CLINIQUE DES TOXICOMANIES
Sujet d’actualité, la toxicomanie fait l’objet de
nombreux débats de société. L’impact psychologique au
niveau de l’imaginaire et des représentations est immense.
La problématique de la dépendance, la recherche du plaisir
ou les aspects archaïques de cette problématique nous
renvoie à chacun d’entre nous différentes images. La
meilleure connaissance des différents aspects permet de mieux
se situer et de mieux apprécier les différents niveaux d’intervention,
qu’ils soient médicaux, socio-éducatifs, judiciaire ou
politiques. Le danger de la banalisation excessive et/ou d’une
dramatisation parfois abusive existe, peut-être par manque d’informations
pertinentes, peut-être par peur de reconnaître certaines
situations personnelles.
La
consommation de drogue spécifique à la toxicomanie
(existence d’une dépendance biologique, psychologique et
sociale, le désir puissant, compulsif d’utiliser une
substance psychoactive, les difficultés à en contrôler les
prises, le comportement de recherche de ces substances avec un
envahissement progressif de la vie courante) doit être
différenciée de l’usage occasionnel et de l’abus aux
conséquences moindres ainsi que des dépendances
médicamenteuses non toxicomaniaques caractérisées par l’absence
de recherche d’un effet stupéfiant.
Il
faut souligner l’aspect extensif et progressif vers la
chronicité des troubles qui caractérisent la toxicomanie.
La
plupart des spécialistes s’accordent pour souligner le fait
que l’usage des drogues ne soit pas forcement une
toxicomanie. Aussi paradoxalement que puissent paraître, il
ne faut pas oublier que le phénomène toxicomaniaque est le
résultat de plusieurs facteurs (individuels,
environnementaux, sociaux) : attrait du plaisir interdit,
fascination pour le danger potentiel (juridique, médical),
curiosité, pression du groupe, facteur initiatique, recherche
des liens, rejet et rupture avec les valeurs traditionnelles,
esprit de provocation, recherche d’une autre réalité par
refus d’acceptation d’un monde jugé trop conventionnel,
recherche de sensations…
Du
point de vue psychopathologique, on est concerné par l’étude
d’un mode de consommation " inadapté "
d’une substance psychoactive. On répète que les trois
dimensions principales qui nous intéressent sont la dimension
culturelle et sociale (acculturation, rapport avec les
problèmes de la société et le recours aux substances
psychodysleptiques ou stimulantes), la dimension biologique
(propriétés intrinsèques du produit) et la dimension
psychologique (tentatives de résolution d’un problème,
répétition des sensations et recherche de plaisirs).
La grande
variété des substances psychoactives,
des individualités impliquées, de la
différence des situations et des cas
particuliers, on est en droit de parler des
toxicomanies et pas de la toxicomanie.
On
entend de plus en plus souvent le mot
" drogue ". Ce terme est lié à l’imaginaire
humain, à la mythologie, mais sans aucun lien évident avec
la pharmacologie. La confusion est d’autant plus forte que
les Anglo-saxons désignent par le terme drogue, les
médicaments et les substances psychoactives. De ce fait, à l’heure
actuelle on utilise le terme des " substances
psychoactives ", terme qui a l’avantage de
mieux définir une dimension importante de ces substances –
l’action au niveau du système psychique. Les interférences
avec les neuromédiateurs (substances endogènes intervenant
dans le fonctionnement du système nerveux central et dans la
transmission des informations), expliquent en partie les
actions et les effets des substances psychoactives.
La
classification de ces substances à
préoccupé bon nombre de
pharmacologues, la plus ancienne étant celle
de Louis Lewin (1924) ; cette classification a
le mérite de faire pour la première
fois la distinction entre les actions des drogues.
Une classification plus récente est celle de
Delay et Denicker (1957), qui différencie
trois grandes familles de produits selon leur effet
principal sur le système nerveux central -
SNC :
Substances
sédatives, qui inhibent et diminuent l’activité
du SNC
Substances
stimulantes, activatrices
et excitantes
Substances
perturbatrices,
On va utiliser
une autre classification, plus récente et qui reprend l’ancienne
classification de Dealy et Denicker.
