Pr R. THOM
Mesdames, messieurs, je suis très heureux d'être présent parmi vous et de pouvoir vous offrir quelques idées sur des thèmes qui ne sont peut être pas sans rapport avec le thème de cette rencontre, à savoir les maladies psychosomatiques.
Je pense que je n'aurai pas le temps d'aboutir jusque là, mais peut être verrez-vous, vous-mêmes, le rapport. Le titre que j'ai donné doit être considéré comme erroné.
Je vais traiter d'un autre sujet, qui, à mon avis, a peut-être plus d'importance pour vous ; il s'agit de deux notions que j'ai introduites il y a trois ou quatre ans : les notions de saillance et de prégnance. Je me place dans une optique de "gestalt théorie" et je me pose la question : à quelles conditions une forme extérieure a-t-elle un impact sur le psychisme d'un sujet humain ou animal ?
Pour répondre à cette question, les gestalt-théoriciens ont introduit la notion qu'en Allemand, on appelle "pregnantz".
Cette notion présente, à mon avis, un caractère ambigu et je vais essayer de résoudre cette ambiguité en ramifiant le concept de "pregantz" en deux concepts, "saillance" et "prégnance".
La saillance d'une forme est son caractère objectif, c'est à dire la netteté avec laquelle la forme se distingue de son fond ; toute forme s'oppose à un fond (figure against background) et c'est la netteté de la frontière qui sépare l'intérieur de la forme du fond environnant qui détermine son caractère saillant : un flash de lumière, un tintement de sonnette sont des formes saillantes par rapport au fond sonore temporel.
Toute forme saillante est définie par rapport à un fond qui peut être espace usuel ou espace-temps usuel, en général ce sont des grandeurs spatio-temporelles bien connues.
Une forme saillante peut saturer un appareil sensoriel (on peut être ébloui par un flash), les formes saillantes s'inscrivent en général dans la mémoire à court terme du sujet mais elles n'ont que peu d'impact sur le comportement à long terme de l'individu.
Par opposition, certaines formes ont un impact de longue durée sur l'individu, ce sont les formes qui ont une signification biologique, par exemple les formes des proies pour un prédateur affamé, les formes des prédateurs pour un animal proie, les formes des partenaires sexuels dans les périodes hormonales correspondantes, etc....
Dans toutes ces situations, ces formes provoquent, chez les animaux en tout cas, des attractions ou des répulsions de longue durée avec des changements comportementaux très importants et également des changements métaboliques, hormonaux, etc.. considérables.
J'appelle prégnance, (et je dis que ces formes sont prégnantes), le caractère correspondant de ces formes à signification biologique.
Comment allons-nous avec cette terminologie interpréter les expériences de conditionnement à la PAVLOV ? Dans l'expérience de PAVLOV, on présente à un chien affamé un morceau de beefsteack bien saignant et en même temps, on fait retentir une sonnette. Au bout d'un certain nombre de fois que cette association a été répétée, le seul tintement de sonnette suscite un comportement alimentaire chez le chien. J'interprète ce phénomène en disant que la viande saignante est une forme à la fois saillante et prégnante, parce qu'elle est source de prégnance alimentaire. Cette prégnance investit par contiguité la forme saillante temporelle qu'est le tintement de sonnette. Je dis donc que, dans ces conditions, la prégnance associée à la viande a investi par contiguité la forme saillante temporelle du tintement de sonnette et que cette forme du tintement de sonnette est à son tour source de prégnance. Elle peut communiquer sa prégnance alimentaire à d'autres formes de saillance avec lesquelles elle entrera en contacts suffisamment répétés. Voilà le type même des expériences de conditionnement pavlovien.
On peut interpréter ce résultat en disant que la prégnance se comporte dans le champ des formes phénoménales comme un fluide invasif qui pénètre la réalité à travers ces fissures que sont les formes saillantes. Les formes saillantes sont des fissures du réel et la prégnance s'infiltre dans ces fissures et les investit. En général, quand une prégnance s'introduit dans une forme saillante elle y provoque au moins subjectivement des transformations qu'on appellera des "effets figuratifs". Il résulte de cette analyse que ces prégnances biologiques investissent les formes saillantes, les formes spatio-temporelles selon les deux modes fondamentaux de l'action par contiguité ou par contact ou de l'action par similarité - propagation par similarité.
