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Notes de Congrès J A L O N S

ANTIDÉPRESSEURS
 
De nombreux résultats portant sur des antidépresseurs connus, d'autres moins connus ou en cours de développement, ont été présentés, surtout dans les séances de Posters qui avaient lieu à l'heure du déjeuner. Dans leur majorité, ces communications sont issues des firmes qui développent ces molécules.* Pèle mêle :
 
La fluoxétine n'entraînerait pas plus d'agitation psychomotrice que le placebo ou les imipraminiques de référence, et la forme anxieuse ou non de la dépression n'influe pas sur l'effet thérapeutique (Plewes et coll, Indianapolis). En fait, pour Wernicke, elle serait neutre pour la plupart des patients (ni sédative, ni activatrice).
Une équipe de Yougoslaves (Sarcevic) l'a essayée dans la neurasthénie*, avec un certain succès.
Un essai Français (Vanelle J.M. et coll.) a comparé l'efficacité de la fluoxetine contre placebo dans le traitement de la dysthymie* (140 patients). La fluoxetine entraîne significativement plus de réponses favorables à trois mois que le placebo. Chez les non répondeurs, l'augmentation de la dose à 40 mg/j amène une réponse positives à 6 mois dans 50 % des cas.
 
La mirtazapine est efficace chez le sujet âgé, avec 15 % de vertiges, pour Wittgens et coll, de Bonn.
Pour Kremer et coll, la mirtazapine serait plus efficace que la fluoxétine dans la dépression majeure.
Pour Wingard et Panagides, la mirtazapine est aussi efficace que l'amitriptyline dans le traitement de la dépression sévère (contre placebo).
Montgomery a présenté des données suggérant que la mirtazapine est supérieure à l'amitryptiline dans la prévention des rechutes, sur un an (contre placebo).
La nefazodone est supérieure au placebo dans le traitement de la dépression majeure sévère hospitalisée. Les posologies atteintes sont de l'ordre de 500 mg (Feighner et coll, San Diego).
 
Quelques résultats cliniques concernant la sertraline* :
Elle serait aussi efficace et aussi bien tolérée que la moclamine, dans le traitement de la dépression atypique, au sens anglo-saxon du terme.
Chez l'enfant et l'adolescent, la sertraline a été utilisée avec succès, dans une étude non contrôlée : 14 patients de 9 à 16 ans présentant un épisode dépressif majeur ont reçu un traitement par sertraline (50 mg/j). Douze patients ont répondu complètement au traitement à 12 semaines, avec peu d'effets secondaires : céphalées dans un cas, insomnie transitoire dans un autre cas. Les auteurs (Kochman F. et coll., France) annonce une étude en double aveugle contre placebo à venir.
 
Un nouveau RIMA est en cours d'évaluation, le
pirlindole. Il serait aussi efficace et mieux toléré que le moclobémide. Patience...
 
La duloxétine est peut-être un bon antidépresseur, de la classe des inhibiteurs du recaptage de la sérotonine et de la noradrénaline. Mais si les essais ouverts sont positifs, elle ne se distingue pas du placebo dans un essai Sud Africain (Joubert et coll).
 
La venlafaxine* a donné lieu à un essai ouvert positif dans la dysthymie primaire (Ravindran, d'Ottawa). A confirmer contre placebo.
Comparée à la paroxétine dans le traitement de dépressions résistantes hospitalisées (120 patients), elle serait d'une efficacité supérieure.
Une forme à libération prolongée semble aussi efficace que la forme galénique actuelle (Derivan et coll, Philadelphie), notamment dans l'anxiété associée à la dépression (Rudolph et coll.)
 
La S-adényl-méthionine (SAMe), au terme de la méta analyse de deux essais italiens (Delle Chiaie, Rome), est inférieure à la clomipramine bien que supérieure au placebo. On ne la considérera toujours pas comme un antidépresseur majeur.
 
