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Revue des revues

     Revue des revues









CHRONOBIOLOGIE
 
Dawn simulation treatment of abstinent alcoholics with winter depression
AVERY D.H. et coll, Journal of Clinical Psychiatry
59 : 36-42, janvier 1998
Une nouvelle technique luminothérapique : la simulation du lever du jour par une lumière progressive. L'aube artificielle blanche est plus efficace que l'aube artificielle témoin (lumière rouge), chez ces patients déprimés saisonniers mais aussi anciens alcooliques. Toute petite étude, deux groupes de 6 sujets.
 
Side effects of short-term
10,000-lux light therapy.
KOGAN A.O, GUILFORD P.M., The American Journal
of Psychiatry, 155 : 293-294, février 1998
Le recours à des intensités lumineuses fortes (10 000 Lux) s'accompagne dans près d'un cas sur deux d'effets secondaires précoces, à type de céphalées ou de troubles de la vision. Le plus souvent, ces inconvénients sont mineurs et transitoires, n'interférant pas avec le résultat luminothérapeutique de la dépression saisonnière.
 
Lack of seasonal variation of symptoms in patients with chronic fatigue syndrome.
GARCIA-BORREGUERO D. et coll., Psychiatry Research,
77 : 71-78, février 1998
Le syndrome de fatigue chronique est souvent comparé à diverses formes de dépression, mais c'est en général pour mieux le différencier. C'est le cas ici, où l'évaluation de la variation saisonnière des symptômes est comparée à l'aide du Seasonnal Pattern Assessment Questionnaire et du Profile of Mood States, à des sujets sains appariés. Les patients souffrant de fatigue chronique sont « plats », c'est à dire qu'ils ont une variation thymique saisonnière moindre que celle de monsieur tout le monde.
A re-examination of seasonal variation in suicides in Australia and New Zealand.
YIP P.S.F. et coll., Journal of Affective Disorders,
47 : 141-150, janvier 1998
Contrairement à ce qui est généralement rapporté dans notre hémisphère, la saisonnalité des suicides en Australie et Nouvelle Zélande (entre 1981 et 1993) est beaucoup moins marquée. En particulier, la bisaisonnalité constatée chez la femme pendant les années 70 n'est pas retrouvée, ce qui fait penser aux auteurs que les bouleversements sociaux avec l'évolution des rôles respectifs effacent progressivement les variations climatiques et environnementales saisonnières.
 
Melatonin treatment of winter depression :
a pilot study.
LEWY A.J. et coll., Psychiatry Research, 77 : 57-62, janvier 1998
Toute petite étude (deux groupes de 5 patients) du traitement de la dépression hivernale par de petites doses de mélatonine administrées l'après midi. Les résultats sont eux aussi tout petits, et l'on attendra des données plus solides pour conclure.
 
Prevalence of winter depression in Denmark.
DAM H. et coll., Acta Psychiatrica Scandinavica,
97 : 1-4, janvier 1998
Étude danoise utilisant le SPAQ, questionnaire de détection de la dépression saisonnière. La prévalence serait de 12 %, et les sujets jeunes et de sexe féminin semblent plus sensibles à la variation saisonnière. Mais quelle est la limite entre une véritable pathologie et une simple et banale sensibilité aux conditions climatiques ?
 
Sleep deprivation response in
seasonal affective disorder during a
40-h constant routine.
GRAW P. et coll., Journal of Affective Disorders,
48 : 69-74, février 1998
La dépression saisonnière réagit aussi bien que les autres types de dépression, à la privation de sommeil administrée selon un protocole très rigoureux (40 heures d'éveil dans des conditions posturales et environnementales contrôlées très rigoureusement).
 
 
CLINIQUE
 
Boundaries of major depression :
an evaluation of DSM-IV criteria.
KENDLER K.S., GARDNER C.O., The American Journal
of Psychiatry, 155 : 172-177, février 1998
Examinés à la lumière des paires de jumelles de Kendler, les critères de dépression du DSM IV ne tiennent pas trop la route. En mettant en relation le risque de récidive dépressive ou le risque de survenue d'une dépression chez la co-jumelle avec le nombre de symptômes, le niveau d'incapacité ou la durée des troubles, il n'y a pas de solution de continuité entre les états sous syndromiques ou les épisodes de moins de 15 jours et les épisodes majeurs, en termes de progression du risque. De là à dire que la notion américaine actuelle de trouble dépressif majeur n'est qu'une construction statistique artificielle...
 
 
Stability of diagnosis in bipolar disorder.
CHEN Y.R. et coll., The Journal of Nervous
and Mental Disease, 17-23, janvier 1998
Voila une bien intéressante étude qui pose la question de la stabilité du diagnostic de trouble bipolaire, à
partir d'une population de 936 sujets ayant été hospitalisés au moins quatre fois en 7 ans. Le flottement diagnostique s'effectue surtout avec les troubles schizophréniques, et dans les deux sens. On constate en tout cas que seuls 60 % des sujets finalement bipolaires avaient été reconnus comme tels initialement, et aussi, ce qui est assez logique, que seuls 8 des 43 schizo-dysthymiques conservent ce diagnostic, qui est le plus instable. L'instabilité diagnostique est liée à des facteurs tels que l'ethnie, le sexe, ou l'abus de toxiques.
 
 
Prevalence and clinical significance
of catatonic symptoms in mania.
BRÄUNIG P. et coll., Comprehensive Psychiatry,
39 : 35, janvier 1998
Les symptômes catatoniques s'observent non exceptionnellement dans l'évolution de la maladie maniaque (de 5 à 16 signes de catatonie chez près d'un tiers des patients examinés) et marquent une forme clinique plus grave, de plus mauvais pronostic, avec des hospitalisations plus longues, un niveau général de fonctionnement plus bas.
 
Comorbidity of depression and generalized anxiety : is there any distinct boundary ?
PICCINELLI M., Current Opinion in Psychiatry,
11 : 57-60, janvier 1998
Les liens entre dépression et anxiété généralisée sont loin d'être clairs. Peut-on parler de comorbidité, ou d'entité unique, tant les facteurs de risque sont semblables, la symptomatologie commune, les traitements superposables ?
COMORBIDITÉ
 
Depression among cocaine abusers in treatment : relation to cocaine and alcohol use and treatment outcome.
BROWN R.A. et coll., The American Journal of Psychiatry,
155 : 220-225, février 1998
Les cocaïnomanes en traitement éprouvent très fréquemment des symptômes dépressifs, qui s'amendent avec le temps. Cette symptomatologie dépressive semble indiquer dans une certaine mesure un risque ultérieur de récidive alcoolique, indépendamment de l'évolution de la toxicomanie proprement dite.
 
The broad spectrum of comorbid depression : implications for treatment
MENDLEWICZ, J. , European Psychiatry, 13 : 1, 1-8
Revue de la littérature sur la comorbidité dépressive, associée à de nombreuses pathologies de divers appareils (y compris psychiques). Ces troubles doivent être traités car ils interfèrent défavorablement avec la pathologie comorbide, et pour autant qu'un traitement pharmacologique soit requis, les molécules les plus récentes (IRS ou IRSNa), avec leur acceptabilité supérieure, peuvent être conseillées.
 
 
Finding and treating depression in Alzheimer's patients : a study of the effects on patients and caregivers.
PFEIFFER E. et coll., Psychopharmacology Bulletin,
33 : 721-730, 1997
Cette petite étude confirme que la dépression existe bien chez le patient présentant une maladie d'Alzheimer déjà évoluée, qu'elle est traitable, avec d'assez bons résultats sur l'humeur proprement dite. Malheureusement, ce n'est pas suivi d'effet sur le niveau fonctionnel, qui continue à s'aggraver inexorablement. Pas de bénéfice non plus sur l'état psychologique de la personne qui vit avec le dément. Pas gai, tout cela...
 
Depression in schizophrenia : I. association with neuropsychological deficits.
KOHLER C. et coll., Biological Psychiatry, 43 : 165-172, février 1998
Comparaison de 63 schizophrènes à scores de dépression de Hamilton élevés à 81 schizophrènes à scores de Hamilton bas. Les déprimés ont un âge de début légèrement plus tardif, des symptômes positifs plus importants, et plus de troubles de l'attention, spécifiquement en termes de vigilance, ce que les auteurs interprètent en termes de dysfonctionnement préfrontal supplémentaire.
Depression in schizophrenia : II. MRI
and PET findings.
KOHLER C. et coll., Biological Psychiatry,
43 : 173-180, février 1998
Suite de l'étude précédente, avec mise en évidence d'une augmentation bilatérale du volume des lobes temporaux ainsi qu'une diminution de la latéralisation métabolique du cortex cingulaire antérieur (résultats combinés de PET scan et d'IRM) chez les schizophrènes déprimés.
 
Depression and the course of coronary
artery disease.
GLASSMAN A.H., SHAPIRO P.A., The American Journal
of Psychiatry, 155 : 4-11, janvier 1998
Il existe une association désormais clairement identifiée par de nombreuses études concordantes entre la maladie dépressive et la pathologie coronarienne. Non seulement le risque coronaire est accru chez les sujets souffrant de maladies dépressives, mais la dépression aggrave le pronostic des maladies coronaires préexistantes. Parmi les mécanismes invoqués, citons les perturbations du système nerveux autonome, mais aussi une agrégation plaquettaire anormale chez les sujets souffrant de troubles de l'humeur.
 
Depression in human immunodeficiency
virus disease.
MAJ M., Current Opinion in Psychiatry, 11 : 61-66, janvier 1998
Le sida comporte un risque particulier d'évolution dépressive, tout particulièrement chez les sujets qui ont un mauvais support social ou qui ont des antécédents dépressifs.
 
Major depression and stages of smoking :
a longitudinal investigation.
BRESLAU N. et coll., Archives of General Psychiatry,
55 : 161-166, février 1998
Tabagisme et dépression entretiennent des rapports étroits et bilatéraux, la dépression augmentant le tabagisme (sans toutefois empêcher ceux qui le veulent d'arrêter de fumer) et le tabagisme semblant augmenter le risque dépressif. D'ou l'idée de facteurs étiologiques partagés. Lesquels ?
 
 
CULTURE
 
Suicide acceptability in african and white americans : the role of religion.
NEELEMAN J. et coll., The Journal of Nervous and Mental Disease, 12-16, janvier 1998
Les noirs américains se suicident moins que les blancs. Pourquoi ? Cette étude de l'acceptation du suicide est tirée de l'immense étude sur les « valeurs mondiales » effectuée dans 43 pays en 1994. La comparaison de 1 525 américains caucasiens et de 205 afro-américains suggère que ce sont les valeurs morales et religieuses, plus installées chez eux, qui contribuent à cette moindre acceptation de l'acte suicidaire chez les noirs. La dissolution progressive de ces valeurs d'affiliation au sein de la société américaine moderne explique la tendance actuelle à l'augmentation de l'incidence du suicide chez les jeunes, y compris les afro-américains.
 
A psychosocial study of « self-immolation »
in India.
SINGH S.P. et coll., Acta Psychiatrica Scandinavica,
97 : 71-75, janvier 1998
L'examen de 22 jeunes indiens qui ont tenté de s'immoler par le feu dans un geste de protestation politique met bien en évidence une problématique de révolte personnelle, ainsi qu'un lieu de contrôle interne et d'autres caractéristiques particulières de leur personnalité, mais pas de pathologie psychiatrique caractérisée, sauf dans un cas.
 
