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à l'héroïne
TRAFIC
Dès 1910, les
Japonais utilisent l'opium, la morphine et l'héroïne comme arme de
guerre pour affaiblir le peuple chinois. Cette pratique se poursuivra
jusqu’en 1945. Au Vietnam, dans les années 60, une très grande partie
des GI’s américains deviennent « accro » aux opiacés. Dans
leur sillage, la jeunesse américaine passe massivement des drogues douces
aux drogues dures. Certains de ces soldats dès leur retour aux Etats-Unis,
à la fin des combats, éprouvèrent un besoin accru d’héroïne, ce qui
facilitera le développement des réseaux aux Etats-Unis. L’image type
de ces soldats, accros et défoncés, est celle de Robert de Niro dans
« Taxi Driver ». Beaucoup des ex-soldats retournèrent dans
les pays du Triangle d’Or ou ils sont souvent mêlés à la production
et au trafic.
La
CIA (les services secrets américains), comme les services secrets français,
avant elle, n’hésite pas à tirer profit du trafic de l'héroïne afin
de financer des opérations clandestines. Le meilleur exemple est la chute
du dictateur panaméen, qui après avoir été sponsorisé et protégé
par la CIA fût abandonné, suite au manque de contrôle.
Dans
les années 80, les soldats soviétiques qui combattent en Afghanistan
sont, à leur tour, touché par une épidémie massive de consommation d'héroïne.
L'ex-Union Soviétique voit se développer l'usage et la production locale
sur son propre territoire. La mafia qui agit sur le territoire de l’ex
URSS, bien entraîné et composée en grande majorité par des anciens
combattants est l’une des plus puissantes au monde. La mafia a investie
les autres pays de l’Europe de l’Est et contrôle le trafic d’héroïne
en provenance des pays du Moyen orient vers l’Europe.
Nous ne reviendrons pas sur les données statistiques et sur l’analyse
du trafic. Il faut quand même
préciser que le trafic d’héroïne présente une particularité géographique :
la consommation est majoritairement européenne, tandis qu’aux
Etats-Unis, la consommation majoritaire est représentée par la cocaïne.
Une des explications serait la proximité des pays producteurs et les filières
de trafic plus performantes.
Dans
notre analyse sur la production des opiacés, nous avons réalisé un bref
aperçu sur l’importance du trafic mondial d’héroïne et sur les conséquences
socio-économiques et sur la santé (voire plus haut). Voici quelques données
statistiques sur l’ampleur de ce trafic, avec les données concernant
les saisies d’héroïne mais aussi les autres substances psychoactives
couramment rencontrées.
|
NL
|
F
|
D
|
B
|
E
|
Héroïne
(kg)
|
246
|
661
|
1590
|
137
|
824
|
Cocaïne
(kg)
|
8200
|
4743
|
767
|
479
|
3899
|
Cannabis
(kg)
|
238258
|
58014
|
25694
|
59904
|
219195
|
Amphétamines
(kg)
|
215
|
80
|
120
|
23
|
32
|
Drogues
synthétiques/
pilules (x1000)
|
143
|
329
|
30
|
61
|
314
|
Le
nombre des toxicomanes à l'héroïne qui ont recours aux soins en milieu
spécialisé - centre hospitalier spécialisé, hôpital général et
centre social - est en augmentation tous les ans. Pour l'année 1995, le
nombre d'héroïnomanes représentait environ 50% des consultations et
hospitalisations au titre de la toxicomanie. Il semble intéressant de
souligner que les demandes de soins portaient sur des affections somatiques et psychiatriques
dans 45% des cas et une demande de sevrage dans 37% des cas.
Partant
du concept de la globalité des soins, l'analyse de Mossé semble très
pertinente. La situation de la France en terme de santé publique, mais
aussi les données de statistique sociale concernant les toxicomanes sont
traitées d'une manière différente.
Avec
l'enfoncement de la crise dans la durée, on peut craindre que la France
soit sur le point d'expérimenter un nouveau monde d'organisation sociale
« à l'américaine » fondé sur l'appartenance à une « communauté »
contraire à l'intégration de chaque individu dans la nation. L'idée
d'appartenance, d'initiation, retrouvée souvent dans le discours des
toxicomanes, va dans le sens d'une marginalisation des personnes qui ont
des conduites jugées déviantes, non-conformes à la morale sociale.
L'image type « exclu – délinquant – toxicomane », trop présente
dans la société, est en train de s'instaurer dans une stabilité et une
presque acceptation générale.
Face à cette situation, aux
difficultés qui sont mis en évidence, les suggestions de Ph. Mossé,
semblent bien pertinentes :
1.
développement des partenariats équilibrés et diversifiés qui
permettra de passer à une prise en charge pluridisciplinaire
2.
constitution d'une nouvelle spécialité médicale, due à la
primauté accordée à la médecine hospitalière ; les études menées
par les diverses associations des médecins généralistes, en France - Généraliste
et toxicomanie - ou en Angleterre - par le Departement of Medical Health,
soulignent d'autant plus le besoin accru de formation spécifique adressée
en premier lieu aux omnipraticiens.
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