TROUBLES DE LA PERSONNALITÉ ET DYSTHYMIE : DONNÉES RÉCENTES
Fabienne Houdas
INTRODUCTION
La question des liens entre les troubles affectifs et les troubles de la personnalité a fait lobjet de nombreuses études.
Parmi celles-ci, les études concernant les relations entre la dysthymie et les troubles de la personnalité sont sans doute celles qui soulèvent le plus de questions étant donné les fortes intrications entre ces deux entités.
De nombreux auteurs se sont interrogés sur la nature même du trouble dysthymique, élément central à préciser avant de sinterroger sur une quelconque association.
Le statut nosologique de la dysthymie peut encore susciter des questions, même si le DSM-III, après avoir introduit ce terme pour remplacer celui de dépression névrotique, a résolu le problème en le classant parmi les troubles de lhumeur, ce qui a été reconduit dans le DSM-III-R et le DSM-IV. Cependant il y a des auteurs pour lesquels la dysthymie relèverait davantage des troubles de la personnalité que des troubles de lhumeur.
Sur le plan historique, repris dans larticle de Kocsis et Frances en 1987, les états dépressifs chroniques dintensité moyenne ont dabord été considérés comme des formes atténuées de la maladie maniaco-dépressive typique (le tempérament dépressif de Kraepelin). Dans le DSM-II, ils ont été considérés comme appartenant soit aux dépressions névrotiques, soit aux troubles de la personnalité (personnalité cyclothymique).
De même, en 1983, Akiskal classe les dysthymies de survenue précoce (early-onset characterologic depressions) en deux types :
- un type subaffectif (subaffective dysthymic disorder), caractérisé par une réponse positive au traitement médicamenteux par antidépresseur tricyclique et/ou lithium, et le plus souvent des antécédents familiaux unipolaires ou bipolaires ainsi quune latence REM courte (comme dans les états dépressifs typiques), et
- un type lié aux troubles du caractère (character-spectrum disorders), caractérisé par son absence de réponse aux traitements médicamenteux des troubles affectifs, ainsi que par des antécédents familiaux sans trouble affectif typique et une latence REM normale.
Dautre part le DSM-III, bien quathéorique dans son principe, soutient malgré lui lhypothèse que la dysthymie appartient aux troubles affectifs en lincluant dans cette catégorie, tout en expliquant quelle serait particulièrement associée à certains troubles de la personnalité (borderline, histrionique et dépendant).
En fait, les caractéristiques mêmes de la dysthymie telle quelle est définie dans le DSM-IV la rapprochent à la fois des troubles de lhumeur et des troubles de la personnalité. En effet, de même que les troubles de lhumeur, elle est définie par :
- une humeur dépressive (DSM-IV),
- au moins deux des symptômes suivants : perte dappétit ou hyperphagie, insomnie ou hypersomnie, baisse dénergie ou fatigue, faible estime de soi, difficultés de concentration ou difficultés à prendre des décisions, sentiment de perte despoir (DSM-IV), qui sont des symptômes dépressifs classiques.
Il y a également une survenue fréquente dépisodes dépressifs majeurs surajoutés au décours de lévolution dun état dysthymique et les patients dysthymiques ont souvent une réponse thérapeutique favorable sous traitement antidépresseur.
Cependant, à linstar des troubles de la personnalité, la dysthymie se définit également par un état chronique, car lhumeur dépressive doit être présente pratiquement toute la journée, plus dun jour sur deux pendant au moins deux ans avec au cours de ces deux ans absence de périodes de plus de deux mois consécutifs sans les symptômes cités ci-dessus (DSM-IV).
Lévolution est le plus souvent insidieuse (aucun épisode dépressif majeur présent au cours des deux premières années de la perturbation thymique (DSM-IV) et la survenue le plus souvent précoce, cest-à-dire avant lâge de vingt-et-un ans selon la définition du DSM-IV.
Les études présentées dans cet article se basent sur les classifications du DSM-III, DSM-III-R ou du DSM-IV, cest-à-dire classent la dysthymie parmi les troubles de lhumeur (Axe I) et les troubles de la personnalité sur un axe différent (Axe II).
COMORBIDITÉ : DONNÉES EPIDÉMIOLOGIQUES
Les quatorze études antérieures à 1995 publiées à ce sujet ont fourni des résultats contradictoires. Dans huit de ces études, on a retrouvé des taux de troubles de la personnalité plus élevés chez les dysthymiques. Par contre, dans six autres, il na été trouvé aucune différence entre les taux des troubles de la personnalité chez les sujets dysthymiques et les sujets normaux. Ces études ont fourni des taux globaux de troubles de la personnalité très variables chez les sujets dysthymiques, avec des résultats allant de 15 à 85 %. Le type de trouble de la personnalité le plus fréquemment retrouvé chez les patients dysthymiques était également variable dune étude à lautre. Cependant, ces études comportaient des limitations méthodologiques qui en altèrent la fiabilité et les comparaisons entre elles sont difficiles, à la fois suite à des effectifs et à des groupes de comparaison différents : ainsi, dans létude de Roy et coll., on retrouve seulement onze sujets dysthymiques qui sont comparés à des sujets contrôles dits normaux, alors que dans létude de Marin et coll. les 49 sujets dysthymiques sont comparés à des sujets présentant un épisode dépressif majeur.