CLASSIFICATION PRODUITS
PSYCHOTROPES
Excitants
- " uppers " :
cocaïne,
crack.
dexamphétamines,
metamphétamines, anorexigènes.
nicotine,
caféine.
Calmants
- " downers " :
opioïdes.
anxiolytiques/hypnotiques.
alcool.
Hallucinogènes
- " all
arounders " :
type
indole - LSD, champignons, ibogaine, DMT...
type
phénylalcoylamine - mescaline, ecstasy.
anticholinergiques
- belladone, amanites, muscade.
PCP,
kétamine.
cannabinols
- 9 THC , dronabinols.
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La
nécessité d’une distinction des concepts comme l’usage,
l’abus et la dépendance semble obligatoire. Les premiers l’avoir
réalisée sont les spécialistes américains. Dans la
classification DSM-IV (Manuel diagnostique et statistique des
troubles mentaux), ces concepts trouvent une expression
scientifique, avec des critères convergents. La
classification de l’Organisation Mondiale de la Santé, le
CIM 10 (Classification internationale des maladies), fait la
même distinction entre ces concepts.
CRITERS
DE LA DEPENDANCE SELON
DSM-IV
La
dépendance est un mode d’utilisation
inapproprié d’une substance, entraînant une détresse ou
un dysfonctionnement cliniquement significatif, comme en
témoignent trois (ou plus) des manifestations suivantes,
survenant à n’importe quel moment sur la même période de
douze mois :
1.
tolérance, définie par l’une
ou l’autre des manifestations suivantes :
-
besoin
de quantités nettement majorées des la substance
pour obtenir une intoxication ou l’effet
désiré ;
-
effet
nettement diminué en cas d’usage continu de la
même quantité de substance.
2.
comme en témoigne l’une ou l’autre des manifestations
suivantes :
-
syndrome
de sevrage caractéristique de la
substance ;
-
la
même substance (ou une substance apparentée) est
prise dans le but de soulager ou d’éviter les
symptômes de sevrage.
3.
substance souvent prise en
quantité supérieure ou sur un laps de temps plus long que ce
que la personne avait envisagé
4.
désir persistant ou efforts infructueux pour réduire
ou contrôler l’utilisation de la substance ;
5.
temps considérable passé à faire le nécessaire
pour se procurer la substance, la consommer ou récupérer de
ses effets ;
6.
d’importantes activités sociales, occupationnelles
ou de loisirs sont abandonnées ou réduites en raison de l’utilisation
de la substance ;
7.
poursuite de l’utilisation de la substance malgré
la connaissance de l’existence d’un problème physique ou
psychologique persistant ou récurrent déterminé ou
exacerbé par la substance.
|
Préciser :
Avec dépendance
physique : signes de
tolérance ou de sevrage (item 1 ou 2
présents) ;
Sans dépendance
physique : pas de signes de
tolérance ou de sevrage (item 1 ou 2
absents).
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CRITERES DE LA DEPENDANCE DE L’ORGANISATION
MONDIALE DE LA SANTE CIM-10 (1992)
Cette
classification est plus simple, mais de ce fait elle a le
mérite d’être plus facilement utilisable.
Certains symptômes du trouble ont persisté au moins un mois
ou sont survenus de façon répétée sur une période
prolongée.
