Cette rubrique résume de façon critique
les articles touchant au domaine des troubles de l'humeur, publiés dans les revues à comité de lecture reçues par la Rédaction.*
CHRONOBIOLOGIE
Weather conditions and fatal self-harm
in North Cheshire 1989-1993.
SALIB E. et GRAY N., The British Journal of Psychiatry,
171 : 473-477, novembre 1997
Pour des raisons obscures, il y aurait plus de décès par suicide au début de l'été, lorsqu'il fait beau (corrélation positive avec l'ensoleillement et les variations de la température). Ceci concerne une population de 350 000 personnes du Nord Cheshire entre 1989 et 1993.
Changes in regional cerebral blood flow following light treatment for
seasonal affective disorder :
responders versus nonresponders.
VASILE R.G., SACHS G., ANDERSON J.L. et coll., Biological Psychiatry, 42 : 1000-1005, décembre 1997
Soumis à la luminothérapie, les patients souffrant de dépression saisonnière qui réagissent positivement ont une augmentation du débit sanguin régional (notamment au niveau frontal et cingulaire) qui n'est pas retrouvée chez ceux qui ne répondent pas.
Cortisol in light treatment of seasonal
and non-seasonal depression : relationship between melatonin and cortisol.
THALÉN B.E., MORKRID L., KJELLMAN B.F et
WETTERBERG L., Acta Psychiatrica Scandinavica,
96 : 385-394, novembre 1997
Article très compliqué, savant et minutieux tentant de mettre en relation, chez des patients souffrant de dépression saisonnière comparés à des patients non saisonniers (tous étant traités par lumière), les oscillations du cortisol et de la mélatonine. Ceux qui ne savent pas ce que c'est que cosinor, mésor, batyphase et acrophase auront du mal. Il semble que si la lumière est plus efficace chez les saisonniers que chez les non saisonniers, les rythmes hormonaux ne sont pas très différents dans les deux groupes.
Insight in seasonal affective disorder.
NASSIR GHAEMI S. et coll., Comprehensive Psychiatry,
38 : 345-348, novembre - décembre 1997
L'insight des patients souffrant de dépression saisonnière est assez faible, qu'ils soient déprimés ou après guérison. Sauf pour ceux dont la dépression est plus intense, ce qui peut correspondre à une sorte de « réalisme dépressif ».
CLINIQUE
Recovery from major depression : a 10-year prospective follow-up across multiple episodes.
SOLOMON D.A., KELLER M.B., LEON A.C. et coll.,
Archives of General Psychiatry, 54 : 1001-1008, novembre 1997
Cette cohorte de patients récurrents (n = 258) suivis prospectivement pendant 10 ans témoigne au fil des récidives (jusqu'à 5 épisodes sur la période considérée) d'une remarquable constance évolutive, avec une durée moyenne d'évolution des épisodes de 20 semaines, quelles que soient les caractéristiques sociodémographiques ou cliniques des patients.
Major depression and cardiac
autonomic control.
LEHOFER M., MOSER M., HOEHN-SARIC R. et coll., Biological Psychiatry, 42 : 914-919, novembre 1997
Le tonus vagal cardiaque ne semble pas anormal dans la mélancolie : des patients mélancoliques non traités ont une légère tachycardie imputable à l'activation sympathique anxieuse, et la diminution du tonus vagal ; la tachycardie des patients traités est à mettre sur le compte des effets anticholinergiques de leurs médications.
DSM-IV catatonic features among psychiatric inpatients : a preliminary study.
OULIS P. et coll., European Psychiatry, 12 : 412-414,
novembre-décembre 1997
Le syndrome catatonique existe, ces auteurs l'ont rencontré au sein d'une population de 120 patients hospitalisés pour psychose aiguë, trouble de l'humeur ou altération cognitive. Un seul facteur, représentant les deux versants (excité/inhibé), prend en compte 85 % de la variance.
The clinical course of unipolar major depressive disorders.
JUDD L.L., Archives of General Psychiatry, 54 : 989-992, novembre 1997
Editorial-commentaire sur le continuum dépressif, tendant à amalgamer toutes sortes de manifestations allant des symptômes dépressifs sous-syndromiques aux « vraies » dépressions, en passant par les dépressions récurrentes brèves et les doubles dépressions, sous prétexte qu'il existe des points communs, notamment en termes de conséquences psychosociales.
Suicidality, panic disorder and psychosis
in bipolar depression, depressive-mania
and pure-mania.
DILSAVER S.C. et coll. Psychiatry Research, 73 : 47-56, novembre 1997
A partir d'une cohorte de 129 bipolaires hospitalisés pour des états aigus (dépressions, états mixtes, manies pures), dans un hôpital universitaire texan, on constate une faible suicidalité et une rareté des états anxieux aigus au cours des états maniaques. La suicidalité est maximale en cas de dépression, mais existe aussi dans les états mixtes. Les crises anxieuses concernent à égalité états mixtes et états dépressifs. La symptomatologie psychotique est quasi constante dans les états mixtes, fréquente chez les maniaques, et s'observe chez un déprimé bipolaire sur deux.
COMORBIDITÉ
Depression and physical health in later life : results from the Longitudinal aging study Amsterdam.
BEECKMAN A.T.F. et coll., Journal of Affective Disorders,
46 : 219-232, décembre 1997
Cette étude longitudinale évaluant 646 patients issus d'une cohorte de 3 056 sujets âgés de 5 à 85 ans distingue bien les cas de dépression majeure, indépendants de la comorbidité somatique associée, et les cas de dépression mineure (plaintes dépressives ne réalisant pas un syndrome). Autant les premiers semblent justifier d'un traitement antidépresseur spécifique, autant les seconds (sont-ce vraiment des dépressions ?) justifient de mesures thérapeutiques diverses, prenant avant tout en compte la pathologie causale.
Post-stroke patients in rehabilitation.
The relationship between biological impairment (CT scanning), physical disability and clinical depression.
BERG BENDSEN B. et coll., European Psychiatry,
12 : 399-404, novembre-décembre 1997
Dix sept pour cent de dépressions chez ces 1 298 patients consécutivement admis dans un centre de rééducation au décours d'un AVC. La confrontation d'un certain nombre d'échelles d'évaluation de la dépression et du handicap aux lésions telles qu'elles sont évaluées par le scanner, montre que la corrélation ne se fait pas entre le handicap clinique et la dépression mais entre les lésions et la dépression. La dépression post-AVC a donc une spécificité biologique au delà du caractère réactionnel que l'on évoque habituellement.
Depression and multiple sclerosis.
EVEN C. et coll., European Psychiatry, 12 : 425,
novembre-décembre 1997
Un cas clinique de comorbidité entre un trouble bipolaire et une sclérose en plaques, posant d'intéressantes interrogations thérapeutiques, notamment en ce qui concerne l'administration de corticoïdes sous couverture thymorégulatrice dans de telles pathologies.
Troubles anxieux et dépressifs dans les pathologies cardio-vasculaires.
POCHARD F. et coll., L'Encéphale, 23 : 412-419,
novembre-décembre 1997
Revue des travaux qui abordent les relations entre la pathologie anxio-dépressive et diverses pathologies cardio-vasculaires, notamment coronariennes. Les relations sont complexes, bidirectionnelles, mais la prise en compte du facteur psychologique est toujours susceptible d'améliorer le devenir des cardiaques
Une paraphrénie méta-processus d'une maladie maniaco-dépressive.
SARFATI Y. et coll., L'Encéphale, 23 : 459-462,
novembre-décembre 1997
Exemple (rare) d'une évolution paraphrénique à partir d'un trouble bipolaire.
Lipids, depression and physical diseases.
PEET M. et EDWARDS R.W., Current Opinion in Psychiatry, 10 : 477-480, novembre 1997
Tentative pas vraiment convaincante pour lier le trouble dépressif majeur à diverses pathologies organiques (pathologies coronariennes, hypertension, diabète), par le biais des acides gras poly-insaturés omega-3.
Management of comorbid depression and heart disease : the time has (almost) come.
SWENSON J.R., Journal of Psychiatry & Neuroscience,
22 : 300-302, novembre 1997
Editorial sur les échanges de mauvais procédés entre troubles dépressifs et troubles cardio-vasculaires, notamment coronariens.
CULTURE
Adverse social circumstances and depression in people of Pakistani origin in the UK.
HUSAIN N., CREED F. et TOMENSON B.,
The British Journal of Psychiatry, 171 : 434-438, novembre 1997
Les Pakistanais déprimés repérés dans cette consultation de médecine générale du nord de Manchester expriment surtout des symptômes somatiques. Mais un entretien réalisé dans leur langue leur permet d'exprimer leurs difficultés, qui sont aussi souvent conjugales que sociales.
