Même si lon considère comme acquise la définition de la crise suicidaire, plusieurs remarques préliminaires simposent concernant la notion de facteurs de risque ; ces remarques concernent le modèle théorique de référence, les classifications des facteurs de risque ainsi que les conséquences pour la prévention. Un facteur de risque est dans une relation de corrélation avec la survenue dun phénomène et concerne une population ; il ne se situe donc pas au niveau de la causalité individuelle. De plus tous les auteurs saccordent pour rapporter les phénomènes suicidaires en général et la crise suicidaire en particulier à un modèle plurifactoriel impliquant à la fois des facteurs socio-culturels, environnementaux et psychopathologiques. Enfin, ces différents facteurs sont en interaction les uns avec les autres, ce quindiquent certains auteurs en distinguant facteurs prédisposants ou de vulnérabilité, facteurs précipitants et facteurs de protection (Heikkinen, 1993 ; Young, 1994 ; Sandin, 1998). Il ne sagit donc pas dun modèle additif mesurant le risque final à partir dune sommation des différents facteurs de risque mais dun modèle intégratif aboutissant au fait que limpact de chacun deux dépend de la présence ou de labsence dautres éléments. Toute politique de prévention doit évidemment tenir compte de ces données (corrélation, plurifactorialité, interaction) au risque de passer à côté de son objectif.
Les facteurs de risque suicidaire peuvent être classés selon plusieurs oppositions (court terme/long terme, psychopathologiques/socio-environnementaux, prédisposants/précipitants), mais également, dans une perspectives pragmatique et préventive, en facteurs primaires, secondaires et tertiaires (Rihmer, 1996 ; Hardy, 1997). Les troubles psychiatriques, les antécédents personnels et familiaux de suicide, la communication dune intention suicidaire ou une faible activité sérotoninergique constituent des facteurs de risque primaires ; ils sont en interaction les uns avec les autres, ont une valeur dalerte importante au niveau individuel et surtout pourront être influencés par les traitements. Les pertes parentales précoces, lisolement social (séparation, divorce, veuvage, ), le chômage, les difficultés financières importantes et des événements de vie négatifs sévères forment les facteurs de risque secondaires, observables dans lensemble de la population, faiblement modifiables par les thérapeutiques et dont la valeur prédictive est réduite en labsence de facteurs primaires. Enfin, les facteurs de risque tertiaires comprennent lappartenance au sexe masculin, à un groupe dâge à risque (adolescence, sénescence), ou à une période de vulnérabilité particulière (phase prémenstruelle) ; ils ne peuvent être modifiés et nont de valeur prédictive quen présence de facteurs primaires et secondaires.
Pour rester proche du plan proposé pour la conférence de consensus, nous ne ferons que citer les facteurs de risques primaires ou facteurs relatifs à lindividu (amplement détaillés par ailleurs) pour insister sur les facteurs de risque secondaires ou facteurs relatifs à lenvironnement, et plus particulièrement sur linfluence des événements de vie qui paraissent illustrer au mieux la complexité de la problématique suicidaire et lécart qui existe entre un paramétrage épidémiologique basé sur lidentification de facteurs de risque et la question du sens quun tel événement peut prendre dans une histoire singulière (Mahieu, 2000).
Il y a dabord lieu de donner une définition de lévénement de vie (Life Event). La notion courante dévénement peut être résumée par la formule dun changement extérieur au sujet, cest-à-dire que cette notion suppose à la fois la survenue dun changement suffisamment rapide et important pour entraîner une discontinuité dans la vie du sujet et le caractère objectif de ce changement, cest-à-dire une origine extérieure au sujet (Tatossian, 1985). Brown et Harris (1978) ont distingué en outre les difficultés de vie, situations problématiques qui durent au moins quatre semaines, et les incidents de vie ou tracas (hassless), événements de vie dintensité mineure ou concernant des personnes trop éloignées du sujet. Enfin, il peut exister des difficultés naissant dévénements, des événements complexes (cest-à-dire survenant pendant la même semaine et découlant dun même processus) et des événements en série (événement de même thème se répétant) proches des stresseurs chroniques (Sandin, 1998).