Lune des études les plus récentes concernant la comorbidité entre dysthymie et troubles de la personnalité est celle de Pepper et coll., datant de février 1995. Dans cette étude, les auteurs se sont attachés à diminuer de façon rigoureuse les biais méthodologiques en utilisant une double source de données et différents types de données (certaines catégorielles et dautres dimensionnelles).
Pour cela, les auteurs ont comparé deux groupes de patients :
- un groupe de 97 patients non hospitalisés présentant une dysthymie primaire dapparition précoce,
- un groupe de 45 patients non hospitalisés souffrant dun épisode dépressif majeur.
Létude sest limitée aux dysthymies à la fois primaires et dapparition précoce, parce quelles sont considérées comme la forme la plus caractéristique de la dysthymie. Dautre part, devant le problème rencontré dans les études antérieures au sujet des patients avec dépression double (cest-à-dire à la fois dysthymie et épisode dépressif majeur), les auteurs ont été conduits à mener les analyses dune part en étudiant le groupe dysthymique total, dautre part en individualisant les patients avec dysthymie pure (n=41) et dépression double (n=56) séparément. Ils ont également été amenés à faire la même comparaison avec une définition de la dépression double tenant compte également des épisodes dépressifs majeurs passés (ce qui conduira à des résultats identiques).
Les instruments de mesure utilisés ont été le SCID pour diagnostiquer les troubles de laxe I et la version révisée du Personality Disorder Examination pour les troubles de laxe II, ce dernier instrument étant utilisé à distance de lépisode dépressif pour éviter le possible retentissement dun épisode dépressif sur lévaluation de la personnalité. En effet, il a été mis clairement en évidence par Lecic-Tosevski et Divac-Jovanovic linfluence significative dun état dysthymique actuel sur lévaluation de la personnalité ; la réduction ultérieure des affects dépressifs conduisant chez plus de la moitié des patients étudiés à :
- une diminution des traits de personnalité évitante, passive-agressive, schizotypique et surtout borderline, suggérant un fonctionnement borderline de ces patients seulement lors des périodes dépressives,
- une augmentation de la dimension narcissique, reflétant lamélioration de lestime de soi, et des échelles histrionique et antisociale traduisant un changement positif de la sociabilité et de lefficacité personnelle.
Pepper et coll. ont également utilisé des informateurs extérieurs à la famille pour avoir une autre voie dévaluation des troubles de la personnalité des sujets.
Les résultats de cette étude ont montré une proportion significativement plus élevée de troubles de la personnalité chez les sujets dysthymiques par rapport aux sujets souffrant dun épisode dépressif majeur (60 % versus 18 %). Quand on les classe selon les groupes A, B ou C de laxe II, cette proportion reste significativement plus élevée pour les troubles de la personnalité du groupe B (29 % versus 0 %) et pour ceux du groupe C (26 % versus 7 %) alors quelle est non-significative pour ceux du groupe A. Les résultats significatifs en terme de troubles de la personnalité spécifiques montrent des troubles de la personnalité plus élevés chez les dysthymiques par rapport aux sujets souffrant dun épisode dépressif majeur pour les personnalités borderline, histrionique, évitante, et à conduite déchec. Ces valeurs étaient non-significatives pour les personnalités paranoïaque, dépendante, et pas autrement spécifiée. Les autres troubles de la personnalité nont pas fait lobjet danalyses statistiques étant donné que le nombre de sujets natteignait pas la valeur de six que les auteurs sétaient fixés pour poursuivre létude.
Ces analyses ont été menées en considérant le diagnostic de trouble de la personnalité positif uniquement quand tous les critères du DSM-III-R étaient présents. Des analyses menées en considérant ce diagnostic positif quand un critère de plus que le nombre limite était atteint conduisaient à un pourcentage également plus élevé pour la personnalité de type paranoïaque chez les sujets dysthymiques.
Des analyses de scores dimensionnels et non plus catégoriels des troubles de la personnalité ont montré des scores plus élevés de façon significative pour les treize troubles de la personnalités étudiés (à savoir personnalités paranoïaque, schizoïde, schizotypique, antisociale, borderline, histrionique, narcissique, évitante, dépendante, obsessionnelle-compulsive, passive-agressive, à conduite déchec, et trouble de la personnalité pas autrement spécifié) chez les sujets dysthymiques et donc une perturbation de la personnalité plus élevée dans son ensemble.
Les résultats restaient inchangés en menant des analyses de régression logistique contrôlant lintensité de la dépression actuelle mesurée par léchelle de Hamilton et contrôlant la durée de la dépression.