Si une forme est investie de prégnance, toute forme saillante suffisamment voisine est également investie de la même prégnance. Vous reconnaîtrez là les deux modes fondamentaux de classification des actions magiques dues à Sir John FRASER : l'action par contact et l'action par similarité. Vous reconnaitrez aussi bien entendu les axes saussuriens du syntagmatique et du paradigmatique, respectivement, ce qui vous montre que dans cette optique les phénomènes fondamentaux que sont l'association syntagmatique et paradigmatique sont des phénomènes prélinguistiques inscrits profondément dans les mécanismes de la perception des formes.
Abordons maintenant le problème de la structure des prégnances animales, à savoir des prégnances comme la faim, la peur et l'amour pour parler rapidement. On dira que le tintement de sonnette après conditionnement est un signe pour la viande et on écrira cela algébriquement comme par une relation du type ____ tintement de sonnette __ viande. Cela veut dire : le tintement de sonnette est un signe pour la viande. Si on s'est servi du tintement de sonnette pour investir de prégnance alimentaire une autre forme, disons la forme A, on aura une sturucture du type A __ tintement de sonnette __ viande, et dans ce cas là on aura également la flèche obtenue par concaténation A __ viande ; on obtient de cette manière une structure algébrique constituée d'objets et de flèches ; c'est ce que l'on appelle en algèbre une "catégorie". Donc la structure locale d'une prégnance chez l'animal en général est présentée par une catégorie entre formes saillantes avec la relation A __ B si A est un signe pour B. Il est donc possible de faire une espèce d'axiomatique de la structure des prégnances à chaque instant. Maintenant il résulte de considérations très simples, je n'ose pas dire de démonstrations parce que cela ne se démontre pas, qu'une telle prégnance n'a jamais de cycle, on ne peut pas avoir de cycle fermé du type A0 __ A1 __ A2 __ An __ A0, parce qu' à chaque fois que l'on induit la prégnance sur une forme saillante par contiguité, la prégnance perd de sa force en un certain sens de sorte que d'un point de vue behavioriste on peut dire que si on avait une flèche, un circuit cercle fermé, du type __ A1 __ A0, toutes ces formes évoqueraient les mêmes réactions chez le sujet ; elles auraient donc d'un point de vue behavioriste la même signification. En passant par cette opération on aurait la même signification et la catégorie quotient que l'on obtiendrait n'aurait plus aucun circuit ni aucun cycle. C'est là, la situation que je préfère concevoir, une prégnance en général n'a pas de cycle, elle a une structure de gradient, elle part de formes faiblement investies pour aboutir à des formes extrêmes qui n'ont plus de formes supérieurement plus fortes en prégnance ; ces formes maximales pour la prégnance c'est ce que j'appelle les "formes sources". En régime biologique normal, les "formes sources" sont les formes biologiquement significatives comme les formes des prédateurs, les formes des proies etc... Mais il faut bien voir qu'au moins chez les animaux supérieurs, comme les mammifères et les oiseaux, les formes visuelles ne peuvent pas être codées génétiquement ; ce qui est codé génétiquement c'est uniquement la prégnance en tant que gradient abstrait, entre trous noirs en quelque sorte ; ces trous noirs sont remplis par les expériences infantiles ; ce sont les expériences infantiles qui permettent de remplir les trous noirs de la prégnance, ce qui correspond au phénomène de l'imprégnation lorenztienne. qui explique pourquoi chez les animaux qui ont été élevés par des animaux d'autres espèces toute la régulation biologique peut être complètement détournée sur les animaux nourriciers, sur l'espèce nourricière et non pas sur l'espèce originelle de l'animal.
