ÉPIDÉMIOLOGIE EN PSYCHIATRIE : répertoire des travaux francophones de 1989 à 1994



Toxicomanie



Le taoxicomane aux urgences psychiatriques


1992
M. BOUDEF Serv. Hospitalo-Universitaire de Psychiatrie, Hôpital Psychiatrique Razi, 23000 ANNABA (Algérie), Tél 84.97.50
D. GHOUMA même adresse
A. YAHIOUCHE " "

Objectifs

Le but de ce travail est de recenser les toxicomanes aux psychotropes qui se présentent à l'hôpital pour différentes raisons et de décrire leurs toxicomanies et les conséquences qui en découlent.

Méthodologie

L'étude est basée sur l'utilisation d'un questionnaire au niveau des urgences psychiatriques. Le questionnaire est rempli par le psychiatre de garde, à chaque fois que le diagnostic de toxicomanie est posé. On y consigne les données socio-démographiques, cliniques ainsi que le type du ou des toxique(s) et de la personnalité du sujet.
Les critères cliniques et le diagnostic de la personnalité sont ceux du DSM III-R.

Résultats

Le portrait type du toxicomane consultant au niveau des urgences psychiatriques est celui d'un sujet âgé entre 20 et 30 ans, de sexe masculin, sans profession, originaire de la ville même.
Les tranquillisants constituent la drogue fétiche, le cannabis en seconde position, la polytoxicomanie (APS + tranquillisants + cannabis) est fréquente. La personnalité est soit de type anti-social, soit passive-agressive.

Mots-clefs

Toxicomanie - Psychotropes - Urgences psychiatriques - Personnalité

Publications

BOUDEF M, GHOUMA D, YAHIOUCHE A. Le toxicomane aux urgences psychiatriques. Journal Algérien de Médecine (JAM), 1994, IX, 1.

 

Recours des héroïnomanes aux institutions et perception de leur situation
1989
Y. CHARPAK EVAL, 75 r du Faubourg St-Antoine, 75011 PARIS
P. HANTZBERG même adresse

Objectifs

Il s'agissait de reconstruire les trajectoires institutionnelles des héroãnomanes, de dégager leurs perceptions du mode de fonctionnement de ces institutions et de leur situation en tant que consommateur de drogue.

Méthodologie

L'étude a été limitée aux seuls héroãnomanes. Il était prévu de recruter un échantillon de 150 toxicomanes à partir d'institutions représentant les différents types de structures ayant à prendre en charge des toxicomanes. Le recueil a été effectué à partir d'entretiens. Les informations recherchées portaient sur la perception des toxicomanes, de leur situation, leur connaissance des diverses institutions existantes, leurs opinions sur les institutions de lutte et de prise en charge de la toxicomanie, leurs besoins institutionnels, leur comportement face à diverses situations sociales et médicales vécues ou hypothétiques.

Résultats

Plusieurs institutions spécialisées (Paris intra-muros) ayant refusé de participer à l'étude évoquant principalement le motif de risque "d'interférence sur la prise en charge des patients", l'enquête a été finalement réalisée auprès de 112 héroãnomanes dans 2 institutions d'Ile-de-France (brigade des stupéfiants de Paris, médecins généralistes).
Elle fait apparaÎtre que si les héroïnomanes ont une vue plutôt positive de ce que leur apporte l'héroãne en tant que produit, la plupart sont peu satisfaits de leur situation et pensent qu'il n'est pas possible de vivre normalement en consommant quotidiennement de l'héroãne. Environ la moitié (39/83) des "consommateurs" d'héroãnes étaient déjà passés par la brigade des stupéfiants, quatre sur les 29 consultants des médecins généralistes venaient pour la première fois chez les médecins considérés ; parmi les autres, 17 avaient consulté le même médecin plus de 5 fois.
40% des héroãnomanes à la brigade des stupéfiants disent avoir eu recours à un médecin généraliste (pour demandes de sevrage, de somnifères, de sérologique HIV et affections médicales liées ou non à la toxicomanie).
3% déclarent avoir fréquenté une consultation MST et 15% une consultation SIDA. Peu de consommateurs d'héroãne déclarent avoir consulté un psychiatre (8% à l'hôpital et 12% en cabinet).
Moins de 30% disent avoir consulté un centre spécialisé en toxicomanie dont 1/3 une fois seulement. Ce sont les médecins, les amis et la famille qui sont déclarés les mieux placés pour comprendre les consommateurs d'héroïnes.