Les études menées en évaluant le trouble de la personnalité du sujet daprès des informateurs familiaux ont retrouvé une proportion significativement plus élevée de troubles de la personnalité dans leur ensemble chez les sujets dysthymiques, des troubles de la personnalité du groupe C et du trouble de la personnalité borderline, et des valeurs non significatives dans les autres cas.
Les études menées en comparant les troubles de la personnalité chez les patients avec dysthymie pure et dépression double nont pas montré de différence majeure entre ces deux groupes. Par contre, les deux groupes montraient une comorbidité à laxe II plus élevée de façon significative par rapport au groupe des sujets souffrant dun épisode dépressif majeur. Les découvertes obtenues à partir des informateurs, bien que rarement significatives, allaient cependant dans la même direction.
En conclusion, cette étude montre que la dysthymie, au moins dans sa forme de survenue précoce, est associée avec une comorbidité significativement plus élevée sur laxe II que les épisodes dépressifs majeurs. Soixante pour cent des patients avec dysthymie dapparition précoce avaient au moins un trouble de la personnalité sur la base des entretiens directs. Par rapport aux études antérieures, cela correspondait à létalement des valeurs précédemment citées et également au fait que des taux élevés de dysthymie sont rapportés dans beaucoup détudes concernant les patients avec un trouble de la personnalité, et particulièrement les patients borderline. Il est à noter que dans cette étude il y a peu de probabilité pour que les résultats en terme de troubles de la personnalité soient dûs aux effets de létat dhumeur actuel, car ils ont été confirmés par les évaluateurs indépendants, et ces études ont trouvé des résultats identiques après avoir contrôlé le niveau de dépression.
De la même manière, lanalyse de données retrouve des résultats identiques en éliminant les critères de troubles de la personnalité qui auraient pu par erreur être considérés comme présents si le patient est dysthymique (par exemple, pour la personnalité de type borderline, les critères : sentiment chronique de vide, répétition de comportements, de gestes ou de menaces suicidaires, instabilité affective due à une réactivité marquée de lhumeur (DSM-IV).
MODELES EXPLICATIFS : DONNÉES FAMILIALES
Les données épidémiologiques à partir desquelles les auteurs ont tenté dapporter une réponse étiopathogénique à limportance de la comorbidité entre dysthymie et troubles de la personnalité reposent essentiellement sur le modèle des études familiales.
Létude la plus récente dans ce domaine est celle de Klein et coll., parue en Juin 1995. Elle a été précédée de quatre études aux résultats peu consistants et qui présentaient plusieurs biais méthodologiques. En particulier ces études ne menaient pas dentretien personnel avec les membres de la famille et sappuyaient généralement sur le patient lui-même pour préciser les antécédents familiaux, elles nutilisaient pas de modèles dentretien fiables pour rechercher les pathologies des membres de la famille, comportaient des échantillons de patients de faible effectif. Pour cette raison, elles apportaient peu de données fiables concernant la relation familiale entre la dysthymie et les troubles de la personnalité.
Létude de Klein et coll. a essayé de diminuer le plus possible ces biais méthodologiques, en étudiant un nombre important de patients, en sefforçant de faire préciser les antécédents familiaux directement par les membres de la famille au cours dentretiens directs, et en utilisant des questionnaires validés pour rechercher les antécédents familiaux. Dautre part, les chercheurs faisant passer les questionnaires aux membres de la famille nétaient pas informés des résultats concernant le patient et se sont efforcés dobtenir des sources dinformation multiples.
Cette étude a inclus 97 patients non hospitalisés avec diagnostic de dysthymie primaire dapparition précoce et 45 sujets contrôles. Il a été possible dinclure dans la recherche 446 membres de la famille des sujets dysthymiques et 229 membres de la famille des sujets contrôles. Comme dans beaucoup détudes dans ce domaine, les auteurs se sont à nouveau limités aux dysthymies dapparition précoce.
Il est à noter quun autre groupe de patients a été inclus dans létude. Il sagissait de patients souffrant dun épisode dépressif majeur pour lesquels la comparaison avec les patients dysthymiques en terme de comorbidité a fourni des résultats comparables à ceux présentés au paragraphe précédent. Une étude familiale incluant les proches de ces patients souffrant dun épisode dépressif majeur a également été réalisée, dont les résultats nintéressent pas cet article.
Les buts principaux des études familiales sont dexaminer les modèles daggrégation familiale afin de valider des constructions nosologiques et détablir des modèles familiaux de comorbidité. En particulier, létude familiale présentée ici devait rechercher sil y avait une augmentation des taux de troubles de la personnalité chez les membres de la famille des sujets dysthymiques comparés aux membres de la famille des sujets normaux et secondairement aux membres de la famille des sujets présentant un épisode dépressif majeur.
