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   Dr. Dan VELEA

 

 

Sport Dopage et Addictions

 Addiction à l'exercice physique

Lectures sociologiques et cliniques du dopage

 

 

 

 

Sport, dopage et addictions   

Depuis quelques années on vit dans une compétition permanente et dans la culture de l’image corporelle. EHRENBERG1 parlait d’un « culte de la performance », d’autres auteurs parlent de plus en plus d’une difficulté de reconnaissance individuelle, phénomènes rencontrés dans toutes les couches de la société.


Les drogues et les produits dopants font couler beaucoup d’encre notamment à l’occasion des JO de Sydney, des retombées du Tour de France et des procès des équipe Festina et US Postal. Même les jeux paralympiques ont été entachés de ce « fléau » – l’utilisation d’un produit afin d’amplifier la performance sportive. Quoi de plus simple que de prétendre que les sportifs, les sponsors et des équipes entières, sont tous à la même enseigne ? Et pourtant les choses sont beaucoup plus compliquées.

 

Je me propose d’analyser le rôle et l’impact de la pratique sportive sur l’utilisation de ces produits. Il ne faut pas oublier que les usagers de ce type de produit sont des personnes admirées, de réels symboles pour les jeunes ou les moins jeunes. Mais pourquoi, avant de leur jeter la pierre, ne pas essayer de comprendre quelles peuvent être les raisons d’une conduite dopante ? Pourquoi devrait-on tout de suite incriminer ces idoles et démolir leur image, image bâtie avec de la sueur et de la souffrance dans un combat intense d’autodépassement ?

 

On entend dire par les médias et certains représentants de l’Etat que le sport serait un « remède parfait » au malaise social. Il permettrait une meilleure intégration socio-professionnelle, il apporterait une paix sociale voire développerait un meilleur climat social. Pourtant, les statistiques récentes sont inquiétantes : les jeunes qui ont une pratique sportive intensive consomment plus de substances psychotropes que les autres. De même les conduites violentes sont plus souvent rencontrées parmi ces jeunes. Les sociologues qui se sont penchés sur le sujet lors du colloque organisé par la MILDT et le Ministère de la Jeunesse et des Sports (6 décembre 2000), expliquent ces constats par un effet de groupe (appelé « la troisième mi-temps »), par une forte recherche de sensations et de performance. Il faudrait insister sur la pensée largement répandue selon laquelle le sport est capable de guérir le mal-être et de canaliser les énergies destructrices et violentes. Face à ces constats inquiétants, les mêmes médias incriminent tout de suite la pratique sportive, avec une tendance à l’exagération évidente. Le seul constat qui nous paraît valable est le fait que le sport ne soit pas synonyme de bien-être absolu ni une solution ou un remède miracle au mal de vivre.

 

Etre sportif de haut niveau nécessite un investissement sans mesure et l’acceptation d’un processus intra-psychique lié à la transformation corporelle, résultat d’une pratique intense et de longue durée. Combien de sportifs de haut niveau n’ont ils pas sacrifié leur jeunesse (au moins dans le sens que les non-pratiquants peuvent donner au terme sacrifice). La reconnaissance de leurs efforts, des années de galère et de sueur arrivent sous forme de médailles, d’applaudissements et malheureusement d’un enjeu au niveau de la « pub » et de contrats mirobolants. J’ai une pensée pour les petites gymnastes roumaines de l’époque de Nadia COMANECI, jeunes filles sacrifiées sur l’autel de la suprématie du communisme roumain, filles sans adolescence ; ou même les nageuses est-allemandes comme Kornelia ENDER, gonflées à bloc pour pouvoir ramener des médailles. Toutes ces filles ont eu dans le meilleur des cas une situation sociale améliorée, mais pour d’autres leur vie fut entièrement brisée.

