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Revue des revues

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CHRONOBIOLOGIE
 
Interpersonal sensitivity predicts depressive symptom response to the circadian rhythm disruption of nightwork.
ADENIRAN R. et coll., Psychological Medicine,
26, pp 1211-1222, novembre 1996.
Le travail de nuit perturberait concentration, énergie, sommeil et appétit, tout comme il augmenterait irritabilité et sensitivité interpersonnelle (les deux n'étant pas sans rapport). Ce résultat concerne 100 jeunes infirmières, et constitue pour les auteurs une sorte de modèle de "dépression expérimentale". Il y a en tout cas un lien entre les caractéristiques pré-existantes (sensitivité et antécédents dépressifs) et la mauvais tolérance thymique à une période de travail de nuit.
 
Seasonal variation in bipolar disorder.
PARTONEN T. et J. LÖNNQVIST, The British Journal of Psychiatry, 169, pp 641-646, novembre 1996.
La comparaison de 295 bipolaires avec 295 schizophrènes issus du registre des hospitalisations psychiatriques finlandaises entre 1969 et 1991 ne montre pas de variation saisonnière des admissions, pour aucun des deux troubles. Tout au plus une lègère augmentaton des premières admissions pour dépression chez les bipolaires, juste après l'équinoxe de septembre.
 
Serum concentrations of thyroid hormones in patients with nonseasonal affective disorders during treatment with bright and dim light.
BAUMGARTNER A. et coll., Biological Psychiatry,
40, pp 899-907, novembre 1996.
La réponse antidépressive aux traitements par la lumière de patients souffrant de troubles dépressifs non-saisonniers semble non spécifique et du registre de l'effet placebo (amélioration significative mais partielle, non différente sous lumière intense et sous lumière douce). L'intéressant dans cette étude est la constatation inattendue d'une corrélation entre la diminution des scores dépressifs avec la baisse des taux de thyroxine.
 
Predictors of response and nonresponse to light treatment for winter depression.
TERMAN M. et coll., The American Journal of Psychiatry,
153, pp 1423-1429, novembre 1996.
Attention : toutes les dépressions saisonnières ne répondent pas également à la lumière. Il semble notamment que les dépressions saisonnières de forme mélancolique ne soient pas de bonnes indications, alors que par contre, les depressions saisonnières avec symptomatologie atypique (les "vraies", en fait) répondent particulièrement bien.
 
Seasonal variability in blood platelet 3H-Imipramine binding in healthy controls :
age and gender effects.
SORIA P.R. et coll, Biological Psychiatry, 40, pp 981-985, novembre 1996.
Cette étude exploratoire réalisée chez des volontaires des deux sexes met en évidence une variation saisonnière de la liaison plaquettaire de l'imipramine tritiée, mais chez la femme seulement : acmé en été, nadir au printemps. A prendre en compte pour interpréter les études réalisées chez les patients.
 
The seasonal pattern assessment questionnaire for identifying seasonal affective disorders.
RAHEJA S.K., E.A. KING and C. THOMPSON, Journal of Affective Disorders, 41, pp 193-200, décembre 1996.
Le SPAQ (Seasonal Pattern Assessment Questionaire) est rapide et pratique, donc très utilisé dans la détection des dépressions saisonnières. Mais ses qualités métrologiques sont faibles : mauvaise fiabilité test-retest, valeur prédictive positive de 48 % et validité de 57 %. C'est peu.
 
CLINIQUE
 
Diagnostic complexity et depression : time to allow for uncertainty.
SURTEES P.G. et coll., Psychological Medicine, 26, pp 1105-1110, novembre 1996.
Cet éditorial méthodologique propose d'assouplir les classifications catégorielles actuelles, trop rigides, en autorisant la prise en compte d'un certain degré d'incertitude diagnostique (à vrai dire assez conforme à la clinique réelle).
 
Vulnerability to depression : a model centered on anhedonia.
LOAS G., Journal of Affective Disorders, 41, pp 39-54,
novembre 1996.
Présentation d'un modèle de vulnérabilité à la dépression endogène centré sur l'anhédonie avec description d'un profil symptomatique prédisposant à la décompensation en cas de stress.
 
Cholesterol and mental disorder.
BOSTON P. F, S.M. DURSUN et M.A. REVELEY, The British Journal of Psychiatry, 169, pp 682-689, décembre 1996.
Article de synthése, réalisé à partir d'une recherche MEDLINE sur la littérature de 1990 à 1995, sur les liens entre le cholestérol et la santé mentale. Les auteurs confirment que la baisse du cholestérol, recherchée dans le traitement des affections cardiovasculaires, s'accompagne d'une augmentation des décès violents. Les études réalisées chez des patients psychiatriques sont plus contradictoires, mais des troubles sont rapportés, surtout en rapport avec un cholestérol bas. Ces constatations sont suffisamment intrigantes pour mériter des travaux plus systématiques, notamment dans le domaine des troubles de la personnalité ou de la dépression.
 
 
Atypical depressive symptoms and clusters in unipolar and bipolar depression.
ROBERTSON H.A. et coll., Acta Psychiatrica Scandinavica, 94, pp 421 - 427, décembre 1996
Très intéressante étude, précisant un certain nombre de caractéristiques des dépressions atypiques : Une égale fréquence (de l'ordre de 30 %) chez les unipolaires et les bipolaires (alors qu'une spécificité bipolaire du syndrome a parfois été invoquée) ; une hétérogénéité probable du syndrome, suggérée par une analyse en cluster hiérarchisée. En termes évolutifs, la seule différence distinguant les déprimés atypiques est un plus grand nombre d'épisodes antérieurs.
 
 
Anhedonia, depression and the deficit syndrome of schizophrenia.
LOAS G. et coll., Acta Psychiatrica Scandinavica,
94, pp 477 - 479, décembre 1996
Des schizophrènes déficitaires (N = 29) ont des scores d'anhédonie supérieurs à des schizophrènes non déficitaires (N = 121). Par contre, leurs scores à l'échelle de dépression de Beck sont inférieurs. Ceci confirme que l'anhédonie du schizophrène n'est pas à mettre au compte d'une composante dépressive.
 
Hostility changes following antidepressant treatment : relationship to stress and negative thinking.
FAVA M. et coll., Journal of Psychiatric Research,
30, pp 459-468, novembre - décembre 1996
Des patients déprimés ont des scores d'hostilité, de pensée négative et de perception du stress plus élevés que des sujets témoins. Après 8 semaines de traitement par fluoxétine, les patients sont améliorés, et l'examen des évolutions des différents paramètres mesurés fait conclure aux auteurs que la réduction de l'hostilité des déprimés s'explique par l'amélioration de leur état, du niveau de stress et des pensées négatives...Une grande découverte.
 
Psychotic symptoms in mood disorders : evaluation of 159 inpatients.
LENZI A. et coll., European Psychiatry, 11, pp 396-399, novembre-décembre 1996
A la suite de l'examen de 159 patients hospitalisés pour troubles de l'humeur, les auteurs identifient 32 % de sujets présentant des symptômes psychotiques. La présence d'une symptomatologie psychotique n'a pas de lien avec l'intensité de la dépression, mais s'observe dans cette population chez des sujets entrés plus jeunes dans la maladie, et ayant des épisodes plus brefs. Ils attribuent l'expression de symptômes délirants à des variables individuelles ou à des différences biologiques, mais n'estiment pas justifié de faire de la dépression psychotique une entité distincte au sein des troubles de l'humeur.
 
 
The validity of atypical depression in DSM-IV.
LAM R.W. et J.N. STEWART, Comprehensive Psychiatry,
37, pp 375-383, novembre-décembre 1996.
Examen de l'ensemble de la littérature sur la dépression atypique, à la lumière des critères de validité clinique proposés par Kendall. Il en résulte que le niveau de pertinence du concept est satisfaisant pour la description clinique, la réponse thérapeutique différentielle aux IMAO, mais insuffisant pour les aspects évolutifs, génétiques, les limites avec les autres affections thymiques, ainsi que les mécanismes physiopathologiques.
COMORBIDITÉ
 
Comorbidity between depressive disorders and nicotine dependence in a cohort of
16-year-olds.
FERGUSSON D.M. et coll., Archives of General Psychiatry, 53, pp 1043-1050, novembre 1996.
Encore une étude d'épidémiologie longitudinale prospective, réalisée auprès d'une cohorte de 947 enfants. A l'âge de 16 ans, on observe une comorbidité significative entre la dépendance nicotinique et la pathologie dépressive. Les auteurs ont tenu compte des facteurs de risque communs aux deux désordres, mais même après ajustement, il reste une part de comorbidité irréductible (2,3 fois plus de risque d'avoir développé une dépendance nicotinique à 16 ans chez les adolescents déprimés).
 
 
Five-year course of major depression : effects of comorbid alcoholism.
HASIN D. H. et coll., Journal of Affective Disorders,
41, pp 63-70, novembre 1996.
La comorbidité alcoolisme-dépression n'est pas exceptionnelle, et donne lieu à de nombreuses spéculations étiopathogéniques. Plus concrètement, il est intéressant de constater, à partir du suivi prospectif sur 5 ans d'une cohorte de 127 patients comorbides, que la prise en charge adéquate de l'alcoolisme, aboutissant à une rémission du trouble, est fortement corrélée à l'obtention d'une rémission de la dépression, ainsi (à un moindre degré) qu'à la réduction du risque de rechute/récidive.
 