 
CYCLES RAPIDES
 
Divalproate augmentation in
lithium-resistant rapid cycling mania
in four geriatric patients.
SCHNEIDER A.L., WILCOX C.S.,
Journal of Affective Disorders, 47 : 201-206, janvier 1998
Quatre cas de patients âgés souffrant de cycles rapides et résistant au lithium, améliorés par l'adjonction de divalproate.
 
 
DEUIL
 
Intrusive thoughts and avoidance behaviors are associated with sleep disturbances in bereavement-related depression.
HALL M, BUYSSE DJ, DEW MA, et coll. Depression and Anxiety 1997 ; 6 : 106-112.
Étude montrant une très grande fréquence des pensées intrusives et des comportements d'évitement chez 40 personnes (relativement âgées : 65 ans en moyenne) souffrant d'une dépression secondaire à un deuil. La fréquence des pensées intrusives est du même ordre que celle que l'on observe dans les stress post-traumatiques. Ces symptômes sont corrélés à des troubles du sommeil (retard d'endormissement et rareté du sommeil profond pendant la première partie de la nuit). Les auteurs développent des théories complexes cherchant un lien explicatif entre troubles du sommeil et pensées intrusives ou comportements d'évitement.
 
 
EFFETS INDÉSIRABLES
 
Dexfenfluramine for weight gain secondary
to psychotropics.
MASAND P, GUPTA S. Depression and Anxiety 1997 ; 6 : 119-123.
Effet de la fenfluramine (agoniste sérotoninergique aux propriétés anorexigènes bien connues) chez 6 patientes traitées pour dépression, qui avaient grossi de façon excessive sous traitement. La fenfluramine (généralement 15 mg/j) leur a fait perdre en moyenne 7,5 kg. Elle a toujours été bien tolérée, aucun syndrome sérotoninergique n'est apparu, ni aucune rechute dépressive. Une patiente a dû arrêter la fenfluramine à cause d'une insomnie. Expérience à poursuivre, disent les auteurs, qui insistent quand même beaucoup sur le risque de voir apparaître un syndrome sérotoninergique avec l'association antidépresseur + fenfluramine (rappelons que la fenfluramine n'est plus commercialisée en France).
 
Effets secondaires dermatologiques des antidépresseurs inhibiteurs de la recapture de la sérotonine : hypothèse d'une allergie croisée. A propos de deux cas
BEAUQUIER, B. et Fahs H., L'Encéphale,
XXIV : 62-64, janvier-février 1998
Deux cas cliniques de réactions cutanées évoquant une toxidermie, survenus après administration d'antidépresseurs sérotoninergiques. Ce qui est intrigant dans ces observations est la survenue de lésions cutanées après prescriptions successives de molécules de formule chimique très différente : fluoxétine et paroxétine dans le premier cas, fluoxétine, fluvoxamine et sertraline pour le deuxième.
 
Extrapyramidal reactions and the selective serotonin-reuptake inhibitors.
CALEY CF. Annals of Pharmacotherapy 1997 ;
31 (12) : 1481-1489.
Revue sur les effets extrapyramidaux secondaires à l'utilisation des IRS. Le plus souvent ces effets surviennent quand les IRS sont associés à des neuroleptiques, et, dans la majorité des cas, au cours du premier mois de traitement. Toutes les formes de SEP ont été décrites. Concernant le mécanisme d'action, l'hypothèse la plus souvent retenue, est que les IRS, en augmentant la sécrétion de sérotonine, diminuent la libération de dopamine dans le striatum. Revue des facteurs de risque : dose, interactions pharmacocinétiques, personne âgée, sexe féminin, comorbidités (Parkinson). En résumé, être surtout prudent quand on utilise des IRS chez des personnes traitées par des neuroleptiques.
 
 
Selective serotonin reuptake inhibitors. Infrequent medical adverse effects.
GOLDBERG RJ. Archives of Family Medicine 1998 ; 7 : 78-84.
Petite revue sur cinq effets rares des inhibiteurs sélectifs du recaptage de la sérotonine : syndrome de sécrétion inappropriée d'hormone antidiurétique, symptômes extrapyramidaux, troubles de l'hémostase (saignements), arythmies cardiaques, syndrome sérotoninergique. Pas inintéressant.
 
 
ENFANCE, ADOLESCENCE
 
Depression in attention deficit
hyperactivity disorder (ADHD) children : « true » depression or demoralization ?
BIEDERMAN J., et coll., Journal of Affective Disorders,
47 : 113-122, janvier 1998
On a pu penser que la dépression émaillant l'évolution du trouble déficitaire de l'attention avec hyperactivité était une sorte d'état de démoralisation secondaire aux vissicitudes scolaires et sociales entraînées par ce trouble. Cette évaluation prospective de 76 patients comorbides montre qu'il n'en est rien, la persistance du trouble dépressif n'étant pas en rapport avec les difficultés scolaires ou à la gravité du trouble de l'attention, mais à l'existence d'un trouble bipolaire et de difficultés interpersonnelles. De plus, la rémission du trouble de l'attention n'est pas corrélée à une rémission du syndrome dépressif.
 
Effects of postnatal depression on children's adjustment to school. Teacher's reports.
SINCLAIR D., MURRAY L., The British Journal of Psychiatry, 172 : 53-57, janvier 1998
Les effets lointains de la dépression post-natale ne sont pas négligeables. Ici, ce sont les enseignants qui donnent leur avis sur le comportement d'une population d'enfants de 5 ans. L'adaptation à l'école est d'une manière générale influencée par la classe sociale et aussi par le sexe, les filles étant plus adaptables. Mais surtout, l'existence d'une dépression maternelle post-natale ou la confrontation récente à une dépression maternelle sont associées à des scores plus élevés de troubles du comportement, surtout pour les garçons de classes sociales moins favorisées.
 
The familial aggregation of adolescent suicide attempts.
JOHNSON B.A. et coll., Acta Psychiatrica Scandinavica,
97 : 18-24, janvier 1998
La tendance suicidaire se transmet dans les familles, indépendamment des pathologies psychiatriques de l'axe I et de l'axe II, avec toutefois une association entre un trouble de la personnalité familial et le risque suicidaire. On observe aussi un lien entre l'agressivité du proposant et le risque suicidaire familial. Ces données sont issues de l'examen des familles de 62 adolescents suicidaires, et confirment bien la nécessité de prendre en compte tout l'environnement familial de ces jeunes en danger si l'on veut enrayer les récidives.
 
 
Epidemiology of DSM-III-R major depression and minor depression among adolescents and young adults in
the National Comorbidity Survey.
KESSLER RC, WALTERS EE.
Depression and Anxiety 1998 ; 7 : 3-14
Enquête chez 1 769 adolescents (15-25 ans) représentatifs de la population américaine. 25,2 % ont déjà, au cours de leur vie, présenté des symptômes dépressifs, et dans 7,9 % des cas pendant les 30 jours qui ont précédé l'étude (séparés en dépressions majeures et mineures, les chiffres sont respectivement 15,3 + 9,9 %, et 5,8 + 2,1 %). 21,9 % de tentatives de suicide pour les dépressions majeures. Comorbidités chez 76,7 % des déprimés majeurs, et 69,3 des déprimés mineurs. Les comorbidités les plus fréquentes sont les suivantes : troubles anxieux, troubles phobiques, toxicomanies (alcool ou drogues), comportements antisociaux divers. La plupart du temps, la dépression apparaît secondaire aux troubles comorbides, ce qui peut faire penser que la dépression est une conséquence non spécifique, et un indice de gravité, de troubles d'une autre nature. Tous ces chiffres sont sensiblement les mêmes que ceux retrouvés dans littérature.
Adolescent depression : controlled desipramine treatment and atypical features.
KLEIN RG, MANNUZZA S, KOPLEWICZ H, et coll.
Depression and Anxiety 1998 ; 7 : 15-31.
Essai de la désipramine chez 62 adolescents (13-17 ans) déprimés majeurs (avec étude concomitante de symptômes dépressifs atypiques : intolérance au rejet, hyperphagie, hypersomnie, impression de chape de plomb). Placebo pendant 2 semaines, puis aveugle désipramine vs placebo chez les 45 restants (qui ne sont pas sortis de l'étude). Pas d'effet significatif de la désipramine (mais 50 % d'améliorations sous placebo). 47 % des patients avaient des symptômes atypiques.
 
Fluoxetine* in child and adolescent depression : acute and maintenance treatment.
EMSLIE GJ, RUSH AJ, WEINBERG WA, et coll.
Depression and Anxiety 1998 ; 7 : 32-39.
Étude « naturaliste » à long terme (1 an) de la dépression chez 96 enfants ou adolescents (8-18 ans), après 8 semaines d'un essai en aveugle fluoxétine vs placebo. 56 % avaient répondu à la fluoxétine, 33 % au placebo. Après l'essai, les patients étaient libres de suivre ou non un traitement. 87 ont pu être suivis jusqu'au bout. 39 % des patients qui avaient guéri pendant l'essai ont rechuté dans l'année. Rien ne permettait de prédire la rechute. Ces résultats sont similaires à ceux que l'on observe chez l'adulte.
*La fluoxétine, en France, est contre indiquée chez l'enfant de moins de 15 ans.
 
Intensity and predictors of treatment received by adolescents with unipolar major depression prior to hospital admission.
STROBER M, DEANTONIO M, LAMPERT C, DIAMOND J. Depression and Anxiety 1998 ; 7 : 40-46.
On ne traite pas sérieusement les adolescents déprimés, disent les auteurs. Ils observent que, parmi les adolescents hospitalisés dans leur service de psychiatrie, ceux qui avaient consulté auparavant n'avaient pas reçu de médicament, ou en avaient reçu en quantité insuffisante. Néanmoins, ceux qui présentaient des signes de gravité (perte de poids, ralentissement) avaient été traités de façon plus intense. Le message des auteurs est donc ambigu, quand on sait la labilité des états dépressifs chez les adolescents, et les effets généralement à la limite de la significativité des traitements antidépresseurs chez eux.
 
Treatment of adolescent depression :
frequency of services and impact on functioning in young adulthood.
LEWINSOHN PM, ROHDE P, SEELEY JR.
Depression and Anxiety 1998 ; 7 : 47-52.
Étude longitudinale de la prise en charge des adolescents dépressifs dans l'Oregon, avec réévaluation à l'âge de 24 ans. Sur 1 507 étudiants qui ont accepté de participer à l'étude, 22 % étaient déprimés, et 14 % présentaient des symptômes dépressifs. Parmi les déprimés, 60,7 % ont été traités (surtout psychothérapie, rarement médicaments). Les facteurs qui semblent avoir favorisé la prise en charge étaient : la gravité de la dépression, une comorbidité, un suicide, des difficultés scolaires, être du sexe féminin, et le fait d'avoir des parents désunis. Curieusement, les adolescents pris en charge ont rechuté aussi souvent que ceux qui ne l'ont pas été.
 
Double-blind and placebo-controlled study of lithium for adolescent bipolar disorders with secondary substance dependency.
GELLER B, COOPER K, ZIMERMAN B et coll.
Journal of the American Academy of Child and Adolescent Psychiatry 1998 ; 37 : 171-178.
Efficacité du lithium chez des adolescents bipolaires qui ont une toxicomanie (alcool ou drogues) secondaire au trouble de l'humeur. L'efficacité est observée aussi bien sur l'humeur que sur la toxicomanie. Les troubles bipolaires ont commencé très tôt chez ces patients, à l'âge de 9,6 ans en moyenne (25 cas, âgés de 16 ans au moment de l'étude). Les auteurs insistent sur le fait qu'il faut savoir reconnaître (et traiter) ces troubles de l'humeur qui débutent très tôt.
 