Performance of the Hamilton depression rating scale in depressed patients
in the United Arab Emirates.
HAMDI E., AMI Y et ABOU-SALEH M.T.,
Acta Psychiatrica Scandinavica, 96 : 416-423, décembre 1997
L'échelle de dépression de Hamilton (21 items) est moyennement performante dans les populations des Emirats Arabes Unis. Elle est bien corrélée à l'intensité de la dépression, mais sa consistance interne est modeste. Une analyse en composantes principales met en évidence l'hétérogénéité de l'échelle, avec un facteur dépressif central, et des aspects périphériques (somatisation, anxiété, psychose). Dans cette population, somatisation et ralentissement revêtent une importance particulière.
Alcohol problems and long-term
psychosocial outcome in chinese patients
with bipolar disorder.
TSAI S.Y. et coll., Journal Of Affective Disorders, 46 : 143-150, novembre 1997
Tentative de mise en parallèle des bipolaires chinois et occidentaux, en fonction de la comorbidité alcoolique. Les auteurs, taïwanais, constatent que leurs congénères bipolaires boivent moins, mais cet avantage ne confère malheureusement pas un meilleur pronostic psychosocial.
Depression and witchcraft induced psychosomatic symptoms.
RAZALI S.M., European Psychiatry, 12 : 420-421,
novembre-décembre 1997
Deux cas cliniques de Malais souffrant de dépression secondaire ou aggravée par la rencontre avec un sorcier.
CYCLES RAPIDES
Lamotrigine in rapid-cycling bipolar disorder.
HOSSEIN FATEMI S., RAPPORT D.J., The Journal of Clinical Psychiatry, 58 : 522-527, décembre 1997
Étude ouverte positive, du traitement par lamotrigine (nouvel anticonvulsivant) de 5 patientes bipolaires à évolution cyclique rapide, résistant aux traitements antérieurs. On ne tirera pas de conclusion définitive de ce travail du fait du petit nombre de cas, de sa nature ouverte, et du fait qu'il concerne uniquement des sujets féminins. La méthodologie statistique est originale (random regression models).
DÉPRESSIONS RÉSISTANTES
The impact of treatment resistance on depressive relapse following electroconvulsive therapy.
FLINT A., Acta Psychiatrica Scandinavica, 96 : 405, novembre 1997
Relecture d'un article ayant voulu montrer que la paroxétine est supérieure à la clomipramine dans le traitement d'entretien de dépressions résistantes traitées par ECT. L'explication de ce résultat flatteur serait un biais de sélection, les patients ayant résisté à un traitement ayant plus de risque de résister à un traitement de la même famille. Une controverse est née.
General principles in the pharmacotherapy
of antidepressant induced rapid cycling :
a case series.
BLAIR SIMPSON H. et coll., Journal of Clinical Psychopharmacology, 17 : 460-467, décembre 1997
L'induction de cycles rapides est une sorte de cercle vicieux auquel on peut, sans l'avoir voulu, conduire certains patients déprimés, souvent bipolaires. Comment en sortir ? Les quelques cas cliniques détaillés ici suggèrent une procédure généralement efficace : arrêt de l'antidépresseur, prescription d'un thymorégulateur, et enfin, si nécessaire, adjonction d'hormones thyroïdiennes.
Treatment resistant depression in the elderly : a review of its conceptualisation, management and relationship to organic brain disease.
BALDWIN R.C., SIMPSON S., Journal of Affective Disorders, 46 : 163-174, décembre 1997
Cette revue sur la dépression résistante du sujet âgé insiste sur les altérations cérébrales subtiles, sous-corticales, de mieux en mieux mises en évidence par les techniques d'imagerie. Si ces particularités sont reconnues à temps, elles peuvent guider la thérapeutique, par exemple par un recours plus rapide à la convulsivothérapie, les traitements médicamenteux ayant moins de chances d'être efficaces.
Lifetime comorbidity, lifetime history of psychosis and suicide attempts, and current symptoms of patients with deteriorated affective disorder.
VOCISANO C. et coll., Psychiatry Research, 73 : 33-46, novembre 1997
Certains patients souffrant de troubles graves de l'humeur évoluent inexorablement vers une détérioration psychosociale majeure incluant des hospitalisations indéfinies. Un groupe de 27 sujets institutionnalisés pour troubles de l'humeur, comparé à 27 déprimés ambulatoires, et à 29 psychotiques hospitalisés dans des conditions similaires, montre bien l'importance de la symptomatologie délirante et des tentatives de suicide gravissimes dans la détermination de ces trajectoires invalidantes.
Refractory depression : treatment strategies, with particular reference to the thyroid axis.
JOFFE R.T., Journal of Psychiatry & Neuroscience, 22 : 327-331, novembre 1997
Article de synthèse assez classique sur le traitement des dépressions résistantes : varier les antidépresseurs, les associer, associer du lithium ou de la T3, etc...
ENFANCE, ADOLESCENCE
A double-blind, randomized, placebo-controlled trial of fluoxetine in children and adolescents with depression.
EMSLIE G.J., RUSH A.J., WEINBERG W.A. et coll., Archives of General Psychiatry, 54 : 1031-1037, novembre 1997
Voilà la première étude contrôlée montrant la supériorité par rapport au placebo d'un antidépresseur, la fluoxétine, dans le traitement de la dépression de l'enfant et de l'adolescent. Toutefois, la rémission totale est rarement obtenue (31 % sous fluoxétine contre 23 % sous placebo).
Progesterone and adolescent suicidality.
MARTIN C.A., MAINOUS A.G. MAINOUS R.O. et coll., Biological Psychiatry, 42 : 956-958, novembre 1997
Chez 160 adolescents des deux sexes recrutés en milieu scolaire, les taux de progestérone sont élevés chez les garçons suicidaires, alors qu'au contraire chez la fille des taux élevés sont corrélés avec l'absence de suicidalité. Intriguant.
Neuroendocrine response
to 5-Hydroxy-L-Tryptophan
in prepubertal children at high risk
of major depressive disorder.
BIRMAHER B. et coll., Archives of General Psychiatry,
54 : 1113-1120, décembre 1997
Une dysrégulation sérotoninergique est désormais bien établie dans la dépression, que ce soit chez l'enfant ou chez l'adulte. Voila une importante étude, qui montre une égale perturbation du test au 5HTP (moindre sécrétion de cortisol, moindre sécrétion de prolactine chez la fille) chez des enfants déprimés et chez d'autres enfants non déprimés, mais issus de familles à forte morbidité dépressive, par comparaison avec des enfants issus de familles normales. La perturbation sérotoninergique peut donc être considérée comme un marqueur de trait de prédisposition. Reste à établir, et une étude prospective en cours nous le dira ultérieurement, si l'examen des perturbations neuroendocriniennes permet de prédire quel enfant fera ultérieurement une dépression. En d'autres termes, ces anomalies sont elle la marque des antécédents familiaux ou d'un risque ultérieur (ou les deux ?).
ÉPIDÉMIOLOGIE
Natural history of diagnostic interview schedule/DSM-IV major depression :
the Baltimore epidemiologic catchment
area follow-up.
EATON W.W., ANTHONY J.C., GALLO J. et coll., Archives of General Psychiatry, 54 : 993-1000, novembre 1997
Le suivi prospectif de la cohorte de sujets qui, à Baltimore, ont participé à l'étude ECA montre une incidence annuelle de premiers cas de dépression atteignant 3 pour mille. L'âge de début a une distribution bimodale, avec un premier pic à la trentaine, un second moins marqué à la cinquantaine. Ces premiers épisodes ont un début progressif, parfois sur plusieurs années, et durent souvent plus longtemps que les épisodes récurrents. Ce profil évolutif est le même pour les deux sexes, et la prédominance féminine est une fois de plus confirmée.
ESSAIS THÉRAPEUTIQUES
Long term efficacy and safety of milnacipran compared to clomipramine in patients with major depression.
LEINONEN E., LEPOLA U., KOPONEN H. et coll.,
Acta Psychiatrica Scandinavica, 96 : 497, décembre 1997
Essai thérapeutique classique comparant le milnacipran à la clomipramine sur 6 mois, dans le traitement de l'état dépressif majeur. La clomipramine est moins bien tolérée, mais est plus efficace, et d'action antidépressive plus rapide que le milnacipran. Serait-ce dans les vieux pots que l'on fait les meilleures soupes ?
Acute treatment of bipolar depression
with gabapentin.
YOUNG L.T., ROBB J.C., PATELIS-SIOTIS I. et coll., Biological Psychiatry, 42 : 851-853, novembre 1997
Essai préliminaire portant sur 15 cas, du traitement de la dépression chez des bipolaires par un nouvel anticonvulsivant, la gabapentine, ajoutée à divers traitements thymorégulateurs. Les résultats ne sont pas convaincants.