Au moins trois des manifestations suivantes sont présentes en
même temps au cours de la dernière année :
-
désir
puissant ou compulsif d’utiliser une substance
psychoactive ;
-
difficultés
à contrôler l’utilisation de la substance (début ou
interruption de la consommation au niveau de l’utilisation) ;
-
syndrome
de sevrage physiologique quand le sujet diminue ou arrête
la consommation d’une substance psychoactive, comme en
témoignent la survenue d’un syndrome de sevrage
caractéristique de la substance, ou l’utilisation de la
même substance (ou d’une substance apparentée) pour
soulager ou éviter les symptômes de sevrage ;
-
mise
en évidence d’une tolérance aux effets de la substance
psychoactive : le sujet a besoin d’une quantité
plus importante de la substance pour obtenir l’effet
désiré ;
-
abandon
progressif d’autres sources de plaisir et d’intérêt
au profit de l’utilisation de la substance psychoactive,
et augmentation du temps passé à se procurer la
substance, la consommer ou récupérer ses effets ;
-
poursuite
de la consommation de la substance malgré
la survenue de conséquences manifestement
nocives.
|
CRITERES DE L'ADDICTION SELON
GOODMAN (1990)
Goodman,
psychiatre anglais, a formulé en 1990 une définition de l’addiction
en la décrivant comme "un processus dans lequel est
réalisé un comportement qui peut avoir pour fonction de
procurer du plaisir et de soulager un malaise intérieur, et
qui se caractérise par l’échec répété de son contrôle
et sa persistance en dépit des conséquences
négatives". Il décrit ainsi les critères d’inclusions
dans le champ des addictions :
A. Impossibilité
de résister aux impulsions à réaliser ce type de
comportement.
B. Sensation croissante
de tension précédant immédiatement le début du
comportement.
C. Plaisir ou soulagement
pendant sa durée.
D. Sensation de perte de
contrôle pendant le comportement.
E. Présence d’au moins cinq
des neuf critères suivants :
-
Préoccupation
fréquente au sujet du comportement ou
de sa préparation.
-
Intensité
et durée des épisodes plus importantes que
souhaitées à l’origine.
-
Tentatives
répétées pour
réduire, contrôler ou abandonner
le comportement.
-
Temps
important consacré à préparer les épisodes, à les
entreprendre ou à s’en remettre.
-
Survenue
fréquente des épisodes lorsque
le sujet doit accomplir des obligations
professionnelles, scolaires ou
universitaires, familiale ou
sociales.
-
Activités
sociales, professionnelles ou
récréatives majeures
sacrifiées du fait du
comportement.
-
Perpétuation
du comportement, bien que le sujet sache qu’il cause
ou aggrave un problème persistant ou récurrent d’ordre
social, financier, psychologique ou psychique.
-
Tolérance
marquée: besoin d’augmenter l’intensité ou la
fréquence pour obtenir l’effet désiré, ou
diminution de l’effet procuré par un comportement
de même intensité.
F.
Agitation ou irritabilité en cas d’impossibilité de s’adonner
au comportement.
|
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Certains
éléments du syndrome ont duré plus d’un mois ou se sont
répétés pendant une période plus longue.
Les toxicomanes présentent plus que les autres, une
personnalité dépendante des autres. Leur parcours familial,
scolaire et social met en évidence des difficultés
relationnelles, des situations frustrantes et des multiples
séparations qui ont été toujours mal vécues. Ces
séparations ne sont jamais admises, la réparation de ces
frustrations étant constamment déficitaire.
CRITERES DIAGNOSTIQUES DE LA
PERSONNALITE DEPENDANTE
DSM IV
Besoin
général et excessif d’être pris en charge, qui conduit à
un comportement soumis et à une peur de la séparation, qui
apparaît au début de l’âge adulte et est présent dans
des contextes divers, comme en témoignent au moins cinq des
manifestations suivantes :
-
le
sujet a du mal à prendre des
décisions dans la vie courante sans
être rassuré ou conseillé de
manière excessive par
autrui ;
-
a
besoin que d’autres assument les responsabilités dans
la plupart des domaines importants de sa vie ;
-
a du
mal à exprimer un désaccord avec
autrui de peur de perdre son soutien et son
approbation ;
-
a
du mal à initier des projets ou à faire des choses seul
(par manque de confiance n son propre jugement ou en ses
propres capacités plutôt que par manque de confiance
et/ou d’énergie) ;
-
cherche
à outrance à obtenir le soutien et l’appui d’autrui,
au point de faire volontairement des choses
désagréables ;
-
se
sent mal à l’aise ou impuissant quand il est seul par
crainte exagérée d’être incapable de se
débrouiller ;
-
lorsqu’une
relation proche se termine, cherche de manière urgente
une autre relation qui puisse assurer les soins et le
soutien dont il a besoin ;
-
est
préoccupé de manière irréaliste par la crainte d’être
laissé à se débrouiller tout seul.
