DIRECTION GENERALE DE LA SANTE
Sous-direction de la santé et de la société
Bureau de la santé mentale
Les travaux du groupe de travail sur lEvolution des métiers en santé mentale, présentés ci-après, ont abouti à une approche par compétence et conclu au nécessaire développement de partenariat et de réseaux locaux entre les différents professionnels sanitaires spécialisés, les acteurs de soins primaires et les intervenants des champs éducatif, social et médico-social, pour améliorer la prise en charge des personnes en souffrance psychique et/ ou atteintes de troubles mentaux.
Ces travaux tentent de définir la juste place de chacun de ces intervenants dans le domaine de la santé mentale, conjuguant lintervention de ceux qui soignent et de ceux qui prennent soin des personnes qui le nécessitent. Des leviers de changement sont proposés pour chacun des niveaux de compétences identifiés, ainsi que pour le développement de pratiques professionnelles coordonnées.
Les membres du groupe de travail attirent néanmoins vivement lattention sur le fait que ces évolutions et préconisations supposent la garantie de trois pré-requis fondamentaux :
La reconnaissance et le développement des compétences des professionnels des différents champs sanitaire, éducatif, social et médico-social dans le domaine de la santé mentale ne doivent pas aboutir à un démembrement de la psychiatrie. Cette discipline médicale conserve en effet une spécificité telle que le dépistage précoce des troubles mentaux, lanalyse psycho-pathologique ainsi que la définition des stratégies thérapeutiques, relèvent de sa seule compétence.
Ce pré-requis fait également écho aux préoccupations des partenaires institutionnels et professionnels des champs éducatif, social et médico-social qui ne souhaitent pas devenir des thérapeutes et revendiquent leur spécificité dexercice. Les demandes de formation dans le domaine de la santé mentale et le rapprochement des professionnels spécialisés en qualité de personnes ressources, visent à renforcer leurs conditions dexercice vis-à-vis de personnes en vulnérabilité psychique, et ainsi à favoriser laccompagnement vers une prise en charge spécialisée et la continuité de celles-ci.
Les dynamiques partenariales et les réseaux préconisés par le groupe entre les différents acteurs précités doivent favoriser lévolution des pratiques de chacun des professionnels impliqués, afin de mieux prendre en compte les besoins des personnes et ainsi améliorer les prises en charges.
La réaffirmation de limportance du rôle des professionnels spécialisés en psychiatrie (secteur de psychiatrie, psychiatres et psychologues libéraux) dans lensemble du champ de la santé mentale, dune part en terme de soins et dautre part en qualité de ressources quant aux stratégies thérapeutiques et de garants des actions de prévention et dinsertion, suppose une politique active de renforcement des moyens de la psychiatrie générale et infanto-juvénile :
. des moyens humains et financiers permettant dune part, de diminuer les disparités doffre sur le territoire et dautre part, de répondre aux nombreuses sollicitations des usagers et des partenaires professionnels. Lévolution démographique des psychiatres et des infirmiers a été à de très nombreuses reprises évoquée comme constituant à terme un obstacle majeur à la mise en place du schéma présenté par le groupe. Des propositions, nécessitant une réponse rapide, sont formulées à cet égard (cf. P. 40 et 45 fiches psychiatres et infirmiers). La diversification de la composition des équipes de secteur, par le recrutement de psychologues, de travailleurs sociaux et de professionnels paramédicaux est également apparue essentielle;
. des moyens techniques mobilisables, tels que lappui à la recherche et à des recherches-actions, ou des formations visant le développement de nouvelles modalités de prise en charge et leur évaluation. Concernant la recherche, il est essentiel de favoriser la mobilisation de lensemble des diverses compétences, autour de recherches interdisciplinaires. A ce titre, lapport des sciences humaines et sociales, notamment le regard porté par les sociologues, contribuera à lévolution de la discipline.
. des moyens organisationnels par la reconnaissance et le soutien du développement des évolutions structurelles lancées depuis plusieurs années par les secteurs de psychiatrie, contribuant à une dynamique des compétences et des pratiques professionnelles au regard des besoins des patients (intersectorialité, psychiatrie de liaison, constitution de département de psychiatrie dans les établissements de santé, fédération de moyens entre établissements de santé en psychiatrie...).
Ces éléments confirment la nécessité de veiller à maintenir la capacité de loffre de soins et laccès à des soins de qualité pour toute personne le nécessitant.
Le renforcement des moyens spécialisés doit saccompagner dun effort similaire à légard des autres partenaires du champ de la santé mentale.
Cette dynamique de réflexion et de propositions dactions concernant les compétences à mobiliser et les évolutions des pratiques professionnelles, doit sinscrire dans le cadre dune structuration inter-institutionnelle coordonnée à partir dune évaluation des besoins en santé mentale, basée sur des indicateurs sanitaires et sociaux.