En psychopathologie, la référence à la notion dévénement nest pas épistémologiquement neutre, car elle participe dune conception du fonctionnement mental où prédomine une logique de la causalité. Cest le domaine des épidémiologistes qui situent lévénement extérieurement aux phénomènes morbides en essayant de lidentifier à un facteur de risque. Ce caractère dextériorité de lévénement par rapport au sujet, qui le rapproche du fait (donnée désaffectivée qui sinscrit hors du champ du vécu, Sabatini, 1988), est critiqué à la fois par la psychanalyse et par la phénoménologie. Cette dernière insiste sur la nécessité dintégrer le sujet à la définition et même à la constitution de lévénement, bref à lavènement de lévénement. " Il ny a dévénement que pour lhomme et par lhomme ; cest une notion anthropologique, non une donnée objective " (Bastide, 1970). Bien loin de subir passivement ces événements, le sujet les provoque et les utilise comme instruments de sa stratégie dadaptation, par exemple à un conflit interpersonnel. Le modèle de causalité événementiel le plus adéquat selon les phénoménologues nest alors plus le modèle linéaire Stimulus-Réaction habituellement privilégié par la méthode des Life Events, mais un modèle de type transactionnel où le sujet essaie de contrebalancer les événements quil subit avant la crise suicidaire par les événements quil produit, éventuellement jusquau passage à lacte suicidaire. Quant à la psychanalyse, elle introduit la notion daprès-coup qui interdit de réduire lhistoire dun sujet à un déterminisme linéaire envisageant seulement laction du passé sur le présent. Le sujet remanie ainsi après-coup les événements passés, et cest ce remaniement qui leur confère un sens, une efficacité, ou un pouvoir pathogène. Toutefois, ce nest pas le vécu en général qui est remanié après-coup, mais électivement ce qui, au moment où il a été vécu, na pu pleinement sintégrer dans un contexte singificatif. Le modèle dun tel vécu est lévénement traumatisant. Ainsi, dans lHomme aux loups (Freud, 1918), la scène originaire vécue à 18 mois ne prit son caractère pathogène quaprès-coup, lors de la survenue du rêve à 4 ans. Pour la psychanalyse, cest donc laprès-coup qui fait lévénement ; la priorité est donnée aux facteurs internes et à la nécessité de saisir des processus délaboration psychologique dans lhistoire du sujet. Il serait donc possible dopposer une conception anthropologique subjective de lévénement (position de la phénoménologie et de la psychanalyse) à une conception objective ou plutôt objectivante privilégiée par la méthode des Life Events et lépidémiologie. Il semble toutefois que cette opposition ne soit plus aussi tranchée. Dune part, le caractère dextériorité de lévénement par rapport au sujet est nuancé par un certain nombre dauteurs se référant à la méthodologie des événements de vie : événements dépendants du sujet (Brown, 1974), contrôlables par lui (Paykel, 1975 ; Cochrane, 1975), ou encore contingents à son comportement (Fontana, 1972). Dautre part, le mode dévaluation de limpact événementiel a évolué avec le temps. Le premier mode dapproche a été mis au point par Holmes et Rahe (1967) et consistait à attribuer à chaque événement une note standart en terme de retentissement affectif. Puis, lintérêt sest porté vers lauto-évaluation rétrospective (Sarason et al, 1978) soumise aux biais des mécanismes de défense et à la réorganisation des affects dans le temps. Enfin, lévaluation la plus achevée introduit dans lanalyse événementielle le contexte où se place lévénement dans la vie du sujet et aussi lappréciation du sujet lui-même (Brown et Harris, 1989). Cest dans ce rapprochement objectif/subjectif que lambiguité de la notion dévénement trouve à la fois son illustration et sa fécondité (Tatossian, 1985). De nombreux auteurs se sont penchés depuis plus dun demi siècle sur les relations existant entre les événements de vie stressants et le phénomène de la maladie, à la suite dA. Meyer formulant lhypothèse de lexistence dune relation entre stimuli stressants issus de lenvironnement et maladie. Dans cette optique, les recherches ont dabord été centrées sur les maladies somatiques, puis sur les maladies psychosomatiques et et enfin sur les maladies mentales. Dans le domaine de