LE
TABAC ET SES ORIGINES
Le tabac fait partie de la même famille que les pommes de terre et le
poivre. C'est une plante annuelle herbacée (Nicotiana tabaccum)
atteignant de 1,50 à 2 m de haut. Ses feuilles entières peuvent
mesurer 80 cm de long sur 40 de large.
Le tabac est récolté
puis il est disposé dans un séchoir très aéré. Les feuilles séchées
sont réchauffées et assouplies par de la vapeur, puis mélangés et
mouillés avant d'être hachés. Après hachage, le tabac blond est
séché, puis saucé, ce qui le rend plus doux. Le tabac brun est
torréfié et acquiert ainsi son goût définitif.
On suppose que la culture
du tabac a débutée sur le continent sud-américain il y a plus de 8000
ans. Certains situent ces origines sur l’Ile de Tobago dans les
Caraïbes.
Depuis plus de 2000 ans,
les amérindiens utilisent le tabac dans les rituels religieux ou pour ses
vertus médicinales (utilisé comme analgésique ou dans sa forme
mâchée, contre les rages de dents).
Les données historiques
attestent que c’est Christophe Colombe qui pour la première fois – en
1494 - offre à ces supérieures des feuilles de tabac séché. Les marins
espagnols vont ramener la plante en Europe ou très vite, ses supposées
propriétés médicales l’imposent comme traitement des maladies
majeures (de la douleur jusqu’aux cancers).
En France, le tabac fut
introduit par Jean Nicot, ambassadeur de Catherine de Médicis.
En 1571, le docteur
espagnol Nicolas Monardes, écrit un livre sur l’histoire des plantes
médicinales originaires du Nouveau Monde. Il soutient déjà que le tabac
peut guérir 36 problèmes de santé.
En 1588, le premier
promoteur connu du tabac, Thomas Haret, préconise l’usage du tabac
fumé ou en prise nasale. Il est mort des suites d’un cancer du nez,
imputable dans la lumière des connaissances actuelles à la prise de
tabac.
Pendant le XVIIème
siècle, le tabac est aussi estimé que l’or. Pourtant, déjà en 1610,
sir Francis Bacon constate qu’il est si difficile de cesser le tabac.
Les prémices de la dépendance !
En 1620, le Mayflower
débarque ses passagers à Plymouth, dans le Nouveau Monde. Le tabac sera
interdit dans les lieux publics, et ce pendant des décennies.
En 1700, Lorillard créé
la première compagnie du tabac, compagnie qui à l’heure actuelle est
la plus ancienne au monde.
Pendant la Guerre d’Indépendance
des Etats-Unis, 1776, le tabac sert comme monnaie d’échange pour l’achat
d’armement.
Pendant les années à
venir, les scientifiques commencent à s’intéresser sur les effets
délétères du tabac, et surtout sur les effets du tabac fumé. Les
recherches sur la nicotine – découverte et isolée depuis 1826 – font
avancer l’idée de sa dangerosité et de son potentiel d’accoutumance.
Au milieu du XIXème
siècle, les deux grandes compagnies – Phillip Morris et Liggett -
commencent à commercialiser des cigarettes (dont le nom provient du
français). Les cigarettes deviennent très vite populaires parmi les
soldats qui combattirent pendant la Guerre de Crimée.
Le tabac à mâcher, rendu
célèbre par les cow-boys du Far West américain, envahit les marchés
vers la fin du XIXème. Au début du XXème siècle, la production
mondiale était de 3,5 milliards cigarettes et 6 milliards de cigares.
Avant la première guerre
mondiale, les eux grandes marques Camel et Marlboro, commencent à se
disputer la suprématie aux Etats-Unis. La consommation de cigarettes
explose pendant la guerre.
Après la fin de la guerre
on assiste à la conquête du marché féminin, les cigarettiers,
commençant à fabriquer des tabacs doux, qui s’adresse surtout aux
femmes (Lucky Strike).
Pendant la deuxième
guerre mondiale, le tabac, au même titre que les aliments, est introduit
dans la ration journalière des soldats. Les compagnies envoie des
milliards de cigarettes gratuitement sur le front ; à leur retour de
la guerre, les anciens combattants représentent un marché sur et stable.
Cependant, les années
1950 voient l’arrivée des données scientifiques indubitables, qui
mettent en cause le tabac, dans de nombreuses maladies. Le cancer du
poumon est imputable en majeure partie au tabagisme. Même si l’industrie
du tabac dénie de telles affirmations et commande des études et des
contre-expertises, l’opinion publique et le mass-média commence à s’emparer
de ces données. La réaction de l’industrie du tabac, est la
proposition de produits plus " sains " comme les
cigarettes light.
Ce n’est que en 1964 que
le rapport du " General Surgeon " fait part des effets
néfastes du tabac. La demande principale de ce rapport est la mise en
évidence des avertissements sur les paquets de cigarette
Les aides publicitaires
des compagnies du tabac sont réduites avant d’être supprimés. Les
enquêtes démontrent de plus en plus les effets néfastes du tabac. Les
autorités médicales prêtent plus d’attention à la législation sur
le tabac.
Pourtant les compagnies
incriminées, ne désarment pas. Beaucoup de ces géants internationaux
achètent des compagnies alimentaires, font du sponsoring sportif (surtout
dans les sports extrêmes, ce qui met en jeu l’image subliminale de la
virilité, de la capacité d’endurance ; le risque est associé
mentalement au tabac).
Depuis les années 80, les signes d’alertes lancés par les pouvoirs
publics sont nombreux. Fumer devient " politiquement
incorrect ", les personnalités du monde politique et ceux du
show-biz évitent désormais de se montrer cigarette à la main. Le nombre
de lieux interdits aux fumeurs augmente, certains accro de la cigarette
commençant même à se plaindre d’une discrimination.
Depuis le début des
années 90 aux Etats-Unis et dans les pays de l’Europe, la loi interdit
de fumer sur le lieu de travail, et oblige l’employeur à aménager des
espaces pour les fumeurs.
Les données médicales
sont inquiétantes : elles concernent le tabagisme actif, mais aussi
le tabagisme passif. Chez les femmes, depuis le milieu des années 80, la
mortalité par cancer des poumons imputables au tabac dépasse la
mortalité par cancer du sein !
Le plus inquiétant reste
le contenu des rapports qui apparaissent, surtout dans les procès
intentés aux cigarettiers des Etats-Unis. Beaucoup de ces documents
prouvent que les scientifiques avaient averti les industriels sur les
risques encourus par les fumeurs, et ce depuis les années 50. Pourtant l’industrie
du tabac a préféré occulter ces rapports. Récemment le président
Clinton classifie le tabac parmi les substances psychoactives dangereuses
pour la santé. Les procès intentés commencent à porter leurs
résultats : les industriels devront payer des sommes faramineuses
pendant des décennies. |