On a retrouvé dans cette étude une aggrégation familiale de la dysthymie parce que les membres de la famille des sujets dysthymiques avaient des taux significativement plus élevés de dysthymie que les membres de la famille des sujets avec épisode dépressif majeur et des sujets normaux.
Les résultats concernant les membres de la famille des dysthymiques en terme de fréquence des troubles de la personnalité montraient les éléments suivants :
Comparés aux membres de la famille des sujets normaux, ils avaient des taux de troubles de la personnalité plus élevés globalement, des taux plus élevés pour chacun des groupes A, B et C du DSM-III-R, et des taux plus élevés pour les dix troubles de la personnalité spécifiques qui ont été étudiés (personnalité paranoïaque, schizoïde, antisociale, borderline, histrionique, narcissique, évitante, dépendante, obsesssionnelle-compulsive, passive-agressive). Il est à noter que le nombre de sujets avec personnalité schizotypique était trop bas pour être inclus dans les analyses.
Comparés aux membres de la famille des sujets avec épisode dépressif majeur, les membres de la famille des sujets dysthymiques avaient des taux de troubles de la personnalité globalement plus élevés, des taux plus élevés pour les troubles de la personnalité du groupe B dans leur ensemble, des taux plus élevés pour la personnalité de type passive-agressive et une tendance à avoir un taux plus élevé pour la personnalité borderline.
Ces analyses ont été menées après avoir contrôlé le type dentretien, le sexe et la cohorte de naissance des membres de la famille et sont restées significatives en ce qui concerne les différences entre les membres de la famille des sujets dysthymiques et des contrôles normaux après quon ait contrôlé la comorbidité à laxe II chez les sujets. Les analyses ont été répétées en utilisant seulement les renseignements au sujet des membres de la famille obtenus par entretien direct et elles ont conduit aux mêmes résultats.
Les auteurs ont ensuite poursuivi létude après avoir divisé le groupe des sujets dysthymiques en deux, selon que ces sujets avaient ou non un antécédent de dépression majeure. Les membres de la famille des sujets dysthymiques avec et sans antécédents de dépression majeure ne différaient sur aucun des troubles de la personnalité ni sur les troubles de lhumeur. De même que pour le groupe dysthymique dans son ensemble, à la fois les membres de la famille des sujets avec et ceux des sujets dysthymiques sans antécédent de dépression majeure avaient des taux significativement plus élevés des trois groupes de troubles de la personnalité par rapport aux membres de la famille des sujets normaux. Comparés aux membres de la famille des sujets avec épisode dépressif majeur, les membres de la famille des sujets des deux sous-groupes dysthymiques avaient des taux plus élevés, que ce soit de façon significative ou non, de troubles de la personnalité en général et de troubles de la personnalité du groupe B.
La conclusion de cette étude est quil y a une aggrégation spécifique de la dysthymie dans les familles de sujets dysthymiques alors quon ne retrouve pas cette aggrégation chez les membres de la famille des sujets souffrant dun épisode dépressif majeur, ce qui confirme la spécificité nosologique de la dysthymie.
Lexistence dun taux plus élevé de troubles de la personnalité chez les membres de la famille des sujets avec épisode dépressif majeur par rapport aux membres de la famille des sujets normaux suggère que les processus sous-jacents à lassociation entre personnalité et trouble de lhumeur ne sont pas spécifiques de la dysthymie, mais valent également pour lassociation entre trouble de la personnalité et épisode dépressif majeur.
Lexistence ou non dun antécédent de dépression majeure surajoutée chez les patients dysthymiques ne jouait pas sur la présence ou non dun trouble de la personnalité.
COMORBIDITÉ : LES MODELES EN PRÉSENCE
Létude présentée au paragraphe précédent a été reprise par Riso et coll. en Juillet 1996 dans le but dexaminer de façon plus rapprochée la nature de la comorbidité entre dysthymie dapparition précoce et trouble de la personnalité afin de préciser les processus étiologique sous-jacents.
Les auteurs se sont limités à considérer les troubles de la personnalité du groupe B pour faire cette étude, parce que daprès létude précédente ces troubles de laxe II sont ceux qui distinguent le mieux les sujets dysthymiques des sujets avec épisode dépressif majeur. Une autre raison du choix de la limitation aux troubles de la personnalité du groupe B dans cette étude est liée au fait que ces troubles de la personnalité se rapprochent des traits que Akiskal a qualifiés dinstables (traits histrioniques, antisociaux, borderline et passifs-dépendants) et suggérés importants dans le sous-type caractérologique de la dysthymie.
Les sujets dysthymiques (n = 97) ont été stratifiés par la présence (n = 28) ou labsence dun trouble de la personnalité du groupe B.
Les trois groupes de sujets considérés (dysthymique avec trouble de la personnalité, dysthymiques sans trouble de la personnalité et sujets contrôles normaux) ont alors été comparés sur les taux de dysthymie avec un trouble de la personnalité du groupe B (dysthymie comorbide), dysthymie sans trouble de la personnalité du groupe B (dysthymie pure), et troubles de la personnalité du groupe B sans dysthymie (troubles purs de la personnalité du groupe B) chez les membres de leur famille.