la souffrance psychique, de nombreuses études ont établi un lien temporel entre un événement et certains types de maladies (états dépressifs, schizophrénie) ou certains types de comportement comme les tentatives de suicide (Cochrane, 1975 ; Paykel, 1975). Outre la question de la nature de lévénement incriminé, se pose alors celle, fondamentale, du type de lien qui unit lévénement et le trouble, ici le comportement suicidaire. Cette liaison nest jamais considérée comme lexpression dune causalité directe, mais comme leffet de facteurs favorisants ou déclenchants, termes pour lesquels un certain nombre de synonymes ont été proposés : facteurs prédisposants et précipitants (Cross, 1986 ; Shaffer, 1988), facteurs distaux et proximaux (Low, 1990 ; Mosciki, 1995), facteurs de vulnérabilité et événements stressants récents (De Vanna, 1990). Amiel-Le Bigre (1986) distingue de son côté les événements de vie marqueurs de risque et ceux facteurs de risque, traduisant ainsi le fait que ce nest pas tant le nombre ni le type dévénements vécus mais la façon de vivre ceux-ci (limpact affectif) qui serait un trait de vulnérabilité. Enfin, quelques auteurs (Heikkinen, 1993 ; Sandin, 1998) ont proposé un modèle intégratif des événements de vie pour tenter de rendre compte des interactions entre facteurs de risque, facteurs de vulnérabilité et facteurs de protection.
Si différentes études se sont intéressées à limpact des EV lors de la crise suicidaire (séparations diverses pour Levi en 1966, mort récente dun parent pour Birtchnell en 1970), létude la plus complète est celle de Paykel (1975, 1976) car elle compare trois groupes (suicidants, déprimés et population générale) et sintéresse également aux différents types dEV : désiré (mariage, promotion, ...)/non désiré (décès, séparations, maladies,...), degré de contrôle du sujet, domaine de la crise (travail santé, famille, justice), intensité de limpact, modification de la structure socio-familiale (par entrée dun nouveau membre ou par perte). Les suicidants présentent quatre fois plus dEV dans les six derniers mois que la population générale (3,3 versus 0,8) et 1,5 fois plus que les déprimés (3,3 versus 2,1). Un pic de fréquence est retrouvé dans le dernier mois précédant le geste qui concentre 1/3 des EV. Parmi les variétés impliquées, ce sont surtout les événements indépendants de la volonté du sujet, non contrôlés par lui et dintensité moyenne à forte qui distinguent suicidant et déprimés alors que toutes les catégories distinguent suicidants et population générale (sauf les événements désirés). Pour Slater et Depue, les suicidants déprimés se distinguent des déprimés non suicidants par la poursuite de la survenue dEV stressants après le début de la dépression et par labsence de soutien dun confident (1981). Chez ladolescent, deux études retrouvent également des niveaux élevés dEV stressants dans lannée précédant la TS, surtout des pertes interpersonnelles (Cohen-Sandler, 1982), mais aussi une instabilité sociale (De Wilde, 1992). Toutefois, pour Low (1990), les EV ne constituent pas en eux-mêmes des prédicteurs suffisamment puissants, ce que confirme Lewinsohn (1994) dans une des rares études prospectives où, quand la variable dépression est contrôlée, seule la TS récente dun ami paraît être un EV prédictif dune future TS. Cette sureprésentation dEV négatifs dans les mois précédant un geste suicidaire peut aboutir à deux interprétations (Lafont, 1987, Clum, 1991); soit le passage à lacte suicidaire apparaît comme une réaction à une conjoncture événementielle défavorable, comme une réponse mal adaptée à une crise interpersonnelle, ce qui a le mérite de mettre laccent sur limportance des interventions de crise mais réduit la problématique au modèle Stimulus-Réaction ; soit la population suicidante ou à risque de passage à lacte est par nature une population à événements, privilégiant lexpression agie plutôt que la mentalisation. Létude des événements traumatisants survenant dans lenfance (pertes précoces, violence et abus), plus fréquents ches les futurs suicidants (Cf paragraphe II.3), plaiderait pour lorganisation dune personnalité vulnérable, responsable à la fois de la tendance aux passages à lacte et de la plus grande sensibilité aux événements extérieurs.