Mots-clefs

Trajectoires - Héroïnomanes - Recours aux Institutions

Publications

CHARPAK Y, HANTZBERG P. Enquête auprès de 112 héroãnomanes vus dans les locaux de la brigade des stupéfiants à Paris et chez des médecins généralistes : recours aux institutions et perception de leur situation. Sciences Sociales et Santé, 1989, 7, 3, 27-46.
CHARPAK Y, HANTZBERG P. Enquête auprès de 112 héroãnomanes en Ile(long-f)de-France : auto-perception de leur situation et recours aux institutions. 15ème réunion du Congrès International d'Epidémiologie de Langue Française, 12-15 septembre 1989.

 

La prise en charge des toxicomanes (héroïnomanes) par les médecins généralistes en 1992
1992-1993
Y. CHARPAK EVAL, 75 r du Faubourg St-Antoine, 75011 PARIS
J. BARBOT même adresse
F. NORY " "
A la demande du Ministère de la Santé et de l'Action Humanitaire.

Objectifs

Il s'agissait d'apporter un éclairage sur la position des médecins généralistes dans la prise en charge des problèmes de santé qui se posent de façon accrue avec l'infection VIH et la toxicomanie elle-même ; de produire la photographie des pratiques actuelles de médecins et d'appréhender leur perception du rôle de la médecine générale dans le traitement de la toxicomanie.

Méthodologie

Une enquête téléphonique auprès de 150 médecins généralistes a été réalisée. L'échantillon a été constitué à partir de l'annuaire téléphonique par tirage au sort dans 4 régions (Ile-de-France, Nord-Pas-de-Calais, PACA, Rhône-Alpes). Les entretiens, d'une durée de 30 à 90 minutes, ont été effectués à l'aide d'un guide validé par un comité de pilotage et préalablement testé. Le recueil de données qualitatives et quantitatives a porté d'une part sur les différents aspects de la prise en charge (activité auprès des toxicomanes, situation de contact, organisation du suivi, prescriptions et difficultés rencontrées) et d'autre part, sur les opinions des médecins vis-à-vis des possibilités de traitement par produits de substitution.

Résultats

Il y a eu 20% de refus, et l'enquête montre que les généralistes sont en première ligne par la fréquence globale des contacts avec les toxicomanes (au sens de consommateur héroãne) : 12% seulement disent ne voir aucun toxicomane, et 15% en suivent plus de 20 par an. L'extrapolation du nombre moyen de toxicomanes suivis par an (9,4/médecin) à l'ensemble des généralistes des 4 régions (26.000, soit la moitié des généralistes français), montre que leur "file active" serait de 250.000 toxicomanes.
Les médecins ont décrit des situations variées de contact avec les toxicomanes (patients connus, membre de famille cliente, de passage, ...). Ces contacts se traduisent le plus souvent par une demande de médicaments, d'aide au sevrage et plus rarement de soins médicaux uniquement. Un tiers des médecins pensent qu'il est impossible de prendre en charge un toxicomane et ce principalement lorsqu'il s'agit de contact occasionnel, plus de la moitié (55%) pensent que c'est possible, à condition que le patient soit connu et vienne régulièrement, que sa toxicomanie soit légère et que le médecin ne soit pas isolé.
15% seulement des généralistes se considèrent formés à la prise en charge des toxicomanes, alors que 70% déclarent leur prescrire parfois ou souvent des médicaments (97% des hypnotiques et anxiolytiques, 84% des antalgiques, 49% des morphiniques et apparentés, essentiellement le temgesic, et enfin 39% des antidépresseurs et neuroleptiques). Pour chacun de ces produits les modalités de prescription sont très liées aux circonstances de contact. Sur les traitements de substitution, la moitié des médecins seulement émettent un avis "plutôt" favorable ou "plutôt" défavorable, un tiers restent indécis face au "pour" et au "contre" et beaucoup n'ont pas d'opinion. Les opinions exprimées paraissent refléter un consensus "mou" sur les questions que pose la notion de substitution. Ces questions font appel à un dilemme d'ordre médical (remplacement d'une drogue par une autre) et d'ordre social (protection du toxicomane -vis-à-vis du VIH, de la délinquance- ou moyen pour la société d'occulter le problème, de le canaliser). Toutefois des souhaits unanimes sont exprimés pour la formation continue, l'élaboration de standards consensuels de prise en charge, l'amélioration des relations avec les institutions concernées.

Mots-clefs

Toxicomanes - Médecins généralistes - Prise en charge médicale

Publications

CHARPAK Y, NORY F, BARBOT J. La prise en charge des toxicomanes (héroãnomanes) par les médecins généralistes. Rev Epidémiol et Santé Publ, 1994, 42, 224-234. Revue du Praticien - Médecine Générale (sous presse).
CHARPAK Y, BARBOT J, NORY F. Etat des lieux, expériences françaises, séminaires du 2 février 1993, Ministre de la Santé.
CHARPAK Y, BARBOT J, NORY F. La prise en charge des toxicomanes par les médecins généralistes en 1992. XIVème journée nationale de l'ANIT, 18 et 19 juin 1993.