Le plan gouvernemental de santé mentale rendu public le 14 novembre 2001 propose la mise en place dun double réseau institutionnel et professionnel permettant le décloisonnement des pratiques. Le réseau institutionnel (Etat, ARH, Conseil général, Education nationale, PJJ...) vise à dépasser les logiques actuelles délaboration des politiques de santé mentale et de planification des équipements, entre le champ sanitaire et le champ social et médico-social, par la conclusion de contrats pluriannuels de développement de la santé mentale . Ceux-ci seront notamment élaborés à partir de concertations locales dans le cadre de conseils locaux de santé mentale , ou de commissions ad hoc, organisés au niveau dun territoire pertinent qui pourrait être celui dun secteur sanitaire ou bassin de vie. Les représentants des professionnels des différents champs concernés siègeront dans ces instances, lieux dinitiation ou de concrétisation des partenariats locaux.
Les membres du groupe, sans sengager plus avant sur ces propositions et prenant acte des difficultés de fonctionnement des actuelles instances inter-institutionnelles (conseil départemental de santé mentale, conseil de secteur...) rappellent néanmoins leur attachement aux lieux de rencontres pluri-institutionnelles et pluri-professionnelles, permettant de croiser les problématiques sanitaires, éducatives, sociales et médico-sociales. Ils estiment également nécessaire de distinguer la logique darticulation et de coordination visant la définition des politiques et la planification déquipements de celle relative au développement de partenariats interprofessionnels et de réseaux ; cette dernière pouvant faire lobjet dune réflexion à un échelon de territoire très décentralisé, tel que la commune ou lintercommunalité.
Lobjectif du groupe de travail réuni en application des protocoles des 13 et 14 mars 2000 conclus entre certaines organisations syndicales et le gouvernement, est, par labord dune réflexion sur les métiers en santé mentale, de renforcer la démarche de santé publique consistant à proposer une prise en charge adaptée des difficultés liées à une souffrance psychique ou un trouble mental avéré, en sattachant à la personne qui souffre et à ses besoins.
Il sagit de formuler des recommandations sur ladaptation des compétences et des métiers en santé mentale, notamment en terme de formation et dorganisation du travail, permettant de préciser la spécificité, les compétences et les relations des intervenants, professionnels ou non, en santé mentale afin de :
- renforcer laccès et la diversification des modes de prise en charge par la reconnaissance mutuelle des compétences spécifiques des intervenants quils relèvent du champ sanitaire ou du champ social ;
- améliorer les circuits de prise en charge pour mieux répondre aux besoins et favoriser la continuité des soins :
. en organisant la mise en relation entre les différents intervenants afin de renforcer limpact de leurs interventions respectives ;
. en optimisant le recours au spécialiste en psychiatrie ;
. en rendant une place visible à chacun des professionnels dans les équipes de secteur de psychiatrie ou dinstitution médico-sociale et dans loffre de soins libérale ambulatoire.
Dans le respect de la pluralité des modes dorganisation, ces principes visent à impulser sur lensemble du territoire les évolutions souhaitables permettant des prises en charge qui transcendent les milieux de travail des professionnels, les institutions, et de centrer les réponses sur les besoins des personnes, quel que soit le stade des troubles de santé en cause.
La réflexion a été conduite par mode de réponse aux besoins (soin, urgence, prévention, réadaptation/réinsertion) et non pas par métiers. Elle a tenu compte de divers profils des personnes en souffrance (schizophrénie ; dépression ; troubles de la personnalité ; souffrance psychique), en vue de déterminer dans chacun de ces domaines les évolutions des interventions de chacun des professionnels, lorsquelles savèrent nécessaires. Cette méthodologie a permis de faire émerger une réponse aux différentes problématiques de santé mentale, par labord des compétences à mobiliser pour répondre aux besoins des usagers.
La composition pluriprofessionnelle du groupe de travail, associant les représentants des usagers et leurs familles, les professionnels sanitaires spécialisés dans leur approche médicale, psychologique, paramédicale et sociale, les professionnels de soins primaires et les représentants institutionnels, ARH, DRASS et directeurs détablissements de santé a permis à chacun dexprimer ses attentes relatives à lévolution des métiers en santé mentale. Les représentants des professionnels ont été désignés par les organisations syndicales représentatives. En outre, plusieurs membres du groupe sont des correspondants de la mission nationale dappui en santé mentale. 18 réunions ont été tenues de décembre 2000 à février 2002. Des auditions ont complété les travaux du groupe (voir liste in fine).