 
Changes in depressive symptoms as AIDS develops.
LYKETSOS G. et coll., The American Journal of Psychiatry, 153, pp 1430-1438, novembre 1996.
Le résultat le plus intéressant de cette étude est la constatation d'une augmentation nette de l'expression de plaintes dépressives chez des séro-positifs, 18 mois avant l'apparition des premiers signes cliniques. Il y a là un phénomène biologique qu'il semble indispensable d'élucider, et qui peut faire penser à une atteinte centrale précoce.
 
Longitudinal assessment of symptoms of depression, agitation, and psychosis in 181 patients with Alzheimer's disease
LEVY M. L. et coll, The American Journal of Psychiatry,
153, pp 1438-1443, novembre 1996.
Evalués pendant un an, ces 181 sujets souffrant de maladie d'Alzheimer montrent un fort taux de récurrence de symptômes dépressifs (85 %), d'agitation
(93 %) et de psychose (95 %). Les femmes ont plus de symptômes que les hommes, et les sujets les plus âgés (au delà de 75 ans) ont des scores de psychose plus élevés, et moins de dépression et d'agitation.
 
Aetiology of secondary depression in male alcoholics.
ROY A., The British Journal of Psychiatry, 169, pp 753-757, décembre 1996.
Pourquoi les alcooliques se dépriment-t-ils ? Cette étude de 40 alcooliques primaires, déprimés au décours d'un sevrage (au moins 15 jours d'abstinence), comparés à des alcooliques appariés mais jamais déprimés, retrouve comme facteur de risque des événements adverses récents, ainsi que des antécédents familiaux de dépression ou de suicide.
 
Response to methadone maintenance and counseling in antisocial patients with and without major depression.
ALTERMAN A.I. et coll., The Journal of Nervous and Mental Disease, 695-702, novembre 1996.
On pense généralement que la réponse thérapeutique de toxicomanes à la prise en charge associant méthadone et conseil sur la toxicomanie est meilleure lorsque les sujets ont une co-morbidité dépressive "vie entière". Cette étude ne confirme que partiellement cette notion, puisque si les psychopathes les plus purs tirent moins de bénéfices que ceux qui sont capables de se déprimer, dans le domaine de la réinsersion (évaluation après 7 mois de prise en charge), ils ont paradoxalement un meilleur résultat sur le contrôle de l'intoxication.
 
Antidepressant pharmacotherapy and the treatmcnt of depression in patients with severe traumatic brain injury : a controlled, prospective study.
WROBLEWSKI B.A. et coll., The Journal of Clinical Psychiatry, 57, pp 582 - 587, décembre 1996
Petite étude (sur 10 patients) montrant l'efficacité de la désipramine dans le traitement d'états dépressifs chroniques chez d'anciens traumatisés du crâne.
 
Development of major depressive disorder during smoking-cessation treatment
BORELLI, B. et coll, The Journal of Clinical Psychiatry,
57, pp 534-538, novembre 1996
Cette étude dont l'objectif principal était d'évaluer l'efficacité de la fluoxétine (60 mg vs 30 mg vs
placebo) dans le sevrage tabagique. Les auteurs retrouvent un état dépressif sous placebo, 4 sous fluoxétine à 30 mg), aucun sous fluoxétine à 60 mg. Aucune conclusion thérapeutique ne peut être tirée de cet essai, sauf à dire que la fluoxétine à forte dose a protégé de la dépression post-sevrage, tout comme le placebo, et que la fluoxétine à dose moyenne a eu un effet dépressogène ? Plus prudemment, les auteurs suggèrent que les dépressions post-sevrage tabagique ne sont pas rares, évaluables à 7 % dans cet échantillon.
 
A comparative analysis of standard and alternative antidepressants in the treatment of human immunodeficiency virus patients.
WAGNER G. J., J.G. RABKIN et R. RABKIN, Comprehensive Psychiatry, 37, pp 402-408, novembre-décembre 1996.
Comparaison de l'efficacité d'antidépresseurs éprouvés (imipramine, fluoxétine et sertraline) et d'approches thérapeutiques moins conventionnelles (amphétamines et testostérone) chez des patients déprimés dans le cadre d'une infection par le VIH. Les antidépresseurs utilisés par ce groupe ont un taux d'efficacité satisfaisant (70 à 74 %), et les thérapeutiques alternatives encore plus (93 % pour la dextroamphéramine, 81 % pour la testostérone). Pour mémoire, l'effet du placebo a été de 33 %.
 
CULTURE
 
Clinical presentations of major depression by African Americans and whites in primary medical care practice.
BROWN C., H.C. SCHULBERG and M.J. MADONIA, Journal of Affective Disorders, 41, pp 181-192, décembre 1996.
Les noirs américains déprimés, toutes choses égales par ailleurs (puisqu'on se situe dans un essai thérapeutique antidépresseur en médecine générale), ont tendance à rapporter plus de symptômes somatiques, plus de trouble panique et de troubles de somatisation, plus d'inaptitude physique que leurs homologues caucasiens. Les troubles du sommeil sont aussi plus importants, et des traits paranoïaques plus souvent rencontrés. Le recours à l'alcool est plus fréquent. Tout ceci fait craindre que la dépression du sujet noir américain soit plus souvent méconnue, masquée par des manifestations périphérique influencées par la culture et le statut de minorité.
 
 
DÉPRESSION RÉSISTANTE
 
Interpersonal improvement in chronically depressed patients treated with desipramine.
MARKOWITZ J.C. et coll., Journal of Affective Disorders, 41, pp 59-62, novembre 1996.
On sait la difficulté de traitement des dépressiosn chroniques, traînantes, au point qu'un diagnostic alternatif de trouble de la personnalité puisse être parfois envisagé. Il est donc très encourageant de constater qu'un traitement pharmacologique bien conduit (désipramine à forte dose pendant 10 semaines) peut améliorer non seulement l'humeur à proprement parler, mais aussi le fonctionnement psychosocial interpersonnel.
 
Efficacy of treatment with trazodone in combination with pindolol or fluoxetine in major depression.
MAES M., E. VANDOOLAEGHE and R. DESNYDER, Journal of Affective Disorders, 41, pp 201-210, décembre 1996.
Après une semaine de traitement par trazodone à posologie infrathérapeutique (100 mg), des patients déprimés ("résistants", pour les 2/3) reçoivent un apport de placebo, de fluoxétine ou de pindolol, en double aveugle. Fluoxétine et pindolol sont également efficaces, tous deux supérieurs au placebo, avec un peu plus de 70 % de patients ayant au bout de 4 semaines de ce mélange une diminution des scores dépressifs supérieure à 50 %.
 
Tolérance et efficacité des associations d'antidépresseurs : revue de la littérature.
TALEB M. et coll., L'Encéphale, 22, pp 450 - 460,
novembre-décembre 1996
Solide revue de la littérature sur les associations d'antidépresseurs, largement utilisées dans les cas de dépressions résistantes, mais trop peu étudiées dans la littératures scientifique. Les associations impliquant un sérotoninergique sont de plus en plus fréquentes, et le rapport bénéfice-risque insuffisamment précisé.
 
DEUIL
 
Complicated grief as a disorder distinct from bereavement related depression and anxiety : a replication study.
PRIGERSON H.G. et coll., The American Journal of Psychiatry, 153, pp 1484-1486, novembre 1996.
Le deuil compliqué ne se réduit pas aux symptômes anxieux et/ou dépressifs réactionnels plus ou moins physiologiques après la perte d'un être cher. L'utilisation d'une échelle de deuil met en évidence, à partir de 150 veuves et veufs rencontrés 6 mois après le décès, un facteur spécifique dont les éléments les plus évocateurs sont des remémorations intrusives, évoquant un trouble post-traumatique.
 
ENFANCE, ADOLESCENCE
 
Nocturnal serum melatonin profile in major depression in children and adolescents.
SHAFII M. et coll., Archives of General Psychiatry,
53, pp 1009-1021, novembre 1996.
le profil de sécrétion nocturne de mélatonine est significativement plus élevé chez 22 enfants et adolescents de 8 à 17 ans que chez un groupe contrôle apparié. De plus, ce profil semble bien différencier les déprimés psychotiques (non différents des témoins) des déprimés non psychotiques.
 
 
Neurodevelopment of children exposed in utero to antidepressant drugs.
NULMAN I. et coll. New England Journal of Medecine,
336, pp 258-62, janvier 1997.
Etude portant sur des enfants dont la mère avait reçu pendant la grossesse un antidépresseur imipraminique (N = 80) ou de la fluoxétine (N = 55), comparés à des sujets-contrôle. Les enfants ont été examinés entre 16 et 86 mois de vie, et aucune différence significative n'a pu être mise en évidence entre les trois groupes en ce qui concernait le QI global, le développement du langage ou du comportement. Il n'y avait pas non plus de différence selon que la mère avait poursuivi ou non la prise de l'antidépresseur pendant toute la grossesse.
 
ÉPIDÉMIOLOGIE
 
Epidemiological data suggest antidepressants reduce suicide risk among depressives.
ISACSSON G. et coll., Journal of Affective Disorders, 41, pp 1-8, novembre 1996.
Cette étude pharmaco-épidémiologique repose sur une idée simple : estimer la prévalence de la dépression dans une population générale, la prévalence des traitements antidépresseurs, donc la prévalence des dépressions traitées et celle des dépressions non traitées. Enfin, la prévalence du suicide chez les déprimés traités (141/100 000/an) et la prévalence du suicide chez les déprimés non traités (259/100 000/an). Tout ceci est possible en Suède, et la conlusion est claire : il vaut mieux traiter ! En passant, les auteurs jettent un cri d'alarme : seulement un déprimé sur 5 est traité !
 