Les auteurs ont ensuite précisé les cinq modèles de comorbidité à tester dans létude :
- 1er modèle : les processus sont indépendants. Ce modèle soutient que la dysthymie et les troubles de la personnalité du groupe B ne sont pas liés sur le plan étiologique.
- 2ème modèle : les troubles de la personnalité du groupe B sont secondaires à la dysthymie, cest-à-dire quune dépression chronique dapparition précoce pourrait perturber le développement social et émotionnel normal et conduire au développement dun trouble de la personnalité secondaire.
- 3ème modèle : la dysthymie est secondaire aux troubles de la personnalité du groupe B, cest-à-dire quun trouble de la personnalité du groupe B conduirait à des circonstances de vie instables et à un stress chronique qui provoqueraient une dépression chronique secondaire.
- 4ème modèle : modèle de lhétérogénéité. Ce modèle considère la dysthymie comme un trouble hétérogène, cest-à-dire que les sujets avec dysthymie comorbide représenteraient un sous-type lié aux troubles de la personnalité du groupe B, tandis que les sujets avec dysthymie pure représenteraient un sous-type distinct non lié aux troubles de la personnalité du groupe B.
- 5ème modèle : Modèle des facteurs étiologiques recouvrants. Selon ce modèle, il y aurait un ensemble de facteurs qui placeraient les individus à risque pour à la fois la dysthymie et les troubles de la personnalité du groupe B, augmentant la probabilité de co-occurence de ces deux troubles.
La démarche méthodologique a déjà été décrite au paragraphe précédent. Il a été possible dobtenir des renseignements sur 115 membres de la famille des sujets dysthymiques avec un trouble de la personnalité du groupe B, 331 membres de la famille des sujets dysthymique sans trouble de la personnalité du groupe B, et 229 membres de la famille des sujets jamais malades.
Les auteurs ont alors modélisé les prédictions des fréquences relatives de la dysthymie et des troubles de la personnalité du groupe B chez les membres de la famille des sujets étudiés pour les cinq modèles de comorbidité en compétition.
Le même type de prédiction statistique a été réalisé pour chaque modèle proposé.
Lanalyse des résultats a montré les faits suivants : pour les sujets avec dysthymie comorbide, les troubles de la personnalité du groupe B les plus fréquents étaient les troubles borderline (82 %), puis histrionique (50 %), puis antisocial et narcissique.
En ce qui concerne les différents taux de pathologies chez les membres de la famille, Riso et coll. ont trouvé des taux plus élevés de dysthymie pure chez les membres de la famille des sujets avec dysthymie pure et dysthymie comorbide que chez les membres de la famille des sujets jamais malades, mais les sous-groupes de sujets dysthymiques ne différaient pas les uns des autres. Il y avait également des taux plus élevés de troubles de la personnalité purs du groupe B chez les membres de la famille des sujets avec dysthymie pure et comorbide que chez les membres de la famille des sujets jamais malades. De plus, il y avait des taux plus élevés de troubles de la personnalité purs du groupe B chez les membres de la famille des sujets avec dysthymie comorbide que chez les membres de la famille des sujets avec dysthymie pure.
Les auteurs ont comparé ces résultats avec les prédictions des fréquences relatives des troubles quils avaient estimées pour chacun des modèles cités. Cette comparaison leur a permis déliminer successivement les premier, deuxième, troisième et quatrième modèles pour retenir le cinquième, cest-à-dire le modèle dun recouvrement de facteurs étiologiques. Il est à noter le fait que les membres de la famille des sujets dysthymiques sans troubles de la personnalité du groupe B avaient des taux plus élevés de troubles de la personnalité purs du groupe B, ce qui réalise un cas dit de cross-transmission et est particulièrement en faveur de ce modèle.
Dautre part, le fait que les membres de la famille des sujets dysthymiques comorbides avaient des taux significativement plus élevés de troubles de la personnalité purs du groupe B que les membres de la famille des sujets dysthymiques purs suggère que les processus étiologiques sous-jacents à la dysthymie et aux troubles de la personnalité du groupe B sont seulement partiellement recouvrants.
Ces données ont été réanalysées en remplaçant les troubles de la personnalité du groupe B par le trouble de la personnalité borderline (qui représentait dailleurs 82 % des troubles de la personnalité du groupe détude). Les résultats sont restés les mêmes et ont gardé leur caractère significatif, ce qui suggère que le modèle étiologique recouvrant a valeur non seulement pour la dysthymie et les troubles de la personnalité du groupe B en général, mais aussi pour la dysthymie et le trouble de la personnalité borderline.
Riso et coll. ont soulevé un problème lié au fait que certaines informations sur les membres de la famille ont été obtenues à partir de données indirectes. Pour éliminer ce biais, ils ont réanalysé les données en utilisant seulement les entretiens directs et les résultats nont pas été modifiés dans leur ensemble, même si les valeurs significatives étaient moins nombreuses en raison de la diminution du nombre de sujets dans léchantillon.