 

La maîtrise et la programmation de cette transformation corporelle confronte souvent l’individu aux limites de ses compétences psychomotrices. Selon J. BIROUSTE2 « le sportif est un tacticien /praticien de la limite ». Le sportif cherche sans cesse l’idéal de la perfection, de l’harmonie, le sportif est un «jusqu’au boutiste ». Le sportif récupère une reconnaissance individuelle et sociale, ses efforts sont applaudis et corrigés par un public de plus en plus exigeant. Cette situation ne peut-elle pas expliquer les difficultés que les sportifs éprouvent de manière régulière dans leur pratique quotidienne ou la nécessité pour certains d’avoir recours aux tuteurs d’accompagnement investi à la manière dont les toxicomanes peuvent investir leur produit ?

Pour certains sportifs la répétition d’entraînements, l’accoutumance du corps au mouvement, la ritualisation et la répétition obsessionnelle ou compulsive des gestes peuvent prendre une dimension compulsive voire d’addiction au geste. Ces sportifs ressentent la nécessité de remplir un vide de la pensée ou un vide affectif, et dans ce cas l’objet investi est le sport et le mouvement. Ce besoin compulsif qu’on pourrait décrire comme un lien addictif se manifeste souvent par une nécessité de pratiquer sans relâche son sport, de contrôler sans cesse son image dans la glace et dans le regard des autres. Cette conduite addictive – bigorexie - est actuellement étudiée (surtout aux USA).

 

Pour une partie de sportifs de haut niveau, le sport interviendrait de la même manière qu'un stupéfiant comme remède à la souffrance corporelle ou psychique. Ainsi, le sport, pratiqué au quotidien de manière répétitive, empêcherait « la pensée douloureuse » et l'anesthésierait comme peut le faire l'héroïne. Dans le cas des body-builders, la fixation au niveau d’une recherche de sensations est intriquée avec la valorisation des états douloureux conséquences de la contraction musculaire répétitive en anaérobie. Pour certains sportifs, « la phobie de la passivité, décrite par Claire CARRIER3 amène une demande d’auto-excitation avec parfois prise de produits dopants ou même des drogues ». Dans le cas des body-builders, on sait que des substances comme l’acide gamma-hydroxybutirique (ou le GHB), voire actuellement le bêta-hydroxy beta-methylbutyrate (ou le HMB), ont été et le sont même aujourd’hui largement employées. Ces substances dont le potentiel addictif est reconnu, fournissent un état de bien être par désinhibition et effet antalgique puissant. Au niveau kinesthésique, cet effet aide à surmonter des douleurs parfois insupportables, mais l’effet le plus recherché est la maîtrise d’un effet de type orgasmique. Si on feuillette des revues spécialisées, celles-ci foisonnent des publicités pour les produits réputés dopants, ayant des effets sur la prise de masse musculaire ou sur l’accentuation d’un effet anabolisant qui favorise la prise de masse. Ces revues sont des véritables vitrines pour des corps exhibés et montrés dans la meilleure lumière. Certains sportifs avouent que leur objectif est de pouvoir un jour se montrer dans les pages d’une revue ou d’un calendrier. Dans une des ces revues, un article consacré au vieillissement portait comme sous-titre « La qualité de la vie ne se trouve pas dans une pilule »4. Cet article signé par Joe WEIDER, fondateur d’une prestigieuse école de fitness, essaye de démontrer que « …la pratique régulière de l’exercice et une hygiène alimentaire n’ont pas leur pareil pour rétablir et préserver les processus physiologiques de l’organisme ». Mais si on feuillette seulement ce numéro, on retrouve que sur les 120 pages du magasine, plus de la moitié sont des pubs directes pour des produits et que la grande majorité des articles qui ornent ce numéro parlent d’une pratique sportive et des résultats extraordinaires obtenus grâce à ces produits. Comment dans ces conditions ne pas tomber dans le piège ?

 

Les mass-média font un véritable fond de commerce du corps. Ainsi dans la pub, on voit des beaux corps s’exhiber et se montrer dans les meilleures positions. Et là, on est pris d’un sentiment de jalousie de désir et de fantasme. Le piège pour les jeunes, mais aussi pour les adultes est bien tendu. Les messages subliminaux passent très bien. Les performances sportives, intellectuelles et professionnelles sont intriquées. L’allusion au corps et l’apparence physique est évidente. On sait qu’à partir d’un certain âge l’image sociale des gens est tributaire à leur apparence. Dans ce contexte, le désir de posséder un corps bien bâti, dans le but d’impressionner les autres passe devant l’image d’un corps sain et naturel.