|
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L’abus
(DSM-IV) ou l’usage nocif (CIM 10), est
caractérisé par une consommation susceptible d’induire des
dommages au niveau somatique, psychoaffectif et social. Cette
notion est d’autant plus importante, que plusieurs auteurs s’efforcent
à démontrer que l’utilisation de certaines substances
psychoactives peut être parfaitement maîtrisable, en
fonction de la personnalité des usagers, de leur degré de
fragilité psychique ; cette notion permet de souligner l’importance
des facteurs de personnalité et de préciser le rôle des
facteurs de risque et de vulnérabilité dans l’apparition
de la dépendance.
CRITERES DE L’ABUS
SELON DSM-IV (1991)
-
L’abus
est un mode d’utilisation inadéquat d’une substance,
conduisant à une altération du fonctionnement ou à une
souffrance cliniquement significative, et caractérisé
par la présence d’au moins une des manifestations
suivantes au cours d’une période de douze mois :
-
Utilisation
répétée d’une substance conduisant à l’incapacité
de remplir des obligations majeures au travail, à l’école
ou à la maison (absences répétées ou mauvaises
performances au travail du fait de l’utilisation de
la substance, exclusion temporaires ou définitives de
l’école, négligence des tâches ménagères
courantes) ;
-
Utilisation
répétée d’une substance dans des situations où
cela peut être physiquement dangereux (par exemple,
lors de la conduite d’un véhicule) ;
-
Problèmes
judiciaires répétés liés à l’utilisation de la
substance (arrestations pour comportement anormal en
rapport avec l’utilisation de la substance) ;
-
Utilisation
de la substance malgré des problèmes interpersonnels
ou sociaux, persistants ou récurrents, causés ou
exacerbés par les effets de la substance (disputes
avec le conjoint à propos des conséquences de l’intoxication
chronique).
B. Les symptômes n’ont jamais
atteint, pour cette classe de substance, les critères de la
dépendance à une substance.
|
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CRITERES DE L’UTILISATION
NOCIVE POUR LA SANTE SELON LE CIM
10 (1992)
Mode
de consommation d’une substance psychoactive qui est
préjudiciable à la santé. Les complications peuvent être
physiques ou psychiques.
Le diagnostic repose sur des preuves manifestes que l’utilisation
d’une ou de plusieurs substances a entraîné des troubles
psychologiques ou physiques. Ce mode de consommation donne
souvent lieu à des critiques et a souvent des conséquences
sociales négatives. La désapprobation par autrui ou par l’environnement
culturel, et les conséquences sociales négatives ne
suffisent toutefois pas pour faire le diagnostic. On ne fait
pas ce diagnostic quand le sujet présente un syndrome de
dépendance, un trouble spécifique lié à l’utilisation d’alcool
ou d’autres substances psychoactives. L’abus de substances
psychoactives est caractérisé par une consommation qui donne
lieu à des dommages dans les domaines somatiques,
psychoaffectifs ou sociaux, mais cette définition ne fait pas
référence au caractère licite ou illicite des produits.
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La toxicomanie est marquée par la
dépendance physique, psychologique et sociale.