A double-blind, placebo-controlled study comparing the effects of sertraline versus amitriptyline in the treatment of major depression.
LYDIARD R.B. et coll., The Journal of Clinical Psychiatry,
58 : 484-491, novembre 1997
Essai thérapeutique assez classique montrant qu'à efficacité antidépressive comparable, la sertraline est mieux tolérée que l'amitriptyline et a tendance à entraîner une amélioration de certains paramètres de la qualité de vie.
Venlafaxine in dysthymic disorder.
DUNNER D.L. et coll., The Journal of Clinical Psychiatry,
58 : 528-531, décembre 1997
Pourquoi publier une étude ouverte du traitement de la dysthymie par la venlafaxine sur un si petit nombre de patients (N = 17) ? Même positive, cette série n'apporte pas grande information.
Double-blind comparison of bupropion sustained released and sertraline in depressed outpatients.
KAVOUSSI R.J. et coll., The Journal of Clinical Psychiatry,
58 : 532-537, décembre 1997
Essai thérapeutique classique, comparant chez des sujets déprimés ambulatoires une forme retard de bupropion à la sertraline, pendant 16 semaines. Pas de différence d'efficacité entre les deux traitements, mais une meilleure tolérance sous bupropion, alors que la sertraline entraîne significativement plus de dysorgasmies (p<0,001), de nausées et de vomissements ainsi que de somnolence et de transpiration (p<0,05).
The efficacy, safety and tolerability of antidepressants in late life depression :
a meta-analysis.
MITTMANN N et coll., Journal of Affective Disorders,
46 : 191-218, décembre 1997
Cette méta-analyse extrêmement détaillée de trente ans d'essais thérapeutiques d'antidépresseurs chez le sujet âgé conclut qu'il n'y a pas grande différence d'efficacité entre les quatre principales classes de molécules (imipraminiques, IRS, RIMA et atypiques), sauf peut être un taux de réponses un peu supérieur des IRS sur les atypiques. En appendice, un tableau détaillé des études retenues et exclues.
Effects of comorbidity and polypharmacy on the clinical usefulness of sertraline in elderly depressed patients : an open multicentre study.
ARRANZ F.J., et ROS S., Journal of Affective Disorders,
285-292, décembre 1997.
Étude ouverte de phase IV concernant 1 437 sujets âgés traités par sertraline pendant 8 semaines. Rien à signaler : confirmation sans valeur scientifique de la bonne tolérance, de l'efficacité et de l'absence d'interaction médicamenteuse cliniquement significative de la molécule dans ce type de recrutement.
ÉVÉNEMENTS
Expressed emotion and depression.
A longitudinal study.
HAYHURST H., COOPER Z., PAYKEL E.S. et coll.,
The British Journal of Psychiatry, 171 : 439-443, novembre 1997
Contrairement à ce qui a été suggéré dans d'autres études, le niveau de critique de l'entourage lorsque le patient est déprimé ne prédit pas la rechute ultérieure. Et lorsqu'on constate des critiques persistantes, c'est chez les sujets qui ont des symptômes résiduels. La causalité n'est donc pas forcément celle qu'on croyait.
Outcome of anxiety and depressive disorders in primary care.
RONALDS C., CREED F., STONE K. et coll., The British Journal of Psychiatry, 171 : 427-433, novembre 1997
Qu'est-ce qui détermine le devenir des troubles dépressifs ou anxieux rencontrés en médecine générale ? Cette évaluation prospective naturaliste de sujets revus 6 mois après la consultation index montre qu'un bon niveau socio-culturel, un emploi stable et une dépression légère sont plutôt de bon aloi. On ne sera pas stupéfait de constater que l'amélioration des difficultés sociales repérées initialement soit le plus important facteur de bon pronostic. Ce sont les états dépressifs les plus sévères dans un contexte social difficile qui ont le moins de chances d'évoluer favorablement sur ce laps de temps. Conclusion : la prise en compte des difficultés sociales est un puissant outil thérapeutique de la dépression... Mais qui doit s'en charger ?
Co-occurence of disadvantage conditions in elderly subjects with depressive symptoms.
ROZZINI R. et coll., Journal of Affective Disorders,
46 : 247-254, décembre 1997
Cette étude nous apprend que plus on a d'ennuis (grand âge, mauvais support social, troubles cognitifs, problèmes financiers, pathologies organiques et handicaps), plus on a de risque de développer une dépression. Dont acte...
Dysfunctional parenting : over-representation in non-melancholic depression and capacity of such specifity to refine sub-typing depression measures.
PARKER G. et coll., Psychiatry Research, 73 : 57 - 72, novembre 1997
Le dysfonctionnement parental tel qu'il est mesuré par le Parental Bonding Instrument mis au point par cette équipe australienne, ainsi que par des auto- et hétéro-évaluations corroborées par observateurs extérieurs, pourrait être l'une des caractéristiques discriminatives d'un sous groupe de patients présentant des états dépressifs non mélancoliques (au sens du DSM III-R). Cela semble cliniquement cohérent, mais se heurte à une difficulté à caractériser ces états « mélancoliques », tous les critères utilisés n'étant pas concordants : par exemple, les critères de Newcastle ne fonctionnent absolument pas.
GÉNÉTIQUE
Depressive symptoms in the early course
of schizophrenia : relationship to familial psychiatric illness.
SUBOTNIK K.L., NUECHTERLEIN K.H., ASARNOW R.F. et coll., The American Journal of Psychiatry,
154 : 1551-1556, novembre 1997
Dans cette population de 70 sujets ayant connu récemment un premier épisode schizophrénique, la présence d'une symptomatologie dépressive associée est corrélée avec l'existence d'antécédents familiaux de troubles dépressifs. Ce qui fait conclure que la dépression associée aux manifestations schizophréniques initiales peut n'être pas seulement un épiphénomène, et constituer la manifestation d'une prédisposition familiale susceptible de modifier l'expression symptomatique de la psychose.
Test of Xq26.3-28 linkage in bipolar and unipolar affective disorder in families selected for absence of male to male transmission.
SMYTH C., KALSI G., BRYNJOLFSSON J. et coll.,
The British Journal of Psychiatry, 171 : 578-581, décembre 1997
Cette recherche de liaison sur le chromosome X de troubles de l'humeur uni et bipolaires s'avère négative, et pourtant on avait sélectionné des familles dépourvues de transmission masculine.
Increased levels of a mitochondrial
DNA deletion in the brain of patients
with bipolar disorder.
KATO T., STINE O.C., McMAHON F.J. et CROWE R.R., Biological Psychiatry, 42 : 871-875, novembre 1997
La fréquence des délétions dans l'ADN mitochondrial extrait de cerveaux de patients bipolaires est significativement supérieure à celle de témoins ou de sujets décédés de suicide. On ne peut donc écarter l'hypothèse d'une anomalie de cet ADN dans la physiopathologie du trouble bipolaire.
Expanded CAG/CTG repeats in bipolar disorder : no correlation with phenotypic measures of illness severity.
CRADDOCK N., McKEON P., MOORHEAD S. et coll., Biological Psychiatry, 42 : 876-881, novembre 1997.
Le phénomène d'anticipation génétique, reposant sur la répétition de triplets d'ADN, est actuellement invoqué dans la physiopathologie du trouble bipolaire. Mais cette étude, sans démentir l'implication de ces gènes en tant que gènes de susceptibilité, ne confirme pas le lien supposé entre l'extension des répétitions et l'aggravation phénotypique.
Expanded trinucleotide CAG repeats in families with bipolar affective disorder.
MENDLEWICZ et coll., Biological Psychiatry,
42 : 1115-1122, décembre 1997
Autre étude, autre résultat. Ici, les auteurs rapportent une augmentation de la longueur des répétitions de triplets au fil des générations, parallèlement à l'aggravation phénotypique (allant de la dépression isolée au trouble bipolaire, en passant par la dépression récurrente), chez ces 87 paires de patients appartenant à des générations sucessives au sein de 29 familles bipolaires. Il existe un effet différentiel en fonction du sexe du parent d'origine de la paire, le phénomène étant plus net dans la lignée maternelle.
Depression and dementia in relation
to apolipoprotein E polymorphism in a population sample age 75 +.
FORSELL Y., CORDER E.H., BASUN H. et coll.,
Biological Psychiatry, 42 : 898-903, novembre 1997
Dans cette population de 806 sujets de plus de 75 ans, on retrouve bien une relation entre l'existence d'un processus démentiel et le nombre d'allèles E4 de l'apolipoprotéine E, ainsi qu'une plus forte incidence de dépression chez les déments que chez les non déments, mais il ne semble pas y avoir d'association entre le polymorphisme de l'apolipoprotéine E et la dépression.