Il faut bien concevoir en effet que ce sont les expériences infantiles qui en un certain sens remplissent ces trous noirs des prégnances ; cela peut être évidemment la source de troubles du comportement extrêmement sérieux.
Je passe maintenant aux animaux grégaires c'est à dire aux animaux qui vivent en collectivité. Souvent ces animaux développent des systèmes de communication, des signes qu'ils peuvent émettre et percevoir. Prenons un exemple, le cas du cri d'alarme : quand un membre de la collectivité aperçoit un prédateur redoutable, il peut, soit pousser le cri d'alarme, ce qui aura pour effet de propager la prégnance peur dans toute la collectivité, soit au contraire, avoir une stratégie égoïste, se terrer et essayer d'échapper à la vue du prédateur. On peut dire que dès l'origine, chez les animaux vivant en groupe, il y a quelque chose comme une "bifurcation symbolique" possible en face d'un danger menaçant ; ils peuvent ou avoir une conduite altruiste qui consiste à pousser le cri d'alarme, ou au contraire une conduite égoïste qui consiste à essayer d'échapper au danger en se faisant le plus petit possible. Si c'était une source d'aliments, on aurait la même bifurcation, l'animal peut garder la source d'aliments pour lui ou attirer l'attention de la collectivité en émettant un cri approprié. Lorsque l'animal émet un tel cri, il est intéressant d'étudier les référents du cri, c'est à dire la totalité des systèmes de formes saillantes qui peuvent susciter l'émission du cri d'alarme. En général, dans les collectivités animales il y a plusieurs cris d'alarme correspondant aux stratégies de défense et aux types de prédateurs ; par exemple on m'a dit que chez certains primates, il y a un cri pour les prédateurs aériens, un cri pour les prédateurs quadrupèdes terrestres et un cri pour les reptiles correspondant à chaque fois à trois stratégies de défense différentes.
Mais le problème intéressant est de comprendre ce qui sépare un système de communication animal du langage humain. C'est un problème tout à fait fascinant que de se demander s'il y a une espèce de discontinuité totale entre des systèmes de communication animaux et le langage humain. On peut penser que, effectivement, il existe une telle discontinuité et cette discontinuité apparaît, je crois, dans la formation de ce que l'on pourrait appeller le "génitif" dans nos langues modernes et classiques ( une sorte de concaténation entre lexèmes ). Je m'explique, prenez le cas du cri d'alarme : les animaux ont peur non seulement du prédateur mais ils ont aussi une certaine peur devant les indices du prédateur. Si le prédateur a laissé des traces, que ce soient des traces de pas ou des déjections, automatiquement l'individu de l'espèce proie aura une réaction de fuite devant ce type d'indices. Le problème que j'ai posé à beaucoup d'éthologistes, sans succès jusqu'ici, est celui ci : est-ce que l'on connaît des exemples de sociétés animales pratiquant un cri pour une certaine espèce de prédateurs et pratiquant le même cri, mais légèrement modifié pour une trace de ce prédateur ?
Voilà une question d'éthologie, relativement simple qui jusqu'à présent n'a pas, je crois, suscité l'attention des éthologistes.