Selon l’OMS la dépendance
se définit comme un état psychique et parfois physique,
résultant de l'interaction entre un organisme vivant et une
substance psychoactive caractérisé par des réactions
comportementales et autres, qui comportent toujours une
compulsion à prendre la substance de façon continue ou
périodique de façon à ressentir ses effets psychiques et
parfois éviter le sevrage. La dépendance apparaît ainsi
comme le résultat des effets pharmacologiques des produits
psychoactives additifs et de l'interaction avec l'équipement
neuro-biologique de l'organisme. En termes
comportementalistes, la dépendance est la résultante du
renforcement positif (effets agréables de la prise de drogue)
plus le renforcement négatif (effets désagréables dus aux
manque) plus la tolérance (phénomènes adaptatifs qui
s'opposent aux effets des produits psychoactifs). La
tolérance apparaît comme un état d'adaptation
pharmacologique nécessitant l'augmentation des doses pour
obtenir les mêmes effets.
Les
différentes dépendances
(physique, psychique) et le
syndrome de sevrage pour chaque produit psychoactif
sont présentées
schématiquement dans les deux tableaux qui
suivent.
DIFFERENTS
TYPES DE DEPENDANCE
D’après : Altman et al.
" The biological, social and clinical bases of drug
addiction " Psychopharmacology, 1996
|
Tolérance
|
Sensibilisation
|
Dépendance
physique
|
Dépendance
psychique
|
Opiacés
|
Aux
effets dépresseurs et aux renforcements positifs
|
Aux
effets stimulants locomoteurs et aux symptômes de
sevrage (persistance sur 6 mois)
|
Risque
de rechute maximum à J+1
|
Oui
|
Alcool
|
Aux
effets sédatifs, subjectifs, ataxiques et
hypothérmiques
|
Aux
effets stimulants locomoteurs et aux symptômes de
sevrage
|
Oui
|
O
|
Amphétamines
|
Aux
effets subjectifs et cardio-vasculaires
|
Aux
effets stimulants locomoteurs (persistance sur 6 mois)
|
?
|
Oui
|
Cocaïne
|
Aux
effets subjectifs et cardio-vasculaires
|
Aux
effets stimulants locomoteurs (durée indéterminée)
|
?
(certains auteurs décrivent pourtant un risque de
rechute à J+4)
|
Oui
|
LSD
|
Aux
effets subjectifs
|
Non
|
Non
|
Oui
|
Nicotine
|
Aux
effets dépresseurs locomoteurs, aux effets
émetisants et cardio-vasculaires
|
Aux
effets psychostimulants
|
Oui
|
Oui
|
Cannabis
|
Aux
effets cardiaques et psychiques, croisée et
asymétriques avec l’alcool et la morphine
|
Non
|
Non
|
Oui
|
|
|
Le
syndrome de sevrage physique
(apparition d'un syndrome clinique spécifique par l'arrêt
brutal d'une substance psychoactive, prise de façon continue
et prolongée) se manifeste dans le cas des opiacés
(situation la plus fréquemment rencontrée) 12 à 24 heures
après la dernière prise, débutant par une anxiété vive
avec une insomnie tenace. Les douleurs associées (dorso-lombaires,
abdominales), les crames nocturnes, les mouvements anormaux
signent ce type de syndrome de sevrage. Le syndrome de sevrage
s’accompagne d’un syndrome amotivationnel qui associe
déficit de l’activité avec asthénie et apragmatisme,
déficit intellectuel avec ralentissement idéique, déficit
thymique et affectif avec désintérêt et manifestations
dépressives. Si le syndrome de sevrage diminue et disparaît
au bout d‘une semaine, le syndrome amotivationnel, met
plusieurs semaines avant de diminuer.
La
dépendance physique comprend aussi de puissantes compulsions
à consommer des toxiques, réveillées même après quelques
mois d’abstinence par toute situation évocatrice de l’intoxication
(proposition de toxique, passage dans certains lieux de
trafic).
La
dépendance psychologique renvoie aux effets psychotropes
intrinsèques à chaque substance – euphorisants,
antidépresseurs, anxiolytiques.
La
dépendance sociale est évidente dans le sens ou le
toxicomanes a organisé toute sa vie relationnelle et sociale
pour et autour de la drogue.