CONCLUSION :
Les études récentes sur la comorbidité entre la dysthymie et les troubles de la personnalité ont conclu à une fréquence plus élevée de troubles de la personnalité chez les sujets dysthymiques par rapport aux sujets souffrant dun épisode dépressif majeur. Lassociation semble plus importante pour les troubles de la personnalité du groupe B du DSM-IV. Les études familiales soutiennent le modèle de facteurs étiologiques partiellement recouvrants à lorigine de lassociation entre dysthymie et troubles de la personnalité du groupe B.
Il serait intéressant délargir les études des modèles de comorbidité aux personnalités du groupe C (et en particulier aux personnalités évitante et dépendante qui sont également retrouvées de façon fréquente chez les dysthymiques).
Les bases neurobiologiques de lassociation entre trouble dysthymique et troubles de la personnalité sont encore à établir, les études réalisées dans ce domaine restant peu approfondies et anciennes (étude de Roy et coll. en 1985, par exemple, qui sétaient intéressés aux résultat du test de suppression à la dexaméthasone et du test à la TRH de dysthymiques chez lesquels ils recherchaient des troubles de la personnalité). Il faudrait également étudier léventualité de facteurs génétiques à lorigine de lassociation.
La valeur pronostique de lassociation entre une dysthymie et un trouble de la personnalité reste également à préciser. Les études réalisées jusquici, comme celle de Garyfallos et coll., concernent généralement les états dépressifs dans leur ensemble et pas seulement les dysthymies. Elles vont dans le sens dune aggravation du pronostic (réponse moins favorable aux médicaments et à la psychothérapie) lorsquun trouble de la personnalité est associé au trouble dépressif ainsi que dune psychopathologie plus sévère de lassociation par rapport à chacun des deux troubles pris isolément. Ces faits seraient à confirmer lors détudes concernant des sujets dysthymiques pris isolément.
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La sexualité fait partie des comportements physiologiques de tout individu. Ses perturbations sont le reflet de troubles spécifiques ou bien sont secondaires à dautres pathologies ou encore sont réactionnelles à la prise de médicaments. Les maladies psychiatriques influent considérablement sur le comportement sexuel. Derrière toute relation sexuelle il existe une relation tout court qui est fréquemment perturbée par la maladie mentale. Nous en étudierons un cas particulier au travers des perturbations induites par la dépression et par les traitements antidépresseurs, thymorégulateurs et anxiolytiques.
SEXUALITÉ NORMALE ET PATHOLOGIQUE
Avant daborder les différents aspects pathologiques de la sexualité dépressive, il faut revenir un instant sur les notions de sexualité normale. La question est loin dêtre anecdotique et lanalyse de la fonction sexuelle est à la fois physiologiquement bien connue et épidémiologiquement sous-évaluée.
Dun point de vue physiologique, on décrit classiquement quatre stades à lacte sexuel (1) :
- une période de désir, caractérisée par lapparition de fantaisies imaginatives à thème sexuel, et dun désir daccomplissement de lacte ;
- vient ensuite une période dexcitation correspondant à une sensation de plaisir accompagnée de modifications physiologiques. Chez lhomme on constate une intumescence pénienne et une érection, chez la femme, une congestion vasomotrice du pelvis, un élargissement vaginal avec lubrification et une intumescence des organes génitaux externes ;
- suit la période de lorgasme qui consiste en un acmé de plaisir sexuel, accompagné de relâchement de la tension sexuelle. Chez lhomme sy ajoute une éjaculation irrépressible suivi de lémission de sperme, chez la femme des contractions de la paroi du tiers externe du vagin ;
- enfin, lacte se termine par une période de résolution avec sensation de bien-être général et de détente musculaire, associée chez lhomme à une période réfractaire.
Si un dysfonctionnement sexuel peut toucher chacune de ces étapes, il est évident que bien souvent, la perturbation isolée dune période retentit rapidement sur la totalité de lacte. Par ailleurs, si lacte est relativement standardisé, sa mise en situation dépend de nombreux critères dont létat de santé, lâge ou le sexe. Ainsi, si lon sait analyser simplement les perturbations de lacte sexuel, les troubles du comportement sexuel sont beaucoup plus mal connus. Ainsi la prévalence de limpuissance varie de 1 à 50 % selon les études ! De même, lanorgasmie affecterait de 7 à 46 % des femmes (2)... La notion de fréquence reste individuelle et tout jugement clinique doit prendre en compte le contexte ethnique, culturel et social qui peut avoir une influence tant sur le désir que sur les anticipations et les attitudes relatives à laccomplissement de lacte sexuel. On conçoit dès lors la difficulté de définir une sexualité normale, élément pourtant indispensable à la qualification dune sexualité pathologique.
