Grâce aux progrès de la recherche fondamentale la représentation des malades à des fins didactiques a pu passer en quelques années du figuratif à l'abstrait.
Le chemin est au demeurant pittoresque qui mène du premier essai de Pinel montrant en 1801 "la proportion avantageuse" de la tête d'un aliéné "qui a eu autrefois des actes périodiques de manie", à l'imagerie tachiste et colorisée qu'on nous donne à admirer aux cimaises des "murs d'images", ces profanes icon
ostases indispensables à toute réunion scientifique qui se respecte.
Sans doute l'insolite y a t-il perdu et l'on peut regretter la poésie désuète de certaines légendes qui faisaient le charme discret des illustrations des anciens traités.
Qui s'aviserait aujourd'hui de nous présenter à l'instar d'un Gabriel qui mit son talent au service d'Esquirol, un "avocat d'Agen maniaque", un "militaire devenu mélancholique" un "invalide maniaque , idiot et dessinant sans cesse", un "ecclésiastique mélancholique et furieux" ou un "maniaque affecté de bestialité" ?
Dessins et gravures s'effacèrent devant la photographie qui continua à fixer pour la postérité des images au titre toujours prometteur : "Rire d'idiot", "euphorie d'ivrogne", "accès de manie raisonnante", "hystéro-épileptique après l'attaque", "hystérique imberbe avec crâne rasé" continuaient à aérer l'austérité des textes.
L'ére du portrait allait s'éteindre dans les années 1950 dans l'ultime sursaut d'un "état de fureur prêt à exploser".
L'instantané ayant atteint ses limites, ce fut l'âge du cinématographe partagé entre des films aux intentions cliniques et des productions pharmaco-didactiques à deux personnages : le bon et perspicace docteur, complet sombre et cravate, accessoires BCBG garants du sérieux du propos et le malade appliqué et coopérant généralement vu de 3/4 arrière, secret professionnel oblige.
Musique d'ambiance chargée de menace puis apaisante, champs et contre-champs interchangeables d'un film à l'autre conviendraient d'ailleurs à n'importe quel diagnostic pour peu qu'on s'avise de modifier seulement le titre et les paroles.
Cette espèce non protégée et insipide est à son tour en voie de disparition. Une nouvelle génération se lève, technique, rigoureuse, toute en objectivité, ne laissant aucune chance à la fantaisie = scintigraphie, scanner, IRM, Position Emission Tomography ont envahi la scène.
Le poids des ions, le choc des protons.
Chasseurs de particules et paparazzi de laboratoire peuvent enfin tirer de l'intérieur le portrait de l'homme malade.
Pourvu qu'on ne réduise pas un jour celui-ci au rôle de PEToman même si PET en anglais désigne un animal favori et choyé.
Pierre MOREL
* figure tirée de l'Atlas - Manuel de psychiatrie de G. Weygandt. 1904
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REVUES ANALYSÉES POUR CE NUMÉRO
* Acta Psychiatrica Scandinavica, juillet et août 1997
* American Journal of Psychiatry, juillet et août 1997
* Archives of General Psychiatry, juillet et août 1997
* Biological Psychiatry, juillet et août 1997
* British Journal of Psychiatry, juillet et août 1997
* J. Am. Acad. Child Adolesc. Psychiatry, mars-avril 1997
* Comprehensive Psychiatry, juillet-août 1997
* Current Opinion in Psychiatry, juillet 1997
* Depression and Anxiety, mai 1997
* Encéphale, juillet et août 1997
* European Psychiatry, vol 12, N° 3
* Journal of Affective Disorders, juillet et août 1997
* Journal of Clinical Psychiatry, juillet et août 1997
* Journal of Clinical Psychopharmacology, juillet et août 1997
* Journal of Nervous and Mental Disease, juillet-août 1997
* Journal of Psychiatry Research, juillet-août 1997
* Lancet, mars, avril et mai 1997
* Psychiatry Research, juillet et août 1997
* Psychological Medicine, juillet 1997
* Psychoneuroendocrinologiy 22 - 97
* Psychopharmacology Bulletin 3 - 97
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