Antidepressant-treated patients in ambulatory care. Mortality during a nine-year period after first treatment.
BINGEFORS K. et coll., The British Journal of Psychiatry,
169, pp 647-654, novembre 1996.
La mortalité des résidents de cette communauté rurale suédoise de 20.000 habitants entre 1975 et 1984 montre que les sujets âgés de plus de 65 ans recevant des antidépresseurs (étaient-ils tous déprimés ?) ont un risque de mortalité plus élevé, et que ceux souffrant en plus de troubles cardiaques ischémiques ont connu une mortalité cardiovasculaire accrue. Comme beaucoup de ces études ne concernant que des traitements de première génération, ce serait à refaire à la lumière de l'avènement des nouveaux antidépresseurs et en contrôlant les diagnostics.
 
Behavioral observations at age 3 years predict adult psychiatric disorders : longitudinal evidence from a birth cohort.
CASPI A. et coll., Archives of General Psychiatry,
53, pp 1033-1042, novembre 1996.
Voilà la première étude d'épidémiologie longitudinale prospective tentant de relier le comportement de la petite enfance et la psychopathologie de l'âge adulte. A partir d'une cohorte de plus d'un millier de bébés suivis et examinés tous les trois ans, il semble bien que les enfants qui s'étaient montré instables, distractibles et impulsifs à 3 ans aient plus de risque d'être considérés comme antisociaux et délinquants à 21 ans, tout comme les enfants inhibés (timides, craintifs) ont plus de risque de dépression à 21 ans. Les deux groupes connaissent aussi plus de tentatives de suicide, et pour les garçons, plus de problèmes d'alcool.
 
ESSAIS THÉRAPEUTIQUES
 
Valproate as an antidepressant in major depressive disorder.
DAVIS L.L. et coll., Psychopharmacology Bulletin,
32, pp 647-652, novembre - décembre 1996
Etude ouverte réalisée auprès de 33 patients ambulatoires, suggérant l'efficacité antidépressive du valproate dans le trouble dépressif majeur non bipolaire. A vérifier par des études contrôlées.
 
A double-blind comparison of gepirone extended release, imipramine, and placebo in the treatment of outpatient major depression.
FEIGER A.D., Psychopharmacology Bulletin, 32, pp 659-666, novembre - décembre 1996
Etude classique, à l'américaine, sur des patients ambulatoires, montrant que la gépirone-retard (proche de la buspirone) est, comme l'imipramine, statistiquement supérieure au placebo dans le traitement de patients déprimés (120 sujets). Score terminal à la MADRS autour de 15 pour les produits actifs, et de 19 pour le placebo.
 
A randomized, double-blind comparison of a rapidly escalating dose of venlafaxine and imipramine in inpatients with major depression and melancholia.
BENKERT O. et coll., Journal of Psychiatric Research,
30, pp 441-452, novembre - décembre 1996
Comparaison de la venlafaxine et de l'imipramine, en administration rapidement croissante (375 mg en 5 jours pour la venlafaxine, 200 mg pour l'imipramine), chez des patients déprimés hospitalisés avec mélancolie. Si, globalement, les deux traitements sont équivalents, il est possible que la venlafaxine agisse un peu plus rapidement. Le délai d'apparition de l'action antidépressive est de 14 jours (contre 21 pour l'imipramine) si l'on retient l'évolution des scores à l'échelle de Hamilton, mais cette différence ne ressort pas sur la MADRS, qui est réputée plus spécifique.
 
Moclobemide versus fluoxetine for double depression : a randomized double-blind study.
DUARTE A. et coll., Journal of Psychiatric Research,
30, pp 453-458, novembre-décembre 1996
Le moclobémide (300 mg) serait au moins aussi efficace que la fluoxétine (20 mg) dans le traitement de patients souffrant de double-dépressions.
Note de l'éditeur : cette indication ne figure pas dans l'A.M.M. de ces produits. (Réf. Vidal 1997)
 
Recovery from depressive illness does fit an exponential model.
PRIEST R.G. et coll., Journal of Clinical Psychopharmacology, 16, pp 420-423, décembre 1996.
La courbe d'amélioration des scores HDRS ressemble fortement à une exponentielle (y = ae-bx+c). Et effectivement, à partir d'un essai thérapeutique portant sur la minaprine, les auteurs (ils se sont mis à 8 pour signer !) retrouvent une étonnante analogie (corrélation de 0,99). Cette nouvelle approche du traitement statistique des données, pourrait déboucher sur une méthode différente de comparaison de traitements.
 
A double blind trial of low and high dose ranges of gepirone-ER compared with placebo in the treatment of depressed outpatients
WILCOX C.S. et coll., Psychopharmacology Bulletin,
32, pp 335-342, 1996
A en croire les auteurs, la gépirone (clone de la buspirone) à forte dose serait efficace, sûre et bien tolérée dans la dépression ambulatoire. A y regarder de plus près, en fin d'étude, les patients sous gépirone à forte dose ont une HDRS à 13,6, comparés à 14,26 pour la gépirone à faible dose, et 16, 26 pour le placebo. Une fois de plus, significativité statistique ne s'accompagne toujours pas de significativité clinique.
 
Patients excluded from an antidepressant efficacy trial.
PARTONEN T. et coll., The Journal of Clinical Psychiatry, 57, pp 572 - 575, décembre 1996
Le problème des essais thérapeutiques est qu'ils sélectionnent des patients qui ne correspondent pas forcément à ceux qui vont recevoir le produit une fois commercialisé. Voilà une passionnante étude qui étudie les 612 sujets examinés pour l'inclusion dans un essai thérapeutique d'antidépresseurs. Les 2/3 des sujets n'ont pas été inclus, pour des raisons diverses parmi lesquelles l'abus ou l'utilisation d'alcool ou autres substances (17 %), l'existence d'une comorbidité somatique (14 %), des troubles psychotiques (11 %) ou une idéation suicidaire
(9 %), ces derniers patients ayant par ailleurs plus d'antécédents dépressifs que les sujets inclus. Il y a aussi une dérive démographique, avec une sureprésentation des hommes célibataires chez les non-inclus. Tout ceci pour dire qu'on manque d'informations sur les effets des antidépresseurs sur ce type de patients...à qui ils sont bien souvent prescrits.
 
A double-blind randomized placebo-controlled study of the efficacy and safety of pirlindole, a reversible monoamine oxidase A inhibitor, in the treatment of depression.
DE WILDE J.E. et coll., Acta Psychiatrica Scandinavica,
94, pp 404 - 410, décembre 1996
Essai thérapeutique classique démontrant contre placebo l'efficacité d'un nouvel IMAO A réversible, le pirlindole, dans le traitement d'états dépressifs majeurs. La méthodologie est bonne, et les résultats sont exprimés, comme il convient, en fonction de notes seuil définissant le pourcentage de rémissions partielles et totales.
ÉVÉNEMENTS
 
Intrusive memories in depression : an index of schema activation ?
BREWIN C.R. et coll., Psychological Medicine, 26, pp 1271-1276, novembre 1996.
Une trentaine de déprimés des deux sexes ont été interrogés pour détecter les remémorations intrusives d'événements passés ou récents. Les auteurs confirment ainsi la fréquence des souvenirs négatifs chez les déprimés, ainsi qu'un lien entre la résurgence de souvenirs de maltraitance dans l'enfance et l'intensité de la dépression. D'autres notions ne sont pas confirmées, comme le rôle causal des remémorations négatives dans l'évolution dépressive, ou la synergie entre des événements récents et le souvenir de traumatismes anciens analogues.
 
Stressful life events influence nocturnal growth hormone secretion in depressed children.
WILLIAMSON D.E.et coll, Biological Psychiatry,
40, pp 1176-1180, décembre 1996.
Les résultats des investigations sur la sécrétion nocturne d'hormone de croissance chez l'enfant sont éminemment variables, et en voici peut-être l'explication : des enfants déprimés ayant vécu un événement traumatisant dans la semaine précédant la mesure ont un pic de sécrétion nocturne d'hormone de croissance significativement supérieur à celui des déprimés non stressés, des témoins, ainsi que des non-déprimés stressés. Ceci est à prendre en compte pour ré-évaluer les contradictions des études existantes. Mais on constate aussi que cet effet du stress récent est spécifique aux jeunes déprimés, témoignant ainsi d'une hyperactivité - adrénergique.
 
 
Antecedent life events, social supports and response to antidepressants in depressed patients.
TOMASZEWSKA W. et coll., Acta Psychiatrica Scandinavica, 94, pp 352-357, novembre 96.
Y a-t-il un lien entre la réponse aux traitements et les événements de vie et le support social des patients ? Pour le savoir, les auteurs ont examiné le devenir de 355 patients inclus dans des essais en double aveugle contre placebo. Les 43 patients qui n'ont pas été inclus car améliorés au cours de la semaine de prétraitement par placebo attribuaient à un événement adverse leur entrée dans la maladie. Sur les 312 sujets restant, les répondeurs aux traitements actifs avaient un meilleur support social que les non répondeurs, qu'ils soient mélancoliques ou non. Cette tendance n'est pas retrouvée chez les placebo-répondeurs. On remarque que pour les non mélancoliques, le résultat clinique est d'autant meilleur qu'ils rapportent moins d'évènements adverses et ont moins tendance à attribuer la dépression aux accidents de la vie, ce qui ne s'observe pas chez les mélancoliques.
 