SEXUALITÉ ET DÉPRESSION
La dépression est caractérisée par un certain nombre de symptômes dont un dysfonctionnement sexuel. Pourtant, on sait peu de choses sur lincidence réelle de ces troubles et sur leur physiopathologie. Ainsi, selon les études, de 50 à 90 % des déprimés souffriraient dune perte dintérêt pour les activités sexuelles, et un tiers seraient atteint de retard à léjaculation, danorgasmie ou dimpuissance (3).
En fait, si lon reprend les quatre stades, les troubles sexuels dépressifs touchent avant tout le premier, et labsence de désir, généralisée à dautres activités, retentit inévitablement sur les périodes ultérieures. Cette anhédonie dépressive rend difficile la survenue dune excitation et compromet largement la survenue dun orgasme. Par ailleurs, il faut bien évidemment rapporter ces troubles à la sexualité antérieure du patient dont la plupart des travaux ne parlent pas. En règle générale, cette baisse du désir sexuel se caractérise par labsence de fantaisies imaginatives aggravant les difficultés relationnelles du déprimé avec son entourage. Il sagit dune baisse globale, non limitée à un partenaire ou à une activité spécifique. Le patient est peu motivé dans la recherche de stimulus et éprouve peu de frustration quand il est privé de la possibilité dune activité sexuelle. La fréquence des rapports est habituellement diminuée, mais là encore, le jugement clinique doit tenir compte des caractéristiques personnelles (âge, sexe, culture) et interpersonnelles (partenaire (s), situation sociale...).
Les troubles de lexcitation et de lérection, caractérisés par une incapacité à atteindre ou à maintenir lexcitation sexuelle jusquà laccomplissement de lacte, sont moins bien précisés et souvent secondaires à labsence de désir. De même une impuissance peut renforcer le sentiment déchec du déprimé et par là même diminuer encore le désir.
Les troubles de lorgasme se définissent comme lincapacité de parvenir à lacmé de lacte sexuel, malgré une stimulation normale. Ce dysfonctionnement est souvent secondaire à la disparition du désir provoquée par la dépression.
En résumé, les troubles sexuels induits par un trouble dépressif apparaissent fréquents et souvent sous-évalués cliniquement. Ils sont rarement rapportés spontanément par les patients et peu explorés par les médecins. Ces troubles sapparentent avant tout à une baisse du désir secondairement associée à des troubles de lexcitation et de lorgasme.
SEXUALITÉ ET ANTIDÉPRESSEURS
Face à un trouble sexuel survenant chez un malade psychiatrique traité, létiologie du dysfonctionnement peut être particulièrement difficile à préciser. Celui-ci peut être dû à la maladie, au traitement psychotrope, à une cause organique associée ou à un traitement non psychotrope associé.
Lincidence des troubles sexuels secondaires à la prise dantidépresseurs est peu connue, en raison de labsence détudes contrôlées sur le sujet. La plupart des protocoles dessai thérapeutique comportent bien une évaluation deffets secondaires sexuels, mais sans grande précision et sans référence au comportement sexuel antérieur du patient. Aussi, seule la publication de cas cliniques permet dévaluer la nature et lincidence de ces troubles, avec les limites méthodologiques associées à ces recueils.
Sexualité et antidépresseurs IMAO
Ces antidépresseurs étant peu utilisés compte-tenu de leurs effets secondaires cardio-vasculaires, les données concernant les répercutions sur la fonction sexuelle sont rares. Ainsi quelques auteurs (4) rapportent de troubles de lérection, mais dautres retrouvent un effet positif sur léjaculation précoce (5). En ce qui concerne les IMAO partiels, des publications ont fait état dune amélioration de troubles sexuels antérieurs.
Sexualité et antidépresseurs tricycliques
Les publications concernant les antidépresseurs dit tricycliques sont plus nombreuses. La plupart des effets rapportés sont liés soit à leur activité nora-drénergique ou cholinergique. Chez lanimal, les agonistes noradrénergiques stimulent lactivité sexuelle au niveau central, mais au niveau périphérique, les régulations alpha et bêta interagissent de façon complexe sur lérection et léjaculation. En ce qui concerne lacétylcholine, la stimulation des récepteurs muscariniques ou nicotiniques centraux favorisent lactivité sexuelle, alors quen périphérie, ladministration dantagonistes de type atropinique inhibe le comportement sexuel. Ces données concernent essentiellement lexpérimentation animale et il faut se garder dextrapolations rapides à lhomme. Ainsi, une substance peut déprimer le comportement sexuel dune espèce et ne pas avoir deffet sur une autre.
Pour en revenir aux conséquences de lutilisation des imipraminiques chez lhomme, des troubles sexuels secondaires surviendraient dans 5 à 10 % des cas. Il sagirait dune baisse du désir dans 3 % des cas et de troubles de léjaculation pour 2 % des patients déprimés (6). Avec lamitriptyline, on constate un retard à léjaculation et une anorgasmie dans près de 70 % des cas. La survenue des troubles se fait deux à trois jours après la mise en route du traitement, et ils disparaissent dans les mêmes délais après larrêt de lantidépresseur.