Qu'est-ce que la Tolcapone ? Un inhibiteur sélectif et réversible de la COMT, actuellement étudié à Bâle, en liaison avec une équipe de Boston. Déjà proposée dans le traitement de la maladie de Parkinson, on lui suppose une action anti-anhédonique sur certaines expériences animales. Une étude ouverte effectuée chez 21 sujets déprimés prélude sans doute à des investigations plus rigoureuses (Moreau et coll). A suivre...
 
La lamotrigine, anti épileptique de nouvelle génération déjà proposée comme thymorégulateur et antimaniaque, pourrait aussi, à partir d'une petite investigation portant sur 6 patientes, s'avérer antidépressive (Fomaro et coll, Gènes).
 
 
BIOLOGIE
 
Dépression et acides gras
Une déplétion en acides gras oméga-3-polyinsaturés et particulièrement en acide docosahexaenoique pourrait jouer un rôle dans la pathogénèse de la dépression (Peet M. et coll., Royaume-Uni). Une étude comparant 10 sujets déprimés à 14 sujets sains appariés semble le confirmer. Reste à savoir si les acides gras oméga-3-polyinsaturés peuvent avoir un intérêt thérapeutique dans la dépression.
 
La forskoline en thérapeutique ?
Un analogue soluble de la forskoline, stimulant direct de l'adenyl-cyclase, aurait sur le test de la nage forcée des effets bien plus puissants que ceux de l'amitriptyline. Pour ces auteurs japonais (Ozawa et coll, de Sapporo), cela pourrait avoir un intérêt thérapeutique, tout en confirmant l'implication de l'adénylcyclase dans le mode d'action des antidépresseurs.
 
CHRONOBIOLOGIE
 
Sensibilité saisonnière à la déplétion en tryptophane
On peut provoquer de brèves sensations dépressives estivales chez des déprimés saisonniers hivernaux, en les soumettant à une déplétion en tryptophane. Habeler et coll, de Vienne, y voient une indication que le trouble sérotoninergique n'est pas qu'un marqueur d'état de ce trouble, mais qu'il existe aussi une sensibilité-trait à ce type d'épreuve. On peut en rapprocher l'expérience présentée par Van Praag, de provocation de baisse de l'humeur par déplétion en tryptophane chez d'autres types de sujets prédisposés, des volontaires sains ayant des antécédents familiaux de troubles de l'humeur.
 
Beaucoup de troubles affectifs saisonniers en Finlande
Étude en population générale sur 1710 sujets de 18 à 64 ans au moyen d'un auto questionnaire : la prévalence de la dépression saisonnière serait de 12 %. Le diagnostic est associé au sexe féminin, au jeune âge, à un niveau d'éducation élevé, et au Nord du pays... où l'hiver est beaucoup plus long (Saarijärvi S. et coll., Finlande).
 
 
CLINIQUE
 
Agitation psychomotrice et traitements antidépresseurs
Évaluation de l'agitation psychomotrice (basée sur le neuvième item de l'échelle de dépression de Hamilton) portant sur 4737 patients recevant en double aveugle de la fluoxetine, un tricyclique ou un placebo (Tollefson G.D. et coll). L'incidence de l'augmentation de l'agitation en début de traitement est comparable dans les trois groupes. Le taux d'apparition d'une agitation psychomotrice est comparable dans les deux groupes traités. L'agitation s'améliore de façon équivalente dans les deux groupes traités, de façon significativement supérieure au groupe placebo.
 
 
COMORBIDITÉ
 
Les antidépresseurs dans les colopathies* dépressives
Sur un échantillon de 16 patients atteints de colopathie fonctionnelle, 8 présentent un épisode dépressif majeur, 3 une dysthymie. Le traitement antidépresseur (tricyclique ou fluoxetine) est efficace sur les symptômes de colopathie pour 14 patients (87,5 %). Il est difficile, vu la petite taille de l'échantillon d'en tirer des conclusions sur l'utilité comparées des inhibiteurs de la recapture de la sérotonine et des tricycliques dans cette indication (Rubio D.E. et coll., Argentine).
 