 

Le terme dopage prend racine dans un dialecte sud-africain, ou il désignait une boisson stimulante absorbée au cours des cérémonies religieuses. Aujourd’hui le terme dopage désigne la délivrance et l’utilisation de substances destinées à améliorer artificiellement les performances physiques et mentales d’un athlète. 5

Très à la mode, le sujet du dopage est devenu obligatoire dans les articles consacrés aux manifestations sportives de haut niveau. Les retombées récentes du Tour de France, dans l’épisode des flacons d’urines gardés comme des preuves (et surtout le dernier rebondissement lié à la demande de destruction de ces preuves, demande adressée par l’organisme responsable du respect des règles au niveau du dopage), démontrent une fois de plus la lâcheté et le laxisme ambiants. Il est bien connu que dans le Tour de France, 60% des cyclistes se font prescrire de la Ventoline (qui possède un effet bronchodilatateur mais aussi favorise une meilleure utilisation de l’oxygène au niveau musculaire pendant l’effort). Les corticoïdes et l’EPO font partie aussi de ce panel. Les accusés sont les sportifs et les entraîneurs. Mais on oublie deux acteurs importants : les médecins prescripteurs et les sponsors. Les prescripteurs font parfois preuve d’inconscience, mais ils profitent aussi des trafics avec les pays de l’Est. Beaucoup profitent des vides juridiques d’un pays à l’autres, d’autres connaissant parfaitement les lois et usent de leur savoir. Les sponsors et les patrons d’équipe sont rarement inquiétés, souvent on arrive à les faire passer pour des victimes du dopage !

Si je me suis efforcé de démontrer que le dopage peut s’inscrire comme une suite facile d’une pratique sportive à la recherche de la gloire, du plaisir, de la reconnaissance, ce n’est pas pour disculper les sportifs mais pour affirmer que les grands responsables de cet état de choses sont les sponsors et le public qui – comme lors des combats de gladiateurs - est toujours plus assoiffé de performances et de spectacles. Même si certains se montrent scandalisés par la réalité du dopage, il faut voir pendant le Tour les gens attendre le passage des cyclistes sans la moindre interrogation sur le potentiel exceptionnel de ces sportifs qui passent les cols et les montées sans fatigue évidente. Est-ce que dans ce contexte, le dopage ne devient pas acceptable, voire souhaitable ? Pour fournir du beau spectacle - à vendre et à voir - les sportifs mais d’abord leurs patrons et les chaînes de télévision - encouragent presque ces conduites. Et pourtant, en bout de course, les pratiquants se retrouvent anéantis, détruits. Tous leurs sacrifices pendant des années, tous leurs résultats, peuvent être réduits à zéro par un simple soupçon de dopage. Cela explique aussi la retenue et le « complot du silence » qui dominent beaucoup de compétitions sportives. Il est difficile d’occulter l’aspect financier de chaque compétition, et la dérive financière actuelle. Pourtant, on est tous content face aux histoire de David et Goliath et on applaudit les performances des petites équipes, motivées et enragées dans la course à la victoire. Ce phénomène explique peut-être le succès d’un film comme Rocky I face aux « bides » qui ont suivi. Dans la première partie de cette saga américaine type, le boxeur sans palmarès mais animé d’une volonté de fer fait tomber grâce à sa détermination et rage de vaincre le grand boxeur couronné mais victime aussi de son succès. Cette histoire peut nous faire penser au grand boxeur que fut Primo Carnera et sa fin, dans l’alcool et oublié de tous. Comment peut-on oublier que les grands sportifs tellement adulés, vivent dans l’angoisse de l’abandon par leur public ?  Des années durant les sportifs s’entraînent pour être au mieux de leur forme, et puis avec l’âge, leurs performances baissent et il y a toujours un jeune prêt à prendre leur place.

