Le 21 janvier 2003
une bonne année 2003 !
Aussi nous encourageons
chacun à participer aux "Etats
généraux de la
psychiatrie" à Montpellier les
5-6-7 Juin 2003 C'est pourquoi nous
publions ci-dessous le texte de notre secrétaire
général RM Palem
Billet d'Humeur par R.M.Palem
La « Santé mentale » « changement de paradigme important » dit Edouard Couty, Directeur de l'Hospitalisation et de l'Organisation des Soins, à la p.17 de ce volume des Actes d'un Colloque organisé le 28 mars 2002 au Ministère de l'Emploi et de la Solidarité (1). Mais alors, de quoi donc s'occupait la fameuse « Commission des maladies mentales » (2) avant ?
C'est une suite mesurée, après la réception plutôt fraîche, du récent rapport Piel-Roelandt : « De la psychiatrie vers la santé mentale ».
Aussi difficile à définir que la santé tout court par l'OMS il y a bien longtemps déjà. Le dernier mot étant accordé aux intéressés eux-mêmes (« parfait état de bien-être physique et moral » disait l'OMS), ça n'est que justice, désignés maintenant comme « usagers » de la médecine ; puisque les rapports usagers-professionnels de la médecine ont remplacé les rapports malades-médecins, où la part de ces derniers était sans doute jugée excessive dans la définition.
Sa proclamation (dépôt en conseil des ministres par un ministre très médiatisé et politiquement très engagé, le 14 nov. 2001) a donc satisfait les uns (les usagers), inquiété les autres (la majorité des psychiatres, c'est-à-dire les privés). D'autres psychiatres (plutôt publics) disciplinés (pas tous (3)) et prévoyants, s'appliquant, comme toujours, à réfléchir aux décrets d'application, comme de juste (ce fut pareil pour le PMSI). Eclairés quand même par une vue en perspective cavalière des précédents Rapports sur le sujet (Demay, Zambrowski, Massé, Strohl, Zarifian, Joly, Clery-Melin ).
Si, pendant longtemps, demander des rapports était une manière pour les politiques de gagner du temps, maintenant on a compris « qu'il n'y a de volonté politique que sous la pression de l'opinion publique » (P. Joly, rapporteur au Conseil Economique et Social, p149). Ce qu'on ne dit pas, c'est que l'opinion publique, ça se manipule, ça se fabrique, c'est un électorat. Mieux vaut satisfaire 40 millions de consommateurs de soins et électeurs potentiels (voire même aller au devant de leurs désirs les plus inavouables : comme de traîner leur cher médecin devant les tribunaux, à l'américaine) que 200.000 médecins. Et tant pis si les témoins de Jehovah en meurent : ils sont minoritaires eux aussi !
J'exagère ? Alors je suis en bonne compagnie : le Pr J-F. Allilaire aurait dit récemment (dans une réunion préparatoire aux Etats généraux de la psychiatrie) que la Santé mentale devenait une « forme actuelle d'antipsychiatrie ». Et Christian Vasseur, le pugnace président de l'AFP, de regretter que nous n'ayons « pas été assez vigilants à la substitution progressive du terme de santé mentale à celui de psychiatrie Actuellement, la plupart des sociétés savantes de psychiatrie sont marginalisées, si ce n'est oubliées, au profit de Fédérations ou d'Associations de santé mentale (qu'elles ont pourtant participé à créer) qui sont devenues les interfaces privilégiées des pouvoirs publics, complices de cette dérive les pouvoirs publics ont fait de la santé mentale une nébuleuse confuse, aspirante et destructrice des outils de la psychiatrie » (4). Il fallait avoir le courage de le dire, enfin. C'est fait.
Mr. Joly a beau dire (avec des fleurs) aux psychiatres publics qui l'ont invité que le Public « rejette le monde de l'anormal », qu'il ne veut pas entendre parler de la dépression comme trouble mental ces médecins seront-ils prêts à lâcher ce qu'ils ont de plus sûr et pour quoi ils ont été formés (le diagnostic et le traitement des maladies mentales) pour aller vers cet avenir radieux de la santé mentale où on les attend avec des sébiles et des gourdins ? Au moins, pourront-ils compter de la part des technocrates qui nous gouvernent (mais ne se portent pas partie civile dans nos procès) sur « une source permanente d'admiration » (P. Joly, sic, p150), pour ainsi, avec courage et dévouement, « aller souvent au delà de leur devoir » (resic).
« L'enjeu est de passer d'un modèle reposant sur les structures à un modèle axé sur la personne » conclut en fanfare Ed. Couty. Ce qui ne peut que nous réjouir et nous faire revivre avec émotion les premières heures des Journées historiques du Livre Blanc (le premier), en 1965, sous la houlette de H. Ey.
Et qui disait, après cela, que la psychiatrie n'évolue pas ?
1 - intitulé « La réalité de l'hospitalisation psychiatrique à travers 20 ans de rapports officiels », 2002, publié par l'ANPVCME et l'ADESM.
2 - Sur l'histoire mouvementée (naissance, éclipses et renaissances en 1942, 1949, 1969 ) de la CMM, on consultera avec profit la mise au point du Syndicat des Psychiatres de Secteur (mars-avril 1993,n°1) et, bien sûr, les archives de la revue Santé mentale et de la Fédération des Associations Croix-Marine d'aide à la Santé mentale. Décidément, comment avait-on fait pour l'oublier ?
3 - Cf. la charge héroïque de Marcel Czermak (CH Ste Anne), sur Internet, intitulée « Destruction de la psychiatrie, disparition du citoyen »
4 - La lettre de psychiatrie française, Editorial n°118, oct.2002.
L'activité scientifique
Contact: P. Belzeaux