Comment mesurer la dépression chez les schizophrènes
Au sein d'un échantillon de 16 patients schizophrènes stabilisés sous traitement neuroleptique, l'Échelle de Dépression de Calgary et l'Inventaire de Dépression de Beck apparaissent satisfaisants pour mesurer la dimension dépressive, dans la mesure où ils semblent indépendants de l'akinésie et de la symptomatologie déficitaire (Langlois-Thery S. et coll., France).
 
La dépression des hépatiques traités par interféron
Sur 56 patients traités par Interferon pour une hépatite C chronique, 10 ont développé un syndrome dépressif entre une semaine et deux mois après le début du traitement (Uchimura N. et coll., Japon). L'instauration d'un traitement antidépresseur a permis un retour à un état euthymique dans tous les cas au terme d'un délai de trois semaines à trois mois. Les patients déprimés avaient un score significativement plus élevé que les autres à l'échelle de Hamilton avant le début du traitement par Interferon. Une diminution des taux de MHPG plasmatique après le début du traitement par Interferon chez ces patients déprimés fait penser que des modifications du métabolisme de la noradrénaline pourraient être à l'origine du phénomène.
 
La paroxetine chez les coronariens déprimés
Étude prospective randomisée en double aveugle chez 81 patients déprimés coronariens visant à comparer les effets de la paroxetine et de la nortriptyline. Des incidents cardiaques significatifs sont survenus chez 1/41 patient sous paroxetine, 7/40 patients sous nortriptyline. Dans ce dernier groupe, on observait également de manière significative une augmentation de la fréquence cardiaque associée à une diminution de la variabilité du rythme cardiaque (Roose S. et coll., USA).
 
DÉPRESSION RÉSISTANTE
 
Potentialisation par la thyroxine à haute dose dans les dépressions résistantes
Dix-sept patients déprimés (13 bipolaires, 4 unipolaires), résistant à un traitement antidépresseur (le plus souvent associé à du lithium), euthyroïdiens, ont bénéficié de l'adjonction de 300 à 600 µg de T4 (augmentation progressive sur 8 semaines). Huit patients ont parfaitement répondu au traitement, 2 ont répondu de façon partielle. Parmi ces 10 patients, avec un suivi de 27 mois, 7 ont eu une évolution tout à fait favorable. Aucun effet secondaire gênant, aucune complication n'ont été observés (Bauer M. et coll., Allemagne).
 
Traitement séquentiel des dépressions chroniques
Dans le cadre d'un essai thérapeutique comparant la sertraline à l'imipramine chez des patients traités pendant trois mois pour dépression chronique, les patients n'ayant pas répondu à la première séquence thérapeutique ont été passés au traitement alternatif. Quatre-vingt dix pour cent des patients résistant à l'imipramine ont supporté la sertraline, avec 57 % de bon résultat, Le passage de la sertraline à l'imipramine a été bien toléré dans 75 % des cas, avec 42 % de bons résultats.

EFFETS INDÉSIRABLES
 
Une échelle pour objectiver le syndrome sérotoninergique
Hergerl U. et coll. (Allemagne), a développé une échelle de syndrome sérotoninergique à 9 items côtés de 0 (absent) à 3 (sévère), basée sur les critères diagnostiques proposés par Sternberg. Sur un échantillon de 42 patients, les scores obtenus apparaissent corrélés au taux plasmatique de paroxetine, ainsi qu'à certaines caractéristiques des potentiels évoqués auditifs qui reflètent l'activité sérotoninergique centrale. Un score supérieur à 6 témoignerait d'un syndrome sérotoninergique.
 
Tolérance cardiologique des antidépresseurs
Dans cette étude menée sur un petit échantillon (37 femmes déprimées de 40 à 75 ans sans antécédent cardio-vasculaire), les tricycliques provoquent des modifications minimes de l'électrogénèse dans 68 % des cas (Mungo S. et coll., Italie). Celles-ci sont en général dépourvues de traduction clinique, et la relation entre ces modifications et des accidents cardiaques potentiels reste à préciser. Dans les 5 cas ou le tricyclique a été remplacé par un ISRS, les anomalies ont disparu.
 