GÉNÉTIQUE
 
Confirmation of association between expanded CAG/CTG repeats et both schizophrenia et bipolar disorder.
O'DONOVAN M.C. et coll., Psychological Medicine,
26, pp 1145-1154, novembre 1996.
Une nouvelle hypothèse de transmission génétique appliquée aux psychoses fonctionnelles (schizophrénie et trouble bipolaire) est née : la répétitions des triplets CAG/CGT, qui expliquerait entre autres phénomènes, l'anticipation observée dans ces maladies (survenue des troubles à des âges de plus en plus précoces au fil des générations). Cette étude comparant 152 schizophrènes, 143 bipolaires et 160 témoins confirme l'association de ces troubles à une répétition des trinucléotides, mais pas le lien entre cette répétition et l'âge de survenue des troubles. L'anticipation n'aurait donc pas de rapports avec la répétition des triplets.
 
The treated incidence of psychotic and affective illness in twins compared with population expectation : a study in the Swedish twin et psychiatric registries.
KENDLER K.S. et coll., Psychological Medicine,
26, pp 1135-1144, novembre 1996.
L'un des reproches classiquement opposé aux études de jumeaux en psychiatrie est que la gémellité constitue par elle-même un facteur de risque psychologique (ce type de propos fait d'ailleurs hurler les jumeaux, qui se considèrent comme normaux, on les comprendra). Voilà une étude qui fait justice de ce soupçon, en démontrant que les jumeaux, vrais ou faux, n'ont pas plus de risque de développement d'affections psychiatriques dissociatives ou thymiques, que les sujets de la population générale. Ce résultat est obtenu à partir des registres de jumeaux suédois nés entre 1886 et 1958.
An insertion/deletion polymorphism in the angiotensin converting enzyme gene is associated with both brain substance P contents and affective disorders.
ARINAMI T. et coll, Biological Psychiatry, 40, pp 1122-1127, décembre 1996.
Pointu, génétique, et japonais : le polymorphisme du gène codant pour l'enzyme de conversion est corrélé aux taux de substance P dans les ganglions de la base et la substance noire (constatation à partir de 20 cerveaux, avec plus de substance P dans les génotypes DD que dans les génotypes II). Par ailleurs, l'examen de ce polymorphisme chez des schizophrènes, des déprimés et des témoins montre une fréquence significativement plus élevée d'allèle D et de génotypes DD électivement dans les troubles de l'humeur.
 
Bipolar spectrum disorders in patients diagnosed with velo-cardio-facial syndrome : does a hemizygous deletion of chromosome 22q11 result in bipolar affective disorder ?
PAPOLOS D.F. et coll., The American Journal of Psychiatry,
153, pp 1541-1547, décembre 96.
Le syndrome de Shprintzen, aussi connu comme syndrome velo-cardio-nasal, est une anomalie génétique aussi fréquente que le mongolisme, et liée à une microdélétion du chromosome 22q11. Chez 25 sujets de 5 à 34 ans, on trouve 64 % de trouble bipolaire,
20 % de trouble déficitaire de l'attention avec hyperactivité, 16 % de trouble déficitaire de l'attention sans hyperactivité. Lorsqu'il y a trouble bipolaire, l'âge de début est précoce (12 ans en moyenne). On reconnaîtra que ces phénomènes justifient pleinement que l'on s'intéresse de plus près à la région chromosomique impliquée.
 
Linkage studies in bipolar affective disorder with markers on chromosomes 21.
VALLADA H. et coll., Journal of Affective Disorders,
41, pp 217-222, décembre 1996.
On a pris l'habitude de lire des publications mettant en cause telle ou telle localisation chromosomique dans la pathogénie du trouble bipolaire, avec peu après des études de vérification négatives. C'est ici le cas, cette équipe ne retrouvant pas l'association avec des gènes situés sur le chromosome 21q22.3 évoquée dans deux études antérieures. Le trouble bipolaire doit être génétiquement très très hétérogène...
 
 
Two naturally occuring amino acid substitutions of the 5 - HT2a receptor : similar prevalence in patients with seasonal affective disorder and controls.
OZAKI N. et coll., Biological Psychiatry, 40, pp 1267-1272, décembre 1996
Le gène du récepteur 5HT2A est désormais cloné et séquencé, autorisant diverses recherches qui se développent dans le domaine des troubles de l'humeur. Voici un résultat négatif, trouvant une substitution d'amino-acides pas plus fréquente chez des sujets souffrant de trouble affectif saisonnier que chez des témoins.
 
IMAGERIE
 
Gender differences in regional cerebral blood flow during transient self-induced sadness or happiness.
GEORGE M.S. et coll., Biological Psychiatry, 40, pp 859-871, novembre 1996.
On n'arrête pas le progrès : l'autostimulation émotive par remémorations affectives active certaines zones cérébrales, et ces phénomènes peuvent être visualisés par les techniques d'imagerie appropriées. Ici, une étude faisant appel à la caméra à positons montre une inégalité entre les sexes : toutes choses égales par ailleurs, les affects tristes stimulent une zone plus étendue du cortex limbique chez les femmes que les hommes. Cette différence n'a pas d'explication claire, mais elle est certainement à prendre en compte dans les études d'imagerie des troubles de l'humeur.
 
 
Transcranial magnetic stimulation in psychiatric research.
PURI B.K. et S.W. LEWIS, The British Journal of Psychiatry, 169, pp 675-677, décembre 1996.
Editorial à propos de cette toute nouvelle technique qu'est la stimulation magnétique trancrâniale. Outil de recherche, outil diagnostique, mais aussi peut-être nouvelle technique de choc atraumatique, susceptible de remplacer la convulsivothérapie.
 
Cerebral hypoperfusion in medication resistant, depressed patients assessed by Tc99m HMPAO SPECT.
BONNE O. et coll., Journal of Affective Disorders, 41, pp 163-172, décembre 1996.
Mise en évidence chez des patients déprimés résistants, comparés à des témoins (manque un groupe de déprimés non-résistants), d'une diminution de l'irrigation cérébrale dans le lobe temporal supérieur gauche, ainsi que dans les régions pariétales droite et occipitales bilatérales. Si la notion d'une hypoperfusion chez les déprimés est confirmée, les résultats par localisation anatomique ne recoupent pas ceux d'autres auteurs, et ces contradictions sont inévitables du fait de la diversité des méthodes utilisées dans la littérature. L'adoption d'une méthode de référence est indispensable.
 
Venlafaxine or bupropion responders but not nonresponders show baseline prefrontal and paralimbic hypometabolism compared with controls.
LITTLE J.T. et coll., Psychopharmacology Bulletin, 32,
pp 629-636, novembre - décembre 1996
Peu importent les antidépresseurs utilisés, ce que cette étude suggère est que les répondeurs (6 patients) ont avant l'essai thérapeutique un hypométabolisme (mesuré par desoxyglucose marqué) au niveau préfrontal médian des deux côtés, au niveau du gyrus frontal médian gauche, et dans les zones paralimbiques. Ce n'est pas le cas des 5 non-répondeurs.
 
LITHIUM
 
FDA MedWatch report : Lithium and neuroleptics in combination : the spectrum of neurotoxicity
GOLDMAN S.A., Psychopharmacology Bulletin, 32, pp 299-309, 1996
A la recherche du syndrome malin des neuroleptiques (paradigme de la neurotoxicité) au sein des 237 cas d'interaction toxique entre neuroleptiques (halopéridol et autres) et lithium spontanément rapportés à la FDA. Si l'on retient des critères diagnostiques stricts, on n'en trouve guère, même en étendant la recherche aux cas "probables".
 
Fetal malformation under lithium treatment
EIKMEIER G., European Psychiatry, 11, pp 376-377, N°7, 1996
Un cas clinique d'agénésie rénale (syndrome de Potter) associé à diverses autres malformations létales au cours d'une grossesse sous lithium. L'auteur en profite pour rappeler les précautions à prendre pour éviter la prise de lithium lors du premier trimestre de la grossesse.
 
 
Mortality of patients who dropped out from regular lithium prophylaxis : a collaborative study by the International Group for the Study of lithium-treated patients (IGSLI).
MÜLLER-OERLINGHAUSEN B. et coll., Acta Psychiatrica Scandinavica, 94, pp 344-347, novembre 96.
Le lithium diminue la mortalité excessive constatée chez les sujets avec troubles de l'humeur récurrents. Cet effet bénéfique est retrouvé chez 273 patients qui ont arrêté leur traitement, et dont le taux de mortalité standard passe de 1.0 (celui de la population générale) à 2,5. Ce phénomène est identique dans les trois pays (Danemark, Autriche et Allemagne) d'où sont issus ces patients.
 
MÉDICO-ÉCONOMIE
 
Socioeconomic burden of subsyndromal depressive symptoms and major depression in a sample of the general population.
JUDD L.L. et coll., The American Journal of Psychiatry,
153, pp 1411-1417, novembre 1996.
Sur les 2393 sujets du site ECA de Los Angeles, 102 sont déprimés, et 270 ont de 2 à 4 symptômes dépressifs durant au moins 2 semaines, sans satisfaire aux critères de dépression (états sous syndromiques). Ne constatant pas de différence majeure entre les deux groupes en termes de problèmes socio-économiques et handicaps de santé, les auteurs extrapolent frénétiquement de la dépression aux états sous syndromiques, qu'ils considèrent sans autre forme de procès comme des états prodromiques ou résiduels, à traiter comme des dépressions. Probablement pas entièrement faux, mais attention aux dérives...
 
