HISTORIQUE
Mot issu de l’allemand « heroïsch » (énergique).
En 1896, un chimiste allemand nommé Dresser, isole la diacétylmorphine,
dérivé chimique de la morphine. La société Bayer commercialise à
grande échelle l'héroïne comme sédatif de la toux. L'héroïne est
utilisée pour désintoxiquer les dépendants de l'opium et de la
morphine. Les soldats de la guerre de Sécession ou ceux de la guerre de
1870, devenu accro à la morphine employée comme antalgique, bénéficieront
de ce traitement miraculeux, censé mieux calmer la douleur, et surtout réputé
sans aucun effet d’accoutumance.
Comme dans le cas de la morphine, sa découverte entraîna le chimiste
Dresser dans l’héroïnomanie.
Le
laboratoire Bayer, qui fabriquait la morphine, présentait celle-ci comme
une substance dénouée de tout effet négatif. Mais hélas, la réalité
fût plus dure qu’on aurait pu l’imaginer, et la toxicomanie à l’héroïne,
l’héroïnomanie, est actuellement un des grands fléaux de la société
moderne. Dès le début du XXème siècle, on retrouve presque 500.000 héroïnomanes
rien qu’aux Etats-Unis ou elle venue remplacer l’opium dans une
population d’origine chinoise en quête d’opium. Dès 1912 l’héroïne
est inscrite sur la liste de substances toxicomanogènes en droit
international et depuis 1916 dans le droit français.
L’héroïne
est généralement injectée par voie intraveineuse (shoot) ;
le rapport des toxicomanes à la seringue, analysé par Claude Olivenstein,
met en évidence la recherche phallique constante de la part des
toxicomanes. Ce symbole prend plus d’importance quand on sait que
certains toxicomanes continuent à s’injecter même de l’eau, une fois
leur dépendance « guérie ».
La
prise orale d’héroïne est exceptionnelle est dénouée de tout effet ;
le passage hépatique de
l’héroïne enlève ses effets.
L’utilisation en prise nasale « sniff », est souvent pratiquée
par les toxicomanes ; certains commencent leur dépendance opiacée
de cette manière.
L’héroïne
peut être fumée, simple ou en mélange avec la cocaïne (speed-ball),
cette consommation visant à faire diminuer les effets dépresseurs de
l’héroïne par les effets stimulants de la cocaïne.
L'héroïne
n° 3 ou « brown-sugar » est traditionnellement utilisée
comme drogue à fumer. Il s'agit d'une substance granuleuse de couleur
brune ou grise. Elle est obtenue à partir de l'héroïne acétylée à
laquelle sont ajoutés les éléments suivants ou certains de ces éléments
seulement, à savoir : strychnine, quinine, scopolamine, aspirine et caféine.
La teneur en héroïne de ce brown-sugar est de 30 et 35 %. Cette héroïne
très appréciée en Asie du sud-est et plus spécialement à Hongkong,
doit être normalement fumée, mais en Europe, les toxicomanes prirent
l'habitude de la prendre par injection intraveineuse. Le brown-sugar se présente
sous plusieurs teintes mais trois sont retenues en fonction des chaînes
d'approvisionnement :
·
brune
·
grise
·
rose.
L'héroïne
n° 3 n'a pas connu, en France, une grande vogue chez les héroïnomanes
qui lui ont toujours préféré l'héroïne n°4.
L'héroïne
n° 4 désigne, en fait, la poudre blanche très fine et légère
obtenue en poussant un peu plus le raffinage de la morphine. Cette héroïne,
souvent très pure, nous parvient surtout des laboratoires du « Triangle
d'or » (aux frontières de la Birmanie, du Laos et de la Thaïlande),
mais aussi du Liban, de Syrie et, de plus en plus, du Pakistan. La couleur
du produit, sa finesse ainsi que sa pureté dépendent du pays d'où elle
est originaire ; blanche en Thaïlande et très pure, blanche au Liban,
elle sera brune ou beige en Syrie ou au Pakistan ou encore en Iran.
Cette
héroïne n° 4 est plusieurs fois « coupée » avant son arrivée
au niveau du toxicomane, chaque échelon du trafic multipliant la quantité
par adjonction de produits tels que lactose ou talc, tout en faisant
diminuer le taux de pureté et monter les prix. L'héroïne sortant des
laboratoires pure à 90% sera injectée dans les veines de l'héroïnomane
à 4 ou 5% maximum.
L'héroïne
est le toxique le plus recherché par les toxicomanes en raison de son
action euphorique très rapide et de son activité cinq fois supérieure
à celle de la morphine. La solubilité rapide de l’héroïne dans les
lipides explique la rapidité de son action au niveau du cerveau.
Comme
le dit M.Hautefeuille : « l’héroïnomanie,
comme la toxicomanie peut être le carrefour de toutes les formes de
souffrance, en premier lieu parce que l’héroïne est un anxiolytique et
un antidépresseur remarquablement efficace, notamment à court terme. Ces
sujets en souffrance qui vont devenir toxicomanes en ont fait évidemment
l’expérience, et il n’est pas faux de considérer aussi l’héroïnomanie
comme une automédication, une réponse d’urgence à une souffrance
insupportable ». Cette phrase résume d’une manière concise
la problématique de l’héroïnomanie, et ouvre le champ de
l’exploration de la comorbidité psychiatrique, souvent incriminée dans
ce type de maladie addictive. Comme pour les autres substances
psychoactives, il faut tenir compte des facteurs de la personnalité, des
facteurs sociaux et économiques.
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