Si par exemple, une espèce animale avait un certain cri, par ex W, pour un prédateur et un cri composé du type WN pour une déjection du prédateur, on pourrait dire : cette espèce a déjà quelque chose comme le génitif. En effet la déjection indice de peur s'appelle indice du prédateur comme la fumée est indice de feu. Il faut bien voir que tout concept, au sens humain du terme, toute prégnance dans ma terminologie actuelle, peut être considérée comme un gigantesque puits de potentiel : dans le fond du puits de ce potentiel, les formes sources sont les formes ultimes auxquelles aboutit la prégnance au-delà desquelles il y a simplement la réaction de défense et la réaction motrice attraction-répulsion. Mais si nous avions quelque chose comme le génitif, nous aurions une opération agissant sur ce puits de potentiel de la manière suivante : il y aurait les éléments qui sont au fonds du puits ( les formes sources ), puis des petits bassins locaux accrochés aux parois qui seraient les formes d'indices, les formes satellites, ( par exemple, les déjections d'un prédateur). L'opération du génitif a pour effet, par une espèce de coup de poing dirigé vers le haut dans ce puits de potentiel, de détruire ce minimun profond, pour ne laisser conservés et stabilisés que ces puits de potentiels situés en couronne sur les parois du puits. Le génitif est une opération de destruction conceptuelle, de destruction sémantique, qui détruit le concept originel en ne laissant subsister que les concepts qui sont en relation d'action, relation indicielle, relation de causalité, avec les formes sources. Le cri composé WN pourrait s'intituler ainsi : oui il y a prédateur, mais absence de prédateur. FREUD a écrit sur la négation, LACAN aussi. Je pense que cela vous rappellera certainement des textes connus. Il faut voir que le génitif est une opération qui a une affinité profonde avec la négation (j'ai parlé de cela autrefois avec Roman JAKOBSON ; il m'a tout de suite approuvé et m'a dit qu'en Russe très fréquemment une phrase transitive négative a son objet au génitif : c'est une observation qui vient à l'appui de cette remarque purement linguistique).
J'en finirai en passant de l'animal à l'homme. L'homme a aussi des prégnances, les grandes prégnances biologiques existent chez l'homme : la faim, la peur, l'amour dont les manifestations sont assez semblables à celles des animaux : le fétichisme des amoureux est bien connu. Mais ces prégnances jouent un rôle au niveau narratif, au niveau du comportement très complexe et très global, alors que dans l'expression langagière usuelle, ce qui joue un rôle fondamental, c'est la phrase nucléaire qui est beaucoup plus courte.
Pour s'expliquer la structure du langage humain par rapport à ces systèmes de prégnance animale, il faut je crois observer la chose suivante ; chez les animaux les prégnances sont peu nombreuses mais elles ont un grand pouvoir invasif et leur effet est labile et réversible, réversible parce que si les prégnances ne pouvaient qu'envahir le champ phénomènal des formes, on aboutirait au bout d'un certain temps à une catastrophe physiologique : imaginez un animal pour qui toute forme extérieure serait une proie ; chez l'animal il y a des mécanismes d'oubli qui font qu'une association comme celle du tintement de sonnette avec le beefsteack, si elle n'est pas renforcée, disparaît au bout d'un certain temps. Chez l'homme les choses sont différentes, il y a un très grand nombre de prégnances mais ces prégnances ont des capacités de propagation extrèmement contrôlées et limitées. Grosso modo, chaque concept donne naissance à une prégnance, prégnance qui a un aspect saillance (ce sont les référents extension) et un aspect intensif qui est la compréhension.
Comment se forme cette ramification des prégnances chez l'homme ?
Au départ, à la naissance, le nourrisson attache une prégnance originelle au corps de la mère dont il est issu et qui est aussi investi fort naturellement de prégnance alimentaire. Mais au bout de peu de temps par suite des activités de la mère en particulier, cette prégnance fondamentale originelle de la mère se ramifie sur des objets extérieurs. Cette ramification est stabilisée ensuite par le couplage avec un signifiant, avec un mot signifiant, que le nourrisson peut à partir d'un certain âge émettre pour lui même. C'est le couplage de l'objet ramifié avec le signifiant verbal qui finalement stabilise la sous-prégnance ramifiée sur l'objet. Le processus fondamental par lequel cette ramification se fait est la déixis : en montrant l'objet, la mère émet une sous-prégnance, un quantum de sa prégnance propre, selon la direction montrée par le geste ostensif et cette sous-prégnance vient investir l'objet montré et par la suite investir le psychisme du sujet. Ce phénomène de la déixis existe encore dans le langage adulte. Si moi, en tant que locuteur actuellement, je suis investi d'une certaine prégnance dans la mesure où vous ne dormez pas complètement, je peux vous montrer cette bouteille et quand je vous montre cette bouteille, je vous dis : ceci est une bouteille d'eau minérale, j'émets une partie de ma prégnance de locuteur qui vient investir cette bouteille qui sera par là même investie pour vous de la prégnance correspondante.