IMAGERIE
Serotonin 5-HT2 receptor imaging in major depression : focal changes in orbito-insular cortex.
BIVER F., WIKLER D., LOTSTRA F. et coll.,
The British Journal of Psychiatry, 171 : 444-448, novembre 1997
Chez des sujets déprimés, on observe à l'aide du PET scan avec l'altansérine marquée au F18, une diminution des récepteurs sérotoninergiques 5HT2 dans une région du cortex orbito-frontal postéro-latéral et du cortex insulaire antérieur, à droite. Cela confirme les idées actuelles sur la dépression, sans les préciser, sans doute car le nombre de patients est vraiment trop limité (8 déprimés contre 20 témoins).
LITHIUM
Effects of acute tryptophan depletion
in lithium-remitted manic patients :
a pilot study.
CAPPIELLO A., SERNYAK M.J., MALISON R.T. et coll., Biological Psychiatry, 42 : 1076, décembre 1997
Une déplétion en tryptophane (par ingestion d'une solution riche en acides aminés suivant un régime pauvre en tryptophane) chez 7 maniaques récemment améliorés par du lithium entraîne une augmentation transitoire des scores de l'échelle de manie. Un mécanisme sérotoninergique pour l'effet antimaniaque du lithium ?
MÉDICO-ÉCONOMIE
Consequences of major and minor depression in later life : a study of disability, well-being and service utilization.
BEEKMAN A.T.F., DEEG D.J.H., BRAAM A.W. et coll., Psychological Medicine, 27 : 1397-1409, novembre 1997
L'examen d'un échantillon représentatif de la population âgée de Hollande (55-85 ans) met bien en évidence un lien entre l'existence d'un trouble dépressif majeur ou mineur et un problème d'autonomie, de qualité de vie et un recours aux services de santé, même en tenant compte des pathologies somatiques associées. Trop souvent les sujets même souffrant de dépression majeure, ne sont pas traités, et pourtant ils avaient récemment consulté leur généraliste.
NEUROENDOCRINOLOGIE
Specificity of the pyridostigmine / growth hormone challenge in the diagnosis of depression.
COONEY J.M., LUCEY J.V., O'KEANE V. et coll.,
Biological Psychiatry, 42 : 827-833, novembre 1997
Un nouveau test diagnostique est né : le test de stimulation de sécrétion d'hormone de croissance après administration de pyridostigmine, un inhibiteur de l'acétylcholine-esterase. La sécrétion d'hormone de croissance est augmentée chez les déprimés par comparaison aux témoins, ainsi que par comparaison aux schizophrènes et aux alcooliques. La sensibilité du test est de 63 % pour la dépression. Seuls les patients souffrant de trouble panique avec scores élevés à l'échelle de Hamilton s'avèrent faux positifs.
The effect of repeated human corticotropin-releasing hormone administration on dexamethasone-suppressed pituitary-adrenocortical activity in healthy subjects.
WIEDEMANN K. et HOLSBOER F., Biological Psychiatry,
42 : 882-888, novembre 1997
Démonstration, chez le sujet sain, que l'administration répétée de CRF peut provoquer un phénomène de non suppression à la dexaméthasone. A mettre en perspective avec la non-suppression observée chez les déprimés et l'implication supposée du CRF dans la physiopathologie du trouble dépressif
The dexamethasone suppression test and treatment outcome in elderly depressed patients participation in a placebo-controlled multicenter trial involving moclobemide
and nortriptyline.
YING KIN N.M.K., VASAVAN N.P., AMIN M. et coll., Biological Psychiatry, 42 : 925-931, novembre 1997
Le couplage du test à la dexaméthasone avec les résultats thérapeutiques d'un essai comparant moclamine, nortryptiline et placebo chez 95 sujets âgés donne des résultats un peu confus : il semble que chez les suppresseurs en fin de traitement, il y ait plus d'améliorations cliniques et que ces patients suppresseurs améliorés aient nettement mieux répondu à la nortryptiline qu'à la moclamine. Chez les non-suppresseurs en début de traitement, la nortryptiline est plus efficace que la moclamine, alors que c'est le contraire chez les suppresseurs. Compte tenu des résultats globaux de cette étude, publiés il y a deux ans, et plutôt médiocres (33 % de rémissions sous nortriptyline, 22 % sous moclamine, 11 % sous placebo), on sera très prudent dans l'interprétation de ces résultats...
5-HT brain function in affective disorder : d,l-fenfluramine-induced hormone release and clinical outcome in long-term lithium / carbamazepine prophylaxis.
MANNEL M. et coll., Journal of Affective Disorders,
46 : 101-114 novembre 1997
La réponse à la fenfluramine (sécrétion de prolactine et de cortisol) permet d'évaluer le tonus sérotoninergique. Le test est pratiqué chez des patients euthymiques avant la mise en uvre d'une thymorégulation, puis 9 mois après cette thymorégulation. Les résultats ne sont pas très contrastés, et le test à la fenfluramine n'est pas prêt d'entrer en pratique courante. Reste que l'on observe une diminution de la sécrétion de cortisol chez les sujets qui s'avéreront répondeurs à la thymorégulation.
Hypothalamic-pituitary-adrenal axis function and platelet serotonin concentrations in depressed patients.
PIVAC N. et coll., Psychiatry Research, 73 : 123-158, décembre 1997
Le test à la dexaméthasone et la concentration plaquettaire en sérotonine sont des paramètres biologiques relativement indépendants dans cette série de déprimés croates. Le cortisol plasmatique et la sérotonine plaquettaire sont plus élevés chez les déprimés mélancoliques que chez les non mélancoliques (mélancolie s'entend ici au sens européen). Par contre, la sérotonine plaquettaire et le cortisol plasmatique sont plus bas chez les suicidaires que chez les non-suicidaires.
The effects of antidepressant treatment on corticotropin-induced cortisol responses in patients with melancholic depression.
THAKORE J.H. et coll., Psychiatry Research, 73 : 27-32, novembre 1997
Les antidépressseurs sérotoninergiques (ici la sertraline et la paroxétine) semblent avoir pour effet, en même temps qu'ils améliorent l'état dépressif de ces 7 femmes présentant une dépression majeure de type mélancolique selon le DSM-3-R, de diminuer le pic de sécrétion de cortisol déclenché par l'administration d'ACTH.
DST studies in psychotic depression :
a meta-analysis.
NELSON J.C. et DAVIS J.M., The American Journal of Psychiatry, 154 : 1497-1503, novembre 1997
Méta-analyse de 14 études confirmant que la non-suppression par la dexaméthasone est plus fréquente dans les dépressions psychotiques (mélancolies délirantes) que dans les dépressions non psychotiques. Par comparaison, une méta-analyse de 19 études impliquant la distinction mélancolie/non mélancolie selon la nosographie américaine n'est pas discriminante. Question : l'hypercorticisme est-il un marqueur du délire mélancolique, ou un facteur physiopathologique (par le biais d'une augmentation de l'activité dopaminergique) ?
Changes in plasma prolactin during SSRI teatment : evidence for a delayed increase in 5-HT neurotransmission
COWEN P.J. et SARGENT P.A., Journal of Psychopharmacology, 11 : 345-348, hiver 1997
Chez le volontaire sain traité par paroxétine, on observe une augmentation de la prolactinémie qui n'est significative qu'à la troisième semaine. Les raisons de cet effet retardé sont complexes, impliquant sans doute aussi bien le tonus sérotoninergique que la mécanique dopaminergique, plus indirectement.
NEUROMÉDIATEURS
Clinical and psychometric correlates of dopamine D2 binding in depression.
SHASH P.J., OGILVIE A.D., GOODWIN G.M. et EBMEIER K.P., Psychological Medicine, 27 : 1247-1256, novembre 1997
La comparaison de 15 sujets déprimés aux témoins, par une évaluation semi-quantitative du binding de la dopamine à l'aide d'une benzamide marquée à l'iode123, montre une augmentation du binding striatal droit, interprétée comme une diminution de la fonction dopaminergique. Une évaluation longitudinale est prévue, afin de déterminer si cette anomalie est un marqueur de trait ou d'état.
Fine structural alterations of blood platelets
in depression.
PALMAR M., MARCANO A. et CASTEJON O.,
Biological Psychiatry, 42 : 965, novembre 1997
Cette petite étude (12 patients) suggère l'existence d'altérations plaquettaires visibles au microscope électronique, chez des sujets déprimés : il y aurait plus de plaquettes « discoïdes », et chez les patients les plus sévèrement atteints, une absence de granules de sérotonine.
Enhanced displacement of [3 H] imipramine, but not [3 H] paroxetine binding by plasma from depressed patients.