 
GÉNÉTIQUE
 
Recherches de polymorphisme
Sur une population de 93 bipolaires et 123 témoins, Kunugi et coll, de Tokyo, ne trouvent pas de différence dans la distribution du génotype ou dans la fréquence allélique du gène du transporteur de sérotonine.
Chez une vingtaine de déprimés saisonniers, le seul polymorphisme possible concernerait le gène codant pour le récepteur 5HT2, avec une fréquence de l'allèle 1 plus grande chez les patients que chez les témoins (Lenzinger et coll, de Vienne).
 
Âge de début de la dépression et fardeau génétique
Étude rétrospective sur 300 patients présentant une histoire de trouble affectif : les antécédents d'événements de vie négatifs sont corrélés avec un âge d'apparition tardif des troubles, tandis que les antécédents familiaux sont corrélés avec une apparition plus précoce. S'il existe une susceptibilité génétique, elle s'exercerait donc préférentiellement pour les formes de trouble affectif à début précoce (Aberg-Wistedt A. et coll., Suède).
IMAGERIE
 
Le débit sanguin cérébral des déprimés saisonniers est influencé par la lumière
Prashak-Rieder B. et coll., Autriche, ont soumis 22 sujets présentant une dépression saisonnière, vierges de toute chimiothérapie, à une photothérapie, puis à une analyse des débits sanguins régionaux à la caméra à positons. Les patients répondeurs à la photothérapie présentent une hypoperfusion significative de certaines régions frontales qui disparaît avec l'amélioration clinique.
 
 
LITHIUM
 
Le lithium prévient bien le suicide
Cent patients traités au long cours par lithium (au moins un an), et ayant déjà tenté au moins une fois de se suicider, ont été suivis pendant en moyenne 8 ans. Parmi eux, 42 interrompirent le traitement (au bout de 5 ans en moyenne). Dans ce groupe, sept se sont suicidés, un seul parmi les 58 patients qui ont poursuivi le traitement. La différence est statistiquement significative et pose la question de la durée optimale du traitement prophylactique par lithium (Bocchetta A. et coll., Italie).
 
Mood-stabilizing drugs regulate serotonin transporter expression.
Pour Heils A. et coll., Allemagne, une anomalie du gène codant pour la protéine transportant la sérotonine peut être incriminée dans la pathogénèse des troubles affectifs. Il semble que les actions des différents thymo-régulateurs sur l'expression de ce gène soient différentes. Le lithium, cependant, pourrait trouver là une de ses cibles d'action.
 
 
NEUROMÉDIATEURS
 
Effets de la clomipramine intraveineuse sur les monoamines.
Comparés à 12 témoins, 12 sujets déprimés, avant perfusion de clomipramine, ont un taux de 5HIAA plasmatique significativement (p<0,05) diminué. Les taux de HVA sont un peu inférieurs, mais sans atteindre la significativité. Pas de différence de sérotonine plaquettaire. Après deux semaines de perfusions, la seule variable qui a changé est la sérotonine plaquettaire (- 6,4 %, p<0,0005), les deux autres variables ne se normalisant pas. Les auteurs observent une tendance (p<0,06) pour les patients qui n'ont pas répondu au traitement au jour 28, à avoir initialement des valeurs de 5HIAA et de HVA plasmatique ainsi que de 5HT plaquettaire plus basses.
 
 
NEUROENDOCRINOLOGIE
 
Axe corticotrope et sérotonine dans la dépression : l'œuf ou la poule ?
Pour Dinan T.G. (U.K.), les anomalies des monoamines observées dans la dépression n'en constituent pas le fait étiologique primaire. Elles seraient secondaires à l'hyperfonctionnement de l'axe corticotrope chez certains sujets. Une illustration est fournie par le fait que les antécédents de carences affectives et d'abus sexuels dans l'enfance (considérés comme corrélés au risque dépressif à l'âge adulte) induiraient des anomalies persistantes de l'axe corticotrope.
 