 

Comme jamais auparavant, l’année 2000 aura été celle de la lutte antidopage : contrôles renforcés avant et pendant les JO de Sydney, implication de la justice pour démêler la responsabilité des fournisseurs et celles des sportifs, comme dans le procès Festina, implication enfin des politiques avec une déclaration européenne sur la spécificité du sport faisant clairement allusion au besoin de prévenir le dopage.

Comme jamais auparavant, l'année 2000 a été aussi celle des soupçons: soupçons de tricherie de ceux qui veulent échapper aux contrôles, et aussi soupçons pour ceux qui utilisent de nouveaux produits indétectables.

Les manipulations génétiques et les biotechnologies laissent entrevoir des jeux Olympiques du futur où s'affronteront des « supers-athlètes », des hommes bio-transformés, dotés d'une endurance à toute épreuve, reprogrammés pour des performances sans précédents.

Les manipulations génétiques, greffes de cellules transformées en véritables petites usines à cracher des hormones et autres « solutions »  en gestation dans l'industrie risquent de reléguer l'EPO au rang des antiquités (qui favorise la fabrication de globules rouges et, par leur intermédiaire, le transport d'oxygène dans l'organisme, en particulier vers les muscles).

Déjà s'annoncent des formules plus puissantes, plus aisées à prendre, l'EPO en comprimés, l'EPO retard (moins d'injection), l' « EPO sans EPO » avec des petites molécules qui miment son action.

 

Il est vrai que le dopage est un « fléau » et que le militantisme pour un sport propre peut se heurter aux oppositions et résistances qui viennent de la part du public, des sponsors et des sportifs eux-mêmes. Dans la société actuelle, l’image du succès et de la réussite et trop souvent présentée en fonction de compléments nutritifs, de pilules réputées antalgiques et euphorisantes. Il est difficile dans ces conditions de pressions médiatiques de résister à la tentation du dopage. A l’heure actuelle il est difficile de faire la part entre le naturel et le surajouté jusque dans son assiette. La nourriture est devenue un tel enjeu qu’il est difficile de trouver une bonne alimentation saine, sans complément vitaminique, sans minéraux. On est même arrivé à la génération des alicaments, ces aliments modifiés, réputés pour leurs capacités de prévenir et pour certaines de guérir des maladies. La loi du tout synthétique trouve peut-être une bonne forme d’expression dans le dopage. Gonfler artificiellement ses capacités à l’effort, s’inscrit dans la lignée de cette évolution sociale. Combien d’entre nous, sans avoir à fournir des efforts surhumains à la limite parfois de l’impossible, avons utilisé de tels tuteurs d’accompagnement, produits dopants ou simples substances stimulantes ?

 

Dans le sport actuel, avouer prendre des substances anabolisantes équivaut à la perte et des médailles et de l’exclusion du monde sportif, très marqué par cette loi du silence.

Ainsi, le coureur de cross-country Jérôme Chiotti, qui a avoué s'être dopé pour obtenir le titre mondial en 1996, a perdu ses médailles. Chiotti a reconnu avoir utilisé de l'EPO (erythropoïetine) et les conséquences de cet aveu risquent de décourager tous les sportifs qui voudront se débarrasser du dopage et s’inscrire dans la pratique sportive sans recourir aux produits. Chiotti déclare être devenu un adversaire déclaré du dopage qui, selon lui, a un caractère massif dans le milieu cycliste. Dans son entretien, il ne cache pas que la tentation est permanente. « Pour l'instant je tiens bon, mais jusqu'à quand ? » s'interroge-t-il.

 

Sydney JO 2000. 3600 tests ont été pratiqués pendant les Jeux, et onze cas de dopage ont été révélés. Le président du Comité international olympique (CIO), l'Espagnol Juan Antonio Samaranch, a affirmé: « Il y a eu deux fois plus de tests à Sydney qu'à Atlanta ».

Des chiffres à rapprocher de ceux donnés mi-novembre par la toute nouvelle Agence mondiale antidopage (AMA).

