Crítica de los fundamentos de la neurofilosofía
Christian Poirel
L'Harmattan, 1997 |
Con el advenimiento de las neurociencias cognitivas, el problema cuerpo-espíritu pasaba del registro de la reflexión filosófica al dominio factual de la investigación científica. Una posible reducción del pensamiento a sus infraestructuras cerebrales encuentra, sin embargo, escollos epistemológicos considerables. Es en la anterioridad de dichos problemas implicando la confrontación de datos fisiológicos con realidades clínicas, que este ensayo se inscribe. En ese contexto de discusión son abordados los fundamentos teóricos de las neurociencias contemporáneas como puesta en perspectiva de las investigaciones sobre el cerebro en les discurso actuel de las ciencias humanas. Considerando la importanica heurística de las investigaciones llevadas a cabo sobre las instancias neurocognitivas y sobre la materialidad tisular de las integraciones psicofisológicas, las páginas de este ensayo tienden a mostrar que las relaciones funcionales tejidas entre el cerebro y el pensamiento no sabrían descifrarse sobre la sola base teórica de las hermenéuticas reduccionistas. Si el tejido nervioso implica en sus vectores la causalidad la manifestación potencial de comportamientos adaptativos progresivamente más complejos, el tejido cerebral no implica directamente en sus virtualidades funcionales la manifestación del espíritu. A este propósito, los estudios presentados subrayan tanto a nivel de la reflexión epistemológica como en el plano de del análisis factual, que la emergencia del pensamiento no enracina su necesidad en la complejidad de las conexiones neuronales. Argumentos y propósitos que tienden a revisar los nuevos paradigmas neurofilosóficos de la vida mental interesando el substancialismo de la conciencia y la dimensión logística del espíritu. |
Christian Poirel, M.D., D.Sc., Professeur à l'université McGill (Montréal) et à l'université du Québec est Directeur Scientifique d'un Laboratoire de Recherche en Chronobiologieet psychopathologie expérimentale fondé en 1971, au Canada, sous l'égide de la Société Internationale de Chronobiologie. Psychiatre et psychophysiologiste, l'auteur poursuivait au CNRS, aux États-Unis (Université du Minnesota) puis au Canada ses recherches expérimentales et ses études cliniques sur la psychologie temporelle et la pathologie du temps. Expert international dans le domaine de la rythmométrie cérébrale en neurologie et psychiatrie, dans l'aval de ses travaux sur les structures neurobiologiques de la temporalité, l'auteur abordait au cours de ses récentes publications le double problème scientifique et conceptuel des relations qui se tissent entre le cerveau et la pensée. |
Commentaire R.M. Palem pour la revue "Psychiatrie" (1999)
Ch.Poirel est Professeur à la Faculté de médecine de l'Université Mc Gill et à l'Université du Quebec, psycho-physiologiste féru de Chronobiologie (mais qui se garde bien de réduire la Temporalité à la "Rythmologie psychologique" -titre du chap.V-... "horloges biologiques et psychologiques s'égarant dans les vitesses infinies de la pensée"), domaine dans lequel il a fait d'importants travaux.
Le champ qu'il assigne à la Psycho-physiologie ressemble curieusement à la définition du "Corps psychique " de Ey: "champ atopique des relations fonctionnelles qui se tissent entre la vie mentale et ses infrastructures biologiques, champ de relations participant d'un ordre vital qui ne recouvre pas l'ordre logique des interactions; domaine de la pensée participant aussi du registre de valeurs qui constitue la personnalité". Expérimentateur, mais aussi penseur: épistémologue et philosophe.
Cet ouvrage est, d'un certain point de vue, un Discours de la méthode pour les Sciences de la vie. Et de citer la mise en garde de Bachelard: nous devons aborder l'objectivité comme "une tâche pédagogique difficile et non plus comme une donnée primitive".