Les corticostéroïdes diminuent le tonus sérotoninergique
Étude contre placebo, de l'effet de l'administration de cortisol sur la réponse neuroendocrine à l'administration de L-TRP, médiée par les récepteurs 5-HT1A. La réponse est significativement diminuée chez les patients qui ont reçu du cortisol, comme elle l'est chez les patients déprimés (Young A.H., U.K.).
 
Implication des sites de liaison érythrocytaire de la T3 dans la dépression ?
Sur la piste du mécanisme biologique rendant compte des interactions entre dépression et axe thyroïdien ? Les patients déprimés unipolaires présentent des perturbations significatives de la cinétique des récepteurs érythrocytaires pour la T3, par rapport à un groupe contrôle. Certains paramètres tendent à se normaliser chez les patients répondeurs à un traitement par fluvoxamine (Moreau X. et coll., France).
 
 
PERSONNALITÉ
 
Recherche de nouveauté et polymorphisme du gène du récepteur D3
Chez 37 sujets bipolaires étudiés à distance du dernier épisode psychiatrique, il y aurait une association entre la dimension de recherche de nouveauté et le polymorphisme du gène codant pour le récepteur D3 : les porteurs de l'allèle 1 ont des scores de recherche de nouveauté inférieurs aux patients ne possédant pas cet allèle. Les auteurs ne retrouvent pas l'association entre la recherche de nouveauté et le polymorphisme DRD4 publiée par ailleurs chez le volontaire sain.
 
 
PHARMACOLOGIE
 
Que faire pour les métaboliseurs rapides ?
Sur 198 patients traités par desipramine, 12 % sont des métaboliseurs rapides : les taux sériques de desipramine sont inférieurs à ceux attendus et la réponse thérapeutique jugée insuffisante. Chez 17 patients sous tricycliques mais métaboliseurs ultra-rapides on a ajouté au traitement une molécule inhibant le cytochrome P450 2D6 (fluoxetine ou paroxetine ou quinidine). Ceci a provoqué une augmentation significative des taux sériques de tricycliques chez 15 patients, et une réponse thérapeutique chez 12 patients. Un métabolisme ultra-rapide des tricycliques représente donc une cause non négligeable de résistance au traitement. L'inhibition du catabolisme de l'antidépresseur peut permettre une amélioration clinique significative (Kraus R.P. et coll., Canada).
 
 
PRÉVENTION
 
IRS et lithium, même combat
La sertraline*, la fluvoxamine* et le lithium sont à peu près également efficaces dans la prévention des récidives, sur 24 mois, avec une protection se situant autour de 80 %. (Franchini et coll., Milan).
 
 
PSYCHOTHÉRAPIE
 
la psychothérapie facilite la chimiothérapie
La poursuite de la chimiothérapie pendant un an améliore le pronostic de la dépression (59 % de rémission chez ceux qui prennent toujours le traitement à un an contre 46 % chez les autres). L'association à une psychothérapie de soutien augmente la probabilité que le traitement soit ainsi poursuivi (Bosma L. et coll.,
Pays-Bas). La psychothérapie pour faire passer la pilule ?
 
 
RÉCEPTEURS
 
La liaison de l'imipramine (pas celle de la paroxétine) marque la mélancolie et le suicide.
Les catalans Rosel et coll. ont étudié les constantes de liaison présynaptique (Kd et Bmax de l'imipramine et de la paroxétine tritiées), et de la liaison post-synaptique 5HT2 (par la kétansérine tritiée) dans les plaquettes de mélancoliques (N=51, 63 contrôles), ainsi que dans certaines régions cérébrales de victimes de suicide (N=13, 16 contrôles). Chez les mélancoliques, ils trouvent une diminution des sites de liaison présynaptiques sans modification de l'affinité, ainsi qu'une diminution de l'affinité du récepteur 5HT2 sans modification des sites. Dans les cerveaux de suicidés, les modifications rapportés ne concernent que l'hippocampe, et ne sont pas retrouvées dans le cortex frontal, cingulaire, ou l'amygdale. Il s'agit d'une diminution des sites de l'imipramine sans modification de l'affinité, et d'une augmentation de l'affinité du récepteur post-synaptique 5HT2. Les paramètres de liaison de la paroxétine ne sont modifiés dans aucune des deux populations.
 