LAWRENCE K.M., et coll., Journal of Affective Disorders,
46 : 127-134, novembre 1997
A la recherche d'un modulateur endogène du site de liaison plaquettaire de l'imipramine. En effet, le plasma de déprimés inhibe le binding de l'imipramine (mais pas de la paroxétine). Il a été suggéré qu'un tel modulateur pourrait être une a1 glycoprotéine acide, mais dans cette étude concernant 40 patients déprimés, la concentration de cette glycoprotéine n'est pas différente de celle des témoins. Chercher ailleurs.
The serotonin transporter messenger RNA level in rat brain is not regulated by antidepressants.
KOED K. et coll., Biological Psychiatry,
42 : 1177-1180, novembre 1997
Voilà des résultats qui contredisent d'autres études, et qui ne confortent donc pas l'idée que les antidépresseurs pourraient avoir un impact sur les niveaux de mRNA exprimant le gène du transporteur de la sérotonine. Les résultats négatifs concernent ici aussi bien l'imipramine que la fluoxétine ou la tianeptine.
Serotonin : it's possible to have too much
of a good thing.
STAHL S.M., The Journal of Clinical Psychiatry, 58 : 520, décembre 1997
Reflexion très schématique sur les méfaits possibles de l'hypersérotoninergie (du syndrome sérotoninergique aux effets cardiaques de la fenfluramine).
Rapid depletion of plasma tryptophan :
a review of studies and experimental methodology
REILLY, J.G et coll., Journal of Psychopharmacology,
11 : 381-392, hiver 1997
Très bonne revue des études cliniques évaluant les effets psychiques d'une déplétion en tryptophane dans diverses pathologies psychiatriques, à commencer par les troubles dépressifs. C'est dans cette catégorie de troubles que les effets sont les plus consistants, mettant bien en lumière le rôle central du système sérotoninergique dans la physiopathologie thymique et dans l'effet des antidépresseurs.
NEUROPHYSIOLOGIE
Depression and anxiety as a single disorder : evidence from brain stem auditory evoked potentials.
KIMHIR. et coll., European Psychiatry, 12 : 395-398,
novembre-décembre 1997
Les potentiels évoqués auditifs ont des caractéristiques communes chez des déprimés (n = 10) et chez des paniqueurs (n = 16) non traités depuis trois semaines, par comparaison avec des témoins, ce qui accrédite pour les auteurs, malgré la modicité de l'échantillon, l'idée d'une sorte de continuum, de « spectre », entre la dépression et l'anxiété. Alleluia, l'anxio-dépression est née.
Changes in auditory P300 in patients with major depression and silent cerebral infarction.
YANAI I., et coll., Journal of Affective Disorders, 46 : 263-272, décembre 1997
L'infarctus cérébral silencieux est une lésion détectable par les techniques d'imagerie modernes, mais n'ayant ni « parlé » ni fait parler d'elle. Il semble que l'existence de telles lésions silencieuses empêche chez les déprimés traités la restauration thérapeutique de l'amplitude des potentiels évoqués P300, en dépit d'une amélioration clinique analogue
NEUROPSYCHOLOGIE
Neuropsychological function in young patients with unipolar major depression.
PURCELL R., MARUFF P., KYRIOS M. et PANTELIS C., Psychological Medicine, 27 : 1277-1285, novembre 1997
Cette évaluation du fonctionnement neuropsychologique à l'aide de la batterie de tests informatisés de Cambridge a été pratiquée chez des sujets déprimés jeunes (âge moyen de 37,5 ans), et met en évidence quelques déficits cognitifs spécifiques, notamment un ralentissement moteur et un trouble de l'attention. Ces résultats sont différents de ceux antérieurement décrits chez des sujets plus âgés (ralentissement plus global, altération de la mémoire visuelle ou des fonctions exécutives), et ne s'accompagnent pas de réactions catastrophiques à l'échec. On remarque aussi que les tests les plus perturbés s'observent chez les sujets qui ont dû être hospitalisés.
Brain electrical asymmetries during
cognitive task performance in depressed
and nondepressed subjects.
HENRIQUES J.B. et DAVIDSON R.J., Biological Psychiatry, 42 : 1039-1050, décembre 1997
Des sujets déprimés ont un déficit cognitif spécifique portant sur les tâches spatiales, alors que les épreuves cognitives verbales ne les distinguent pas des témoins. Ils semblent avoir un défaut d'activation postérieure de l'hémisphère droit, au cours de ces épreuves spatiales.
Subjective and expressive emotional responses in depression.
SLOAN D.M. et coll., Journal of Affective Disorders,
46 : 135-142, novembre 1997
Une autre approche de l'anhédonie dépressive : des sujets déprimés trouvent moins agréable que les témoins des diapos censées être agréables, mais n'en diffèrent pas dans l'appréciation des photos déplaisantes. Par contre, ces déprimés ont des mimiques plus négatives aux images déplaisantes que les témoins. Il y a donc une sorte de dissociation entre les perceptions positives et négatives, ainsi qu'entre l'émotion subjective et l'émotion observée.
PERSONNALITÉ
The relationship of parental style to depression and self-esteem in adulthood.
LLOYD C., Mc MILLER P., The Journal of Nervous and Mental Disease, novembre 1997
La perception d'une carence de soins paternels et maternels est corrélée à une auto évaluation dépressive, dans ces deux échantillons d'étudiants en médecine (l'un américain, l'autre écossais). La surprotection maternelle chez les américains, paternelle chez les écossais, contribuent ainsi à l'expression de symptômes dépressifs. Mais c'est surtout chez l'homme que ces relations sont apparentes, et semblent passer par une baisse de l'estime de soi.
Harm avoidance dimension of the tridimensional personality questionnaire and serotonin-1A activity in depressed patients.
HANSENNE M., PITCHOT W., MORENO A.G. et coll., Biological Psychiatry, 42 : 959-961, novembre 1997
A partir de 21 sujets hospitalisés pour dépression, les auteurs trouvent une corrélation entre la dimension d'évitement de la souffrance du questionnaire tridimensionnel de personnalité de Cloninger et l'activité 5HT1A telle qu'elle peut être évaluée par le test de sécrétion de prolactine après administration de flenisoxan. Il existe aussi une corrélation entre la sévérité de la dépression et cette dimension psychologique.
Characteristics of borderline personality disorder associated with suicidal behavior.
BRODSKY B.S. et coll., The American Journal of Psychiatry, 154 : 1715-1719, décembre 1997
Confirmation, auprès d'une population de sujets borderline (N = 214), d'un lien entre la dimension impulsive et la suicidalité. Les auteurs retrouvent aussi une corrélation entre des antécédents de maltraitance infantile et le nombre de tentatives de suicide. Voilà donc deux cibles précises pour l'élaboration de stratégies thérapeutiques, préventives ou curatives.
Are personality disorders more frequent in early onset geriatric depression ?
CAMUS V., de MENDONçA LIMA C.A., GAILLARD M., et coll., Journal of Affective Disorders, 297-302, décembre 1997
Étude suisse suggérant à l'aide d'un questionnaire de traits de personnalité, une plus grande fréquence de troubles de la personnalité chez des sujets âgés dont la pathologie dépressive a débuté plus tôt que chez des sujets âgés à dépression tardive. Mais la significativité statistique n'est pas atteinte, l'effectif étant faible.
PHARMACOLOGIE
Seizures and myoclonus associated with antidepressant treatment : assessment of potential risk factors, including CYP2D6 and CYP2C19 polymorphisms, and treatment with CYP2D6 inhibitors.
SPIGSET O., HEDENMALM K., DAHL M.L. et coll.,
Acta Psychiatrica Scandinavica, 96 : 379-384, novembre 1997
Vérification de tous les cas de crises convulsives et de myoclonies sous antidépresseurs en Suède : 8 cas sous maprotiline, 7 cas sous miansérine, 6 cas sous fluvoxamine, 3 cas sous amitriptyline, 3 cas sous clomipramine, 2 sous citalopram et paroxétine, un sous lofépramine. Les auteurs n'ont pas trouvé de métaboliseurs lents dans ces 25 cas, mais par contre, près d'un patient sur deux avait reçu un autre traitement susceptible d'inhiber le CYP2D6.
How long should pindolol be associated
with paroxetine to improve
the antidepressant response ?
ZANARDI R. et coll., Journal of Clinical Psychopharmacology, 17 : 446-450, décembre 1997
La comparaison de déprimés traités pendant un mois par paroxétine avec soit du placebo, soit du pindolol pendant une semaine, soit du pindolol pendant toute la durée de l'évaluation, soit enfin du metoprolol, bêta-bloquant non antagoniste 5HT1A, montre que le pindolol accélère la réponse thérapeutique (c'est visible aux évaluations des deux premières semaines), mais que la qualité du résultat terminal dépend du maintien de l'association potentialisatrice. Il se confirme enfin qu'un bêta-bloquant non antagoniste 5HTIA est sans influence sur la rapidité ou la qualité de l'évolution thérapeutique.
