- linégale répartition des psychiatres libéraux et salariés sur le territoire entraîne une inégalité des réponses aux besoins de soins des personnes malades ; cette situation risquant de saccentuer à lavenir compte tenu de lévolution démographique de la plupart des professions de santé ;
- les circuits de prise en charge, le plus souvent, ne sont pas articulés, tant entre la psychiatrie publique et celle libérale, la médecine générale et les professionnels spécialisés (psychiatres, psychologues), quentre le champ sanitaire et le champ médico-social et social ;
- les professionnels des champs non spécialisés sanitaire, médico-social et social sont de fait confrontés; à des personnes en souffrance psychique ou atteintes de troubles mentaux. Il existe, dune part, un besoin de reconnaissance de leurs interventions dans lamélioration de la situation de ces personnes, dautre part, la nécessité dun soutien de la part de professionnels spécialisés ;
- les personnels infirmiers intervenant dans le champ de la santé mentale, sont confrontés, à linstar des autres acteurs, à une évolution des prises en charge : émergence de nouvelles demandes (adolescents, personnes âgées en maison de retraite...), diversification de leurs missions (psychiatrie de liaison, intervention dans la communauté, interface avec les familles et lentourage des personnes malades) ;
- le déséquilibre dans la composition des équipes pluriprofessionnelles des secteurs de psychiatrie ne permet pas toujours une mobilisation de toutes les compétences pour diminuer les délais de prise en charge ou proposer un projet de soins adapté aux différents besoins des patients.
- renforcer la dynamique de prévention en santé mentale, y compris en ce qui concerne la psychiatrie adulte ;
- renforcer laccès et la diversification des modes de prise en charge en santé mentale par la reconnaissance mutuelle des compétences spécifiques des professionnels du champ sanitaire et du champ social intervenant dans ce domaine ;
- optimiser les circuits de prise en charge pour mieux répondre aux besoins des personnes en
souffrance et/ou malades et favoriser la continuité des soins.
- concernant les psychiatres, une réflexion est actuellement engagée suite au rapport sur la démographie médicale de juin 2001 pour étudier les mesures susceptibles de remédier aux difficultés rencontrées (augmentation des flux de formation, mesures dincitations financières à linstallation dans les zones géographiques démunies...) ;
- concernant les infirmiers, depuis 2000, a été réalisée une ouverture conséquente du concours
daccès aux IFSI (+ 8000 IDE en 2000 et + 8000 prévus en 2001). Cette orientation sera maintenue
en 2002.
- en saccompagnant, en corollaire, et en tant que de besoin, dune intervention plus précoce des spécialistes en santé mentale tant auprès de ces professionnels, quauprès des personnes en souffrance dont elles assurent le suivi ;
- il sera demandé au Conseil supérieur du travail social, au titre de son prochain mandat, de mettre en priorité à lordre du jour de ses travaux, la place des professionnels du social dans le champ de la santé mentale et dexplorer la composante «santé mentale» sinscrivant dans le travail social ; il lui appartiendra notamment didentifier en cette matière les besoins en formation des professionnels du social, tant afin daccroître leur compétence dans laccueil de la personne souffrante, que daméliorer les partenariats avec les autres professionnels, notamment de santé, dans ce champ ;
- le conseil supérieur des professions paramédicales sera également saisi dès 2002 afin de proposer les conditions dans lesquelles les cursus de formation initiale des professionnels intervenant dans le domaine de la santé mentale, aborderont les thèmes relatifs au fonctionnement psychique, à la relation et au comportement ;
- il sera procédé au renforcement des équipes pluriprofessionnelles des secteurs de psychiatrie
notamment par le recrutement de psychologues, en plus des travailleurs sociaux et des infirmiers
psychiatriques, afin notamment de développer des actions de partenariat avec les acteurs de
première ligne, dès 2002.