Sexualité et sérotoninergiques
Le rôle de la sérotonine dans le comportement sexuel est en opposition avec celui de la dopamine. Tout ce qui favorise le fonctionnement sérotoninergique va dans le sens dune inhibition du comportement sexuel. Ainsi, ladministration de 5HTP (5-hydroxytryptophane) ou dagonistes sérotoninergiques perturbe les différentes phases de la copulation animale. La sérotonine aurait un rôle de modulation centrale des informations sensorielles en provenance de la périphérie.
On comprend dès lors limportance des troubles sexuels, estimés entre 10 et 30 %, avec les inhibiteurs de la recapture de la sérotonine. Il sagit principalement de trouble de lexcitation à type de retard ou dabsence déjaculation, de baisse du désir ou danorgasmie (7). Là encore, lapparition se fait en début de traitement, sauf avec la fluoxétine. Avec cette molécule à demi-vie longue, les effets secondaires apparaissent deux à trois mois après linstauration du traitement et cèdent dans les mêmes délais à larrêt.
La réduction des posologies, le changement de classe pharmacologique permettent de réduire ces effets. Lassociation de correcteurs est également possible. La cyproheptadine et la yohimbine sont les deux produits les plus utilisés. Ils ne sont malheureusement pas dépourvus deffets secondaires et limiteraient laction antidépressive des sérotoninergiques.
Enfin, il faut aussi mentionner des effets paradoxaux rapportés avec ces molécules, et notamment la survenue dorgasmes spontanés à loccasion de bâillement ou déternuement.
Sexualité et autres antidépresseurs
Les données concernant les autres antidépresseurs sont plus éparses. Ainsi, la trazodone et la viloxazine auraient un effet stimulant sur lacte sexuel avec un risque bien documenté de priapisme, 1/1000 surtout en début de traitement avec la trazodone (qui nest plus commercialisée en France). Le bupropion naurait quand à lui aucun effet sur lacte sexuel.
SEXUALITÉ ET THYMORÉGULATEURS
Les thymorégulateurs semblent sexuellement bien tolérés. Le lithium et le valpromide paraissent dépourvus deffets secondaires de ce type. La carbamazépine, inducteur enzymatique puissant, entraînerait une baisse de la libido par accélération du métabolisme des hormones sexuelles.
SEXUALITÉ ET ANXIOLYTIQUES
Les benzodiazépines induiraient une baisse de la libido, des troubles de lérection et une anorgasmie en raison de leur effet sédatif et dune trop grande myorelaxation périphérique. Là encore, le recours aux posologies les plus faibles possibles est une approche souhaitable.
CONCLUSION
Comme on la vu, la dépression et son traitement sont rarement loccasion dun épanouissement sexuel. Aux troubles induits par la maladie et portant principalement sur le désir, se surajoutent fréquemment des dysfonctionnements affectant les phases dexcitation et dorgasme, notamment avec les inhibiteurs de la recapture de la sérotonine. Ces manifestations sont sous-évaluées en raison dun sentiment de culpabilité des patients et dune pudeur des thérapeutes. Pourtant ils constituent une souffrance authentique qui est parfois loccasion dune non observance thérapeutique débouchant sur des récidives inexpliquées. La détection systématique des troubles sexuels est impossible si lon ninterroge pas de manière complète les patients sur leurs antécédents sexuels. Lanalyse sémiologique précise du trouble permet souvent de le rattacher à une origine physiopathologique et den proposer une prise en charge spécifique. Enfin, des études plus précises sur les perturbations sexuelles de la dépression et sur celles secondaires à la prescription dantidépresseurs apparaissent souhaitables.
(1) American Psychiatric Association - DSM-IV : manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux.
Masson Editeur, Paris 1996.
(2) Galinowski A. ; Hartmann F.
Troubles sexuels
Séminaire de psychiatrie biologique. 1991, 18 : 291-317
Pharmuka, Rhône-Poulenc Rorer Editeurs
(3) Casper R.C. ; Redmond D.E. et coll.
Somatic symptoms in primary affective disorders. Presence and relationship to the classification of depression.
Arch. Gen. Psychiatry 1985, 42 : 1098-1104
(4) Decastro R.M.
Reversal of MAO-induced anorgasmia with cyproheptadine.
Am. J. Psychiatry 1985, 142 : 783
(5) Bennet D.
Treatment of ejaculatio praecox with monoamine oxidase inhibitors.
Lancet 1961, 2 : 1309
(6) Dunbar G.C. ; Cohn J.B. et coll.
A comparaison of paroxetine, imipramine and placebo in depressed outpatients.
Br. J. Psychiatry 1991, 159 : 394-398
(7) Gitlin M.J.
Psychotropic medications and their effects on sexual function : diagnosis, biology, and treatment approaches.