Paroxetine does not affect the cardiac safety and pharmacokinetics of terfenadine in healthy adult men.
MARTIN D.E. et coll., Journal of Clinical Psychopharmacology, 17 : 451-458, décembre 1997
La paroxétine est inhibitrice du CYP3A4. Voilà une confirmation, chez des volontaires sains traités par terfénadine (anti-histaminique non sédatif), que l'interaction pharmacocinétique théorique n'a qu'un impact pharmacocinétique modéré, et clinique ou électrocardiographique imperceptible.
The CYP2D6 genotype and plasma concentrations of mianserin enantiomers in relation to therapeutic response to mianserin in depressed japanese patients.
MIHARA K. et coll., Journal of Clinical Psychopharmacology, 17 : 467-471, décembre 1997
Étude japonaise sur l'influence de la diversité génétique en termes de CYP2D6, sur la pharmacocinétique et donc l'efficacité thérapeutique de la miansérine. Ce n'est pas transposable chez les caucasiens, chez qui les allèles concernés sont rares.
Breast enlargement during chronic antidepressant therapy.
AMSTERDAM J.D. et coll., Journal Of Affective Disorders,
46 : 151-156, novembre 1997
Les antidépresseurs donneraient-ils de belles poitrines ? Clin d'oeil mis à part, il semble bien à l'examen de ces patientes traitées par des IRS ou de la venlafaxine, que les sérotoninergiques entraîneraient ce type d'effet. Il y a alors corrélation avec une prise de poids. Le mécanisme est sans doute dopaminergique, comme en témoigne dans le sous-groupe paroxétine, une augmentation de la prolactinémie.
Repeated antidepressant drug treatment, time of death and frequency of handing do not affect [3 H] paroxetine binding in rat cortex.
DEAN B. et coll., Psychiatry Research, 73 : 173-180, décembre 1997
Étude fondamentale, effectuée chez le rat, et permettant de penser que les résultats de liaison corticale de la paroxétine tritiée chez l'homme ne sont pas trop contaminés par les traitements antidépresseurs antérieurs ou par le moment du décès.
POSTPARTUM
Postnatal depression and elation
among mothers and their partners :
prevalence and predictors.
LANE A., KEVILLE R., MORRIS M. et coll., The British Journal of Psychiatry, 171 : 550-555, décembre 1997
Sur 370 jeunes mamans, 11,4 % ont un score évocateur de dépression du post-partum à 3 jours, et 11 % à 6 semaines. Dix-huit pour cent sont euphoriques à 3 jours, 9 % à 6 semaines. Les éléments sociodémographiques associés à une dépression sont le célibat, le chômage, le caractère accidentel de la grossesse, l'allaitement artificiel ; le score de dépression à 6 semaines pouvait être prédit par le score des trois jours. Du grain à moudre pour l'identification préventive des mères à risque. L'humeur des papas est plus stable.
PRÉVENTION
Long-term treatment of geropsychiatric depressed patients with venlafaxine.
AMORE M., RICCI M., ZANARDI R., et coll., Journal of Affective Disorders, 293-296, décembre 1997
Étude ouverte sur le traitement prolongé (2 ans) par la venlafaxine de sujets âgés récurrents. Sur une vingtaine de patients, pas de rechute, et 20 % de récidives. Encore une étude inutile, qui ne valorise pas la revue qui la publie.
Does a teaching programme improve
general practitioners' management of depression in the elderly ?
BUTLER R., COLLINS E., KATONA C. et ORREL M., Journal of Affective Disorders, 303-308, décembre 1997
La vérification à l'aide d'un questionnaire adhoc, de l'impact d'une demi-journée de FMC sur la dépression du sujet âgé et sa prise en charge semble positive en ce qui concerne le petit groupe de généralistes qui ont suivi la formation. Evaluer l'impact de ce type d'initiatives sur la qualité de la pratique diagnostique et thérapeutique de l'omnipraticien en conditions réelles est une autre histoire.
PSYCHO-IMMUNOLOGIE
Behavioral and psychological effects of immune activation : implications for « depression due to a general medical condition ».
YIRMIYA R., Current Opinion in Psychiatry, 10 : 470-476, novembre 1997
Un grand nombre de pathologies entraînent une activation immunitaire avec production de cytokines. Cette revue de la littérature montre que les cytokines induisent chez l'animal des perturbations comportementales évocatrices d'un équivalent de dépression, et ce phénomène a été retrouvé chez l'être humain, de même que l'on sait qu'une symptomatologie dépressive peut être consécutive à des affections impliquant une activation du système immunitaire.
PSYCHOMÉTRIE
Validation of the Bech-Rafaelsen mania scale using latent structure analysis.
LICHT R.W. et JENSEN J., Acta Psychiatrica Scandinavica,
96 : 367-372, novembre 1997
Une première tentative de validation de l'échelle de manie de Bech-Rafaelsen (MAS) s'étant avérée décevante, les auteurs proposent une modification de l'échelle, la MAS-M, qui passe la barre de la validité interne.
The Altman Self-Rating Mania scale.
ALTMAN E.G., HEDEKER D., PETERSON J.L. et DAVIS J.M., Biological Psychiatry, 42 : 948-955, novembre 1997
Une nouvelle échelle d'auto-évaluation de la manie, en 5 items, cotés de 0 à 4. Semble assez simple, sensible et assez spécifique.
Construct validity of the Beck depression inventory in a depressive population.
SCHOTTE C.K.W. et coll., Journal Of Affective Disorders,
46 : 115-126, novembre 1997
Étude de validation de l'échelle de dépression de Beck. L'analyse factorielle distingue une composante psychologique/cognitive et une composante somatique/végétative, cette dernière semblant plus spécifique de la dépression et plus discriminante.
Modification of the clinical global
impressions (CGI) scale for use in bipolar illness (BP) : the CGI-BP.
SPEARING M.K. et coll., Psychiatry Research, 73 : 159-172, décembre 1997
Une nouvelle version, améliorée et adaptée au trouble bipolaire, de la CGI. Assortie d'un manuel d'utilisation, utilisable dans les états aigus comme au long cours, cette nouvelle échelle semble intéressante.
Étude de validation de la version française de l'échelle de plaisir de Snaith et Hamilton (Snaith-Hamilton pleasure scale, SHAPS, Snaith et al. 1995). Détermination des paramètres métrologiques chez 208 sujets sains et chez 103 malades hospitalisés présentant une dépression ou une schizophrénie.
LOAS G. et coll., L'Encéphale, 23 : 454-458,
novembre-décembre 1997
Pour aficionados de la métrologie.
PSYCHOTHÉRAPIE
Recollections of parent-child relationships
in OCD out-patients compared to depressed out-patients and healthy controls.
VOGEL P.A., STILES T.C. et NORDAHL H.M.,
Acta Psychiatrica Scandinavica, 96 : 469-474, décembre 1997
On trouve plus de surprotection maternelle et de défaut de soins (dimensions explorées par le Parental Bonding Instrument, échelle très en vogue actuellement) chez des déprimés que chez les témoins, mais aussi que chez des obsessionnels (après correction de la dépression associée). Les obsessionnels n'ont en fait pas de particularités parentales décelables par la PBI.
Treatment of major depression
with psychotherapy or psychotherapy-pharmacotherapy combinations.
THASE M.E., GREENHOUSE J.B., FRANK E. et coll., Archives of General Psychiatry, 54 : 1009-1015, novembre 1997
Cette méta-analyse de 6 essais thérapeutiques comparant les psychothérapies cognitivo-comportementales et interpersonnelles seules ou associées à la chimiothérapie antidépressive dans la dépression (595 patients traités) montre que l'association n'est pas différente des psychothérapies isolées dans les cas légers, mais par contre qu'elle est nettement supérieure dans les cas graves et récurrents.
SECONDS MESSAGERS
Subsensitivity of adenylyl cyclase-coupled receptors on mononuclear leukocytes
from drug-free inpatients with a major depressive episode.
MANN J.J., HALPER J.P., WILNER P.J. et coll.,
Biological Psychiatry, 42 : 859-870, novembre 1997
Il y aurait, chez les déprimés, un défaut général (et non limité aux récepteurs bêta-adrénergiques) de couplage protéique au niveau des récepteurs couplés à l'adényl-cyclase, tout au moins sur les membranes leucocytaires. Ceci correspond-il à un mécanisme central ? Cela reste à démontrer.
SISMOTHÉRAPIE
Relationship of seizure duration
to antidepressant efficacy in
electroconvulsive therapy.