- une continuité des soins quel que soit le lieu où se situe le patient (domicile, hôpital, médico-social) ;
- dès 2002, une incitation au développement de réseaux de professionnels visant à linformation mutuelle sur les compétences respectives sera encouragée :
- réseaux des professionnels spécialisés en santé mentale avec ceux des champs socio-éducatifs ;Le projet de loi relatif aux droits des malades et à la qualité du système de santé comporte les éléments
- réseaux sanitaires (secteurs de psychiatrie, psychiatres et psychologues libéraux, médecins généralistes, somaticiens) ;
- réseaux des professionnels spécialisés en santé mentale avec ceux du champ médico-social.
- seront développés dès 2002, des formations croisées entre travailleurs sociaux et infirmiers exerçant dans le domaine de la santé mentale en vue dune culture commune autour de la souffrance psychique et de la maladie mentale ;
- la pratique de consultations davis spécialisés à destination des médecins généralistes ou des
centres de soins en alcoologie ou en toxicomanie, devra être développée.
- en 2001, lINSERM a été chargé de réaliser une expertise collective sur les pratiques de psychothérapie et lANAES a été saisie sur lévaluation des pratiques de psychothérapies en vue délaborer des recommandations de bonne pratique ;
- mise en oeuvre à partir de 2002 du projet de réforme concernant la formation des médecins psychiatres, afin notamment dy renforcer la formation à la psychothérapie, bâti par la Fédération Française de Psychiatrie/CNUP (Conseil national des universitaires en psychiatrie).
- en 2002, débutera un travail de réflexion avec le ministère de lÉducation nationale et lAssociation des Enseignants en Psychologie Universitaire (AEPU) sur une réforme des études en psychologie clinique afin dy renforcer la formation à la psychothérapie ;
- mise en place en janvier 2002 dun groupe de travail pour définir le programme dun
complément de formation pour les infirmiers de secteurs de psychiatrie, afin de faciliter leur
exercice professionnel en ce domaine et daméliorer la réponse aux besoins des malades.
- les modalités daccès direct aux psychologues du secteur (public cible, conditions de prise en charge, supervision) ;
- un travail daccompagnement et/ou de co-prise en charge des patients suivis en libéral ou en médico-social ;
Élaboration en 2002 dune circulaire dorientation présentant des principes dorganisation pour
renforcer et diversifier la composition et le rôle des équipes pluriprofessionnelles des secteurs de
psychiatrie, à partir des conclusions du groupe de travail sur lévolution des métiers en santé
mentale mis en place à la DGS dans le cadre des protocoles relatifs à l'hôpital de mars 2000.
Par ailleurs, on ne dispose pas dune représentation claire des collaborations conduites entre les équipes de médecine scolaire, les équipes éducatives et la pédopsychiatrie autour des besoins des enfants et des familles.
Les professionnels de santé et les professionnels sociaux de léducation nationale, ainsi que les équipes éducatives, occupent, de par leur contact privilégié et quotidien avec les jeunes, une place majeure dans le repérage de la crise suicidaire.
Améliorer la coordination psychopédagogique autour des besoins des jeunes.
Sensibiliser les professionnels de léducation nationale à la crise suicidaire dans le cadre de la formation prévue au plan national de lutte contre le suicide.
Calendrier : fin 2001
Un questionnaire co élaboré par les deux administrations permettra de mieux connaître les modalités de relation engagées entre équipes scolaires et équipes de santé mentale ainsi que les besoins de collaborations. Ces collaborations pourraient senvisager au regard :
- dun repérage précoce en milieu scolaire, des signes de mal être et des besoins de prise en charge thérapeutique, des difficultés daccompagnement des familles vers une démarche de soins en santé mentale ;
- des articulations possibles avec les équipes de pédopsychiatrie pour des troubles qui sexpriment dans le champ éducatif : inhibition des apprentissages, fléchissements scolaires, absentéisme et retards scolaires, démobilisation, décrochage ;
- de troubles mentaux invalidants (ex : troubles obsessionnels compulsifs, troubles anxieux et
phobiques...) risquant dinduire des ruptures scolaires.