 
ÉPIDÉMIOLOGIE
 
Lifetime risk of suicide for affective disorder, alcoholisme and schizophrenia.
INSKIP H.M. et coll., The British Journal of Psychiatry,
172 : 35-37, janvier 1998
L'utilisation de données plus récentes et le recours à des techniques statistiques plus modernes fait baisser les risques morbides de suicide. Les chiffres habituellement cités, de 15 % dans dépression et alcoolisme, et 10 % dans la schizophrénie, sont revus à la baisse : 6 % pour la dépression, 7 % pour la dépendance alcoolique, 4 % pour les troubles schizophréniques.
 
Epidemiology of recurrent major and
minor depression with a seasonal pattern. The national comorbidity survey.
BLAZER D.G. et coll., The British Journal of Psychiatry, 172 : 164-167, février 1998
Les derniers recensements épidémiologiques sur la dépression saisonnière (selon le DSM-III-R), dans le cadre de la National Comorbidity Survey donnent des chiffres bien inférieurs aux données communément citées : la prévalence pour les troubles dépressifs majeurs saisonniers ne serait que de 0,4 %, au lieu des 2-10 % des études antérieures, moins rigoureuses.
 
The incidence and onset-age of hospitalized bipolar affective disorder in Finland.
RÄSÄNEN P. et coll., Journal of Affective Disorders,
48 : 63-68, février 1998
Les bipolaires finlandais sont-ils différents de ceux des autres pays ? C'est ce que suggère cette étude épidémiologique effectuée à partir des registres d'hospitalisation entre 1987 et 1994. Les auteurs trouvent une incidence d'hospitalisations annuelles plutôt faible (0,03 %). Observant un pic d'incidence chez la femme entre 40 et 49 ans et chez l'homme entre 50 et 59 ans, ils suggèrent pour leur pays l'existence d'une forme à début plus tardif.
 
 
ESSAIS THÉRAPEUTIQUES
 
Methodological problems in the estimation of the onset of the antidepressant effets.
MÜLLER H., MÖLLER H-J., Journal of Affective Disorders, 48 : 15-24, février 1998
Excellente revue critique de la littérature sur l'évaluation comparative du délai d'action des antidépresseurs. Dans l'ensemble, les résultats mis en avant par telle ou telle firme n'ont pas de base méthodologique solide, très peu d'études ayant été élaborées pour répondre à ce type de question.
 
 
A comparison of placebo response with major depressive disorder in patients recruited through newspaper adversiting versus consultation referrals.
MILLER C.A. et coll., Psychopharmacology Bulletin,
33 : 647-652, 1997
Les Américains réalisent beaucoup d'essais thérapeutiques en faisant appel à des volontaires recrutés par voie d'annonce dans la presse générale. Dans le cas des troubles dépressifs majeurs, cette population a un fort taux de réponse précoce au placebo, d'où l'intérêt d'essais durant au moins 8 semaines. Ces sujets sont généralement plus légèrement déprimés que les populations cliniques, ce qui fait penser qu'ils sont plus conformes à la clientèle standard des psychiatres. Mais sont-ce vraiment des malades ?
Amilsupride versus fluoxetine in patients with dysthymia or major depression in partial remission. A double-blind, comparative study.
SMERALDI E., Journal of Affective Disorders,
48 : 47-56, février 1998
Étude en double aveugle comparant la fluoxétine (20 mg) à l'amisulpride (50 mg) dans le traitement d'états dysthymiques ou d'états dépressifs résiduels, pendant trois mois. Jeu égal, c'est à dire qu'autour de 70 % des effectifs des deux groupes ont une baisse de score à l'échelle de dépression MADRS d'au moins 50 %. Plus d'effets endocriniens sous amisulpride, plus de troubles digestifs et d'insomnie sous amisulpride.
 
The use of venlafaxine in the treatment of major depression and major depression associated with anxiety : a dose-response study.
KHAN A. et coll., Journal of Clinical Psychopharmacology,
18 : 19 - 25, février 1998
Essai thérapeutique classique comparant la venlafaxine au placebo dans le traitement d'états dépressifs majeurs, associés ou non à une symptomatologie anxieuse. Les scores moyens de l'échelle de Hamilton de dépression à 17 items sont de 17,52 après douze semaines de placebo, et de 13 à 14 après douze semaines de venlafaxine. L'étude concerne 384 patients, et il n'y a pas grande différence entre les posologies, sauf peut être un début d'action thérapeutique plus rapide à 200 mg/jour qu'à 75 mg/j.
 
A benefit-risk analysis of once-daily venlafaxine extended release (XR)
and velafaxine immediate release (IR) in outpatients with major depression.
ENTSUAH R., CHITRA R., Psychopharmacology Bulletin,
33 : 671-676, 1997
Bidouillage statistique d'un essai thérapeutique déjà publié par ailleurs, permettant de conclure à un meilleur rapport bénéfice/risque pour la forme à libération programmée de venlafaxine que pour la forme normale. Le bénéfice est net sur les nausées et les vertiges.
 
Double-blind study of the efficacy and safety of milnacipran and imipramine in elderly patients with major depressive episode.
TIGNOL J. et coll., Acta Psychiatrica Scandinavica,
97 : 157-165, février 1998
Essai thérapeutique classique, mais sans groupe placebo, montrant l'équivalence de 100 mg de milnacipran et de 100 mg d'imipramine dans le traitement de la dépression du sujet âgé, sur une période de 8 semaines. Plus d'effets anticholinergiques sous imipramine.
Patient-assigned health state utilities
for depression-related outcomes :
differences by depression severity and antidepressant medications.
REVICKI D.A., WOOD M., Journal of Affective Disorders,
48 : 25-36, février 1998
Étude explorant auprès d'une population de 70 déprimés traités pendant deux mois, l'évaluation et la préférence d'états de santé combinant diverses intensités dépressives et divers profils d'effets secondaires. Une nouvelle méthodologie, moyennement convaincante.
 
 
ÉVÉNEMENTS
 
Psychosocial factors associated with depression : a study of socially disadvantaged women with young children.
BOYCE P. et coll., The Journal of Nervous and Mental Disease, pp 3-11, janvier 1998
La dépression est fréquente chez les mères de famille d'origine modeste. La prévalence sur les 6 derniers mois au sein d'un échantillon de 193 femmes interrogées à domicile est de 17 %, avec une prévalence vie entière de 29 %. La dépression est associée à la perception de mauvais traitements dans l'enfance, de négligence de la part du partenaire, à des traits de personnalité vulnérable, à des événements adverses récents ainsi qu'à un mauvais support social.
 
Is life stress more likely to provoke depressive episodes in women than in men ?
SHERRILL JT, ANDERSON B, FRANK E, et coll.
Depression and Anxiety 1997 ; 6 : 95-105.
Sachant que le stress est un facteur fréquent de décompensation dépressive, et que la dépression est plus fréquente chez les femmes que chez les hommes, les auteurs ont recherché si les femmes étaient plus souvent exposées que les hommes. Ils trouvent que non, hommes et femmes sont en moyenne exposés au même nombre et même type de stress, de même que des contrôles non déprimés. Ils confirment néanmoins que le stress est un facteur très important de rechute dépressive. Conclusion des auteurs : les événements stressants sont une condition nécessaire, mais pas suffisante, pour provoquer des rechutes dépressives.
 
 
 
GÉNÉTIQUE
 
Apolipoprotein E : depressive illness, depressive symptoms, and Alzheimer's disease.
HOLMES C. et coll., Biological Psychiatry,
43 : 159-164, février 1998
L'allèle E4 de l'alipoprotéine E est un facteur de risque bien établi pour la maladie d'Alzheimer à début tardif. L'allèle E2 est moins fréquent chez les sujets déprimés que chez les témoins, mais il est plus fréquent chez des sujets souffrant de dépression dans le cadre d'une maladie d'Alzheimer. Pas clair.
 
Does the method of data collection affect
the reporting of depression in the relatives
of depressed probands ?
DUGGAN C. et coll., Journal of Affective Disorders,
47 : 151-158, janvier 1998
Confirmation peu palpitante mais rigoureuse que la recherche des antécédents familiaux par entretien direct des membres de la famille est plus sensible que la méthode indirecte de recueil des antécédents familiaux.
 
Depression and self-medication
with nicotine - The modifying influence
of the dopamine D4 receptor gene.
LERMAN C, CAPORASO N, MAIN D, et coll.
Health Psychology 1998 ; 17 : 56-62.
Catégorisation génétique des déprimés fumeurs : ceux qui fument dans un but d'automédication sont plus fréquemment homozygotes pour l'allèle court du récepteur dopaminergique D4 que ceux qui ne fument pas dans un but d'automédication. Donc implication possible des récepteurs D4 dans cette forme particulière de recherche de sensation qu'est le tabagisme. Et, selon les auteurs, effet thérapeutique potentiel des patchs de nicotine chez les déprimés homozygote pour l'allèle court des D4. Si on comprend bien, le typage génétique va bientôt faire partie du bilan systématique d'entrée pour les déprimés...
 
 
IMAGERIE
 
Cerebral responses to pain in
two depressed patients.
DERBYSHIRE SWG, JONES AKP.
Depression and Anxiety 1998 ; 7 : 87-88.
Mise en évidence, à l'imagerie cérébrale (flux sanguin cérébral à la caméra à positrons), des réponses anormales à la douleur chez deux personnes déprimées. Il existe une absence d'activation du cortex cingulaire antérieur, région normalement activée lors d'une stimulation nociceptive. Nouvelle démonstration d'une réactivité anormale du cortex cingulaire antérieur dans la dépression.
 
 
LITHIUM
 
Increased lithium serum and
red blood cell concentrations during ketorolac coadministration.
COLD J.A. et coll., Journal of Clinical Psychopharmacology, 18 : 33 - 37, février 1998
Le ketorolac, anti-inflammatoire non stéroïdien, est à éviter chez les patients traités par lithium. Il augmente les taux de lithium sérique et intra-érythrocytaire d'environ un quart.
 
Tryptophan depletion in recently manic patients treated with lithium.
CASSIDY F. et coll., Biological Psychiatry,
43 : 230-232, février 1998
La déplétion en tryptophane ne fait rien aux maniaques améliorés par le lithium, en dépit d'une baisse consistante du tryptophane sanguin. De là à penser que la sérotonine n'est pas essentielle dans le mode d'action antimaniaque du lithium, il n'y a qu'un pas...
 
Mood stabilizer combinations :
a review of safety and efficacy.
FREEMAN M.P., STOLL A.L., The American Journal
of Psychiatry, 155 : 12-21, janvier 1998
Recherche MEDLINE sur les associations de thymorégulateurs dans les troubles de l'humeur réfractaires. Les études contrôlées sont bien rares, mais compte tenu du biais qui consiste à privilégier les rapports d'incidents thérapeutiques, on peut penser que ces associations sont en fait assez peu toxiques, pour peu que certaines précautions soient prises, notamment la bonne habitude de n'associer le deuxième thymorégulateur au lithium qu'à dose lentement progressive.
 