L'AMA affirme avoir détecté 33 cas positifs lors des 2073 contrôles effectués avant le début des épreuves des jeux Olympiques de Sydney. Sur ces 33 cas, 10 ont été invalidés et seulement 23 athlètes n'ont pas participé aux Jeux de Sydney, leurs comités olympiques ne les ayant finalement pas alignés.

Il s'installe un premier soupçon : les athlètes susceptibles d'être détectés positifs ne s'exposent pas aux contrôles.

En athlétisme, sur l'ensemble de l'année, on a noté des écarts considérables. Ainsi le 200 m s'est gagné en 20 sec 09/100, par un Grec venu de nulle part, alors que six sprinteurs étaient passés sous les 20 secondes quelques mois plus tôt. Même constat dans certains lancers.

De là il n’y a qu’un pas à penser que les contrôles de l'Agence mondiale antidopage et le recours aux nouveaux tests visant l'EPO ont fait peur aux tricheurs.

 

La cocaïne est-elle une drogue ou un produit dopant? Les deux, confirment les médecins comme les « législateurs » de la Fédération internationale d'athlétisme (IAAF), interrogés après la révélation de contrôle positif pour le recordman du monde de la hauteur, le Cubain Javier Sotomayor.

L'IAAF prévoit une suspension de deux ans pour une première infraction, ce qui serait le cas de Sotomayor, et les médecins la rangent dans la famille des stimulants.

Il faut distinguer deux choses: soit le sportif prend de la cocaïne pour le plaisir sans intention de tricherie, soit il recherche à améliorer la performance.

La cocaïne produit les mêmes effets que les amphétamines, ce qui, dans le cas d'un sportif, et plus particulièrement d'un sauteur en hauteur, peut exacerber l'influx nerveux et accélérer le système cardiovasculaire, permettant ainsi à l'athlète de reculer le seuil de la fatigue, ce qui peut être déterminant dans un concours long. Elle le place aussi dans un état d'euphorie, d'hyperexcitabilité et de confiance en soi.

En athlétisme, le cas le plus marquant fut celui de l'Américain Danny Harris, un des maîtres du 400 m haies à la fin des années 80 et début 90.

Mais le cas le plus célèbre de cocaïne concerne le football et son ex-enfant terrible, l'Argentin Diego Maradona, « tombé » alors qu'il jouait à Naples (et opéré depuis pour des problèmes cardiaques imputables aux effets à long terme de la cocaïne).

 

 

Au total il y a cinq catégories de substances interdites par le CIO (Comité International Olympique)[1] :

  1. Les stimulants (Amphétamine, Caféine, Cocaïne, Éphédrine)

  2. Les narcotiques analgésiques (Dextro-propoxyphène, Méthadone, Morphine)

  3. Les diurétiques et les produits masquants

  4. Les agents anabolisants (stéroïdes, corticoïde)

  5. L'hormone de croissance

1. Les stimulants, regroupent la catégorie de substances stimulant le système nerveux central. Les stimulants diminuent la sensation de fatigue physique et psychique, prolongent l’état de veille et augmenter l’attention et la vigilance. Certains stimulants peuvent accroître la résistance aux exercices violents, voire diminuer la perception de la sensation douloureuse. La plupart des stimulants sont réputés pour augmenter l’endurance et la combativité.

Les amphétamines stimule le système nerveux central, permettant de réduire la fatigue et améliorent l’attention. Dans certaines disciplines sportives (sports de combat, hockey, haltérophilie et body-building) les amphétamines augmentent la combativité et l’agressivité. Parmi les effets secondaires on cite nervosité, irritabilité, insomnies, crises d’angoisse.

La caféine est le stimulant le plus consommé à l’heure actuelle et pas simplement dans le milieu sportif. La caféine stimule système nerveux central, diminue la fatigue et améliore les performances psychomotrices.

Les bêta - agonistes (salbutamol, terbutaline) sont largement utilisés dans le traitement de fond et de la crise d’asthme. Dans le cas des sportifs, l’intérêt est représenté par une stimulation de la glycogénolyse, augmentant la quantité de sucre disponible dans le sang et par une meilleure oxygénation des cellules. 