 

Etude pharmaco-épidémiologique portant sur les modalités de traitement des toxicomanes (héroïnomanes)
1993-1994 en cours
Y. CHARPAK EVAL, 75 r du Faubourg Saint-Antoine, 75011 PARIS, Tél 40.01.90.70
F. NORY-GUILLOU même adresse
C. MONAQUE " "
A la demande du Réseau National de Santé Publique.

Objectifs

Il s'agit de décrire les pratiques de prise en charge et de suivi de patients héroãnomanes par les médecins généralistes à partir de la situation concrète de la consultation. L'objectif vise à approfondir les modalités de prescription par l'étude de cas réel.

Méthodologie

Le recrutement a été effectué de manière non aléatoire auprès de médecins volontaires, ayant une activité importante auprès de toxicomanes, travaillant soit seuls ou soit en réseaux.
L'étude a été limitée à la prise en charge de consommateurs d'héroãne. L'inclusion de 200 toxicomanes successifs consultant les généralistes était prévue.
Trois visites de suivi successives étaient recueillies pour chaque toxicomane inclus. En cas d'absence totale d'information au 3ème mois, une interrogation à la mairie de naissance pour identifier d'éventuel décès a été réalisée par le médecin.
L'information recueillie a été consignée sur deux types de dossiers préalablement testés par des médecins. Les données qualitatives et quantitatives ont porté principalement au moment du recrutement sur le parcours antérieur du patient, les raisons de la consultation, le diagnostic médical et/ou social, les prescriptions médicamenteuses et diagnostiques, les autres prescriptions et l'orientation vers d'autres structures.
A chaque suivi sur la consommation de soins, les traitements en cours et leurs résultats, les accidents intercurrents, les événements sociaux.
Les médecins de l'étude ont été contactés une semaine après l'envoi des dossiers, puis chaque mois après les inclusions des patients.
Une relance systématique a été réalisée à 3 mois pour obtenir les informations sur la continuation ou les motifs d'un arrêt du suivi ainsi que sur les résultats de l'interrogation à la mairie.
Au total, 198 patients ont été inclus par 44 médecins pendant la période de l'inclusion du 15 octobre à fin décembre 1993.
80% des patients inclus sont venus à au moins une consultation de suivi. Au total 406 consultations de suivi ont été retournées.

Résultats

Les résultats sont en cours d'analyse.

Mots-clefs

Héroãnomanes - Cohorte - Médecins généralistes - Réseaux

 

Epidémiologie des toxicomanies
1989-1994
F. FACY Equipe d'Epidémiologie, INSERM U.302, 44 ch de Ronde, 78110 LE VESINET
F. LAURENT Service Informatique SC25, INSERM, 44 ch de Ronde, 78110 LE VESINET
A. MOREL Association Nationale des Intervenants en Toxicomanie (ANIT), 8 r de l'Haye, 69230 SAINT GENIS LAVAL
Antennes-toxicomanie en milieu carcéral

Objectifs

Les objectifs épidémiologiques sont de : délimiter les populations concernées ; connaÎtre leur état de santé et par suite leurs besoins de prise en charge ; apprécier les modes d'intervention et mener des évaluations comparatives pour contribuer à la mise en place de réponses différenciées.

Méthodologie

Un faisceau d'enquêtes est à maintenir et à développer à partir de trois observations :
- enquête quinquennale auprès des centres d'accueil et de traitement des toxicomanies. La base de données reproduite tous les 5 ans vise à décrire les caractéristiques socio-démographiques, médicales et toxicologiques des toxicomanes traités. La confrontation de cette enquête avec l'étude menée par le Ministère de la Santé permet de relativiser le système spécialisé par rapport à l'ensemble des structures sanitaires et sociales accueillant des toxicomanes ;
- enquête annuelle auprès des antennes-toxicomanie. Elle fournit une description minimale et commune des sujets incarcérés dépistés comme toxicomanes, sur le plan médical, pénal et toxicologique. Ces données permettent la comparaison des groupes toxicomanes traités et incarcérés.

Résultats

Les consultants vus en 1991 dans les centres spécialisés sont en grande majorité des Français (87%) ; ils sont trois fois plus souvent des hommes que des femmes ; un tiers environ ont moins de 25 ans.
On observe ainsi un net vieillissement des toxicomanes consultants, par rapport à l'enquête faite en 1986 auprès de 4846 toxicomanes vus dans le système de soins, où la moitié des sujets avaient moins de 25 ans. On note également une proportion plus faible d'étrangers (9% contre 13%), les Français restent majoritaires. La proportion d'étrangers est de 6,4% pour la France entière (7,2% chez les hommes, 5,8% chez les femmes) et de 12,8% (14,6% chez les hommes, 11,2% chez les femmes) pour la région parisienne.
Le test de sérodiagnostic VIH est effectué dans plus de la moitié des cas (55%), 22% ne l'ont pas effectué, et pour 23%, l'information n'existe pas. Le résultat est positif pour 30% des sujets ayant pratiqué le dépistage. Il est négatif pour 65%, et inconnu pour 5%.