Les éléments rapportés ci-dessous constituent un bref résumé des réflexions du groupe de travail. Les membres du groupe se sont rapidement accordés sur les constats, qui ont été très largement débattus à dautres occasions, en lien notamment avec les récents rapports et documents disponibles en la matière (Bilan de la sectorisation psychiatrique – DREES, Rapport de la Cour des comptes sur le dispositif de psychiatrie, rapport des Drs. Piel et Roelandt..). Ces éléments ont été complétés par les évolutions du dispositif de santé mentale, sous-tendues par une approche sociologique permettant didentifier de nouvelles attentes du public et des acteurs institutionnels.
Cette évolution, difficilement quantifiable, est relevée par certains professionnels qui évoquent un développement de la demande dans le domaine de la santé mentale, manifesté par un élargissement de la notion de santé, au-delà des aspects somatique et médical.
En ce sens, la demande croissante de psychothérapie traduit le désir de la personne de prendre une part active à sa guérison. Au vu de la multitude de techniques, la personne souhaite être informée et guidée dans ses choix. En effet, le public est gêné par la grande confusion des réponses dites psy, psychologiques, psychothérapeutiques, psychiatriques, doù la nécessité de clarifier linformation sur les prises en charge proposées et sur la qualification et les compétences des professionnels impliqués.
Les personnes se veulent de plus en plus actrices de leur santé mentale. A ce titre, les professionnels évoquent le passage dune demande dassistance à une demande précise de soins, étayée par la connaissance des pathologies ou phénomènes en cause. La demande vise en effet la prise en compte précoce des problèmes, dès avant lapparition de symptômes importants, pour prévenir lapparition de troubles plus graves et éviter lhospitalisation.
Pendant la prise en charge sanitaire, une demande croissante de réadaptation sociale est posée avec en corollaire le développement de ce que certains appellent le handicap psychique, qui appelle des réponses croisant les besoins de soins et les besoins sociaux (projet de vie...). En effet, dans la mesure où le cours évolutif des patients atteints de pathologies mentales graves et durables nest jamais tracé, il est essentiel de soccuper constamment de la dynamique psychique en garantissant un travail de mobilisation thérapeutique quel que soit le lieu de vie.
On observe une augmentation de la demande de soins spécialisés en santé mentale qui se traduit par la lourdeur des files actives (+17 % en libéral depuis 1992 ; + 46 % dans le secteur public depuis 10 ans) et paradoxalement, une augmentation dune demande daide non formulée et/ou non entendue de la part de nombreuses personnes souffrant de dépression, ou de la part de publics spécifiques (adolescents, personnes en situation dexclusion, personnes âgées, détenus).
Les représentants des usagers ont néanmoins rappelé les difficultés relatives à une prise en charge dordre psychiatrique en relation avec les représentations encore attachées aux pathologies mentales.
Il existe une diversité des prises en charge : Outre limplication des professionnels spécialisés, on observe qu _ des patients de médecine générale consultent pour troubles psychiques à tous les âges de la vie.
Les circuits de prise en charge restent cloisonnés : sanitaire/social ; public/libéral ; ville/hôpital.
Les professionnels non spécialisés sanitaires, médico-sociaux, sociaux et éducatifs sont de fait confrontés à des personnes en souffrance psychique ou atteintes de troubles mentaux. Il en ressort dune part, un besoin de reconnaissance de leurs interventions dans lamélioration de la situation de ces personnes, et dautre part, la nécessité dun soutien, voir dun étayage régulier, par des professionnels spécialisés. Cet étayage est notamment souhaité afin déviter les situations de burn out face aux situations de crise, voire quelquefois de violence.
Les délais dattentes sont jugés trop long pour une prise en charge spécialisée tant en libéral, quen secteur de psychiatrie. Ces délais estimés à deux mois en moyenne constituent un dysfonctionnement tant du point de vue des usagers et de leurs familles, que de celui des professionnels eux-mêmes.
Il est noté le malaise général des différents professionnels, spécialisés ou non, qui interviennent dans le champ de la santé mentale, concernant leur champ spécifique de compétence, leurs limites dintervention et leurs relations. Ce malaise conduit à une perte de repères identitaires qui préjudicie à la réponse aux besoins.
Les membres du groupe saccordant à reconnaître les difficultés existantes, souhaitent quil soit notamment remédié à linégale répartition des psychiatres libéraux et salariés sur le territoire. Ils rappellent quun certain nombre de difficultés sont à venir compte tenu de lévolution démographique de la plupart des professions de santé et insistent sur la nécessaire disponibilité des professionnels médicaux, paramédicaux, sociaux et psychologues pour garantir lorganisation et la mobilisation des compétences telles que présentées par le groupe de travail (cf. identification des 3 niveaux spécifiques dintervention).
Notion récente qui a peu à peu complété voire remplacé, celle de maladie mentale, en lien avec la définition par lOMS de la santé qui considère quil ne sagit pas dune absence de maladie, mais dun état complet de bien-être physique, mental et social .