Depuis les travaux de Durkheim, de nombreuses enquêtes réalisées dans les pays industrialisés ont mis en évidence une corrélation forte entre gestes suicidaires et chômage. Les études transversales mettent en évidence une prévalence significativement supérieure du chômage chez les suicidants par rapport à la population générale (Platt, 1985 ; Hawton, 1986 ; Jones, 1991), et les enquêtes écologiques retrouvent une corrélation positive et significative entre TS et taux de chômage dans certaines zones géographiques (Buglass, 1978). La grande majorité de ces enquêtes a été réalisée chez des hommes (Platt, 1984). Une des rares ayant porté sur une population de chômeuses (Hawton, 1988) a abouti à une conclusion identique avec toutefois une sursuicidalité un peu moindre chez les femmes chômeuses. Les différences entre régions, entre hommes et femmes et entre actifs et inactifs sont à rapprocher de lhypothèse de Cohn (1978), à savoir que limpact du chômage sur la santé des personnes dépendrait de deux paramètres : leffet de rôle et leffet denvironnement. Leffet de rôle mesure limportance que les personnes accordent à leur travail selon leur statut social : plus ce dernier est centré sur le travail, plus le chômage a des effets négatifs. Cet effet de rôle peut être mesuré en comparant hommes et femmes, puisque le " poids " du travail est moins important pour les femmes en raison de la possibilité de statuts alternatifs (mère de famille, femme au foyer,...). Ainsi, le risque relatif de TS est seulement multiplié par 2 à 3 chez les femmes au chômage, alors quil est multiplié par 6 ou 7 chez les hommes (Philippe, 1988). Leffet environnement dépend de limportance du chômage dans la région : plus le taux de chômage est élevé, moins les chômeurs se sentent " responsables " de leur situation, et moindre sera leffet sur leur santé. La " banalisation " du chômage diminue le risque suicidaire (Platt, 1984). Dans lenquête de Philippe (1988), le risque relatif de TS est de fait plus faible chez les chômeurs lensois (x 5) que chez les chômeurs lyonnais (x 6) ou bas-rhinois (x 7). Toutefois cet effet environnement apparaît limité et semble surtout accentuer le risque pour lensemble de la population. Toutes ces études sont émaillées de biais méthodologiques dont nous citerons trois principaux. Premièrement, les effets du chômage ne se limitent pas à la population au chômage. Le climat dinsécurité quengendre la crise touche aussi ceux qui ont un travail. Différents travaux ont montré que cest dès lannonce de la menace de chômage dans une entreprise que la répercussion sur létat de santé des salariés est la plus importante et une fois la mise au chômage effective, le nombre de symptômes diminue (Bungener, 1982). Par ailleurs leffet à court terme sur la santé serait relativement faible, alors quà moyen terme (4-5 ans) les différences deviendraient importantes. De plus, il reste une différenciation nette entre classes sociales, avec un effet dautant plus important que les personnes ont un statut social modeste. Enfin et surtout, il est nécessaire dapprécier leffet sélectif de la pathologie mentale en cas de chômage. Autrement dit, sil y a plus de chômeurs parmi les suicidants et les suicidaires, le sont-ils parce quils sont au chômage, ou bien sont-ils chômeurs et suicidants parce quils ont un trouble mental ? Les principaux travaux qui contrôlent ces variables psychopathologiques (dépression, dépendance à lalcool, trouble de la personnalité), mais aussi dautres variables comme le contexte familial concluent à une absence de causalité entre chômage et risque suicidaire (Platt, 1984 ; Jones, 1991) pour retenir lhypothèse dun facteur tiers responsable simultanément du chômage et de la suicidalité. Cette absence de liaison directe rend compte du fait que les effets du chômage dépendent de linsertion des individus dans la société et particulièrement des protections et des solidarités dont ils bénéficient. Signalons que nous navons retrouvé aucune étude analysant les relations entre gestes suicidaires et situations professionnelles précaires (RMI, CES), si ce nest celle de Chastang et coll. en 1997. La précarité demploi sy révèle être un facteur de confusion dans la relation entre les antécédents psychiatriques personnels et familiaux et la récidive suicidaire.
