Fédération Française de Psychiatrie
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The evolution of opiates substitute in France

2nd National Drug Treatement Conference, London, 2004 

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   Dr. Dan VELEA


Retour à l'héroïne

Traitements de substitution 
Il s’agit d’un terme équivoque. La substitution d’un produit par un autre produit (due au phénomène de tolérance, suite aux tentatives d’automédication) est un phénomène courant chez les toxicomanes. Dans le cas d’une prise en charge, il s’agit de substituer le produit, mais aussi les comportements liés à la consommation de ces substances psychoactives.

Les traitements substitutifs à base de Subutex et de la Méthadone représentent une donne nouvelle dans la prise en charge des toxicomanes aux opiacés. Il ne faut pas pour le prescripteur, de tomber dans le piège de la facilité et de la routine. La substitution doit rester un acte médical fort de symboles, inscrit dans un projet de soins solide.                                                            

Subutex :
Le principal mécanisme d'action est celui d’agoniste partiel des récepteurs morphiniques mû, antagoniste des récepteurs morphiniques kappa. Activité analgésique beaucoup plus puissante que la morphine (0,2 à 0,6 mg de buprénorphine IM équivalent à 5 à 15 mg de morphine IM.) Activité plus prolongée que la morphine. Le risque de dépendance serait moindre qu'avec les morphiniques traditionnels (à confirmer).

La Buprénorphine Haut Dosage (B.H.D.) est devenue le produit de substitution le plus utilisé en France. On estime à plus de 65.OOO le nombre de toxicomanes qui sont sous Subutex. Disponible sous trois dosages : 0,4mg, 2mg, 8mg, la posologie initialement conseillée était de 8mg en une prise par jour. Il semblerait que les doses moyennes tournent plutôt aux alentours de 10-12 mg répartis sur deux ou trois prises quotidiennes. 

Parmi les effets indésirables : céphalée, insomnie, nausée, vertiges, hypotension orthostatique.

Il semble nécessaire de signaler très clairement aux patients qu'ils doivent laisser fondre ces comprimés sous la langue, encore trop d'héroïnomanes les avalent comme les médicaments auxquels ils sont habitués.

Un autre aspect important est la nécessité d’une prise espacée d’au moins 4 à 12 heures de la dernière prise d’opiacés, pour éviter un syndrome de manque aigu. De même l’injection d’héroïne après la prise de Subutex s’avère frustrante – pas d’effet de plaisir, du fait d’une occupation des récepteurs opiacés par le Subutex, qui ne laisse pas de place pour l’héroïne.

Très attention aussi aux mélanges avec les benzodiazépines ou l’alcool.

Tout médecin peut initier le traitement, l’ordonnance étant faite sur carnet à souche pour une durée maximale de 28 jours (on préfère pourtant commencer la prescription  par une ordonnance de 7 jours). Il est très important d’intégrer à cette prescription une pratique de réseau : centre spécialisé en toxicomanie, médecins de ville, pharmaciens, travailleurs sociaux.

La phase de stabilisation dure de plusieurs mois à plusieurs années. La posologie reste adapter à l’état clinique du patient. La phase de réduction sera progressive, lente. Elle débutera lorsque l’équilibre général est atteint et qu’une resocialisation des sujets semble évidente. Toutefois, certains spécialistes préconisent l’emploi du Subutex comme traitement de transition, pour « passer un cap ». la dose de Subutex est réduite graduellement mais rapidement (quelques semaines) afin de permettre aux sujets de vivre sans aucune « béquille chimique ». 

Enfin le Subutex, soluble dans l'eau, est donc shootable (M.Hautefeuille), pratique répandue qui entraîne certaines pathologies aux points d'inoculations : œdèmes, abcès, veinites. 

Parmi les avantages du Subutex, on cite la diminution de la délinquance, la resocialisation et la réinsertion sociale, la baisse des infections par virus de l’hépatite B , C et VIH (mais dans le cas des patients qui continuent à injecter le Subutex
Ò, ces effets sont largement diminués).

Méthadone
C’est un agoniste complet des récepteurs opiacés µ. La méthadone a une longue durée d’action (en moyenne 24 heures). Les premiers essais sur la méthadone datent depuis la deuxième guerre mondiale quand les chercheurs allemands, en manque d’un antalgique puissant ont synthétisé ce produit. Ses propretés substitutives dans la prise en charge des toxicomanes aux opiacés ont été mises en évidence depuis de nombreuses années. Les premières expériences nord-américaines commencent dans les années 60. Les premières prescriptions en France démarrent en 1973, à titre expérimental. Depuis 1995, le chlorhydrate de méthadone est produit par les laboratoires Mayoly-Spindler, sous forme de récipients unidoses (5 mg, 10 mg et 20 mg par flacon).