Functional status in depressed patients : the relationship to disease severity and disease resolution.
MAUSKOPF J.A. et coll., The Journal of Clinical Psychiatry,
57, pp 588 - 592, décembre 1996
Encore une étude montrant que la dépression s'accompagne d'un déficit fonctionnel d'autant plus important que l'intensité du trouble est plus sévère. Ce déficit s'atténue en même temps que le patient traité va mieux. Ici, le déficit est mesuré par la Work and Social Disability Scale, sur une population de près de 3000 patients étudiés dans le cadre du développement d'une nouvelle forme galénique de bupropion.
 
NEURO-ENDOCRINOLOGIE
 
5-HT neuroendocrine function in major depression : prolactin and cortisol responses to D-fenfluramine.
PARK S.B.G. et coll., Psychological Medicine, 26, pp 1191-1196, novembre 1996.
Contrairement à ce qui a été rapporté en utilisant les tests au tryptophane ou à la clomipramine, le test de stimulation de sécrétion de prolactine et de cortisol par la D-fenfluramine n'apparaît pas particulièrement perturbé chez ces 31 déprimés non-traités comparés à 29 témoins appariés. Ce résultat contraste avec ceux d'autres études, concernant notamment des patients plus sévères que ceux étudiés ici.
 
Dexamethasone nonsuppression and short rapid eye movement latency in schizophrenia : markers of an affective diathesis ?
M. GOLDMAN et coll., Biological Psychiatry, 40, pp 927-929, novembre 1996.
La non-suppression par la dexamethasone et le raccourcissement de latence du sommeil paradoxal sont considérés comme des marqueurs de dépression "endogène", mais leur spécificité est douteuse, car on peut les rencontrer aussi chez certains schizophrènes. Il serait satisfaisant pour l'esprit que ces derniers aient tout de même une diathèse familiale thymique. Malheureusement, ce n'est pas le cas dans cette étude qui trouve à peu près 50 % de raccourcissement du délai REM et 40 % de non supresseurs, sans différence selon la présence ou non d'antécédents familiaux de troubles thymiques chez les patients schizophrènes concernés.
 
d-Fenfluramine-induced prolactin responses in mania : evidence for serotonergic subsensitivty.
THAKORE J.H. et coll., The American Journal of Psychiatry, 153, pp 1460-1463, novembre 1996.
Le test de sécretion de prolactine après fenfluramine mesure la réactivité sérotoninergique centrale. Comparés à 9 témoins, 9 bipolaires ont une réponse prolactinémique totalement plate, ce qui confirme l'existence d'un déficit sérotoninergique commun aux deux phases du trouble bipolaire.
 
Depressive psychomotor disturbance, cortisol, and dexamethasone.
MICHELL P. et coll, Biological Psychiatry, 40, pp 941-950, novembre 1996.
Retour du test à la dexaméthasone, qui est plus souvent perturbé chez certains déprimés (que nous qualifierons d'"endogènes"), repérés dans cette étude par le sous-type "mélancolique" du DSM III-R, par la classique échelle de Newcastle et surtout par le CORE, plus récemment apparu. C'est ce dernier système qui est le plus performant, en ce qu'il retrouve une corrélation entre la dimension de ralentissement psychomoteur et les taux de cortisol post-dexaméthasone, ainsi d'ailleurs que les taux circulants de dexaméthasone.
 
Preservation of hypothalamic-pituitary-adrenal axis fast-feedback responses in depression.
COONEY J.M., DINAN T.G., Acta Psychiatrica Scandinavica, 94, pp 449 - 453, décembre 1996
La freination rapide de la sécrétion d'ACTH provoquée par l'administration de cortisone est identique chez des déprimés et chez des volontaires sains. Ce résultat contredit une précédente étude, et ne simplifie pas la compréhension de l'hyperactivité de l'axe corticotrope classiquement invoquée dans la dépression.
 
Oestradiol treatment helped a depressed postmenopausal woman to stop her psychotropic medication : a case report.
KORHONEN S., SAARIJÄRVI S., Acta Psychiatrica Scandinavica, 94, pp 480 - 481, décembre 1996
Un cas clinique d'une surprenante amélioration de l'humeur par un traitement oestrogénique, chez une femme ménopausée dont la mélancolie avait résisté à diverses médications antidépressives.
 
 
NEUROMÉDIATEURS
 
Reduced inhibitory potency of serotonin reuptake blockers on central serotoninergic neurons in rats selectively deprived of rapid eye movement sleep.
MAUDHUIT C. et coll, Biological Psychiatry, 40, pp 1000-1007, novembre 1996.
La privation de sommeil, ça marche comme les antidépresseurs sérotoninergiques, en tout cas chez le rat : mêmes effets comportementaux chez le rongeur désespéré, même désensibilisation des autorécepteurs somatodendritiques 5HT1A du raphé dorsal. C'est ce que l'on peut retenir de cette expérience où l'inhibition neuronale obtenue par citalopram et cericlamine est diminuée par des privations de sommeil répétées. Made in France.
 
 
 
Enhanced calcium response to serotonin in platelets from patients with affective disorders
YAMAWAKI S. et coll, Journal of Psychiatry and Neurosciences 21, pp 321-324, 1996
La mobilisation calcique intraplaquettaire provoquée par une stimulation 5HT2A est augmentée chez 13 bipolaires et 12 déprimés unipolaires, par comparaison aux témoins. Cette observation apporte un élément supplémentaire à la théorie calcique des troubles de l'humeur.
 
NEUROPSYCHOLOGIE
 
Neuropsychological deficits among older depressed patients with predominantly psychological or vegetative symptoms.
PALMER B.W. et coll., Journal of Affective Disorders,
41, pp 17-24, novembre 1996.
L'évaluation de déprimés ambulatoires âgés de plus de 65 ans, distinguant les déprimés avec symptomatologie végétative prédominante et les déprimés avec symptômes psychologiques, montre que le déficit neuropsychologique est propre aux dépressions avec symptômes somatiques. Par contraste, le fonctionnement intellectuel des déprimés psychologiques est indiscernable de celui du groupe témoin. Les auteurs formulent l'hypothèse d'une perturbation de l'axe corticotrope spécifique aux déprimés végétatifs, sans en fournir aucune preuve.
 
Single trial analysis of event related potentials : a comparison between schizophrenics et depressives.
RÖSCHKE J. et coll., Biological Psychiatry, 40, pp 844-852, novembre 1996.
Déprimés et schizophrènes partagent une même réduction d'amplitude moyenne de la composante P300 des potentiels évoqués. Cette étude tente de distinguer les mécanismes de cette réduction, chez 18 schizophrènes comparés à 11 déprimés. La réduction d'amplitude serait plutôt liée à une inattention chez les schizophrènes, et marquerait la perte d'intérêt, les difficultés de concentration et le ralentissement chez les déprimés.
 
Endogenous evoked potentials assessment in depression : a review
NANDRINO J.L. et coll., European Psychiatry 11, N°7, 357-368
Cette revue sur les potentiels évoqués commente leurs principales applications à la pathologie dépressive : contribution diagnostique, dissection nosologique, index d'efficacité thérapeutique, exploration des dysfonctions cognitives. Si l'on retrouve généralement çà et là quelques baisses d'amplitude et augmentations de latence, tout ceci est plutôt inconsistant et ennuyeux...jusqu'à présent, car les auteurs espèrent bien que des raffinements méthodologiques nouveaux et la prise en compte des errances méthodologiques du passé rendra cette discipline féconde et passionnante.
 
Lateralized neuropsychological functioning in depressive patients before and after drug therapy.
De GROOT M.H. et coll., Biological Psychiatry, 40,
pp 1282-1287, décembre 1996
L'idée d'un dysfonctionnement cognitif de l'hémisphère mineur dans la dépression n'est pas nouvelle. Mais elle n'est pas confirmée dans cette étude qui évalue 52 déprimés (résistants pour la plupart) avant et après traitement, sur une batterie de tests neuropsychologiques. On retrouve bien certaines modifications, mais elles ne sont pas latéralisées.
 
Mood congruence effect in explicit and implicit memory tasks : a comparison between depressed patients, schizophrenic patients and controls.
BAZIN N. et coll., European Psychiatry, 11, pp 390-395, novembre-décembre 1996
Des sujets déprimés voient leur performance de mémoire implicite influencée par l'humeur, avec une augmentation de la mémorisation de mots positifs. Par contre, la mémoire explicite n'est pas influencée par la variation thymique.
 