Une
fois présentés les critères de l’abus et de l’usage
nocif, on peut analyser les recherches effectuées par
Zuckerman dans les années soixante, essaient d’établir un
lien entre les phénomènes d’activation psychique et la
recherche de sensations. Celle-ci correspond au besoin d’expériences
nouvelles, complexes et variées et à la volonté de prendre
des risques physiques et sociaux dans le but d’obtenir et de
maintenir un niveau optimal élevé d’activation
cérébrale.
La
recherche de sensations est en relation avec des facteurs de
personnalités liés au changement, à la nouveauté et l’inhabituel.
Le caractère imprévisible des expériences, la prise élevé
de risque, met en jeu l’impulsivité des sujets, qui à
travers ces situations obtiennent un niveau optimum d’excitation.
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L’échelle
de recherche de sensations, - Sensation
Seeker Scale - (SSS), comporte quatre
facteurs qui définissent ce phénomène :
L’ECHELLE
DE RECHERCHE DE SENSATIONS
-
recherche
de danger/aventure - attrait pour les sports
et les conduites à risques, impliquant
vitesse et danger.
-
recherche
d’expérience - attrait pour des activités
intellectuelles ou sensorielles.
-
désinhibition
- attrait pour la boisson, l’alcool, les
excès sexuels.
-
susceptibilité
à l’ennui.
Les
personnes qui présentent un score élevé, sont fréquemment
retrouvées parmi les grands pharmacodépendants, les grands
consommateurs d’alcool, les grands fumeurs, les auteurs des
conduites à risques. Ils sont décrits comme des personnes
extraverties en recherche permanente de facteurs stimulants.
Ils sont à la recherche de nouveaux partenaires, aussi
non-conformistes et aussi exposé aux risques qu’eux. Leur
aspect antisocial est le résultat de leur mode de vie et
activités, qui tendent à satisfaire sans arrêt leur
pulsion. Les conventions sociales, la loi, sont souvent
transgresser afin d’obtenir l’état d’excitation à tout
prix.
Les
personnes qui ont un score élevé, vivent d’une manière
risquée, pratiquent le plus souvent des activités sportives
très physiques (plongée, saut en parachute, escalade, saut
à l’élastique), jouent de manière compulsive, sans
contrôle et notion de risque. La prise de drogue apparaît
comme une tentative à ressentir de nouvelles sensations, de
passer à côté de la mort (l’ordalie), de se frotter au
divin et l’au-delà. Les pratiques sexuelles revêtent
toujours d’une prise de risque (contacts non-protégés,
plusieurs partenaires). Leur complexité cognitive, la
tendance de recherche de nouvelles sources de connaissance et
de savoir, exposent ces personnes au merci des théories
pseudo-scientifiques, aux mouvements prônant la découverte
de soi (les sectes en occurrence).
Il
existe une relation étroite - mais non-spécifique et
non-exclusive - entre addictions et recherche de sensations.
Il faut retenir que l’échelle de sensations aide à
déterminer un certain type de trouble comportemental, mais le
fait d’avoir un score élevé, n’est pas un indice de
maladie mentale en lui-même. La corrélation entre niveau
élevé de la stimulation et le système de récompense
dopaminergique est très forte.
Dans
le comportement addictif il existe deux périodes : la
phase d’initiation est centrée sur la recherche de
sensations jouant un rôle essentiel dans la rencontre du
produit. L’installation de la dépendance se produit plus
tardivement, quand l’usage du produit se poursuit sous
l'influence des exigences adaptatives liées à l’anxiété
et au sevrage.
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Plusieurs
types de personnalités font partie de celles rencontrées
souvent chez les toxicomanes. La caractéristique antisociale
(le non-respect des règles, les tendances répétitives à
transgresser la loi) de la personne dépendante ou le
caractère obsessionnel, compulsif, échappant à toute
tentative de (auto)contrôle nécessite l’analyse des
critères typiques e ces personnalités.
CRITERES
DIAGNOSTIQUES DE LA PERSONNALITE ANTISOCIALE
DSM IV
A.
