DIRECTION GENERALE DE LA SANTE
Sous-direction de la santé et de la société
Bureau de la santé mentale
Les psychiatres ont un rôle essentiel à tenir dans laide aux aidants pour renforcer la compétence des acteurs de premières lignes dans le cadre du suivi de personnes en difficulté psychique, ainsi que dans lexpertise des actions de prévention mises en oeuvre. Ils sont en outre acteurs de première ligne pour les actions quils initient.
Ils ont également vocation à tenir des fonctions dexpertise et de référence en santé mentale au regard des actions de prévention et de réinsertion proposées notamment par les professionnels et institutions non spécialisés.
Possédant la triple lecture des troubles, biologique, psychologique et sociale, les psychiatres refusent lorientation prise par certains pays (Etats-Unis) vers une fonction expertale exclusive. Ils confirment la nécessité du maintien de leur fonction soignante.
Leurs compétences en matière de repérage des troubles et danalyse psychopathologique, leur responsabilité dans lélaboration et la formulation du diagnostic et leur rôle dans les soins (qui comporte, entre-autres, la psychanalyse ou la psychothérapie) les conduit à élaborer une stratégie thérapeutique globale.
Ils doivent également relayer les professionnels de soins primaires (médecins généralistes...) avec une précocité et une efficacité dautant plus adaptées, que les liens et les rôles précisés par linscription et la pratique réelle dans un réseau coordonné de soins existent.
Ceci peut concerner toute la pathologie psychique avec en particulier :
. dans le suivi des patients schizophrènes, limportance de lintervention dun psychiatre référent afin :
. daccompagner le diagnostic, ce qui évite une perte de temps et dénergie dans les ressources à mobiliser ;
. dévaluer régulièrement lévolution clinique.
. dans le suivi de patients souffrant de dépression, lintervention dun psychiatre auprès dun médecin généraliste sinscrit dans laide au repérage et à la mise en place de stratégies thérapeutiques.
Au-delà de leur fonction clinique, les psychiatres praticiens hospitaliers - responsable dunité fonctionnelle et/ou chef de service-, doivent assurer et développer les fonctions suivantes (pour lesquelles des aménagements de la formation simposent) :
. animation du fonctionnement de léquipe pluridisciplinaire de secteur de psychiatrie et en conséquence détermination des délégations aux acteurs de léquipe ;
. dynamisation des actions de santé mentale dans la communauté :
. actions de communication et dinformation sur les troubles mentaux et les limites de compétences du secteur ;
. soutien des équipes des champs médico-sociaux et sociaux dans la prise en charge des patients stabilisés...
R7 Sagissant de la démographie des psychiatres, et au-delà des solutions visant à un rééquilibrage des interventions des différents professionnels :
R7-1. Remédier à linégale répartition des psychiatres sur le territoire :
- Analyse de la question et des solutions, pour le secteur libéral, avec la CNAM et les syndicats médicaux susceptibles de signer la convention des médecins spécialistes ;
- Incitation financière et autres à définir pour pourvoir les postes vacants de praticiens hospitaliers psychiatres dans les régions particulièrement touchées par la pénurie de psychiatres publics. (Certains membres du groupe vont plus loin et préconisent un encadrement plus strict des conditions dinstallation.)
- Fléchage de postes dinternes dans les régions particulièrement déficitaires couplés à des postes PH vacants avec lassurance dun post-internat (chef de clinique ou assistants spécialisés) jusquau concours de PH.
- Incitation financière favorisant lexercice public de la psychiatrie : application de la prime multi-site pour lensemble des psychiatres exerçant sur plusieurs sites constituant un même secteur de psychiatrie ;
- Permettre aux psychiatres libéraux dexercer une partie de leur temps en psychiatrie publique avec une rémunération adaptée.
R7-2 Remédier à lévolution prochaine de la démographie des psychiatres en baisse, notamment :
- par la garantie, pour lavenir, dun maintien du nombre actuel de psychiatre (cf chiffre minimum de psychiatres au concours de linternat : 380 en 2010, soit le niveau de 1987...) ;
- par un approfondissement dune possibilité pour les médecins hospitaliers assistants généralistes qui le souhaitent de se spécialiser et de devenir psychiatre (passerelle) pour pallier à court terme labsence de psychiatres dans certaines régions.
Favoriser la constitution de réseaux de soins en santé mentale entre les professionnels spécialisés en santé mentale et les médecins généralistes, pédiatres et intervenants des centres de soins en alcoologie ou toxicomanie. La Charte constitutive de ces réseaux doit prévoir expressément, dune part, la prestation du psychiatre public ou privé, et les délégations envisagées au profit des autres professionnels du secteur de psychiatrie, en expertise lors de crise, ou en recours spécialisé pour le diagnostic et lélaboration des stratégies thérapeutiques et, dautre part, la place reconnue au généraliste pour le suivi, le renouvellement des prescriptions médicamenteuses, les consultations intermédiaires et lalerte du psychiatre en cas de besoin. Dans ce cadre peuvent être organisées également des formations croisées entre praticiens ainsi que desconsultations davis spécialisés.
R9 Sagissant de la formation des psychiatres :
R9-1 Réaffirmer la place de la formation clinique pour les psychiatres en garantissant :
- le maintien de la durée des stages en service de psychiatrie ;
- le rétablissement dun équilibre entre les stages en secteur de psychiatrie et ceux en CHU (services hospitaliers durgence ; pédiatrie ; maladies infectieuses...) afin de développer une clinique médico-psycho-sociale et inciter les futurs spécialistes à exercer dans le secteur public dans une logique de santé communautaire. A cet effet, les secteurs doivent pouvoir plus largement être agréés en qualité de terrain de stage.
R9-2 Etablir un socle commun diversifié dans la formation de base à la psychiatrie générale (renforcer les modules en psychothérapie ; bases en santé publique...) : mettre en œuvre le projet de réforme proposé par la Fédération Française de Psychiatrie (FFP) et le Collège National des Universitaires en Psychiatrie (CNUP), concernant le contenu de la formation des médecins psychiatres afin dy renforcer la formation à la psychothérapie, sans diminution de la durée des stages en service de psychiatrie.
R9-3 Accroître la formation en matière de supervision des pratiques, pour favoriser la co-élaboration de protocoles dorganisation du travail, fixant les rôles respectifs des membres de léquipe afin notamment de remédier au centrage excessif des tâches sur le psychiatre.
R9-4 Lors de laccès à des fonctions de chef de service, et compte-tenu du rôle essentiel du secteur, confirmés par ces travaux, il est nécessaire de renforcer la formation en matière de santé publique permettant de mieux développer des actions de santé mentale dans la communauté.
Dernière mise à jour : vendredi 31 mai 2002 19:28:36 Dr Jean-Michel Thurin