La psychiatrie est une spécialité médicale qui se situe entre neuro-sciences et santé publique. Une singularité, toutefois, la distingue des autres spécialités médicales c'est la pratique de la psychothérapie. Certes, les problèmes psychologiques existent dans toute pratique médicale mais ils sont alors regroupés sous le nom de "psychologie médicale", c'est à dire sous forme d'une prise en compte de la relation médecin malade dans ses aspects psychiques et somatiques. Quant à la psychothérapie au sens précis du terme, elle n'existe qu'en psychiatrie.
On peut également dire qu'en médecine c'est le geste technique qui prime, alors qu'en psychiatrie c'est la relation psychothérapique. Le geste technique de la psychiatrie se résume pour l'essentiel à la prescription médicamenteuse mais, si l'action du psychiatre se bornait à cette prescription, elle ne se différencierait pas de l'action des autres spécialistes médicaux et relèverait aussi de la psychologie médicale, non de la psychothérapie au sens strict.
Si bien que la question se pose : Quand on parle de psychothérapie de quoi parle-t-on? A quoi on peut ajouter cette question qui en est le prolongement : Qui a le droit de se dire psychothérapeute? C'est à ces deux questions que nous voudrions essayer de répondre aujourd'hui.
Pour le faire, nous avons pensé à quatre exposés de 10 à 15 minutes chacun. Le premier concernera la formation. Le second l'évaluation. Le troisième l'état du problème en Europe. Le quatrième le statut actuel et futur de psychothérapeute.
Voici une courte justification pour chacun d'eux sous forme des questions qu'ils soulèvent.
Le premier problème qui vient à l'esprit est celui de la formation et les questions que l'on se pose à ce sujet sont les suivantes :
1-Tout psychiatre peut-il, par le seul fait qu'il est psychiatre, être reconnu comme psychothérapeute? En d'autres termes, y a t-il un tronc commun de la psychothérapie, qui soit reconnu comme un domaine de compétence propre au psychiatre?
2-Le psychiatre doit-il entreprendre une formation spécifique à un pratique psychothérapique particulière?
3-Y a-t-il une nécessité de formation personnelle dans différents domaines proches ou complémentaires de la psychiatrie? Quelle peut être notamment la place de la psychanalyse dans la formation d'un psychiatre?
Le Professeur Guy Darcourt, qui a été chargé d'un rapport sur la formation dans le cadre du CNUP, a bien voulu se charger de rappeler les conclusions auxquelles il est parvenu.
Le deuxième problème concerne la nature et l'évaluation des psychothérapies. Il s'agit cette fois de la psychothérapie envisagée comme un geste technique qui nécessite un diagnostic précis de l'affection psychiatrique en cause, une indication de l'action à entreprendre et une évaluation des résultats de cettte action. Les questions en ce domaine sont cette fois les suivantes :
1-Qui doit assumer le diagnostic de l'affection en cause et poser l'indication de telle ou telle forme de psychothérapie pour la traiter?
2-Qui doit se charger de la psychothérapie préconisée? Celui qui a porté l'indication ou quelqu'un d'autre?
3-Ce "quelqu'un d'autre" sera en tout état de cause fréquemment un non psychiatre. Quelle devront être les relations du psychiatre avec le psychologue non médecin à qui aura été demandé la psychothérapie?
4-Qui sera chargé de l'évaluation des résultats et de façon plus large de l'évaluation de la méthode elle-même?
Le Dr. Bernard Rivière qui s'est penché sur l'évaluation des psychothérapies et sur la manière de les mettre en oeuvre proposera des réponses à ces difficiles questions.
Le problème de la psychothérapie ne peut plus se régler dans le seul contexte national. A l'heure européenne, il est normal de se demander ce qui se fait dans les pays voisins car, de toute évidence, les solutions seront tôt ou tard imposées à l'échelle de l'Europe. On peut alors se demander si nous serons obligés de nous aligner sur ce qui se fait dans les pays européens ou si la France peut espérer garder la possibilité d' un statut particulier?
Le Dr. Antoine Besse qui a eu des contacts avec des confrères de différents pays voisins résumera les renseignements qu'il a pu recueillir.
Le quatrième et dernier problème est peut-être le plus important c'est celui du statut du psychothérapeute. On en parle beaucoup en ce moment mais la question n'est pas résolue. Il serait important de préciser notre position à ce sujet et les questions que l'on se pose sont cette fois les suivantes :
1- Que faut-il penser du statut de psychothérapeute?
2- Si ce statut doit être adopté, sur quels critères se fera son octroi? Le choix des critères parait essentiel pour éviter, comme certains le redoutent, l'introduction des sectes en psychiatrie sous couvert de psychothérapie.
3-Les actes psychothérapiques devront-ils faire l'objet dun remboursement par la Sécurité Sociale, même pour les non-médecins?
4- Quelle est la position de la psychanalyse dans ce contexte?
C'est le Dr. Cournut psychiatre, psychanalyste, Président de la Société Psychanalytique de Paris, qui tentera de répondre à ces questions.
Paris le 8 juin 1999
Dernière mise à jour : mardi 4 avril 2000 18:05:02 Dr Jean-Michel Thurin
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