Long-term outcome of lithium prophylaxis in bipolar disorder : a 5-year prospective study of 402 patients at a lithium clinic.
MAJ M et coll., The American Journal of Psychiatry,
155 : 30-35, janvier 1998
Pas facile, d'avoir les idées claires et simples sur le degré d'efficacité du lithium dans le traitement prolongé du trouble bipolaire. Cette étude prospective concernant 402 patients contactés 5 ans après l'instauration de la prophylaxie montre que pour les patients qui sont resté observants, le gain en termes de temps passé à l'hôpital est d'au moins 50 %, et pour 43 % de ces sujets, aucune récidive n'a été recensée sur la période considérée. Mais il y a aussi 27,9 % des patients qui n'ont pas poursuivi leur traitement, et c'est ce groupe qui a le moins bon pronostic, et qui avait plus souvent au début de leur maladie, des symptômes psychotiques.
 
 
Rates of flu-like infection in patients with affective illness.
AMSTERDAM J.D. et coll., Journal of Affective Disorders, 47 : 177-182, janvier 1998
Le lithium serait il un bon antiviral ? C'est ce que suggère cette étude qui recense les épisodes de rhumes et grippes chez 236 patients traités par divers antidépresseurs et thymorégulateurs, avant et après traitement. La diminution de l'incidence des épisodes infectieux et modeste mais très significative (0,001) sous lithium, surtout chez l'homme. On observe aussi une plus légère diminution sous antidépresseurs (0,08).
 
The effect of a procaine based drug and lithium therapy in manic-depression.
BINDEA C, BACIU D, MORARIU VV, RANDASU S. Biomedical Letters 1997 ; 55 : 141-146.
Utilisation chez des maniaco-dépressifs d'une molécule proche de la procaïne (le gerovital) qui aurait la propriété d'augmenter de 50 % le rapport érythro-plasmatique du lithium. Molécule bien tolérée qui permettrait de baisser les lithiémies pour un effet thérapeutique identique, avec moins d'effets secondaires. A suivre.
 
 
MÉDICO-ÉCONOMIE
 
Measuring outcomes and costs
for major depression.
BOOTH B.M. et coll., Psychopharmacology Bulletin,
33 : 653-658, 1997
Plaidoyer pour une évaluation globale et multidimensionnelle de l'effet des thérapeutiques antidépressives, incluant les coûts économiques directs mais aussi indirects. Il n'est plus possible de se contenter de l'évaluation d'une simple réduction symptomatique, il faut aussi rechercher les conditions de l'amélioration clinique et la qualité de la restauration fonctionnelle, de l'adhésion au traitement, par rapport au coût de l'innovation thérapeutique et aux économies réalisées en termes de journées d'hospitalisations ou de journées de chômage, par exemple.
 
 
Use of ECT for the inpatient treatment of recurrent major depression.
OLFSON M et coll., The American Journal of Psychiatry, 155 : 22-29, janvier 1998
Les américains sont parfois réticents à l'emploi des ECT pour des raisons strictement économiques, pensant que ce traitement entraîne des coûts de santé supérieurs liés à la durée de l'hospitalisation. Cette importante étude montre que l'ECT est de fait réservé à une classe relativement aisée de la population blanche plus âgée et bien assurée. A première vue, les durées de séjour sont supérieures aux durées de séjour des traitements conventionnels. Mais en fait, si l'on tient compte des dysfonctionnements institutionnels et des délais de mise en œuvre du traitement, il n'en est rien, et l'ECT administré en temps utile (c'est à dire sans tarder, une fois l'indication posée), est au contraire moins onéreux.
 
Tricyclic antidepressant and selective
serotonin reuptake inhibitors antidepressant selection and health care costs in the naturalistic setting : a mutlivariate analysis.
HYLAN T.R. et coll., Journal of Affective Disorders,
47 : 71-80, janvier 1998
Cette étude médico-économique réalisée sous l'égide d'Eli Lilly &C° conclut à un avantage de la fluoxétine sur les imipraminiques ainsi que sur la sertraline, dans les coûts directs de santé sur un an, répertoriés dans le cadre d'une assurance maladie volontaire regroupant 450 000 salariés de 20 grandes entreprises.
 
 
NEUROENDOCRINOLOGIE
 
Basal activity of the hypothalamic
- pituitary - adrenal axis in patients with the chronic fatigue syndrome (neurasthenia).
YOUNG A.H. et coll., Biological Psychiatry,
43 : 236-237, février 1998
Contrairement à de très nombreux résultats qui affirment le contraire, l'activité de base de l'axe corticotrope n'est pas abaissée dans le syndrome de fatigue chronique.
Urinary free cortisol excretion in chronic fatigue syndrome, major depression and in healthy volunteers.
SCOTT L.V., DINAN T.G., Journal of Affective Disorders,
47 : 49-54, janvier 1998
Cette petite étude confirme les notions évoquées ailleurs d'une hyperactivité corticotrope dans la dépression, et d'une hypoactivité dans le syndrome de fatigue chronique. Curieusement, le petit nombre de patients qui souffrent à la fois de fatigue chronique et de dépression ont plutôt une diminution de la sécrétion de cortisol libre urinaire.
 
A comparison of salivary cortisol in chronic fatigue syndrome, community depression and healthy controls.
STRICKLAND P. et coll., Journal of Affective Disorders,
47 : 191-194, janvier 1998
Confirmation, dans la salive, d'une diminution de la sécrétion de cortisol dans le syndrome de fatigue chronique par comparaison avec des sujets témoins et avec des déprimés.
 
Mood disorders and the thyroid axis.
MARANGELL L.B., CALLAHAN A.M.,
Current Opinion in Psychiatry, 11 : 67-70, janvier 1998
Revue des données récentes sur les liens bien connus entre l'axe thyroïdien et les troubles de l'humeur. On trouve ainsi une corrélation négative entre le niveau de TSH et le débit sanguin cérébral, chez des sujets déprimés non traités. La stimulation magnétique transcrânienne augmente la TSH seulement lorsqu'elle est appliquée dans les zones où elle a un effet thérapeutique. L'administration intrathécale de TRH aurait un effet antidépresseur, etc...
 
Do noradrenergic reuptake inhibitors affect serotoninergic function in depression ?
CLEARE AJ, MURRAY RM, OKEANE V. Psychopharmacology 1997 ; 134 (4) : 406-410.
On sait que les réponses endocriniennes à une stimulation sérotoninergique (test à la fenfluramine, par exemple) sont émoussées chez les déprimés, et que ces réponses se normalisent sous l'effet d'un traitement par un antidépresseur sérotoninergique. Les sécrétions étudiées sont en général celles de prolactine et de cortisol, dont on sait qu'elles sont, au moins en partie, sous dépendance sérotoninergique. Ici les auteurs montrent que ces réponses sont normalisées par des traitements qui utilisent des antidépresseur noradrénergiques (un tricyclique noradrénergique, et un inhibiteur spécifique du recaptage de la noradrénaline). Il semblerait donc bien que les antidépresseurs purement noradrénergiques modifient les fonctions sérotoninergiques dans l'hypothalamus.
 
Changes in plasma prolactin during SSRI treatment. Evidence for a delayed increase in 5-HT neurotransmission.
COWEN PJ, SARGENT PA. Journal of Psychopharmacology 1997 ; 11 (4) : 345-348.
Étude des effets d'un IRS (la paroxétine) sur la teneur plasmatique en prolactine chez des sujets sains. Les sujets sont traités pendant 3 semaines, et la prolactine sérique augmente significativement à partir de la
2ème semaine. Étant donné que l'on pense que les effets des IRS sur la sécrétion de prolactine sont seulement sérotoninergique-dépendants, ces résultats montrent que les IRS augmentent progressivement la transmission sérotoninergique dans l'hypothalamus, même chez les sujets non déprimés.
 
 
NEUROMÉDIATEURS
 
Serotonin transporter-blocking properties
of nefazodone assessed by measurement of platelet serotonin.
NARAYAN M. et coll., Journal of Clinical Psychopharmacology, 18 : 67 - 71, février 1998
La nefazodone (clone de la trazodone) est antagoniste 5HT2. Dans quelle mesure inhibe-t-elle de surcroît le recaptage de la sérotonine ? Faiblement semble-t-il, et cela n'a sans doute pas d'importance dans son effet antidépresseur, comme le montre cette comparaison avec des IRS classiques (fluoxétine, paroxétine, sertraline), sur un modèle plaquettaire.
 
Brain 5-HT neurotransmission during paroxetine treatment.
SARGENT P.A. et coll., The British Journal of Psychiatry,
172 : 49-52, janvier 1998
Chez le sujet sain, un traitement par paroxétine augmente largement la sécrétion de cortisol après administration de 5HTP, mais cet effet s'atténue avec le temps. Par contre chez le déprimé, cet indice indirect d'élévation du tonus sérotoninergique persiste et s'amplifie.
 
Uncoupling of serotonergic and noradrenergic systems in depression : preliminary evidence from continuous cerebrospinal fluid sampling.
GERACIOTI TD, LOOSEN PT, EKHATOR NN, et coll. Depression and Anxiety 1997 ; 6 : 89-94.
Les auteurs ont osé le faire : ils ont placé un cathéter en chronique dans l'espace sous-arachnoïdien de 10 déprimés et 10 contrôles appariés, et ont ainsi pu faire des prélèvements de LCR toutes les 10 min pendant 6 heures. Ils ont analysé les teneurs du LCR en sérotonine, noradrénaline et leurs métabolites. Ils n'ont trouvé aucune différence entre les déprimés et les contrôles, ce qui constitue un argument important contre l'hypothèse d'une déficience en sérotonine ou en noradrénaline dans la dépression. En revanche, ils ont observé chez les contrôles une relation linéaire négative entre la noradrénaline et les métabolites de la sérotonine. Cette relation a disparu chez les déprimés. Des résultats qui supporteraient plutôt l'hypothèse d'un trouble dans les interactions entre noradrénaline et sérotonine dans le cerveau des déprimés, sans insuffisance globale de sécrétion.
 
Dopamine uptake sites, labeled with [H3]GBR12935, in brain samples from depressed suicides and controls.
BOWDEN C, CHEETHAM SC, LOWTHER S, et coll.
European Neuropsychopharmacology 1997 ; 7 : 247-252.
Aucune anomalie des sites de recaptage de la dopamine dans les cerveaux de suicidés comparés à des contrôles (noyau caudé, putamen, noyau accumbens). Un argument de plus contre la théorie dopaminergique de la dépression, et soulève quelques questions sur le mode d'action des antidépresseurs qui ont un mode d'action dopaminergique (inhibiteurs du recaptage de la dopamine tels que le bupropion).
 
Noradrenaline-selective versus serotonin-selective antidepressant therapy - Differential effects on social functioning.
DUBINI A, BOSC M, POLIN V. Journal of Psychopharmacology 1997 ; 11 (4-suppl) : S17-S23.
Étude comparant les effets de la fluoxétine (sélectivement sérotoninergique) à la reboxetine (sélectivement noradrénergique). Les résultats en termes d'efficacité globale importent peu (c'est uniquement du marketing), mais l'intérêt réside dans le fait qu'il semblerait que la molécule noradrénergique a une action plus sélective sur la perception négative de soi et sur le comportement social. Intéressant parce que cela amène des éléments sur le rôle de la noradrénaline, rôle qui est toujours très mal compris.
 
