'entrée dans le domaine des troubles mentaux. Les sociogenèses montrent l'opprimé pris dans l'ambivalence vampirisante d'un système politique, d'un idiolecte familial, ou/et d'une structure psycho-logique tout aussi froide. Dans la foulée du freudisme et du structuralisme, l'école lacanienne déclare psychotique quiconque prétend savoir qui lui parle, alors précisément que le système psychotique de symbolisation inconsciente déraille par forclusion de sa pièce majeure. Or le langage, code reçu connoté, tend à signifier la pensée - c'est-à-dire le fruit noétique de strates cérébro-psychiques chargées de l'histoire du locuteur. Pour l'organo-dynamisme (H. EY), le processus psychopathologique relève des "lésions" que des facteurs organiques (rarement décelés encore) et/ou des traumas psycho-affectifs (trop facilement pointés) infligent à un "corps psychique" hiérarchiquement organisé/désorganisé. Aujourd'hui, d'ailleurs, des connexionnistes soutiennent l'idée d'une hiérarchisation endo-psychique, d'autres chercheurs s'interrogent sur une "métaphysiologie" du désir qui n'exclurait ni les rétro-actions socioculturelles ni la sacralisation philosophique de nos semblables.
Losserand Jean (Paris): Comme la rue Trois obstacles à la psychanalyse, p.35-62 Résumé: Le bénéfice secondaire de la maladie est l'obstacle principal à la levée du refoulement et, conséquemment, à la direction thérapeutique de la cure. Par son caractère inconscient (tel que l'entend Freud) il se distingue de la notion psychiatrique de complaisance à l'égard de la maladie et il infiltre toute la symptomatologie des névroses. L'acte délinquant, lui, se rapproche du symptôme névrotique en ce qu'il traduit une disposition libidinale latente (A. Aichhorn) mais il s'en distingue en instituant un système de bénéfices palpables qui constituent un obstacle à la tentative thérapeutique (D.Winnicott). Cette différence fixe les limites d'une entreprise analytique qu'on ne saurait réduire ni à l'interprétation d'un transfert négatif ni à une visée pédagogique. La métapsychologie, enfin, quand elle vise un être indivis analogue à celui de la biologie expérimentale (être dont le but n'est pas d'animer la vie de relation mais de maintenir la constance du milieu interne) oppose un véritable obstacle épistémologique à une clinique qui considère forcément l'individu.
Le Dorze Albert (Lorient).: Une perversion: le déni de l'héritage psychique?, p.65-117 Résumé: Notre monde serait celui de "La fin de l'histoire" annoncée par Kojève et Fukuyama. Règne de l'Homme Nouveau dont le narcissisme ne peut supporter les blessures infligées par la différence des sexes et des générations et qui dénie tout héritage psychique paternel ou même maternel. La techno-science permettrait désormais au Moi-Sujet de réaliser ses fantasmes de toute-puissance. |