F�d�ration Fran�aise de Psychiatrie
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The evolution of opiates substitute in France

2nd National Drug Treatement Conference, London, 2004 

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   Dr. Dan VELEA

 

Facteurs de risque Familles Sociologie du risque
Psychopathologie   Trafic de stup�fiants

 

SOCIOLOGIE DU RISQUE

La signification des activit�s engag�es par les acteurs dans leur vie personnelle ou professionnelle, dans les loisirs, pour aller � la rencontre du risque ou s'en prot�ger.

Dans l'affrontement physique au monde l'individu recherche ses marques, les limites de la loi. La recherche de l'image du p�re symbolique, identifi� � la loi, se trouve au centre de la plupart des conduites � risques.

Le cadre r�el de la vie �chappe le plus souvent ; le contenir semble un effort insurmontable, d'o� cette qu�te d'un refuge absolu, presque virtuel.

Avant de vivre, s'impose la n�cessit� anthropologique de comprendre pourquoi l'on vit, de donner une valeur � sa pr�sence au monde.

Les prises de risque soul�vent des questions br�lantes, elles imposent l'urgence de leur compr�hension, car si elles sont souvent un plaisir, une recherche de sensations, elles traduisent souvent une souffrance, un mal de vivre chez les jeunes g�n�rations qui recherche � travers elles une l�gitimit� � exister.

Le risque appara�t comme un affrontement d�sir� aux limites, comme un apprentissage de la " capacit� � faire face ". La prise de risque sollicite aussi la question de l'estime de soi, de la r�putation personnelle. Le risque est �galement une mesure de sa responsabilit� envers les autres. La relation entre la prise effective de risque et la sensation subjective du risque encouru.

On peut consid�rer comme conduite � risque tout comportement impliquant un danger vital ; il faut pourtant faire la d�marcation avec certaines professions ou activit�s sportives consid�rer � fort potentiel de risque, situations qui s�inscrivent dans les normes socioculturelles.

Pour certaines conduites de risque la parall�le avec les conduites addictives para�t �vidente : concordance entre plaisir recherch� et le besoin, l�imp�ritie, la r�p�tition de la conduite et de la mise en condition, la r�alisation d�un acte malgr� la r�probation sociale, apparition et augmentation de la tol�rance qui entra�ne l�accentuation des risques.

La notion de risque appara�t comme une variable psychologique majeure, facteur d�terminants des comportements ; l�acceptation, l��vitement ou la recherche du risque conduit � des typologies diff�rentes pouvant aller de l�audace extr�me � jug�e parfois comme inconscience ou h�ro�sme inutile � jusqu�� la prudence la plus grande.

Le risque pose d�une mani�re �vidente la question du rapport � la mort, la mise en acte de son impulsivit� mais aussi la recherche de sensations nouvelles et fortes. Zuckerman, a d�velopp� le concept de " niveau optimum de stimulation " et a ainsi cr�e l��chelle Sensation Seeker Scale � qui repr�sente un descriptif psychocomportemental de la recherche des sensations. Les composantes de cette �chelle � d�sinhibition, recherche de danger et d�aventure, besoin d�exp�riences nouvelles, intol�rance � l�ennui � permettent de mettre en �vidence la proximit� de la recherche de sensation et des conduites � risques. Chez les personnes pr�sentant des conduites addictives � comportements de consommation des substances psychoactives (drogues, m�dicaments, alcool), joueurs pathologiques � on retrouve souvent les m�mes crit�res de la recherche des sensations susceptibles � favoriser l�adoption des comportements de d�pendance.

L�identification au h�ros, fait partie des mythes ancestraux ; les jeunes ont toujours r�v� de ressembler � ces " p�res virtuels ", munis de toutes les qualit�s de courage, choisis comme mod�les de vie. Les jeunes, mais aussi les moins jeunes, ont tendance � copier leurs mod�les - habitudes alimentaires, vestimentaires, mais surtout mode de vie. Vivre comme l�idole am�ne parfois � la perte des instincts de conservations. Un seul exemple peut suffire : l�impact social du suicide d�une personnalit� du show-bizz ou politique est tel, qu�une augmentation significative du nombre de passage � l�acte est multipli�e par trois ou quatre.