Mots-clefs

Toxicomanes - Milieu carcéral - Infection VIH - Tentatives de Suicide - Drogues illicites

Publications

FACY F, CAGNI G. Toxicomanie et Santé Publique. Acte du Colloque du Réseau INSERM, mai 1992, N0357/06/93.
WIDLOCHER D, FACY F, CLODION M. Actes du Colloque : Epidémiologie et Psychiatrie. Cayenne, janvier 1991, Edition INSERM.
FACY F, WIDLOCHER D. Bilan et perspectives épidémiologiques pour l'étude des comportements de dépendance ou de violence. Annales Médico-Psychologiques.

 

La toxicomanie en Limousin
1993
D. GENET ORS du Limousin, 24 r Donzelot, 87037 LIMOGES CEDEX, Tél 55.32.03.01
A. OCHOA même adresse
E. SENE " "
S. TROCME " "

Objectifs

Dresser un bilan épidémiologique régional du phénomène toxicomanie.
Proposer une méthode reproductible pour évaluer l'ampleur et l'évolution de la toxicomanie en Limousin.
Dégager un profil du toxicomane vu en médecine générale.

Méthodologie

Analyse de l'enquête SESI-DRASS de novembre 1991 et des données de l'Office Central de Répression du Trafic Illicite de Stupéfiants. Enquête de l'ORS auprès d'un échantillon de médecins généralistes et surveillance par un réseau sentinelle.

Résultats

Quelques éléments sur les caractéristiques des toxicomanes : homme, jeune, le plus souvent sans activité professionnelle.
Le produit utilisé le plus fréquemment est le cannabis pour les données du SESI et de l'OCRTIS, de l'héroãne dans l'enquête auprès des médecins généralistes. Les faibles effectifs ne permettent pas de confirmer une augmentation du nombre de toxicomanes.

Mots-clefs

Toxicomanie - Réseau Sentinelle - Limousin

 

Images de la toxicomanie dans les Pyrénées Orientales à propos d'une enquête épidémiologique
1990 D. SAUT SMPR, CH "Léon Jean Grégory", 66300 THUIR, Tél 68.85.47.00
R.L. FAYAUD Secteur 3, CH "Léon Jean Grégory", 66300 THUIR Tél 68.84.66.30
TREMA Prévention Toxicomanies 66, 52 av Maréchal Foch, PERPIGNAN, Tél 68.34.09.61

Objectifs

A partir d'une étude épidémiologique évaluation et description de la population des toxicomanes du département des Pyrénées(long-f)Orientales. Mise en évidence de caractères originaux parmi d'autres plus communs autorisant la conception de solutions adaptées aux particularités locales.

Méthodologie

Enquête anonyme à visée statistique et épidémiologique reposant sur un questionnaire regroupant 55 items explorant trois registres :
- biographie et sociologie,
- usage de produits toxiques,
- histoire médicale et pénale.
Elle s'est déroulée pendant douze mois auprès de toxicomanes acceptant volontairement de s'y soumettre ; elle a porté sur 80 toxicomanes, 40 étant incarcérés et 40 consultant auprès de structures médicalisées.
Elle est restituée dans un contexte géographique, historique et économique et complétée par une étude clinique.

Résultats

Absence d'influence des particularités locales sur les aspects qualitatifs de la consommation de drogue dans les Pyrénées-Orientales. Par contre sur le plan quantitatif ces particularités jouent un rôle et peuvent expliquer l'importance du problème. La précocité du premier contact avec la drogue justifie une prévention auprès des plus jeunes, la diversité des milieux sociaux concernés nécessite une présence de soignants dans des lieux très variés, l'importance du phénomène en milieu urbain impose que des structures de soins y soient créées, la fréquence des pathologies associées, notamment psychiatriques, justifie la médicalisation de la réponse.
Pour une thérapie dynamique et analytique la diversité et la complémentarité professionnelle des intervenants et des structures assurant l'accueil et le soin sont nécessaires ainsi que l'intervention d'équipes hautement qualifiées et le développement du potentiel thérapeutique.

Mots-clefs

Toxicomanie - Dépendance - Pyrénées-Orientales

Publications

SAUT D. Rapports de la Justice et de la Psychiatrie à propos de la Lutte contre la Toxicomanie. 1991.


Dernière mise à jour : lundi 9 août 1999 11:54:40

Dr Jean-Michel Thurin