La cocaïne est largement employée (l’exemple de Sotomayor et de Maradona), mais garde quand même un côté très discret. Le risque de toxicomanie (comme dans le cas de l’usage d’opiacés) est très important (actuellement une des activités des centre de soins pour toxicomanes étant la prise en charge des anciens sportifs de haut niveau, qui, une fois la pratique sportive finie, viennent décrocher des substances psychoactives auxquelles ils sont dépendants).

2. Les narcotiques analgésiques agissent au niveau de l’influx douloureux, permettant au sportif de surpasser une incapacité temporaire résultants d’un traumatisme ou d’une fatigue musculaire. Ils sont constitués par la morphine et les alcaloïdes de l’opium (codéine), par des dérivés semi-synthétiques de la morphine (héroïne), les analgésiques de synthèse (méthadone, fentanyl). Ces substances psychoactives sont hautement toxicomanogènes et encadrées dans les lois internationales. Pourtant le nombre de cyclistes amateurs du désormais célèbre « pot belge », montrent que l’usage de ces molécules est toujours une réalité incontournable (pour le moment) dans la pratique sportive.

Dans cette catégorie d’analgésiques il faut mentionner des molécules comme l’aspirine et l’ibuprofène.  

3. Les diurétiques et les produits masquants sont présents dans la pratique sportive depuis trois décennies ; leur interdiction date de 1987. Ils augmentent la quantité d’urine produite par les reins, étant utilisés par les sportifs dans la pratique nécessite un contrôle régulier du poids (boxe, judo). Les troubles hydro-électrolytiques et la déplétion hydrique massive peuvent engendrer des symptomatologies graves (hypotension, collapsus). Certains sportifs complètent la prise de diurétiques par la prise de laxatifs.

Les diurétiques sont également utilisés afin d’échapper à un contrôle positif (l’augmentation de la diurèse a comme effet la diminution de la concentration en substance dopante. Plus inquiétant encore est le fait que certains sportifs vont jusqu’à s’injecter de l’urine propre dans la vessie.

4. Les stéroïdes androgènes anabolisants sont des dérivés de la testostérone. Les effets sont de deux types :

effet androgène avec signes de masculinisation (voix rauque, hirsutisme, alopécie, acné) ;

effet anabolisant qui stimule la croissance musculaire et osseuse.

Dans l’historique de ces molécules (nandrolone, testostérone, stanazolol), on retrouve trace d’une utilisation pendant la seconde guerre mondiale, quand les allemands les donnaient aux troupes afin d’accroître leur agressivité au combat. A la fin des années 40, les culturistes et les haltérophiles ont commencé à consommer les stéroïdes afin d’accroître leur masse et puissance musculaire.

Actuellement, en dehors de ces effets, les sportifs cherchent à obtenir une meilleure résistance, des performances plus intenses et une réduction du temps de récupération.

Les manières de prise des stéroïdes varient. Les doses sont 100 voire 1000 fois plus grandes que les doses thérapeutiques habituelles. De plus, la prise se fait avec deux, et jusqu’à six types de stéroïdes à la fois (« stacking »). Les prescription sont de type pyramidale (doses augmentées progressivement, et après une phase de plateau, réduction progressive des doses afin d’échapper aux contrôle antidopage). L’association aux hormones comme la gonadostimuline chorionique (HCG) atténue certains effets secondaires des stéroïdes.

5. L’hormone de croissance, hGH ou somatotrophine est une hormone peptidique naturelle d’origine hypophysaire, et maintient le rythme normal de croissance. Son action sur la formation des muscles, des os et des cartilages, lui confère un excellent effet anabolisant. Aussi, le hGH possède des propriétés lipophiles importantes.

Les sportifs l’utilisent de manière régulière, l’une des avantages de cette hormone étant sa demi-vie courte (de 15 à 45 minutes) ce qui la rende indétectable lors des contrôles anti-dopage.