La n�cessit� de vivre en situation de risque, appara�t comme une composante ind�niable des soci�t�s modernes, qui paradoxalement, a fait du discours s�curitaire et protecteur un leitmotiv promotionnel. L��loge litt�raire ou cin�matographique des h�ros modernes, la roulette russe � symbole de l�honneur et de la virilit� des officiers de l�arm�e imp�riale tsariste, les escrimeurs �tudiants allemands du d�but du si�cle � qui rechercherait les balafres comme signes de la combativit� et de l�honneur � sont de nature � sacraliser ces conduites de prise de risque. Dans un film r�cent, Crash, les personnages cherchent � heurter les v�hicules qui viennent du sens oppos�, dans une recherche des sensations orgasmiques. Le stigmate de la blessure et de la balafre, trace physique mais aussi mn�sique, prend la dimension d�un symbole initiatique. La r�p�tition de cette initiation, � travers des multiples blessures et cicatrices, renforce l�ego des participants. La douleur physique et morale caus�e par les accidents, la d�tresse des familles qui sont entra�n�es passivement dans ces catastrophes perdent toute dimension r�elle. On vit dans un monde � soi, cr�e par des initi�s, qui l�habitent selon des normes tr�s rigoureuses, entour�es de myst�re.

Le ph�nom�ne de surstimulation ambientale a des cons�quences psychiques, avec l'apparition des comportements de d�fense ou le renforcement des troubles du comportements pr�existantes. L'adaptabilit� aux nouveaux facteurs de stress est mise en jeu.

La crise confusionnelle qui accompagne ces changements - l'usage d�mesur� des drogues, l'augmentation du mysticisme et le refuge dans les diff�rents mouvements culturelles et sectaires, les explosions de violence - refl�te d'une mani�re assez fid�le la d�t�rioration des processus d�cisionnelles de l'individu dans les conditions d'une surcharge ambientale.

Les multiples sollicitations ambientales demande la recherche des solutions, vari�es, adapt�es. Certaines personnes, ayant un terrain psychopathologiques pr�disposant, vont faire recours � une seule et unique solution - la drogue et le refuge apparent et temporaire que celle-ci peut fournir. Ces personnes vont utiliser des tas de produits psychoactives qui auront l'avantage de remplacer la somme de leurs probl�mes existentielles et d'adaptabilit� avec un seul probl�me unique, la consommation et l'addiction aux drogues. Cette consommation leurs simplifient l'existence d'une mani�re radicale, mais temporaire. Pour eux, les autres probl�mes deviennent sans signification en comparaison avec l'abus de drogue.

Un livre r�cent " La fin du travail ", par Jeremy RIFKIN, met en cause la notion m�me de loisir. Pour l�auteur, la soci�t� du futur se verra confronter � plusieurs ph�nom�nes n�gatifs li�s � la p�rennit� du travail, aux diff�rents facteurs sociaux. Le ch�mage ira croissant, le boom du troisi�me �ge et la d�structuration profonde de la soci�t�, cr�eront les pr�mices d�une soci�t� qui aura besoin de loisirs, pas comme passe temps et comme moyen r�cr�atif, mais surtout comme mani�re de calmer des esprits trop enclins � la violence. La population urbaine risque de se trouver face aux nouvelles conditions de vie li�es au ch�mage, � la baisse r�guli�re et constante de revenus. La question que RIFKIN se pose, est celle de la n�cessit� d�augmenter les loisirs et les passe temps d�un prol�tariat grandissant. Les voyages virtuels (voire " Total Recall ", o� le h�ros incarn� par Schwarzenegger fait un voyage intergalactique gr�ce aux techniques de la suggestion et de l�autosuggestion et � l�aide des substances psychoactives), les jeux de r�le et surtout les acquisitions des Nouvelles Techniques de l�Information et de la Communication (lunettes en 3D, combinaisons et gants ultrasensoriels), ouvre la porte vers l�imaginaire. Les drogues psych�d�liques font partie de la panoplie qui accompagne ces loisirs. Il me semble pertinent de poser une question  : pourquoi de plus en plus d�organismes de formation professionnelle ou des associations qui enseignent les techniques du bien-�tre et de la d�couverte de soi, sont investis par les sectes ? La r�ponse est donn�e par l�existence d�une association comme le " Patriarche ", association d�aide et soutien aux toxicomanes. On le sait de plus en plus que les techniques employ�es par les gourous du Patriarche n�ont rien � envier aux techniques du lavage de cerveau et des manipulations mentales utilis�es par les autres sectes. Le monde en perte d�id�al et de rep�res serait-il la proie des sectes ?