Le traitement est initié dans les centres spécialisés, à des doses progressives, selon le niveau de dépendance aux opiacés. Les premières prescriptions était en moyenne de 40 mg, dose qui s’est avérée insuffisante par la suite ; actuellement la dose initiale est de 60 mg en moyenne, pour certains spécialistes allant jusqu’à 80 mg. La dose maximale n’est pas très bine codifiée, mais on retrouve dans certaines prescriptions des doses autour de 110 – 120 mg, doses qui semblent pourtant exagérée. Toutefois, l’expérience le prouve, la dose de confort (absence de signes cliniques de manque)  devrait être maintenue pendant deux ou trois ans, afin de stabiliser les patients et de permettre une meilleure réintégration sociale.

Le risque de surdosage existe dans  plusieurs situations : dose trop élevée, association avec des médicaments ou prise d’héroïne. le traitement est identique à celui de l’OD des opiacés, mais il faut retenir que la survenue de l’OD est parfois retardée de quelques heures.

Parmi les effets indésirables : céphalée, vertiges, euphorie, sédation, somnolence.

La méthadone peut être prescrite chez le femme enceinte, avec surveillance particulière du nouveau-né à la naissance (risque de syndrome de sevrage).

La prescription de la méthadone se fait selon un protocole bien défini :
  prescription initiale par le médecin du centre ;
  prise journalière au centre (après contrôle urinaire afin de déceler une éventuelle prise concomitante d’opiacés) ;
  accompagnement psychosocial au centre ;
  prescription en relais en médecine ambulatoire, avec une liaison entre le médecin qui a fait la prescription initiale, le médecin relais et le pharmacien ; 
la prescription se fait sur carnet à souche pour 7 jours.

A l’heure actuelle 6000 héroïnomanes sont sous méthadone. Les programmes de réduction des risques soulignent les avantages de cette prescription (réduction des OD, diminution considérable du nombre des cas de SIDA, une réhabilitation sociale, une diminution de la délinquance liée à la toxicomanie).parmi les inconvénients, on souligne le risque de mélange avec des médicaments ou d’autres opiacés, la dépendance de la personne envers l’institution et le contrôle social qui s’installe, la perte de l’anonymat des soins. 

Autres produits

   LAAM 
Dés 1986 une étude américaine faite sur 959 héroïnomanes montrait l’intérêt du Lévo-acetyl-méthadol (LAAM) dans le traitement de substitution des héroïnomanes. La difficulté principale semble résider dans la mise en route du traitement et le temps de latence nécessaire pour atteindre les concentrations sanguines suffisantes. Pourtant des expériences menées aux Etats-Unis, ont mis en évidence le potentiel cancérigène du LAAM chez les rats de laboratoire.
L'intérêt du LAAM réside entre autre dans sa demi-vie plus longue que celle de la méthadone et qui permet de ne pas avoir à recourir à une prise chaque jour.
En dehors de quelques expérimentations, ce produit n'est pas actuellement disponible en France.

Néocodion :
C'est historiquement le produit de substitution d'utilisation la plus ancienne en France, même s'il s'agit d'auto-prescriptions. Ce produit est utilisé par l'héroïnomane, soit lorsqu'il est en rupture d'approvisionnement mais aussi bien souvent comme passage vers l'abandon de la seringue et/ou  de l'héroïne.
Ce médicament n'est pas reconnu comme produit de substitution, ne disposant pas de l'AMM. Cependant parce que le Néocodion représente une soupape de sécurité, les pouvoirs publics amené à plusieurs reprises à se prononcer sur le statut de cette spécialité, ont toujours décidé de le laisser en vente libre, c'est à dire délivrable sans ordonnance.

La  distribution contrôlée d'héroïne
La prescription d'héroïne à visée thérapeutique est restée longtemps une exclusivité du Royaume-Uni. Cependant au milieu des années 90, 1,7% des 3846 prescriptions de produit de substitution étaient des prescriptions d'héroïne. De 1920 à 1950 la possession d'héroïne était légale au Royaume-Uni si elle était prescrite par un médecin. Le concept de Rolleston, c'est à dire la dépendance stabilisée par une prescription contrôlée de drogue injectable a prédominé jusqu'à la fin des années 60. Le développement de la toxicomanie à l'héroïne a remis en cause ce principe dans les années 70-80. La survenue du SIDA et la nécessité de développer une politique de réduction des risques a remis ce concept à l'ordre du jour. Un certain nombre de pays distribuent l'héroïne de façon médicalement contrôlée ou ont l'intention de le faire : Royaume-Uni, Pays-Bas, Suisse, Australie. Dans le dernier temps on parle de telles expériences en France.