Calendrier : fin 2001
Dans le cadre de la formation prévue au plan national de lutte contre le suicide, une action
dinformation et de sensibilisation des rectorats sera conduite en vue de la formation de personnes
ressources au sein de léducation nationale qui soient susceptibles dorganiser la démultiplication de
cette action dans les plans académiques de formation.
Calendrier : 2001/2002
Le nombre des tentatives de suicide et des suicides accomplis en milieu carcéral constitue également le témoignage de cette situation difficile.
Toutefois, labsence de données épidémiologiques fines sur la santé des détenus fait obstacle à la mise en place de mesures de prévention et de soins adéquats.
En outre, la mise en oeuvre de la loi de 1998 sur la prise en charge des auteurs dinfraction à caractère
sexuel, qui prévoit la possibilité de prononcer dans le cadre dun suivi socio-judiciaire, une injonction
de soin, vient augmenter ces besoins de santé mentale en milieu carcéral, ainsi quen milieu ouvert
à
lissue de lincarcération.
Améliorer la prise en charge des détenus souffrant de troubles mentaux en facilitant laccès aux soins ambulatoires et hospitaliers.
Fonder les pratiques cliniques à légard des auteurs dinfraction à caractère sexuel sur des éléments scientifiques validés.
Favoriser une meilleure articulation des prises en charge entre professionnels judiciaires, pénitentiaires
et soignants.
Un groupe de travail interministériel santé/justice a été mis en place en décembre 2000 afin de
formuler des propositions damélioration de la prise en charge des détenus atteints de troubles
mentaux. Ce groupe, dont les travaux se poursuivent, a formulé un certain nombre de préconisations
qui trouveront notamment leur place dans le projet de loi dorientation pénitentiaire en cours
délaboration. Ainsi dans le droit fil de la loi de 1994 qui a confié au secteur public hospitalier le soin
des détenus, seraient prévus :
- le développement de loffre de soins ambulatoires dans lensemble des établissements pénitentiaires,
sous la responsabilité des agences régionales dhospitalisation dans le cadre des procédures de
planification sanitaire ;
- le recentrage des missions des services médico-psychologiques régionaux (SMPR) sur les seuls soins ambulatoires. Ces services, implantés en milieu carcéral ne peuvent en effet offrir des conditions de prise en charge hospitalières analogues à celle dun établissement de santé (accès aux cellules soumis à lintervention de professionnels pénitentiaires, inadaptation des locaux...) ;
- lhospitalisation des personnes détenues souffrant de troubles mentaux dans des unités hospitalières sécurisées. Un programme permettant la mise en oeuvre de ces unités, dans un cadre pluriannuel, est en cours délaboration ;
- le développement de la prévention des troubles, notamment sagissant des conduites suicidaires. Une action spécifique de formation au repérage de la crise suicidaire sera développée en 2002, sur la base des recommandations de la conférence de consensus tenue sur cette thématique en 2000 ;
- lamélioration de la préparation à la sortie des détenus afin de favoriser la continuité des soins ;
- la mise en place dune commission de coordination entre professionnels pénitentiaires et professionnels de santé dans chaque établissement pénitentiaire, en vue de développer une prise en charge concertée des problèmes de santé des détenus.
Une conférence de consensus sur la prise en charge clinique des auteurs dinfraction à caractère sexuel aura lieu les 22 et 23 novembre prochains. Elle permettra de mieux fonder les thérapeutiques à mettre en oeuvre auprès de ces publics et fera lobjet dune diffusion massive vers les professionnels de santé.