 
PERSONNALITÉ
 
Bipolar disorder, unipolar depression and the five-factor model of personality.
BAGBY R.M. et coll., Journal of Affective Disorders,
41, pp 25-32, novembre 1996.
Encore une évaluation de la personnalité de base des bipolaires euthymiques, comparés ici à des unipolaires en rémission, à l'aide d'un modèle de personnalité à 5 facteurs (neuroticisme, extraversion, ouverture, caractère agréable et caractère consciencieux). Les bipolaires sont plus "ouverts", et ont des scores plus élevés à la sous échelle d'émotions positive du score d'extraversion, que les unipolaires.
Does major depression results in lasting personality change ?
SHEA T. M. et coll., The American Journal of Psychiatry, 153, pp 1404-1410, novembre 1996.
Est-il possible que les traits de personnalité parfois retrouvés chez les sujets dépressifs (introversion, neuroticisme, dépendance) soient en quelque sorte les "cicatrices" de l'épisode antérieur ? En utilisant la base de données du Programme sur la Psychobiologie de la Dépression du NIMH, il a été possible de comparer les autoévaluations de personnalité avant et après un premier épisode dépressif majeur (évaluations effectuées à 6 ans d'intervalle). On ne constate alors aucun changement significatif de part et d'autre de l'épisode, ce résultat allant contre l'hypothèse cicatricielle, mais confortant l'hypothèse de la fragilité préalable. Pour les quelques patients qui ont connu plusieurs épisodes dans le laps de temps considéré, on constate cependant une diminution des scores d'extraversion avec le temps.
 
Personality : A moderator of the relation between cognitive functionning and depression in adults aged 55-85 ?
van den HEUVEL, N. et coll., Journal of Affective Disorders,
41, pp 229-240, décembre 1996.
Le lien entre le déclin cognitif et l'expression de symptômes dépressifs chez les sujets âgés est bien connu. Cette étude examine si les traits de personnalité (ici le neuroticisme et la sensation de maîtrise) influent sur cette interaction. Et en effet, le faible degré de neuroticisme semble prot éger les homme de l'affect dépressif lorsqu'ils perdent la mémoire. Chez la femme, c'est la maîtrise qui protège de la dépression face au déclin cognitif.
 
Possible selves in major depression
ALLEN L.A. et coll, Journal of Nervous and Mental Disease 184, pp 739-745, décembre 1997
Il existe une discordance entre les "moi possibles" et la conception qu'ont d'eux-mêmes des déprimés (comparés à des témoins). C'est plus les caractéristiques négatives du schéma personnel que l'absence de jugement positif sur soi, qui définissent la dépression. Dans cette série, les projections dans l'avenir semblent moins pessimistes que ce qui est prédit par les théories cognitives en vigueur.
 
 
Premorbid personality aspects in mood and schizophrenic disorders.
HEERLEIN A., J. SANTANDER et P. RICHTER, Comprehensive Psychiatry, 37, pp 430-434, novembre-décembre 1996.
Les traits de personnalité prémorbides (auto-évaluation et point de vue des proches) de 27 déprimés unipolaires, de 21 bipolaires et de 16 schizophrènes sont confrontés à diverses échelles de personnalité classiques, ainsi qu'à l'échelle de Kitschel qui mesure l'attitude devant l'ambiguïté. La personnalité des déprimés apparaît dans cette étude assez différente de la personnalité dépressive décrite habituellement, et associe rigidité, intolérance à l'ambiguïté. Par contraste, les schizophrènes sont moins extravertis, ont des tendances ésotériques plus accentuées.
 
PHARMACOLOGIE
 
Leukocyte transmembrane potential in bipolar illness.
EL-MALLAKH R.S. et coll., Journal of Affective Disorders,
41, pp 33-38, novembre 1996.
Le potentiel transmembranaire de leucocytes monoclonaux est mesuré chez des témoins, chez des bipolaires euthymiques et chez des bipolaires en phase maniaque et hypomaniaque. C'est chez ces derniers que l'on trouve une hyperpolarisation très significative du potentiel transmembranaire. Le mécanisme de cette hyperpolarisation (calcium, na/K...) reste à préciser.
 
Serum lipid concentrations in patients with major depressive disorder.
OLUSI S.O. et A.A. FIDO, Biological Psychiatry,
40, pp 1128-1131, décembre 1996.
Comparés à 100 témoins appariés, 100 sujets souffrant de dépression majeure et recrutés dans l'unique hôpital psychiatrique koweitien ont une baisse significative du cholesterol total, avec curieusement une augmentation relative du HDL cholesterol. L'amélioration clinique s'accompagne d'une remontée des taux de cholestérol total. Tous les autres paramètres du bilan lipidique sont identiques à ceux des témoins. Cette constatation vaut pour les deux sexes et pour tous les âges, et n'a pas d'explication évidente.
 
Paroxetine is a novel nitric oxide synthase inhibitor.
FINKEL M.S. et coll., Psychopharmacology Bulletin, 32,
pp 653-658, novembre - décembre 1996
La paroxétine, inhibitrice du cytochrome P450, pourrait inhiber aussi la nitric oxide synthase (NOS), structurellement proche. C'est vérifié dans cette comparaison de la paroxétine et de la nortriptyline dans le traitement de patients déprimés souffrant par ailleurs de pathologie cardiaque ischémique. Seule la paroxétine diminue les taux de nitrate et nitrite sériques. Cela en fait un nouveau représentant de la classe des inhibiteurs NOS, ce qui est confirmé par des tests in vitro.
 
POST-PARTUM
 
Aspects of perinatal psychiatric illness.
PRITCHARD D.B. et B. HARRIS, The British Journal of Psychiatry, 169, pp 555-562, novembre 1996.
Revue panoramique sur les différentes facettes de la psychiatrie périnatale : aspects cliniques des dépressions et psychoses puerpérales, méthodes de diagnostic, prise en charge, orientations souhaitables, notamment développement d'unités mère-enfant.
 
 
Effects of childbearing on the natural history of panic disorder with comorbid mood disorder.
WISNER K.L., K.S. PEINDL and B.H. HANUSA, Journal of Affective Disorders, 41, pp 173-180, décembre 1996.
Dans cette étude naturaliste rétrospective de 45 grossesses chez 22 femmes souffrant de trouble panique (avec comorbidité dépressive pour les 3/4), on constate que la grossesse n'a guère d'influence sur la symptomatologie dépressive ou anxieuse, contrairement à une idée reçue selon laquelle elle serait une période de répit pour les trouble psychiatriques.
 
 
Suicides after pregnancy in Finland,
1987-94 : register linkage study.
GISSLER M. & Coll. BMJ, 313, pp 431-4, Décembre 1996.
A travers cette étude rétrospective, les auteurs se sont intéressés aux cas de suicides survenus après une grossesse pendant une période donnée. Le taux de suicide est inférieur à celui retrouvé dans la population générale, sauf dans les cas d'interruption spontanée de grossesse (risque multiplié par 18), et d'interruption volontaire de grossesse (risque multiplié par 34,7).
 
PRÉVENTION
 
High relapse rate after discontinuation of ajunctive medication for elderly patients with recurrent major depression.
REYNOLDS III C.F. et coll., The American Journal of Psychiatry, 153, pp 1418-1422, novembre 1996.
Sur un groupe de 158 sujets âgés traités pour dépression par nortriptyline selon les règles de l'art, 39 ont eu besoin de stratégies de potentialisation en phase de traitement aigu, pour obtenir la rémission. Non seulement le succès thérapeutique à court terme (10 semaines en moyenne pour la cothérapie) est moindre, mais le risque de rechute et ultérieurement de récidive est supérieur. Les auteurs, sans négliger que ces patients, qui étaient initialement plus anxieux que les autres, constituaient à priori un groupe à risque, conseillent de poursuivre les stratégies de potentialisation (lithium, perphénazine, paroxétine en l'occurence) au delà du court terme.
 
Recognition and management of major depression in psychiatric outpatient care :
A questionnaire survey.
SORVANIEMI M. et coll., Journal of Affective Disorders,
41, pp 223-227, décembre 1996.
Encourageant : ce questionnaire envoyé à 255 généralistes finlandais, avec un taux de réponse de 85 %, trouve que la compétence diagnostique est bonne, et que l'utilisation des antidépresseurs est correcte. Les auteurs interprètent ces résultats comme le fruit de campagnes d'information efficaces, avec une bonne sensibilisation à l'emploi des nouveaux antidépresseurs, plus faciles à prescrire.
 
PSYCHO-IMMUNOLOGIE
 
Increased serum soluble CD8 or suppressor/cytotoxic antigen concentrations in depression suppressive effects of glucocorticoids.
MAES M. et coll., Biological Psychiatry, 40, pp 1273-1281, décembre 1996
Le CD8 soluble fait partie des glycoprotéines sécrétées par les lymphocytes tueurs. Cette protéine est augmentée dans les affections auto-immunes. Dans cette étude comparant à des témoins diverses populations de sujets déprimés (mineurs, majeurs, mélancoliques), le sCD8 est élevé chez les déprimés, et la dexamethasone a un effet supresseur. Les auteurs suggèrent que la dépression s'accompagne d'une activation lymphocytaire elle-même contrôlée par l'hyperactivité de l'axe adréno-cortical inhérente à cet état.
 
PSYCHOMÉTRIE
 
Effects of affective-semantic mode of item presentation in balanced self-report scales : biased construct validity of the Zung
self-rating depression scale.
C.K.W. SCHOTTE et coll., Psychological Medicine,
26, pp 1161-1168, novembre 1996.
L'échelle d'autoévaluation de la dépression de Zung est-elle obsolète ? C'est ce que l'on pourrait retenir de cette étude montrant que la formulation négative de la symptomatologie constitue un biais augmentant artificiellement les scores en cas de dépression. La comparaison avec l'échelle d'anxiété de Spielberger, construite elle aussi avec des formulations négatives et positives, suggère d'ailleurs qu'il s'agit là d'un problème généralisable à ce type de questionnaires.
 