 
NEUROPHYSIOLOGIE
 
Electroencephalographic findings in patients with DSM-IV mood disorders, schizophrenia, and other psychotic disorders.
INUI K. et coll., Biological Psychiatry, 43 : 69-75, janvier 1998
Des sujets présentant des trouble psychotiques « atypiques » (troubles de l'humeur avec caractéristiques non congruentes à l'humeur, troubles schizoaffectifs ou schizophréniformes) ont une incidence anormale (autour de 30 %) de signes épileptoïdes à l'EEG. Par contraste, les sujets avec troubles de l'humeur typiques ou schizophrénies classiques ne présentent pratiquement pas de telles perturbations.
 
First-episode schizophrenic psychosis differs
from first-episode affective psychosis and controls
in P300 amplitude over left temporal lobe.
SALISBURY D.F. et coll., Archives of General Psychiatru,
55 : 173-180, février 1998
Il existe une asymétrie d'amplitude de la composante P300 des potentiels évoqués auditifs chez les schizophrènes. Ce phénomène est confirmé dans cette étude qui compare des sujets vivant un premier épisode schizophrénique, des sujets vivant un premier épisode de psychose thymique et des témoins. L'anomalie porte sur l'hémisphère gauche, qui serait déterminant dans la physiopathologie de la schizophrénie.
 
 
NEUROPSYCHOLOGIE
 
Cognitive impairment in euthymic
bipolar patients with and without prior alcohol dependence
van GORP W.G. et coll, Archives of General Psychiatry
55 : 41-46, janvier 1998
La maladie maniaco-dépressive perturbe le fonctionnement cognitif du lobe frontal. C'est ce qui ressort de cette étude neuropsychologique comparant des bipolaires avec ou sans comorbidité alcoolique à des témoins, les patients étant évalués à distance de leurs épisodes aigus. Il y a corrélation entre la durée cumulée des épisodes antérieurs et l'altération cognitive. L'alcool aggrave le tout.
 
Anomia in major depressive state.
GEORGIEFF N et coll., Psychiatry Research,
77 : 197-208, février 1998
Exploration des capacités lexicales de 11 sujets déprimés, comparés à 11 sujets témoins, avec mise en évidence d'une anomie qui correspondrait pour cette équipe lyonnaise à une altération d'un stade précoce, pré-phonologique, de la production des mots.
 
Attentional performance in patients with psychotic and non psychotic major depression and schizophrenia
NELSON E.B.. et coll., The American Journal of Psychiatry,
155 : 137-139, janvier 1998
La comparaison de déprimés mélancoliques délirants, de schizophrènes et de déprimés non délirants, à l'aide d'un test d'attention continue montre que la dimension psychotique altère les performances chez les déprimés à l'instar des schizophrènes, par comparaison aux témoins et aux déprimés sans psychose.
 
The judgement of facial expressions by depressed patients, their partners and controls.
HALE W.W. et coll., Journal of Affective Disorders,
47 : 63-70, janvier 1998
Les déprimés et leurs partenaires ont curieusement la même difficulté à percevoir les émotions positives schématisées par des petits dessins d'expressions faciales. Qui influence qui ?
 
Visuospatial and affect recognition deficit
in depression.
ASTHANA H.S. et coll., Journal of Affective Disorders,
48 : 57-62, février 1998
Cette étude indienne compare des déprimés, des consultants de médecine générale et des témoins, avec des épreuves visuospatiales et de reconnaissance d'expressions faciales. Les auteurs voulaient trancher entre l'hypothèse du déficit cognitif et celle du déficit émotionnel. Malheureusement, les deux registres sont touchés.
 
 
PERSONNALITÉ
 
On the conceptualisation of subaffective personnality disorders
HERPERTZ S. et coll, European Psychiatry, 13 : 1, 9-17
Mise en rapport des personnalités subaffectives de la psychiatrie allemande (dépressive, hyperthymique, cyclothymique et asthénique) et des catégories de personnalité du DSM-III-R, à partir de 164 admissions consécutives en psychiatrie.
 
Early-onset dysthymia and personality disturbance among patients in a primary care setting.
SANSONE R.A. et coll., The Journal of Nervous and Mental Disease, pp 57-58, janvier 1998
Confirmation, chez des patients de médecine générale, d'un lien entre le trouble dysthymique à début précoce et des troubles de la personnalité, notamment dépendante, évitante, schizoïde.
 
 
Depression and dependency :
distinct or overlapping constructs ?
LOAS G. et coll., Journal of Affective Disorders,
47 : 81- 86, janvier 1998
Confirmation, par une analyse factorielle, que la dépression et la dépendance, telles que mesurées par les échelles de Beck et l'inventaire de dépendance interpersonnelle, constituent des entités distinctes. Reste à valider cette distinction opérée sur une population d'étudiants sur des populations pathologiques de diverses catégories nosologiques.
 
 
Disordered personality style :
higher rates in non-melancholic compared
to melancholic depression.
PARKER G. et coll., Journal of Affective Disorders,
47 : 131-140, janvier 1998
Pour 245 sujets présentant des états dépressifs non délirants, il est clair que les non mélancoliques (au sens de diverses classifications : CORE, DSM 3, 4, et Newcastle) ont plus souvent des troubles de la personnalité, notamment du cluster C (anxiété, phobie).
 
 
PHARMACOLOGIE
 
Pharmacokinetic interactions of clozapine with selective serotonin reuptake inhibitors : differential effects of fluvoxamine and paroxetine in a prospective study.
WETZEL H. et coll., Journal of Clinical Psychopharmacology,
18 : 2 - 8, février 1998
La fluvoxamine augmente nettement (les multipliant par trois) les taux de clozapine et de ses principaux métabolites, ce qui n'est pas observé avec la paroxétine.
 
The extent and determinants of changes
in CYP2D6 and CY1A2 activities with therapeutic doses of sertraline.
OZDEMIR V. et coll., Journal of Clinical Psychopharmacology, 18 : 55 - 61, février 1998
A des posologies moyennes de 100 mg/j, la sertraline ne modifie pas l'activité du CYP1A2, et n'inhibe que modestement l'activité du CYP2D6.
 
Effect of clinical doses of fluoxetine on psychological variables in healthy volunteers.
GELFIN Y. et coll., The American Journal of Psychiatry,
155 : 290-292, février 1998
Administrée à une quinzaine de volontaires sains, la fluoxétine ne produit aucun effet détectable sur la batterie de tests et d'échelles cliniques (Échelles de Hamilton, échelles de qualité de vie et de bien être, etc...) utilisée tout au long des 6 semaines d'administration.
 
Fluoxétine : relations entre concentrations plasmatiques et effets thérapeutiques chez
32 patients atteints de dépression majeure et traités à 20 mg/j
BOURDEAUX R. et coll, L'Encéphale,
XXIV : 57-61, janvier-février 1998
Pas de corrélation entre les concentrations plasmatiques de fluoxétine et le résultat thérapeutique. Une confirmation supplémentaire.
 
Lung as reservoir for antidepressants in pharmacokinetic drug interactions.
SUHARA T, SUDO Y, YOSHIDA K, et coll. Lancet
1998 ; 351 : 332-335.
Le poumon contient de fortes densités en récepteurs pour les antidépresseurs. Les auteurs ont bloqué ces récepteurs avec un dérivé de l'imipramine marqué au carbone 11 (ce qui leur permet de localiser les récepteurs à la caméra à positrons) et ils montrent que cela modifie la pharmacocinétique des antidépresseurs de type IRS. Ils concluent que le poumon est un réservoir pour les antidépresseurs, qu'il a un rôle dans la pharmacocinétique des antidépresseurs, et donc un rôle aussi dans les effets toxiques des antidépresseurs lorsque plusieurs d'entre eux sont utilisés en association.
 
Inhibition of neuronal Na+ channels by antidepressant drugs.
PANCRAZIO JJ, KAMATCHI GL, ROSCOE AK, LYNCH C. Journal of Pharmacology and Experimental Therapeutics 1998 ; 284 : 208-214.
Mise en évidence d'un effet bloqueur des canaux sodiques neuronaux par certains antidépresseurs (mais pas tous). Explique peut-être leurs effets analgésiques (les effets des tricycliques sur les canaux Na de type I sont identiques à ceux des anesthésiques locaux).
 
 
POSTPARTUM
 
Depressive disorders during pregnancy
and postpartum.
DWIGHT M.M., WALKER E.A.,
Current Opinion in Psychiatry, 11 : 85-88, janvier 1998
Les dépressions du post-partum sont fréquentes, mieux identifiées, mais posent toujours les mêmes problèmes thérapeutiques, d'autant qu'il apparaît que les traitements pharmacologiques sont tout de même plus efficaces que les traitements psychologiques. Il faut donc, cas par cas, peser les indications du traitement des femmes enceintes, ou du traitement des femmes allaitantes, sachant que la dépression perturbe la relation mère-enfant, et que l'allaitement, s'il est désiré, est un facteur d'équilibre pour l'enfant. Par ailleurs, les dangers des médicaments antidépresseurs actuels ne sont pas démontrés, ou sont théoriques, eu égard aux faibles quantités qui parviennent au nourrisson.
 
Fluoxetine in breast-milk and developmental outcome of breast-fed infants.
YOSHIDA K. et coll., The British Journal of Psychiatry,
172 : 175-179, février 1998
Encore une étude plutôt rassurante pour étayer une discussion sur les avantages ou inconvénients de l'allaitement maternel lorsque la jeune maman reçoit un sérotoninergique, ici la fluoxétine, et désire vraiment donner le sein à son bébé. En effet, les taux de fluoxétine et de norfluoxétine dans le sang et les urines du nourrisson ne sont pas détectables, et les quatre nourrissons étudiés n'ont montré aucune particularité de développement. Ils reçoivent entre 3 et 10 % de la dose ingérée par leur mère.
 
 
POTENTIALISATIONS
 
Accelerating responses in geriatric depression : a pilot study combining sleep deprivation and paroxetine.
BUMP GM, REYNOLDS CF III, SMITH G, et coll.
Depression and Anxiety 1997 ; 6 : 113-118.
Accélération des effets d'un IRS, la paroxétine, en privant les patients de sommeil. On sait que la privation de sommeil a des effets antidépresseurs réels, et rapides, mais transitoires, alors que les antidépresseurs ont toujours des effets plus ou moins retardés. Ici, chez des sujets âgés, la combinaison des deux apparaît comme un moyen efficace pour un effet antidépresseur rapide et soutenu. Sur 13 patients traités, 8 (62 %) sont significativement améliorés après 2 semaines de traitement, ce que les auteurs considèrent comme de très bons résultats, tout en concédant que ce ne sont que des résultats préliminaires à confirmer.
 
Psychostimulant augmentation of second generation antidepressants : a case studies.
MASAND PS, ANAND VS, TANQUARY JF.
Depression and Anxiety 1998 ; 7 : 89-91.
Les associations d'antidépresseurs sont à la mode. Ici, les auteurs ont utilisé divers psychostimulants qu'ils ont ajouté, en ouvert, aux antidépresseurs (IRS et IRSNA) chez des patients déprimés résistants, ou partiellement résistants, à ces antidépresseurs. Les psychostimulants étaient soit du méthylphénidate, soit des amphétamines. Aucun des patients (7 cas) ne présentait de symptôme de maladie hyperkinétique. Selon les auteurs, cette addition de psychostimulants s'est révélée très efficace, de façon rapide et soutenue, surtout sur l'apathie, l'hypersomnie et les troubles de la concentration. Bien supportée, sans tolérance ni dépendance.
 