Jusqualors, seule la circulaire du 14 mars 1990 relative aux orientations de la politique dans le domaine de la santé mentale décrivait les principaux objectifs de la santé mentale. Il y est indiqué que l on doit envisager les problèmes de santé mentale sous un angle élargi et selon une conception positive et dynamique de la santé : en cherchant à promouvoir des facteurs de santé, en sintéressant davantage aux aptitudes des individus et des groupes vis à vis de la santé. Pour ce faire, 3 niveaux sont à considérer : lindividu, la famille et le groupe social ou communauté"
Le rapport Franco-Québécois sur lévaluation des besoins de santé mentale aux fins de planification, propose une clarification du concept pour le rendre opérationnel. La santé mentale est alors sous-tendue par le modèle bio-psycho-social , largement admis et qui implique 3 dimensions :
- une dimension biologique à la fois génétique et physiologique ;
- une dimension psychologique ou psychodéveloppementale, qui comprend les aspects affectifs, cognitifs et relationnels ;
- une dimension sociale ou contextuelle qui fait référence à linsertion de lindividu dans son milieu, sa culture et aux relations quil entretient avec celui-ci, quil sagisse dun niveau micro- ou macroscopique.
Si tous saccordent sur ces trois dimensions, leurs apports relatifs sont en revanche plus discutés, les uns mettant laccent sur le biologique, les autres sur le psychologique et les derniers, enfin, sur le social.
Le débat oppose en quelque sorte les partisans dune santé mentale de nature individuelle, qui est la capacité pour lindividu, de faire face aux inévitables tourments de lexistence et ceux dune santé mentale résultante des influences des groupes et des environnements sur les individus. En fait, on admet généralement que la santé mentale est en quelque sorte le résultat dune interaction entre lenvironnement, la société et les individus qui la composent (V. Kovess et aut. Planification et évaluation des besoins de santé mentale Juin 2001. Flammarion Médecine-Sciences.)
B. Kouchner, ministre délégué à la santé, assignait en novembre 2001, à la politique de santé mentale de notre pays de mobiliser une réponse adaptée, aux malades les plus sévèrement atteints, pour lesquels le processus pathologique prend le pas sur les conditions environnementales, ainsi quaux personnes qui manifestent un trouble en relation avec des événements extérieurs, liés à leur environnement familial, social ou professionnel. Je tiens en effet, disait-il, à ce que notre pays soit en capacité de répondre à lensemble de la gamme des besoins qui sexpriment dans le champ de la santé mentale : de la maladie mentale sévère jusquà la souffrance que nexpriment pas toujours les populations les plus en difficultés, confrontées notamment à la précarité. Ces éléments de délimitation du champ de la santé mentale sont cruciaux et ont des conséquences lourdes sur létendue de la prise en charge qui peut être proposée, sur les compétences des acteurs de la santé mentale, et en toute fin, sur les exigences exprimées par les usagers. Le modèle tenant compte à la fois des aspects biologiques, psychologiques, et sociaux est en effet celui qui sous-tend les politiques de santé publique au plan international, notamment au sein de lOMS .
Ces éléments de définition ont été travaillés par le groupe en la présence dun sociologue, invité à compléter le regard des professionnels, des institutionnels et des usagers.
La souffrance psychique peut être définie comme [visant à rendre compte des difficultés manifestes vécues par certaines personnes sans que pour autant une maladie mentale soit identifiable ; plusieurs dimensions coexistant dans cette souffrance : la traduction dun état (tensions, douleur intime, symptôme), un mode de communication (expression dun refus, dune impossibilité, du caractère supportable dune situation) et dune manière dagir, de gérer les tensions, de se manifester (éventuellement dune manière violente). il est utilisé également les termes de mal être et de façon de ne plus arriver à réaliser le sens de sa vie ] RESSCOM Séminaire Ville, Violences et santé mentale avril 2001.
[La souffrance psychique peut apparaître dans diverses circonstances de la vie. Mal repérée, mal accompagnée elle peut faire basculer lindividu dans une maladie somatique ou multiplier les difficultés et entraver linclusion sociale dun individu. Pour être perçue cela nécessite dêtre attentif aux situations de risque : émotion, angoisse accompagnant une maladie, accident altérant limage du corps, agression, précarité. Une attention particulière doit être portée à la répétition, à la continuité et à la multiplication des troubles entraînant le décrochage par rapport à la conduite habituelle] Rapport du groupe de travail du Haut comité de santé publique sur la souffrance psychique des adolescents et des jeunes adultes février 2000.
La souffrance psychique est une notion qui obéit à un phénomène de circularité : elle peut précéder ou succéder à une incapacité ou bien à une dégradation sociale...
Sera considérée, ci-après, dans le domaine du soin, la souffrance psychique comme souffrance invalidante entraînant une déstabilisation profonde des supports de base de la vie sociale.
Dernière mise à jour : lundi 27 mai 2002 11:57:49 Dr Jean-Michel Thurin