Measurement of anhedonia
D'HAENEN H., European Psychiatry, 11, N°7, 335-343, 1996
Après une excellente revue comparative de la dizaine d'échelles publiées entre 1971 et 1983 pour mesurer l'anhédonie (schizophrénique ou dépressive), l'auteur se concentre sur une traduction hollandaise qu'il a faite de l'échelle de plaisir de Fawcett-Clark, pour constater à l'aides d'outils statistiques adhoc que cette échelle est imparfaite. Il propose une version raccourcie (14 items au lieu des 36 initiaux) qui lui semble plus cohérente.
 
Determinants of self-rating and expert rating concordance in psychiatric outpatients, using the affectives subscales of the CPRS
MATTILA-EVENDEN M. et coll., Acta Psychiatrica Scandinavica, 94, pp 386-396, Décembre1996
Comparaison des échelles d'anxiété et de dépression de la CPRS avec leurs homologues développées pour l'auto-évaluation (CPRS-S-A). La corrélation est bonne en général, mais diminue en cas de trouble de la personnalité associé.
 
 
PSYCHOTHÉRAPIE
 
New psychosocial treatments for the outpatient management of bipolar disorder.
MIKLOWITZ D.J. et coll., Psychopharmacology Bulletin, 32, pp 613-622, novembre - décembre 1996
On ne peut plus se contenter de traiter les bipolaires pharmacologiquement. Le temps est venu des stratégies psychosociales qui prennent en compte à la fois la dimension familiale et personnelle. Les universités de Pittsburgh et du Colorado se sont associées pour élaborer un programme expérimental de traitement au long cours du trouble bipolaire, basé sur des approches codifiées dans un manuel. Les premiers résultats montrent que l'adhésion des patients et de leurs familles est bonne. A suivre pour les résultats.
 
SISMOTHÉRAPIE
 
Bilateral ECT and autobiographical memory of subjective experiences related to melancolia : a pilot study.
PERETTI C.S. et coll., Journal of Affective Disorders, 41, pp 9-16, novembre 1996.
Exploration des effets amnésiants bien connus des électrochocs bilatéraux, en comparant des déprimés traités par ECT (type Delmas-Marsalet, il s'agit d'une étude française) à d'autres traités par médication conventionnelle. Une semaine après la dernière des 12 séances thérapeutiques (dommage de ne pas avoir été plus loin dans le temps), on constate une altération significativement supérieure des souvenirs subjectifs liés à l'idéation mélancolique dans le groupe soumis à la "fée électricité".
 
Is postictal electrical silence a predictor of response to electroconvulsive therapy ?
SUPPES T. et coll., Journal of Affective Disorders, 41, pp 55-58, novembre 1996.
L'efficacité thérapeutique de l'ECT pourrait être liée à la qualité du silence électrique post-ictal, censé refléter l'augmentation du seuil électrique provoqué par le traitement. C'est ce que suggère cette investigation prospective effectuée en aveugle auprès de 33 patients. Les résultats sont préliminaires, mais la vérification est facile à mettre en œuvre.
 
 
Effects of electroconvulsive therapy on peripheral adrenoceptors, plasma, noradrenaline, MHPG and cortisol in depressed patients.
WERSTIUK E.S.et coll., The British Journal of Psychiatry,
169, pp 758-765, décembre 1996.
Encore une étude visant à élucider le mode d'action des électrochocs. A partir de diverses mesures effectuées chez des patients déprimés avant et deux semaines après la dernière séance d'ECT (Bmax et Kd des adrénorécepteurs *2 plaquettaires et ß2 leucocytaires, taux plasmatiques de noradrénaline, de MHPG et de cortisol), on constate qu'il existe une hypersensibilité *2 chez les patients, et que le traitement entraîne une down-régulation à ce niveau. Par contre, les récepteurs ß2 ne sont pas modifiés chez les patients, et si leur densité augmente après traitement, c'est probablement du fait d'une baisse concomittante des taux circulants de noradrénaline.
 
"Normal" P300 amplitude predicts rapid response to ECT in melancholia.
ANCY J., B.N. GANGADHAR and N. JANAKIRAMAIAH, Journal of Affective Disorders, 41, pp 211-216, décembre 1996.
La mesure des potentiels évoqués auditifs chez des mélancoliques avant traitement par ECT montre que la latence d'apparition de l'onde P300 n'est pas différente des contrôles, mais que l'amplitude est par contre inférieure. Le fait pour les mélancoliques d'avoir une amplitude non diminuée est corrélé à un bon résultat thérapeutique ultérieur.
 
SOMMEIL
 
Biological predictors of suicidality in schizophrenia.
LEWIS C.F. et coll., Acta Psychiatrica Scandinavica,
94, pp 416 - 420, décembre 1996
Les schizophrènes ayant un comportement suicidaire auraient une augmentation de la durée totale du sommeil REM, mais pas particulièrement d'anomalies du test à la dexaméthasone. Les auteurs interprètent ces résultats en termes de dysfonctionnement sérotoninergique.
 
A double-blind, placebo-controlled evaluation of the effects of orally administered venlafaxine on sleep in inpatients with major depression.
LUTHRINGER R. et coll., Psychopharmacology Bulletin, 32, pp 637-646, novembre-décembre 1996
La venlafaxine exerce sur les paramètres du sommeil exactement les mêmes actions que les antidépresseurs classiques.
 
SUICIDE
 
Attitudes of Oregon psychiatrists toward physician-assisted suicide.
GANZINI L. et coll., The American Journal of Psychiatry, 153, pp 1469-1475, novembre 1996.
L'euthanasie est en passe d'être légalisée en Oregon, avec une clause confiant au psychiatre la charge d'éliminer une affection psychiatrique intercurrente. Interrogés, 77 % des psychiatres répondent à un questionnaire adhoc (le taux de réponse reflète l'intérêt suscité !). Si les deux tiers se disent plutôt favorables à cette nouvelle possibilité "thérapeutique", et acceptent l'idée d'évaluer les patients, ils ne sont que 6 % à penser qu'un examen psychiatrique peut éliminer efficacement une interférence psychiatrique à l'énoncé d'une telle demande.
 
The Marke-Nyman Temperament (MNT) Scale in suicide attempters
ENGSTRÖM G. et coll., Acta Psychiatrica Scandinavica,
94, pp 320-325, novembre 1996
L'échelle de tempérament de Marke-Nyman explore quatre dimensions : validité (reflétant la dimension énergétique allant de fatigable à énergique), stabilité (reflétant la distance émotionnelle à l'autre), solidité (allant de l'impulsivité à l'immuabilité), enfin la capacité intellectuelle. Ce sont les trois premières dimensions qui sont ici étudiées chez 89 suicidants, certains ayant eu recours à des moyens violents, certains étant récidivistes. Mais les résultats sont décevants, sans corrélation claire entre les profils et la forme clinique de comportement suicidaire. L'hétérogénéité clinique des suicidants est ici encore évidente.
 
Validity of DSM-III-R diagnosis by psychological autopsy : a comparison with clinician ante-mortem diagnosis
KELLY T.M. et J.J. MANN, Acta Psychiatrica Scandinavica, 94, pp 337-343, novembre 1996
L'autopsie psychologique, méthode incontournable pour tenter de cerner l'éventuelle pathologie mentale ayant poussé un sujet au suicide, est-elle valide ? Il semble que oui, si l'on en croit les résultats de cette comparaison des résultats d'autopsie psychologique et des diagnostics (rétrospectifs mais indépendants) portés à partir des dossiers psychiatriques. Pour ceux qui aiment les chiffres, le kappa est à 0,85 pour les diagnostics sur l'axe 1, et à 0,65 pour les diagnostics de personnalité.
 
A profile of medically serious suicide attempts.
ELLIOTT A.J. et coll., The Journal of Clinical Psychiatry,
57, pp 567 - 571, décembre 1996
Les sujets qui font des tentatives de suicide médicalement sérieuses auraient plus de trouble mentaux induits par substance psychoactive que les suicidants moins graves. Ces derniers ont un plus grand nombre d'antécédents suicidaires, le premier geste est plus ancien, et ils ont plus d'antécédents de traumatismes ou d'abus physiques ou sexuels. Ils ont aussi plus de personnalité borderline, ainsi que de troubles bipolaires. Le résultat principal de cette étude reste, du point de vue de la prévention, d'identifier et de prendre en charge les comportement d'auto-intoxication lorsqu'ils surviennent dans un tel contexte.
 
Suicidal behavior runs in families : a controlled family study of adolescent suicide victims.
BRENT D.A.. et coll., Archives of General Psychiatry, 53, pp 1145-1154, décembre 1996
Le comportement suicidaire est plus fréquent dans les familles de sujets décédés dans les mêmes circonstances, c'est bien connu. Pour en savoir plus, les familles de 58 adolescents suicidés ont été examinées avec une attention particulière portée sur les diagnostics DSM3-R, sur les antécédents suicidaire (tentatives et idéation), ainsi que sur les antécédents d'agressivité. Il apparaît que les tentatives de suicide sont sur-représentées, même si l'on effectue une correction tenant compte de la fréquence des diagnostics psychiatriques. Ceci traduit un facteur familial suicidogène indépendant de toute pathologie psychiatrique caractérisée, ce qui n'est pas retrouvé pour la simple idéation suicidaire, expliquée par la plus grande fréquence de diagnostics. Il semble exister ici comme dans d'autres études un lien entre les tentatives de suicide et l'agressivité.
 