 
PRÉVENTION
 
Long term treatment with antidepressants in primary care. Are sub-therapeutic doses still being used ?
ALI I. M., Psychiatric Bulletin, 22 : 15-19, janvier 1998
L'identification au sein d'une population de sujets suivis en médecine générale, de 222 sujets recevant des antidépresseurs pendant au moins un an, interrogés par voie postale, montre que 62 % de ceux qui ont répondu à l'enquête ont des symptômes dépressifs significatifs. Seuls 40 % de ces sujets reçoivent des posologies antidépressives adéquates.
 
Maintenance clinical trials in bipolar disorder : design implications of
the divalproex-lithium-placebo study.
BOWDEN C.L. et coll., Psychopharmacology Bulletin,
33 : 693-700, 1997
Réflexion sur la difficulté à mettre en œuvre des essais thérapeutiques de prophylaxie dans le trouble bipolaire, notamment contre placebo. La logique et l'intérêt de la recherche voudraient que l'on sélectionne des formes sévères et évolutives, mais les réalités du recrutement font que ce sont en fait des formes légères qui font l'objet des investigations.
Time to initial medical presentation in a first-admission group with depression.
GORMLEY N., O'LEARY D., Acta Psychiatrica Scandinavica, 97 : 166-167, février 1998
On a beaucoup insisté sur les difficultés de reconnaissance diagnostique et la faible compétence thérapeutique des omnipraticiens, dans la prise en charge de la dépression. Mais il faut compter aussi avec la lenteur avec laquelle le patient lui même se reconnaît comme souffrant et émet une demande de soin. Dans cette étude concernant 100 sujets, le délai entre le début des troubles et la consultation où ils sont exprimés est de 2 à 3 mois, auxquels il faut ajouter 40 jours avant prescription d'un traitement adéquat. Il ne suffit pas d'éduquer les médecins, il y a place pour des campagnes d'information grand public.
 
Selection of a first-line mood stabilizing agent.
SWANN A.C., Current Opinion in Psychiatry,
11 : 71-76, janvier 1998
Rappel des critères de choix d'un thymorégulateur : plutôt le lithium, pour les troubles bipolaires à dominance euphorique et non compliqués, plutôt le divalproex dans les autres cas, et plutôt des associations dans les cas les plus sévères.
 
Antidepressant treatment of dysthymia
and related chronic depressions.
THASE M.E., Current Opinion in Psychiatry,
11 : 77-84, janvier 1998
Contrairement à ce que l'on a longtemps pensé, les dépressions chroniques majeures ou mineures (dysthymies) répondent aux antidépresseurs. En fait, ces états répondent aussi bien que les états dépressifs majeurs habituels, et les règles de traitement sont les mêmes : pleines doses, durée suffisante, et traitement préventif des rechutes généralement requis.
 
 
PRONOSTIC
 
Twelve-month outcome after a first hospitalisation for affective psychosis
STRAKOWSKI, S.M. et coll, Archives of General Psychiatry
55 : 49-55, janvier 1998
Le pronostic à court terme des troubles de l'humeur avec symptomatologie psychotique n'est pas bon : sur 109 sujets hospitalisés pour un premier épisode aigu de cette nature, un tiers seulement sera asymptomatique et revenu à son niveau initial de fonctionnement au bout d'un an. Parmi les facteurs qui entravent la survenue d'une rémission, citons un statut social et économique bas, un fonctionnement prémorbide de mauvaise qualité, l'abus de substances et bien sûr une mauvaise coopération thérapeutique.
 
The risk for early-adulthood anxiety
and depressive disorders in adolescents with anxiety and depressive disorders
PINE D.S. et coll., Archives of General Psychiatry
55 : 56-64, janvier 1998
La mise en relation de la pathologie anxiodépressive détectée au sein d'une cohorte de 776 sujets examinés en 1983 et 1985, enfants ou adolescents, puis en 1992, parvenus à l'âge adulte montre que l'existence de troubles anxieux ou dépressifs aux premiers examens double ou triple de risque de développer une pathologie du même registre quelques années plus tard.
 
The 3-year course and outcome of patients with major depression and silent cerebral infarction.
YANAI I. et coll., Journal of Affective Disorders,
47 : 25-30, janvier 1998
L'infarctus cérébral silencieux (ICS) est un facteur de mauvais pronostic dans l'évolution de la dépression : après une première dépression, les patients qui avaient un ICS détecté à l'IRM on connu plus de réadmissions pour dépression, et plus d'états confusionnels ou de troubles neurologiques.
 
Clinical definitions of sensitisation in affective disorder. A case register study of prevalence and prediction.
KESSING L. et coll., Journal of Affective Disorders,
47 : 31-40, janvier 1998
A partir de 8 737 sujets hospitalisés plus de deux fois pour trouble thymique au Danemark entre 1971 et 1993, voilà une tentative pour classer les modalités évolutives de la maladie en fonction de son mode de répétition initial, en distinguant les cas avec raccourcissement progressif de l'intervalle inter-critique et les cas avec répétition rapide d'emblée. On observe ainsi que dans le trouble bipolaire, ce sont les épisodes rapprochés d'emblée qui prédisent le risque de récidive, alors que chez les unipolaires, c'est le raccourcissement des intervalles.
 
Clinical consequences of sensitisation in affective disorder. A case register study.
VEDEL KESSING L. et coll., Journal of Affective Disorders,
47 : 41-48, janvier 1998
Suite de l'étude précédente, avec maintenant tentative de prédiction de divers autres troubles en fonction de la modalité évolutive initiale : les débuts rapides sont associés à un risque ultérieur de démence, et chez les unipolaires à un moindre risque d'alcoolisme. Contrairement aux hypothèses inspirées du kindling, le début avec accélération progressive ne prédit rien, et aucun élément évolutif initial ne permet de prévoir un risque suicidaire ultérieur.
 
Pretreatment plasma HVA predicts neuroleptic response in manic psychosis.
MAZURE C.M., BOWERS M.B.,
Journal of Affective Disorders, 48 : 83-86
Chez 34 patients maniaques délirants, un taux plasmatique élevé de HVA est corrélé à l'efficacité du traitement neuroleptique. Ce résultat, superposé à des données analogues recueillies dans des états schizophréniques, confirme la dimension transnosographique de la symptomatologie psychotique.
 
Recurrence in affective disorder :
I. Case register study.
KESSING L.V. et coll., The British Journal of Psychiatry, 172 : 23-28, janvier 1998
L'utilisation d'une technique statistique d'analyse de survie (Kaplan-Meier) sur une population de plus de 20 000 sujets hospitalisés pour trouble de l'humeur entre 1971 et 1993 au Danemark montre que le risque de récidive augmente à chaque nouvel épisode, que ce soit dans les évolutions bipolaires ou dans les évolutions non bipolaires, même si dans ce dernier cas de figure, l'accélération évolutive est plus lente.
 
Recurrence in affective disorder :
II. Effect of age and gender.
KESSING L.V., The British Journal of Psychiatry,
172 : 29-34, janvier 1998
La même population, examinée sous l'angle d'autres facteurs de risque que sont l'âge et le sexe. Même réponse globale, le risque de récurrence augmente avec les épisodes, quel que soit l'âge ou le sexe. tout ce qu'on peut retenir de ces travaux statistiques complexes est la pauvreté des résultats, et la nécessité de prendre en compte le nombre d'épisodes pour évaluer l'effet d'autres variables cliniques ou épidémiologiques sur l'évolution des troubles récurrents.
 
 
PSYCHO-IMMUNOLOGIE
 
Immunophenotypic studies on atypical lymphtocytes in psychiatric patients.
KOKAI M. et coll., Psychiatry Research,
77 : 105-112, février 1998
L'utilisation d'un microscope à contraste de phase couplée à une technique d'immunofluorescence permet à cette équipe japonaise d'étudier les lymphoblastes atypiques chez des schizophrènes, des témoins et des sujets souffrant de troubles de l'humeur., pour montrer que ces lymphocytes atypiques sont plus fréquents chez les schizophrènes, ainsi que chez les dysthymiques, que chez les témoins.
 
Immune markers in fibromyalgia :
a comparison with major depressed patients and normal volunteers.
BONACCORSO S. et coll., Journal of Affective Disorders,
48 : 75-82, février 1998
Cette comparaison de 14 patients souffrant de fibromyalgie (affection rhumatismale douloureuse s'accompagnant de fatigue chronique et de symptômes dépressifs), de 10 déprimés et de témoins montre que les fibromyalgiques ne se différencient guère des témoins pour ce qui est de la sécrétion urinaire de néoptérine, contrairement aux déprimés. (la néoptérine étant considérée comme un marqueur d'activation du système immunitaire contemporaine de la dépression). Donc pas d'activation immunitaire dans la fibromyalgie, contrairement à la dépression.
 
Modulation of immune cell-function following fluoxetine administration in rats.
PELLEGRINO TC, BAYER BM. Pharmacology Biochemistry
and Behavior 1997 ; 59 (1) : 151-157.
Étude des effets de la fluoxétine sur les fonctions immunitaires chez le rat. En aigu, diminution progressive et dose-dépendante de la prolifération lymphocytaire induite par les mitogènes, et de l'activité cytolytique des cellules NK (natural killer). Les effets disparaissent en chronique. Les effets aigus sont obtenus aussi bien par injection centrale que périphérique de la molécule, suggérant que les effets immunitaires observés pourraient avoir une origine centrale. Le fait que les effets ne surviennent qu'en aigu font penser qu'ils n'ont aucun rapport avec l'effet thérapeutique de la fluoxétine (mais peut-être avec quelques effets indésirables ?).
 
The antidepressant fluvoxamine increases natural-killer cell counts in cancer patients.
BALLIN A, GERSHON V, TANAY A, et coll. Israel Journal of Medical Sciences 1997 ; 33 : 720-723.
Traitement de 10 patients cancéreux par un IRS, la fluvoxamine. Tous présentaient des symptômes dépressifs avant traitement. La moitié ont été améliorés par l'IRS. Mais l'intérêt de l'étude vient surtout de ce que l'amélioration clinique des patients a pu être corrélée à l'augmentation des cellules immunitaires tueuses (cellules NK), alors que ces cellules NK ont diminué chez les patients non améliorés par l'IRS. Autrement dit, l'amélioration clinique des patients cancéreux déprimés sous un IRS va de pair avec une augmentation de leurs défenses immunitaires.
 
 
PSYCHOMÉTRIE
 
Fava's anger attacks questionnaire : evaluation of the french version in depressed patients
MORAND P. et coll, European Psychiatry, 13 : 1, 41-45
Reproduction en France, chez une population de 103 sujets déprimés, des résultats publiés par Fava et coll sur l'incidence et l'évolution sous traitement des crises de colère. Ici, ces états sont retrouvés chez 46,7 % des patients, et sont améliorés, tout comme la symptomatologie dépressive, en quelques semaines de traitement par antidépresseurs sérotoninergiques.
 
Confirmatory factor analysis of the
Beck Anxiety and Depression Inventories
in patients with major depression.
ENNS M.W. et coll., Journal of Affective Disorders,
47 : 195 - 200, janvier 1998
Les inventaires de dépression et d'anxiété de Beck semblent se recouper, mesurant en fait une sorte de facteur commun reflétant les affects négatifs chez les patients déprimés auprès desquels ils ont été testés.
 