KALES H., RAZ J., TANDON R. et coll.,
Psychological Medicine, 27 : 1373-1380, novembre 1997
Il n'y a pas de lien direct entre l'effet anticonvulsivant des électrochocs (évalué par la diminution progressive de la durée des crises au cours d'une cure) et leur effet antidépresseur (évalué par la diminution des scores de l'échelle de Hamilton). C'est ce qui ressort de cet examen rétrospectif de 114 sujets déprimés ayant suivi 145 cures sismothérapiques.
Electroconvulsive therapy vs. paroxetine
in treatment-resistant depression
-- a randomised study.
FOLKERTS H.W., MICHAEL N., TÖLLE R. et coll.,
Acta Psychiatrica Scandinavica, 96 : 334-342, novembre 1997
La sismothérapie est supérieure à la paroxétine dans le traitement des dépressions résistantes. Très. Surprise ?
Preliminary comparison of behavioral and biochemical effects of chronic transcranial magnetic stimulation and electroconvulsive shock in the rat.
ZYSS T., GORKA Z., KOWALSKA M. et coll.,
Biological Psychiatry, 42 : 920-924, novembre 1997
On a déjà lu des données préliminaires sur la stimulation magnétique trans-crâniale chez l'homme déprimé, et les résultats sont prometteurs. Voilà un premier essai de comparaison de cette nouvelle technique et des électrochocs chez le rat, avec des points communs : diminution de l'immobilisation dans le test de la nage forcée et diminution de la réactivité de l'AMP cyclase NA-dépendante, évocatrices d'un effet antidépresseur. Des différences aussi, avec absence d'analgésie et de dépression locomotrice, laissant espérer moins d'effets secondaires.
Mood improvement following daily left prefrontal repetitive transcranial magnetic stimulation in patients with depression :
a placebo-controlled crossover trial.
GEORGE M.S. et coll., The American Journal of Psychiatry,
154 : 1752-1756, décembre 1997
Étude croisée sur un petit nombre de patients déprimés, montrant contre une procédure placebo, que l'administration quotidienne pendant 15 jours d'une stimulation magnétique transcrânienne a un effet modeste mais positif sur les scores de l'échelle de Hamilton de dépression : diminution moyenne de 5 points, ce qui n'est pas beaucoup, mais sous placebo, on note une augmentation moyenne de 3 points.
Electroconvulsive therapy increases circadian amplitude and lowers core body temperature in depressed subjects.
SZUBA M.P. et coll., Biological Psychiatry, 42 : 1130-1137, décembre 1997
Les électrochocs semblent restaurer les rythmes circadiens de la température corporelle (émoussés avant le traitement), et abaisser la température centrale. En effet, les mesures obtenues après une cure électroconvulsivothérapique sont identiques à celles du groupe témoin. Cette étude est réalisée chez 6 sujets, et c'est trop peu pour dégager des corrélations cliniques.
SOMMEIL
Wich depressive symptoms are related to which sleep electroencephalographic variables ?
PERLIS M.L., GILES D.E., BUYSSE D.J. et coll.,
Biological Psychiatry, 42 : 904-913, novembre 1997
Certains symptômes dépressifs sont plus spécifiquement liés à des perturbations particulières du sommeil. Cette évaluation statistique de 361 déprimés ambulatoires extrait une quinzaine de symptômes cliniques et 9 paramètres de sommeil, qui participent à 95 % d'une corrélation canonique de 0,55 (p<0,05). Ces symptômes dépressifs centraux associent les trois registres (humeur, troubles cognitifs, symptômes végétatifs) à une diminution du sommeil lent delta, reflétant à la fois une diminution de la « pression » hypnique et un hyper-éveil au cours du sommeil.
SUICIDE
Suicide by age, ethnic group, coroner's verdicts and country of birth. A three-year survey in inner London.
NEELEMAN J., MAK V. et WESSELY S., The British Journal of Psychiatry, 171 : 463-467, novembre 1997
Recensement des suicides sur une période de trois ans dans des quartiers peu favorisés de Londres : on constate de larges variations selon l'origine ethnique, avec deux à trois fois plus de décès chez les blancs d'origine écossaise ou irlandaise, une relative protection pour les antillais, ainsi qu'un taux plus élevé chez les femmes originaires d'Inde. On constate enfin plus de suicides chez l'homme jeune que chez les sujets plus âgés.
Driver suicides.
OHBERG A., PENTTILA A. et LONNQVIST J., The British Journal of Psychiatry, 171 : 468-472, novembre 1997
Sur 1 419 accidents de conduite mortels entre 1987 et 1991 en Finlande, il y aurait 5,9 % de suicides (officiellement, 2,3 %). Dans un cas sur deux, il s'agit d'hommes de 15 à 34 ans, ayant des troubles mentaux et des problèmes d'alcool, ayant vécu des drames existentiels.
Trends in deliberate self-harm in Oxford, 1985-1995. Implications for clinical services and the prevention of suicide.
HAWTON K., FAGG J., SIMKIN S. et coll., The British Journal of Psychiatry, 171 : 556-560, décembre 1997
Entre 1985 et 1995, les tentatives de suicide ont augmenté à Oxford de 62 % chez l'homme et 42 % chez la femme. Chez les 15-24 ans, l'augmentation a atteint 194 % ! Les taux de récidive et le recours au paracétamol ainsi qu'aux antidépresseurs n'ont cessé de croître tout au long de la période. Le programme de prévention du suicide semble donc marquer le pas outre-manche.
Suicide among psychiatric in-patients in a changing clinical scene. Suicidal ideation as a paramount index of short-term risk.
MORGAN H.G. and STANTON R., The British Journal of Psychiatry, 171 : 561-563, décembre 1997
Les pratiques ont changé, les suicides aussi : la comparaison des suicides de sujets hospitalisés ou récemment sortis d'hôpital il y a dix ans avec une série plus récente montre qu'il y a maintenant plus de sujets jeunes de sexe masculin. Il semble bien difficile de les repérer, mais il faut se méfier de rapides améliorations apparentes, et explorer systématiquement l'idéation suicidaire, car elle n'est pas toujours exprimée.
The prevalence of aborted suicide attempts among psychiatric in-patients.
MARZUK P.M., TARDIFF K., LEON A.C. et coll.,
Acta Psychiatrica Scandinavica, 96 : 492-496, décembre 1997
Le suicide avorté se caractérise par une intention de mourir et un changement d'avis au dernier moment. C'est une modalité parasuicidaire plutôt fréquente chez les sujets hospitalisés en psychiatrie puisqu'on la rencontre au moins une fois dans la vie de 29 % des 733 patients interrogés dans ce sens. Onze pour cent ont même « failli » commettre des actes irréparables, renonçant à se défenestrer, ou n'appuyant pas sur la gâchette. Ces sujets n'ont pas de caractéristiques cliniques particulières, mais sont deux fois plus souvent déprimés et avec des antécédents familiaux de suicide.
Suicide attempts in a cohort of druf abusers :
a 5-year follow-up study.
JOHNSSON E. et FRIDELL M., Acta Psychiatrica Scandinavica, 96 : 362-366, novembre 1997
Près d'un toxicomane sur deux a commis une tentative de suicide, souvent après la perte d'un être cher, ou dans un contexte d'isolement moral. Ils utilisent rarement leur produit de prédilection. Les suicidants ont plus souvent fait l'objet d'une prise en charge pédopsychiatrique antérieure, et connu la disparition d'un proche dans leur enfance. Le suivi prospectif est marqué par plus de dépressions et des difficultés psychologiques plus importantes que celles des toxicomanes non suicidaires.
HIV seroprevalence among suicide victims in New York city, 1991-1993.
MARZUK P.M. et coll., The American Journal of Psychiatry, 154 : 1720-1725, décembre 1997
L'examen de tous les cas de suicide sur trois ans dans l'agglomération de New York montre que 9 % des cas étaient séropositifs, et que cette proportion monte à 25 % chez les noirs entre 35 et 54 ans. Toutefois, après ajustement démographique et en prenant en compte la prévalence de la séropositivité sur la population New yorkaise, on ne peut retenir pour la séropositivité qu'une influence mineure sur la suicidalité.
Determinants of suicidal ideation :
the role of substance use disorders.
PAGES K.P. et coll., The Journal of Clinical Psychiatry, 58 : 510, novembre 1997
Confirmation, à partir d'une cohorte de 891 déprimés hospitalisés, d'une association entre la dépendance aux drogues ou à l'alcool, ainsi qu'un abus actuel de ces substances, et une plus grande fréquence d'idées suicidaires. Traiter les abus toxiques en tous genres contribue donc à la prévention du suicide.
Depression, diagnostic sub-type and death :
a 25 year follow-up study.