Psychosocial risk factors of child and adolescent completed suicide.
GOULD M.S. et coll., Archives of General Psychiatry,
53, pp 1155-1164, décembre 1996
L'examen méticuleux des facteurs psychosociaux retrouvés dans l'autopsie psychologique de 120 adolescents suicidés (sur une série de 170 suicides consécutifs) met en évidence un poids particulier des problèmes sociaux, d'une histoire familiale de comportement suicidaire, d'une mauvaise communication avec les parents, ainsi que d'événements traumatiques. L'influence de ces facteurs environnementaux est du même ordre que celle des éléments pathologiques indentifiables.
 
SUJET AGÉ
 
Association of the APOE *4 allele with clinical subtypes of late life depression.
ZUBENKO G.S. et coll, Biological Psychiatry, 40, pp 1008-1016, novembre 1996.
L'allèle *4 de l'alipoprotéine E (impliqué dans la maladie d'Alzheimer) n'est pas particulièrement fréquent chez ces 45 déprimés âgés. Même pas chez ceux qui ont des troubles cognitifs, ce qui réfute l'idée d'un lien entre cet allèle, la dépression et la prédisposition à la maladie d'Alzheimer. Par contre, et ce n'était pas prévu, les déprimés mélancoliques délirants ont une fréquence quadruple d'APOE *4 par comparaison aux autres déprimés. Et s'il y avait plusieurs "Alzheimer" ?
 
Dementia and depression : co-distribution and risk factors in a geriatric in and outpatient sample
MORAWETZ C. et coll, European psychiatry, 11, pp 369-375,
N° 7, 1996
A partir de l'étude transversale de 212 sujets âgés adressés à une clinique gériatrique pour suspicion de dépression ou de déclin cognitif, les auteurs n'observent pas beaucoup plus de dépression chez les patients sévèrement déficitaires (23 %) que chez les patients légèrement ou pas du tout détériorés (16 %). Si démence et dépression peuvent coïncider chez les personnes âgées, elles correspondent à des processus distincts obéissant à des facteurs de risque différents.
 
Severe episode of depression in late life : the long road to recovery.
BLAZER D.G., The American Journal of Psychiatry,
153, pp 1620-1623, décembre 96.
Un cas clinique longuement commenté, illustrant la "longue route "vers la guérison d'un sujet âgé déprimé, autant à cause des caractéristiques de sa pathologie que des bouleversements secondaires introduits dans son adaptation psychosociale.
 
THÉRAPEUTIQUE
 
Fluoxetine versus phenelzine in atypical depression.
PANDE A.C. et coll, Biological Psychiatry, 40, pp 1017-1020, novembre 1996.
Etude contrôlée montrant l'équivalence antidépressive de la fluoxétine (20-60 mg/j) et de la phénelzine (45-90 mg/j) pendant 6 semaines chez des patients présentant une dépression atypique. Avec une meilleure tolérance pour la fluoxétine.
 
Lack of advantage for imipramine combined with lithium versus imipramine alone in the treatment of major depression. A double-blind controlled study.
SHAHAL B. et coll, Biological Psychiatry, 40, pp 1181-1183, décembre 1996.
L'association d'emblée de lithium et d'imipramine (vs imipramine-placebo) chez des patients déprimés "tout-venant" n'offre pas d'avantage spécifique en termes de rapidité d'action ou de qualité du résultat thérapeutique, contrairement à ce qui est rapporté pour les dépressions résistantes. Il s'agit donc d'une stratégie de potentialisation à réserver aux situations difficiles.
 
 
Double-blind controlled trial of sertraline versus paroxetine in the treatment of delusional depression.
ZANARDI R. et coll., The American Journal of Psychiatry, 153, pp 1631-1633, décembre 96.
Après avoir publié les résultats flatteurs du traitement de mélancolies délirantes par la fluvoxamine, cette équipe italienne compare sur une population analogue de 46 patients, la sertraline et la paroxétine en double aveugle pendant 6 semaines. Soixante-quinze pour cent des patients sous sertraline et 45 % des patients sous paroxétine répondent favorablement. On note 41 % de sorties d'essai sous paroxétine (aucune sous sertraline) du fait de problèmes de tolérance.
 
Restless legs syndrome and paroxetine.
SANZ-FUENTENEBRO F.J. et coll., Acta Psychiatrica Scandinavica, 94, pp 482, décembre 1996
Un cas clinique d'aggravation d'un syndrome des jambes sans repos par la paroxétine, ce que les auteurs interprètent en fonction d'un possible impact de cette molécule sur le système dopaminergique.
 
Issues in polypharmacotherapy : focus on major depression.
DUFRESNE R.L., Psychopharmacology Bulletin, 32,
pp 547-554, novembre - décembre 1996
Cette revue sur les polychimiothérapies dans la dépression ne reprend en fait que les données bien connues sur la potentialisation par lithium et T3, en effleurant buspirone et pindolol. Rien de nouveau.
 
Pharmacokinetic and pharmacodynamic drug interactions with polypharmacotherapy of treatment - resistant affective and obsessive-compulsive disorders.
CARSON S.W., Psychopharmacology Bulletin, 32, pp 555-568, novembre - décembre 1996
Excellente revue sur les interactions pharmacocinétiques et pharmacodynamiques dans le traitement des troubles de l'humeur ainsi que des troubles obsessifs compulsifs. Les associations thérapeutiques dans ces indications impliquent généralement un IRS, et il devient important de prévoir la survenue de telles interactions. C'est dans une certaine mesure possible du fait des avancées récentes en biologie moléculaire et en pharmacogénétique, mais la prédiction individuelle n'est pas encore à l'ordre du jour.
 
Induction of mania with serotonin reuptake inhibitors.
HOWLAND R.H., Journal of Clinical Psychopharmacology,
16, pp 425-427, décembre 1996.
A partir de 11 cas de virage maniaque sous divers IRS, l'auteur souligne que cet effet secondaire peut être grave : dans la plupart des cas, il s'agissait d'états intenses, délirants et nécessitant parfois une contention. Ces patients avaient tous des antécédents personnels ou familiaux de manie non repérés lors de l'instauration du traitement antidépresseur.
 
 
TROUBLE BIPOLAIRE
 
Treatment of bipolar depression with carbamazepine : results of an open study.
DILSAVER S.C. et coll., Biological Psychiatry, 40, pp 935-937, novembre 1996.
Cette petite étude ouverte est bien présentée. Elle suggère que la carbamazépine en monothérapie pendant trois semaines est un traitement efficace pour la dépression chez les bipolaires (rémission chez 17/27 patients) mais pas dans les états mixtes (rémission chez 2/9 patients).
Bipolar II disorder : a progress report.
CORYELL W., Journal of Affective Disorders, 41, pp 159-162, décembre 1996.
Cet éditorial reconnaît la validité de la distinction entre les bipolaires de type I et les bipolaires de type II, au moins d'un point de vue d'épidémiologie familiale et d'une relative stabilité dans le temps, encore que bien des bipolaires de type II se révèlent finalement de type I. Mais les différences s'il y en a, sont plus floues ou discutables en ce qui concerne l'abord thérapeutique, hospitalisation mise à part.
 
Clozapine et traitement des troubles bipolaires à cycles rapides.
LANCON C., LLORCA P.M., L'Encéphale, 22, pp 468 - 469, novembre-décembre 1996
Un cas clinique de bipolaire à cycles rapides ayant résisté aux traitements classiques, et répondant à un traitement par la clozapine.
 
Superiority of lithium over verapamil in mania : a randomised, controlled, single blind trial
WALTON, S.A. et coll., The Journal of Clinical Psychiatry,
57, pp 543-546, novembre 1996
Cette étude est un peu surprenante, car elle compare une faible posologie de lithium (lithiémies moyennes de 0,50 mmol/L) au verapamil dans le traitement en simple aveugle de 40 maniaques. Et pourtant, ce traitement à priori peu efficace est supérieur à l'anticalcique !
 
Polypharmacy in bipolar I disorder.
SOLOMON D.A. et coll., Psychopharmacology Bulletin,
32, pp 579-588, novembre - décembre 1996
Que sait-on vraiment sur les associations thérapeutiques dans le trouble bipolaire ? Que l'association de lithium et d'imipramine d'une part, de lithium et de décanoate de flupenthixol d'autre part, ne sont pas supérieures au lithium seul ; que lithium et carbamazépine sont aussi efficaces que lithium et halopéridol, tant en aigu qu'au long cours. Les autres associations intéressantes selon diverses études préliminaires ou observations non contrôlées sont les associations entre elles des trois thymorégulateurs (lithium, carbamazépine, valproate), ainsi que l'adjontion de clozapine ou de levothyroxine à haute dose. Mais elle sont à manier avec précaution tant qu'elles n'ont pas fait l'objet d'études contrôlées.
 
 
Comparison of therapeutic modalities for mania.
SMALL J.G. et coll., Psychopharmacology Bulletin, 32,
pp 623-628, novembre - décembre 1996
Cette équipe a traité en 16 ans 130 bipolaires et résume son expérience des essais contrôlés successivement réalisés, la plupart ayant été publiés par ailleurs en leur temps. Numéro 1 au hit parade : une série de 9 électrochocs suivie par du lithium. Le lithium avec un traitement neuroleptique modéré, ou avec de la rispéridone, c'est pas mal non plus.
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DÉPRESSION N°7 Mai/Juin 1997