Mode général de mépris et de
transgression des droits d’autrui qui surviennent depuis l’âge
de15 ans, comme en témoignent au moins trois des
manifestations suivantes :
-
incapacité
de se conformer aux normes sociales qui déterminent les
comportements légaux, comme l’indique la répétition
de comportements passibles d’arrestation ;
-
tendance
à tromper par profit ou par plaisir, indiquée par
mensonges répétés, l’utilisation de pseudonymes ou
des escroquerie ;
-
impulsivité
ou incapacité à planifier à l’avance ;
-
irritabilité
ou agressivité, indiquée par la répétition des
bagarres ou d’agressions ;
-
mépris
inconsidéré pour sa sécurité ou celle d’autrui ;
-
irresponsabilité
persistante, indiquée par l’incapacité d’assumer un
emploi stable ou d’honorer des obligations
financières ;
-
absence
de remords, indiquée par le fait d’être indifférent
ou de se justifier après avoir blessé, maltraité ou
volé autrui ;
B.
Age au moins égal à 18
ans ;
C. Manifestation d’un trouble des conduites avant
l’âge de 15 ans ;
D. Les comportements antisociaux ne surviennent
pas exclusivement pendant l’évolution d’une
schizophrénie ou d’un épisode maniaque.
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PERSONALITE OBSESIONNELLE
Elle
se voit plus souvent chez l'homme que chez la femme. On en
distingue deux :
La
personnalité obsessionnelle avec caractère anal :
faite de trois traits caractéristiques : l'ordre,
l'économie, l'entêtement. Goût pour un ordre
excessif, aussi bien dans le domaine matériel que
dans le domaine moral. Conscience professionnelle,
perfectionnisme, attachement aux règles, aux plans
d'organisation. L'économie va confiner à la
mesquinerie et à l'avarice. Le goût de la
propriété débouche sur le collectionnisme.
L'entêtement : les obsessionnels sont des sujet
obstinés, autoritaires, exigeant la soumission des
autres. Les sentiments sont peu exprimés et mis à
distance. Les détails sont privilégiés par rapport
à l'ensemble. L'adaptation socioprofessionnelle est
souvent bonne, mais les relations sociales
difficiles.
La
personnalité psychasthénique : ce sont des
personnes qui ont des difficultés à réaliser des
activités intellectuelles de haut niveau, car elles
nécessitent un effort péniblement ressenti.
L'action est marquée par l'impuissance à agir, une
hyposexualité ; le sujet à de la peine à prendre
des décisions, il s'intègre mal à la réalité, a
tendance à rêver et se sent à la limite de la
dépersonnalisation. Par contre, les activités
psychiques de bas niveau (tendance aux scrupules, au
doute, aux ruminations mentales, à l'introspection
triste) vont être très développées. Le sujet se
réfugie dans le perfectionnisme, il est lent,
méticuleux, moraliste, fatigué le plus souvent
notamment le matin. L'adaptation socioprofessionnelle
est médiocre en raison des rêveries et de
l'introspection, ainsi que des difficultés dans
l'action et dans les décisions. Les complications
peuvent être l'apparition d'une névrose
obsessionnelle structurée et, beaucoup plus souvent,
des états dépressifs ou des décompensations
psychosomatiques. Le traitement est difficile, ces
patients méritent d'être écoutés, mais leur
lenteur font perdre beaucoup de temps. Il faudra
savoir leur prescrire des anti-asthéniques,
aménager des périodes de repos, voire de cure
thermale.