BRODATY H. et coll., Journal of Affective Disorders,
46 : 233-242, décembre 1997
Ce suivi prospectif de 212 patients déprimés pendant 25 ans a permis d'en comparer la mortalité avec celle de la population de référence. Il existe bien un excès de mortalité, mais celui-ci est entièrement dû aux 13 suicides constatés, et n'est observé que chez la femme. Il est intéressant de constater que l'excès de mortalité suicidaire est pour l'essentiel observé dans les deux ans qui suivent l'épisode index, ce qui incite à intensifier la surveillance des premières années après une hospitalisation pour dépression.
Psychose, humeur, suicidalité et clozapine
LLORCA P.M. et coll, L'Encéphale, 23 : 431-436,
novembre-décembre 1997
Hymne à la gloire de la clozapine, qui pourrait avoir des effets favorables sur diverses formes de troubles de l'humeur en rapport ou non avec les phases évolutives de la schizophrénie, du trouble schizo-affectif ainsi que de certains processus maniaques. Mais rien (ou peu de chose) n'est vraiment démontré.
SUJET ÂGÉ
Temporal lobe magnetic resonance imaging can differenciate Alzheimer's disease from normal ageing, depression, vascular dementia and other causes of cognitive impairment.
O'BRIEN J.T., DESMOND P., AMES D. et coll.,
Psychological Medicine, 27 : 1267-1275, novembre 1997
Aux mains de neuroradiologistes expérimentés, l'examen par IRM du lobe temporal est un puissant outil de diagnostic différentiel permettant de détecter les patients souffrant de maladie d'Alzheimer de nombreux autres états impliquant des troubles cognitifs, notamment des états dépressifs du sujet âgé ou des dépressions vasculaires.
Temporal profiles of the course of depression during treatment : predictors of pathways toward recovery in the elderly.
DEW M.A., REYNOLDS III C.F., HOUCK P.R. et coll., Archives of General Psychiatry, 54 : 1016-1024, novembre 1997
Tentative de classement des modalités évolutives des récidives dépressives chez les sujets âgés, et de mise en corrélation avec un certain nombre de caractéristiques antérieures au traitement : parmi les facteurs de moins bonne réponse thérapeutique, citons l'existence de stress aigus ou chroniques, un mauvais support social, un âge de début du premier épisode plus précoce, un niveau d'anxiété plus élevé, le grand âge, ainsi que des troubles du sommeil subjectifs et objectifs (EEG à l'appui) plus importants.
Depression in male geropsychiatric
inpatients with and without dementia :
a naturalistic study
NAHAS Z. et coll, Journal of Affective Disorders, 46 : 243-246, décembre 1997
Cette étude naturaliste suggère que des patients âgés exprimant une symptomatologie dépressive peuvent bénéficier de traitements antidépresseurs, même en l'absence de réel syndrome dépressif, et même (dans ce cas à un moindre degré) en cas de processus démentiel associé. Étude sans rigueur, de faible valeur informative.
The natural history of depression and the anxiety disorders in older people : the Islington community study.
LIVINGSTON G. et coll., Journal of Affective Disorders,
46 : 255-262, décembre 1997
Le suivi de 165 sujets de plus de 65 ans repérés comme ayant une pathologie dépressive ou anxieuse montre que le pronostic de ces troubles n'est jamais spontanément favorable. Les pronostics les plus péjoratifs concernent les femmes, ainsi que les états dépressifs les plus sévères. L'agoraphobie peut aussi devenir un problème invalidant chez les personnes âgées, et peut être déclenchée par un événement traumatique.
Ruminative thinking in older inpatients
with major depression.
LYNESS J.M. et coll., Journal of Affective Disorders,
46 : 273-278, décembre 1997
La rumination dépressive, qui est liée chez le sujet jeune à la dimension mélancolique ou à la dimension psychotique des troubles, est un phénomène plus uniformément répandu chez les sujets âgés, et associé aux préoccupations somatiques ainsi qu'à une altération de l'état fonctionnel général.
THÉRAPEUTIQUE
Sexual functioning in chronically depressed patients treated with SSRI antidepressants :
a pilot study.
PIAZZA L.A. et coll., The American Journal of Psychiatry,
154 : 1757-1759, décembre 1997
Cette évaluation de la fonction sexuelle chez des déprimés chroniques des deux sexes traités par sertraline ou paroxétine pendant 6 semaines ne porte que sur 14 femmes et 11 hommes, ce qui en relativise les conclusions. On retiendra toutefois que la fonction sexuelle s'améliore chez la femme, ce qui peut participer de l'effet thérapeutique, mais que les troubles sexuels (qualité et retard de l'orgasme) s'aggravent plutôt chez l'homme, ce qui correspond au profil d'effets secondaires des sérotoninergiques.
Emergence of adverse events following discontinuation of treatment
with extended-release venlafaxine.
FAVA M. et coll., The American Journal of Psychiatry,
154 : 1760-1762, décembre 1997
Description chez une vingtaine de sujets ayant participé à un essai thérapeutique comparant la venlafaxine retard au placebo, d'une incidence élevée de symptômes de sevrage (78 % contre 22 % sous placebo) dans les trois jours de l'arrêt du traitement. Il s'agit essentiellement de sensations vertigineuses, mais aussi de sueurs, d'irritabilité, de dysphorie et d'insomnie. La conclusion conduit à conseiller un sevrage progressif.
TROUBLE BIPOLAIRE
Reduced red-cell folate in mania.
HASANAH C.I. et coll., Journal of Affective Disorders,
46 : 95-100, novembre 1997
La différence entre les maniaques et les témoins, en termes de concentration érythrocytaire en folates, est très impressionnante (p<0.00001). Cette réduction des taux est strictement intracellulaire (les taux sanguins ne sont pas différents), et a été rapportée aussi chez des patients déprimés.
Comparative prophylactic efficacy of lithium, carbamazepine and the combination in bipolar disorder.
DENICOFF K.D. et coll., The Journal of Clinical Psychiatry, 58 : 470-478, novembre 1997
Cette étude prospective sur trois ans, comparant l'efficacité prophylaxique du lithium et de la carbamazépine (procédure croisée pendant les deux premières années), puis de l'association des deux la troisième année montre la supériorité du lithium sur la carbamazépine dans la prévention des états maniaques mais pas des états dépressifs, et la supériorité de l'association chez un certain nombre de patients, notamment ceux qui font des cycles rapides. Mais dans tous les schémas thérapeutiques, les échecs sont fréquents, de 1/3 à 1/4 des patients rechutant par année de traitement.
Disinhibition syndromes, secondary mania and bipolar disorder in old age.
SHULMAN K.I., Journal of Affective Disorders, 46 : 175-182, décembre 1997
Qu'est ce que ce syndrome de désinhibition mis ici en parallèle avec la manie secondaire ou le trouble bipolaire du sujet âgé ? Avant tout un trouble neurologique, lié à des lésions touchant le circuit orbito-frontal.
Premorbid social functioning in
schizophrenia and bipolar disorder : similarities and differences.
CANNON M., JONES P., GILVARRY C. et coll., The American Journal of Psychiatry, 154 : 1544-1550, novembre 1997
Il n'y a pas que les schizophrènes qui ont à l'adolescence un fonctionnement psychosocial prémorbide anormal. Les bipolaires aussi, à ceci près que l'altération est globale chez les futurs schizophrènes, alors que le secteur scolaire est relativement préservé chez les futurs bipolaires. Les auteurs en tirent argument pour ressortir la tarte à la crème des déficits développementaux précoces, mais tout ceci est peu spécifique et manque de finesse phénoménologique.
REVUES ANALYSÉES POUR CE NUMÉRO :
* Acta Psychiatrica Scandinavica, novembre et décembre 1997
* The American Journal of Psychiatry, novembre et décembre 1997
* Archives of General Psychiatry, novembre et décembre 1997
* Biological Psychiatry, novembre et décembre 997
* The British Journal of Psychiatry, novembre et décembre 1997
* Comprehensive Psychiatry, 38 : 345-348,
novembre-décembre 1997
* Current Opinion in Psychiatry, 10 : 477-480, novembre 1997
* L'Encéphale, 23 : 431-436, novembre-décembre 1997
* European Psychiatry, 12 : 8, 1997
* The Journal of Clinical Psychiatry, novembre et décembre 1997
* Journal of Psychiatry & Neuroscience, , novembre 1997
* Journal of Clinical Psychopharmacology, décembre 1997
* Journal of Psychopharmacology, 11 :345-348, hiver 1997
* Psychological Medicine, novembre 1997
*à l'exception des numéros spéciaux réalisés à la demande d'industriels du médicament ; les numéros spéciaux rendant compte d'événements organisés par Pfizer sont susceptibles d'être repris dans la rubrique "Forum Pfizer"