Calgary depression scale for schizophrenia :
a study of the validity of a
french-language version in a population
of schizophrenic patients.
BERNARD D. et coll., Acta Psychiatrica Scandinavica,
97 : 36-41, janvier 1998
Validation d'une version Française de l'échelle de dépression de Calgary, adaptée à l'évaluation de la pathologie dépressive chez les schizophrènes.
 
 
PSYCHOTHÉRAPIE
 
Electroencephalographic sleep profiles
before and after cognitive behavior therapy of depression.
THASE M.E. et coll., Archives of General Psychiatry,
55 : 138-144, février 1998
Cette évaluation des paramètres électroencéphalo-graphiques du sommeil des déprimés avant et après traitement cognitivo-comportemental confirme des données obtenues dans d'autres contextes thérapeutiques pharmacologiques : certaines caractéristiques telles que la diminution de la latence du sommeil paradoxal, la diminution du rapport de sommeil delta paraissent stables et indépendantes de l'état clinique, d'autres réagissent favorablement au traitement, comme la densité du sommeil paradoxal.
 
 
SECONDS MESSAGERS
 
Intracellular phosphatidylinositol pathway abnormalities in bipolar disorder patients.
SOARES J.C., MALLINGER A.G.,
Psychopharmacology Bulletin, 33 : 685-692, 1997
Revue des arguments qui suggèrent un dysfonctionnement des phosphatidyl-inositols dans la physiopathologie du trouble bipolaire. Un certain nombre de données pointent vers une hyperactivité de cette voie de la transduction des signaux cellulaires, contemporaine de la phase d'exaltation maniaque.
 
 
SISMOTHÉRAPIE
 
ECT in Texas : 19 months
of mandatory reporting
REID W.H. et coll, Journal of Clinical Psychiatry
59 : 8-13, janvier 1998
Le recensement obligatoire de toutes les cures éléctroconvulsivothérapiques au Texas depuis septembre 1993 montre surtout la disparité d'utilisation de ce traitement sur le territoire de l'état, nombre de sujets qui auraient pu et du en bénéficier n'y ayant pas accès. Les plus « favorisés » sont les blancs traités en secteur privé. Pas de révélations fracassantes sur le traitement lui même, qui apparaît sûr et très efficace.
 
Crises comitiales indésirables après électoconvulsivothérapie. Étude cas-témoins et revue des données de la littérature
GLENISSON L. et coll., L'Encéphale, XXIV : 1-8, janvier-février 1998
Les crises convulsives indésirables post-ECT sont rarissimes, si l'on en croit cette recherche effectuée dans la littérature des 50 dernières années, qui n'en a retrouvé que 27, survenues chez 24 individus. Les possibles facteurs favorisants seraient l'existence d'antécédents comitiaux, et certaines interactions pharmacologiques (lithium, théophyline, sevrage d'anticonvulsivants). Une étude cas témoins permet d'en décrire trois cas cliniques. La poursuite du traitement est possible, sous couverture anticomitiale.
 
Prolactin response to electroconvulsive therapy : effects of electrode placement and stimulus dosage.
LISANBY S.H. et coll., Biological Psychiatry,
43 : 146-155, janvier 1998
La réponse prolactinémique aux électrochocs peut refléter le retentissement diencéphalique de ce traitement. Et chez ces 79 patients randomisés entre électrochocs bilatéraux et unilatéraux, à haute énergie (2,5 fois le seuil convulsif) ou à faible énergie (juste au dessus du seuil), on constate bien des différences de retentissement diencéphalique, le delta-prolactine étant plus important dans les chocs unilatéraux, ainsi que dans les chocs à haute énergie. Mais il n'y a pas de corrélation avec la qualité du résultat clinique.
 
ECT, research, and professional ambivalence.
SALZMAN C., The American Journal of Psychiatry,
155 : 1 - 2, janvier 1998
Éditorial sur le paradoxe actuel de l'ECT aux États-Unis : traitement notoirement efficace dans les cas les plus sérieux, il souffre encore d'une image si négative en dépit des progrès techniques qu'il n'est pas uniformément disponible sur le territoire américain. Qui plus est, il ne donne lieu qu'à de trop rares études cliniques ou biologiques. Rassurons nos amis américains, c'est pire en France.
 
Cost and benefit in the choice
of ECT schedule. Twice versus
three times weekly ECT.
SHAPIRA B et coll., The British Journal of Psychiatry,
172 : 44-48, janvier 1998
Que choisir ? Deux, ou trois séances d'électrochocs par semaine ? Apparemment, dans les cas simples, deux suffisent... Si l'on a des raisons cliniques de vouloir agir plus vite, on peut recourir à trois séances par semaine, en sachant alors que les troubles cognitifs (mnésiques) seront plus importants.
 
Preliminary evidence for a beneficial effect of low-frequency, repetitive transcranial magnetic stimulation in patients with major depression and schizophrenia.
FEINSOD M, KREININ B, CHISTYAKOV A, KLEIN E. Depression and Anxiety 1998 ; 7 : 65-68.
Nouvelle démonstration d'un effet bénéfique de la stimulation magnétique transcraniale dans les troubles mentaux. Traitement de 10 sessions pendant 2 semaines (1 200 stimulations, toutes du cortex frontal droit). Un effet antidépresseur significatif a été observé chez 7 des 14 déprimés traités, et un effet anxiolytique chez 7 des 10 schizophrènes traités (aucun effet sur les symptômes psychotiques). Mais les 3/4 des patients avaient un traitement concomitant dont la nature n'est pas mentionnée par les auteurs. Difficile, donc, d'être convaincu.
 
 
SOMMEIL
 
Controlled comparison of
electrophysiological sleep in families of probands with unipolar depression.
GILES D.E. et coll, The American Journal of Psychiatry,
155 : 192-199, février 1998
Les parents et fratries (n=252) de 64 sujets déprimés sont évalués au cours de trois nuits d'enregistrement polysomnographique. On constate ainsi que les stigmates classiques de dépression (réduction de la latence du sommeil paradoxal, diminution du sommeil lent profond) sont familiaux, et peuvent précéder l'apparition de l'expression clinique de la dépression.
 
The dexamethasone suppression test
and sleep electroencephalogram in
nonbipolar major depressed inpatients :
a multivariate analysis.
HUBAIN P.P., et coll., Biological Psychiatry,
43 : 220-229, février 1998
Le test à la dexamethasone est positif chez 40 % d'une population de 300 déprimés, et les niveaux plasmatiques de cortisol après dexamethasone sont corrélés avec la perte de poids, le score de l'échelle de Newcastle, le pourcentage d'éveils nocturnes et de stade I de sommeil, et inversement avec la quantité de sommeil lent profond. Tout ceci renvoie à un hyperéveil avec hyperactivité sympathique.
 
Repeated sleep deprivation once versus twice a week in combination with amitriptyline.
KUHS H. et coll., Journal of Affective Disorders,
47 : 97-104, janvier 1998
Associée à un traitement par amytriptyline, l'agrypnie n'est pas plus efficace dans la dépression à forte (2 séances par semaine) qu'à faible dose (une séance par semaine).
Effects of a tryptophan-free amino acid
drink challenge on normal human sleep electroencephalogram and mood.
BHATTI T. et coll., Biological Psychiatry,
43 : 52-59, janvier 1998
L'administration d'une boisson provoquant une déplétion en tryptophane à des volontaires sains entraîne quelques impressions de confusion, de tension et une diminution de la sensation physiologique de bien-être et de sociabilité. Mais surtout, l'effet sur le sommeil ressemble fort à ce qui s'observe dans la dépression : diminution de la latence du sommeil paradoxal, augmentation de la quantité de sommeil paradoxal.
 
Effects of tryptophan depletion in
drug-free depressed patients who responded
on total sleep deprivation.
NEUMEISTER A. et coll., Archives of General Psychiatry,
55 : 167-172, février 1998
On pense souvent que la privation de sommeil est antidépressive par le biais d'un mécanisme sérotoninergique. Ce n'est pas si simple, puisque la déplétion en tryptophane ne supprime pas l'effet antidépresseur d'une nuit de sommeil. De façon inattendue pourtant, la déplétion en tryptophane empêche le phénomène de rebond dépressif observé chez les témoins après la nuit de sommeil réparateur.
 
 
SUICIDE
 
Suicidality and aggressive behaviour.
CASTROGIOVANNI P. et coll., Acta Psychiatrica Scandinavica, 97 : 144-148, février 1998
C'est un lieu commun que de lier la suicidalité à la dimension agressive. Ces auteurs italiens ont voulu vérifier ce lien chez des sujets déprimés, à l'aide du questionnaire d'hostilité de Buss et Durkee. Les résultats sont mitigés, le lien entre suicidalité et agressivité ne semblant pas direct, mais la population étudiée n'est pas non plus directement suicidaire...
 
Interaction of affective and
cognitive impariments in the suicidal state :
a brief elaboration.
MENDONCA J.D., HOLDEN R.R., Acta Psychiatrica Scandinavica, 97 : 149-152, février 1998
La confrontation de 97 sujets suicidants avec un certain nombre d'échelles de désespoir, de dépression, d'idéation suicidaire ainsi que certains facteurs de l'HSCL, permet de penser que c'est la synergie entre le désespoir et un trouble de la pensée particulier fait de vide mental et d'une difficulté à se concentrer et à contrôler sa pensée qui confère aux préparatifs suicidaires un caractère particulièrement inquiétant.
 
Smoking and suicidality among
psychiatric patients.
TANSKANEN A. et coll., The American Journal of Psychiatry, 155 : 129-130, janvier 1998
Voila une étude finlandaise portant sur les 1 217 patients de l'hôpital Universitaire de Kuopo, qui trouve une très nette association entre le tabagisme et les antécédents ou l'idéation suicidaires. la nature de cette association reste conjecturale (stress ? alcool ? dépression ? effet direct ? aucun rapport ?).
 
[3H] imipramine binding in brain samples frome depressed suicides and controls : 5-HT uptake sites compared with sites defined by desmethylimipramine.
LAWRENCE K.M. et coll., Journal of Affective Disorders,
47 : 105-112, janvier 1998
Pas de différence nette entre les sites de liaison de l'imipramine (liés ou non au site de recaptage de la sérotonine) dans des prélèvement de tissu cérébral de sujets déprimés décédés de suicide, comparés aux contrôles, sauf au niveau du putamen, mais est-ce pertinent ?
 
A closer look at inpatient suicide.
SHARMA V. et coll., Journal of Affective Disorders,
47 : 123-130, janvier 1998
L'examen des dossiers des 44 patients décédés de suicide dans cet hôpital psychiatrique de l'état de l'Ontario révèle une fréquence particulière de troubles de l'humeur, d'antécédents familiaux psychiatriques, de tentatives de suicide. Le risque suicidaire était identifié et transcrit sur les observations, et l'on avait souvent observé une évolution clinique rapidement fluctuante avant l'hospitalisation, ce qui amène les auteurs à se poser la question du rôle des antidépresseurs dans cette instabilité thymique.
 