Les travaux en cours au sujet de lorganisation des prises en charge des auteurs dinfraction à caractère sexuel et de la nécessaire articulation du juge dapplication des peines, du soignant, du médecin coordonnateur et des personnels pénitentiaires, notamment ceux des services dinsertion et de probation permettront de clarifier les rôles respectifs des acteurs et daméliorer le suivi des personnes. Sur le plan des soins, un modèle dorganisation autour de pôles de référence médico-judiciaires, réunissant les aspects de soins, de recherche et de formation des soignants se dégage de ces travaux.
Il est nécessaire de disposer dun nouvel outil pour institutionnaliser un partenariat fort entre les services de lÉtat et ceux des collectivités territoriales afin de concevoir des programmes coordonnés de santé mentale impliquant les principaux décideurs et financeurs et organisant des actions communes de prévention, daccompagnement et dinsertion sociale et professionnelle.
Des consultations seront conduites sur ce sujet, dès la fin 2001, tant au niveau interministériel quavec
les associations représentant les collectivités territoriales.
En outre, certaines problématiques supposent la mise en oeuvre dorganisations dépassant le cadre sectoriel (adolescents, personnes en situation de précarité...).
Par ailleurs, la situation des démographies médicale et infirmière impose également la mutualisation des moyens et le développement des outils de coopération.
Plusieurs outils peuvent être mobilisés à cet effet, par exemple : la fédération de services, la convention, le syndicat interhospitalier ou la fédération médicale interhospitalière, le groupement de coopération sanitaire.
Une journée dinformation et déchanges sera organisée, en septembre 2002, sur le thème de la coopération des acteurs sanitaires dans le domaine de la santé mentale afin de valoriser les collaborations existantes et de mutualiser les expériences.
Promouvoir la création de conseils locaux de santé mentale (voir Axe 7, page38).
Ce constat conduit actuellement à prévoir, dans les programmes mis en oeuvre, la participation des équipes de psychiatrie publique, ou de psychiatres libéraux ou psychologues, pour une fonction dappui aux acteurs sociaux et un partage de la nécessaire vigilance à légard des populations fragilisées auxquelles sadressent ces programmes. De leur côté, dans les territoires nouvellement définis, les équipes de psychiatrie publique devront élaborer leur propre réflexion sur les lieux où il leur faudrait être présentes, selon une analyse qui devrait conjuguer la connaissance des parcours des patients et lopportunité stratégique de la collaboration avec telle ou telle équipe sociale, dans un perspective de prévention, de facilitation de laccès aux soins, et de réinsertion ou maintien de linsertion sociale des patients.
Cest la rencontre de ces deux démarches articulées autour des besoins des personnes qui pourra fonder,
animer et faire durer le travail en réseau.
Le principe dun projet global pour le malade devra être élaboré, cest à dire un projet de soins conjoint
à un projet de vie. Ceci suppose de changer les cultures et les pratiques de nombreux professionnels.
Des formations croisées dintervenants sanitaires et médico-sociaux seront en conséquence mises en
place dès 2002.
Afin dinitier cette évolution, le ministère appuiera les actions relatives aux points suivants :
- le cadre de larticulation ;
- les différentes modalités croisées dappui technique ;
- les formations croisées ;
- le travail en réseau des professionnels et des structures ;
- les éléments dévaluation.
Ces éléments seront pris en compte dans la circulaire de préparation des schémas régionaux
dorganisation sanitaire (SROS) de troisième génération, à paraître en septembre 2002 et feront lobjet
dune évaluation.
Dans le cadre de la série de mesures annoncée en direction des personnes handicapées au mois de
juillet 2001, figurent des mesures destinées à «passer dune logique de filière à une logique de réseau,
offrant une gamme de prestations variées, en assurant les complémentarités nécessaires, et en
mobilisant les établissements et services relevant de secteurs institutionnels différents de manière à
faciliter les synergies au bénéfice de chaque personne». Il est prévu notamment de lever les
obstacles tarifaires par la modification du décret relatif à la gestion budgétaire des établissements
médico-sociaux.
Dernière mise à jour : mardi 27 novembre 2001 16:21:53 Dr Jean-Michel Thurin