Les systémiciens rappellent que toute famille est un système vivant qui comprend des éléments en interaction les uns avec les autres et qui évolue selon des cycles faits de lalternance de plans déquilibre homéostatique et de périodes de transformation. Dans les systèmes familiaux pathologiques comportant des dysfonctionnements relationnels, la crise représente limpossible transformation de la famille qui se trouble bloquée dans son cycle de développement. Le poids de la responsabilité du non-changement est alors " délégué " à lun des membres de la famille, le patient désigné, lequel va tenter de maintenir le système dans un certain équilibre au travers de ses symptômes. Les suicidants et leur entourage néchappent pas à cette loi des systèmes : on distingue dans cette perspective deux types dorganisation relationnelle familiale : les familles à transaction suicidaire et les familles à transaction mortifère qui sopposent presque point par point. Dans les familles à transaction suicidaire, la fonction du symptôme TS est la menace dexclusion du suicidant hors du système familial : toute tentative de suicide est dans cette perpective réussie car aboutissant à cette exclusion temporaire ne serait-ce par le biais de lhospitalisation. La désignation suicidaire est variable dans le temps, et peut prendre dautres formes : fugue, ivresse aiguë, épisode psychosomatique aigu. A linverse, dans les familles à transaction mortifère, la fonction du symptôme TS nest pas la menace dexclusion mais lexclusion vraie par la mort du suicidant : la TS est alors un suicide raté. La désignation mortifère y est permanente et intemporelle. Lorganisation relationnelle de ces familles est très rigide, proche de celles des patients toxicomanes ou psychotiques (Vallée et Oualid, 1988). Différentes études rétrospectives (Kerfoot, 1980 ; Hawton, 1986) menées auprès dadolescents suicidants et suicidaires ont retrouvé un conflit intrafamilial récent (jusquà 77.5 % des 12 heures précédant le geste pour Pillay en 1997). Toutefois, ce conflit récent nest en fait que lexpression dun dysfonctionnement familial et de problèmes relationnels plus anciens (Pillay, 1997). Low (1990) dans une revue de la littérature a décrit ces familles " à risque " comme désorganisées et instables, avec des taux élevés de ruptures, de violences (Reinherz, 1995) et de comportements suicidaires ; les interactions familiales sont dominées par lhostilité, les relations conjugales insatisfaisantes ; les parents présentent une forte prévalence de dépendance à lalcool ou aux drogues et de troubles psychiatriques chroniques surtout affectifs ; enfin, les adolescents ont fréquemment une histoire dabus sexuels et physiques dans la famille. De Wilde (1992) mentionne la faiblesse du soutien familial chez les suicidants. Hurteau (1991) retrouve dailleurs à la fois chez les suicidants mais aussi chez les suicidaires une absence de soutien par le réseau social. A linverse, le support social (proximité damis ou de proches, ne pas vivre seul) peut jouer le rôle dun facteur de protection (revue dans Heikkinen, 1993).
Les facteurs de risque secondaires ou facteurs relatifs à lenvironnement ont une valeur prédictive réduite en labsence des facteurs de risque primaires, essentiellement représentés par les troubles psychiatriques (axes I et II) et les antécédents personnels et familiaux de conduites suicidaires. De plus, ces facteurs secondaires sont en interaction les uns avec les autres, ce qui explique labsence de causalité linéaire, limpact de chacun dentre eux dépendant de la présence ou de labsence des autres éléments ainsi que de non intégration dans lhistoire de chaque sujet. Toute politique de prévention se doit de tenir compte de ces points, sans oublier le philosophe : " il y a beaucoup de causes à un suicide et dune façon générale les plus apparentes nont pas été les plus efficaces. On se suicide rarement par réflexion. Ce qui déclenche la crise suicidaire est presque toujours incontrôlable " (A. Camus, 1992).
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Dernière mise à jour : dimanche 29 octobre 2000 19:36:11 Monique Thurin