 

On décrit aussi d’autres classes de substances dopantes : alcool, marijuana, anesthésiques locaux (l'injection d'anesthésiques locaux comme la bupivacaïne, la lidocaïne, la mépivacaïne, la procaïne, mais pas la cocaïne, est autorisée si elle est locale ou intra-articulaire), bêta-bloquants (parmi les bêta-bloquants on trouve: acébutolol, alprénolol, aténolol, labétalol, métoprolol, nadolol, oxprénolol, propranolol, sotalol, et substances apparentées).

 

L’EPO – érythropoïétine est la substance la plus utilisée dans les sports d’endurance (cyclisme, ski de fond, les coureurs de fond) grâce à ses propriétés (augmentation de l’apport en oxygène au niveau des cellules musculaires).

Le risque principal est lié à l’hyperviscosité sanguine (risque de coagulation intravasculaire). Parmi les autres effets on cite : infarctus cérébraux, infarctus myocardiques, embolies pulmonaires, thrombose, mort subite, hypertension artérielle.

 

Les PFC ou perfluorocarbones sont une famille de substances synthétiques qui ont la particularité remarquable de dissoudre des quantités énormes de gaz, comme l'oxygène, le gaz carbonique. L’introduction de cette substance dans le sang peut compenser un manque d'hémoglobine. Ces molécules agissent un peu différemment des globules rouges, dans la mesure où l'hémoglobine forme une liaison spécifique avec les gaz, alors que les PFC travaillent de façon purement passive, c'est à dire par un phénomène physique de simple diffusion.

Dans la pratique sportive l’usage des PFC est rencontré dans beaucoup de sports d’endurance.

 

La créatine est un dérivé d’acide aminé. Elle est synthétisée par l’organisme au niveau du foie et libérée dans le flux sanguin. Une partie de la créatine véhiculée par le sang est transférée dans les muscles, où elle est transformée en phosphocréatine, molécule à potentiel énergétique élevé lors des contractions musculaires.

La supplémentation alimentaire en créatine vise à permettre une augmentation de la masse musculaire, et une meilleure récupération à l’effort.

Les propriétés « masquantes » attribuées à la créatine dans le cadre des contrôles antidopage sont réelles.

Le produit vendu sous le nom de créatine est parfois un mélange de substances dopantes (anabolisants en particulier) dans lequel la créatine elle-même ne joue qu’un rôle d’excipient. Ces préparations peuvent être utilisées, consciemment ou non par des sportifs, ce qui pourrait expliquer une recrudescence de contrôles positifs mettant en évidence une prise d’anabolisants depuis 1998.

 

Méthodes de dopage


Dopage sanguin

Le dopage sanguin est l'administration de sang, de globules rouges ou de produits apparentés à un athlète. Cette procédure peut être précédée d'une prise de sang sur l'athlète qui continue ensuite son entraînement dans un état d'insuffisance sanguine.


Manipulation pharmacologique, chimique ou physique

La manipulation pharmacologique, chimique ou physique est l'usage de substances et de méthodes qui modifient, tentent de modifier ou risquent raisonnablement de modifier l'intégrité et la validité des échantillons d'urine utilisés lors des contrôles de dopage.

  

Dr Dan VELEA

danvelea@aol.com 

Psychiatre-Addictologue, 

Hôpital Marmottan, Paris


1 EHRENBERG Alain, « Le culte de la performance »

2 BIROUSTE, J. « Economie pulsionnelle des goûts des sportifs », Sport et psychologie, Revue EPS Dossiers EPS no. 10, 367-372

3 CARRIER Claire, « Modèle de l’investissement sportif de haut niveau et risque de lien addictif au mouvement », Annales de Médecine Interne, vol. 151, avril 2000, A60-A64

4 WEIDER Joe, « Lutter contre le vieillissement », Muscle et Fitness, nov. 1998, no. 133, 8

5 AISSI Franck, « Le dopage », Dossier thématique, revue Toxibase, no. 4, 4ème trim.1996, 3-31

[1] HAUTEFEUILLE M, VELEA D, « Les nouvelles drogues de synthèse », PUF, 2002