Carré titre








H U M E U R J A L O N S

VOCABULAIREMENT CORRECT

Le franc-parler s'effiloche. Il serait opportun de créer une École des Langues Orientables et d'introduire dans le programme du baccalauréat une épreuve de langue de bois.
Car paradoxalement, en ces temps de véhémence et de boursouflure langagières où NTM fait figure de manécanterie de chanteurs de charme, où la moindre surface commerciale s'affiche Super, Hyper, Big ou Méga, on assiste à un retour de la périphrase, de l'euphémisme et de la litote au service d'une bie Humeur nséance vaselinée et hypocrite.
Faute de pouvoir transformer les choses, on change les mots et on caresse le client dans le sens du moelleux en démarquant ce qui pourrait l'effaroucher.
C'est ainsi que la déchetterie s'est substituée au dépôt d'ordures, que le chef du personnel s'est trouvé mué en directeur des relations et des ressources humaines, que l'inertie est un non-agir, que ceux qui dans une entreprise ne font rien ou pas grand-chose constituent des « poches de sous-activité », que les chômeurs se sont vus convertir en demandeurs d'emploi, et qu'on voudrait nous persuader qu'il est plus confortable d'être non-assis que de rester debout.
Cette offensive de charme aux multiples visages étend peu à peu son territoire, on se voit proposer des « cabines d'esthéticiennes » pour des « voyages spatio-temporels hors du stress » cependant que les arbres eux-mêmes peuvent à la demande bénéficier de « tailles douces ».
Là tout n'est qu'ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.
Le vocabulaire médical ne saurait échapper à la douceur ambiante = non-entendants et non-voyants ont depuis longtemps remplacé sourds et aveugles, le paralytique est un sujet à motilité réduite, la frigidité n'est plus que non-orgasmie et les imbéciles et idiots de nos pères deviennent des surdoués en voie de sous-développement. Depuis que la démence sénile s'est effacée devant l'Alzheimer, le vieillard s'est transformé en « âgé » en attendant d'être un non-jeune. Quant au gâteux c'est désormais un non-propre.
Alors puisque le non-sens est devenu la chose du monde la mieux partagée, pourquoi ne pas rebaptiser la dépression syndrome de non-gaieté, la manie trouble thymique à expression non-triste et qualifier de non-gay tout comportement hétérosexuel ?
Pourquoi en effet persister à appeler un chat un chat quand on peut l'appeler un non-chien.
 

Pierre MOREL



REVUES ANALYSÉES POUR CE NUMÉRO :

* Acta Psychiatrica Scandinavica, mai et juin 1997
* American Journal of Psychiatry, mai et juin 1997
* Archives of General Psychiatry, mai et juin 1997
* Biological Psychiatry, mai et juin 1997
* British Journal of Psychiatry, mai et juin 1997
* Comprehensive Psychiatry, mai et juin 1997
* Current Opinion in Psychiatry, mai 1997
* Depression and Anxiety 4 (n° 6)
* Encéphale, mai et juin 1997
* European Psychiatry, vol 12, N° 3 juin 1997
* Journal of Affective Disorders, mai juin 1997
* Journal of Nervous and Mental Disease, mai juin 1997
* Journal of Neuropsychiatry and Clinical Neurosciences, printemps 97
* Journal of Clinical Psychiatry, mai juin 1997
* Journal of Clinical Psychopharmacology, juin 1997
* Psychiatry Research, mai et juin 1997
* Psychological Medicine, mai 1997
* Psychopharmacology Bulletin, mai 1997



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DÉPRESSION N°10 Janvier/Février 1998

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