Dans le cas des toxicomanes, le " shoot " prend la dimension du contact physique entre l�aiguille et la peau. Transpercer la couche dermique - protection et enveloppe - chercher et transpercer la veine afin d�injecter le produit tient d�un rituel pr�cis. Il n�y a pas de douleur, pas de sensation de danger. La trace du " shoot ", les cicatrices, les phl�bites, constituent les signes de l�implication physique de l�organisme. La notion de recherche de sensation et de prise de risque s�exprime � travers le partage de seringues souill�es, sans pr�caution de d�sinfection. Le groupe fait tourner la seringues comme dans le rituel des officiers tsaristes qui faisait tourner le revolver charg�. Les rapports sexuels � risque sans protection, dans l�ignorance de l��tat s�rologique des partenaires, est une composante dans la recherche de sensation, dans le d�sir de vivre des �motions fortes. De plus en plus les mass-m�dia font �tat du nombre grandissant des jeunes conducteurs qui roulent sous l�emprise des substances psychoactives � alcool, cannabis ou ecstasy apr�s des soir�es " rave ". La transgression se compl�te avec notion de prise de risque et recherche du niveau optimal de stimulation. Le besoin de stimulation, ph�nom�ne de soci�t� s�exprime � travers les nouvelles " b�quilles chimiques ", mol�cules du bien-�tre dans le cas du Prozac� , mol�cules de la performance sexuelles � Viagra� .

L�usage des drogues " socialisantes ", avec des action amph�tamines-like, comme le 2 CB, le GHB, t�moignent d�une d�faillance au niveau de la communication, d�un isolement ressentie de plus en plus par les citoyens lambda. L�apparition d�une addiction communicationnelle � travers les groupes de dialogues existantes sur Internet � Internet Relay Chat - IRC � met en �vidence le besoin de communiquer � tout prix, de quitter son isolement, d�abandon de la " tour d�ivoire ". Le glissement vers des nouveaux mondes, virtuels, d�nou�s de toute contrainte d�apparence physique, mondes lisses, facile � vivre, attire les d��us de la vie r�elle � � travers les IRC ou � travers les jeux de r�le en r�seaux, jeux qui nous plongent dans le cyberespace.

Chez les toxicomanes, les ph�nom�nes de d�pendance et d�app�tence � la drogue sont souvent plus importants que la recherche des exp�riences p�rilleuse. Tout au d�but de sa consommation de la drogue, le toxicomane est tr�s prudent vis-�-vis de sa s�curit� � il ne pratique pas l��change des seringues utilis�es, il prend soin de d�sinfecter la peau et surtout veille � la qualit� et la puret� des produits consomm�s. Dans les �tapes avanc�es de la toxicomanie, la personne veille moins � sa s�curit�, ce qui l�importe c�est la rapidit� de l�att�nuation de son �tat de manque. Les mesures �l�mentaires d�hygi�ne sont vite oubli�es, les pr�cautions vis-�-vis de la qualit� du produit passe au second plan. A cette �tape de la toxicomanie, le rite du " shoot " perd sa valeur symbolique, la notion protectrice du groupe perd sa valeur ; la toxicomanie solitaire que vit le sujet expose davantage aux risques d�overdoses et de contamination virale et bact�rienne.