Characteristics of suicidal attempts in major depression versus adjustement reactions.
POLYAKOVA J. et coll., Journal of Affective Disorders,
47 : 159-168, janvier 1998
Quelques éléments de différence entre les tentatives de suicide des déprimés et celles de sujets s'inscrivant dans un trouble de l'adaptation (made in Russia) : Les sujets présentant un trouble de l'adaptation ont un milieu social moins favorable, et sont plus souvent célibataires. L'enfance malheureuse (instabilité parentale, décès des parents, maltraitance) est plus fréquente chez les « réactionnels », mais non négligeable chez les déprimés. Pas de différence dans les méthodes de suicide, mais trois fois plus d'alcool dans les troubles de l'adaptation.
 
Parasuicide and mental disorders.
FERREIRA DE CASTRO E. et coll., Acta Psychiatrica Scandinavica, 97 : 25-31, janvier 1998
Le geste suicidaire avait-il une intention réellement létale ? Telle est la question qui permet de dresser un profil des suicidants à risque, et qui trouve une fréquence plus élevée de dépressions, de dépendance alcoolique et de troubles schizophréniques dans le groupe de ceux qui avaient une intention de mort. Dans ce groupe, on trouve aussi plus de troubles de la personnalité, notamment d'états limites.
 
Menstrual cycle and profiles of suicidal behaviour.
BACA-GARCIA E. et coll., Acta Psychiatrica Scandinavica,
97 : 32-35, janvier 1998
Cette étude espagnole suggère une fréquence particulière de tentatives de suicides dans la période des règles ainsi que dans la période prémenstruelle.
 
 
SUJET ÂGÉ
 
Two-year outcome of psychotic depression
in late life.
FLINT A.J., RIFAT S.L., The American Journal of Psychiatry, 155 : 178-183, février 1998
La mélancolie délirante a un pronostic plus fâcheux que la dépression non psychotique, chez la personne âgée. Ce n'est pas une surprise. Mais cette étude qui montre une plus grande fréquence de récidives et de rechutes chez des délirants que chez des non délirants, malgré le maintien de traitements antidépresseurs administrés dans les règles de l'art, pose la question de la thérapeutique à mettre en œuvre dans ce type de pathologie grave. Ne serait-ce pas là l'indication aux ECT d'entretien ?
 
Outcomes for antidepressant trials
in late-life depression.
MYERES B.S., BRUCE M.L., Psychopharmacology Bulletin,
33 : 701-706, 1997
Les essais thérapeutiques d'antidépresseurs chez les sujets âgés se calquent trop souvent sur les essais de l'adulte jeune en bonne santé, alors même que la population à qui ces traitements seront appliqués souffrent bien souvent de nombreuses affections comorbides, elles même influencées par la dépression.
Characteristics of fluoxetine versus placebo responders in a randomized trial of geriatric depression.
ACKERMAN D.L. et coll., Psychopharmacology Bulletin,
33 : 707-714, 1997
Peut on prédire qui répondra au placebo et qui au produit actif ? Pas sur une base individuelle, car dans cette étude impliquant 671 sujets âgés déprimés traités par fluoxétine contre placebo, il 'y a pas grande différence de profil clinique des répondeurs des deux groupes.
 
Low-level serum anticholinergigicity as a source of baseline cognitive heterogeneity in geriatric depressed patients.
NEBES R.D. et coll., Psychopharmacology Bulletin,
33 : 715-720, 1997
Bonne idée, que de mesurer le niveau anticholinergique de patients âgés polymédiqués, avant tout traitement antidépresseur. Simultanément, un test d'apprentissage verbal est administré à ces 36 sujets, et l'on constate que ceux d'entre eux qui ont une activité anticholinergique nulle ont de meilleures performances mnésiques que ceux qui ont une activité détectable, même faible.
 
 
THÉRAPEUTIQUE
 
Antidepressant overdoses and resultant emergency department services : the impact of SSRIs.
STONES S.C. et coll., Psychopharmacology Bulletin,
33 : 667 -670, 1997
Ce bilan de l'activité d'un service de réanimation (262 tentatives de suicide comportant une ingestion massive d'antidépresseurs) confirme, malgré quelques réserves liées à l'inconnue des poly-intoxications, que les IRS sont moins toxiques, nécessitent moins de transferts en soins intensifs que les antidépresseurs des générations antérieures.
 
Should anxiety and insomnia influence antidepressant selection : a randomized comparison of fluoxetine and imipramine.
SIMON G.E. et coll., The Journal of Clinical Psychiatry,
59 : 49-55, février 1997
Contrairement à ce qui est parfois mis en avant, la symptomatologie anxieuse ou insomniaque initiale est de peu d'importance ou de pertinence dans le choix et l'efficacité de telle ou telle thérapeutique antidépressive. C'est en tout cas ce qui ressort de cette étude comparant imipramine et fluoxétine chez 336 sujets déprimés ambulatoires.
Efficacy of once-daily venlafaxine
extended release (XR) for symptoms of
anxiety in depressed outpatients.
FEIGHNER J.P. et coll., Journal of Affective Disorders,
47 : 55-62, janvier 1998
La forme retard de venlafaxine semble efficace dans le traitement des symptômes d'anxiété associés à la dépression. Relecture d'études publiées ailleurs, pour les besoins de la stratégie de positionnement de la molécule.
 
A protocol for the pharmacologic
treatment of major depression. A filed test
of a potential prototype.
HAWLEY C.J. et coll., Journal of Affective Disorders,
47 : 87-96, janvier 1998
Construction d'un algorithme de traitement pharmacologique du trouble dépressif majeur. Les plus malchanceux passent de la paroxétine à la lofépramine puis à l'association de l'un (ou l'autre) avec le lithium, le tout durant 24 semaines. Testé auprès de 143 patients sur 18 mois, ce protocole s'avère peu performant, n'améliorant que 40 % des patients.
 
Does the chronological relationship
between the onset of dysthymia and major depression influence subsequent response
to antidepressants ?
LEVITT A.J. et coll., Journal of Affective Disorders,
47 : 169- 176, janvier 1998
Les sujets dont la dysthymie est secondaire à un premier épisode majeur (dysthymies résiduelles) répondent moins bien aux antidépresseurs que ceux dont la dépression majeure s'inscrit sur une dysthymie préexistante.
 
Social functioning and residual symptomatology among outpatients who responded to treatment and recovered
from major depression.
AGOSTI V., STEWART J.W., Journal of Affective Disorders, 47 : 207 - 210, janvier 1998
Voilà enfin une étude optimiste, face à la morosité ambiante des idées sur la dépression. Six mois après la guérison de leur épisode, des sujets dépressifs retrouvent un fonctionnement psychosocial et un niveau symptomatique résiduel analogue à celui d'un groupe contrôle.
 
Imipramine treatment of
opiate-dependent patients with depressive disorders : a placebo-controlled trial.
NUNES E.V. et coll., Archives of General Psychiatry,
55 : 153-160, février 1998
Les toxicomanes sous méthadone, lorsqu'ils sont déprimés, répondent positivement (et significativement plus que sous placebo) à l'imipramine. On constate aussi un effet favorable quoique moins convaincant, sur les comportements d'appétence toxique.
 
Fluoxetine gradually increases [I-125] DOI-labeled 5-HT2A/2C receptors in the hypothalamus without changing the levels of G (q)-protein and G (11)-protein.
LI Q, MUMA NA, BATTAGLIA G, VANDERKAR LD.
Brain Research 1997 ; 775 (1-2) : 225-228.
Étude neurobiologique pure et dure, mais intéressante parce qu'elle montre que la fluoxétine a une action sélective sur les récepteurs 5-HT2 de l'hypothalamus (et dans aucune autre région du cerveau). Elle produit un effet d'hypersensibilisation progressive des récepteurs
5-HT2. On ne sait pas si cela a un rapport avec son effet antidépresseur, mais cela s'ajoute à la liste de plus en plus longue des effets sélectifs des antidépresseurs et des thymostabilisateurs sur l'hypothalamus, et apporte des arguments aux hypothèses hypothalamiques des troubles bipolaires (même si, pour certains auteurs, l'hypersensibilité 5-HT2 dans l'hypothalamus serait surtout responsable des effets indésirables sexuels).
 
Utilisation patterns of tricyclic antidepressants in a multidisciplinary Pain Clinic - A survey.
RICHEIMER SH, BAJWA ZH, KAHRAMAN SS.
Clinical Journal of Pain 1997 ; 13 : 324-329
Étude rétrospective des dossiers de 1 145 patients suivis dans une clinique spécialisée dans le traitement de la douleur. Un quart des patients a reçu des antidépresseurs. Parmi eux, les 3/4 avaient des doses franchement infra-thérapeutiques, et seulement 12 % des doses considérées comme thérapeutiques (équivalentes à 150 mg d'amitriptyline, l'antidépresseur le plus souvent utilisé). L'efficacité antalgique souvent observée avec les antidépresseurs à des doses considérées comme infra-thérapeutiques dans le traitement de la dépression, fait penser que l'effet analgésique est obtenu par un mécanisme différent de l'effet antidépresseur.
 
A novel effect of nicotine on mood and sleep
in major depression.
SALINPASCUAL RJ, DRUCKERCOLIN R.
Neuroreport 1998 ; 9 : 57-60.
Étude des effets de la nicotine sur le sommeil et la dépression. Comparaison des effets d'un patch de nicotine entre 6 déprimés non fumeurs et 6 contrôles sains. La nicotine a augmenté la durée du sommeil paradoxal aussi bien chez les déprimés que chez les contrôles. Et elle a diminué les scores de dépression de 44 % à l'échelle de Hamilton chez les déprimés. Les patchs de nicotine pourraient donc avoir un effet antidépresseur, et, sur le plan physiopathologique, cela relance la vieille hypothèse cholinergique de la dépression.
 
 
TROUBLE BIPOLAIRE
 
Lithium plus valproate as maintenance polypharmacy for patients with bipolar I disorder : a review.
SOLOMON D.A. et coll., Journal of Clinical Psychopharmacology, 18 : 38 - 49, février 1998
L'association de lithium et de valproate dans la prévention des récidives bipolaires est prometteuse, puisque chaque molécule a fait la preuve de son efficacité, et que leurs caractéristiques pharmacodynamiques et pharmacocinétiques ne sont pas antagonistes et pourraient même être complémentaires. Mais cette revue de la littérature montre qu'aucune démonstration convaincante n'est encore venu étayer cet espoir d'une efficacité renforcée.
 
A factor analysis of the signs
and symptoms of mania
CASSIDY F. et coll, Archives of General Psychiatry
55 : 27-32, janvier 1998
Une analyse en composantes principales des symptômes recueillis chez 204 patients maniaques et 33 mixtes retrouve cinq facteurs : le plus important est le facteur dysphorique associant humeur dépressive, labilité, culpabilité, angoisse, idéation suicidaire. Les autres facteurs sont l'accélération, la psychose, l'hyper-hédonie, l'agressivité/irritabilité.
 
Treatment algorithm use to optimize management of symptomatic patients with a history of mania.
SUPPES T. et coll., The Journal of Clinical Psychiatry,
59 : 89-96, février 1998
Mise à l'épreuve d'un algorithme de rationalisation thérapeutique du trouble bipolaire à une petite population de 28 sujets bipolaires maniaques, de type 1 pour la majorité d'entre eux. D'abord un mois de lithium, auquel on ajoutera un antipsychotique ou un thymorégulateur selon l'existence d'une instabilité thymique ou d'une symptomatologie psychotique. A chaque étape, une optimisation pharmacocinétique est définie.
DÉPRESSION N°14 Septembre/Décembre 1998