TRAFIC
DE DROGUE
Les marchés de la drogues différent selon les produits et leurs usages
sociaux, selon les pays et les différentes législations, selon les
politiques en matière de prohibition et de prévention ;
Selon qu’ils relèvent
des stratégies de développement économique ou de survie, voire même d’organisations
criminelles, les trafics de drogues suivent " la loi du
marché ", celui étant structuré autour des enjeux financiers,
économiques ou sociaux divers.
Les travaux menés dans le
champ des conduites addictives soulignent l’importance de la
pluridisciplinarité – épidémiologie, démographie, psychopathologie
et plus récemment ethnologie et sociologie.
Les récentes réflexions
sur le trafic de drogue mettent en évidence les aspects sociaux,
économiques et politiques, avec un accent particulier sur la dimension
internationale.
La relation entre l’offre
et la demande – qui constate une dynamisation, multiplication et
variation de l’offre – permet de mettre en évidence une croissance de
la demande. L’une des conséquences directes est l’articulation entre
l’économie de la drogue et les réseaux financiers internationaux –
et le développement des réseaux de blanchissement de l’argent à
travers des multiples organisations financières internationales.
Au niveau local, les
statistiques existantes émanent des centres spécialisés, des service de
police et judiciaire. Les données fournies se limitent aux produits
consommés, aux différents modes de consommations.
Il faut accorder une
importance particulière à la description des catégories concernées par
le trafic et la consommation ; souvent, le toxicomane participe
activement au trafic – seule modalité de se procurer la dose
quotidienne – situation qui l’oblige à transgresser par deux fois la
loi – en tant qu’usager et en tant que trafiquant.
Les phénomènes d’acculturation
et de désintégration de la famille en tant que cellule de base de la
société, causent souvent la marginalisation de la jeunesse, surtout dans
les milieux issue de l’immigration.
L’économie souterraine
de la drogue
Le trafic des substances
psychoactives dans les quartiers défavorisés des grandes villes de la
France permet de mettre en évidence l’impact socioculturel du trafic en
rapport avec l’impact de l’économie, réelle, légale, au niveau de
la population des jeunes.
La construction et l’acquisition
d’une position sociale grâce au trafic, le pouvoir et la reconnaissance
de celui-ci, constituent des renforcements positifs des comportements de
la plupart des dealers. La soumission des toxicomanes, le pouvoir
initiatique que la possession de la drogue lui confère, font du dealer un
personnage important dans la cité. La famille est souvent participante à
ce trafic, la tolérance et l’acceptation du comportement étant des
facteurs qui poussent le dealer à étendre ses activités. Il existe
beaucoup de familles qui fonctionnent sur le modèle du deal, les revenus
obtenus ainsi dépassant largement les revenus légales.
Le trait commun des dealers
est l’instabilité : malgré des revenus élevés, malgré des
signes ostentatoires de réussite sociale – bijoux, voiture de luxe,
fréquentation des endroits branchés et forcement chers - il n’arrivent
pas à créer et gérer un avenir stable – vie familiale construite sur
d’autres bases que le trafic et l’argent gagné illégalement,
installation dans un métier socialement accepté. Il existe plusieurs
éléments qui perturbent la stabilisation de leur style de vie – tout d’abord,
la répression liée au caractère illicite de leurs pratiques et de l’articulation
avec des activités criminelles et délictueuses et puis la concurrence
entre les bandes rivales, source des inquiétudes et conflits parfois
sanglants.
Le plus souvent les
activités de deal sont complétés par d’autres trafics et activités
illégales, source de marginalisation supplémentaire.
Un phénomène déjà
signalé par les toxicomanes – peut-être par désir de revanche - est
le passage du dealer dans la dépendance à la drogue.
De son côté, le
toxicomane participe facilement au trafic afin d’obtenir plus vite sa
dose quotidienne, mais aussi parce que ces ressources extérieures –
salaire, aides sociaux – se réduisent au fur et à mesure.
Pour garder la mesure du
trafic imputables aux toxicomanes, il faut tenir compte du fait que dans
la plupart des cas ce trafic est sporadique, lié au besoin et à l’état
de manque et que ces vendeurs de rue sont le plus souvent victimes des
autres usagers et surtout se retrouve en " première
ligne " devant la répression.
Les
" passeurs " sont de plus en plus jeunes, recrutés
selon des normes initiatiques, avec de rites de transgressions ; les
jeunes, souvent débutants dans la pharmacodépendance, sans ressources,
en marge d’une scolarité souvent chaotique, provenant des familles
éclatées, se mettent facilement au service de dealer, qui garde en
dehors de son rôle de propriétaire de la marchandise un rôle de gourou.
Beaucoup de trafiquants profitent du caractère de mineurs vis-à-vis de
la loi, ces jeunes étant considérés comme des parfaits passeurs ou
guetteurs.
Souvent, dans la population
féminine et surtout après l’apparition du crack, on observe l’augmentation
de la place tenue par la prostitution dans les échanges et la procuration
de la dose quotidienne.
Données statistiques
Les études ont montré que le
nombre de consommateurs de héroïne s'élève à environ 160.000 –
170.000 personnes; la durée moyenne de la consommation est estimée à 8
ans. Si on prend en compte la consommation moyenne journalière de 0,25
g/personne, dans une année la quantité totale estimée s'élève à
15.000 kg. Ces chiffres nous donne un aperçu de l'importance du trafic,
surtout que les chiffres du Ministère de l'intérieur avance des saisies
de l'ordre à 500 – 600 kg/an.
La situation est d'autant
plus inquiétante, en sachant que chaque année le nombre de nouveaux
consultants est d'environ 20.000. |