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   Dr. Dan VELEA

 

Amphétamines 2 CB Ecstasy
GHB HMB Ice
Kétamine LSD MBDB
PCP Poppers

DROGUES DE SYNTHESE EMPATHOGENES, DESIGNER DRUGS

Les nouvelles molécules entactogènes, se retrouvent parmi les médiateurs directs de la transformation socio-culturelle enregistrée depuis quelques années dans la consommation de substances psychotropes.

La recherche de l’empathie (la capacité à aller vers l’autre sans barrière ou limite), analysée dans le contexte de la " société de désinhibition ", souligne le manque de communication avec l’Autre, le manque de confiance en soi, la perte de repères stables mais surtout une crise de la représentation sociale. Il suffit d’analyser l’avènement de nouvelles molécules - certaines à usage médical, certaines à usage détourné – molécules réputées capables de résoudre complètement ou presque les problèmes de la vie courante, pour imaginer une société en perte de vitesse, en pleine mutation sociologique.

Comme le souligne Alain Ehrenberg, le " culte de la performance " (performance individuelle et capacité d’adaptabilité), deviennent les valeurs sûres, recherchées assidûment par les membres de la société [2, 5]. Le recours à ces gélules de la performance - médicaments détournés de leur usage ou des substances psychoactives illicites - est accepté et valorisé par les membres des petits groupes de consommateurs. L’individu confronté aux problèmes et aux contradictions insolubles de la vie courante échappe aux régulations sociales. Le manque de communication réelle et le sentiment de non-reconnaissance ressentis par les plus jeunes membres de la société, amènent une recherche de " béquilles chimiques ", véritables supports artificiels censés résoudre les problèmes de la vie courante.

Du point de vue des éthno-sociologues, la prise de substances psychoactives pendant les soirées " raves " serait imprégnée d’une image rituelle comme dans les initiations religieuses traditionnelles. L’état de transe amène la négation d’une culture jugée dépassée. Les valeurs culturelles de la société " bien pensante ", généralement acceptées, ont perdu leur véracité. La résurgence des valeurs culturelles des années soixante, dont le souvenir fait état de chaleur humaine et d’échanges spirituels, du " développement personnel " et du renforcement de l’ego, constitue un cadre propice à l’utilisation des drogues synthétiques [6, 8].

Jusqu’à présent, les spécialistes se sont penché simplement sur le phénomène " XTC ". Du fait du large retentissement médiatique de l’ecstasy (MDMA), on avait tendance à trop focaliser sur ce produit. L’interdiction de l’ecstasy, son inscription sur la liste de substances prohibée, ont pourtant amené les chimistes à synthétiser d’autres types de molécules similaires. On les appelle drogues analogues et on les retrouve dans des boutiques spécialisées (" smart shops ") à Londres ou Amsterdam, dans des soirées raves, sur les pages internet des chistes confirmés ou de fortune. C’est ce phénomène que ce court exposé s’efforce de mettre en évidence.

Un bref aperçu des données actuelles concernant l’ecstasy est nécessaire. Les données obtenues par les chercheurs français (Delile et Ingold), permettent de " tirer " le portrait d’un usager d’ecstasy. D’après ces deux études, le consommateur d’ecstasy est représenté majoritairement (2/3 des cas) par des hommes jeunes ayant atteint un niveau d'étude élevé (65% ont le Bac, 25% suivent des études supérieures). De même, leur niveau élevé de protection sociale, leur activité professionnelle fréquente, leurs conditions de logement et la rareté de leurs antécédents judiciaires, témoignent d'un bon niveau d'insertion qui les rapproche beaucoup plus de la population générale du même âge que de celle des toxicomanes. La plupart des jeunes (90% selon Delile), ont déjà pris du cannabis, et certains du LSD et de la cocaïne. L'ecstasy est généralement consommé en association avec d'autres produits. Il n'est que très exceptionnellement le premier produit illicite rencontré par les sujets.

Ce qui semble inquiétant – dans une démarche préventive et de réduction de risque – est le faible pourcentage de jeunes informés par les enseignants. La grande majorité dispose des informations provenant presque toujours d'amis (91%) ou d'usagers (66%). A l'issue de leur première expérimentation, 24% des sujets ont arrêté tout usage d'ecstasy mais dans la majorité des cas ont continué à utiliser d'autres produits. Parmi ceux qui ont poursuivi leur consommation d'ecstasy, si le quart se disent usagers occasionnels, plus du tiers en consomment une fois par semaine et certains quotidiennement (3,2%). L’usage régulier devient solitaire (environ 30% de sujets).

Chose importante, plus de la moitié des sujets mentionnent des problèmes de santé liés à l'usage d'ecstasy : des problèmes physiques et psychiques dans 38% des cas, des problèmes psychiques uniquement dans 19% des cas (mais certains très aigus), des problèmes physiques uniquement dans 10% des cas.

De plus en plus, les saisies douanières et pendant les soirées raves, mettent en évidence l’existence de comprimés vendus sous le nom d’ecstasy, mais qui ont un très faible contenu en MDMA. La plupart de produits chimiques qui composent ces molécules sont des amphétamines like (MBDB, MDEA, amphétamine) voire de la caféine, Lexomil, atropine. Parmi les produits mélangés on retrouve ces nouvelles drogues synthétiques (GHB, 2 CB)

CONCLUSIONS
Dans ce contexte de détresse sociale, le développement des drogues empathogènes offre une " solution " à tous ces maux de la société. Gages de performance et d’adaptabilité, ces substances – médicaments psychotropes ou " uppers " (cocaïne, amphétamines) – sont de plus en plus employées et mises en évidence. Les drogues de synthèse favorisent l’empathie, favorise le rapprochement entre des gens en mal de communication et de vivre. La facilité de synthèse de ces produits, le déni de leur nocivité, l’image des " drogues qui sont pas de la drogue ", le bonheur chimique qu’elles engendrent, sont des facteurs incitants à la consommation de ces nouvelles drogues.