Ses références favorites mais discrètes sont l'Archétypologie générale de Gilbert Durand (Les structures anthropologiques de l'imaginaire) et l'Organodynamisme de H.Ey avec lequel il échangea et qui le tenait en grande estime.Sa lecture est ardue mais elle est incontournable à qui veut traiter du Brain-Mind problem au fond et ne pas s'en tenir aux arguments et au niveau souvent déconcertants des tenants de l'empirisme logique et des analyses formalisantes, à ce qu'il appelle avec G.Durand les "herméneutiques réductives" . Cela va de l'Ecole de St Louis et de l'APA au DSM, avec son refus clinique de la notion de contenu et d'événement en psychiatrie.
Il passe ainsi au crible le discours des neurosciences contemporaines: soit essentiellement le traitement substantialiste de l'esprit et le traitement logistique de la pensée .
Ce que Poirel dénonce:
-le passage d'une analogie de fonctionnement à une identité de nature.
- la prise d'un effet de surface pour une réalité psychologique.
-la confusion théorique entre fonctions instrumentales et fonctions supérieures de la vie mentale (qu'avait déja dénoncée Ey dès 1943).
- la rupture conceptuelle impliquée par le passage d'un niveau interactif à un niveau relationnel: une interaction n'est pas une relation, écrivait Alain Gallo. Et un processus d'interaction n'est pas un phénomène de relation sémantique).
-le refus neurophilosophique de saisir l'abstraction en sa réalité subjective.
-les dérives sémantiques et formelles qui, en réduisant les mouvements de la pensée à la dynamique d'une combinatoire, font que le signifié se dissout dans le signifiant, que l'hyperexpression du signifiant éradique toute profondeur sémantique. L'hypertrophie du signifiant évacue toute référence explicite ou implicite à l'idée de sens. Il y a là dissolution du sens dans l'explicable et le formel" . Ce serait là les rejetons tardifs des lectures nominalistes (prééminence des signes) du haut moyen-âge: Averroès (1198) et Guillaume d'Ockam (1350) .
-les complaisances interprétatives et le laxisme langagier de ses collègues interprétant les expériences de Split-brain de Gazzaniga et Sperry (1962) comme dédoublement du Sujet; ou les "centres du plaisir" et le "système de récompense (reward system) d'Olds et Milner (1954).
-la "dérive ideologique des neurosciences vers les rivages inhospitaliers de la neurophilosophie".
Ce que Poirel soutient et argumente :
-La pensée n'est pas le cerveau , comme l'affectivité dans sa forme la plus haute ne saurait se réduire à l'émotion ..."le cerveau implique des fonctions et la pensée exprime des concepts" .
-La pensée est antérieure au langage.
-La subjectivité peut se manifester sans la présence de la conscience (ce que nous savons depuis Husserl).
-Il y a "unité clinique de la pensée", même dans les expériences de "cerveau divisé" .
-La pensée n'est pas l'intelligence. "La logique n'est pas un algorithme de la pensée mais un algorithme de l'intelligence".
-L'unité plus ou moins profonde de la pensée n'est pas réductible aux enjeux fonctionnels des instrumentalités cérébrales et ne procède pas du degré de cohésion des fonctions mentales opératoies.
-Il y a bien un "imaginaire médiatisé par le cerveau" mais une réelle possibilité pour "l'acte libre constituant un commencement absolu".
-l'«Ecart organo-clinique» de Ey est une notion à ne pas oublier ou à redécouvrir (Cf H.Ey: Des idées de Jackson à un modèle organodynamique en psychiatrie. 2ème ed.L'Harmattan 1975, pp61, 135, 242).
- "S'il est du destin biologique de la matière vivante de manifester des comportements, il n'est aucunement dans l'avenir téléonomique de la texture cérébrale de produire de la pensée".
- L'émergence de la pensée n'enracine pas sa nécessité dans la complexité des connexions neuronales".
- L'ordre vital prime sur l'ordre logique.
-"Dominées par la recherche du sens et la puissance du désir, les actions humaines ne tendent jamais dans l'histoire proche ou lointaine vers cet ordre formel de référence proclamé par les nouveaux logiciens de l'âme" .
Conclusions:
Il faut "limiter les spéculations neuro-scientifiques abusives dont les débordements conceptuels tendent à miner une réflexion philosophique authentique"
RMP