Il s'agit d'un mode général de
préoccupation par l'ordre, le perfectionnisme et le contrôle
mental et interpersonnel, aux dépens d'une souplesse, d'une
ouverture et de l'efficacité qui apparaît au début de
l'âge adulte et est présent dans des contextes divers, comme
en témoignent au moins quatre des manifestations suivantes :
-
préoccupations
par les détails, les règles, les inventaires,
l'organisation ou les plans au point que le but principal
de l'activité est perdu de vue
2. perfectionnisme qui entrave l'achèvement des tâches
(p. ex., incapacité d'achever un projet parce que des
exigences personnelles trop strictes ne sont pas
remplies) ;
-
dévotion
excessive pour le travail et la productivité à
l'exclusion des loisirs et des amitiés (sans que cela
soit expliqué par des impératifs économiques
évidents) ;
-
est
trop consciencieux, scrupuleux et rigide sur des questions
de morale, d'éthique ou de valeurs (sans que cela soit
expliqué par une appartenance religieuse ou
culturelle) ;
-
incapacité
de jeter des objets usés ou sans utilité même si
ceux-ci n'ont pas de valeur sentimentale ;
-
réticence
à déléguer des tâches ou à travailler avec autrui à
moins que les autres se soumettent exactement à sa
manière de faire les choses ;
-
se
montre avare avec l'argent pour soi-même et les autres;
l'argent est perçu comme quelques chose qui doit être
thésaurisé en vue de catastrophes futures ;
-
se
montre rigide
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Chez les patients présentant une pathologie addictive, la
prévalence des troubles mentaux est grande. Parmi les
pathologies rencontrées on retient les troubles de l’humeur,
de la personnalité et des troubles dépressifs.
Les troubles dépressifs,
accompagnent souvent le parcours des toxicomanes ;
troubles préexistants à la toxicomanie ou troubles qui
apparaissent pendant la consommation ou après l’arrêt de
la consommation du produit. Le vécu dépressif des patients
les poussent souvent aux suicides ou des conduites à risque.
Parmi les mécanismes incriminés dans l’apparition des
troubles dépressifs on décèle les interférences
biochimiques entre les neuromédiateurs impliqués dans
le processus addictif et les substances psychoactives.
Les
troubles anxieux, se manifestent le plus souvent dans
les phases d’abstinence ou pendant les cures de
sevrage ; très fréquentes dans le cas des opiacés et
de l’alcool, ces troubles apparaissent aussi dans le cas des
autres substances. Le recours abusif ou la prescription
massive des anxiolytiques – surtout les benzodiazépines –
a comme conséquence une déviation de l’utilisation
thérapeutique des benzodiazépines. La plupart des
toxicomanes ont souvent recours aux benzodiazépines afin de
palier les états de manque et les crises d’anxiété ;
dans les phases de descente, souvent pénibles et difficiles
à supporter les toxicomanes font appel aux anxiolytiques. L’usage
détourné des benzodiazépines - Tranxène, Rohypnol –
nécessite une grande vigilance de la part des prescripteurs.
Chez certains héroïnomanes, l’héroïne représente une
tentative d’automédication. En fin, la prévalence des troubles
obsessifs-compulsionnels, reste souvent sous-estimée.
Les
états confusionnels sont favorisés par les
polytoxicomanies et/ou par la brutalité du sevrage. Les
patients sont souvent désorientés temporo-spatial,
obnubilés. Il ne faut pas occulter qu’en dehors de la
toxicologie intrinsèque des substances psychoactives, les
états confusionnels peuvent être imputés aux états
post-traumatiques ou post-infectieux (différents abcès,
forme neurologique du SIDA).
Les
états psychotiques, soulèvent la question de l’interaction
entre un toxicomane et une substance psychoactive. Le tableau
clinique prend la forme des troubles dissociatifs –
schizophrénie – ou de délire chronique. On le répète, il
faut faire la différence entre les états prépsychotiques
accentués par la prise de la substance psychoactive et les
pharmacopsychoses induites par la prise de ces mêmes
substances. Les schizophrènes ont une attirance prononcée
pour les drogues dysleptiques – cannabis ou LSD – qui
favorisent l’introspection. Pour cette catégorie de patient
l’abus de substances psychoactives peut s’inscrire dans
une démarche d’automédication, de traitement des angoisses
et de l’anhédonie psychotique. Certains schizophrènes
préfèrent être soignés comme toxicomanes plutôt qu’au
titre de la psychose.
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