Le processus de la déixis adulte dans le langage est une ritualisation de la déixis infantile. Il resterait beaucoup à dire sur cette question de saillance et de prégnance ; vous voyez que les prégnances envahissent les saillances, les investissent. Ces investissements peuvent être purement subjectifs comme dans le cas du chien de PAVLOV, soit avoir un effet objectif, cela se voit déjà dans le cas du cri d'alarme chez les animaux grégaires. Quand le cri d'alarme est poussé, la prégnance peur investit les membres de la collectivité qui l'entendent et ceci de manière objective et en y provoquant des effets figuratifs, c'est à dire finalement des réactions de défense, d'attroupement ou de défense. En général, l'esprit humain interprète les phénomènes naturels selon le mode de ces prégnances investissant les formes saillantes. Toutes les fois que nous avons un effet causal, un phénomène cause C vers un phénomène effet E, si l'effet et la cause sont spatialement disjoints dans l'espace-temps, on admettra que la cause émet des influences causatrices qui se propagent de la cause vers l'effet et ces influences causatrices, qui sont en général invisibles, nous les traitons mentalement et langagièrement comme des prégnances. Par exemple, la lumière peut être considérée comme une prégnance qui est issue de formes sources, les sources lumineuses, qui vient investir les objets opaques sur lesquels elle diffuse et les constitue en sources secondaires. Il en va de même de la plupart des qualités que nous trouvons dans le langage, on peut les traiter comme des prégnances.
Je classifie les grandes prégnances selon deux axes : le premier axe horizontal d'opposition subjectif objectif et l'axe vertical qui fait passer de la propagation la plus libre à la propagation la plus contrôlée. La propagation des concepts est extrêmement contrôlée parce qu'elle est décrite par le génitif, et si vous prenez deux concepts X et Y arbitraires, le génitif X de Y ne fait sens que dans les conditions sémantiques extrêmement précises, du moins relativement précises. Au contraire les grandes diffusions de la physique et surtout de la chimie sont assez libres, sans grandes contraintes. Les états de la matière tels que gaz, liquide gazeux peuvent être considérés comme des prégnances eux aussi ; bien entendu le gaz est plus libre que le liquide qui lui-même est plus libre que le solide. Les formes géométriques sont les prégnances les moins facilement propagées parce qu'elles n'ont que la similarité pour se propager.
Voilà cette théorie des prégnances.
Du point de vue de la psychosomatique je serais tenté de dire que la problématique des prégnances peut jouer un rôle important en ce sens que les maladies peuvent être considérées comme des prégnances : une maladie investit un sujet qui est infesté et le sujet infesté peut à son tour communiquer la même prégnance par contagion. Il se produit ici une sorte de phénomène dans le cadre psychosomatique : on pourrait dire qu'il y a une sorte de renversement, une hiérarchie sémiologique à considérer. Traditionnellement en sémiologie médicale on dit que le signe est le symbole de la maladie,on s'intéresse aux signes de la maladie. Je pense qu'en psychosomatique il faudrait dire que la maladie elle-même est un signe d'un état, je dirais d'une prégnance, ayant un caractère profond, infra-médical, infra-physiologique, et cette entité de caractère prégnance qu'il faudrait essayer de mettre en évidence. Ceci implique une sorte de renversement des points de vue traditionnels en médecine où on est habitué à considérer que chaque maladie a son agent typique (la tuberculose le bacille de Koch..) et la pensée biologique est tout entière fondée sur l'idée de l'agent responsable. En fait l'agent responsable est une espèce de signal qui se transporte et qui est un vecteur de la prégnance. Mais on pourrait très bien concevoir des entités nosologiques plus compliquées qui pourraient présenter à diverses époques plusieurs vecteurs différents. De même les grandes prégnances biologiques, les prégnances de la régulation, ont des supports biochimiques très différents et variables suivant la localisation spatio-temporelle.
Dernière mise à jour : mercredi 21 juillet 2004
Dr Jean-Michel Thurin