La notion de d�sir de mort et de tentative de suicide par l�interm�de de la drogue a fait couler beaucoup d�encre. Croire que le toxicomane cherche � travers sa prise de risque de se donner la mort, me semble faux. On doit prendre en compte la symbolique du " shoot ", avec ses risques bien connus, int�gr�s par la population toxicomane. C�est surtout le d�sir de fr�ler la mort, de plonger dans le tunnel chaud - froid, lumineux � obscur, d�crit par Raymond Moody dans " Life after life ". Cette " exp�rience interdite - flatline ", rend les toxicomanes �gaux des dieux. Il n�est pas anodin le fait que les drogues de synth�se en vogue aux USA depuis quelques mois portent le nom de flatlinners. La possibilit� de pouvoir ressortir, rena�tre d�une telle exp�rience, n�est pas r�serv�e au commun des mortels. C�est bien l� le renforcement positif de leurs comportements.

Le terme de conduite ordalique (M. Valleur, A. Charles-Nicholas), renvoie au jugement supr�me, divin qui d�clarait " innocent ou coupable l�individu soup�onn� de sorcellerie selon qu�il survivait ou mourait, qu�il flottait, qu�il �tait ou non br�l� par le fer rouge ". C�est la recherche d�un jugement final par une puissance supr�me, surnaturelle, qui rend la d�cision de mort ou de vie. Etre l��lu de Dieu, conf�re au toxicomane qui subi l��preuve, une force et une motivation de la r�p�tition, la renaissance �tant r�gle apr�s chaque prise de produit.

L�imaginaire populaire veut que les toxicomanes soit des suicidants, domin�s par la seule envie d�autodestruction. Pourtant, le concept d�ordalie redonne une autre dimension � ces " conduites de suicides embryonnaires " d�j� d�crites par Durkheim, les prises de risques �tant plut�t des r�flexes de d�fense contre les pulsions autodestructrices. Cette prise de risque consciente, remet en cause le sens final de l�existence, la l�gitimit� de vivre ou de survivre.

Influence du groupe
La dynamique des groupes aurait un effet de surench�re des positions personnelles � cause de la valorisation du risque et par l'effet d'initiation et d'appartenance au groupe initiatique. La dilution des responsabilit�s, l'impression de s�curit� que le groupe conf�re, la dissolution du Surmoi, pousse l'individu � des actes qu'il n'aurait jamais os� accomplir seul.

Suicide
Le risque encouru est celui de la mort ou d'une atteinte � l'int�grit� personnelle. L'alcoolisme, la toxicomanie, la pratique des activit�s sportives " extr�mes ", sans pr�cautions � l�entra�nement ad�quat, la n�gligence des mesures de protection lors des relations sexuelles, ce sont l� des exemples parmi d'autres de conduites r�p�titives mettant en jeu l'existence.

Le suicidant est en pleine crise personnelle, ne supporte plus le poids de son mal de vivre. Ces comportements surgissent parfois de mani�re sporadique en r�action � un �v�nement particuli�rement frustrant; ces comportements permettent de reprendre le contr�le �motionnel d'une situation.

Le cas particulier des "sortes de suicides embryonnaires" selon DURKHEIM - les personnes conscientes que leurs modes de vie les exposent aux plus grands risques, mais qui avouent �tre incapable de changer leurs modes d'existence.

La crise de la jeunesse
L��tude de l'INSERM de 1994, montre que 70,5% des jeunes sont plut�t bien dans leurs familles. Sur 814.000 jeunes ayant quitt� le syst�me �ducatif fran�ais en 1993, 88.300 restent sans qualifications.

L'adolescence repr�sente l'�loignement du monde prot�g� de l'environnement familial, scolaire. Le passage entre ces deux mondes est un moment de perte d'une part et de reconstruction d'autre part des valeurs et des sens. La relation � l'autre est modifi�e, du fait de la transformation sexuelle et identitaire.