Olivier Douville, Alain Maruani, Monique Thurin, Jean-Michel Thurin
Ce travail étant le fait du groupe Science, je me propose de vous dire quelques mots sur ce groupe, ou plutôt sur son existence même. C'est un fait. d'évidence que les relations entre Science et Psychanalyse sont des relations -au minimum- ambigues. Dans le pire des cas, elles procèdent du sarcasme et dans le meilleur des cas culminent en un intérêt poli devant un discours incompris.
Usuellement lorsqu'un scientifique (au sens le plus large du terme) assiste à un exposé traitant de psychanalyse, il adopte un comportement de désespoir au bout d'une dizaine de minutes, au plus un quart d'heure. Réciproquement, lorsque quiconque (pas nécessairement un psychanalyste, mais le premier venu) prête l'oreille à un discours scientifique les choses sont bien plus claires: Il ne s'attend pas à comprendre quoi que soit; c'est dans la règle du jeu, mais là il existe fort heureusement des processus de récupération ; généralement l'orateur a une belle voix, a une cravate bizarre, il est pittoresque... des choses de ce genre et on sort un tout petit peu consolé.
Les discours, quelles que soient les bonnes volontés manifestées de part et d'autre, restent séparés. Par exemple, une rencontre il y a quelques mois mettait à la même estrade des praticiens des sciences qu'on appelle "dures" et des psychanalystes ; d'entrée de jeu la volonté de dialogue véritable a été esquissée. Pourtant, cette manifestation a eu pour effet principal beaucoup plus de tracer des frontières que de favoriser la diffusion. C'est que le rapprochement entre Science et Psychanalyse avait été mis sur le compte de l'éthique et que nous attendions donc un discours sur l'éthique, le même concept éclairé par des projecteurs différents. Nous avons eu tout autre chose : chacun a parlé de ses fantasmes préférés. Très intéressant mais sans aucun rapport immédiat avec le but poursuivi. Ce but, nous le poursuivons avec l'enthousiasme que nous donne le sentiment de l'impossible. Il est connu que la différence entre possible et impossible, c'est que l'impossible prend un peu plus de temps. C'est pour cela que nous n'avons pas fini d'en découdre avec l'Equisse.
Donc, nous allons parler aujourd'hui de ce que nous avons compris de ce livre. Des choses vous apparaitront pertinentes, d'autres vous apparaitront impertinentes, n'hésitez pas à nous le signaler, c'est notre demande.
Le programme est le suivant: d'abord J.M THURIN décrira le fonctionnement du système neuronal, tel qu'il est présenté par FREUD. Puis, Monique et Jean-Michel THURIN parleront d'un concept important, le fait de satisfaction et le principe d'identité. Après, la pose, je vous dirai ce que j'ai compris des formes et des processus de la pensée, le cognitivisme à l'épreuve du désir. Enfin Olivier DOUVILLE et Monique THURIN nous parleront des relations entre mémoire et pensée, comment cela s'articule et se structure.
Nous souhaitons réserver une large part à la discussion, de sorte que le temps alloué aux interventions orales est borné supérieurement à 45 mn. Je prendrai donc la liberté de donner un coup de maillet si jamais l'art oratoire d'un orateur quelconque, et je m'inclus dans ces orateurs, l'amenait à dépasser trop cette limite.
Je passe la parole à Jean-Michel THURIN.
* Professeur à l'Ecole Nationale Supérieure des Télécommunications
Dernière mise à jour :
15/09/05
Dr Jean-Michel Thurin