 
SUICIDE
 
La Fluoxétine n'est pas plus suicidogène que l'imipramine
Cette méta-analyse de Wernicke J.F. et coll., (USA) porte sur 32 essais contrôlés en double aveugle comparant le risque de suicide dans les épisodes dépressifs majeurs sans élément psychotique, selon que les patients sont traités par fluoxetine ou bien par imipraminiques ou placebo (4752 patients). Il apparaît que fluoxetine et imipraminiques réduisent significativement et de manière comparable l'idéation suicidaire par rapport au placebo.
 
Hypocholestérolémie et suicide
La cholestérolémie de 99 patients vus aux urgences pour une tentative de suicide a été comparée à celle de 74 patients hospitalisés en psychiatrie mais sans histoire de tentative de suicide et à 39 sujets normaux (Aoki H. et coll., Royaume-Uni). Chez les suicidants la cholestérolémie est significativement inférieure à celle des deux autres groupes (après correction pour différents facteurs : sexe, diagnostic, statut nutritionnel). La corrélation est significative pour les troubles névrotiques et les syndromes dépressifs, mais pas pour les troubles psychotiques.

THÉRAPEUTIQUE
 
Les IRS dans les mélancolies délirantes
Étude de l'efficacité des ISRS (fluvoxamine 300 mg/j pour 59 patients, paroxetine 50 mg/j pour 22, et sertraline 150 mg/j pour 24) dans le traitement des épisodes dépressifs majeurs avec caractéristiques psychotiques (Zanardi R. et coll., Italie). Deux patients sous fluvoxamine ont interrompu le traitement en raison d'un virage maniaque, 9 patients sous sertraline l'ont interrompu en raison de la survenue d'effets secondaires. Les autres patients ont terminé l'étude. Les critères de guérison sont obtenus pour 76,6 % de ces patients, ce qui rend l'efficacité des ISRS dans cette indication comparable à celle de la sismothérapie ou de l'association tricycliques + neuroleptiques.
 
Résistance au lithium : penser aux anticalciques
A propos d'un cas : un patient bipolaire de type I de 47 ans, chez lequel ni le lithium, ni l'association lithium-carbamazepine, ni l'association carbamazepine- valproate, n'avaient jamais eu d'effet prophylactique. Il est actuellement asymptomatique depuis plusieurs années grâce à une association de valproate et de Nimodipine (inhibiteur calcique) à la dose de 450 mg/jour (Pezawas L. et coll., Autriche).
 
 
TROUBLE BIPOLAIRE
 
Les bipolaires I et II sont ils différents ?
Comparant un échantillon de 22 patients présentant un trouble bipolaire de type II à 38 bipolaires de type I, Vieta E. et coll., (Espagne). montrent que les bipolaires de type II ont significativement plus d'antécédents d'épisodes de troubles thymiques et de virages de l'humeur, et significativement moins de manifestations psychotiques et d'antécédents d'hospitalisation (tautologique). Dans le trouble bipolaire de type de II, les épisodes pathologiques seraient donc moins intenses mais plus fréquents.
 
La réponse au lithium des parents comme marqueur pronostique des enfants
Duffy A. et coll. (Canada), ont étudié la symptomatologie précoce présentée par les enfants de patients bipolaires. Ceux dont les parents répondaient bien au lithium présenteraient préférentiellement une pathologie affective épisodique, tandis que les enfants de non répondeurs au lithium présenteraient une pathologie plus variée et plus chronique. Les patients bipolaires répondeurs au traitement par lithium constitueraient-ils un sous-groupe homogène parmi les troubles affectifs ?
Vincent_Caillard@Compuserve.com, TBaubet@Compuserve.com
 
* note de l'éditeur : les propos rapportés ne figurent pas dans les AMM des produits cités pour la France (cf Vidal 97)


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DÉPRESSION N° 8 Août/Septembre 1997