En un siècle, l'espérance de vie a augmenté de 25 ans (en 1997, elle était de 74 ans pour les hommes et de 82 ans pour les femmes). Ce vieillissement de la population s'est accompagné d'un accroissement des maladies liées à l'âge, au premier rang desquelles figurent les démences qui, en France, touchent enbre 300 000 et 600 000 personnes tous les ans (cf. Tableau général des démences autres qu' Alzheimer). Les démences de type Alzheimer représentent 75 % du total. Elles frappent 5 % de la population de plus de 65 ans, 25 % de celle de plus de 85 ans et constituent la cause majeure d'institutionnalisation. Le nombre de patients atteints serait de 220 000 à 350 000, avec 100 000 nouveaux cas recensés chaque année. Une fois reconnue, la maladie d' Alzheimer dure en moyenne 8 à 10 ans. C' est pourquoi elle est devenue une véritable question de société, ainsi qu' un champ important de la recherche médicale des pays développés. Si l'on ajoute que parvenir à reculer de 5 ans le début de la maladie permettrait d' en réduire la fréquence de 50 %, on comprend l' enjeu de santé publique que constituent les travaux des cliniciens et des chercheurs que Dialogue a rencontrés. |

La maladie d'Alzheimer, résume Bruno Dubois, " est donc une démence qui débute par un syndrome amnésique, corrélé aux lésions intéressant les structures temporales internes, notamment l'hippocampe. Les lésions s'étendant par la suite aux aires associatives du néo-cortex, le tableau clinique s'enrichit de nouveaux troubles conduisant du stade de syndrome amnésique hippocampique simple à la déstructuration de tous les savoirs (troubles du langage, troubles de l'analyse des messages visuels, troubles de la reconnaissance, troubles du raisonnement, désorientation temporo-spatiale) et à la démence. "
Selon Philippe Robert, " l'atteinte de l'un de ces niveaux a toujours des répercussions sur le comportement, ce dernier traduisant la relation du sujet à son environnement. C'est pourquoi, aujourd'hui, l'approche psychiatrique de la démence consiste à mettre en relation des mécanismes cérébraux avec des comportements. "
" L'autopsie fait apparaître une atrophie du cerveau, une perte neuronale prédominant dans la corne d' Ammon et touchant aussi certains neurones cholinergiques et deux lésions majeures, à savoir les plaques séniles et la dégénérescence neurofibrillaire ", explique Françoise Forette . Les plaques séniles, caractérisées par des dépôts extracellulaires de peptide AB (identifié par Glenner et Wrong en 1984) dans le tissu nerveux, sont des lésions extraneuronales faites d'amas de protéine amyloïde entourée de débris cellulaires. Cette protéine est issue de la scission anormale d'un précurseur, l'APP (Amyloid précursor protein), protéine normale de l'organisme. La dégénérescence neurofibrillaire, en revanche, est intraneuronale. Elles est caractérisée par des filaments disposés en paires hélicoïdales dont le composant antigénique principal est la protéine tau. Son développement engendre progressivement la mort neuronale et la désorganisation du tissu nerveux. La chronologie d'apparition de ces deux types de lésions est encore discutée.
En effet, précise Annick Alpérovitch, " la distinction classique entre maladie d' Alzheimer et détériorations cognitives d'origine vasculaire apparaît de moins en moins pertinente du point de vue opératoire et il semble que des facteurs de risque vasculaire jouent également un rôle dans les démences de type Alzheimer. "
Frédéric Checler------------------------
André Delacourte

Jean-Claude Baron----------Cependant, le recours aux techniques d'imagerie (cf. Une panoplie de techniques d'imagerie), tout particulièrement à l'imagerie anatomique, joue un rôle prédictif de plus en plus important. 

